Un sac de billes

Joseph Joffo

Travail de Beat Strasser

Auteur: Beat Strasser < beat at stradax dot net >
Version: 7.5.2000

1 Table des matières

  1. Table des matières
  2. Bibliographie
  3. Introduction
  4. L'auteur
    1. Biographie
    2. Bibliographie
  5. Epoque de l'oeuvre et de l'auteur
    1. Rapport entre Joffo et d'autres auteurs
  6. Analyse de l'oeuvre
    1. Résumé
    2. Fonction structurelle et narrative
    3. Aspects essentiels
      1. Position de l'auteur
        1. La vue d'un enfant
        2. Devenu adulte
      2. Formation du l'oeuvre
        1. Les omissions
        2. Inventions partielles
      3. L'objectivité
  7. Impression

2 Bibliograpie

Joseph Joffo, Un sac de billes, Editions Jean-Claude Lattès, 1973

3 Introduction

"Un sac de billes" est un récit de l'enfance du juif Joseph Joffo pendant la Seconde Guerre mondiale.

Dans ce travail, je veux vous introduire à cette oeuvre qui est d'une exceptionnelle qualité. Je suis sûr que vous auriez grand plaisir lisant ce livre. Malgré la sévérité du thème, Joffo vous fait sourire.

4 L'Auteur

Comme notre livre est assez jeune - c'est vraiment une oeuvre actuelle -, l'auteur n'a pas encore trouvé le chemin aux encyclopédies, même s'il a déjà plus de soixante-huit ans. En conséquence, on doit se limiter à peu de sources. Les informations sont tout simplement prises du livre.

4.1 Biographie

Joseph Joffo voit le jour à Paris en 1931, dans le XVIIe arrondissement où son père exploitait un salon de coiffure. Lui-même devient coiffeur comme son père et ses frères, après avoir fréquenté l'école communale et obtenu, en 1945, le certificat d'études - son seul diplôme, dit-il avec fierté et malice, "car chacun sait que l'accumulation des 'peaux d'âne' n'a jamais donné de talent à qui n'en a pas".

Celui qu'il possède, Joffo le découvre en 1971 lorsque, immobilisé par un accident de ski, il s'amuse à mettre sur le papier ses souvenirs d'enfance: ce sera "Un sac de billes". Veuillez voir aussi le résumé à la page 4 (6.1 Résumé).

4.2 Bibliographie

Après le succès de son récit, il commence à écrire d'autres livres, plutôt de romans; voici une liste:

5 Epoque de l'oeuvre et de l'auteur

Le XXième siècle enserre deux époques qui se séparent en 1945 à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Notre livre est donc partie de la seconde parce qu'il est publié en 1971.

Beaucoup de livres appartiennent à cette époque qui font une rétrospective. La guerre n'est même pas passée à la littérature française, allemande ou de n'importe quel langue d'Europe.

C'est la raison pour laquelle l'oeuvre de Joffo n'est pas la seule de ce genre. En allemand, il existe par exemple la lecture triste "Das Tagebuch" d'Anne Frank. Si on recherche à la librairie 'Amazon.de' les récits d'holocauste, on en trouve plus de 255 livres.

5.1 Rapport entre Joffo et d'autres auteurs

Joffo n'est pas l'auteur typique. Juste à soixante ans, il a commencé à écrire; avant, son métier était coiffeur. Son début littéraire n'était pas un roman, c'étaient des autobiographies, la sienne et celle de sa mère.

Malgré le grand succès - le livre a été traduit en 18 langues - Joffo n'a jamais été accepté comme auteur de la grande littérature. Cela est indiqué aussi par les rares informations qui existent de lui. C'est dommage.

