samedi 15 août 2009

Le leader du nouveau départ à coeur ouvert


Abdoulaye Bio Tchané (ABT) se dévoile :

« je peux me définir comme un enfant privilégié ! »

Il n’est plus un secret que dans l’actualité politique nationale, le nom de M. Abdoulaye Bio Tchané (ABT) est de plus en plus cité dans la perspective des prochaines élections présidentielles de 2011. Les articles et coupures de presses foisonnent tant du côté de ceux qui appellent et souhaitent vivement cette candidature, que de ceux qui crient encore plus fort contre cette probable candidature. Mais pourquoi tant de passions ? Pourquoi Abdoulaye Bio Tchané fait-il si peur ? Le connaissons-nous vraiment ? Surtout nous autres de la jeune génération qui n’avions fait qu’entendre parler de ce « brillant Ministre de l’Economie et des Finances de Kérékou II », qui aurait laissé une empreinte véritable non seulement au sein du ministère dont il détenait le portefeuille, mais aussi dans la mémoire collective de nos aînés. Au-delà des passions qu’il déchaîne, nous nous sommes rendus compte que Abdoulaye Bio Tchané est presque aussi célèbre professionnellement, qu’effacé en tant que personne. Un véritable « monument de discrétion ». Nous avons alors entrepris d’aller forcer « fort knox », d’essayer de voir sous la carapace…ABT a bien voulu nous recevoir. S’il a certes évité de nous répondre clairement sur la question que tout le monde se pose, se contentant de son désormais célèbre : « je suis citoyen comme tout le monde… » appuyé d’un sourire malicieux, il nous a fait cependant l’honneur, eu égard à son emploi du temps très chargé, de nous accorder une série d’entretiens. Nos entretiens se sont déroulés en toute simplicité, tellement simplement que cela en était déroutant. Nous vous livrons ici, la première dans laquelle Abdoulaye Bio Tchané se dévoile à nous : son enfance, l’écolier, le collégien, le bachelier… tout y passe.


Mais qui est vraiment Abdoulaye Bio Tchané ? Découvrons-le ensemble. L’équipe du site ABT2011.com : Bonjour M. Bio Tchané ! Vous permettez-nous de vous appeler «ABT» ?

Abdoulaye Bio Tchané : Bonjour mes chers amis. Je n’y vois aucun inconvénient, mes amis m’appellent ABT.


ABT2011.com : Merci ABT de nous recevoir et d’accepter de nous parler un peu plus de vous et non de la BOAD, de notions lointaines comme l’endettement ou la crise économique, non pas de 2011 même si nous avons compris que « vous êtes un citoyen comme tout le monde… », mais de vous et uniquement de vous, comme vous ne l’aviez jamais fait encore auparavant.Ainsi, ABT nous connaissons l'ancien Directeur des Etudes de la BCEAO, l'ancien Ministre de l'Economie et des Finances, l'ancien Directeur Afrique du FMI et l'actuel Président de la BOAD, mais d'où nous vient l'Homme ?


ABT : (sourires) Je suis né le 25 octobre 1952 à Djougou. On voit parfois Parakou, parfois Djougou ! (Sourires). Mais il s'agit d'une erreur qui vient de loin. Elle s’est glissée dans ma biographie officielle, lors de ma nomination au Ministère des Finances. Hélas, je n’ai pas encore le don d’ubiquité et c'est l'occasion de préciser que je suis né à Djougou même si pour un tas de raisons, j’aurais voulu naître partout au Bénin.Mon feu père, paix à son âme, s’appelait Hadj Moussa Bio Tchané. Il a été instituteur puis administrateur. Nous habitions à Djougou. Mais de fait, sa fonction l’amena à faire beaucoup de villes au Bénin.Quant à ma mère, elle s’appelle Hadja Lamissi Bio Tchané. Sa profession a été à plein temps, de nous élever, et de s’occuper de sa maison et de son foyer. De nos jours on parlera de profession : « ménagère ». De mon enfance, je garde de bons souvenirs familiaux. Il y avait une véritable entente cordiale et de complicité à la maison à Djougou. Ma maison familiale est dans le marché. Donc tous les 5 jours pour ainsi dire, je voyais venir du monde autour et dans la maison. Je peux ainsi vous raconter milles et une anecdotes.Je me souviens également de nos parties de belotte familiale avec mon père, et bien sûr les prières.A l’époque, mon rêve était de gérer une entreprise commerciale.


