Rwanda - Attentat du 6 avril 1994 à Kigali

Rafaëlle Maison, Géraud de Geouffre de La Pradelle

revue Cités N° 57  -  2014

Nos pages précédentes archivées

Dossier de Jacques Morel

La mort à l'Elysée de François de Grossouvre 24 heures après l'attentat

Le témoignage de Richard Mugenzi principal opérateur d'écoutes radio des FAR

Le contre témoignage flouté présenté par Judi Rever et son éditeur Max Milo après la parution française de son livre fin 2020 qui nie tout ce que nous considérons comme vrai

  • Judi Rever - Rwanda : L'éloge du sang - ITW - Un ex-garde du corps de Paul Kagame témoigne 27 novembre 2020
    Ce témoin dit que tous ses collègues sont en prison pour qu'ils ne parlent pas et que d'autres furent tués. Ils est donc facilement identifiable par Kagame. Dès lors pourquoi flouter ce témoin ?
    En tous cas, tout ce qu'il dit est la version de l'argumentaire développé par Onana, puis Smith, puis Péan, puis Rever et tous les propagandistes français qui développent la défense des responsables français de l’époque. A croire que ce "témoin" invisible serait leur seule source d'information.

Désintox autour de l'attentat du 6 avril 1994

Le livre de Philippe Brewaeys fait le point en 2013

  • Noirs et blancs menteurs Un livre complet qui présente une véritable investigation et souligne que l'enquête belge, qui fut pertinente dès l'attentat exécuté, est aujourd'hui rejointe par l'enquête rwandaise et par celle de la justice française depuis que le juge Bruguière est sorti du jeu.

Où en est la procédure française ?

>>Pour voir la video en plus grand<<

Le carnet de Colette Braeckman :

L'attentat raconté par Jean-François Dupaquier

Extraits d'une série d'articles d'avril à mai  2020
de Jean-François Dupaquier :

Des éclairages divers sur l'histoire de l'attentat

Le festival des Français "compétents" qui prétendaient défendre l'honneur de la France !!!

Le 6 avril 1994, le Président du Rwanda, Juvénal Habyarimana, le président du Burundi, Cyprien Ntaryamira, et le Président de l'Ouganda, Museveni, se rendent à Dar Es Salaam, accueillis par le président Tanzanien pour une rencontre régionale entre chefs d'Etats à propos des conflits régionaux. Contrairement à sa promesse faite à Habyarimana la veille, le président du Zaïre, Mobutu, refusera au dernier moment de s'y rendre. Le chefs d'état major de l'armée rwandaise et divers conseillers sont aussi présents.

En fin de journée, le Président rwandais et son chef d'état major rentrent à Kigali à bord de son avion personnel, un Mystère Falcon 50 fourni par la France et piloté par un équipage français. Le Président du Burundi l'accompagne.

L'avion se présente vers 20 h 25 dans l'axe est-ouest de la piste de l'aéroport de Kigali. Dans la phase d'atterrissage, l'avion explose en vol au dessus de Kigali. Il n'y a aucun survivant.

Dès le départ, l'enquête belge penche pour un attentat commis par le Hutu power. Mais la Belgique n'était concernée que par les accusations portées contre elles par ceux qui apparaissent aujourd'hui comme les commanditaires de cet attentat. Jusqu'en 2009, plusieurs versions s'opposaient en France sur le lieu du tir, le lieu du crash, les armes employées et surtout l'identité des tireurs. Y a-t-il eu plusieurs lieux de tir et plusieurs types d'armes employées, ce qui expliquerait la diversité des versions ?

En décembre 2009, le journaliste Mehdi Ba et la revue Continental publient un dossier, après avoir consulté le rapport rwandais sur l'attentat désormais publié depuis janvier 2010. Ce rapport relate les témoignages de plusieurs centaines de membres des forces armées rwandaises de 1994 et plusieurs militaires belges des nations-unies, recoupés par une étude balistique d'experts britanniques de l'académie militaire du Royaume-Uni. Ces éléments montrent que les tirs ont été effectués depuis la zone du camp militaire de Kanombe,  c'est à dire très probablement par l'armée nationale rwandaise contre son propre président ou par ses alliés. Il ne manque que des pièces à conviction... qui sont vraisemblablement détenues actuellement par l'armée française.

Cette version de la commission d'enquête nommée par le gouvernement rwandais est confirmée avec un luxe de précautions scientifiques le 10 janvier 2012 par les experts nommés par les juges français, Marc Trévidic et Nathalie Poux, qui ont succédé au "juge" Jean-Louis Bruguière.

Le 1 juin 2012 on ré-apprend par le journal Libération que des missiles Mistral français, alors interdits à l'exportation et ayant des  performances supérieures au SAM 16 soviétique, équipaient l'armée rwandaise avant l'attentat selon un document de l'ONU. Le fait nouveau est que ce document est produit devant les juges.

