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Full text of "Les fournisseurs de Napoléon Ier et des deux impératrices d'après des documents inédits tirés des Archives nationales"

COLLEGE 
OF THE PACIFIC 



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GIFT OF 

J. W, Mailliard, Jr« 



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From the collection of the 



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Prelinger ^ 

Il a "^ 

^^ JUibrary 
b t w P c 



San Francisco, California 
2008 



LES FOURNISSEURS 



DE 



NAPOLÉON I 



EFl 



K T n E s 



DEUX LMPÉRATRICES 



IL A ETK TIKE DE CET OUVRAGE 



2") KXKMrLAIRES SUR IlOLLANnE NUMÉROTÉS 1 A 2o 



LES FOURNISSEURS 



DK 



NAPOLÉON I 



ER 



ET DES 



DEUX IMPÉRATRICES 

d'à près 
DES DOCUMENTS INÉDITS 

TIRÉS DES ARCHIVES NATIONALES, DES ARCHIVES DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES 
ET DES ARCHIVES DES MANITACTURES DE SÈVRES ET DES GOBELINS 



PAR 



Alph. iviaze-sencier 

t • . 

AlTKl n lU" Il I.IVRK llRS COLLKCTiriNNE I US 1> 

ANCU-N INSI'KClKlll liKS Ml SÉKS Dli SAINT-É IIKNNK (lOIRe), ET lliMlAlKlH 

LUI Ml SÉE CÉRAMIQIE [)E CETTE VILLE 



PARIS 

Lli;UAIUIE RENOUAHI) 

HENRI LAURENS, EDUIEUR 

G, i;i:i'; DK toi; I! NON 

1893 



O O ^ t 



8 



MAY 2 2 '58 



DC 



3.1 






Aous considérons coinme un, deroir la lâche doulou- 
reuse de publier aujourd'hni le présenf ouvrage, inter- 
rompu soudainement il y a quelques mois. M. Maze- 
Sencier fut frappé pjar un de ces coups de la mort 
qui viennent en un instant briser les plus chères et les 
meilleures existences. Atteint au milieu de son travail, 
à Vheure où il acconipiissait sa tache de labeur quoti- 
dien, il n'avait plus à rédiger que quelques détails 
pour soumettre au public son, nouvel ouvrage sur les 
Fournisseurs de Napoléon l'^'' et des deux Impératrices. 

Ce travail considérable presque entièrement composé 
d'éléments tirés des documents inédits, puisés aux 
sources mêmes sur des feuilles manuscrites ou sio' les 
factures des fournisseurs, est donc à peu près complet; 
il a tout l'attrait de la nouveaidé et ne saurait laisser 
indi/férents les esprits sérieux qu'intéressent toutes les 
questions de curiosité, d'histoire et d'art. 



Il 

Celli' ('Imlc hisloi-'niiic o/J'i-c ddiis son cuseûible^ J/Ull- 
(jrc quelques lacunes hwellablcs, un tableau fort ins- 

■i 1 1 Ail')/ ir-^' 

h'urf/f fies mnnnrs et ries coutumes fie la Cour à V époque 
(lu preniie)' Einplre. Ce tableau^ (Tailleurs, n a jamais 
été observ(' sous cet aspecL et pour- se rendre compte 
(lu vif inlérêl qu'il présente^ il suffll de jeter les yeux 
sur la table des cita pitres. 

Nous tenons à remercier les persomies obligeantes 
qui ont bien voulu guider l'auteur de ce livre dans 
ses innombrables rechercJtes : M. Gustave Servois, 
garde génércd des Archives nationales; M. Gerspach., 
ancien administrcdeur de la Manu facture des Gobelins; 
MM. T/i. Decli et Baumgart, administrateurs de la 
Manufacture de porcelaine de Sèvres; MM. Girard 
de Bialle et Kaidek., directeurs des Archives au Minis- 
tère des Affaires étrangères ; M. Jules Cousin, conser- 
vateur des collections historiques de la Ville de Paris 
au Musée Carnavalet; M. Faucou, sous-conservateur 
au même inusée. 

Qu'un souvenir d'affection reconnaissante aille spé- 
cialement à M. Spire Blond cl, l'ami pjcr sonnet de V au- 
teur, le charmant écrivain de tant de jolis ouvrages 
recherchés de tous les curieux. M. Illondel^ qui fait 
autorité en ces mcUières, a bien voulu reviser cette 
(jeuvre. Son antitié est venue jeter un souffle de vie sur 
ces pages que la mort aurcdt stérilisées. 

Ce nouveau volume fait suite en réalité au Livre des 
Golleetionneiirs publié en 188,^ et auquel la presse fit 
un si cordial et si élogieux accueil. On avait reconnu 



IIÎ 



dans cet ouvrage^ « qui semble Vœiivre d'un bénédictin, 
le résumé de toute une vie de recJœrches et de curio- 
sité », (le Siècle, 8 avril 1885). On l'avait dit à l'époque : 
« il n'était pas une branche de la curiosité qui n'y fût 
sérieusement et savammeid traitée » (Journal de la 
Marne) . 

On ne trouvera pas, dans ces pages ^ ce genre de 
charme souvent superficiel des besognes exclusivement 
littéraires : on g trouvera mieux^ puisqu'on g sent 
partout ré)'uditio)i la plus solide^ la plus intelligente 
et la plus scrupuleuse. On g verra la marcpie d'un 
travail suivie consciencieux., et cpii, par son étendue, 
s'impose à l'attention de ceux qui cbm/prennent l'effort 
patient et les difficultés de ces œuvres de recherche et 
de savoir. C'est im livre., fort do choses, comme on 
disait jadis, où il n'y a pas de place pour les disser- 
tations oiseuses, mais où .s amassent les faits de tout 
genre, les plus importants comme les plus minimes. 

Nous nous souvenons de ces mots cpien, 1885^ un 
éminent critirpie d'art, M. PJiilippe Burty, écrivait 
sur le Livre des Collectionneurs: « J'ai été pris d'un 

grand respect en coupant les pjages de ce livre » 

Plus que jamais ces mots s'appliquent à l'œuvre actuelle 
qui, elle aussi., mérite le grand respect de ceux qui 
veulent juger. Ne doit-elle pas bénéficier de cette fa- 
veur légitime cpioïU toutes les œ.uvres d' outre-tombe ? 
N'a-t-elle pas droit à. cette sgmpathie que nous acco?-- 
dons )nalgré nous aux voix de ceux qui ne sont plus, 
quand ih RonUml implnro)- ir}i .^nin^cnir de ceux qiri 



I\ 



rirent encore et leur demander comme un Instant de 
répit avant le grand oubli et le grand silence de la 
mort :^ 

Et si ceu.r qui veulent bien lire ces lignes g sentent 
planer nn peu d'émotion^ qu'ils V excusent, en songeant 
qu'elle ne se peut éviter quand on parle d un père dont 
la mémoire demeure très aimée et très respectée 



LES 



FOURNISSEURS DE NAPOLÉON T 



ET DES DEUX IMPÉRATRICES 



PROLOGUE 

LA CÉRÉMONIE DU SACRE ET DU COURONNEMENT 



L'établissement de l'Empire avait été soumis à la sanction du peuple, 
et sur trois millions cinq cent vingt-quatre mille deux cent cinquante- 
quatre votants, il n'y avait eu que deux mille cinq cent soixante-dix- 
neuf opposants, 

Mais l'élection populaire parut insuffisante à Napoléon, il voulut, 
comme les anciens rois, donner à son titre, à son pouvoir la sanction 
divine. 

La cére'monie du sacre eut lieu à Notre-Dame, le 2 décembre 1804. 

Un mois plus tôt, Pie VII avait quitté la ville éternelle, en compa- 
gnie de plusieurs cardinaux et d'un nombreux personnel, pour venir 
donner l'onction sainte au nouveau Gharlemagne. 

Le Pape espérait qu'une telle démarche serait profitable à ses Etats 
€t qu'on lui rendrait Bologne et Ferrare. Son espoir fut déçu : il 
n'obtint que des présents, bijoux, dentelles, ornements sacerdotaux. 
Les frais de séjour et de déplacement payés par l'Empereur s'élevèrent 
assez haut. 

Pendant le voyage de Turin à Paris, le cortège comprenait deux 
cent cinquante et un chevaux et quarante-quatre voitures dont une 
berline à huit chevaux et trois postillons pour Sa Sainteté et vingt- 
deux berlines, à six chevaux et deux postillons, pour les cardinaux et 

1 



2 LF.S FOURNISSECnS DE NAPOLÉON f 

leur suite ; les autres voitures se composaient de fourgons, cabriolets, 
courriers et timonnières. 

Les cardinaux Fesch, Borgia, Antonelli, de Bayane, Baschi, Gazelli 
occupaient chacun une berline. 

La remise en état des voitures, faite à Paris, par Laciiapelle, mar- 
chand sellier, boulevard Bonne-Nouvelle, coûta 17,850 fr. — Le colo- 
nel Dumesnil, écuyerde l'Empereur, chargé de reconduire le Pape en 
Italie, présenta un état de dépenses de 75,380 fr. pour réparations de 
voitures et frais divers, sans compter le service des chevaux et des 
postillons. Le 14 thermidor an XIII, M. de Gaulaincourt envoie un 
bon d'acompte de 192, 760 fr., à M. de la Valette, directeur général 
des postes, sur le fonds de 400,000 fr. mis à la disposition du grand 
écuyer « pour le voyage du Saint-Père, en Italie et retour ». [ArcJi. 
nat. 0-77.) 

.\ cette occasion, l'Empereur donna, comme de coutume, libre car- 
rière à sa générosité par une nombreuse distribution de présents, no- 
tamment à toutes les personnes attachées au service de Sa Sainteté. Les 
cardinaux de la suite du Pape reçurent de superbes boîtes d'or surmon- 
tées du portrait de l'Empereur bordé d'un cercle de gros diamants. 



II 



Le sacre fit un bien immense au commerce de Paris. Comme le dit 
Imbert de Saint-Amand, c'était dans les ateliers une activité sans 
pareille et les fournisseurs travaillaient jour et nuit. 

« Leroy, qui jusqu'alors n'avait été que marchand de modes, s'était 
décidé, pour la circonstance, à entreprendre la couture et avait pour 
associée M'"° Radibaud, célèbre couturière de l'époque. De leurs maga- 
sins étaient sortis les magnifiques vêtements que l'Impératrice devait 
porter le jour du sacre. Quant à ses joyaux qui consistaient en une 
couronne, un diadème et une ceinture ; ils étaient l'œuvre du joail- 
lier Marguerite. » [La Cour de rimpératî'ice Joséphine.) 



III 



Présentons d'abord le tableau des dépenses relatives au sacre et au 
couronnement; nous parlerons ensuite des fournisseurs, dont nous 
avons pu retrouver les mémoires. 



LA CÉRÉMONIE DU SACRE ET DU COURONNEMENT 3 

Service du grand aumônier. — Aumônes et paiement des mois de 
nourrice : 270,000 fr. 

Service du grand maréchal. — Tenue de la maison du Saint-Père : 
120,000. 

Service du grand chambellan. — Présent d'une tiare au Pape, 
180,000 fr. et d'un rochet offert par l'Impératrice, 20,000 fr. — Aux 
cardinaux, cinq tabatières valant chacune 30,000 fr. et cinq rockets 
de 10,000 fr. chacun. — Pour les fêtes, 200, 000 fr. — Pour diamants 
ou argent à donner au service d'honneur du Saint-Père, 150,000 fr. 
— Médailles commémoratives, 209,733 fr. — Costumes de Leurs 
Majestés : 6o0,000 fr. — Costumes des officiers de la Couronne 
130,000 fr. — Diamants, (378, Oo4 fr., y compris le Grand Ordre de 
l'Empereur de 119,254 fr. 

Service du grand écmjer. — Voitures et chevaux, 521,460 fr. — 
Frais de poste et raccommodage des voitures du Saint-Père : 400,000 fr. 

Service du grand maître des cérémonies. — Travaux à Notre-Dame, 
à l'Ecole militaire, dans l'appartement du Pape et Livre des cérémo- 
nies du couronnement: 1,100,000 fr. 

Service de r intendant général. — Ameublement du logement du 
Pape et de sa suite : 40,000 fr. — A David, acompte sur les tableaux 
du couronnement : 2o,000 fr. — Solde des fournitures du mobilier: 
7,322 fr. — Total (en négligeant les centimes) : 5,151,576 fr. [Arch. 
nat. 0^204.) 



IV 



Il ne sera pas sans intérêt de donner ici quelques détails sur les 
riches vêtements de Joséphine, d'après un mémoire de Leroy et 
M'"" Raimbaud. 

Frimaire an XIII (novembre 1804). Un modèle de manteau en 
velours pourpre, 800 fr. — Broderie du manteau impérial, façon 
et agrafes, 16,000 fr. — Un bas de robe de cour en velours blanc, 
brodé en or, 7,000 fr. — La robe du sacre, en satin blanc, riche- 
ment brodée et garnie de franges, 10,000 fr. — Une che'ruse de 
blonde chenillée, 240 fr. — Un bas de robe de cour, en velours, 
brodée en volubilis en argent, à robe de dessous en tulle d'argent 
et satin, richement brodée, 12,000 fr, — Un bas de robe de cour 
en velours rose et la robe de dessous en tulle d'argent et satin, 



4 LES FOURNISSKLRS DE NAPOLEON l*^"" 

très richement brodes, 12,000 fr. — Un autre bas de robe de 
cour en velours blanc brodé en bouquets de violettes, la bordure 
brodée on or, parsemée d'émeraudes et garnie de franges, la robe 
(le dessous en tulle d'or, très richement brodé, 1:2,000 IV., etc. La 
facture, de 74,340 îr., est réduite à 00.000 IV. (.IrcA. nat. O'So.) 
Cette réduction considérable n'est pas le fait d'un caprice de 
l'Empereur ; toutes les factures le concernant étaient expertisées 
par des personnes entendues, et qui se trouvaient exposées elles- 
mêmes à subir l'expertise, quand elles travaillaient pour le souve- 
rain. 



Passons aux autres fournisseurs. 

M™® Y'* TouLET, fourreur. — Pour la fourrure du manteau de 
l'Empereur, 18.2:20 fr. et pour celle du manteau de l'Impératrice, 
'J 2,400 fr. — M™'' TouLET subit une réduction de 3,000 fr. et touche 
net 27,080 fr. 

M"® FouRNET, brodeuse. — Une paire de gants blancs et une 
paire de bas de soie blancs, brodés en or, 94 fr. {Ai'ch. nat. 0"3o.) 

YAcnER, marchand d'étoffes de soie de Leurs Majestés. — Pour le 
costume du couronnement, satin blanc, velours blanc, velours cra- 
moisi, pourpre de Tyr, etc., 2,51 S fr. — Pour le manteau de l'Impé- 
ratrice, 22 m. 00 de velours pourpre de Tyr, 014 fr. {Arch. nat. 
0'3o.) 

M'"=^ LoLivE, DE Beuvry, ET C" , lingères de l'Empereur et de 
l'Impératrice. — Deux ajustements composés chacun de deux 
paires de cravates, une paire de manchettes et d'un col en point de 
réseau superfin et à dents de loup, 4,000 fr. — Broderie en finition, 
en or, de deux paires de gants à 33 fr. et de deux paires de bas de 
soie, à 120 fr. la paire. — Trois napperons en batiste brodée tout 
autour avec des aigles, couronnes et écussons aux quatre coins, le 
tout en lames et finition d'or, pour porter les ornements impériaux, 
2,400 fr. etc. Total, 7,782 fr. {Arch. nat. 0^35.) 

Chevalier, tailleur particulier de l'Empereur. — Façon du grand 
manteau, 000 fr. — Façon du petit manteau, oOO fr. — Façon de 
l'habit, vestes et culottes, 300 fr. — Fournitures diverses, 000 fr. 
— Pour avoir été occupé deux mois entiers à des courses pour les 



LA CÉRËMOXIE DU SACRE ET DU COURONNEMENT 5 

différents patrons d'habits et manteaux, tant chez M. Denonque chez 
M. Isabey et autres ; fourni à M. Isabey un habit pour servir de 
modèle, à M. Denon un pantalon à pied, et frais de voitures, 1000 fr. 
{Arch. nat. 0"3o.) 

Chevalier fournit aussi pour Roustan, le mameluck de l'Empereur 
un superbe costume grec de 5,800 fr. La broderie seule du gilet de 
drap rouge coûtait 4,000 fr. 

Picot, brodeur de l'Empereur et de l'Impératrice, rue Saint-Tho- 
mas-du-Louvre. — Le grand manteau impérial, velours pourpre, 
brodé d'or et semé d'abeilles, 15,000 fr. — Le manteau du petit cos- 
tume, en velours pourpre, à revers de satin blanc brodés d'or, 
10,000 fr. — L'habit de velours pourpre, brodé sur toutes les tailles, 
la veste de velours blanc et les jarretières brodées , 3,o00 fr. — La 
ceinture, la ganse et boulon, le baudrier de velours brodé d'or et 
une seconde paire de jarretières : 1,200 fr. — Total : 29,070 fr., 
réduit à 26,000 fr. 

« Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de 6o0,000 fr. que le 
décret impérial du 28 brumaire dernier met à notre disposition "pour 
les costumes de Leurs Majestés et des officiers de la couronne. Le 
grand chambellan : Charles Maurice (Talleyrand). » 

Deuxième facture de Picot — Une bourse à jetons, brodée, 160 fr. — 
Quatre coussins pour les honneurs, 460 fr. — Façon du tapissier, 69o fr. 

Troisième facture de Picot. — Un habit de pou-de-soie pourpre, 
brodé sur toutes les tailles, la veste, les jarretières et les boutons, 
3,500 fr. — Un ceinturon de velours blanc, GOO fr. — Une seconde 
veste et une seconde paire de jarretières, 480 fr., etc. — Picot four- 
nissait aussi des croix de la Légion d'honneur ; nous le voyons livrer 
quinze croix, dont deux pour le manteau ; ces dernières coûtaient 
144 fr. l'une, au lieu de 72 fr. — Le mémoire de 5,870 fr. est consi- 
déré comme trop élevé et réduit à 5,000 fr. [Arch. nat. 0'35.) 

Poupart, chapelier particulier de l'Empereur. — Deux chapeaux à 
plumes, dont un brodé d'or, 1,020 fr. 

Panier, bonnetier. — Deux paires de bas de soie blancs, brodés en 
or, pour l'Empereur, 144 fr. 

GoBERT, passementier. — Garniture du grand manteau et des sou- 
liers, tresses, torsades, boutons, glands, franges, rubans, en or ou 
blanc et or, 1,547 fr. 

Etienne, ceinturier. — Un baudrier, de style antique, avec ses gar- 
nitures, d'après les dessins d'Isabey, 1,516 fr. 



G i.F.s FornxissKins nv. N\i'Of-Éo\ i''" 

Jacques, botlier particulier de rKmpereur. — Une paire de souliers 
en velours blanc, brodé en or mat, d'après les dessins d'Isabey, 400 fr. 
Un autre babilc bottier, Bi'RGER, qui se qualifie « cordonnier de 
rAcadéniie impériale de musique » présente, aussi son mémoire : une 
paire de demi-brodequins de satin blanc, brodés en or, 600 fr. ; une 
paire pour modèle, 150 fr. — Ces chaussures doivent être celles de 
Josépliine. {Arch. nat. 0^35.) 

CiOBERT, joaillier. — Un vase d'argent doré, 1,010 fr. 
Auguste, orfèvre. — Deux pains d'argent doré, 1,010 fr. [Arch. 
nat. 0=35.) 

La tiare, enrichie de rubis, d'émeraudes, de saphirs d'Orient, de 
perles et de diamants, sortait aussi des ateliers du célèbre orfèvre- 
sculpteur Auguste. Elle offrait trois bas-reliefs en or, représentant le 
Concordat, le rétablissement du culte catholique et le sacre de Napo- 
léon, par Pie VU. Le tout monté en or, sur fond de velours blanc, 
accompagné de bandelettes semées de pierres précieuses, semblables 
aux précédentes. {Arch. nat. 0^41.) 

Marguerite, joaillier de la Couronne et de Leurs Majestés impé- 
riales, rue Saint-Honoré. Pour diverses fournitures dont les deux plus 
importantes sont : une ganse de chapeau, ornée de vingt-six dia- 
mants et le grand Ordre de la Légion d'honneur garni de brillants, 
400,000 fr. {Arch. nat. O^So.) 

Il nous faut ajouter douze bagues enrichies de brillants cotées 
79,627 fr. pour le service d'honneur et les domestiques du Saint-Père. 
Somme payée sur le budget ouvert relativement à ce service et fixé 
à 150,000 fr. {Arch. nat. 0^204.) 

BiENNAis, orfèvre de l'Empereur, tenait «; fabrique de bijouterie et 
d'orfèvrerie ainsi que tous les ordres français et étrangers, à Paris, 
rue Saint-Honoré, n'' 283, Au Singe violet ». Son mémoire pour objets 
fournis lors du sacre et du couronnement s'élève à 36,342 fr. 

Une couronne de feuilles de laurier, 8,000 fr. — La boîte pour la 
mettre, 1,350 fr. — Le sceptre, en vermeil, orné d'un aigle tenant les 
foudres, 3,500 fr. — La Main de Justice, en ivoire et vermeil, 2,800 fr. 
La boule du Monde, en vermeil, 1,350 fr. — La boîte pour renfermer 
les trois pièces, 400 fr. — Le collier du grand Ordre, 5,000 fr. — La 
ganse du chapeau de S. M. en or ciselé, 290 fr. —Masses en vermeil, 
des huissiers, 2,400 fr. — Huit épées, à 150 fr., pour les valets de 
chambre. — Deux plats ronds, en vermeil, pour offrande, 930 fr., etc. 
— Voici encore de Biennais, un glaive à deux tranchants, dont la 



LA CÉRÉJIOXIE DU SACRE ET DU COURONNEMENT 7 

poignée en or massif, est décorée de brandies de myrlhes et de lau- 
riers, 7,000 fr. — La boîte, 192 fr. {Arch. nat. 0-35.) 

Cette fourniture de Biennais, pour le service de l'Empereur, ne tarde 
pas à être suivie d'une autre, plus importante, s'élevant à 62,146 fr. 
Nous y remarquons : 

Un sabre en or, à la mameluck(donnéauroide Hollande), 14, oOO fr. 

— Une paire de boucles de souliers en or, 563 fr. — Une épée, en or, 
avec deux fourreaux et une boîte, 6,690 fr. — Six garnitures de cein- 
turons, en or, 1,268 fr. — Un glaive pour le roi de Bavière, 7,000 fr. 

— Agrafes d'or, pour capotes, 420 fr. — Une épée, en or. 6,690 fr. 

— Un fourreau d'écaillé, 450 fr. — Un nécessaire, 6,500 fr. — Une 
boucle de ceinturon en or, 230 fr. — Diverses croix de la Le'gion 
d'honneur, couronne de fer, cordons, etc., 2,964 fr. — Boîtes de 
fiches, jeux d'échecs, de dames, de loto, etc., 7,793 fr. — Diverses 
clés de chambellan, avec nœuds en soie et glands d'or, 1 ,536 fr. iolet rempli de dessins, d'échan- 
tillons et d'une foule de bagatelles du magasin de Sikes ou du Petit- 
Dunkerque, pour ma mère et pour moi; et n'oubliant surtout jamais 
le bouquet qu'il n'a pas cessé un seul jour de m'apporter depuis celui 
où je lui fus accordé jusqu'à celui du mariage. 

