Le soja accusé de favoriser le cancer du sein

Le soja accusé de favoriser le cancer du sein

    ON PENSAIT qu'il diminuait les risques de cancer du sein chez les femmes qui en consomment. Eh bien c'est tout le contraire, selon un récent colloque organisé au Sénat à Paris à l'occasion de l'opération Octobre rose, organisée pendant tout le mois contre cette pathologie. « Le lait de soja est tout d'abord une escroquerie nutritionnelle, s'insurge Jean-Marie Bourre, membre de l'Académie de médecine, auteur de Bien manger : vrais et faux dangers (Odile Jacob). Ce n'est qu'un liquide blanc, un Canada Dry de lait. Il ne contient ni calcium ni oligo-éléments. Il est strictement contre-indiqué pour les enfants. »

    Selon le spécialiste, leurs mamans aussi doivent s'en méfier. Le soja est une légumineuse qui contient des phyto-oestrogènes, comme l'avoine, le maïs et l'orge, mais à concentration supérieure. Ces molécules ressemblent beaucoup à l'oestradiol, une des hormones sexuelles féminines. « Ce sont donc de potentiels perturbateurs hormonaux chez les femmes. Cela peut favoriser le développement des cancers hormono-dépendants, comme ceux du sein », affirme Jean-Marie Bourre.

    En 2005, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments avait déjà tiré la sonnette d'alarme contre le soja, pourtant considéré comme un aliment « santé » par le grand public.

    « L'idéal, c'est trois heures de sport par semaine »

    « Il ne faut pas exagérer, tempère le médecin David Servan-Schreiber lui-même consommateur de soja qui organisait hier de son côté un colloque à Paris. Plusieurs études, dont une très récente, menées sur les femmes asiatiques, montrent que le soja diminue leur risque d'avoir un cancer du sein. Mais il est vrai que les femmes qui ont déjà eu cette pathologie, ou qui sont susceptibles d'avoir un cancer hormono-dépendant, doivent limiter leur consommation. En mangeant un yaourt de soja par jour, on ne risque rien », rassure-t-il.

    Les femmes exposées à ce risque doivent être vigilantes, en évitant les compléments alimentaires à base de phyto-oestrogènes (contenus dans le soja) vendus contre la ménopause en parapharmacie. Car si ces gélules sont efficaces contre les bouffées de chaleur, elles peuvent avoir des conséquences néfastes sur une éventuelle tumeur non détectée. Pour les femmes ménopausées, mais aussi les plus jeunes qui cherchent un moyen de se protéger du cancer du sein sans risque, il y a tout simplementâ?¦ le sport. « L'idéal, c'est trois heures par semaine, mais pas plus », explique Josette Dall'Ava, chef du service de physiologie à l'hôpital Cochin. L'exercice permet de faire diminuer les oestrogènes actives, soupçonnées d'être à l'origine des pathologies du sein. Selon la spécialiste, se dépenser trois heures par semaine permet de diminuer de 30 à 40 % le risque de contracter un cancer du sein.