Les personnes auteurs de l'attentat ne sont toujours pas formellement identifiées et l'organisation en amont de l'attentat reste peu documentée. Une note de la DGSE du 22 septembre 1994, déclassifiée en 2015, émettait des hypothèses qui semblent confirmées par les enquêtes françaises, belges et rwandaises. Si les pistes sont maintenant restreintes, le rôle de la France dans cette affaire, et en tous cas de Français, demeure énigmatique.

L'obstination systématique de Français, visiblement liés aux responsables militaires et politiques de l'époque, voire eux-mêmes, à vouloir imposer une version sans apporter de preuves ou même seulement des témoignages qui sembleraient fiables, laisse une impression qui éveille les soupçons. Côté France, jusqu'en 2007, c'était le recours permanent au brouillage. Le souvenir de l'enquête Bruguière reflète désormais clairement un mensonge d’État, ce qui pourrait aussi s'appeler une forfaiture s'il y avait des magistrats assez indépendants en France pour prendre leurs responsabilités vis-à-vis de ce "confrère" apôtre de la synergie entre le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif... comme dans les dictatures. L'armée l'a si bien mené en bateau au propre et au figuré, tel qu'il l'explique avec fierté, et inconscience ?, quand il présente son livre et raconte comment il a été transporté et nourri par la marine française pour certaines de ses enquêtes. Juge d'instruction ? Non, avocat de l’État français, représentant caricatural d'une certaine conception de l'incompétence d’État française.

Initié par François Mitterrand,  ce mensonge d’État eut des acteurs objectifs, lucides ou manipulés : les médias Le Monde* et Marianne et de nombreux quotidiens régionaux et autres magazines, les ministres Dumas et Balladur et Léotard et Roussin et Védrine et de Villepin et Juppé, les flamboyants Hureaux et Debré et Myard, les experts Guichaoua et Vidal et Reyntjens, les désinformateurs "indépendants" Péan et Onana et Smith, les officiers néo-coloniaux Quesnot et Lanxade et Huchon, Jean-Jacques Maurin et Barril, Hogard, Tauzin, Lafourcade, et bien d'autres qui vont devoir sérieusement s'expliquer, sans faux fuyants, s'ils veulent accéder à un minimum de crédibilité dans ce débat.

D'une manière générale, les autres responsables politiques français, à quelques exceptions près, ont fait preuve d'une remarquable et unanime partialité dans cette affaire, laissant penser que Descartes fut un accident de la culture française.

 E.C.
Ci-dessus, photo de la délégation française photographiée par the New times de Kigali le 17 septembre 2010

Selon l'ONU les FAR possédaient des missiles Mistral avant l'attentat

  Le 1 juin 2012 Libération publie un dossier qui montre que, selon des informations ressorties des archives de l'ONU, le Rwanda possédait des missiles Mistral avant l'attentat. Cette hypothèse  est aussi étudiée, sans être évacuée, dans le rapport rwandais de 2010.

  Nos députés, dans leur rapport de 1998 sur le Rwanda, avaient touché du doigt une manipulation à propos de l'attentat et des missiles SA-16. Ils avaient aussi noté, sans y attacher d'importance, que les FAR auraient embarqué en exil des missiles Mistral selon l'association HRW. Le juge Bruguière avait tiré un trait, sans le dire et sans l'expliquer, sur les constatations des députés et remis à l'ordre du jour, sans apporter de faits nouveaux et sans enquêter sur les lieux du crash, les éléments rejetés par la mission d'information parlementaire française.

Il se dessine donc bien une affaire de "blancs menteurs et noires fureurs" contre les accords de paix d'Arusha dont l'attentat aurait été le premier acte de l'étape définitive du génocide des Tutsi, soigneusement préparé. Les attaques insidieuses et malsaines, présentées comme fondées... sans aucune preuve concrète autre que des manipulations des auteurs d'une théorie du complot au sens inversé sont balayées magistralement par deux expertises occidentales sur le terrain et des témoignages recoupés, notamment par la commission rwandaise. Mais d'autres questions graves vont devoir être posées, notamment sur l'éventuelle implication de Français, sujet non abordé par les Rwandais, comme bien sûr par l'éphémère "enquête" Bruguière.

A notre sens, cela jette une lumière crue sur les incommensurables manipulations des autorités et de l'état-major français que nous ne cessons de dénoncer depuis bientôt 20 ans. C'est aussi un honneur retrouvé courageusement pour la justice française dans cette affaire. Les juges en ont pris les moyens de façon exemplaire et rare en de tels contextes. Espérons qu'ils aillent jusqu'au bout de ce chemin dont on ignore encore toutes les surprises possibles. Car même si l'hypothèse d'une responsabilité du FPR dans cet attentat  resurgissait un jour de façon désormais inattendue, ce ne pourrait être que sur d'autres bases que celles énoncées vainement par le juge Bruguière et ses amphitryons. 