« C'était M""^ Bernard, la fameuse bouquetière de l'Opéra, qui 
montait ces bouquets avec un art achnirable dans lequel on a bien 
pu lui succéder, mais qu'elle a la gloire d'avoir fondé. » 

M'"" Bernard était aussi bouquetière en titre de l'Empereur. 
Une ordonnance de paiement, datée de Berlin, 28 mars 1808, lui 
accorde la somme de 600 fr. pour avoir fourni tous les jours, pen- 
dant l'année 1807, « un bouquet au cabinet secret de Sa Majesté ». 
L'ordonnance de paiement, signée Daru, est datée de Berlin, 28 mars 
1808. {Arch. nat. 0^35.) 

A l'année 1810, nous trouvons un renseignement plus complet sur 
les obligations de M™'' Bernard en échange de son abonnement de 
600 fr. — Elle devait livrer chaque jour un bouquet pour l'appar- 
tement de l'Empereur « tant aux châteaux impériaux de Paris, Com- 
piégne et Saint-Cloud qu'autres à proximité, où il est possible 
d'envoyer ». O'?)o.) 

Quelques fournitures en dehors de l'abonnement méritent d'être 
citées. Mars 1810. — Deux gros bouquets et des fleurs coupées pour 
mettre dans des vases (appartements du Palais de Gompiègne, 114 fr.). 
Un bouquet de roses, 12 fr. — Un bouquet de mariée, à Saint-Cloud, 
12 fr. — Un bouquet de mariée, aux Tuileries, 12 fr. — Un bouquet 
de couleurs, aux Tuileries, 6 fr. (IrcA. nat. 0^ SS.) Bien d'autres 
livraisons supplémentaires durent être faites par la très habile bou- 
quetière. 



L IMPÉP.ATRICE JOSÉPHINE 



Le 14 janvier 1806, Joséphine eut le bonheur de voir son fils le 
prince Eugène, vice-roi critalie, épouser la princesse Auguste, fille 
du roi de Bavière. Ce mariage, imposé par la politique et enlevé avec 
la promptitude des mouvements stratégiques de Napoléon, fut cepen- 
dant des plus heureux. 

L'Empereur écrivait de Munich au prince Eugène, le 31 décembre 
1805 : « Mon cousin, je suis arrivé à Munich, j'ai arrangé votre 
mariage avec la princesse Auguste. Il a été publié. Ce matin, cette 
princesse m'a fait une visite et je l'ai entretenue fort longtemps. Elle 
est très jolie. Yous trouverez ci-joint, son portrait sur une tasse, mais 
elle est beaucoup mieux... » {Correspondance de Napoléon P'^, t. X, 
p. 633.) 

Eugène partit bientôt pour Munich et fit la connaissance de sa 
fiancée quelques jours seulement avant la célébration du mariage. 



VI 



Nous ne trouvons pas aux Archives la mention des présents faits 
par l'Empereur à cette occasion. Et cependant, il dut en faire de très 
beaux ; ce mariage lui plaisait et il eut toujours pour la princesse 
Auguste une tendre affection. 

Dans les premiers mois de l'année suivante, la princesse étant 
accouchée d'une fille. Napoléon ordonna de faire inscrire l'acte de 
naissanee de lenfant sur les registres de la famille impériale, puis il 
écrivit à Eugène ; 

« Finkenstein, 13 avril 1807. Mon fils, je reçois avec plaisir votre 
lettre du 17 mars, par laquelle vous m'instruisez que la princesse se 
porte bien. Il ne faut pas se presser de faire le baptême de l'enfant. 
Faites-moi connaître comment vous avez arrangé tout cela... Auguste 
est-elle fâchée de ne pas avoir eu un garçon ? Dites-lui que lorsqu'on 
commence par une fille l'on a au moins douze enfants. » {Correspon- 
dance de Napoléon P', i XV, p. 8o.) 

Joséphine commande à M"''^ Lolive et de Beuvry, les célèbres 
lingères, une layette complète pour la princesse Eugène Napo- 



IG Li:S FOLHMSSEURS DE NAI'OI.KON l'"'" 

léon, et la lit parvenir à Milan. Celte ravissante layette, ornée 
de rubans de soie et de précieuses dentelles, coûtait ;28,412 fr. [Arcli. 
nat. 0^30.) 



VII 



Etat dos dames d'honneur, d'atours et du palais, aUache'es à Sa 
Majesté rimpératrice Joséphine, en 1807, 

M""' de La Rocuefoucauld, dame d'honneur, 40,000 fr. par an. — 
M'"*' DE La VALETTE, dame d'atours, 30,000 fr. — Vingt-quatre dames 
du palais ayant chacune 1:2,000 fr. Ce sont M""^'* de Taluouet, Lau- 
RiSTON, DE Rémusat, Colbert, Ducoatel, Savary, la maréchale Ney, 
Oct.u'e de Ségur, Devaux, de Montalivet, de Turenne, de Bouille, 
Marescot, de Perroné, de Solar, de Lascaris, Vintimiglia, de Brignole, 
de Gentile, de Ganisi, de CiiEVREusE, Maret, Victor de Mortemart, de 
Montmorency-Matignon. M""" d'Arberg, dame du palais, est inscrite 
seule, pour 6,000 fr. [Arch. nat.) 

Les deux premières femmes de chambre de Joséphine, M"^°* Saint- 
lïiLAiRE et Bassan touchaient, chacune, 6,000 fr. — M™'''' Longroï, 
Saustrass et Dugray, dames d'annonce, chacune 3,600 fr. — M"'' Mar- 
cuERY, 3,000 fr. — M™<^ Mallet, garde d'atours, îî,200 fr. — Trois 
femmes de garde-robe, 1,200 fr. chacune, et deux filles de garde-robe 
700 fr. 

MM. Frère et Douville, premiers valets de chambre, chacun 
3,000 fr. — Six valets de chambre ordinaires, Douville, Escoubk, 
Legr.\nd, Debray, Hubert et Herbault, chacun 1,500 fr. {Arch. 
nat. 0'47.) 

En 1804, M. d'Harville, sénateur, remplissait les fonctions de che- 
valier d'honneur de l'impératrice Joséphine, aux appointements de 
30,000 fr. M"*" Lagour et M'"" Brentano Gazzanb figurent comme lec- 
trice à oOO fr. par mois [Arch. nat. O^io.) 



VIII 



180G. — Quand Napoléon quitta Saint-Cloud, dans la nuit du 24 au 
23 septembre 1806, pour aller livrer la bataille d'Icna, Joséphine 
obtint à force de prières,d'accompagner l'Empereur jusqu'à Mayence. 



l'impératrice JOSÉPHINE 17 

Elle ne put aller plus loin, et c'est dans cette ville qu'elle apprit les 
brillants succès des armées françaises. 

L'Impératrice eût occasion d'avoir pour 40,420 fr. de bijoux tant à 
Francfort, où elle resta peu de temps, qu'à Mayence où elle fit un 
plus long séjour. 

Présents de Joséphine. Francfort, décembre 1806. — Au maréchal 
de la cour, une tabatière carrée, longue, avec un cercle et la lettre J, 
en brillants, 7,200 fr. — Aux deux chambellans, deux tabatières 
rondes avec la lettre J, 4,000 fr. — Au colonel de la garde une taba- 
tière de même genre, 2,360 fr. — Au contrôleur, une tabatière en or 
ciselé, 450 fr. — Au fourrier de la chambre et au conseiller d'économie, 
un jonc de sept brillants, de 1,200 fr. chacun. — Au décorateur des 
tables, un jonc de sept brillants, 87o fr. — A S. E. l'Evêque, une opale 
entourée de brillants, 960 fr. — A M"'^ de Layen, une montre en 
médaillon enrichie de brillants, 3,000 fr. — Au colonel de la garde à 
cheval, une montre, à cadran d'or, avec cordon en perles, clé corna- 
lise brûlée et perles, 1,176 fr. — A deux valets de chambre, deux 
montres à répétition, avec chaîne de mosaïques, 580 fr. et 5o0 fr. — 
A l'inspecteur des postes, une boite d'or, 470 fr, 

Mayence, 13 janvier 1887. — Aux six maréchaux des logis, six 
montres à répétition, avec chaînes, clés, cachets, le tout en or, 
3,600 fr. — Aux deux princes de la Lipp, deux petits ornements de 
col, avec chaînes d'or, cercles en perles et peintures d'émail, 640 fr. 
— AS. E. l'Evêque de Mayence, une tabatière ovale, en or émaillé, 
avec le chiffre de Sa Majesté en brillants (/}, 3,000 fr. — Au médecin 
Wiesbaden, une tabatière earrée, longue, avec le chiffre (J) en bril- 
lants, 2,100 fr. — Au maire de Mayence, une boite de même genre, 
2,200 fr. — A la princesse Hohenzolern, une parure en mosaïque, 
fond turquoise, montée en or, 860 fr. [Arch. nat. 0" 30.) 



IX 



1808. — Lors du mariage de M""^ Tascher de la Pagerle, avec le 
prince régnant, duc d'Aremberg, l'Empereur offrit à sa jeune protégée 
une parure complète en émeraudes et brillants, composée d'un ban- 
deau, d'un collier, d'une paire de boucles d'oreilles et d'un peigne. 
Cette belle parure, livrée par Nitoï et fils, coûtait 51,465 fr. {Arch. 
nat. 0^31.) 

9 



18 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON l'''" 

L'Empereur donna en outre un trousseau de 40,000 fr., répartis 
entre les fournisseurs suivants : iM"'"' Louve, de Beuvry et C'*', pour 
objets de lingerie, :2o,000 fr. — M. Lenormand, pour cinq robes lamées 
or ou argent, ou brodées en perles, 7,500 fr. — M"'' Germond, pour 
fournitures de satins, Heurs, rubans, façons, l,o'J8 fr. — M"'' Jolimay, 
pour trois cachemires, etc., 5,27o fr. — M. Patin, bonnetier de l'Im- 
pératrice, pour bas et divers autres objets de bonneterie, 627 fr. 
(0^31.) 

L'achat de ce trousseau mérite quelques explications. Le grand 
marchand de modes, Leroy, très mécontent de la réduction considé- 
rable qu'il avait subie précédemment, refusa de vendre plutôt que 
d'être soumis à une expertise. On sait que l'Empereur n'admettait 
pas les exigences de Leroy ; le temps pressait et le grand maréchal 
du palais, Duroc, chargea M. Desmaisons de visiter les maisons 
renommées pour terminer au plus vite l'achat des robes de noce. 

M. Desmaisons, dans sa lettre au grand maréchal, du SOjanvier 1808, 
va nous expliquer lui-même comment il s'acquitta de sa mission. 

« Je me suis occupé tout le jour de l'exécution des mesures que 
"Votre Excellence m'a indiquées ; j'ai vu M. Leroy, il m'a décidément 
refusé de permettre aucune expertise ou contrôle et il m'a déclaré 
positivement qu'à de pareilles conditions il ne voulait pas fournir. 

« En raison de l'urgence des circontances, j'ai couru chez les mar- 
chands à réputation. Chez M. Lenormand, j'ai trouvé une superbe 
grande robe brodée à lames d'argent, propre à la cérémonie du 
mariage, dont j'ai arrêté les prix à 4,o00 fr. — TJne robe courte sur 
tulle, en lames d'argent et à losanges, montant à 1,200 fr. — Une 
robe de satin blanc, brodée en perles, montant à 600 fr. Total : 6,300 fr. 

« Ainsi les trois robes, salin, garnitures et façons comprises n'iront 
pas à 7,000 fr. 

« Après avoir arrêté ces mesures, j'ai fait voir les robes à M™*' Ger- 
mond qui les a trouvées belles, peu chères et convenables. 

« Aussitôt j'ai prié M. Tibon, chef directeur de la Banque, de me 
donner des experts, et ces experts ont trouvé le prix de ces robes 
très modéré. Je les compare avec les robes proposées par M. Leroy. 
Ses robes montant à 9,474 fr., il y a donc une économie de plus de 
2,400 fr., sur ces trois robes, encore que celles achetées par moi 
soient plus belles et plus élégantes.. ■» [Arch. nat. 0^31.) 

Les prix raisonnables de Lenormand permirent d'acheter deux robes 
de plus sans dépasser le budget fixé par l'Empereur. 



L'iMPÉnATRICE JOSÉPHINE 10 



Joséphine était un peu jalouse et ce n'était pas toujours sans raison. 
Ayant manifesté ses craintes à l'Empereur, celui-ci lui répondit de 
Finkensten, le 10 mai 1807. « Je reçois ta lettre ! Je ne sais ce que tu 
me dis des dames en correspondance avec moi. Je n'aime que ma 
petite Joséphine, bonne, boudeuse et capricieuse qui sait faire une 
querelle avec grâce, comme tout ce qu'elle fait, car elle est toujours 
aimable, hors cependant quand elle est jalouse, alors elle devient 
toute diablesse. Mais revenons à ces dames. Si je devais m'occuper de 
quelqu'une d'entre elles, je t'assure que je voudrais qu'elles fussent 
de jolis boutons de rose. Celles dont tu me parles sont-elles dans ce 



cas? 



« Je désire que tu ne dînes jamais qu'avec des personnes qui ont 
dîne' avec moi ; que ta liste soit la même pour tes cercles ; que tu 
n'admettes jamais à la Malmaison, dans ton intimité, des ambassa- 
deurs étrangers et des étrangers. Si tu i'aisais différemment tu me 
déplairais ; enfin ne te laisse pas trop circonvenir par des personnes 
que je ne connais pas et qui ne viendraient pas chez toi si j'y étais. 
Adieu mon amie ; tout à toi. Napoléon. » [Corresp. de Napoléon r\ 
t. XV, p. 260.) 

Tout porte à croire que Joséphine se conforma aux prescriptions 
de l'Empereur, qui continua de son côté à lui écrire tendrement et à 
la combler de bijoux. 

En voici la preuve. 

« A l'Impératrice Joséphine, Erfurt, 9 octobre 1808. 

« Je vois avec plaisir que tu te portes bien. Je viens de chasser sur 
le champ de bataille d'Iéna. Nous avons déjeuné à l'endroit où j'avais 
passé la nuit au bivouac. 

« J'ai assisté au bal de Weimar. L'empereur Alexandre danse, 
mais moi non ; quarante ans sont quarante ans. Ma santé est bonne 
au fond, malgré quelques petits maux. 

« Adieu mon amie. Tout à toi. J'espère te voir bientôt. 

c Napoléon. » 

Quelques mois après, le 10 mai 1809. Napoléon donnait à Joséphine 
une parure en rubis d'Orient et brillants composée ainsi : un diadème, 



er 



iNI LES FOURNISSEinS DK NAPOLÉON 1 

1S,701) 11'., un collier, 8.38'i- fr., un peigne, -ijUH^J IV., une plaque de 
ceinture. 3,00;'> fr., une paire de boucles d'oreilles et pendeloques, 
d,ty>i) fr.. un bracelet, i),()G() IV. le tout dans un écrin de 96 fr. En 
plus, un bouquet formant guirlande, à volonté, 47,497 fr. 7'utal : 

ioo.9;-n fr. 



XI 



Après son divorce prononcé le IG décembre 1809, Joséphine se 
relira à la Malmaison et conserva son titre d'Impératrice. Les uns ont 
avancé que Napoléon lui fit alors deux millions de revenu, les autres 
ont dit trois millions. Nous ignorons oîi ces chilîres ont été pris. Nous 
nous contenterons de citer un document officiel portant la même 
date du 16 décembre 1809 et déclarant sans autres détails que l'Em- 
pereur accorde à l'Impératrice Joséphine, un supplément de douaire 
d'un million. (Arch. nat. 0^34.) 



LIVRE II 

NAPOLÉON ET SA COUR 



CHAPITRE PREMIER 

LES COSTUMES DE NAPOLÉON. — LA REDINGOTE GRISE 



I 



Napoléon était le plus souvent en tenue militaire. Dans la semaine, 
il portait le costume des chasseurs à cheval de la garde, habit vert 
doublé de drap écarlate, avec collet, retroussis et passe-poils de 
même couleur. Le dimanche et les jours de réception, il endossait 
l'uniforme des grenadiers à pied de la garde, habit bleu à revers 
blanc. Le prix de ces habits variait de 200 à 240 fr. auxquels il faut 
ajouter 148 fr. pour la paire d"épaulettes (celles de colonel) et 62 fr. 
pour la plaque de la Légion d'honneur, fournis par le tailleur. Plus 
tard, en 1815, Le.ieune exécuta les mêmes costumes complets, pour 
330 et 3o0 fr. 

Le pantalon et la veste de casimir blanc coûtaient ensemble 95 fr. ; 
la culotte et la veste en valaient 8o. 

Avec la plaque de la Légion d'honneur jointe au costume, Napoléon 
portait les décorations de la Légion d'honneur et de la couronne de 
fer et le grand cordon passé sous l'habit. 

Il arrivait à l'Empereur de donner ses propres décorations; Cheva- 
lier, dans son Mémoire du quatrième trimestre de 1808, réclame 
310 fr., prix de cinq plaques de la Légion d'honneur « que Sa Majesté 
avait ôtées de ses habits pour en disposer à son gré ». 



er 



22 LF.S l'OUUNISSEURS Dli NAPOLl'lON 1 

l/llinporcur, iKuis l'avons dit, avait beaucoup d'ordre, non seule- 
ment dans les alTaires de l'Etat, mais encore dans les siennes propres. 
11 gardait ses vêtements aussi longtemps qu'il pouYait le faire décem- 
ment et les faisait réparer pour en prolonger l'usage; C'est ainsi que 
dans le premier trimestre de 1808, il donne à réparer vingt-sept 
culottes et pantalons de casimir blanc et fait mettre des revers à qua- 
torze babils de la garde, comme on le verra plus loin. 

Napoléon se trouvait souvent gêné dans ses vêtements et le fait de 
les donner à réparer était, peut-être, moins dicté par l'économie que 
par l'ennui^de s'en séparer au moment où il s'y trouvait le plus à 
l'aise. 

Lors de son mariage avec Marie-Louise, pressé par sa sœur, la 
princesse Pauline, dont le bon goût faisait autorité, il se fit faire par 
Léger, tailleur à la mode, un habit de fantaisie orné de broderies, 
mais il ne le mit qu'une fois et reprit bien vite son habit bleu, à revers 
blanc, des jours de fête et de réception. 

Malgré ses préférences, Napoléon n'a pas toujours exclusivement 
porté le costume militaire ; ainsi, dans sa garde-robe, celle de son 
tailleur Chevalier, nous pouvons citer, sans parler de ses vêtements 
de chasse à tir et à courre : 

An XIII. Un habit lilas, croisé, à boutons plaqués. — Un habit de 
pou-de-soie pourpre, brodé — 1808. Un habit de velours de soie 
amarante brodé. Un habit de soie, brodé. Nous trouvons aussi, en 
1809, un ample manteau de drap bleu, dans le genre de celui qu'il 
portait à Marengo. 

Napoléon faisait usage de robes de chambre en piqué, doublées en 
molleton de coton, dont Chevalier demandait 200 fr. ; plus tard, en 
1815, Lejeune les fournissait pour 175 fr. 

A la chasse, l'Empereur ne conservait pas son costume militaire. 
Nous trouvons sur un mémoire de Chevalier la livraison d'un habit 
de cliasse, orné d'un galon or et argent, coté 580 fr. C'était bien cer- 
tainement l'habit de chasse à courre ; il suffit, pour n'en pas douter, 
de remarquer cette autre fourniture faite longtemps après par Lejeune, 
en 1815 : « Un habit de chasse à tir, 200 fr. » 

L'Empereur se fit faire, par Lejeune, deux habits de garde national : 
l'un en janvier 1814 ; l'autre en 1815 au retour de l'île d'Elbe. Il n'eut 
guère le temps de les porter. 



LES COSTUMES DE NAPOLÉON 23 



II 



La redingote grise équivalait à la capote des officiers de nos jours. 
L'Empereur ne la mettait que par les temps froids ou pluvieux. Les 
entournures en étaient fort larges parce qu'il gardait toujours ses 
épauiettes. 

Chevalier, tailleur de l'Empereur, faisait payer la fameuse redin- 
gote 190 fr. Nous trouvons dans son mémoire du troisième trimestre 
de 1808 : « Trois redingotes de drap gris, à 190 fr., 570 fr. y> En IBlo, 
au retour de l'Ile d'Elbe, Lejeune ne les vendait plus que 160 fr. 

Dans ce même mémoire, nous remarquons la fourniture de « deux 
aunes et demie de croisé pour redoubler une ancienne redingote 
grise ». Le prix marqué est de 2:2 fr., y compris la façon. 



m 



Qu'il nous soit permis de placer ici le résumé d'un long mémoire 
de CuEVALiER, dont les premières livraisons remontent au commen- 
cement de l'an XIII. Pour les mois de vendémiaire (octobre), brumaire 
(novembre), frimaire (décembre), nivùse (janvier) et pluviôse (février), 
nous trouvons : 

Soixante-six vestes et soixante-six culottes de casimir blanc, à 
90 fr. la veste et la culotte. — Elargi et réparé plusieurs habits de la 
garde. — Fourni une redingote grise, en drap de Louviers, 200 fr. 
— Une culotte de velours brodé, 120 fr. — Quatre gilets de soie, 
ouatés, 192 fr. — Vingt-quatre caleçons de toile, 480 fr. — Trois 
habits de la garde, doublés d'écarlate, à 2o0 fr. et trois paires d'épau- 
lettes fortes à loO fr. la paire. — Vingt-quatre caleçons, à 20 fr. — 
Remis des boutons à l'aigle, à un habit de général en chef, etc. 

Germinal (avril). Pour le départ cf Italie. — Un habit de chasse 
galonné, ooO fr. — Un surtout de chasse, 200 fr. — Un habit brun 
croisé, à boutons plaqués, 190 fr. — Un habit gris lilas, croisé, à 
boutons plaqués, 190 fr. — Un habit de la garde, avec ses épauiettes 
fortes, 400 fr. — Façon d'un habit de pou-de-soie pourpre, brodé, 
oO fr. — Vingt-quatre caleçons à 20 fr. — Douze gilets de flanelle à 
30 fr. — Trente vestes et trente culottes de Casimir blanc, à 90 fr. 



2'^ LKS FOIUMSSEURS DE NAPOLÉON l'^'' 

— Oiiatorzc crachais à 60 fr. cliaquc. — Quatre culottes de drap de 
soie blanc. 

Envoi à Milan. — Soixante-douze vestes et soixante-douze culottes 
à 70 et à î)0 fr. (veste et culotte). — Six pantalons et six vestes à 
100 fr. (les deux pièces). — Un habit vert de chasseur de la garde, 
avec les rpaulettes et le crachat à aigle d'argent massif (de 70 fr.), 
470 fr. 

Thermidor (août). Pour le départ do Boulogne. — Neuf habits 
verts, de chasseur à cheval, à 210 fr. ; la paire d'épaulettes 150 fr. et 
la plaque à l'aigle, 70 fr. — Quatre redingotes de drap gris, à 200 fr. 

— Elargi les manches de deux robes piquées; redoublé les manches 
d'un habit de la garde ; changé les revers et parements d'un autre, etc. 
Total : 32,167 fr. Réduit, après expertise, à 29,000 fr. 

Suite des mémoires de Chk^valier, tailleur particulier de l'Empereur. 

