Abonnement Boutique Faire un don
frÉditions : française | anglaiseen | internationales+
Accéder au menu
Article précédent : « Téléphone portable », page 2
Article suivant : « Cerveau, mensonge et antiterrorisme », page 4
>

Quand l’engagement avait bonne presse

Paul Nizan, intellectuel et polémiste

Célébré par Sartre dans une préface fameuse à « Aden Arabie », Paul Nizan, né il y a cent ans, fut simultanément un journaliste communiste influent et un essayiste et romancier reconnu. Alors qu’aujourd’hui la navette entre presse et édition est surtout associée aux chroniqueurs de bonne compagnie et aux connivences, Nizan, lui, ne reculait ni devant la véhémence ni devant la critique, souvent ironique, du pouvoir.

Depuis juin 1935, Paul Nizan est journaliste politique. D’abord à L’Humanité ; puis, à partir de mars 1937, au nouveau quotidien Ce soir, fondé avec l’argent du gouvernement républicain espagnol pour soutenir sa cause. Rédacteur diplomatique à L’Humanité, Nizan a en charge les mêmes fonctions à Ce soir. Il s’est penché en particulier sur le conflit italo-éthiopien (1935-1936), la remilitarisation de la Rhénanie (mars 1936), la guerre d’Espagne (1936-1939), l’Anschluss (mars 1938) ou les accords de Munich (septembre 1938). Dans les deux périodiques, il tient parallèlement une rubrique de critique littéraire. Et il lui arrive de collaborer à d’autres titres.

Le journaliste tel qu’il apparaît dans les articles de Nizan est à la fois intellectuel engagé, analyste des faits et polémiste véhément. En juillet 1939, il défend la liberté de la presse. Avec un mordant qui ne ressemble guère au ronronnement bien-pensant actuel : « le président du Conseil et M. le garde des sceaux, ayant résolu d’assumer seuls la charge de la vérité, ont interdit à la presse de dire ce qu’elle peut savoir des crimes accomplis ou prémédités contre la sécurité et l’équilibre du pays. Le présent lui échappe. Elle est vouée par décret à des considérations inactuelles. Elle n’a point le droit de dire ce qui est. Mais seulement de dire ce qui fut. » Usant d’une rhétorique caustique, Nizan dresse la liste de ce qu’« on n’a pas le droit de dire ». Il relève simplement « quelques coïncidences ». Et puis il conclut : « Ces coïncidences dont on a le droit de parler jettent un jour singulier sur ce qu’on n’a pas le droit de dire. » Plaisir du style, capacités à s’amuser et à s’indigner, volonté de livrer toutes les informations : la conception que Nizan se fait de la presse s’exprime dans cet article du 19 juillet 1939.

En mars de la même année, il a publié ce qui sera son dernier ouvrage, l’essai journalistique Chronique de septembre. Dans l’introduction de cette étude minutieuse des accords de Munich, il (...)

Taille de l’article complet : 2 263 mots.

Cet article est réservé aux abonnés
à notre offre d'archives

Lycées, bibliothèques, administrations, entreprises, accédez à la base de données en ligne de tous les articles du Monde diplomatique de 1954 à nos jours. Retrouvez cette offre spécifique.

Anne Mathieu

Directrice de la revue Aden, Paris.

Partager cet article×

Ce message est trop long pour Twitter.
Icone Facebook  Icone Twitter

Info diplo

Inscrivez-vous à l'Infodiplo, notre lettre d'information hebdomadaire.

S’inscrire

En cliquant sur « S’inscrire », je reconnais avoir pris connaissance de la politique de confidentialité du Monde diplomatique et des droits dont je dispose sur mes données personnelles.

Changer d'email / se désinscrire
… et suivez-nous sur vos réseaux sociaux…