E.C. 1 juin 2012

Voir le débat ci-dessous sur les missiles

Les gendarmes français tués au Rwanda après l'attentat,
affaire relancée
par le juge Trévidic

Libération
10 janvier 2013

Les enfumages reprennent

Rwanda : les introuvables révélations de Théogène Rudasingwa sur l'attentat du 6 avril 1994
Jeune Afrique 26 avril 2013

Curieusement Marianne ne semble pas avoir publié sur son site internet, ce qui l'aurait été dans son hebdomadaire, ce témoignage sorti du chapeau qui viendrait confirmer l'inanité de l'enquête de Bruguière en relançant .... la thèse de Bruguière. Ca sent la nième ficelle à la Ruzibiza. Le but est probablement de retarder le travail du juge.... 15 jours après le film de l'émission belge "Devoir d'enquête" et le livre de Philippe Brewaeys (voir en haut de page).

0-Le Monde avait donné l'impression de corriger le tir le 11 janvier 2012, mais sans s'expliquer sur les articles négationnistes de Stephen Smith longtemps gardé comme journaliste

Mais Le Monde du 1 juin 2012, malgré un titre qui tend vers l'objectivité à travers une question qui doit être examinée, continue de prendre au sérieux l'enquête du juge Bruguière et de la mettre en balance avec celle en cours du juge Trévidic, alors même que tout montre, et montrait déjà dès la lecture de l'ordonnance Bruguière de 2006, l'extraordinaire partialité de son travail. Cela fait partie de l'enfumage auquel se prête encore ce journal. Plus fort dans l'enfumage des lecteurs : un élément nouveau, la liste des missiles des FAR avant le 6 avril 1994 établie par la MINUAR, "jette un nouveau voile sur les circonstances de la mort du président rwandais " ...sans doute parce qu'il "voile" la version complaisamment véhiculée par Le Monde, celle de Bruguière, Smith et Péan. Comment ne pas comprendre qu'il s'agirait pour ce journal de couvrir les autorités françaises depuis 18 ans par le truchement d'une rhétorique subtilement trompeuse qui voit dans les contestations diverses et normales des parties devant le juge une "confusion" alors qu'il s'agit du travail souhaitable et normal d'approche de la vérité. Sans cette agitation rhétorique "voilante" entretenue si longtemps par le journal Le Monde on saurait peut être déjà qui sont les auteurs de cet attentat. Cela ressemble à une reprise en main. Il est d'ailleurs intéressant de constater que Paul Quilès, président de la mission d'information parlementaire sur le Rwanda en 1998 et ancien ministre de la défense puis de l'intérieur et donc un "ex"-rouage essentiel des services français, renforce l'attitude du journal Le Monde en publiant en même temps sur son blog un article qui s'intitule précisément "Rwanda: sortir de la confusion".

1-Le lieu dit La ferme à Masaka, aurait été une position du FPR. C'est faux. C'était une position des Forces armées rwandaises et déjà on envisageait pour Masaka l'infiltration du FPR derrière les lignes gouvernementales. Masaka est l'ancien lieu de tir seriné sur la base de témoignages imprécis : quand on est à l'aéroport de Kigali, Masaka est bien dans la direction d'un axe approximatif qui passe au-dessus du lieu de tir dégagé par l'enquête de Trévidic.

2-Les missiles seraient selon les experts probablement des SAM 16 (SA-16 igla-1)  et cela exclurait des auteurs possibles les FAR qui n'auraient eu aucun missile.

Il ressort des dernières informations que deux types de missile ont pu être utilisés, des missiles SA-16 ou des missiles Mistral.

2.a- Jacques Morel faisait observer à juste titre que le missile Mistral a été trop légèrement évacué par le rapport des experts de janvier 2012, au prétexte que ce missile était officiellement interdit d'exportation en Afrique et commercialisé plus tard. Et si des Français, dont certains étaient présents au camp Kanombe puisque l'un d'eux en témoigne, ... les avaient eux-mêmes tirés ? Cette hypothèse ne peut pas être exclue sans enquête sur tous les acteurs potentiels présents.

Un missile Mistral a pu être utilisé dans l’attentat du 6 avril 1994.
Pourquoi les experts éliminent-ils cette hypothèse ?
Jacques Morel 30 mars 2012 (version 1.4 de 2014)

Cette hypothèse est renforcée par un document retrouvé par la journaliste Linda Melvern dans les archives de l'ONU, qu'elle affirme avoir fait authentifier par le Général Dallaire qui en était le patron opérationnel, et révélé par le journal Libération le 1 juin 2012. Selon ce document les Forces armées rwandaises étaient équipées de missiles Mistral à la date du 6 avril 1994. Le second de Dallaire, le colonel belge Luc Marchal, conteste ce document. Luc Marchal a toujours défendu la thèse de Bruguière sur l'attentat. Cette information est connue des députés français en 1998. Elle est analysée dans le rapport rwandais sur l'attentat en 2007-2008. Ce qui est nouveau c'est le document lui-même à l'origine de cette information qui est ressorti des archives de l'ONU et versé dans l'enquête du juge Trévidic.