1808. Premier trimestre. — Avoir remis des revers à quatorze habits 
de la garde, 420 fr. — Un habit de chasse (à courre), galonné or et 
argent, 580 fr. — Un habit de la garde, doublé de drap écarlate avec 
des grenades à paillettes et passe-épaulettes, 240 fr. — Une paire 
d'épaulettes à l'habit, 148 fr. — Une plaque de la Légion d'honneur, 
62 fr. — Quatre habits de chasseurs de la garde, 800 fr. — Quatre 
paires d'épaulettes aux quatre habits, 592 fr. — Quatre plaques de 
la Légion d'honneur, 248 fr. — Réparations faites à vingt-sept articles, 
tant culottes que pantalons de Casimir, 27 fr. — Fait un changement 
à seize gilets de llanelle, 16 fr. — Fourni douze pantalons et douze 
vestes de casimir blanc (à 95 fr. veste et culotte), 1,140 fr. — Douze 
culottes et douze vestes à 85 fr., 1,020 fr., etc. Total : 5,649 fr. Réglé 
à 5,600 fr. {Arch. nat. 0^33.) 

1808. Troisième trimestre. — Fourni vingt-quatre culottes et vingt- 
quatre vestes de casimir blanc, à 85 fr. la veste et la culotte. — Dix- 
huit pantalons et dix-huit vestes de casimir blanc, à 95 fr. le pantalon 
et la veste. — Deux habits de la garde, doublés de drap écarlate, 
passe-épaulettes et grenades à paillettes, à 250 fr. — Deux paires 
d'épaulettes à 148 fr. — Deux plaques de la Légion d'honneur, à 
€2 fr. — Fourni deux aunes et demie de croisé, pour redoubler une 
ancienne redingote grise, y compris la façon, 22 fr. — Remis des jar- 
retières brodées à une culotte de velours, y compris la broderie, 
42 fr. — Quatre habits de chasseur de la Garde, à 200 fr. — Cinq 
paires d'épaulettes, à 148 fr. la paire. — Quatre plaques de la 
Légion d'honneur, à 62 fr. — Quatre robes de piqué, doublées en 



LES COSTOIES DE NAPOLÉON 25 

molleton de coton, à 200 fr. l'une. — Trois redingotes de drap gris, 
à 190 fr. — Deux culottes de pou de soie blanc, doublées en toile 
royale, 108 fr. — Broderie des jarretières et des boutons des deux 
culottes, 7:2 fr. — Façons et boutons de six gilets de cachemire, à 
GO fr. — Douze gilets de flanelle, à 36 fr. — Neuf aunes de velours 
gris, pour capote, 378 fr. — Fourni les brandebourgs garnis de 
trente olives avec bouquet et trente rangs à torsades, 50o fr. — 
Façon et poches de la capote, 48 fr. — Une plaque de la Légion 
d'honneur, à ladite capote, 6:2 fr. — Deux plaques du grand Ordre 
de Russie, 140 fr. — Une plaque de la Légion d'honneur, pour le 
manteau, 72 fr. {Arch. nat. 0-33.) 

1808. Quatrième trimestre. — Quatre gilets de taffetas, ouatés, à 
S4 fr. l'un, 216 fr. — Réparations faites à dix habits, dont les épau- 
lettes avaient été e'crasées dans les malles, pendant le voyage de S. M. 
pour le Congrès ', 60 fr. Remis et fourni cinq plaques de la Légion 
d'honneur, pour remplacer celles que S. M. avait ùtées de ses habits, 
pour en disposer àsongré, 310 fr. — Avoir remis et fourni des bou- 
tons de soie à dix culottes et à dix vestes de Casimir blanc, 60 fr. — 
Avoir remis des parements à deux habits de la garde, 60 fr. 

Décembre. Fourni dix-huit pantalons et dix-huit vestes, à 95 fr, la 
veste et le pantalon, 1,160 fr. — Deux caleçons de futaine, 238 fr. — 
Douze gilets de flanelle, 480 fr. — Deux habits de chasseur (de la 
Garde), 440 fr. — Des épaulettes aux deux habits, à raison de 148 fr. 
la paire, et deux plaques de la Légion d'honneur à 62 fr., 320 fr. — 
Fourni des revers et parements à un habit de la garde, 30 fr. — 
Façon et toile de quatre caleçons de tricot, 40 fr. — Fourni quatre 
caisses et toile cire'e pour l'envoi en Espagne des effets ci-dessus, 
40 fr. Total 3,624 fr. 

11 paraît que le budget de 20,000 fr, fixé par l'Empereur lui-même 
pour sa toilette était épuisé, car cette somme de 3,624 fr. fut payée 
sur le fonds de 100,000 fr, mis à la disposition du Vice-Grand Elec- 
teur, Grand Chambellan « pour dépenses imprévues de toute nature ». 
Signé, d'une écriture à peine lisible : < Charles Maurice », c'est-à- 
dire Talleyrand. {Arch. nat. 0-33.) 

Du 23 janvier au 6 mars 1809. — Cinq habits de la Garde. — Cinq 
redingotes en drap gris, à 190 fr. — Six habits de chasseur et quatre 
habits de la garde. — Un manteau de drap bleu, dans lequel on a 

1 Ce que Chevalier appelle le Congrès, c'est l'entrevue d'Erfurt. ' 



20 LKS FOllRNISSEl r.S Dl-: NAPOLl'lOX l'''' 

employé neuf aunes de Loiiviers bleu à 80 fr. l'aune, 744 fr. — Yingt- 
cinq culottes, Ircnte-neuf pantalons et soixante-quatre vestes de casi- 
niii" l)lan(\ — Six robes de chambre en piqué. Total : 14,785 fr. (Arch. 
itat.om.) 

Voici une capote (jrise ouatée (jui remonte au 28 décembre 1812; 
elle coûte 753 fr. 50. Chevalier en donne le détail suivant. Deux 
aunes et demie de drap gris, 55 fr. 125 fr. 50. — Six aunes et demie 
de levantine, pour la doublure, les poches, etc. 82 fr. — La façon, 
20 fr, — La ouate, 10 fr. — Bordure et parements en chinchilla, 
548 fr. {Arch. nai. 0^35.) 

Au mois de mars suivant. Chevalier livre pour Constant, premier 
valet de chambre, pour Hubert, valet de chambre et pour le manie- 
luck Roustan, chacun lui carrick de 180 fr. En plus, pour les deux 
premiers un pantalon de 80 fr. (Arch. nat. 0-35.) 



IV 



Le Jeune, tailleur en vogue, travaillait pour Napoléon, vers la fin 
de l'Empire. Le 6 mars 1812, il livre un habit de chasseur, avec 
plaque, épaulcttes et cor de chasse, au prix convenu de 330 fr. 

Mentionnons quelques-unes de ses autres fournitures. 

Du 11 janvier au 30 mars 1813. — Deux habits de grenadier, avec 
plaque, épaulettes et grenades, à 340 fr. — Cinq habits de chasseur, 
avec plaques, épaulettes et cors de chasse, à 330 fr. — Un habit de 
chasse, avec plaque, 200 fr. — Trois redingotes grises, à 160 fr. — 
Une redingote verte, à 180 fr. — Treize robes de chambre, à 130 et 
175 fr. la pièce. — Gilets, vestes et culottes, pantalons à pied et 
autres, etc. Total : 16,100 fr. 

19 janvier 1814. — Un habit de garde national, avec plaque et 
épaulettes, 330 fr. 

Avril et mai 1815. — Un habit de garde national, avec plaque et 
épaulettes, 330 fr. — Deux habits de chasseur, avec plaque et épau- 
lettes, 660 fr. — Un habit de grenadier, idem, 350 fr. — Deux redin- 
gotes grises, à 100 fr. chacune. — Trente-six vestes et trente-six 
culottes de casimir blanc, à 64 fr. la paire. — Cinq robes de chambre 
en piqué, à 175 ir., l'une. — Une culotte de Casimir noir, 40 fr. — 
Un gilet de piqué blanc, 36 fr. — Un habit de chasse, 200 fr., etc. 
Total : 5,76i JV. [Arch. nat. 0-35.) 



LES COSTUMES DE NAPOLÉON 27 



L'Empereur n'avait pas un goût prononcé pour la chasse, mais il 
la considérait comme un devoir imposé au chef d'une grande nation ; 
d'ailleurs, il n'y brillait pas par son habileté. Il ne se donnait pas le 
temps de viser et tirait trop vite. 

Chassant un jour, à Grignon, chez le maréchal Bessières, l'officier 
des chasses qui accompagnait l'Empereur disait, chaque fois que 
celui-ci manquait une pièce : « Cuisse pendante, aile cassée, forte- 
ment blessée. » Napoléon fatigué de cette flatterie répétée, et peut- 
être aussi de sa propre maladresse, s'écria : « Aile cassée ! eh bien, 
allez la chercher. » (Général Ambert. Cinq épées. Le maréchal Bes- 
sières.) 



YI 



Au mois de juin I8I0, quelques jours avant la bataille de Waterloo, 
Eeiel'ne faisait encore la fourniture suivante : 

« Douze vestes et douze culottes de casimir blanc à 64 fr.. la paire, 
768 fr, — Un charivari' bleu de ciel, 120 fr. — Un charivari ama- 
i-anthe, 12o fr. — Une redingote grise, 160 fr. — Un habit de chas- 
seur avec plaque et épaulettes, 330 fr. — Un pantalon de fmette, à 
pied, 28 fr. — Total : 1,536 fr. ^ 

Ces prix sont moins élevés que ceux de Cuevalier et cependant le 
mémoire fut « modéré à la somme de l,ol6 fr. ». 

€ Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de lo,oo5 fr. pour neuf 
mois et dix jours que le budget de I8I0 met à notre disposition pour 
la garde-robe de Sa Majesté. 19 juin 1815. Le Grand Chambellan. 

« Le comte de Montesquiol'. » 

L'annotation du comte de Montesquiou est une nouvelle preuve de 
l'ordre admirable que mettait l'Empereur dans ses affaires. Il rédui- 
sait à 15,555 fr. son budget de toilette de 20,000 fr. parce que, rentré 
à Paris le 20 mars I8I0, l'année n'avait plus que neuf mois et dix 

' Pantalon de cavalier, garni de cuirs entre les deux cuisses et de boutons sur 
les côtés. 



28 LKS FOl'RNFSSRUnS DE NAPOLliON l*^'" 

jours. Tous les buciyots de 181"> l'iirciil élublis dans les mêmes condi- 
tions. 



VII 



Dans les grands froids, l'Empereur faisait usage de vêtements gar- 
nis de fourrures, que lui livrait la veuve Toullet; elle avait la garde 
et l'entretien de ses habits fourrés, ainsi que des manteaux impériaux 
dont les riches fourrures, en hermine de Russie, sortaient de ses ate- 
liers. Les deux manteaux du sacre lui avaient été payés 27,680 fr. 

Au mois de mars 180G, elle réclame 1,250 fr. et en reçoit 1,200 pour 
avoir réparé une polonaise et fourni, à cet effet, quinze peaux de 
martre zibeline et diverses martres du Canada. Dans sa facture du 
10 novembre 1810, la veuve Toullet demande d'abord 150 fr. pour 
la garde des vêtements de l'Empereur, 250 fr. pour celle des man- 
teaux impériaux et 180 fr. pour trente-six hermines employées au 
raccommodage des manteaux. {Arch. nat. 0-33.) 

Enfin, le 17 octobre 1812, l'Empereur reçoit à Moscou trois bonnets 
de fourrure à 10 fr. ; sept paires de gants à 8 fr. ; fourni la fourrure, 
50 fr. ; fourni 15 aunes de Florence, pour douillette et veste à manches, 
à 5 fr. l'aune, 75 fr. ; total : 211 fr., plus 50 fr. pour les déboursés 
d'Evrard, valet de chambre, tailleur pour le service de la garde-robe 
de l'Empereur. {Arch. nat. 0-35.) 

Malgré l'ordre étonnant de l'Empereur, il lui arrivait, en se désha- 
billant, de jeter ses vêtements à tort et à travers sur le parquet. A 
Sainte-Hélène, M. de Las Cases eut occasion de les ramasser à diverses 
reprises. D'autres fois, il attisait le feu avec son pied, au point de 
brûler ses souliers, ce qui réjouissait son bottier Jacques. 



VIII 



Le bonnetier breveté de l'Empereur, se nommait Panier; lors du 
sacre, il fournit pour Napoléon, deux paires de bas, brodés d'or, au 
prix de 144 fr. Parcourons quelques-uns de ses mémoires : 

Livraisons du 16 mars au 10 novembre 1807. Cent soixante-huit 
paires de chaussons fins de Ségovie, à 2 fr. 50. — Soixante paires de 
bas de soie blancs, à 18 fr. — Six pantalons de laine, à 18 fr. — Total : 
1,608 fr. 



LES COSTUMES DE NAPOLÉON 29' 

28 août et 29 octobre 1808. — Trente paires de bas de soie blancs, 
à 18 fr. — Quarante-huit paires de chaussons de laine, à 2 fr. oO. — 
Six pantalons de laine, à 21 fr. — Total : 1,218 fr. {Arch. nat. O'SS.) 

Du 24 mars au 10 juillet 1810. — Trente paires de bas de soie blancs, 
superfins, à 18 fr. — Trois paires de bas de soie, brodés en or, à 24 fr, 

— Quarante-huit paires de chaussons de laine, à 2 fr. 50 et 3 fr. — 
Total : 768 fr. 

31 janvier 1813. — Trente-six paires de bas de soie blancs, 396 fr. 

— Trente-six paires de chaussons de mérinos, 81 fr. [Arch. nat. 0-35.) 
Le grand nombre de chaussons, de pantalons de laine et de robes 

de chambre, dont faisait usage l'Empereur, s'explique en ce qu'il se 
levait la nuit, ou de grand matin pour travailler ; il ne commençait 
sa toilette que vers huit heures. 



IX 



A Sainte-Hélène, où il arriva le 17 octobre 1815, l'illustre captif 
avait une garde-robe fort restreinte. Néanmoins on y voyait sort 
habit de Premier Consul en velours rouge, brodé soie et or. Il lui 
avait été présenté par la ville de Lyon, circonstance qui faisait sans 
doute qu'il se trouvait ici, son valet de chambre sachant qu'il l'affec- 
tionnait beaucoup, parce qu'il lui venait, disait-il, de sa chère ville 
de Lyon. 

On y voyait aussi le manteau de Marengo, manteau glorieux sur 
lequel ont été plus tard exposés religieusement les restes mortels de 
l'immortel vainqueur, manteau qui figure aujourd'hui dans les objets 
spécialement légués par ISapoléon à son fils... (Las Cases. Mémorial.) 



CIIAPITUE II 



LE PETITCHAPEAU DE NAPOLÉON 



I 



Le petit chapeau, célébré par la légende ', était en feutre noir, 
sans bordure ni galons, orné d'une petite cocarde tricolore soutenue 
par une ganse de soie noire. Pendant tout le temps du Consulat et 
de l'Empire, Napoléon n'en a pas changé la forme. 

Lorsque Gros fut chargé, par l'Empereur, de peindre la bataille 
d'Eylau, un costume complet de Napoléon fut confié au peintre. Gros 
conserva parmi ses trophées militaires le chapeau historique, qui fut. 
dit-on, acheté à sa vente 2,047 fr. par le docteur Delacroix et ofTert 
au gouvernement de Louis-Philippe. Ce chapeau est aujourd'hui 
déposé aux Invalides, dans la crypte réservée au tombeau de l'Em- 
pereur. 



II 



Le chapelier de Napoléon se nommait Poupart; il se qualifiait 
« chapelier, costumier et passementier de l'Empereur et des princes » . 

' On lil à cet égard clans la Chronique littéraire de la Revue Brilannique, 
année 1X42 : « Il vient de paraître une belle gravure au burin de M. Cli. Bouvier, 
les chapeaux de Napoléon, d'après les tableaux de M. Steuben. Le petit chapeau, 
sous divers aspects, est ici le symbole touchant des huit époques les plus mémo- 
rables de cette vie héroïque. Le premier chapeau rappelle Toulon; le second, 
l'Italie, l'Egypte et le consulat; le troisième, l'Empire; le quatrième Austerlitz; 
le cinquième \Vagram; le sixième, l'incendie de Moscou; le septième les cam- 
pagnes de France et ^Vaterloo ; le dernier, renversé sur le bord de la mer. le 
b mai. Toute personne qui possède une vie de l'Empereur voudra lui donner 
«e comi)lément. » 



LE PETIT CHAPEAU 31 

Dans le principe, les chapeaux d'uniforme qu'il fabriquait pour son 
auguste client, étaient désignés sous le nom de « chapeaux français » 
et coûtaient 48 fr. 

En voyage, Napoléon portait des bonnets de velours, légers en été, 
bordés de fourrure en hiver. Du 13 vendémiaire an XIII au l*"' août 
180G, PouPART livre, pour l'usage de l'Empereur, deux bonnets 
de velours léger, sans fourrure, à 21 fr. — Sept bonnets en velours de 
Gènes, garnis de glands, à 48 fr., et fait quatre « raccommodages » 
de chapeaux à 3 fr. — Deux chapeaux à plumes, dont un brodé d'or, 
exécutés en 1804 sur les dessins d'Isabey, sont cotés 1,020 fr. [Arch. 
nat. 0^3o.) 

A partir de 1806, Poupart demande 60 fr. pour le chapeau d'uni- 
forme qu'il appelle alors < chapeau castor français ». Ce devait être 
le résultat d'un progrès dans sa fabrication, mais il eut à subir plu- 
sieurs fois des réductions de 10 fr. par chapeau comme dans les deux 
exemples suivants : 

31 décembre 180o. — « Deux chapeaux castor français, à 60 fr. : 
120 fr. ï Mémoire réduit à 100 fr. 

5 juin et 15 septembre 1806. — Trois chapeaux castor français, 
180 fr. — Le raccommodage d'un chapeau, 4 fr. Total : 184 fr. Mé- 
moire ramené à lo4 fr. 

La livraison du 19 mars 1807, comprend quatre chapeaux castor 
français, à 60 fr. : 240 fr. plus une caisse dont le prix s'élève à 9 fr. 
avec l'emballage. Cette fois, la réduction n'est que de neuf francs. 

Du 11 août au 11 décembre 1807. — Quatre chapeaux castor, à 
60 fr. — Réparé deux chapeaux de costume et réparé les plumes 
gaufrées, 90 fr. — Réparé quatre chapeaux et remis des coiffes, 24 fr. 
— Un bonnet de velours vert garni d'or, avec bandeau en loutre du 
Kamchatka, 78 fr. — Un autre bonnet de velours bleu à bandeau de 
fourrure, 60 fr. 

Le budget de 20,000 fr. fixé par l'Empereur pour sa toilette, étant 
épuisé, on a recours au fonds de 40,000 fr. pour dépenses imprévues. 
{Arch. nat. 0-3o et 0-47.) 

De mars à décembre 1807, l'Empereur a donc pour son usage douze 
chapeaux d'uniforme, dont huit nouveaux et quatre anciens remis à 
neuf. 



32 LliS FOL'RMSSliURS DE NAPOLÉON 1*^'" 



III 



Dans ces trois factures qui représentent quatre trimestres, nous 
comptons dix chapeaux neufs, sans parler des coups de fer et des 
réparations. Pour établir une moyenne, veut-on s'en tenir à huit cha- 
peaux par an ? Ce chiffre n'est pas exagéré, vu les diverses résidences 
et les nombreux déplacements de l'Empereur. On peut donc affirmer 
que de 1800 à 1815, il a été fait, pour Napoléon, au moins cent vingt 
« petits chapeaux ». 

En 1813, Maneglier, rue de Richelieu, lui fournit six bonnets de 
velours, pour 18U fr. [Arch. nat. 0-3o.) 

Le lo mai 1811, Poupart qui s'était associé à Delaunay, livrait pour 
le mameluck Roustan, une toque de velours cramoisi de 312 fr. bordée 
d'étoiles d'or, avec une aigrette. Le 28 février suivant, leur facture 
mentionne, pour l'Empereur, huit bonnets de velours, de différentes 
couleurs, cotés ensemble 400 fr., puis au mois de mai de la même 
année, «n une toque de voyage en velours bleu » de 35 fr. 

D'autres chapeliers travaillaient pour la maison de l'Empereur. 
Revelle fournissait les chapeaux des hérauts d'armes. En 180G, il 
réclame 2o7 fr. pour cinq chapeaux avec bords en soie, glands en 
torsade, ganses brodées et cocardes d'argent. La facture est ainsi 
apostillée : « Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de 27,000 fr. que 
le budget de 180G met à notre disposition pour les cérémonies non 
prévues. Le grand maître des cérémonies. Le comte de Ségur. » [Arch. 
nat. 0-139.) C'est la preuve que le budget des cérémonies est épuisé 
puisqu'on a recours au fond de réserve. 

£n 1815, Pétiaux livre, pour les cérémonies du Champ de Mai, à 
MM. Alphonse Mabire et Vacherot, employés au bureau des céré- 
monies, trois chapeaux fins, à 48 fr. l'un. {Arch. nat. 0-137.) 



IV 



A propos du chapeau de Napoléon nous rapporterons une curieuse 
observation du docteur Gall, que l'Empereur traitait de charlatan, à 
l'égal de Cagliostro, de Mesmer et de Lavater. 

On sait que le docteur Gall avait créé une science appelée phréno- 
logie ; partant de ce principe que le cerveau est le siège des facultés 



LIi PETIT CHAPEAU 33 



(le l'àme, il admettait qu'on pouvait reconnaître les inclinations et 
dispositions de Thoinme d'après les protubérances du crâne. 

Le célèbre docteur était fort recherché, les mères le priaient de 
palper la tête de leurs enfants pour indiquer les germes de leurs 
facultés, mais sa science était bien incertaine, et maintes fois il s'est 
trompé. 

Cependant Gall a dit et répété que la tête de Napoléon était ce qu'il 
avait vu de plus extraordinaire et qu'elle tenait du merveilleux. 
« Dans l'étude réfléchie qu'il en avait faite, ses principes l'avaient 
porté à soupçonner que celte tête avait dû croître et grossir fort tard, 
même après la virilité; et poursuivant avec opiniâtreté cette vérifica- 
tion, il en était arrivé à recueillir du chapelier de l'Empereur la con- 
naissance précieuse, qu'aussi tard que sous l'Empire, on avait été 
obligé d'altérer, en effet, et d'accroître la forme du chapeau de Sa 
Majesté. » (Comte de Las Cases. Mémorial de Sainte-Hélène.) 

Sujet à des mouvements de mauvaise humeur. Napoléon s'en pre- 
nait parfois à son chapeau. Nous en citerons quelques exemples. 
Observons d'abord que, le plus souvent, ses colères étaient simulées 
parce qu'il préférait, comme il le disait lui-même, gronder fort que 
de sévir. 

Le général comte Tolstoï, ambassadeur de Russie à Paris, dans 
une dépêche adressée à son ministre Romantzof, le 23 janvier 1808, 
rendait compte, en ces termes, d'un entretien qu'il avait eu avec 
l'Empereur : « Prenant son chapeau des deux mains et le jetant à terre, 
il me tint ce discours trop remarquable pour ne pas être transcrit 
mot à mot : Ecoutez, monsieur de Tolstoï, ce n'est plus l'Empereur 
des Français qui vous parle, c'est un général de division qui parle à 
un autre général de division : que je sois le dernier des hommes si je 
ne remplis pas scrupuleusement ce que j'ai contracté à Tilsit, et si je 
n'évacue pas la Prusse et le duché de Varsovie lorsque vous aurez 
retiré vos troupes de la Moldavie. Comment pouvez-vous en douter ? 
Je ne suis ni un fou, ni un enfant pour ne pas savoir ce que je con- 
tracte, et ce que je contracte, je le remplis toujours. » (A. Yandal. 
Napoléon et Alexandre, p. 258.) 