ABT2011.com : Quels souvenirs gardez-vous de vous de l'écolier Abdoulaye Bio Tchané ?


ABT : Je suis allé à l'école pour la première fois en 1958. Je me rappelle de la sieste que j’étais obligé de faire malgré moi à la maternelle. Je n’avais pas pris en effet l’habitude de faire une sieste régulière, avant d’entrer à la maternelle.Pendant quelques mois, j’ai fait l’Ecole des sœurs catholiques de Djougou. Mais comme de nombreux enfants à Djougou à l'époque, je faisais parallèlement l'école coranique. C'était chez Alfa Maître Daouda Tabé. La rigueur, est le principal acquis que j'ai gardé de cette expérience. Vous savez, à l’époque l’art du maniement de la « chicotte » était très en vogue, et mes oreilles s’en souviennent encore (Sourire). Je crois que j’étais un écolier assez studieux et plutôt joyeux et j'allais bien volontiers à l’école, car j’aimais beaucoup jouer à l’époque.J’ai particulièrement été marqué par mon maitre Clément du CE du fait de son extrême gentillesse, de même que mon maître du CM1, M. Soumanou Amadou, avec qui j’ai gardé d’excellentes relations jusqu’à son décès pendant que j’étais au Gouvernement. Au CM2, l'extrême rigueur du maître Yimbéré est restée dans nos mémoires à moi et mes camarades de classe (sourires). Hélas, tous ces enseignants sont décédés malheureusement.


ABT2011.com : ABT, pouvez-vous nous parler de vos amis d'enfance ?


ABT : Je m’entendais bien avec les enfants de la famille DJARRA : Kouka et Amadou alias « Vive ». Comme tous les enfants de mon âge à l’époque, nous aimions beaucoup jouer. J’avais aussi deux bons amis ; l’un de la famille CANDE et l’autre de la famille GNANDELY, qui a travaillé plus tard à Air Afrique.


ABT2011.com : Mais vous ne faisiez pas que jouer ; que vous apprenait-on à l'école ? : Vos ancêtres étaient-ils gaulois ?


ABT : Non, on nous apprenait certes des textes français, mais aussi des textes de Camara Laye, notamment « L’enfant noir » qu’il a écrit en 1953 si ma mémoire est bonne. C'était la période juste avant l'indépendance. J’étais encore à Djougou en 1960, mais bien trop jeune à l’époque pour avoir une grande conscience des enjeux historiques de l’indépendance. J’entendais par exemple parler du Général De Gaulle, mais je dois avouer que je savais juste que c’était le Président de la France, pas plus.


ABT2011.com : Mais connaissiez-vous les premiers présidents de la République du Dahomey nouvellement indépendante ?


ABT : Là, oui j’en connaissais un bout car j’ai été bercé dans la politique. En effet, mon père a aussi été Député et Ministre des Finances. Ainsi, j’ai suivi par procuration les premiers pas de notre premier président M. Hubert MAGA. Mon père me parlait souvent aussi des autres présidents : M. Sourou Migan APITHY et M. Justin AHOMADEGBE. Bien évidemment, je suivais aussi l’actualité des différents soubresauts de nos jeunes années d’indépendance, avec les différents coups d’Etat, même si je ne suis pas un historien pour vous en parler avec tous les détails.


ABT2011.com : Avez-vous redoublé une classe ABT ?


ABT : Oui, j’ai dû reprendre le CM2. Pas forcément parce que j’étais faible mais parce que notre directeur d’école ne présentait à l’époque au concours que ceux pour lesquels il était sûr qu’ils réussiraient.