En janvier 2018, le lieutenant-colonel Guillaume Ancel élimine par une objection technique l'usage possible de missiles Mistrals

Toutefois le lieutenant-colonel Guillaume Ancel, officier français spécialiste des guidages de tirs aériens, affirme que les témoignages excluent l'usage de missile Mistral qui aurait une absence de signature visuelle bien particulière : "Le Mistral est très particulier dans sa catégorie, il n’a pas de propulseur de croisière, seulement un booster d’accélération qui l’emmène à Mach 2.4 en moins de 2 sec, le missile vole ensuite sur son inertie, ce qui le rend difficilement détectable après son accélération, y compris de nuit alors que le point rouge du propulseur d’un SAM16, ou d’un STINGER, qui a un propulseur de croisière, reste visible pendant toute la course du missile, comme décrit par les observateurs du double tir contre l’avion du président Habyarimana." Cette piste des Mistrals est donc contredite techniquement par cet officier français, expérimenté dans le tir de missiles, qui multiplie par ailleurs des paroles engagées accusant la France de complicité dans le génocide des Tutsi.

Toutefois, l'avion était très près du lieu du tir, environ 950 mètres pour les positions retenues. Si on voit la lumière du booster pendant 2 secondes et que le missile touche sa cible en environ trois à quatre secondes, les témoins ont pu voir effectivement le tracé de la trajectoire pendant deux secondes... Avec une vitesse de croisière de 850 mètres par seconde, le missile Mistral peut ainsi parcourir 1 km en moins de quatre secondes après son lancement, 0 m/s à 850 m/s en 2 secondes, et donc l'objection des caractéristiques du Mistral peuvent tomber de ce fait, car les témoins on vu la trajectoire lumineuse pendant presque les deux tiers du déplacement du missile et on pu "négliger" dans leur témoignage une interruption de trace lumineuse pendant une seconde et demi avant l'explosion.

Des missiles qui pointent Paris
Libération 1 juin 2012
Le document de 'l'ONU
Documentation France génocide des Tutsi
06 avril 1994, l’avion du président Habyarimana est abattu par un tir de missiles, déclencheur du génocide.
Ne pas subir - Guillaume Ancel - 28 janvier 2018
Rappelons que dans notre page archivée d'avant 2008 nous nous posions la question de la méthode Coué à propos de la version française  :
"L'insistance avec laquelle on nous répète sans preuve que les missiles étaient des Sam 16 de fabrication soviétique , n'est-il pas là pour cacher un autre type de missile éventuellement utilisé, par exemple des mistrals français qui étaient sur le territoire du Rwanda en 1994 selon HRW et les députés français ?"

2.b- Ceux (Pierre Péan, etc...) qui serinent que les missiles employés sont des SA-16 et avancent cette impossibilité pour les FAR d'avoir des SA-16 n'en apportent aucune preuve. Bagosora a reconnu lui-même devant le TPIR l'existence d'une facture pro forma reçue par les autorités rwandaises avant le génocide et qui portait sur des SA-16. Donc il est au moins reconnu qu'elles avaient fait des démarches pour en acquérir. Lire aussi au sujet des missiles l'étude de Georges Kapler et Jacques Morel. Le rapport des députés français avait déjà noté une commande très engagée :

«  […]. D’après les relevés établis par les militaires français présents au Rwanda -commandant des opérations ou attaché de défense- des livraisons de matériels de guerre ont été régulièrement effectuées par ces pays dès l’offensive d’octobre 1990.
[…]Le 15 juillet 1991, le chargé d’affaires russe indique à l’attaché de défense français que le Rwanda a passé commande à titre onéreux à son pays de 50 mortiers, 6 obusiers, 30 mitrailleuses et de missiles SA 16 dont le nombre n’est pas précisé, ainsi que des munitions correspondant à ces armements. Le chargé d’affaires russe indique que la commande est prête à livrer sous réserve de la confirmation du Rwanda qui devra alors verser une provision.».
Rapport parlementaire français 1998
Le témoignage de Bagosora relance le débat sur l'assassinat du président Habyarimana
FH février 2006
"[...]Contrairement à Bagosora, le substitut du procureur a soutenu que l’armée gouvernementale rwandaise disposait bien de missiles sol- air dans son arsenal. White a alors produit une lettre écrite le 17 janvier 1992, par le chef d’état- major adjoint de l’armée, le colonel Laurent Seubuga, au ministre de la défense et lui conseillant d’acquérir «une batterie SAM 16 comprenant 12 lanceurs et 120 missiles ». Selon Bagosora, cet armement n’a jamais été acheté bien que le gouvernement ait passé une commande et reçu une facture. Curieusement, fait remarquer White, les numéros de série mentionnés sur la facture proforma sont les mêmes que ceux qui figurent sur la batterie recueillie par l’armée rwandaise à Masaka (près de Kigali), au lendemain de l’attentat. Réponse de Bagosora : « Nous nous sommes proposé de faire une commande ; nous n’avons pas acheté. Entre-temps, quelqu’un d’autre pouvait acheter ».[...]"
À propos d’un missile Sam-16 « trouvé » par les FAR en 1991
Georges Kapler et Jacques Morel - 4 juin 2005
Lire aussi la réponse du webmaster à Bernard Lugan
Emmanuel Cattier 18 janvier 2012