La même année, à Erfurt, lors de la célèbre entrevue, Napoléon, 
qui était la séduction même, quand il le voulait, avait pour son au- 
guste ami les plus délicates attentions ; par des manœuvres envelop- 
pantes, il cherchait à lui faire partager ses idées sur ]a politique géné- 
rale. Ses entretiens étaient pleins de douceur. V\\ jour cependant i 

3 



34 LF,S FOCRMSSKl'RS DE NAPOLftOX l^"" 

se fâcha, « ctiSapoléon, dans un mouvement d'impatience rageuse, 
jeta à terre son chapeau et le piétina. Alexandre s'arrêta aussitôt, 
le regarda fixement avec un sourire, se tut quelques instants, puis 
d'un ton calme : « Vous êtes violent, dit-il ; moi, je suis entêté : avec 
« moi, la colère ne gagne donc rien. Causons, raisonnons ou je pars. » 
Et il se dirigea vers la porte. Force fut à l'Empereur de le retenir, de 
s'apaiser. La discussion reprit sur un ton modéré, amical même, mais 
n'avança point, et, celte fois encore, Alexandre ne se laissa entraîner 
contre r.\utriche à aucune démarche comminatoire. » (Albert Vandal. 
Napoléon et Alexandre.) 

Nous empruntons notre dernier exemple aux Mémoires du prince 
de Metlernich. Le 12 juillet 1813, le comte de Metternich (il n'était 
pas encore prince) assistait à sa dernière entrevue avec Napoléon, 
dans un des faubourgs de Dresde. L'Empereur l'attendait debout, au 
milieu de son cabinet, l'épée au côté, le chapeau sous le bras. La 
discussion s'échauffa peu à peu et finit par devenir orageuse. Rappe- 
lant ses dernières victoires de Lutzen et de Bautzen, Napoléon se 
prétendait encore invincible ; il menaçait l'ambassadeur d'aller bien- 
tôt à Vienne ; il augmentait l'évaluation de ses forces et diminuait 
celles de l'ennemi. Perdant son sang- froid, « il jeta, dit Metternich, 
dans un coin du salon, le chapeau que jusqu'alors il avait tenu à la 
main... ». 

« ... Napoléon se remit à se promener avec moi dans le salon ; au 
second tour, il ramassa son chapeau. » (T. I, p. 147.) 



Un négociant lyonnais, M. Poxard, se rendit acquéreur, en mars 
1892, avec document à l'appui, d'un chapeau ayant appartenu à 
Napoléon P"" et d'une feuille de saule cueillie, en 1827, sur le tombeau 
de Sainte-Hélène par un lieutenant de vaisseau, Emmanuel de Saint- 
James. 

M. PoNARD acheta ce chapeau à Cousances (Jura), à un certain 
M. Lefebvrequile tenaitde son père. Celui-ci, Louis-Edouard Lefebvre, 
pharmacien à Versailles, l'avait reçu le 13 octobre 1838, deM. Ludovic- 
Jean-Bapliste-Zéphir Dubois, officier de cavalerie en retraite, percep- 
teur des contributions directes à Saint-Cyr-l'Ecole. 

Le père de cet officier l'avait acheté son pesant d'argent (soit 
oo francs) à Chardon, chapelier de la garde impériale en 1812. 



CHAPITRE III 



LES OBJETS DE TOILETTE DE NAPOLEON. — SA PARFUMERIE 
SON LINGE. — SES GANTS 



Dans toute sa personne et dans ses soins de toilette Napoléon était 
d'une propreté recherchée. Il se baignait souvent, trop souvent même 
et restait longtemps dans le bain, ce qui a contribué à lui donner 
un embonpoint prématuré. Il se faisait frotter rudement le dos et les 
épaules en disant: « Allons, fort! comme sur un âne. » (Las Cases.) 

Quand l'Empereur se déshabille, ce qu'il fait de ses propres mains, 
dit encore l'auteur du Mémorial de Sainte-Hélène, il jette tout ce 
dont il se dépouille par terre, s'il ne se trouve là un de ses valets de 
chambre pour s'en saisir. « Combien de fois je me suis précipité pour 
ramasser son cordon de la Légion d'honneur, quand je le voyais 
arriver ainsi sur le plancher ! 

« La barbe est une des dernières parties de sa toilette, qui ne vient 
qu'après qu'on lui a mis ses bas, ses souliers, etc. Il se rase toujours 
lui-même, ôtant d'abord sa ehemise et demeurant en simple gilet de 
flanelle... 

« L'Empereur se rase dans l'embrasure de la fenêtre, à côté de la 
cheminée. Son premier valet de chambre lui présente le savon et un 
rasoir : un second tient devant lui la glace de son nécessaire, de ma- 
nière à ce que l'Empereur présente au jour la joue qu'il rase. Ce 
second valet de chambre l'avertit si le rasoir a laissé quelque chose 
en arrière. Cette joue rasée, il se fait une évolution complète pour 
faire l'autre, chacun changeant de côté. » 

Vers 1803, l'Empereur prit l'habitude de se raser lui-même, ce qu'il 



.10 LES FOL'RMSSRURS DE NAPOLÉON l*^'" 

faisait après avoir ùté sa chemise et ne conservant que son gilet de 
flanelle ; un valet <le cluunbre lui tenait la glace de son nécessaire et 
l'avertissait quand le rasoir n'avait pas tout enlevé. Ensuite il se lavait 
dans un vaste bassin d'argent. 

L'eau de Cologne, dont il usait à profusion, était son parfum 
favori ; il en versait surabondamment dans son eau de toilette, s'en 
arrosait la tête à l'aide d'une éponge, et vidait le reste de la fiole 
sur son cou et sur ses épaules. Il renouvelait chaque jour ses gilets 
de flanelle, ainsi que ses vestes et ses culottes de casimir blanc. 



11 



Napoléon salissait vite et beaucoup tout ce qu'il portait. Dans ses 
campagnes il fallait lui envoyer du linge et des habits dans plusieurs 
endroits à la ibis. 

Le budget de l'Empereur, pour sa toilette, avait été porté à 
70.000 fr., mais il le réduisit lui-même à 20,000. 

Il avait une série de nécessaires, dont quelques-uns aussi riches et 
aussi complets que possible, avec toutes les pièces gravées à ses 
armes. 

Son fournisseur attitré, alors très en vogue, était Biennais. 

Sans compter les deux rasoirs qui avaient leur place dans chacun 
de ses nécessaires, il avait des boites d'acajou de six et de douze 
rasoirs, doublés de velours vert. 

Il aimait l'odeur de l'aloés qui se payait alors lH, fr. l'once. Sur 
deux mémoires de Bii^nnais, l'un de janvier à mars 1808, l'autre de 
août à septembre de la même année, nous constatons la livraison de 
dix onces de bois d'aloès, 720 fr. — Deux mèches, 7 fr. — La répara- 
tion (lun vase à parfums en vermeil, 120 fr., etc. 



111 



Napoléon avait d'assez belles dents et se servait d'un cure-dents eu 
buis poli que Gervais Cuardin lui faisait payer 2 fr. la douzaine. 

il portait souvent des gants, peut-être un peu pour garantir ses 
mains qui étaient fort belles, ce qu'il n'ignorait pas. Les gants dont il 



LES OBJETS DE TOILETTE DE NAPOLÉON 37 

s'approvisionnait le plus, étaient ceux de peau de renne, de daim ou 
de castor. 

Le 24 mars 1810, nous constatons une livraison de deux paires de 
gants brodés en or avec chiffre, et cinq jours plus tard, une livraison 
semblable. Total : 144 fr. C'est l'époque du mariage de Napoléon 
avec Marie-Louise, et jamais l'Empereur ne s'est montré si coquet 
qu'en cette occasion. Son linge était de qualité extra; ses jarretières 
élastiques valaient 3 fr. et 4 fr., 50 la paire. — Ses bretelles mon- 
taient à 12 fr. et à lo fr. 



IV 



Entrons maintenant dans de plus* amples détails et consultons les 
mémoires des fournisseurs. 

Gervais Cuardin « parfumeurs de Leurs Majestés Impériales 
et Royales » fait en 1806, d'importantes livraisons. 

Du 2 juin à fin septembre. Cinquante-deux boîtes d'opiat, 306 fr. 
— Cent soixante-deux bouteilles d'eau de Cologne, 423 fr. — Yingt 
éponges superfines, 262 fr. — Vingt-cinq pots riches de pâle 
d'amande, 366 fr. — Deux cent trente paires de gants Isabelle, gants 
de chevreau, de daim, de renne, 1,662 fr. — Quinze douzaines de 
cure-dents en buis et en ivoire. — Vingt-quatre paires de jarretières 
élastiques. — Six paires de bretelles. — Deux pièces de taffetas 
d'Angleterre. 

Le 15 octobre et le 18 décembre, il fournit quarante-quatre paires 
de gants, dont quarante-deux paires fourrées, pour 86o fr. — Le 
total de ces trois factures s'élève à 4,248 fr. [Arch. nat. 0-235). 

La livraison du mois d'octobre 1808 comprend quarante-huit paires 
de gants de renne, 630 fr. — Vingt-quatre paires de gants de chevreau 
superfin, 72 fr. — Douze paires de bretelles élastiques, 180 fr. — 
Vingt-quatre douzaines de cure-dents en buis, 48 fr. — Soixante- 
douze bouteilles d'eau de Cologne, 150 fr. — Six boîtes de poudre de 
corail fin pour les dents, 36 fr. — Quatre paires de jarretières élas- 
tiques, 18 fr. — Vingt-huit boites d'opiat superflu, 168 fr. — Six pains 
savon de rosé, 30 fr. — Douze pains de savon de Windsor, 24 fr. — 
Douze éponges superfines pour la figure, 144 fr. — Douze pièces de 
taffetas d'Angleterre, 24 fr. — Un grand flacon d'esprit de jasmin 
double d'Espagne, 40 fr. 



38 LES FOLRNISSianS DE XAPOLl'ON I^"" 

Citons encore les fournitures de Gervais CnARDi>f, pour les seuls 
mois de février et mars 1810 : 

Quatre paires de gants de castor noir, doublés de blanc, 8ïJ fr. — 
Vingt-quatre paires en peau de renne, 240 fr. — Quatorze paires de 
gants blancs unis, 81 fr. 50. — Deux paires de gants en or, c'esk-à- 
dire, sans doute brodés en or, 72 fr. — Cent quarante-quatre bouteilles 
d'eau de Cologne, 300 fr. — Douze boîtes d'opiat liquide. — Quatre 
paires de jarretières élastiques, 72 fr. — Cinq éponges moyennes 
superfines, blanches, 50 fr. {Ai'ch. nat. 0^35.) 

En 1812, apparaît un nouveau fournisseur Durocuerau « fabricant 
d'eau de Cologne perfectionnée ». 

Du 20 janvier 1812 au 17 mars 1813, il livre pour le service de 
l'Empereur cent huit caisses d'eau de Cologne (contenant chacune six 
rouleaux) à 17 fr. la caisse, soit 756 fr. 

M""® de Rémusat a donc raison quand elle dit dans ses Mémoires : 
« Pour parfum, il (Napoléon) se contentait d'eau de Cologne, dont il 
faisait de telles inondations qu'il en usait jusqu'à soixante rouleaux 
par mois. 11 croyait cet usage fort sain. » 

Nous ignorons si Gervais Chardin est rcfclé le fournisseur de Napo- 
léon, en 1815, nous n'en voyons pas de traces et nous trouvons ce 
mémoire de J. Tessier, parfumeur, rue de Richelieu, à la Cloche 
d'or. 

1815. Du 20 mars au 30 avril. — Deux savonnettes à la tleur 
d'e et en 
émail. La seule différence consistait dans le nombre et la grosseur des 
diamants. 

' Le Livre des collectionneurs. 



LES TABATIÈRES DE NAPOLÉON 47 

En 1797, le général Bonaparte logeait, à Turin, chez notre ambas- 
sadeur, Miot de Mélito. Le jour de son départ, le roi de Sardaigne lui 
envoya un des plus beaux chevaux sardes de son écurie. Autour du 
cou de ce bel animal, la reine, la bonne M""^ Glotilde, sœur de 
Louis XVI, avait attaché un collier de diamants, le seul qui lui restât, 
elle s'était dessaisie des autres pour les besoins de l'État. 

Bonaparte fut touché, ému même de cette attention. Il garda le 
collier, mais il distribua aux officiers et serviteurs du roi des taba- 
tières, des bagues et des dons d'argent pour une somme très supé- 
rieure à celle du présent qu'il acceptait. (Comte Miot de Mélito, 
3Iémoi7'es.) 

Pendant les Cent-Jours, les joailliers Nitot et fils fournirent quatre 
riches boîtes, pour le service des présents ; elles méritent une des-s 
criplion. 

o mai iSlo. ISitoteifils. Service des présents. — Tabatière carrée, 
longue, en or ciselé, émaillé, enrichie d'un cercle en brillants et du 
portrait de l'Empereur, par Robert Lefèvre, 10,773 fr. Le portrait est 
coté 600 fr. et les brillants seuls, au nombre de trois cent vingt-six, 
pesant trente karats, sont estimés 9,000 fr. — Deux tabatières ovales, 
en or ciselé, émaillé, ornées, l'une de trente-quatre brillants et 
l'autre de vingt-six avec le portrait de l'Empereur par Robert Lefèvre, 
chaque portrait payé 600 fr. : 7,o99 fr. et ll,61o fr. — Une tabatière 
dé même genre, sertie de vingt-huit brillants, surmontée du portrait 
de l'Empereur peint par Saint (payé 600 fr.), 6,139 fr. 



II 



Napoléon, qui offrait avec libéralité de magnifiques tabatières ser- 
ties de diamants, se contentait, pour son usage, de tabatières fort 
simples. C'étaient généralement des boîtes d'écaillé doublées d'or, 
surmontées de médailles antiques, de camées ou d'intailles représen- 
tant des personnages célèbres. 

Ces exacts renseignements, dont nous allons d'ailleurs fournir la 
preuve, se trouvent dans les Mémoires de Constant et dans les Souve- 
nirs historiques de M. de Méneval. Mais ce que ces messieurs ne 
disent pas, c'est que Napoléon faisait aussi usage de boîtes d'or, boîtes 
d'une grande simplicité, sans diamants, et toujours offrant sur le cou- 
vercle une médaille ou une pierre dure sculptée. 



;« LKS rornxissKLUs dk napoli';on T'' 

Avec s^ liibalière, ({vii no le quillail pas, l'Iùiipereur portait volon- 
tiers uni' Itonlionnière d'écaillc Mincie décorée en piqué d'or. 

Consultons quelques J/émoireÀ' de Bienn.us, bijoutier de l'Empereur, 
et arrêtons-nous sur les fournitures ayant trait à notre sujet. 



111 



Mémoires de BnîNNAis, orfèvre. De janvier à mars 1808. (Extrait.) 

Un éerin d'acajou, avec ornements de cuivre incrustés et compar- 
timents de velours blanc, pour renfermer les tabatières de Sa Majesté. 
V}Tô fr. — Un étui en peau, doublé de serge pour le renfermer, avec 
les armes dorées dessus, 45 fr. — Fourni une boîte d'écaillé ovale, 
l'avoir montée sur sa doublure en or et remonté les antiques, sous 
un cristal, 87 fr. — Boite d'écaillé à huit pans, à quatre médailles : 
refait les inscriptions, ajusté les médailles et fourni la plaque de fond, 
en or, l:2ïî fr. — Fourni un couvercle à une boîte forme baignoire, 
rajusté les quatre antiques et mis un cercle d'or, 9:2 fr. — A une autre 
boite, refait à neuf la plaque du fond, 21 fr. — Un cristal, à une 
boîte ovale, 9 fr. — Un couvercle d'écaillé noire, pour une boîte à 
(juatre médailles, 33 fr. — Deux bonbonnières en écaille blonde, 30 fr. 
et 27 fr. 

Retour d'Espagne. Janvier 1809. — Remis en état la boîte d'écaillé 
ovale, à deux antiques, en argent, GO fr. — Réparé une autre boite ovale, 
surmontée d'une pierre gravée, 33 fr. — Réparé une boîte d'écaillé 
cintrée, où est une tête de Mars, en or, 18 fr. — Une bonbonnière 
d'écaillé blonde, 42 fr. — Une autre plus petite, 36 fr. — Une bon- 
bonnière d'écaillé blonde, posée d'or, 22 fr. — Une boîte d'or, ciselée, 
forme baignoire, Ooo fr. — Une boîte d'or, ciselée, à huit pans, G91 fr. 

Septembre 1809. — Une boîte d'écaillé noire, doublée d'or, avec 
deux médailles d'argent, montées dessus et cercles ciselés dessus 
et dessous, S60 fr. — Une boîte d'écaillé noire, doublée d'or, de forme 
carré long, arrondie par les bouts, montée de trois médailles 
d'argent encadrées de cercles d'or ciselés et par-dessous, des glaces 
pour empêcher le tabac de passer, 590 fr. — Une autre boîte de 
même genre, mais à pans, ayant sur le couvercle quatre médailles 
d'or, avec cercles d'or ciselés, 595 fr. — L'écrin à compartiments, 
pour recevoir lesdites boîtes, couvert en maroquin, 36 fr. [Arch. nat . 
0^3 i.) 



LES TABATIÈRES DE NAPOLÉON 49 

D'après ces renseignements officiels extraits des Mémoires de 
BiEXNAis, nous sommes complètement fixés sur la nature des taba- 
tières à l'usage de Napoléon P"". 



IV 



Suivant M. de Meneval, '( l'Empereur puisait dans sa tabatière, 
moins par goût que par préoccupation, car il ne respirait que l'odeur 
du tabac, et ses mouchoirs de batiste blanche n'en étaient point salis ». 
[Souvenirs historiques, t. I. p. iL\i).) 

Ce fait a pu se rencontrer quelquefois, mais Napoléon prisait beau- 
coup et il n'est guère possible que ses fias mouchoirs blancs n'en por- 
tassent pas la trace. 

Opposons d'abord M. de Méneval à lui-même. Dans une lettre 
adressée à Isabey,il rectifie cette erreur accréditée que l'Empereur se 
servait des poches de ses gilets comme de boîtes à tabac et que loin 
de là il avait toujours dans sa chambre dix tabatières pleines, qu'il 
changeait à mesure qu'elles étaient vides. 

« Je ne comprends pas ce conte absurde qui se renouvelle si 
souvent, savoir : que l'Empereur prenait du tabac à même la poche 
de son gilet. Parce que c'était l'usage du grand Frédéric, on croit que 
l'Empereur devait faire de même. Mais quelque grand que fût Frédé- 
ric, c'était un homme fort sale ; Napoléon, au contraire, était d'une 
propreté minutieuse. Il avait toujours dans sa chambre dix tabatières 
d'une forme oblongue avec de petites médailles antiques sur le cou- 
vercle et toujours remplies qu'il changeait à mesure qu'elles étaient 
vides. A la guerre, ses tabatières le suivaient ; l'idée même d'user 
autrement de son tabac l'aurait dégoûté. Vous pouvez tenir cela pour 
certain... » (Isabey, Mémoires.) 

Il arrivait à l'Empereur, par distraction, de se bourrer le nez de 
tabac, au point de se faire du mal. 

Un soir, à Sainte-Hélène, raconte M. de Las Cases, en se retirant 
Napoléon toussait beaucoup. « J'aurai pris trop de tabac sans y son- 
ger, me dit-il; je suis une bète d'habitude, la conversation m'aura dis- 
trait ; vous devriez, mon cher, dans pareil cas, m'ùter ma tabatière. 
C'est ainsi qu'on sert ceux qu'on aime. » 

Dans le Livre des Collectionneurs nous a.yons vaconlé que, lorsque 
l'Empereur présidait le conseil d'Etat, il lui arrivait de recourir à la 



or 



50 LES l'oriîMssi-.rns df, napoléon i 

tabatière de ses conseillers. Il se faisait passer successivement plusieurs 
l)oites que, par distraction, il oubliait d'abord de rendre et retrouvait 
plus tard dans ses poclics. 

De son cuir, M. de Las Cases a écrit, en parlant de ces belles et 
longues séances du conseil d'Elat, présidées par Napoléon : 

« L'Empereur avait rha!)itude, comme l'on sait, de prendre du 
tabac à chaque instant ; c'était en lui une espèce de manie, exercée la 
plupart du temps par la distraction. Sa tabatière se trouvait bientôt 
vide et il n'en continuait pas moins d'y puiser à chaque instant, ou de 
la porter constamment tout ouverte à son nez, surtout quand il 
avait lui-même la parole. 

« C'était alors aux chambellans qui s'étaient faits le plus à son ser- 
vice, ou qui y mettaient le plus de recherche, à lui soustraire cette taba- 
tière vide pour y en substituer une pleine ; car il existait une grande 
émulation de soins, de galanterie, parmi les chambellans favorisés 
du service habituel près de l'Empereur service extrêmement envié. 
C'étaient du reste à peu près toujours les mêmes, soit qu'ils s'intri- 
guassent beaucoup pour y demeurer, soit qu'il fût naturellement plus 
agréable à l'Empereur de voir continuer un service déjà goûté. Au 
demeurant, c'était le grand maréchal Duroc qui arrêtait toutes ces 
dispositions. » 

V 

L'Empereur recevait son tabac renfermé dans des pots de grès d'une 
certaine contenance. 

l^"" février 1806. — Tabac râpé livré pour Sa Majesté par M. Angest : 
Six pots de tabac pesant ensemble : 

166 livres à 3 francs 498 francs. 

Trois pots de grès verni, à 9 fr. ... 27 — 

Total o'2o francs. 

Le 28 août 1807, la manufacture des sieurs Robillard, oncles, 
neveux et C''^, boulevard Montmartre, livre à l'Empereur: 
Un pot de grès contenant 

20 kilos de tabac à 6 fr. 80 le kilo . . 136 francs. 

Achat du pot de grès 22 — 

Transport à Saint-Cloud 9 — 

Total 167 francs. 



LES TABxVTIÈRRS DE NAPOLÉON St 

Aux pots de grès succédèrent par la suite les coflVels à tabac» 

Voyons maintenant ce que Napoléon pouvait consommer de taba^ 
en poudre, 

13 janvier 1808. — Livré à sa majesté l'Empereur par la manufac- 
ture des sieurs Robillard et C'", un cofTret de 6 kilos de tabac ù 
priser, à 7 fr. 20 le kilo. 

8 mars 1808. — Tabac râpé en deux coffrets de 6 kilos chacun 
à 7 fr. -20. 

23 mai. — Un coffret de 6 kilos, à 7 fr. 20. 

30 août et 15 septembre 1808. — Fourni à Sa Majesté 12 kilos 
de tabac râpé à 8 fr. — Si nous ajoutons le prix de quatre coffrets, à 
4 fr. et le transport à Paris et à Saint-Cloud, nous arrivons au chilTre 
de 293 fr. 80. Compte réglé sur le budget de 20,000 francs établi 
pour la garde-robe de l'Empereur. 

Ces divers mémoires ne complètent certainement pas l'année 1808, 
il faut y ajouter au moins une livraison de 6 kilos pour finir l'année. 
On arrive ainsi à un total de 42 kilos de tabac à priser, soit 3 kilos 
et demi par mois. 

L'année suivante, les pots de grès et les coffrets à tabac furent rem- 
placés par des boites en étain fin. Le 30 mars 1809, Boicervoise, 
potier d'étain, fournit, en effet, cinq boîtes en étain garnies de leurs 
bouchons et clés à vis, coûtant ensemble 54 fr. et contenant 3 kilos 
ifoO grammes de tabac à priser. 