ABT2011.com : Globalement, que retenez-vous de votre enseignement primaire ? Avez-vous quelques anecdotes qui vous reviennent ?


ABT : Mon enfance se confond avec l’école primaire, les jeux, les vacances. Je puis ainsi dire que j’ai eu une enfance heureuse.Nos enseignants étaient très compétents. Même si parfois, nous avions peur de leur sévérité.Que puis-je vous dire d'autres ? J'allais à pieds à l’école « Urbaine centre de Djougou » qui n’était pas loin de ma maison familiale. Au début je ne recevais pas d’argent de poche. Puis j’ai peut être reçu 5 F CFA ou 10 FCFA au cours moyen par jour, ce qui était correcte à l'époque, mais pas assez pour en mettre de côté (sourires). Il faut préciser que je déjeunais à la maison avant d’aller en classe.J’adorais et j’adore aujourd’hui encore la bouillie de mil. A l’école j’aimais beaucoup manger du ragout d’igname communément appelé «boussa » qu’une de mes tantes éloignées vendait aux écoliers.


ABT2011.com : Aviez-vous des activités extrascolaires ? Etiez-vous proche du monde rural ?


ABT : Mise à part l’école coranique, j’aimais bien jouer au football. J'ai aussi un peu pratiqué des activités champêtres, car mes oncles avaient des fermes. Celle de mon oncle paternel était dans la banlieue de Djougou et nous y allions chercher des œufs de pintades sauvages. J’en ai d’ailleurs gardé un très bon souvenir (sourire).Je tiens mon affinité avec le monde rural de cette époque-là. Il faut dire que mon père est né à Sèmèrè et qu'il était resté très attaché à ce village à une cinquantaine de kilomètres de Djougou, dans la commune de Ouaké. J’ai d’ailleurs retrouvé dans ses archives un mémoire où il narrait son départ de Sèmèrè qu’il avait vécu comme un drame mais aussi comme une promotion sociale car seuls les meilleurs écoliers étaient à cette époque envoyés à l’école « régionale » de Djougou. J’allais donc de temps en temps à Sèmèrè et aussi à Dompago d'où venait ma mère.


ABT2011.com : Parlez nous de vos premiers pas au collège.


ABT : Je me rappelle d'abord du concours d'entrée en 6ème car il m’a permis d’entrer au Lycée Béhanzin, à Porto-Novo où n’étaient admis que les premiers du concours d’entrée en 6ème. A l'époque, en 1965, on ne parlait plus de Victor BALLOT, mais du Lycée "Béhanzin ". Nous étions très fiers, car dès le premier jour, on nous disait privilégiés d’être dans cet établissement. Les "behanzinois", étaient en effet à peu près l’élite des lycéens du Dahomey. Mais cela ne nous a pas empêché de subir le fameux « bleuissement » à l'entrée. Heureusement que j’avais un « suant » qui me protégeait (Sourire).J'ai passé mes 7 années au Lycée en régime internat. A l’époque les meilleurs des meilleurs, soit à peu près les 40 premiers, étaient retenus pour la classe de 6ème classique. J’ai pour ma part été automatiquement orienté en moderne. Ce ne fut donc pas un choix personnel, mais j’adorais les maths où j’excellais !


ABT2011.com : D'où vous vient ce goût pour les chiffres ?



Je crois que ça doit être un héritage génétique (sourire). Mon père avant moi, aimait aussi les chiffres et il a d'ailleurs été comme je vous le disais, Ministre des Finances.Mais vous savez, j'ai aussi un penchant pour les lettres ; surtout les langues étrangères, qui m'ont notamment servi dans le domaine professionnel.


ABT2011.com : Saviez-vous à l'époque que vous alliez vivre aux USA un jour ?


ABT : Non je n’avais jamais envisagé de vivre ailleurs qu’au Bénin. En fait j’ai décliné la première occasion que j’ai eue à la sortie du centre de formation de la BCEAO ainsi que d’autres par la suite. J’ai toujours aimé les voyages mais je n’ai jamais envisagé l’expatriation. Quand je me suis par la suite expatrié c’était à chaque fois pour des raisons particulières.