2.c- Corrélativement il est affirmé que les FAR n'avaient pas besoin de missiles parce que le FPR n'avait pas d'avion et que donc il est absurde d'imaginer qu'elles en auraient acquis. C'est oublier un peu vite que la stratégie franco-rwandaise considérait que le FPR était appuyé par l'Ouganda.... dans les notes de l'Elysée c'est évoqué directement et indirectement par des expression du style "les forces ougando-tutsies" sous la plume du chef d'Etat-major français. L'Etat-major franco-rwandais pouvait donc craindre que l'aviation ougandaise intervienne un jour ou l'autre, même si cela n'a jamais été le cas. Il y avait d'ailleurs des canons anti-aériens en place.

2.d- Des militaires français étaient en poste au camp Kanombe et pouvaient peut-être disposer de leurs propres armes... sans que le Mistral ait été vendu aux FAR. Etant dans le camp Kanombe ces missiles français auraient été attribués aux FAR par la MINUAR.

3-On connait les numéros de série des missiles on sait d'où ils viennent. On a présenté des numéros certes. On les a même servis deux fois, les mêmes. La première fois ce fût en 1998 aux députés français introduits par Reyntjens. ils ont conclu à une probable "manipulation". La deuxième fois ce fut le juge Bruguière, introduit par Péan... avec le même succès. Et bien Védrine remet ça, Le député Myard aussi... On dirait qu'ils ne connaissent pas le dossier... et si le juge Trévidic était si sûr de ces numéros, pourquoi aurait-il fait examiner par des expert le cas d'une cinquantaine de types de missiles possibles pour retenir finalement, certes, le même type de missile. Mais cela ne nous donne pas son numéro de série. Donc on ne sait toujours pas d'où ils viennent, même si tous les SAM 16 sont effectivement "d'origine soviétique"... En 1994 nous sommes 5 ans après la chute de l'empire soviétique et en plein grand bradage international des armes soviétiques.

4-Il n'y a pas eu d'enquête internationale et c'est la France qui a du s'en charger. Non, en 1994 l'ONU à chargé René Degni-Ségui d'enquêter sur cet attentat et les autorités françaises et rwandaises de l'ancien régime lui ont opposé un refus, tel qu'il l'a déclaré en juin 1997 devant le sénat de Belgique. Les familles des pilotes français de l'avion ont ensuite décidé de déposer plainte en France en août 1997. La plainte a commencé d'être instruite en mars 1998. La famille Habyarimana s'y est jointe très tardivement.Cf Rapport du Sénat Belge, chapitre 3, paragraphe 3.5

5-Nous ne sommes pas responsables de l'erreur judiciaire car c'est la faute de tout le monde...

Guichaoua : "les dysfonctionnements sont intervenus à tous les niveaux"
Le Monde 11 janvier 2012

Des dysfonctionnement sont en particulier intervenus à son niveau... André Guichaoua a, entre autre, postfacé le livre de Ruzibiza, "Rwanda l'histoire secrète". Ruzibiza fut le "témoin clé", mais bidon, manipulé par Bruguière et Guichaoua n'a jamais montré le moindre esprit critique sur les enfumages de cette affaire. Notamment Ruzibiza qui s'accusait d'avoir fait partie du "Network commando" qui aurait assassiné deux chefs d’État, plusieurs personnalités rwandaises et burundaises et trois pilotes français et surtout déclenché la mort d'un million de Rwandais, ...  était ressorti libre du bureau du juge Bruguière!!!. Plus c'est énorme mieux ça passe !