Quoi qu'il en soit. Napoléon, étant Premier Consul, aimait déjà 
beaucoup priser, et si nous en croyons Constant, cette habitude aurait 
pu lui coûter la vie, sans la surveillance de serviteurs dévoués. « 11 
venait d'acheter la Malmaison de M. Lecoulteux de Canteleu. La pré- 
sence d'ouvriers nombreux pour diverses réparations et l'allure de 
quelques-uns qui, par leur tenue et leur langage, semblaient étran- 
gers à leur profession, fit naître des soupçons. 

<i En faisant une tournée d'examen, on trouva sur le bureau devant 
lequel il avait coutume de s'asseoir dans son cabinet de travail une 
tabatière en tout semblable à celle dont il se servait habituellement. 
On s'imagina d'abord que cette tabatière avait été oubliée ou posée là 
par un valet de chambre, mais les doutes inspirées par la tournure équi- 
voque de quelques-uns des faux marbriers ayant pris plus de con- 
sistance, on (it faire l'analyse du tabac que contenait la tabatière... 
il était empoisonné, » (Constant, Mémoires.) 



52 LES lOLIlMSSKURS \)E NAPOLl':ON l'''' 



VT 



Parmi les tabatières emportées par Napoléon à Sainte-Hélène, il y 
on avait une avec un Pierre le Grand, sur le couvercle, une autre 
avec un Charles-Quint, une troisième avec un Turenne ; d'autres 
enfin, dont il se servait journellement étaient couvertes de médail- 
lons rassemblés de César, d'Alexandre, de Sylla, de Mithridate, etc. 
Venaient ensuite quelques riches boites serties de brillants, ornées de 
son chinVe ou de son portrait ; mais ces dernières étaient de celles 
qu'il réservait on présents. (Comte de Las Cases, Mémorial.) 



cil API TUE M 



L'ETiaUETTE DANS LES PALAIS IMPERIAUX 



L'Empereur lenait à ce que l'étiquelte fut rigoureusement observée 
dans toutes les réunions ayant un caractère officiel. Il n'y avait de 
fauteuils que pour lui et l'Impératrice. Madame Mère « eu égard à 
son âge » put s'asseoir aussi sur un fauteuil. Des chaises et des pliants 
c'taient réservés aux autres membres de la famille impériale, sans 
exception. 

Dans certaines grandes cérémonies où l'Empereur et l'Impératrice 
occupaient le trône, eux seuls étaient assis. Les grands personnages 
placés suivant leur rang, derrière et sur les côtés, restaient debout. 

Lorsque l'Empereur devait assiter dans une église à quelqye céré- 
monie, on plaçait un dais au-dessus de son fauteuil. 

Pour les cas embarrassants, on se reportait à ce qui s'était fait sous 
la monarchie précédente, ainsi lors du mariage de l'Empereur avec 
Marie-Louise, il voulut qu'on procédât de même que pour Marie- 
Antoinette. 



II 



Les loges de l'Empereur dans plusieurs théâtres de Paris étaient 
tendues de velours cramoisi relevé de bois doré et meublées par le 
Mobilier national. Nous ne trouvons pas de notes concernant cet ameu- 
blement, mais il est facile de s'en faire ime idée par ce que fut la loge 
de Louis XVIII. 



•it LKS FOURNISSEURS DE NAPOLÉON l'^'" 

Lcl'2 mai 1814, M. de Rt'miisat, surintendant, des spectacles, don- 
nant l'ordre défaire porter dans la loge du Roi à l'académie royale de 
niusi(|ue : < un fauteuil très large pour le Roi, une chaise toute prête 
pour servir au besoin, un pliant pour M"^'" la duchesse d'Angoulème et 
cinq tabourets. « 

Prenons connaissance de lettres et notes oniciclles e'changces au 
sujet de l'étiquette dans les Palais Impériaux. 

Lettre du duc de Cadore à M. Desmazis, administrateur du mobilier 
de la Couronne, 15 décembre 1809. 

« Je vous renvoie, Monsieur, l'état des meubles d'étiquette à faire 
pour le Palais des Tuileries, que vous m'avez adressé. J'y ai fait quel- 
(jues observations. 

< En général, il ne faut par palais que quelques-uns de ces fauteuils 
d'étiquette et, dans les dispositions d'ameublement, il faut faire en 
sorte que pour avoir un plus grand nombre de fauteuils de même 
espèce, on puisse réunir ceux de divers appartements pourvu que par 
palais on puisse faire trois bons assortiments, cela suffit. » 

Décision de C Empereur du ^janvier 1811. 

« L'Intention de l'Empereur est que quand il tient ses conseils 
d'administration, il n'y ait de chaises que pour les Ministres d'Etat et 
les Grands Officiers de l'Empire. 

« Les ingénieurs, les maîtres des requêtes et les conseillers d'Etat 
qui seraient appelés à ces conseils devront être assis sur des tabou- 
rets. 

« Quant aux conseils privés organisés [conforme'ment aux consti- 
tutions, il y aura des chaises pour tous les membres qui y seront 
appelés, excepté pour les auditeurs et autres personnes qui y assiste- 
raient sans faire partie du Conseil privé. » 

Signé : « le Comte de Montesquiou.> 

Cette autre décision, datée du :23 février, est ajoutée après la signa- 
ture : 

« Aux Conseils de l'Université : le grand maître aura une chaise. » 

Décision pour l'étiquette des Palais, datée de Compiègne le 12 sep- 
tembre 1811, signée de l'Empereur et contresignée du Ministre secré- 
taire d'Etat ï le Comte Daru » : 



L ÉTIQUETTE DANS LES PALAIS IMPÉRIAUX 55 

« Dans les appartements d'honneur et de représentation, il ne sera 
réservé de fauteuils que pour l'Empereur et l'Impératrice. Madame, eu 
égard à son âge, s'assoira aussi sur un fauteuil. Toutes les autres per- 
sonnes y compris les princes et princesses de la famille Impériale, qui 
seront dans le cas de s'asseoir dans les appartements d'honneur et de 
représentation, auront des chaises, ou des pliants, s'il n'y a pas de 
chaises. Cependant on donnera des chaises à dos aux princesses de la 
famille Impériale qui seraient enceintes. 

« Dans le cas où il viendrait à la cour des souverains étrangers, il 
sera fait à leur égard un cérémonial particulier, 

« L'Empereur, l'Impératrice et le Roi de Rome, seuls peuvent avoir 
leur voiture attelée de huit chevaux et avoir une escorte d'honneur. 

« Les princes et princesses de la famille Impériale n'ont jamais 
descorte d'honneur et ont leurs voitures attelées de six chevaux. 

« Les souverains étrangers qui viennent à la cour, n'ont aucune 
escorte d'honneur, et leurs voitures attelées à huit chevaux que d'après 
une décision signée par Sa Majesté. 

« Dans les cérémonies pour lesquelles Leurs Majestés sont sur le 
trône ou sous un dais, excepté celles qui ont lieu au Sénat et au Corps 
législatif, ainsi que les grands couverts, l'Empereur et l'Impératrice 
seuls sont assis sur des fauteuils. Toutes les autres personnes, princes 
et princesses, grands dignitaires, etc., restent debout etplacés suivant 
leur rang. » • 

Le 25 novembre 1811, le duc de Cadore écrivait à M. Desmazis : 

« J'ai l'honneur de vous envoyer, monsieur, les copies de deux 
décisions de Sa Majesté concernant l'étiquette du Palais, et qui doivent 
servir de règle pour l'ameublement. 

« Sa Majesté se plaint de ce qu'on met trop de fauteuils dans les 
appartements. A Compiègne, par exemple, le salon de l'Impératrice 
est meublé en pliants et fauteuils et celui qui le précède en fauteuils 
et chaises. Je vous prie de vous conformer exactement aux décisions 
que je vous envoie, soit dans les ameublements à faire ou à renouve- 
ler, soit dans l'arrangement des anciens meubles existant dans les 
palais. » 



LKs FoinMSSi'rr.s dk napoléon T'" 



II 



Extrait de diverses notes relatives à l'étiquette, inscrites au petit 
registre. 

« L'étiquette est à observer pour le grand appartement de repre'- 
sentation et pour les apparlcmenls d'iionneur. Elle n'est pas suivie 
pour les appartements intérieurs qui se garnissent de tous les meubles 
nécessaires. 

Il y a des petits appartements pour lesquels il n'y a point d'éti- 
quette. 

Dans les appartements d'bonneur et de représentation, il faut de 
la noblesse dans l'ameublement. On réservera la riebesse pour le 
salon principal. 

Les anticbambres doivent avoir des lanternes, et les salons des 
lustres. 

Dans les rendez-vous de chasse, il n'y a point d'étiquette. Ils doivent 
être meublés suivant leur objet. 

Les loges aux différents théâtres doivent être meublées suivant l'éti- 
quette, ainsi que les tribunes à la chapelle. Leur ameublement en 
général doit avoir une couleur uniforme, velours cramoisi et bois 
doré, par exemple. Les places réservées pour les princes et princesses 
de la famille seront meublées de la même manière afin d'être distin- 
guées des autres places. 

Il y aurait avantage à avoir dans les châteaux, plusieurs pièces 
meublées de même afin d'avoir une plus grande quantité de meubles 
et de pouvoir les réunir au besoin dans la même pièce. » 

Grands appartements et apparteinents d'honneur. 

« Les antichambres et les premiers salons seront meublés en ban- 
quettes larges et tabourets de même, recouverts en tapisserie de la 
Savonnerie ; les portières et paravents seront de la même étoffe; il n'y 
aura point de rideaux. On fournira pour ces pièces les tables et le 
nombre de lits de sangles nécessaires pour le service. 

Les deuxièmes salons d'attentes, salles à manger, de musique et 
de jeux, salons des princes, et autres grandes pièces seront meublées 
de deux fauteuils seulement pour Sa Majesté, et d'un nombre suffi- 
sant de pliants et tabourets recouverts en tapisserie ou étoffe de soie ; 



l'étiquettr dans les palais I'MI>1':RIAUX o7 

les rideaux, portières et paravents seront de même étofîe ; on y ajou- 
tera quelques consoles avec des candélabres. 

Chambre conseil. Une grande table ronde recouverte d'un riche 
tapis, un seul fauteuil, des chaises en maroquin autour de la table et 
des tabourets pliants autour de l'appartement. 

Chambre à coucher. Un fauteuil de chaque côté du lit, un fauteuil 
de toilette, un canapé, des tabourets pliants, commode et rideaux, 
écran, portières de la même étoffe que le meuble. 

On aura des pendules dans les principales pièces et surtout dans 
celles de service. 

Il y aura des housses pour tous les meubles ; on ne les ôlera que 
les jours de cérémonies et dans les châteaux où sera le souverain. » 

Petits aj)partements et appartements intérieurs. 

a Les appartements seront meublés de toute espèce de meubles, 
sièges à dossiers et point de tabourets pliants. 

Si la salle à manger fait partie des petits appartements, elle sera 
garnie de chaises en nombre suffisant avec un fauteuil pour Sa Ma- 
jesté. 

Si Sa Majesté mange dans une des pièces des grands appartements 
ou appartements d'honneur, on se servira de l'un des fauteuils et des 
tabourets pliants qui doivent y être. » 

Chapelle. 

« Dans la tribune, un tapis sur lequel sera un tapis pour Sa Majesté 
avec un carreau pour s'agenouiller, A droite et à gauche, des tabou- 
rets pliants pour les princes et princesses, et tabourets bas pour 
s'agenouiller. Derrière, des banquettes pour les dames. 

Lorsque, pour une cérémonie, Sa Majesté sera dans le cas d'aller 
dans la chapelle ou dans une église, il sera placé dans le choeur un 
lapis avec un fauteuil et un prie-Dieu recouvert en velours pour Sa 
Majesté, et à droite et à gauche, des tabourets pliants pour les princes 
et princesses. 

Dans les églises on placera un dais au-dessus du fauteuil de Sa 
Majesté. 

En général, on doit tenir retournés les fauteuils de Sa Majesté dans 
les pièces où il ne va pas ordinairement. » 



58 



LES FOURNISSEURS DE NAPOLl':ON f 



IV 



M OBI LIEU IMPERIAL 



Rcnscignemenls demandés à S. K. le grand maréchal du Palais sur 
la nature et la qiianlilé de meubles d'éliquelle nécessaires dans cha- 
cune des pièces dont la désignation suit : 



REPONSES 

1. Panqueltes en velours d'Ulrecht 
ou de la Savonnerie ; bureau en bois 
noirci; fauteuil de veille; rideaux 
de couleur analogue. 

2. Hanquettes et tabourets en Sa- 
vonnerie ; bureau en bois noirci ; ri- 
deaux de couleur analogue. 

3. Pliants en Beauvais, bois dorés 
en partie ; table ou bureau en bois 
français ; rideaux de couleur ana- 
logue. 

4. Pliants et quelques chaises en 
Beauvais, bois dorés ; rideaux en 
Beauvais ; meubles analogues. 

5. Deux fauteuils pour le trône et 
pliants en velours cramoisi, galon 
d'or, tenture idem ; rideaux Idern ; 
point de meubles meublants, comme 
consoles, etc. 

G. Six fauteuils, douze chaises et 
pliants en Gobelins, bois dorés ; ri- 
deaux analogues ; meubles dorés. 

7. Banquettes et tabourets en 
Beauvais ; bois et meubles dorés ; ri- 
deaux analogues. 

8. Comme 7. 

9. Comme ci-dessus. Avoir pour 
Tappai tement quelques fauteuils et 
chaises assorties que l'on pourrait 
au besoin transporter dans les pièces 
que l'on désignerait. 



DESIGXATION' DES PIECES 

Antichambre ou salle des gardes. 



Salon des officiers de garde et des 
pages. 



Salon des officiers de la maison ou 
salon de service. 



Salon des princes. 



Salon du trône. 



Salon, ou grand cabinet de l'Em- 
pereur, 

Galerie. 



Salle de banquet. 
Salle de concert. 



l'étiquette dans les palais impériaux 
10. Comme 1. 



5& 



11. Comme 1. 

12. Comme 2. 

13. Comme 4. 

IL Comme 6, et canapé. 

1j. Tous les meubles meublanfs 
nécessaires, chaises et fauteuils, de 
grandes tables ; le bureau de Sa Ma- 
jesté. 

10. Point d'étiquette particulière; 
les meubles nécessaires. 

17. Idem. 

18. Comme celle des Tuileries. 

19. Point d'étiquette ; les meubles 
nécessaires. 

20. Idem. 



Grand appartement de Sa Majesté 
l'Empereur ; antichambre ou salle 
des gardes. 

Salon des huissiers. 

Salon des pages et des officiers de 
garde. 

Salon de service. 

Salon de l'Empereur. 

Cabinet de Sa Majesté ou topogra- 
phique. 



Bibliothèque. 

Pièces des secrétaires d'État. 
Chambre à coucher. 
Cabinet de toilette. 

Cabinet de bain. 



Apparlement d'habilation de S. M. l'Impératrice. 
21. Comme 1. 



22. Comme 1. 
2.3. Comme 2. 

24. Comme 3. 

25. Comme 4. 

26. Comme 6. 

27. Comme 6, et canapé. 

28. Point d'étiquette, suivant le 
besoin. 

29. Point d'étiquette, suivant le 
besoin. 

30. Idem. 

31. Idem. 



Antichambre ou salle des gardes. 

Salle des huissiers. 

Salle des officiers de garde ou des 
pages. 

Premier salon. 

Deuxième salon. 

Grand salon. 

Petit salon. 

Cabinet de Sa Majesté. 

Bibliothèque. 

Chambre à coucher. 
Cabinet de repos ou boudoir. 



co 



LES KOUnXISSEUnS DE NAPOLÉON 1*^ 



:!2. l'oint d'cUfjuettc, suivant le ('abinet de loiletle. 

besoin. 



33. llnn. 



Salle des bains. 



PcUts apparloncnls de rh'tnpereur et de VImpéralrice. 



34. Toute espèce de meubles de 
goût, commodes et agréables. 



Quel genre de meubles peut-on 
employer dans les diverses pièces 
qui les composent ? Est-ce dans ces 
appartements seulement qu'on peut 
placer des canapés, des meubles en 
gondoles et autres objets de goiU, 
de mode ou de fantaisie ? 



• Appartement de?. Princes. 

Les antichambres en papier, les Quelles sont les pièces qu'on doit 

salons en tapisserie, les chambres à décorer en papier et celles qu'on doit 

coucher et pièces intérieures, en orner de tapisseries ou en étoffes de 

étoffes de soie. soie? 



Comme l'appartement d'honneur 
de Sa Majesté. 



Certainement. 



Quand il y a un appartement de 
prince souverain dans un palais, 
laut-il le meubler suivant l'étiquette 
qui sera prescrite pour les apparte- 
ments d'habitation de Leurs Majes- 
tés. 

Faut-il user de même pour l'ap- 
partement du Roi de Home et des 
enfants de France? A l'exception 
toutefois des objets nécessaires à 
leur usage. 



Grands Officiers. 



Dans les pièces de représentation. 



{Archiv. nat. O^ooG.) 



Faut-il metlre des tentures en 
soie ou en tapisserie dans les 
chambres seulement des grands offi- 
ciers ou dans les salons ainsi que 
dans les chambres à coucher? 



CHAPITRE VII 



L'ETIQUETTE DU FALAIS IMPERIAL 



Sous ce titre nous trouvons aux Archives nationales (0-137) des 
renseignements détaillés sur les attributions des six grands officiers 
de la Couronne composant la maison de l'Empereur : le grand aumô- 
nier ; le grand maréchal du palais ; le grand chambellan ; le grand 
écuyer ; le grand veneur ; le grand maître des cérémonies. Ces grands 
officiers ont, sous leurs ordres, tout un personnel dont les fonctions 
sont bien définies. 

Les colonels généraux de la garde, les aides de camp de l'Empereur 
et les pages, faisaient aussi partie de la maison impériale. 

Les attributions de chaque service mûrement étudiées par une com- 
mission sous la présidencede l'Empereur, forment dans leur ensemble 
un code du cérémonial que chacun devait connaître à la cour. Nous 
allons en donner quelques extraits. 



II 



Le graxd aumônier. — II baptise les enfants dont l'Empereur est 
parrain. Il règle la dépense de la chapelle, sur les fonds destinés à cet 
effet. Il nomme les prédicateurs de la cour. Il délivre les prisonniers 
que Sa Majesté fait mettre en liberté à certains jours solennels. En 
cas d'absence du grand aumônier, le premier aumônier remplit ses 
fonctions. 



<',2 LKS FOIRMSSKURS DE NAPOLl'ON l'^'' 

Le grand M.vuKciiAi. iju l'ALAis. — Scs iiLLribiiLiuns suiil : le coininau- 
<lement niilil.-iirc dans les palais impériaux et leurs dépendances, la 
surveillance de leur entretien, embellissement et ameublement, la 
distribution des logements. 

Le service de la bouche, les tables, le chaufTage, l'éclairage, l'argen- 
terie, la lingerie et la livrée. 

Il propose à Sa Majesté la distribution du service militaire à établir 
pour la garde du palais. 11 est chargé du commandement de la police 
dans les palais impériaux, commande au détachement de la garde 
impériale qui y fait le service... donne les mots d'ordre... 

Il prend les ordres de l'Empereur pour les logements que Leurs Ma- 
jestés, leurs officiers et les gens attachés à leurs services doivent occu- 
per dans les différents palais impériaux, à l'armée et dans les voyages. 

A l'armée et en voyage, le grand maréchal du palais est chargé de 
pourvoir au logement de Leurs Majestés. 

Les logements marqués par ordre du grand mare'chal du palais, 
pour le service de Leurs Majestés, les personnes de leur suite et pour 
la garde impériale, ne peuvent plus être pris par aucune autre per- 
sonne, quels que soient son rang et ses fonctions et pour aucun autre 
service. 

Lorsque Sa Majesté arrive, ou fait sa première entrée dans un de 
ses palais, le grand maréchal la reçoit à la porte, la précède et la con- 
duit dans les appartements où elle peut désirer aller. 

Il prévient Leurs Majestés, quand le repas est servi, les conduit jus- 
qu'à la table et les reconduit de même après avoir fait son service 
d'échanson en offrant à boire à l'Empereur. 

Le bureau de poste établi dans chacun des palais impériaux est 
sous la surveillance du grand maréchal du palais. Il est logé et a une 
table servie aux dépens de la Couronne. 

M. de Las Cases nous donne de curieux détails sur la liste civile et 
les dépenses de la maison de l'Empereur, d'après diverses conversa- 
tions avec l'auguste captif. Voici, dit-il, ce que j'en ai recueilli : 

« La table était d'un million, et pourtant le dîner de la personne 
de l'Empereur n'était dans ce compte, que pour cent francs par jour. 
Jamais on n'a pu arriver à le faire manger chaud, parce qu'une fois 
au travail on ne savait jamais quand il quitterait; aussi l'heure du 
dîner venue, on mettait pour lui des poulets à la broche de demi- 
heure en demi-heure, et l'on en a vu rôtir des douzaines avant 
d'atteindre celui qui lui a été présenté. 



l'étiquette du palais impérial 63 

« De là on est passé aux avantages d'une bonne comptabilité. 
LEmpereur citait surtout sur ce point MM. de Mollien et La Bouil- 
lerie. Le premier avait ramené le trésor public à une simple mai- 
son de banque ; si bien que l'Empereur, dans un seul tout petit 
cahier, avait, disait-il, constamment sous les yeux, l'état complet de 
ses affaires, sa recette, sa dépense, ses arriérés, ses ressources, etc. 

« L'Empereur disait avoir eu dans ses caves, aux Tuileries, jusqu'à 
cent millions en or, qui étaient tellement à lui, qu'il n'en existait 
d'autres traces qu'un petit livret dans les mains de son trésorier par- 
ticulier. Tout s'est fondu à mesure et surtout lors des revers, dans 
les dépenses de l'Etat. Comment aurait-il pu, disait-il, songer à s'en 
réserver quelque chose ? Il s'était identifié tout à fait avec la na- 
tion. 

« Il disait encore avoir fait entrer en France, plus de deux milliards 
de numéraire, sans compter tout ce que les individus pouvaient en 
avoir rapporté pour leur propre compte. » 



III 

Gouverneur du palais. — Le gouverneur du palais est chargé, sous 
les ordres du grand maréchal, et pour les palais dont il est le gou- 
verneur, de tous les détails du commandement militaire et de la 
police du palais, de la surveillance des bâtiments et leur mobilier, de 
la propreté des appartements, cours et jardins, de la distribution des 
logements, etc.. 

Préfet du palais. — Le premier préfet du palais supplée le grand 
maréchal du palais, pour le service de la bouche, de l'éclairage, du 
chauffage, de la lingerie, de la livrée, etc. Il partage le service avec 
les préfets... 

IV 

Le grand cuambellan est le chef de tout le service de la chandjre ; 
il est l'ordonnateur général de toute les dépenses de ce service ; il 
jouit de tous les honneurs et de toutes les distinctions attribués aux 
grands ofliciers par le règlement général de la maison. 

Aux banquets et festins publics donnés par l'Empereur, il présente 
à laver à Sa Majesté avant et après le repas. 



Ci LKS FOURMSSELT.S DH NAPOLKON l''' 

Il prend les ordres de Sa Majesté pour les présents qu'elle désire- 
iMJl l'aire aux têtes couronnées, princes, ambassadeurs et autres (pii 
devront être payés par sa cassette. Il les fait confectionner, en arrête 
le prix et en ordonne le paiement de même qu'à tous les objets sou- 
mis à sa surveillance particulière. 