ABT2011.com : Que pouvez-vous nous dire de la mixité et de la laïcité au Lycée?


ABT : Le lycée Béhanzin n’était pas vraiment mixte à l'époque : ce n’était pas la politique de la maison. En fait ma première expérience de mixité remonte à ma classe de 3ème. Les jeunes filles étaient à l’époque au lycée Toffa 1er de Porto-Novo, où je me rendais les dimanches. Le fait d’y avoir deux de mes sœurs me donnait en effet, un accès privilégié (sourires).Le Lycée Béhanzin était un bon modèle de mixité sociale et le fait d'avoir passé 7 années ensemble, cela nous a rapprochés. On riait beaucoup avec mes copains de classe et de promotion.Pour ce qui est de la laïcité, à Béhanzin chacun pratiquait librement sa religion. Je me souviens que le lycée nous facilitait par exemple le jeûne au cours du mois de Ramadan.J’avais aussi de nombreux amis chrétiens et la religion était vécue comme une affaire personnelle. Pour moi qui viens d’une maison où nous avions aussi bien des catholiques que des musulmans, cela allait de soi. Je dois en effet vous préciser l'exceptionnelle diversité régionale et religieuse au sein de ma famille. La 1ère femme de mon père est en effet de Covè dans le Zou et catholique. Sa 4ème femme est de Porto-Novo et nous avons grandi dans une maison où tout le monde vivait et parlait plusieurs langues et pratiquait soit le Catholicisme ou l'Islam. Ainsi Comlan, mon deuxième prénom me vient de ma belle-mère de Covè.


ABT2011.com : Vous souvenez-vous de certains de vos amis et camarades du lycée ?


ABT : Oui comment ne pas m’en souvenir. Il y a Marouf avec qui nous avons passé 5 ans au lycée puis fait l’Université à Dijon. Il y a Raouf avec qui nous avions eu nos lits côte à côte de la 6ème jusqu’en 3ème. Il y a Dramane qui est aujourd’hui professeur de maths à l’Université de Calavi; Roger qui est aujourd’hui dans les télécoms en France ou encore Bertin, un espiègle à l’époque qui vit aussi en Europe... et la liste est longue. Nous avons gardé des liens, mais on se voit moins pour des raisons professionnelles.


ABT2011.com : Comment correspondiez-vous à cette époque où le mail n'existait pas encore ?


ABT : L'avènement du mail est très récent en effet. Il n’y avait que les lettres qu’il fallait envoyer par la poste. C’était intéressant car il fallait attendre, apprendre la patience. Le téléphone n’était pas développé non plus.C’est formidable la révolution introduite par les NTIC. Quand je vois aujourd’hui la facilité et la vitesse avec laquelle on peut communiquer et échanger sur internet !


ABT2011.com : En quelle année aviez-vous eu votre BEPC ?


ABT : En 1969 : je m’en rappelle car nous étions en pleine grève scolaire et que le lycée était fermé. Nous avions eu à peine quelques jours pour nous préparer. Cette période me rappelle d'ailleurs mon professeur d’espagnol de 4eme, Monsieur Folly. Il m’a marqué car il était très jeune à l’époque et faisait aussi partie d’un groupe de jeunes diplômés qui revenaient d’Europe. Ils allaient marquer par leurs idées la grande grève que nous avons vécue.


ABT2011.com : 1969, c’est aussi l'année où les astronautes de la mission américaine Apollo II ont marché sur la Lune. Aviez-vous vu cet événement historique planétaire ?


ABT : Oui, bien sûr. J’étais en vacances à Dassa-Zoume, chez mon père qui y était affecté comme sous préfet.


ABT2011.com : A propos des USA dans la même époque, aviez-vous entendu parler du Président Kennedy ?


ABT : Oui, la mort du Président Kennedy est l’un des événements qui m'a marqué plus tôt. C’était en 1963 et je me souviens que j'étais encore au primaire. Mais même au lycée, sa vision de l’Amérique et du Monde interpelait encore ma jeune conscience. M. Kennedy était incontestablement de la trempe des grands leaders. Il avait une vision et de la méthode. Aujourd’hui encore, je peux vous réciter en anglais son discours de prestation de serment.