Guichaoua ne commence a exercer son esprit critique que maintenant et partiellement parce qu'il est contraint de le faire. Comme c'est un universitaire qui doit avoir un minimum d'esprit critique, il doit probablement être un des acteurs des enfumages. Ce type de discours est caractéristique de Guichaoua. Il cherche d'abord a donner une impression d'objectivité dans les médias. Mais il ne pratique qu'une esthétique d'objectivité. Il connaît très bien le Rwanda d'avant 1994 et il reconnaît des faits pour faire bonne mesure, mais jamais en en tirant les conséquences qui impliqueraient plus que très modérément la France ou lui-même. Ses livres sont d'ailleurs très pauvres sur l'implication française au Rwanda. Fort de son rôle d'expert français auprès du TPIR, il a en fait mis le TPIR sous surveillance au service des autorités françaises. Les très probables manipulations françaises de la justice internationale, notamment au niveau du TPIR, devraient d'ailleurs faire l'objet d'une enquête et Guichaoua en serait un des principaux témoins à interroger. C 'est vraiment le "Bruguière" de l'université française !

6-"Le juge Trévidic est fatigué" d'après Marianne à cause de l'hostilité qu'il inspire à Sarkozy à travers toute sorte de brimades bien réelles semble-t-il. Mais tout cela n'est pas vraiment nouveau, puisque le juge en fait état depuis un certain temps. Il dérange. Mais c'est pain béni pour essayer de le déstabiliser un peu plus au lendemain de son coup d'éclat sur le Rwanda. 

Questions après la communication des conclusions des experts des juges Poux et Trévidic

Communiqué d'Ibuka France
Ibuka 11 janvier 2012
Rwanda, la preuve d’un génocide planifié
Libération 11 janvier 2012
Rwanda : l'avion de Habyarimana a-t-il été abattu par des étrangers ?
Jeune Afrique 11 janvier 2012
Des extrémistes hutus seraient à l'origine du génocide rwandais
L'Humanité 11 janvier 2012
Belgique: Paras belges assassinés en 1994 à Kigali
Afrique en ligne 14 janvier 2012
"Le rapport du juge Trevidic disculpe les paras belges assassinés en 1994 à Kigali "
Le Rwanda, 3ème génocide de l'Histoire reconnu par les Nations Unies. Qui en porte la responsabilité ?
France Inter 15 janvier 2012
L'enquête sur le terrain des juges antiterroristes Marc Trévidic et Nathalie Poux, à l'inverse de la thèse soutenue depuis 18 ans, apporte la preuve d'un génocide planifié. La France le savait-elle ? Patrick de Saint-Exupéry, Jean-François Dupaquier et Alain Gauthier.

Qui sont les auteurs de l'attentat ?

On entre ici dans une fiction totale qui tente malgré tout d'intégrer des éléments réels.

Depuis 18 ans plusieurs pistes principales semblent possibles. Elles sont présentées ici par ordre de probabilité, croissante et subjective, après la publication des conclusions des experts de la justice française sur le lieu des tirs et le type des missiles :

C'est l'option désormais la plus difficile à prouver. Le lieu de tir étant connu avec une certaine précision, à une centaine de mètres près, sauf contestation d'ici trois mois, seules des preuves matérielles incontestables vont devoir être avancées pour prouver que le FPR aurait pu s'infiltrer dans le camp militaire des Forces armées rwandaises. Il va falloir de toute façon orienter enfin l'enquête française aussi vers les FAR et leurs alliés.

Une erreur tend à s'infiltrer dans les esprits via des canaux qui ne laissent aucun doute sur leur origine : Masaka aurait été une position du FPR en avril 1994... L'erreur se trouve dans Marianne, et amenée de façon assez bizarre chez la journaliste qui interview Pierre Péan dans une video de France 24 sur la même page que l'interview de Guichaoua. Pierre Péan qui est censé connaître ce dossier ne contredit pas la journaliste sur cette erreur. Lire et voir la page de France 24 où l'on voit certainement par hasard une image video qui ne correspond pas à son contenu... Nous avons d'autre part demandé à la fondation Hirondelle de corriger la même erreur commise par un collaborateur parisien dans un article... ce qui a été fait aussitôt. Donc on distille cette info et par manque de connaissance des gens répercutent.

Cela nous donne des indices sur le front qui se prépare sur cette affaire : Le FPR n'aurait eu que 3 km à faire en race campagne depuis "sa position" à Masaka pour s'infiltrer dans le camp... Parions qu'on va voir ce discours tenu par l'équipe Péan-Guichaoua-présumés génocidaires et ancien du régime hutucrate et consort. Mais malheureusement pour ces combattants d'arrière garde, le FPR n'avait pas de position à Masaka. En vertu des accords d'Arusha, le FPR avait seulement un bataillon, étroitement surveillé par les FAR et la MINUAR au CND, au centre de KIgali à côté du camp de la garde présidentielle, à 15 km du lieu du tir.