Quant au service, il fait celui d'honneur de préférence à tout autre 
chambellan, il peut aussi faire le service ordinaire, il en a la surveil- 
lance et l'inspection. 

Le premier cuambellan remplit les mêmes fonctions que les cham- 
bellans, il peut aussi faire le service comme eux, et, à son tour, il est 
placé à la tête de la liste des chambellans; par une attribution par- 
ticulière, il est maître de la garde-robe. 

11 vérifie et arrête tous les comptes de dépenses pour le service de 
la chambre, qui sont ensuite visés et arrêtés par le grand chambel- 
lan. 

Comme maître de la garde-robe, il est spécialement chargé de tout 
ce qui la concerne, il a, en conséquence, l'ordonnance et la surveil- 
lance sur tous les objets qui la composent, comme habits, linge, den- 
telles, chaussures, grand et petit costume, cordons et colliers de la 
Légion d'honneur, et autres, ainsi que les diamants, bijoux, etc., 
appartenant à Sa Majesté. 

Tous les ouvriers, travaillant pour les objets dont il a la surveil- 
lance, reçoivent les brevets du grand chambellan. 

S'il assiste à la toilette de l'Empereur, il lui passe lui-même son 
habit, lui attache le cordon ou le collier de la Légion d'honneur et 
lui présente son épée, son chapeau et ses gants, h^rsque le grand 
chambellan est absent. 

Il a la confection et l'entretien des diamants de la Couronne ; mais 
il les remet en garde au trésorier général de la Couronne qui ne peut 
les confier que sur la demande écrite du grand chambellan, ou sur un 
ordre direct de l'Empereur pour les diamants à son usage et sur une 
demande écrite de la dame d'honneur ou de la dame d'atours, pour 
les diamants à l'usage de l'Impératrice. 

Les chambellans. — 11 y en a au moins quatre de service par tri- 
mestre, qui le font sans aucun tour de droit, mais qui sont désignés 
par Sa Majesté à la fin de chaque trimestre, sur la présentation du 
grand chambellan. 



l'étiquette du palais IMFÉUAL 65 

11 y a toujours au palais, deux chauibellans de jour, dont un pour 
le grand appartement de représentation, et un pour l'appartement 
d'honneur de l'Empereur ; ils sont relevés tous les huit jours. 

Les chambellans de jour sont chargés d'introduire, près de Sa Ma- 
jesté, les personnesqui peuvent être admises près d'elle, ou auxquelles 
elle veut parler... 

Ce sont eux qui présentent à l'Empereur toutes les demandes d'au- 
diences particulières et qui préviennent de celles que Sa Majesté 
accorde. 

Chambellan de l'impératrice. — La dame d'honneur a, dans la mai-* 
son de l'Impératrice, les mêmes droits, prérogatives et honneurs que 
le grand chambellan dans la maison de l'Empereur. 

Pour tous les objets de service, la dame d'atours remplace la dame 
d'honneur. 

Il y a trois chambellans de service par trimestre, auprès de l'Impé- 
ratrice qui sont désignés par Sa Majesté à la fin de chacun. Il y a tou- 
jours, dans l'appartement de Sa Majesté Impériale, un chambellan de 
jour; il est relevé tous les huit jours. 

Le premier chambellan fait le service à son tour, comme les autres 
chambellans ; il est placé à la tête de la liste. 

Il est présent aux audiences de cérémonie et se tient derrière le 
fauteuil de Sa Majesté, à gauche, le premier écuyer étant placé à 
droite. 

Le chambellan introducteur près de l'Impératrice introduit auprès 
de Sa Majesté les ambassadeurs et étrangers ; en son absence, il est 
remplacé par un chambellan désigné par la dame d'honneur. 



Fonction et attribution du grand écuyer et des officiers de son 
SERVICE. — L'écurie et ses différents services, les pages, les coureurs, 
les armes de guerre de Sa Majesté, la surveillance et la direction 
des haras de Saint-Cloud, forment les attributions du grand écuyer. 

Il ordonne tout ce qui est relatif aux voyages et désigne les places 
que chacun doit avoir. 

Il y a la distribution de tous les logements dans les bâtiments affec- 
tés par le grand maréchal au service des écuries, pages, etc. 

5 



00 Li:s fouhmsselus de napoléon i" 

II |tr('vi(Mit les personnes que Sa Majcslé admet à monter sur ses 
<'lievaux ou dans ses voitures. 

Il accompagne toujours Sa Majesté à l'arme'e. 11 porte à l'armée, en 
l'absence du connétable, l'épée de Sa Majesté. Si le cheval de Sa 
Majesté est tué, ou vient à tomber, c'est à lui à le relever et à lui 
«illVir le sien. 

A l'armée, le grand écuyer loge aussi près que possible de Sa 
Majesté afin de se trouver toujours près d'elle, quand elle sort ; il y 
prend lui-même ses ordres à son lever et à son coucher. 

Il partage à cheval la croupe de celui de Sa Majesté avec le colo- 
nel général de service ; il est à gauche, afin de se trouver toujours 
au monloir. 

Dans les défilés ou sur un pont étroit, il suit immédiatement Sa 
Majesté afin d'être à même de prendre son cheval si elle voulait 
mettre pied à terre, ou de la soutenir au besoin. 

En cortège ou en route, il va dans la voiture qui précède Sa 
Majesté, celles des princes de la famille Impériale ou de l'Empire. 

Il présente à Sa Majesté ceux de MM. les pages qui, ayant atteint 
leur dix-huitième année, sont dans le cas de passer dans les corps de 
l'armée. 

Il est logé par la couronne et se sert des gens, chevaux et voitures 
de Sa Majesté. 

Au grand couvert, il donne le fauteuil à Sa Majesté pour se mettre 
à table, il le retire pour qu'elle se lève ; il se tient à sa gauche. 

Il soutient Sa Majesté du côté droit pour monter en voiture ou en 
ilescendre, dans les cérémonies et toutes les fois qu'il se trouve près 
d'elle. 

Il marche immédiatement devant Sa Majesté quand elle sort de ses 
appartements pour monter à cheval, lui donne la cravache, lui 
présente le bout des rênes etl'étrier gauche; il la soutient aussi pour 
jnonter à cheval... 

Il surveille particulièrement l'instruction des pages et tout ce qui 
lient à leur nourriture et leur entretien. 

Le premier écuyer surveille les écuries sous l'autorité du grand 
écuyer dont il remplit les fonctions en son absence. 

Le premier écuyer de Sa Majesté l'Impératrice remplit près d'elle 
les fonctions de chevalier d'honneur ; il lui donne la main de préfé- 
rence à tout autre ; il est présent aux audiences que donne Sa 
Majesté, et se tient derrière son fauteuil. 



L ÉTIQUETTE DU PALAIS IMPÉRIAL 67 

Il accompagne toujours rimpératricedaus ses voyages ; il ordonne 
el dirige tout ce qui y est relatif, désigne les places de chacune, etc. 



VI 



Les pages. — H y a trente-six pages au moins et soixante au plus. 
Les deux premiers passent à dix-huit ans dans les corps de l'armée, 
avec le grade de lieutenant, les autres avec celui de sous-lieutenant. 

Quant Sa Majesté se sert de voiture de cérémonies, il en monle 
autant que possible derrière la voiture et six derrière le cocher. 

Les pages font le service dont Sa Majesté juge à propos de les 
charger. Ils sont à cheval, précédés d'un palefrenier. 

Sous quelque prétexte que ce soit, les pages porteurs d'ordre de 
Leurs Majestés ou de Leurs Altesses Impériales soit par écrit, soit 
verbal, ne peuvent se dispenser de le rendre directement à la 
personne que l'ordre concerne, fùt-elle malade et même gardant le 
lit. 

On ouvre les deux battants aux pages porteurs d'ordre de Leurs 
Majestés On les reconduit jusquà la porte extérieure de l'anti- 
chambre. 

Le gibier tué au tiré de Sa Majesté appartient au premier page. 

Les deux premiers pages suivent de préférence Sa Majesté à lar- 
mée ou dans ses voyages ; ils peuvent faire le service d'aide de camp 
de Sa Majesté. 

Les pages servent Leurs Majestés à table au grand couvert et dans 
les appartements d'honneur. 



VII 



Fonctions et attributions du grand veneur. — La vénerie et tout ce 
qui a rapport aux chasses à courre et à tir dans les bois et forêts du 
domaine de la couronne. 

Les armes de chasse de l'Empereur. 

Les princes, les grands officiers de l'Empire, tous les généraux, 
colonels sont admis à chasser avec l'Empereur, ils se font inscrire 
chez le grand veneur, qui prend les ordres de Sa Majesté. 



r.s Lr.s iOLn\issi:rRS nu \apoli^:on i'^'' 

11 veille ;'i renlrelieu et ameublement des rendez-vous de chasse. 
11 nomme les coneierges de ces rendez-vous. 

A lâchasse à tir, 1»^ colonel général de service se place à la droite 
de Sa Majesté, le grand veneur à la gauche; si Sa Majesté leur 
permet de tirer, ils conservent la même place. 

Le grand veneur désigne la place de toutes les autres personnes 
admises à tirer à la chasse de Sa Majesté. Il fait prévenir les 
étrangers et les autres personnes que Sa Majesté admet à l'honneur 
de chasser avec elle. 11 donne Tautorisalion de porter l'uniforme de 
chasse. 

La louveteric est dans ses attributions. 

11 est logé par la Couronne et se sert, puur le service, des gens et 
et chevaux de la vénerie. 



Y 111 



Fonctions et attributions du grand maître des cérémonies. — Le 
grand maître des cérémonies jouit des prérogatives attribuées aux 
grands officiers de la Couronne ; il règle les rangs et les préséances, 
dans toutes les réceptions, fêtes, présentations, cérémonies publiques 
et solennelles, ctc 



IX 



Les aides de camp de l'Empereur sont au nombre de douze. 

11 y en a au moins quatre de service, par trimestre. L'aide de 
camp de jour, relevé toutes les vingt-quatre heures, doit avoir 
toujours un cheval sellé ou une voilure attelée à sa portée, dans une 
remise du palais... 



CHAPITRE VIlï 



LE JEU A LA COUR DE NAPOLEON 



I 



Napoléon n'aimait pas le jeu, dit l'auteur des Mémoires de Dour- 
rienne, « et c'était fort heureux pour les personnes invitées à ses 
cercles, car lorsqu'il était à une table de jeu, comme il se croyait 
quelquefois obligé de le faire, rien n'était plus ennuyeux que le salon 
soit du Luxembourg-, soit des Tuileries ». (T. III, p.. i2:29.) 

Dans rintimité, l'Empereur éprouvait parfois un certain plaisir à 
tricher, mais les enjeux étaient peu élevés et, en se levant de table, il 
rendait l'argent gagné. 

Consultons M'"*^ de Rémusat: « Le jeu à la cour de l'Empereur, écrit- 
elle dans ses Mémoires, entrait seulement dans le cérémonial. Il ne 
voulut jamais qu'on jouât d'argent chez lui ; on faisait des parties de 
whist et de loto ; on se mettait à une table pour avoir une contenance 
mais le plus souvent on tenait les cartes sans les regarder et on cau- 
sait. » 



II 



L'impératrice Joséphine aimait à jouer même sans argent et faisait 
réellement un whist. Sa partie, ainsi que celle des princesses, était 
établie dans le salon qu'on appelait le Cabinet de l'Empereur et qui 
précède la galerie de Diane. 

Elle jouait aussi avec les plus grands personnages qui se trouvaient 
dans le cercle étranger, ambassadeurs ou français. Les deux dames 



er 



70 Li;S FOURMSSr.URS DE \APOLl';0\ I 

(lo seniaint> «lu jialais clcmeurnient assises derrière elle, un cliam- 
bellan près de son fauteuil. Taudis qu'elle jouail, toutes les per- 
sonnes qui remplissaient les salons venaient les unes après les autres 
lui faire une l'évé ronce. 

Les sœurs et les frères de Bonaparte jouaient et faisaient inviter à 
leurs parties par leurs chambellans; do même sa mère, qu'on appela 
Madame Mère, qu'on fît princesse et à qui on donna une maison. 

Tout le reste de la cour jouait dans les autres salons. l/Empereur 
se promenait partout, parlait à droite et à gauche préce'dé de quel- 
ques chambellans. 



III 



Dans les premiers temps de son exil à Sainte-IIe'lène, Napoléon 
consacrait au reversi une partie de ses soirées. C'était, disait-il, le jeu 
de sa jeunesse. « Il pensait, écrit M. de Las Cases, qu'il pouvait s'en 
amuser longtemps ; il ne tarda pas à se détromper; du reste, nous le 
jouions avec toutes ses variantes, ce qui amenait beaucoup de mouve- 
ment; j'ai vu jusqu'à lo ou 18,000 fiches de remises. J^'Empereur 
essayait presque à chaque coup de faire le reversi, c'est-à-dire de faire 
toutes les levées ; ce qui est assez difficile, et cela lui réussissait néan- 
moins souvent : le caractère perce toujours et partout. On se retirait 
do dix à onze heures. » [Mémorial de Sainte-Hélène.) 



IV 



En 1811, Dklatrr, cartier, Au Roi Salomon, livre pour l'Empe- 
reur : cent sixains de cartes entières, vélin, bOO fr. — Cinquante 
sixains de cartes de piquet, vélin, 150 fr. 

IJADin', successeur de Delàlre, fabricant de cartes, rue Helvétius, 
fait la même année, une fourniture semblable : cent sixains, cartes 
enlières, vélin, oOO fr. — Cinquante sixains, cartes de piquet, vélin, 
180 fr. — Les jeux de piquet avaient subi une légère augmentation. 
{Arch. nal. 0-34.) 

On ne jouait pas seulement aux cartes, à la cour de Napoléon; les 
dames, les échecs et le loto dauphin y étaient aussi en faveur. Des 
livraisons faites par Biexnais, du 17 janvier au 2 octobre 1810, nous 



LE JEU A LA COLR DE NAPOLÉON 71 

montrent par leur importance, le développement que prenaient ces 
jeux : six damiers en noyer, en merisier : 83 fr. — Deux damiers 
d'acajou, avec dames d'ivoire vertes et blanches : 280 fr. — Deux 
échiquiers, dont un en ivoire et cbène et l'autre en acajou, avec 
incrustations, 170 fr. — Quatre jeux d'échecs ordinaires, 54 fr. — 
Quatre jeux d'écliecs, dont deux en bois de rose et deux en ivoire et 
ébène, 308 fr. — Une boîte de fiches en nacre de perle, les paniers 
en acajou et la boîte en bois de racine, 320 fr. — Cinq boites de fiches 
en ivoire, décor en réserve, 420 fr. — Quatre boîtes de fiches ordi- 
naires, 32 fr. — ■ Douze râteaux en bois de rose, avec cuillers dessus, 
pour loto dauphin, 144 fr. (Arch. nat. 0'34.) 

Bien d'autres mémoires de ce genre, qui nous échappent, furent 
présentés par Rienxais ; nous savons que, dès 1804, il livrait pour 
l'Empereur, à Fontainebleau, de riches tables de quadrille, des jeux 
de dauies et d'échecs et une boîte de fiches en ivoire teinté en réserve 
{Arch. nat. 0'o6T.) 



CHAPITHi: l\ 



LE PERSONNEL DU CABINET DE L'EMPEREUR 



Baron Fain, secrétaire du Cabinet, 2o,000 fr. — Jouanne et de Rumi- 
GNY, premiers commis du Cabinet, chacun 12,000 fr. — Baron Bâcler 
d'Albe, directeur du Cabinet topographique, 12,000 fr. — Duvivier, 
ingénieur géographe, 6,000 fr. — Lameau, ingénieur géographe , 
archiviste, 6,000 fr. — ... chef du bureau de traduction, 6,000 fr. — 
... sous-chef, 4,000 fr. — Jaubert, Nolwille, Kermelle, traducteurs, 
chacun 3,000 fr. — Lurtaud, traducteur, 2,400 fr. — Bary, archiviste 
6,000 fr. — Landoire et Dejean, gardes du portefeuille, 4,800 fr. — 
Deux expéditionnaires, à 1,800 fr. chacun. — Cinq garçons de bureau, 
à 1,500 fr. 

La somme alTectée au paiement des employés et frais de bureau 
du Cabinet de l'Empereur, s'élevait à 210,000 fr. 



CHAPITRE X 



LES CHAMBELLANS 



Etat des chambellans et de leurs traitements pour l'année 1807. 

MM. DE Talleyrand grand chambellan, 40,000 francs. 

DE Rémusat premier chambellan, 30,000 — 

DE Brigode, chambellan ordinaire, 12,000 ■ — 

Auguste DE Talleyrand, — 1:2,000 — 

Dalberg, — — 12,000 — 

deViry, - — 12,000 — 

MM. Garnier-Laboissière; DE Croy; Mercy-Argenteau; Zuidwyck; 
DE TouRNON ; Taillepied de Bondy; de Fallette-Bayol; Ponte de Lom- 
briasque, à 6,000 fr. 

Ces sommes sont prélevées « sur le fonds de IT-loOO fr. que le 
budget de 1807 met à notre disposition pour le traitement de MM. les 
chambellans ». 

Signé : Charles- Maurice. 



II 



Le service de chambellan, près de l'Empereur, était extrêmement 
envié. Chacun était aux petits soins auprès du souverain. 

« Au sujet de ces soins et de cette galanterie, l'un d'eux qui s'était 
aperçu que l'Empereur, allant au théâtre, oubliait parfois sa lorgnette 
dont il faisait un grand usage au spectacle, avait imaginé d'en faire 



7i LES FOURNISSEURS DK XAPOLl'lOX I^'' 

lairc une toulo semblable et de verres pareils, si bien que la première 
l'ois (luil vit rKmpcreur en être privé, il la lui présenta comme la 
sienne. De retour dans son intérieur, l'Empereur se trouva donc avoir 
deux lorg-nelles, sans qu'on put lui dire comment. Le lendemain il 
s'enquil du chambellan, qui lui répondit simplement que c'en était 
une en réserve pour son besoin. » 

Un autre fois, à table à Trianon et fort enrhumé, l'Empereur 
demanda un mouchoir; aussitôt le chambellan de service lui en remit 
un dont il s'était précautionné. Comme il voulait reprendre l'autre : 
« Je vous remercie dit l'Empereur ; mais je ne me pardonnerais pas 
qu'on pût dire que j'ai laissé M. un tel toucher mon mouchoir sale. » 

Quand Napoléon quittait Paris pour Saint-GIoud, la Malmaison ou 
autres lieux, en un mot quand la cour était à la campagne, il 
admettait d'ordinaire son service aux réceptions privées qui com- 
posaient le soir son cercle familier et dont la faveur était tenue à si 
haut prix. 

Les clés de chambellan étaient en vermeil, olTrantdans leur anneau 
formé d'une couronne de chêne et de laurier, un aigle symbolique, le 
tout ciselé en relief. Elles coûtaient ainsi 144 fr. — Il fallait y ajouter 
48 fr. pour le nœud et le gland d'or, ce qui remettait la clé com- 
plète à 19^ fr. 

Si MM. les chambellans payaient les frais de leur uniforme, 
comme tous les fonctionnaires, l'Empereur leur offrait les insignes 
distinclifs de leurs fonctions. 



III 

Le 9 et le 11 octobre 1809, BiiiXXAis livre à l'Empereur dix clés de 
chambellan avec leurs nœuds et glands d'or pour MM. de Sellaers, de 
Harchiel, de Montam, de Gorverhoost, Smeth d'Alpher, Brautsen, 
Vandezyp, de Nysenheim, Othon de Bylande, de Benesse, Vanwilp. 

L'année suivante, du mois de janvier au 9 octobre 1810, Biennais 
fournit encore cinquante clés complètes de chambellan, avec nœud 
et gland d'or au prix convenu de 192 fr. pour chacune. 

Cette livraison correspond à la grande nomination de chambellans 
calculée pour l'entourage de Marie-Louise ; on avait compris le duc 
de Duras. « 11 me fit prier de trouver bon, disait l'Empereur, qu'il 
refusât, ayant été, ajoutait-il, premier gentilhomme de la chambre de 



LliS CHAMBELLANS 7* 

Louis XVI et de Louis XVIII. Jo fus le premier à m'écrier : Comment 
voudrail-on qu'il eu pût être autrement?... Il a raison. C'était un 
manque de goût dans ceux qui me l'avaient proposé ; mais moi 
qu'avais-je à y faire? Pouvais-je deviner de pareils détails? M os- 
grandes affaires me pei'mettaient-elles d'y descendre? » 



IV 



Quand les princes d'Espagne furent internés en France, Ferdinand 
eut pour résidence Valençay, et le comte d'Ârberg fut attaché à sa 
personne. Le comte étant aux Tuileries où il avait apporté une lettre- 
de Ferdinand, l'Euipereur s'informa des princes, demanda s'ils se 
conduisaient bien, s'ils étaient sages ; et puis il ajouta : « Vous 
m'avez apporté une bien jolie lettre ; entre nous, c'est vous qui la 
leur aurez faite ? » D'Arberg assura qu'il ignorait même l'objet de son 
conlrnu. « Eh bien ! dit l'Empereur, elle est charmante; un fils n'écri- 
rait pas autrement à son père. » 



CHAPITRE XI 



LES OFFICIERS DE SERVICE DE S. E. LE GRAND MARECHAL DU PALAIS 

LES VALETS DE CHAMBRE D'APPARTEMENT 

LES GARÇONS DE LA CHAMBRE 



I 



Etat des officiers du service de S. E. le grand maréchal du Palais, 
pour servir au paiement de leurs traitements. 

Le duc DE Frioul, grand maréchal du Palais. ... 40 000 francs 

M. DE LuGAY, premier préfet du Palais 30 000 — 

M. Bkausset, préfet du Palais loOOO — 

M. DE Saint-Didier, préfet du Palais lo 000 — 

L'adjudant-commandant comte de Ségur, maréchal 

des logis 8 000 — 

M. de Canouville, maréchal des logis 8 000 — 

M. Leduc, secrétaire général 6 000 — 

M. Ertault, quartier-maître du Palais 6 000 — 

M. Pfister, premier maître d'hôtel, contrôleur . . 12 000 — 

M. Desciiamps, fourrier du Palais. ... .... 4 i200 — 

M. Bâillon, — 4 200 — 

M. Emery, — 4 200 — 

M. Picot, — 4 200 — 

« Vu, ordonné et approuvé, sur le fonds des lo6 800 que le budget 
de 1810 met à notre disposition pour traitements du grand maréchal 
du palais et officiers de service. » 

Le Grand Maréchal du Palais, 

D. de Frioul. 
31 décembre 1810. 



LES OFFICIERS DR SERVICE 77 



II 



Le budget pour les « valels de chambre d'appartement » était en 
1810 de 81 600 iV. Ils figurent au nombre de vingt-quatre sur un 
état signé du grand chambellan, le comte de Montesquiou, et leurs 
appointements annuels s'élevaient pour chacun à 3 400 fr. C'étaient : 
MM. Dejean, Revoy, Legrand, Varlet, Guillemin, Hoelaets, Petiïj 
Hébert, Dupuis, Isidore, Mauciiez, Alexandre Pelard, Bouquillon, 

SOUBRILLARD, GrÉPIN, ClIOLET, CrOZOT, EsGOUBÉ, LaBRIÈRE, GoUDAILLER, 

BossoN, Gobreau, Brissard, Gagin. 



III 



Le grand habit des garçons de la Chambre coûtait 398 fr. et le petit 
habit 300 fr. Nous en trouvons les détails dans le mémoire de Cheva- 
lier daté de 1811. 