ABT2011.com : Quels étaient vos loisirs de collégiens ?


ABT : Je suis entré dans un club en 1ère puis en ai pris la direction en terminale. Je me suis mis au basket-ball et j’ai continué avec le Football mais je n'étais pas aussi doué que mon grand frère Idriss qui a joué avec GASAPA, l’équipe de football du Lycée Béhanzin. Il a d’ailleurs par la suite évolué pour devenir le capitaine des Dragons de l’Ouémé et de l’équipe nationale de football du Bénin. C'était une fierté pour la famille.J’ai aussi continué à jouer à la belotte, qui comme vous pouvez l’imaginer, me rappelait mon père. Je ne voyais mes parents à l'époque que pendant les vacances ou alors quand ils me rendaient visite à mon lycée. Mais cette séparation m'a aussi permis de connaître de nombreuses localités du Bénin. En effet, pendant les vacances, mon temps était partagé entre les voyages à l’intérieur du Bénin, le football et la belote. Du fait des affectations de mon père, j'ai eu la chance de vivre non seulement à Djougou et à Porto-Novo, mais aussi Cotonou, Parakou, Dassa-Zoumé, Tanguiéta ou Kétou. J’avais aussi d’autres centres d'intérêts, comme la musique, le jeu d’échecs ou encore les « parties », c’est-à-dire des soirées dansantes que nous organisions avec les amis. A l'époque nous écoutions pour ainsi dire, surtout de la Musique Africaine, mais aussi Noire Américaine.


ABT2011.com : Aviez-vous continué à aimer la bouillie de mil au lycée et ainsi éloigné de votre mère ?


ABT : Bien sûr ! Comme je vous le disais, j’aime encore à ce jour, la bouillie de mil. Mais au lycée, j’aimais bien aussi la pate de gari, le « Eba » (Sourire).


ABT2011.com : En quelle année avez-vous eu votre Baccalauréat, et quels souvenirs en gardez-vous ?


ABT : J’ai eu mon baccalauréat en 1972. C’était assez stressant comme passage, car il n’était pas question de le rater. D’une part en effet, j’étais parmi les meilleurs de ma classe et donc un échec aurait été une catastrophe et d’autre part, parce que j’étais comme, certains amis, pressé de commencer l’Université que nous entrevoyions comme un espace de liberté. J’avais un groupe de travail composé de quelques camarades avec qui nous révisions les épreuves surtout de mathématiques et de physique. Vu que je me débrouillais plutôt bien avec les maths comme je vous le disais, j’ai naturellement continué vers la série « C », pour laquelle les mathématiques constituaient la principale matière.J’ai eu une mention « Assez bien » et avec le recul, je crois que je peux me définir comme un enfant privilégié. En effet, tout au long de ma scolarité, j’ai eu la chance de bénéficier aussi bien dans ma famille qu’à l’école d’un encadrement de qualité. Et je le reconnais, c’est une chance.Il faut préciser que cette réussite a fait aussi la fierté de mes parents et surtout de mon père qui a financé totalement mes études secondaires car il était dans une tranche de revenus qui ne me permettait pas d’être boursier au lycée.


ABT2011.com : Aviez-vous à cette époque changé d'avis sur ce que vous vouliez faire comme métier ?


ABT : Non, je voulais toujours diriger une entreprise. Il faut dire que cette idée ne m’a pas quitté depuis le primaire, et s’est au contraire renforcée au Lycée. On peut dire que j'ai été tenace sur la question.


ABT2011.com : L’année de votre Bac est historique au Bénin. Le 26 octobre 1972, il y a eu la Révolution : Où étiez-vous ?