Mais cette hypothèse n'est pas impossible à 100% dans la mesure où a piste des extrémistes Hutu ou de leurs alliés n'est pas certaine à 100 % et que le FPR a montré des talents stratégiques et tactique et une discipline remarquable. A contrario les FAR ont pu avoir du relâchement dans leur surveillance un soir où tout le monde regardait le match de Foot à la télé. Mais il faudrait tellement de chance pour que tous ces éléments, et bien d'autres, aient pu se synchroniser de façon prévisible avec l'arrivée de l'avion qui revenait d'une réunion décidée au dernier moment... que cela parait très peu envisageable.

Des témoins et notamment le général Faustin Kayumba Nyamwassa, ex-chef d'état-major de l'armée rwandaise et donc très proche de Kagame, mais aujourd'hui réfugié en Afrique du Sud affirme encore en juin 2012 :

Afrique du Sud: «Le président rwandais a ordonné le meurtre d’Habyarimana», affirme Faustin Kayumba
RFI 23 juin 2012

Mais il se garde d'expliquer comment cela se serait passé pour qu'on puisse le confronter aux faits et aux autres témoignages et donc son affirmation apparaît plus comme une stratégie politique à son propre usage que comme un véritable témoignage... comme l'avait déjà pratiqué Ruzibiza, l'ex-témoin clé du juge Bruguière. En octobre 2013 on a appris par RFI que l'Afrique du Sud refusait pour l'instant de donner suite à une requête du juge Trévidic pour entendre l'ex-général Nyamwasa.

C'est l'hypothèse qui parait la plus évidente. Tout le scénario d'un coup d'état bien préparé avec le génocide "explique" facilement l’enchaînement des faits. Mais elle se heurte à certaines  personnalités mortes dans l'attentat. On n'arrive pas vraiment à déduire des morts qui est auteur de l'attentat. Incontestablement cette piste est au moins celle de complices. Mais de nombreux éléments laissent penser que les auteurs n'étaient nullement inquiets des conséquences que cela entraînerait. L'avion est tombé sur la propriété présidentielle. C’était dans le domaine du prévisible. Comment imaginer que la clan d'Agathe aurait pris un tel risque sans se mettre à l’abri... or la famille Habyarimana était sur place. Cela écarte au moins une partie de l'Akazu, sauf si des étrangers  très expérimentés ont réussi à la rassurer par une formidable trahison. Reste Serubuga l'ancien numéro 1 de l'armée, écarté en 1992 par Habyarimana qui le craignait. Il est considéré par certains Rwandais comme le véritable cerveau du génocide, un homme qui avait un ascendant sur Bagosora. Celui-ci a d'ailleurs, dès la nuit du 6 au 7 avril, parlé de le remettre en selle.

C'est l'hypothèse qui semble la plus étrange en France.

Y-a-t-il des étrangers qui auraient pu avoir la confiance des FAR et qui auraient agi pour le compte du FPR ? Aucun élément pour le dire.

L'hypothèse Serubuga, par exemple, rend par contre ces étrangers probablement indispensables. Serubuga était écarté mais toujours là. On peut trouver dans ce coup d'état tous les ingrédients d'un coups d'état françafricain : un arrangement entre une personnalité locale et les services français. Serubuga ou un autre. On peut imaginer que la France ait retardé la mise en place de "son gouvernement" pendant la période du génocide... en contrôlant le gouvernement "intérimaire", si bien nommé, et qu'elle a porté à bout de bras les premiers jours dans sa propre ambassade. Mais la France a perdu la guerre et son éventuel projet. Nous savions que Serubuga se cachait en France. Sa dernière trace se situait à Strasbourg, avec une situation administrative qui s'apparente à celle d'Agathe Habyarimana : pas de statut, à la merci des autorités françaises et protégé par elles. A l'été 2013 on a appris son arrestation dans le nord de la France. Son extradition a été refusée, mais cette décision a été contestée en septembre 2013 par le procureur de la Cour d'Appel de Douai.

La présence de Paul Barril à cette date à Kigali, mainte fois évoquée, ne décourage pas d'envisager cette piste ! Il y a aussi quelques témoignages troublants à étayer. Notamment une question doit être rappelée. Le capitaine Barril affirme que François de Grossouvre était son contact avec Mitterrand sur la question rwandaise. Est-ce un hasard si François de Grossouvre se serait "suicidé" le lendemain de l'attentat, le 7 avril 1994, à l'Elysée, à côté du bureau de François Mitterrand ? On peut aussi se demander si Barril ne fut pas envoyé sur place discrètement pour servir de leurre éventuel pour divertir l'information d'une implication française plus directement hiérarchique. Toute l'agitation apparemment irrationnelle de Barril serait en fait un effort pour ne pas porter le chapeau... dont il a toutes les compétences pour le porter. Hypothèse... car quand on regarde son interview du 28 juin 1994 (Cf. bas de page), on sent qu'il est partie prenante de la guerre médiatique que la France livre au FPR. * Paul Barril a été perquisionné sur ordre du juge Trévidic et on a découvert des preuves de certaines accusations émises contre lui... mais, apparemment, rien concernant l'attentat.