6 Analyse de l'oeuvre

Le sens de cette partie la plus centrale du travail doit être de décrire un peu le style et la structure de l'oeuvre et de montrer trois aspects qui me semblent importants. Mais avant, c'est bien d'avoir la vue d'ensemble du livre:

6.1 Résumé

En 1941, Paris est occupé par les ennemis nazis qui obligent tous les juifs à porter l'étoile jaune. Peu après, les deux frères, Maurice (12 ans) et Joseph (10 ans), ne peuvent plus aller à l'école. Il faut fuir bientôt pour qu'ils ne tombent pas entre les mains de la Gestapo.

Les deux gamins ont donc à franchir la ligne de démarcation sans papiers pour se mettre à l'abri. Arrivés à Menton, ils rejoignent leurs frères qui se sont déjà installés là-bas. Mais ils ne peuvent pas y rester et leur itinéraire les conduit à Nice où toute la famille est réunie.

Nice est occupé par l'armée italienne. Après quelques mois, les Italiens partent et les Allemands arrivent parce que les Américains attaquent déjà le sud de l'Italie. Les dénonciations commencent et il y a beaucoup d'arrestations de juifs. Les garçons partent pour le camp des jeunes Compagnons de France à Golf-Juan, tout près de Nice; les parents restent en ville. Quand ils veulent aller voir un ami à Nice, la police allemande arrive et les arrête tous de sorte qu'ils doivent subir quelques interrogatoires: Joseph nie qu'ils sont juifs. Avec l'aide de l'église ils sont en liberté après plus d'un mois d'arrestation. Mais il leur faut fuir de nouveau.

Les garçons vivent quatre années avec la peur d'être arrêtés. Enfin, en 1944, ils retournent à Paris. Le salon de coiffure existe encore, mais le père est mort.

6.2 Fonction structurelle et narrative

Le protagoniste Joseph nous est présenté sur la première page. Pourtant Joffo ne commence pas avec une introduction ennuyeuse de lui-même. Les lecteurs font la connaissance de Joseph petit à petit. Cela nous rend curieux et enchérit la tension.

Non, nous sommes déjà au début en plein milieu - dans la vie et dans l'histoire de Joseph Joffo. Il commence avec une situation ordinaire, avec une épisode qui n'a nulle importance pour le cours de choses. Pourtant, cela nous sert à décrire un peu les alentours et bien entendu les acteurs.

Il est tout clair que le narrateur est intradiegétique, parce qu'il raconte sa propre vie, strictement parlant seulement de son enfance, à la première personne et au présent ce qui rend l'histoire plus réaliste. C'est la forme qui se lit le plus agréablement. Même s'il l'a écrit trente ans plus tard et qu'il a oublié beaucoup, le texte contient presque tout autant de dialogue que du récit. C'est incroyable qu'il y ait les entretiens exactes.

Ce fait et la formation du texte en général me semblent un aspect essentiel; c'est la raison pour laquelle je veux le traiter plus bas et plus précisément (6.3.2 Formation de l'oeuvre, page 7).

6.3 Aspects essentiels

6.3.1 Position de l'auteur

Je vous ai déjà parlé du narrateur et j'essaie de vous introduire maintenant à quelques détails. Je trouve que cette personne est très importante étant donné que ce livre est une autobiographie.

6.3.1.1 La vue d'un enfant

Nous savons que l'holocauste était terrible. Les juifs et tous les autres expulsés savaient après quelques temps ce qui se passait avec eux. En conséquence, on a essayé de fuir.

C'est le monde des adultes. Mais qu'est-ce qu'en ont pensé les enfants? Est-ce qu'on a précisément raconté aux enfants la situation comme parents juifs? Les autres, ils connaissaient la renommée des 'youds'. A la page 23 et 26, Joffo cite les réactions de ses collègues quand ils ont vu son étoile jaune: "C'est les youpins qui font qu'il y a la guerre.", "Parfaitement, faut les virer, les youds." et "Youpin! Youpin! Youpin!".