ABT : J’étais déjà en France après mon baccalauréat.A l’époque comme la plupart des étudiants, nous avions acclamé la révolution. Et nous attendions avec enthousiasme les nouvelles des décisions salutaires que prenait le gouvernement.Une anecdote marque pour moi la révolution : j’avais, un an avant la révolution, réussi à l’examen du permis de conduire en 1971 et toutes les démarches entreprises pour recevoir ma carte avaient été vaines. Avec l’avènement du GMR [NDLR : Groupement Militaire Révolutionnaire] j’ai donc écrit au nouveau ministre pour me plaindre et quelle ne fut pas ma surprise de recevoir dans mon courrier quelques semaines après, sa réponse… avec mon permis. Cette leçon m’est restée et m’a inspiré 26 ans après quand j’ai intégré le Gouvernement KEREKOU.


ABT2011.com : ABT, maintenant, nous allons vous donner pêle-mêle quelques noms de personnalités publiques et vous allez nous dire en quelques mots si vous les avez connu ou croisé au Lycée.Connaissiez-vous à l’époque Me Adrien Houngbedji ?


ABT : Non, pas du tout à l’époque car il a fait lui, le Lycée Victor Ballot plutôt ; c’est-à-dire avant nous et le changement d’appellation. ABT2011.com : M. Nicéphore Soglo ?ABT : Oui, mais pas personnellement. ABT2011.com : M. Pascal Koukpaki ?ABT : Oui, il avait un an sur moi.


ABT2011.com : M. Idriss Daouda ?


ABT : Non, du tout à l’époque.


ABT2011.com : M. Yayi Boni ?


ABT : Non, je crois qu'il a dû faire le Lycée Mathieu Bouquet de Parakou.


ABT2011.com : M. Yacouba FASSASSI ?


ABT : Oui, en classe de première. Il venait du Gabon.


ABT2011.com : Une autre personne publique actuelle ?


ABT : Je connaissais bien le Dr Tchalla : un homme courageux. Il avait eu une grave fracture du bras et avait dû réapprendre à écrire de la main gauche, ce qui ne l’a pas empêché de réussir brillamment par la suite.


ABT2011.com : Avez-vous des regrets, de la nostalgie de cette époque ?


ABT : Non, je n’ai aucun regret. Nostalgique de mes années de lycée, certainement. En fait je vivais chacun de mes départs du lycée pour les vacances comme un véritable deuil.


ABT2011.com : Pour finir avec cette époque de votre vie, qui recouvre 20 ans, quel bilan pouvez-vous faire ?


ABT : D’évoquer ces souvenirs avec vous, (l'occasion ne m'a presque pas été donnée, vu que mes camarades et moi sommes dispersés aujourd’hui pour des raisons professionnelles) Je peux dire que j’ai eu une enfance heureuse, et que j’ai grandi dans un cadre rigoureux. J’ai eu beaucoup de chance comme je l’ai souligné, d’avoir eu un cadre familial et scolaire qui m’ont enseigné la rigueur et le travail, surtout le travail bien fait. Mon père me disait : « tu peux faire ce que veux, mais sois le meilleur dans ce que tu choisis ». Et c’est aussi ce que j’ai retenu de l’école des sœurs catholiques de Djougou, de mon Maître coranique et enfin du Lycée Béhanzin de Porto-Novo, le meilleur du Dahomey à l’époque.Mes parents m’ont enseigné des valeurs morales, parmi lesquelles l’intégrité, l’humilité, le sens de l’honneur et du respect de la parole donnée. L’école a ajouté à cet enseignement, le sens de l’amitié et de la solidarité. Peut-être aussi le sens de l’humour (sourire).J’ai retenu aussi du Lycée, qu’il y a un temps pour faire chaque chose, et que chaque chose doit être faite en son temps…


ABT2011.com: Nous vous remercions d'avoir accepté de répondre à notre interview.


ABT : C'est plutôt vous que je dois remercier pour votre initiative. Vous avez réveillé en moi de grands souvenirs. (Sourires).