L'élément le plus accusateur pour la France est ce brouillage incroyable de l'affaire dont elle est le seul épicentre de façon constante depuis près de 20 ans et qui semble "employer" tout un vaste management de la guerre psychologique qui implique, dans sa face visible, ce qui ressemble à des politiques, des juristes, des universitaires, des officiers et des journalistes toujours prompt à tourner en théories du complot tous ceux qui les mettent en cause. Ils connaissent par coeur la grammaire et la syntaxe de cet argumentaire. Ils ne semblent jamais désarçonnés par les événements comme s'ils les connaissaient d'avance et ne cesse de travailler l'opinion dans le sens de leurs options. Ce sont des combattants jamais accablés par leurs erreurs, comme des artistes qui recommencent leur numéro quand ils le ratent. Très bien entraînés, certes, mais même de grands dompteurs se font parfois manger par leurs fauves...Il est très clair que les magistrats qui sont sur cette affaire risquent leur peau si des français sont réellement impliqués.

Mais des militaires ou mercenaires français auraient-ils sciemment tiré sur un équipage français, même sur ordre ? L'histoire des coups tordus de la République n'est pas là pour nous rassurer.

Voir sur ce sujet le livre Rwanda, 6 avril 1994. Un attentat français ? de Michel Sitbon (Aviso éditions - 22 mars 2012)

Chacune de ces hypothèses va induire des arguments. Mais il va falloir des faits. Rien que des faits. Ces hypothèses vont continuer de sous-tendre des lectures de l'événement. Mais il faudra s'en tenir aux faits recoupés. On a vu s'agiter deux jours après la difusion du rapport d'expertise du juge Trévidic tous les grands ténors de la thèse de Bruguière qui espèrent encore une chance d'échapper à la vérité des faits et de faire survivre leur vision des choses qui était totalement dénuée de fondement et cousue de mensonges. Donc ces gens là ont un autre objectif que la vérité et ils s'en sont tellement auto-intoxiqués qu'ils veulent faire croire que les données n'ont pas changé. Tout juste sent-on une panique discrète, presque fêlée. Plus que jamais Védrine sautille nerveusement sur ses syllabes comme un pianiste qui n'a plus les doigts tout à fait en face des touches. On verra la suite.

E.C.

* Le mystère du super gendarme Colette Braeckman

La piste Barril (notre page 2008 à 2011 archivée)

Le retour du mystère Barril Libération 8 juin 2012

Archives de France 2, 17 minutes "d'informations" sur le Rwanda (Paul Barril et début de l'opération Turquoise) - 28 juin 1994

Cette émission de notre télévision nationale nous apparaît avec le recul comme une contre-offensive de la propagande française au début de l'opération Turquoise. Il s'agit d'abord clairement, à travers les  informations faussées ou fausses de Paul Barril, de faire admettre aux citoyens français un retournement de situation au Rwanda en faisant endosser la responsabilité du génocide au FPR accusé d'être auteur de l'attentat déclencheur. Ensuite il s'agit aussi de justifier le soutien français aux auteurs réels du génocide. Le camp de déplacés Hutu, qui fuient l'avancée du FPR et au sein duquel se trouve de nombreux génocidaires, est présenté comme victime... implicite du génocide et "en grand danger" alors que le commentaire affirme que ces déplacés sont dans une zone contrôlée par les miliciens et les forces gouvernementales. Quant aux véritables victimes du génocides, ici de Bisesero, on essaye rapidement de les faire passer pour une poche d'infiltrés du FPR. Quant à l'intervention de Mgr Etchegaray elle n'exprime qu'un génocide entre "ethnies", positions constante du Vatican qui refuse de regarder le génocide des Tutsi en face !   Visiblement le journaliste de France 2 n'est pas à la hauteur de la situation tout juste relève-t-il mollement que Paul Barril accuse les victimes Tutsi du génocide...C'est l'Eglise qui est particulièrement visée par les massacres selon le commentaire et le Cardinal ferait admettre l'intervention française par le FPR.
On se souvient que la cellule de communication de l'opération Turquoise, comme lors de l'opération Amaryllis en avril 1994, prenait en main les journalistes sur la question du Rwanda, à l'exception de ceux qui refusèrent cet embrigadement de guerre de communication, dont le plus emblématique par sa persévérance et la qualité de ses comptes-rendus de 1994 fut Patrick de Saint-Exupéry du Figaro. Il est reconnu qu'il provoqua par ses nouveaux articles de janvier 1998, la mise sur pied de la mission parlementaire d'information sur le Rwanda en mars 1998.


duplex paul barril par Ferdigmail