Grand Habit. 

M. CuAUviN. — Un habit de Louviers vert, une veste d'écarlale, 
une culotte de drap de soie et un caleçon, 220 fr, — Broderie en or 
des collets, parements et écussons, 72 fr. — Quatre onces de galon 
pour la veste, à 16 fr. HO l'once, 66 fr. — Fourni un chapeau, 40 fr. 
Total, 398 fr. 

Un grand habit de même genre pour MM. Noleï, Andray, Delapou- 

RIELLE, CUOLLCT, CORDERAXD, JiLLIES, DUNOD , MaRCUAND, LePAGE , 

Liglière, Datessen. 

Petit Habit. 

Le petit habit se compose d'un habit de Louviers vert, d'une culotte 
de Casimir noir, d'un gilet blanc et d'un caleçon, 220 fr. — Broderie 
en or des collets et parements, 40 fr. — Chapeau, 40 fr. 

Pour chacun des mêmes garçons de la chambre de Sa Majesté, un 
petit habit de 300 fr. Total 8,376 fr. 



zs LES rounNissiiins di- \apoléo\ i*^'" 

« Vu. ordonné et approuve sur le fonds de 08,(»00 fi-. <juc le budycl 
de 181 1 met à notre disposition ;i liti-e de fonds de secours. » 

Le Grand Chandjellan, 

« Le CûMTi: DE MONTESQLIOU. > 

lévrier 1812. 

Mémoire réglé intéi^ralcmcnt, comme toutes les fois que les prix 
étaient arrêtés d'avance. 



CIIAfMTRE XII 



ROUSTAN, LE MAMELUCK DE L'EMPEREUR 



RouSTAN servait tout jeune dans les mamelucks du Caire, quand il 
fut donné au général Bonaparte qui l'attacha à sa personne et le 
ramena en France. 

Le dévouement de Roustan fut longtemps à toute épreuve, il sui- 
vait son maître aux revues et sur les champs de bataille et couchait 
près de son lit ou à l'entrée de sa tente. Napoléon le combla de bien- 
faits et le décora. Il était à Fontainebleau en 1814, lors de l'abdica- 
tion. L'Empereur comptait l'emmener à l'île d'Elbe. 

Au moment de monter en voiture, accompagné des commissaires 
des diverses grandes puissances européennes, l'Empereur, étonné de 
ne pas le voir, demanda où il était. Le mameluck Roustan s'était con- 
duit comme tant d'autres plus illustres; il avait disparu. 

L'ingrat reparut longtemps après dans son costume officiel, à la 
cérémonie de la translation des cendres de Napoléon, le 15 décembre 
1840. 



Il 



Roustan portait un superbe costume grec, fait par Cuevalier dont 
le mémoire se résume ainsi : Cinq aunes de Louviers bleu, pour un 
habit complet, grec, 66 fr. l'aune. — Broderies des deux gilets et du 
pantalon, 380 fr. — Façon et fournitures, 32 fr. — Total, 742 fr. — 
La toque en velours cramoisi, bordée d'étoiles d'or, avec une aigrette 



80 Li:s lOLIlXISSEURS DC NAPOLtON 1^'" 

rniiniie jiar Pui l'AUï. chapelier, revenait à ?>\2 fr.. cl la paire de 
boites de chez Jacques, à 80 fr. 

Dans les grandes circonstances, Roustan était vêtu plus richement 
encore; en 1804, par exemple, ri'jnpereur lui fit faire deux costumes 
] our les cérémonies du sacre. Lun, exécuté [)ar Saxdoz, tailleur rue 
de Seine, coûtait 2,450 fr; celait un costume de mameluck, avec le 
dolman en velours vert, la sabretache en pou-de-soie amarante, la 
grande culotle de drap fin et la ceinture en mousseline paille, le 
tout richement brodé d'or lin avec paillettes et perles. 

L'autre costume, de'style grec, sortait des ateliers de Chevalier ; on 
y avait employé' cinq aunes de drap de Louviers, tant bleu qu'écarlate 
à 58 fr. l'auiie. I^a broderie du gilet rouge était cotée 4,500 fr., et 
celle du gilet de dessous, à manches, 600 fr. — Le bonnet en velours 
pourpre, brodé, 160 fr. — Le turban et la ceinture brodée à paillettes, 
755 fr. — L'ensemble montait à 6,653 fr., mais le mémoire parut trop 
élevé et fut réduit à 5,800 fr. [Arc/t. nat. 0-35.) 

Ce n'est pas tout, il nous faut ajouter, d'une part, 360 fr. payés à 
PouPAHT, chapelier, pour un cordon de sabre or et rouge à garniture 
dorée et une giberne brodée d'or; d'autre part, à Jacques, bottier de 
l'Empereur, 115 fr. pour sa double livraison d'une paire de bottes en 
maroquin rouge garnies de galons et glands d'or, suivant le des- 
sin d'Isabey et d'une paire de souliers rouges devant servir le lende- 
main du sacre. 



III 



II y avait un second mameluck, mais d'une authenticité douteuse, 
si l'on en juge par son nom qui était Denis. Ce nom popularisé depuis 
j)ar la chanson de Désaugiers, manquait de couleur locale et ne rap- 
pelait guère l'Orient; il fut changé en celui d'ALY. C'est ce que nous 
apprend ce mémoire de Jacques, bottier de l'Empereur. 

30 décembre 1811. — Livré au sieur Denis, dit Aly, deuxième mame- 
luck deSa Majesté, une paire débottés rouges, 80 fr. [Arch. nat. 0"35.) 

A Sainte-Hélène, dans ses promenades à cheval. Napoléon était 
accompagné d'un chasseur que 31. de Las Cases, appelle le fidèle Aly. 
C'est peut-être le même que ce Denis dit Aly, désigné sous l'appella- 
tion de second mameluck. 



CHAPITUE Xllf 



LES PAGES DE L'EMPEREUR 



Peu après son avènement, lEmpereur créa des pages qu'il choisit 
parmi les fils de ses généraux et des premières familles de l'Empire. 
Ces places, d'ailleurs très recherchées, promettaient un brillant avenir 
dans la carrière militaire. 

Les pages recevaient une éducation solide et pratique ; ils pouvaient 
être admis dès l'âge de treize ans et leur nombre ne devait pas s'éle- 
ver au delà de soixante. Ils passaient à dix-huit ans dans l'armée, 
presque toujours dans la cavalerie, les deux premiers en qualité de 
lieutenant, les autres avec le grade de sous-lieutenant. Par exception, 
ils devenaient auditeurs au conseil d'Etat ou entraient dans la marine 
comme aspirants de première classe. Vers la fin du règne, la pénurie 
d'officiers se faisant sentir, le nombre des brevets de lieutenant 
s'accrut sensiblement. 



II 



Une note, rédigée d'après les instructions de l'Empereur, établit 
ainsi les attributions des pages : 

a Quand Sa Majesté se sert de voiture de cérémonies, il en monte 
autant que possible derrière la voiture et six derrière le cocher. 

Les pages font le service dont Sa Majesté juge à propos de les 
charger. Ils vont à chevaL précédés d'un palefrenier. 





cr 



82 LES FOURNISSEURS DE NAPOLl'lOX I 

Sous quel<|uc prôtoxlc (juc ce soit, les pages porteurs d'ordres de 
Leurs Majestés ou de Leurs Altessesimpérialcs,soit par écrit, soit ver- 
bal, ne peuvent se dispenser de le rendre directement à la personne 
que l'ordre concerne, fùt-elle malade ou même gardant le lit. 

On ouvre les deux battants aux pages porteurs d'ordres de Leurs 
Majestés... Ou les reconduit jusqu'à la porte extérieure de l'anti- 
chambre. 

Le gibier tué au tiré de Sa Majesté appartient au premier page. 

Les deux premiers pages suivent de préférence Sa Majesté à l'armée 
ou dans ses voyages ; ils peuvent faire le service d'aide de camp de 
Sa Majesté. Les pages servent Leurs Majestés à table au grand couvert 
et dans les appartements ci'lionneur... [Arcli. nat. O'^IST.) 



m 



Le général Gardanne (les mauvais plaisants prononçaient Garde- 
ùnes) remplit pendant quelques années les fonctions de gouverneur 
des pages. 

Voici l'état nominatif des gouverneur, sous-gouverneurs et profes- 
seurs des pages, au 1'^'" janvier 1812 : 

Gouverneur, le général de division, comte de Caulatncourt , 
16,000 fr. — Le baron Marin et l'abbé Gaudon, sous-gouverneurs, 
chacun 8,000 fr. — Yergez, médecin, et Ruffin, chirurgien, chacun 
3,500 fr. — Landumiey, chirurgien-dentiste, 1,200 fr. — Eudter, 
Oraxge, Extault, Dutertre, Beaupré aîné, Laboessière, Fieffé, Deli- 
GNY, Desmezières, Carré, professcurs, 3,000 fr. chacun. — Bertin, 
Beaupré jeune, Renevier, professeurs à 1.800 fr. — Saint-Quentin, 
contrôleur-économe, 3,000 fr. — Denise, Martin, Lartigue, chacun 
1,800 fr. 

L'habillement des pages revenait à un prix élevé. Bastide, tailleur 
rue des Pelils-Augustins, demandait pour le grand uniforme, habit, 
veste et culotte, en drap écarlate, 850 fr., et pour la petite tenue, y 
compris la culotte et la veste de manège, 284 fr. 

Il fallait encore ajouter : un nœud d'épaule de 180 fr. fourni par 
Dallemagne, brodeur, rue des Portes-Saint-Sauveur. Le nœud d'épaule 
était en « pékin vert », semé d'abeilles, bordé d'un franjon d'or et 
garni par le bas d'une frange de même, avec un aigle vers chaque 
extrémité. 



LES PAGES DE l'eMPEREUR 83 

Deux paires de boites, à 36 fr. la paire, de chez Laurent. 

Un cliapeau de grand uniforme, brodé d'or, à plumet blanc et tor- 
sade d'or, livré par Daydé, chapelier des écuries de l'Empereur, 
110 fr. — Le chapeau de petite tenue, avec torsade d'or, ne revenait 
qu'à 36 fr. ; l'épée, de chez Lepagk, en coûtait oïJ. 

Parmi les autres fournisseurs, nous pouvons citer : Paillard, blan- 
chisseur; M"'^^ LoLiVE et DE Beuvry, les célèbres lingères de l'Empe- 
reur et de l'Impératrice ; Groslard, marchand poêlier ; Yirtel, coute- 
lier; DuBAN, marchand faïencier, rue Coquillière, etc. En 1806, ce 
dernier réclame 684 fr. pour ses livraisons de plats d'entrée, carafes 
et gobelets en cristal taillé, verres à vin de Bordeaux et de Cham- 
pagne, verres à liqueurs, pots à crème, etc. On voit, par ces menus 
détails, que MM. les pages étaient bien traités. 

Un mémoire de 4,140 fr., délivré par Dallemagne, brodeur, pour 
vingt-trois nœuds d'épaule à 180 fr., porte cette mention : « Vu, 
ordonné et approuvé sur le fonds de 2,577,1:20 fr., mis à notre dispo- 
sition par le décret du 8 septembre 1807, pour les dépenses de notre 
service pendant ladite année. — Le grand écuyer de France, Gau- 
laincourt. » [Arch. nat. 0-86.) 

En Italie, l'Empereur avait aussi des pages, mais d'origine italienne ; 
ils remplissaient leurs fonctions en Toscane et au palais impérial de 
Milan. 

IV 

L'institution des pages, payée sur le budget du grand écuyer, coû- 
tait, année moyenne, près de 260,000 fr. Le fonds de 1810 est ainsi 
réparti : traitement des gouverneur, sous-gouverneurs, etc., 83,800 fr. 
— Nourriture, 71,173 fr. — Habillement, 44,000 fr. — Lingerie, 
blanchissage, 6,000 fr. — Argenterie, coutellerie, porcelaine, verre- 
rie, 1,800 fr. — Gages et habillement des domestiques, 26,080 fr. — 
Chauffage et éclairage, 13,610 fr. — Dépenses imprévues, 7,140 fr. 

Dans les premières nominations de pages, se trouvent MM. Baval 
et Lemercier, âgés de dix-sept ans ; de Beaufranciiet, de Najac et 
TiNTiGNiES, âgés de quinze ans ; Devienne et Mongenet, âgés de qua- 
torze ans; Bonnaire et Lauriston, âgés de treize ans; B.\lincourt, 
Hatry et Masséna, fils du maréchal. 

Les listes mentionnant le nom des pages laissent beaucoup à dési- 
rer; les unes font défaut; d'autres sont incomplètes; nous y renié- 



84 LES FOLRMSSELnS DE NAPOLÉON 1^' 

dicfons, dans une cerlaiiic mesure, à l'aide des niénioires de quelrjiies 
fournisseurs. 



Au mois de juillet 1800, Bastide, tailleur, présente un mémoire 
s'élevant à 9,;20o fr. pour avoir fourni des vêtements aux trente pages 
dont les noms suivent : 

MM. DE IUlincoukt, de Xaintrailles, dk Beaufrancuet, de Bon- 
NAiu en terre, achève de panser le pied droit. 



CHAPïTRi: XV 



SERVICE DU GRAND ÉCUYER. — LES CHEVAUX DE L'EMPEREUR 

SES ÉQUIPAGES, ETC. 



I 



Les chevaux de Napoléon. — On a dit et répété que les chevaux de 
Napoléon étaient blancs ; ce n'est pas exact. L'Empereur montait des 
chevaux gris, de toutes nuances : — gris truite, gris vineux, gris 
foncé, gris ardoisé, gris sale, gris pâle, gris pommelé, gris moucheté, 
gris étourneau, gris cendré, gris souris, gris miroité, gris mélangé, 
gris blanc, gris clair. (Textuel.) {Arch. nat. 0-*T9.) 

Napoléon n'était pas très bon écuyer et ses chevaux recevaient une 
éducation particulière. On agitait devant eux des drapeaux, on dégai- 
nait des sabres et des épées, on croisait la baïonnette, on tirait près 
de leurs oreilles des coups de pistolet, on faisait partir des boites 
d'artifice quand ils s'y attendaient le moins et c'est lorsqu'ils restaient 
calmes devant ces bruits et ces mouvements imprévus, qu'on les livrait 
à l'Empereur. 



II 



Les écuries impériales renfermaient des chevaux de diverses cou- 
leurs, mais c'est parmi les chevaux gris qu'étaient choisis ceux que 
Napoléon devait monter. 

Nous parcourons le registre 0^*79 {Arch. nat.) sur lequel sont ins- 
crits le nom, l'âge, la robe, etc., des chevaux de selle des écuries 
impériales, pendant la durée de l'Empire jusqu'en 1815. Voici la liste. 



SERVICE DU GRAND ÉCUYEU 93 

restreinte, des principaux chevaux gris. Quant aux chevaux blancs, 
nous n'en trouvons pas. 

Le Gaillard, hongre, abattu le P'' octobre 1807 ; — la Sauterelle, 
réformée le o décembre 1815; — le Ramier, gris truite, réformé le 
2 avril 1807 ; — Y Audacieux, gris vineux, réformé le 7 décembre 181.^5 ; 

— le Sélim, gris sale, donné à l'Empereur de Russie, le 2 juillet 1807; 

— VAly, gris sale, marqué de feu, passé à l'école d'Alfort, le 27 oc- 
tobre 1812 ; — le César, gris sale, limousin anglaisé, marqué aux 
naseaux, mort le 23 octobre 1808 ; — la Fillette, réformée le 14 fé- 
vrier 1811 ; — le Diomède, gris pâle, mort le 10 mai 1808; — le 
Solide, gris pommelé ; — la Fayonne ; — le Djezzar; — le Gracieux, 
gris pommelé, perdu dans la retraite du 18 au 19 juin 1815; — le 
Divan, gris sale, réformé le 5 décendjre 1815; — le Moucheté, gris 
vineux, mort à Vittoria, le 14 janvier 1808; — la Grisette; — VAr- 
taxerce, entier, mort le 1'^'' novembre 1810; — le Robuste, gris étour- 
neau, réformé le 13 avril 1815 ; — le Verdier, gris vineux, réformé 
le 29 juin 1813; — la Poulette, le Bijou, la Brillante, le Forestier, le 
Castor, gris étourneau. L'Empereur en a disposé au mois d'avril 1814; 

— le Jaspé, gris vineux, mort au retour de Moscou, le 10 dé- 
cembre 1810; — la Cléopdtre, gris cendré, morte le 12 mai 1806 ; — 
le Citadin, gris vineux, passé au service de Monsieur, le 15 no- 
vembre 1814; — le Grisou, gris pommelé', passé au service de M"^'- la 
duchesse d'Angouléme, le 15 novembre 1814; — la Truite, gris truite, 
réformée le 31 décembre 1813 ; — le Cliébréis, entier, gris truite, 
passé au ministère de l'intérieur, le 9 mars 1811 ; — le Bucéphale, 
gris vineux, réformée le 12 mars 1812 ; — le Suez, gris cendré, 
réformé le 14 avril 1815; — la Baladière, gris souris, réformée le 
19 août 1811 ; — le Darius, surnommé le Diogène, gris vineux, 
réformé le 26 octobre 1812; — YAspasie, réformée le 11 sep- 
tembre 1807 ; — le Hongre, réformé le 2 avril 1807; — le Don Qui- 
chotte, gris sale, réformé le 24 février 1812 ; — le Russe, gris mou- 
cheté, réformé le 18 mars 180G ; — le Duc, gris miroité, mort 

le 17 mai 1806 ; — Y Emule, gris foncé, donné par en 

avril 1814 ; — YEndurant, gris pommelé, réformé le 6 février 1810; 

— YEdile, gris étourneau, mort à Yilna le 12 décembre 1812 ; — 
YEffendi, gris étourneau, réformé le 6 février 1810 ; — YEpiménide, 
gris ardoisé, entier, mort au retour de Moscou, le 15 décembre 1812; 

— YElbersdorf, huit ans en 180G, gris sale, courte queue, réformé 
le 17 août 1809; — Y Etrangère, morte le l'-"" novembre 1810; — le 



04 LES FOURNISSEURS DE NAPOLEON l*^"" 

Fn've, gris vineux, pris pur l'ennemi, à Troyes, le 7 février 181 i. 
18U7. — Le léna, gris sale, entier: — le Forestier, gris vineux, 
réformé le 26 novembre 1810; — le Figurant, gris pommelé, nor- 
mand, réformé le 6 février 1810 ; — le Gréméal, gris, passé au service 
du duc de Berry, le lo novembre 1814; — le Gaza, gris cendré, mort le 
12 juin 1812: — le Gesner, gris vineux, réformé le 23 septembre 1813. 

1809. — ]^'Ingolstaclt, gris sale, réformé le 6 décembre 181,j ; — 
VJIerbii're, gris pommelé, morte à Burgos, le 29 septembre 1810 ; — 
Vlléraclius, gris, le blanc dominant, pris par l'ennemi à Troyes, le 
7 février 1814 ; — le Géorgien, gris de fer, réformé en 1814 ; — le 
Bondroff, gris pommelé, « disposé par l'Empereur » en avril 1814. 

1810. — Le Boukarre, gris blanc, mort au retour de Moscou, dans 
la campagne de 1812; — Y Intime, entier, surnommé Commode, donné 
par l'Empereur en avril 1814; — le Poliantus, gris pommelé, réformé 
ie 6 décembre 1815; — Vllione, gris étourneau, passée aux écuries 
du duc de Berry, le 7 avril 1818 ; — V Idolâtrée, gris mélangé, réformée 
le 15 avril 1815 ; — la Jacinthe, gris clair, sept ans en 1810, morte 
près Ostende le 13 juin 1812; — V Hector, gris blanc, mort au retour 
de Moscou, le 6 décembre 1812 ; — la Julienne, cinq ans en 1811, gris 
vineux, passée aux écuries de la duchesse d'Angoulême en 1815; — 
Yispahan, passé à l'attelage en 1815 ; — la Judith, gris pommelé, 
six ans et demi en 1811, réformée le 15 avril 1815; — le Jarnac, gris 
sanguin, mort le 30 mai 1812. 

1811. — La Lorraine, gi-is pommelé, morte à Versailles le 22 fé- 
vrier 1812 ; — le Libéral, le Ladislas, la Levrette, la Roche, la Lou- 
vette, etc., robe grise. 

1812. — Le Lantara, huit ans, pris par les Cosaques, au retour de 
Moscou ; — la Lisette, la Jeunesse, la Lionne, la Lance, le Lami- 
neiix, le Loir, le Lionceau, le Loyal, le Lioji, le Médor, le Marau- 
deur, robes grises; — le Lutzelberg, pris par les Autrichiens à Dresde, 
en octobre 1813 ; — le Memphis, le Muphti ; — le Bautzen, entier, 
pris par les Autrichiens à Dresde, en octobre 1813. 

1814. — Le Pallas, le Nadir. Venus de l'ile d'Elbe, le 20 mars 1815 ; 
— le Tauris, gris pommelé; — le Gladiateur, le Roitelet, le Favori, 
le Gonzalve, le Grisou, le Caressant, etc., tous de robe grise; — le 
Cerbère, perdu dans la retraite du 18 au 19 juin 1815 ; — le Floris- 
sant, surnommé Mourad-Bey, « parti à la suite de Bonaparte le 
29 juin 1815 » ; le Gracieux, gris argent; — le Lampus, le Capucin, 
le Java. [Arch. nat. U-*79.) 



SERVICE DU GRAND ÉCUYER 



III 



Yoici vingt-trois superbes chevaux mentionnés comme étant « du 
rang de Sa Majesté » et dont l'Empereur fait faire les portraits par 
les peintres Sauewied et Horace Vernet. Que veut dire cette phrase 
obscure « du rang de Sa Majesté » ? Nous supposons que, dans les 
écuries impériales les chevaux réservés a Napoléon occupaient un 
rang particulier désigné sous le nom de « rang de Sa Majesté » . 

1813. — A M. Horace Vernet, pour les portraits des quatre che- 
vaux, le Vizù', le Giso?'S, le Lowka et le Favori « du rang de Sa 
Majesté », à 2S0 fr. l'un, 1,00U fr. 

A M. Horace Vernet, pour les portraits de six chevaux, le Ilarbet, 
le Nelson, le Wagram, le Calvados, le Tamerland et le Hippogriffe , 
« du rang de Sa Majesté », à ^50 fr. l'un, l,oOO fr. 

A M. Sauewied, peintre à Paris, pour les portraits de treize che- 
vaux c du rang de Sa Majesté », à 130 l'un, 1,690 fr. — Ces chevaux 
sont le Curde, le Labrador, le Cyrus, le Cid, le Cordoue, le Sara, 
le Sagonte, VEpicurien, \' Intendant, VEmbelli, le Gessner, le 
Bréant, le Wurtzbourg. {Arch. nat. 0-82 ) 

Fourni par Roland, marchand d'estampes, place des Victoires, 
vingt- trois bordures pour les portraits de chevaux « du rang de Sa 
Majesté », 400 fr. 

Ces diverses sommes sont payées sur le fonds de 90,000 fr. mis à 
la disposition du grand écuyer, pour les dépenses imprévues. {Arch. 
nat. 0-'8!2.) 



IV 



C'est dans cette liste et mieux encore dans le Registre d'où nous 
l'avons tirée, qu'il faut chercher les chevaux de selle à l'usage de 
Napoléon. Dès à présent, nous pouvons, avec certitude en citer quel- 
ques-uns, le Timide, le Coyiquérant, le Russe, V Estimé, le Coceyre^ 
VArtaxerce, VAly et le Bouffon. Comme toujours, nous joignons les 
preuves à l'appui. 