Joseph ne savait pas ce qu'il signifiait d'être juif; c'est pourquoi il a demandé à son père mais celui-ci ne pouvait pas donner de réponse instructive. Les garçons ont dû fuir sans en savoir vraiment la raison. "J'avais la même couleur que les autres, la même tête, j'avais entendu parler de religions différentes et on m'avait appris à l'école que des gens s'étaient battus autrefois pour cela, mais moi je n'avais pas de religion, le jeudi j'allais même au patronage avec d'autres gosses du quartier, on faisait du basket derrière l'église [...] Alors, où était la différence?" (p. 26)

C'est triste quand un enfant ne doit fuir qu'avec le frère, partir de ses parents, nier son identité, ne pas savoir quand la guerre finit et quand on peut se rétablir à l'abri. Quelle horreur!

C'était avant de départ, la dernière citation. Après, il n'aurait pas eu le temps pour y penser. Mais Joseph était si brave. Moi, je ne pourrais pas imaginer agissant ainsi dans une telle situation. J'aurais tremblé de peur et crié, on ne m'aurait jamais pu emmener de ma maman. Lui, il le prend presqu'à la légère - d'une certaine naïveté d'un enfant.

Encore aux temps les plus difficiles, Joseph restait calme. C'était par exemple aux interrogatoires allemands et à la gare de Marseille: Joseph parlait de la pluie et du beau temps et invente des histoires en secondes.

Je n'arrive pas à comprendre comment Joffo, enfant innocent de dix ans, a réussi d'agir ainsi mais je pense qu'il a entendu à la longue ce qui se passait et pourquoi. Donc, il savait ce que la guerre lui demandait et qu'il ne devait pas s'affoler. La peur ne devait pas faire impression sur lui. Cela nous mène au prochain sujet.

6.3.1.2 Devenu adulte

La guerre donne des impressions fortes et des expériences incroyables. Les gens qui ont subi une ou peut-être plusieurs guerres ne peuvent jamais oublier les images et leurs sentiments de ces temps. Quand c'était dans l'enfance, cela peut la détruire quelquefois et nous marquer.

Joseph a été arraché de ses origines à dix ans et vivait quatre ans dans l'incertitude. Quelle horreur, quelle folie de priver des enfants de leurs parents, leur chambre, leur lit, leurs copains, tout simplement de la sécurité de leur foyer, et cela pour rien! Il devait faire des choses que des enfants ne font pas normalement. Parfois, il vivait comme un adulte. Cela laissait des traces à la vie de Joseph sans doute:

"Grandi, durci, changé [...] L'enfant que j'étais il y a dix-huit mois, [...] je sais qu'il n'est plus le même que celui d'aujourd'hui. [...] Ils me volent mon enfance, ils ont tué en moi l'enfant que je pouvais être... Peut-être suis-je déjà trop dur, trop méchant, quand ils ont arrêté papa, je n'ai même pas pleuré. Il y un an, je n'en aurais même pas supporté l'idée." (p. 198)

Ce sont les paroles d'un enfant de douze ans. Que les guerres sont mauvaises! Qu'un homme peut changer de cette façon me rend triste.

Il y a tout de même aussi des aspects positifs. Joseph a appris ou a dû apprendre à prendre la chose du bon côté. Il a toujours fait le mieux possible dans tous les cas. Rappelons-nous un épisode à Marseille quand les deux garçons sont allés au cinéma. Je doute que d'autres personnages aient l'idée de voir un film pendant la fuite - et surtout pas un film nazi.

En plus, la guerre lui a fait s'habituer à des situations difficiles et à prévoir les dangers possibles.

6.3.2 Formation de l'oeuvre

La formation d'une oeuvre me fascine toujours. Je l'imagine comme un travail immense. Dans notre cas, c'est encore un peu plus intéressant puisque c'est une histoire vraie. Le contenu doit être juste.

Mais est-ce que c'est important aussi pour les détails? Est-ce possible pour l'auteur de se souvenir de toutes les choses secondaires?