En résumé : ABT de 1952 à 1972… Certains traits de caractère d’un individu se constituent dès son plus jeune âge. C’est ce qui pourrait par exemple expliquer la discrétion d’Abdoulaye Bio Tchané, sur sa vie extra-professionnelle, malgré l’excellence de son chemin professionnel. Son éducation confessionnelle, influencée par une culture musulmane et doublée d’une étroite cohabitation avec le monde catholique (notamment au sein de son cadre familial et au cours de son cursus scolaire), lui auront sans doute enseigné l’humilité et le sens de la tolérance. ABT a dû faire sienne, cette citation de Albert Einstein: « Le culte de la personnalité reste à mes yeux toujours injustifié » (Comment je vois le monde, 1989 chez Flammarion) .Cet entretien, nous aura permis à nous, de découvrir ABT sous de nouveaux angles :

• Un enfant très attaché à sa famille et ouvert sur son environnement (sa maison familiale était au cœur d’un marché ; son père, instituteur puis administrateur, le berçait de politique en ces temps d’indépendance…)

• Un enfant élevé avec rigueur, mais qui était tout de même joueur (il adorait l’école, synonyme de jeux, et garde en mémoire ses parties de belotte avec son père…)

• Un enfant qui a su très tôt ce qu’il voulait faire dans la vie (gérer…), qui appréciait la vision d’un certain Kennedy « pour l’Amérique et pour le Monde » ; et qui a su s’accrocher à ses rêves pour leur donner une existence. « Il n'est pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va» dirait Sénèque,

• Le lycéen ABT a continué à renforcer cette personnalité déjà si équilibrée. Il a ajouté à la rigueur, de la méthode et est devenu un peu plus travailleur, mais en gardant son sens de l’amitié et de la solidarité. Son esprit « joueur » s’est enrobé d’un sens subtil de l’humour, dont on ressent encore à ce jour les traits. C’était au Lycée Béhanzin, véritable pépinière de l’élite dahoméenne d’alors, modèle réduit du Bénin d’aujourd’hui, où se côtoyaient toutes les couches sociales, toutes les confessions, dans une tolérance exemplaire.

• Le jeune bachelier ABT, n’a pas oublié, l’espoir suscité par la révolution de 1972, et a retenu la leçon d’une efficacité de la nouvelle administration qui lui a débloqué son permis de conduire, aussi vite qu’il ne lui était possible d’imaginer.Nous espérons vous avoir éclairé un peu plus sur l’Homme, ou du moins, vous avoir donné l’envie d’en savoir plus.

Copyright © Entretien réalisé par L’équipe du site http://www.abt2011.com/ – Août 2009

lundi 10 août 2009

Un nouvel engagement pour un nouveau départ

Nous voici à moins de deux ans des échéances electorales au Bénin. Un Bénin, qui de l'intérieur suscite actuellement interrogation, quant à la bonne gouvernance et la gestion de ces richesses. Des chapelets de scandales politico-financiers s'égrainent chaque jour depuis Avril 2006, où le changement nous a été promis. Un changement avec son cortège de bonnes intentions idillyques, reste incapble de produire de la richesse et de la plus value pour notre économie. Il est prévu moins de 5% de croissance pour 2009.
Face à ce tableau ténébreux, un groupe de jeunes, victimes de ce mal-être et épris d'un nouveau changement pour un mieux-être ont entrepris des réflexions et une analyse de la situation socio politique de notre pays et de ses leaders politiciens, afin de trouver leur voix et leur positionnement. Cet exercice de la raison a eu pour cadre un creuset intellectuel d'analyse et de proposition altenative pour le Bénin de 2011. Il s'agit du creuset "Tous pour ABT".
C'est un nouvel engagement pour un nouveau départ dans une perspective d'alternance démocratique à la tête du Bénin à l'issue des prochaines échéances electorales.
Nous venons par le biais de cet espace public et ouvert faire savoir nos désirs et propositions pour un avenir radieux pour le Bénin et sa jeunesse. L'objectif de cet espace est aussi de faire valoir les atouts d'un homme, qui inspire et incarne nos valeurs du mieux-être des populations.
Nous attendons dores et déjà le soutien de tous pour ABT. La perche est tendue.
A bientôt