Joffo écrit dans le prologue que son livre n'est pas l'oeuvre d'un historien. Il n'est donc pas obligé que tous ce qui est écrit soit juste. Mais l'essentiel est là, dans son authenticité, sa tendresse, sa drôlerie et l'angoisse vécue.

6.3.2.1 Les omissions

Il ne m'a gêné qu'une chose dans cette livre. C'étaient les sauts de l'endroit et du temps. Effectivement, Joffo écrit toujours avec beaucoup de détails. Mais tout à coup, il omit des parties à tel point qu'il est difficile à suivre. Voilà le diagramme 6.3.2.1-a qui n'est pas du tout précis mais qui devrait montrer qu'il y a parfois des grandes différences de nombre de détails:

diagramme 6.3.2.1-a
diagramme 6.3.2.1-a

Ces omissions sont surtout entre les chapitres et des choses qui se répètent, par exemple les voyages d'une ville à une autre. En conséquence, c'est un moyen stylistique pour que le livre ne devienne pas ennuyeux. Par contre, on doit s'y habituer car il y a quelques situations dans lesquelles Joseph peut éviter un danger, mais il ne décrit pas comment et continue avec autre chose.

Quoique ces omissions puissent être raisonnables, cela a aussi une autre cause. C'est la mémoire de Joffo. Il ne pouvait certainement pas se rappeler tous les détails après trente ans.

6.3.2.2 Inventions partielles

Bien qu'il y a un peu de lacunes, le texte contient beaucoup de finesses et de descriptions précises qui rendent le livre très excitant, humoristique et tirant. On ne cesse jamais à lire.

Les dialogues surtout sont authentiques et pour cette raison aussi intéressants.

Ici nous découvrons le talent de Joffo: raconter quelques souvenirs en inventant quelques bagatelles afin qu'on puisse dire que c'est une histoire passionnante.

6.3.3 L'objectivité

Bernard Clavel, un lecteur, fait le commentaire suivant de l'oeuvre: "Ce livre qui est celui de la peur, de l'angoisse, de la souffrance aurait pu être aussi le livre de la haine, mais il est, en fin de compte, un cri d'espoir et d'amour." (au verso du livre)

Il a raison; d'un côté, Joffo n'a jamais condamné les nazis et n'a jamais dit qu'il les haït. Il n'a que mentionné les actions. Il n'a condamné non plus les Français collaborant avec les nazis ce qui, bien sûr, augmentait fortement cette terrible incertitude pendant la vie durant la guerre quand Joffo ignorait s'il pourrait avoir confiance en quelqu'un ou non.

De l'autre côté il n'avait pas pitié de lui et ne s'est pas plaint.

Ce n'est pas naturel qu'un homme qui a dû souffrir tant de peur fasse un tel récit. C'est fort et peut-être que l'auteur est tout simplement heureux d'avoir survécu grâce à beaucoup de circonstances, entre autre à cause de l'aide de plusieurs personnes courageuses comme le curé.

7 Impression

Vous avez sûrement remarqué mon plaisir quant à ce livre. A mon avis, Joffo est un écrivain très doué, prouvant beaucoup de sensibilité et d'humour subtil dans le récit. La structure est d'une élégance qui augmente la tension de page en page: L'auteur maîtrise vraiment bien son métier. "Un sac de billes" est devenu un livre fascinant et émouvant qui mérite bien le succès obtenu.

Comme conte d'holocauste, cela me soulève quelques questions: Comment est-ce qu'une telle haine peut se produire pour qu'on discrimine un "genre" de gens - et bien compris d'enfants naïfs - d'une façon si méchante et terrible? Après une guerre, on s'est toujours rappelé: "Plus jamais de la guerre!". Mais l'homme n'a jamais appris de ses fautes et a lutté de nouveau. Une paix véritable, est-ce possible en XXIième siècle? Il faut l'avouer: Les informations politiques dans ce monde n'y donnent pas d'espoir.