Le 23 septembre 1806, le grand écuyer M. de Caulaincourt, fait par- 
tir pour Mayence les palefreniers Rouquet, Simonet et Adelchim 
avec quatre chevaux de selle de Sa Majesté, nommés le Timide, le 



<)G LKS lOUnMSSKlRS DE NAPOLl'ON l'"' 

Conquérant, le Rusae, et VEslimé. « Le noiiiiiié Bousquet comman- 
dera le détachement et réglera sa marche de manière à faire huit 
lieues par jour et à être rendu à sa destination dans dix-huit jours. » 
{Arch.nat. 0^76.) 

\j- 7 septembre 1808, un convoi de trente-trois chevaux de selle, 
des écuries impériales, se rendit de Paris à Krfurt en dix-neuf jours, 
après avoir franchi 204 lieues. Dans ce convoi, se trouvaient quatre 
chevaux réservés à l'Empereur, pour la célèbre entrevue ; c'étaient 
le Coceyre^ VArlaxerce, VAbj et le Bouffon. Le grand écuyer, Caulain- 
court, montait ÏExtrvme et le Sultan ; le général de Nansouty, pre- 
mier écuyer, s'était réservé le Folàlre, le Renard et le Géant. {Arc/i. 
nat. 0^77.) 



V 



L'Empereur donnait beaucoup sous toutes les formes et ne s'en 
tenait pas seulement aux bijoux et aux produits de ses manufactures 
nationales, il oll'rait à l'occasion quelques-uns de ses propres che- 
vaux. 

Le 13 janvier 1800, le Commode, des écuries de l'Empereur, est 
donné au roi de Bavière. 

Le 29 septembre suivant, le grand écuyer, de Caulaincourt, ordonne 
au palefrenier de la selle Legrandaîné, de partir le jour même, pour 
conduire deux chevaux, VEtoile et V Ethiopienne, donnés à S.A.I. la 
princesse de Bade. [Arch. nat. 0''76.) 

Le 2 juillet 1807, Napoléon offre le Sélim à l'empereur Alexandre, 
. l*"'" décembre 1807. Présent du Soliman, gris moucheté, au général 
Vharville. 

En 1811, la. Fauvette est donnée à M. deKergariou. (ylrc/i. nat. 0"79.) 

Ces six chevaux, ainsi qu'une partie de ceux venus de l'ile d'Elbe, 
le 20 mars 1813, cités à la lin de la grande liste précédente, peuvent 
figurer parmi les chevaux historiques montés par Napoléon. 

Au mois d'avril 1808, le général Sébastian!, ambassadeur à Gons- 
lautinople, achète, pour l'Empereur, huit chevaux arabes et trois tur- 
comans. 

Le Circassien, gris; le Ilarbert, gris clair; le Darius, gris rougàtre ; 
le Hélavert; Vllagias; le Herac;VArabella, VEuphrate; gris clair; le 
Babylonien; le Ilahim, gris rougeàtre ; Vlléricle; Vllapas; VHadra- 
mat. Prix, 2o,989 fr. [Arch. nat. 0^82.) Ces chevaux étaient-ils desti- 



SERVICE DU GRAND ÉCUYER 97 

nés à TEmpereur, ou bien étaient-ce des étalons pour les haras ? C'est 
ce que nous ignorons. 

Tous ces chevaux n'étaient appelés que pour compléter un service 
existant déjà, et nous avons lieu de penser que l'Empereur, en cam- 
pagne, n'avait pas moins de huit chevaux de selle, pour son service 
personnel. Notre opinion s'appuie sur cette lettre de Napoléon au 
grand écuyer, datée de Saint-Cloud, 10 septembre 180G. On y retrou- 
vera la prévoyance habituelle du grand capitaine. 

« M. de Gaulaincourt, faites arranger toutes mes lunettes. Faites 
partir demain soixante chevaux de mes écuries parmi lesquels il y 
en aura huit de ceux que je monte. Vous me remettrez l'état de ceux 
de mes chevaux que vous voulez faire partir. Je désire que cela se fasse 
avec tout le mystère possible. Tâchez qu'on croie que c'est pour la 
chasse de Compiègne. Ce sera toujours deux jours de gagnés... Dans 
la journée de demain préparez mes fourgons. Je désire qu'il y en ait 
un qui porte une tente avec un lit de fer... » {Corresp. de Najyoléon /'', 
t. XIII, p. 200.) 



VI 



Le IG août 1806, le grand écuyer donne l'ordre d'envoyer à Ram- 
bouillet, pour les chasses qui vont avoir lieu, quatre-vingt-dix 
employés, cent trente chevaux de selle et cent trente-cinq chevaux 
d'attelage. Les chevaux de selle se nomment : 

LeSélim, le Cyrus, YArtaxerce, VAly, le Chébreis, V Epicurien, 
l'Embelli, le Coquet, le Discret, le Léger, V Agréable, le Madrid, 
Y Extravagant, le Bienveillant, le Muscadin, le Gaillard, le Plaisant, 
le Réchappé, le Gouverneur, le Mylord, le Déserteur, le Coureur, 
le Danseur, le Chevreuil, le Renard, YEffréné, le Médiateur, le 
Joyeux, le Russe, Y Autrichien, le Solide, le Volage, le Pétillant, 
le Courtois, le Docile, le Confident, le Trompeur, Y Ami, le 
Brusque, YEtonnant, le Marbré, le Veneur, YArpenteur, YEme- 
raude, Y Etoile, la Bonne-Fille, la Boudeuse, la Vicieuse, la Divine, 
la Syrène, la Sauteuse, la Jenny, Y Aimable, la Légère, la Cadence, 
la Bellone, la Sylvie, la Belliqueuse, la Brillante, la Prude, la 
Mazette, la Mésange, la Pie, la Linotte, la Demoiselle, la Dame, la 
Novice, la Vestale, Y Amazone, la Comtesse, la Marquise, la Cau- 
choise, la Bergère, la Villageoise, YAinazone, etc. [Arch. nat. 0"7G.) 



98 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON l^"" 

Les inslruclions du grand éouycr ne disent rien concernant les 
chevaux réserves à l'Empereur ; mais nous reconnaissons VA)'- 
laxercc et IM///, cités troisième et quatrième sur la liste, où l'ordre 
alphabétique n'est pas observé. On ne déplaçait pas moins de quatre 
chevaux pour l'Empereur. Par induction, nous avons lieu de penser 
que le Sélim et le Cyrus, cités premier et deuxième, doivent être 
classés parmi les chevaux « du rang de Sa Majesté ». 

YII 

Les chevaux d'attelage sont : 

Le Compagnon, le Consulleur, le Charlatan, le Démon, le Chéri, 
le Dromadaire, le Constant, le Dictateur, le Condamné, le Devin, 
le Chapelain, le Chanoine, le Candidat, le Célibataire, le Destruc- 
teur, le Corsaire, le Combattant, le Cyclope, le Dey, le Derviche, le 
Converti, le Conquis, le Convalescent, le César, le Dauphin, le Diseur, 
le Basset, le Dominateur, le Déserteur, le Causeur. VAffamé, le 
Cordier, le Chimiste, VOpérateur, le Connétable, V Argonaute, le 
y>^o« Quichotte, le Chérubin, V Ariane, la Diane, la Duchesse, la. Dan- 
seuse, la Débutante. {Arch. nat. 0-76.) 

Parmi les chevaux d'attelage des écuries de l'Empereur, citons 
encore les noms suivants : 

Le Ilustique, le Gaillard, le Soldat, le Pacha, le Baron, V Admi- 
rateur, le Bucentaure, le Turbulent, le Bélisaire, V Affamé, le /?ri7- 
/«nf, la Danseuse, VArtisan, la Danaë, la Bonne, la Traîtresse, 
ï Hélène, VIlébé, la Laërte, la Légataire, le Nègre, le Sénateur, 
VAchille, le Grivois, le Directeur^ le Militaire, le Caporal, le 
Drogman, le Gaulois, l'Africain, le Janissaire, le Ligurien, le 
/.^■o/^, le Confident, le Triomphant, le Tranquille, le Grave, le 
Vainqueur , le Belliqueux, Vlntrépide, VEclatant, Yllarmonica, le 
Z?eaw, le Corbeau, le Hibou, le Cyclope, le Savant, le Lancier, 
Y Hydromel, le Légataire, leLovelace, le /,!<//«, le Masque, le Météore, 
le Moscou, le Bouffon, le Mage, le Magnifique, etc.. {Arch. nat. 
O-80.) 

VIII 

Li^s Haras. — Pour entretenir ses écuries, en chevaux de selle, d'at- 
telage et d'équipage de campagne, l'Empereur avait créé trois haras, 



SERVICE DU GRAND ÉCUYER 99 

dont un à Saint-GIoud, un autre en Normandie et le troisième en 
Limousin. Ces sages précautions n'empêchaient pas de faire chaque 
année des achats considérables de chevaux pour un prix dépassant 
cinq cent mille francs. 

Les écuries de l'Empereur étaient à Paris, à Saint-Cloud, à Meudon, 
à Viroflay. 

Etalons, inscrits en 1807, pour le service des haras : le Cheik, VA- 
houlîir, \q Sésostris, \q Distingué, le Volant, le Chebreis, le Salahié, 
le Mourad-Bey, le Mameluck, le Calife, VOmar, le Soliman, VAga, 
V Algérien, le Néron, le Romulus, le Carthaginois, V Alexandre, le 
Cadi, le Capitoul, le Turcoman, tous chevaux de sang, arabes, turcs, 
anglais, barbes. [Arch. nat. 0-76.) 

14 mars 1809. — « II est ordonné au sieur Berngillon, brigadier 
des écuries de l'Empereur, de partir sur-le-champ, en Normandie, 
avec quatre palefreniers et huit étalons pour la monte, nommés le 
Romulus, V Alexandre, le Cygne, VOmar, VAboukir, le Drogman, 
VOrosman, le Carthaginois. » [Arch. nat. 0-'T7.) 



IX 



Parfois, l'Empereur acceptait des chevaux qui lui étaient offerts, 
mais il y répondait par un présent. 

Le i28 février 1810, Marguerite, joaillier de la couronne, livre au 
général de Nansouty une bague d'un rubis balais avec entourage de 
vingt brillants. Prix : 1,200 fr. « Cette bague a été donnée par 
ordre de Sa Majesté à M... en remplacement d'un cheval, qui a été 
offert pour le service des écuries. » 

Le 13 juillet 1810, Foncier fait au général une nouvelle livraison 
consistant en une riche bague d'un brillant monté à jour, serti à huit 
griffes, valant 7,800 fr. Somme réduite, après expertise, à 7,703 fr. 
Le bijou est envoyé à M. Devoise, consul général et chargé d'affaires 
à Tunis, « en remplacement de trois chevaux barbes qu'il a offerts 
pour le service des écuries ». 

« Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de oO,000 fr., pour 
dépenses imprévues. » Signé du grand écuyer Gaulaingourt duc de 
ViCENCE. {Arch. nat. 0-*82.) 



KtO LES FOURNISSEURS DE ISAPOLÉO.N l" 



Fournisseurs DE CHEVAUX. — Nous trouvons aux Archives nationales 
les noms de quelques fournisseurs des écuries impériales : 

Janvier 181:2. — Au sieur Rivière, pour trois chevaux destine's aux 
écuries de l'Empereur, 1,3G8 fr. 

Au sieur Manet, pour huit chevaux de transport, 5,004 fr. 

Mars 1812. — Au sieur Rivière, pour un cheval gris moucheté, 
1,0l!>fr. 

Avril 1812. — Au sieur Vixcknt, pour avoir fourni la Lj/re, gris 
moucheté, 1,Î212 fr. ; et la Lydienne (bai), 1,112 fr. 

Janvier 1814. — Au sieur Verdure la somme de 1,412 fr. pour 
une jument appelée la Nymphe, d'un gris très légèrement moucheté 
à la tête, au cou et aux épaules. 

Au sieur Peïit.iean, pour trois chevaux d'attelage, le Nacré, le 
Naïf et le Négociant, 3,436 fr. Ces chevaux sont payés tant sur 
le fonds de 700,000 fr. pour l'équipage de guerre que sur le fonds 
de 121,603 fr. provenant de la vente de chevaux réformés. [Arch. nat. 
0^82.) 

Février 1814. — Remboursement au sieur Rivière du prix de neuf 
chevaux qu'il a fournis pour les écuries de l'Empereur, pendant le 
mois de février 1814, soit, 7,300 fr. Les neuf chevaux sont ins- 
crits sous les noms suivants : le Naufragé, le Navigateur, le Navire, 
le Naturaliste, le Nankin (hongres) ; la Naïade, la Ninon, la Navette, 
la Nausica. {Arch. nat. O-*107.) 

Mars 1815. — Des livraisons de chevaux sont faites par Simon, 
Vincent, Gervais aîné, Manet, Lendormi, marchands, et Turquet, pro- 
priétaire. 

Mai 1815. — Le général Le Tellier cède à l'Empereur le Friedland, 
en échange du Narcisse, et312fr. M. Pierre Laurent, propriétaire, 
fournit VOlmutz, au poil gris, légèrement vineux, pour 936 fr. [Arch. 
nat. 0^84.) 



XI 



Les courriers de l'Empereur. — Voici le tableau des courriers de 
l'Empereur, en 1808 : 



SERVICE DU GRAND ÉCLYER ICI 

CiTAZAL, chef courrier, i2,:200 fr. ; Auradour, sous-chef, 1,800 fr.; 
MoTUEY, MuRAT, Gi^RMAiiv, CuAZAL dit Bloxdin, Maillard, Soyé, Loir, 
Marchand, Suzy et Gmoux, courriers à 1,000 fr. 

Six surnuméraires de première classe, ù GOO fr. : Rovenïy, Dieu- 

LOUARD, SeCUESNE, LeCOCQ, GRÉGOIRE, LyOT. 

Six surnuméraires de deuxième classe, à 500 fr. : Cuéteil, Ciiazal 
fils, Lange, Charbonnier, Haureau et Sauvage. {Arch. nat. O-*101.) 

Les courriers n'arrivaient pas toujours à destination ; guettés, sur- 
pris par l'ennemi, les uns couraient à la mort, d'autres étaient enlevés 
avec leurs dépêches. En Russie, ils eurent à redouter les paysans et 
la lance des Cosaques. L'Empereur s'en émut et donna les instructions 
suivantes au prince de Neufchàtel, major général de la grande 
armée : 

« Des Hauteurs de Viazma, 29 août 181 '2. — Mon cousin, écrivez 
au gouverneur de Smolensk qu'il organise nos communications. A cet 
effet, on retranchera la maison de poste de Goredikino avec de 
fortes palissades, de manière à la mettre à l'abri de toute attaque de 
cosaques et de paysans. Il y placera un commandant avec cent hommes 
d'infanterie, un piquet de quinze hommes de cavalerie, des chevaux 
de poste et les chevaux de l'estafette. Il aura soin que cette redoute 
soit toujours approvisionnée pour huit jours en pain et viande. Un 
pareil établissement sera placé au point de Sloboda-Pnevo, de ma- 
nière à défendre en même temps les ponts. Un pareil sera fait à 
Mikhaïl owka,.. 

a Les ordres seront donnés pour que les estafettes soient escortées 
par de l'infanterie et de la cavalerie quand on aura à craindre quel- 
que chose. Aussitôt qu'il sera possible et que l'artillerie sera arrivée 
à Smolensk, on placera une pièce de canon dans chacune de ces 
redoutes ou blockhaus. » {Corresp. de Napoléon F'\ t. XXIY, 
p. 217.) 

L'Empereur voulait être au courant de tout co qui se passait dans 
son vaste Empire et n'admettait pas qu'on pût lui cacher une dépêche 
expédiée par un de ses ministres. Le 21 avril 1813, il écrivait : 

« A Monsieur Maret, duc de Bassano, ministre des relations exté- 
rieures, à Erfurt. 

« Monsieur le duc de Bassano, je suis très mécontent qu'un de vos 
courriers soit passé par Mayence, sans se rendre chez le grand écuyer 
et qu'à Kaiserlautern il ait continué sa route, nonobstant l'ordre que 
M. de Rumignv lui a donné de retourner. 



1(i2 LKS FOLRMSSKIRS DE XAPOLf:0\ I^"" 

€ l'.-S. .rallcnds avec impalicnce Tcnvoi que vous me ferez de ce 
ilont élail porleur le courrier de Vienne qui a passé ici le 19. J'ai des 
raisons de croire qu'il portait des choses importantes. » [Corresp. de 
yapoléon r\ l. XXV, p. 2o0.) 



XII 



L'Equipage de guerre. — Dans ses campagnes, Napoléon se faisait 
suivre de voitures et de fourgons renfermant ce dont un souverain 
chef d'armée peut avoir besoin à la guerre, trésor, lits de camp, 
tontes, garde-robe, bibliothèque, selles et harnais de rechange, etc., 
puis des forges, des outils de toute sorte pour remédier sur place aux 
accidents. 

D'après un document des Arcluces nalionales (0-87), l'équipage de 
guerre, en 1812, comprenait : 1° un équipage léger, fort de soixante- 
seize chevaux ; 2° un e'quipage d'expédition de cent soixante chevaux ; 
3*^ un équipage de gros bagages, de deux cent quarante chevaux de 
dépôt. Le budget pour ce service était de 700,000 fr. 

Le personnel se composait de bourreliers, de selliers, serruriers, 
forgerons, charrons, maréchaux, vétérinaires, brigadiers, cochers, 
postillons, courriers, etc. Ils étaient bien payés et sans avoir d'étrennes 
ils recevaient, après chaque campagne, de larges gratifications. Mais 
chacun devait faire son devoir et si le souverain récompensait géné- 
reusement les services rendus, d'où qu'ils vinssent, il savait aussi punir 
les délinquants. Quelques exemples en feront foi. 

1806. — « Le nommé Dufour, délivreur à Meudon, sera renvoyé et 
rayé du contrôle, à dater d'aujourd'hui 29 juillet, pour avoir recudans 
son magasin du fourrage de mauvaise qualité. Le présent ordre du 
jour sera affiché dans les écuries de Paris, Saint-Cloud, Meudon, 
Viroflay, par les écuyers commandants. » 

Eylau, 12 février 1807. — « Le cocher d'Argence sera mis à la 
troisième classe pour avoir fait le motionneur dans les cafés. Quand 
on a des plaintes à porter ou des abus à faire connaître, on s'adresse 
à ses chefs, au grand écuyer même, qui écoute tout le monde et on ne 
met pas le public dans ses confidences. » 

Berlin, 13 novembre 1807, — « Le courrier de cabinet Thiébaud 
est cassé pour indiscrétion dans son service ; en considération de son 
ancienneté, il sera mis à la queue des surnuméraires de deuxième 



SERVICE DU GRAND ÉCUYER 103 

classe; s'il ne se conduit pas mieux, il sera définitivement réformé. » 
{Arch. nat. 0-*76.) 

13 septembre 1808. — « Girardet est rayé des contrôles de l'admi- 
nistration des écuries, pour n'avoir pas paru aux écuries depuis son 
arrivée du 23 août et s'être marié sans permission. » [Arch. nat. 
0^*77.) 



XIII 



La bibliothèque de campagne mérite quelques détails. Une lettre 
de M. de Méneval à M. Barbier, bibliothécaire de l'Empereur, va nous 
faire connaître les genres de livres dont Napoléon aimait à s'entourer. 

Baj'onne, 17 juillet 1808. — « L'Empereur désire se former une 
bibliothèque portative d'un millier de volumes, petit in-12, imprimés 
en beaux caractères. L'intention de Sa Majesté est de faire imprimer 
ces ouvrages pour son usage particulier sans marges, pour ne point 
perdre de place. Les volumes seront de cinq à six cents pages, reliés 
à dos brisé et détaché et avec la couverture la plus mince possible. 
Cette bibliothèque serait composée d'à peu près quarante volumes de 
religion, quarante des épiques, quarante de théâtre, soixante de poé- 
sie, cent de romans, soixante d'histoire. Le surplus, pour arriver à 
mille, serait rempli par des mémoires historiques de tous les temps. 

« Les ouvrages de religion seraient V Ancien et le Nouveau Testa- 
ment, en prenant les meilleures traductions, quelques épîlres et 
autres ouvrages les plus importants des Pères de l'Eglise ; le Coran ; 
de la mythologie; quelques dissertations choisies sur les différentes 
sectes qui ont le plus influé dans l'histoire, telles que celles des Ariens, 
des Calvinistes, des Réformés, etc. ; une histoire de l'Eglise, si elle 
peut être comprise dans le nombre des volumes prescrit. 

« Les épiques seraient Homère, Lucain, le Tasse, Télémaque, la 
Ilenriade, etc. 

« Les tragédies ; ne mettre de Corneille que ce qui est resté, ôter de 
Racine les Frères ennemis, V Alexandre et les Plaideurs ; ne mettre 
de Crébillon que Rhadamiste , Alrée et Thyeste; de Voltaire, que ce 
qui est resté. 

« L'histoire ; mettre quelques-uns des bons ouvrages de chronologie, 
les principaux originaux anciens, ce qui peut faire connaître en détail 
l'histoire de France. On peut mettre comme histoire, les Discours de 



104 LES FOlT.MSSF.rRS DH NAPOLl'lOX I*"'" 

Machiavel sur Tile-IJve, V Esprit des Lois, la Grandeur des liomains, 
ce qu'il est convenaltlc de garder de l'iiisloire de Yollaire. 

« Les roiii.iiis : la Nouvelle H ëloïse ctlcs Confessions de Rousseau. 
U.i no parle pas des chefs-d'œuvre de Fielding, de Richardson, de 
Lesage, etc., tpu trouvent naturellement leur place; les contes de 
Voltaire. 

« Nota. — Il ne faut mettre de Roussseau ni V Emile, ni une foule 
de lettres, mémoires, discours et dissertations inutiles ; même obser- 
vation pour Voltaire. 

« L'Empereur désire avoir un catalogue raisonné avec des notes 
qui fassent connaître l'élite des ouvrages et un mémoire sur ce que . 
ces mille volumes coûteraient de frais d'impression, de reliure. Ce 
que chaque volume pourrait contenir des ouvrages de chaque auteur; 
ce que pèserait chaque volume ; combien de caisses il faudrait, de 
([uelles dimensions et quel espace cela occuperait?... » [Corresp. de 
Napoléon I"\ t. XVII, p. 463.) 

Gomme on va le voir par celte seconde lettre du secrétaire de 
l'Empereur à M. Barbier, Napoléon aimait à prendre connaissance des 
ouvrages sérieux dès leur apparition et avant tout le monde. 

Laa, 10 juillet 1809. — « Je dois prévenir M. Barbier que deux 
ouvrages importants sont parvenus à Sa Majesté par le courrier 
d'avant-hier ; le Fragment d'histoire d'Angleterre, de Fox, en deux 
volumes, et un ouvrage de M. de Montgaillard, intitulé Du Rétablisse- 
ment du royaume d'Italie et Du droit de la couromie de France sur 
le duché de Rome... Il faudrait faire prendre les ouvrages avant qu'ils 
soient livrés au public. Il me semble que l'Empereur peut bien avoir 
ce droit. » [Corresp. de Napoléon /''', t. XIX, p. 277.) 

Trois années plus tard, M. de Méneval informe Barbier que l'Empe- 
reur désire remplacer dans sa bibliothèque les romans et la plus 
grande partie des poésies par des ouvrages d'histoire; puis il ajoute : 
« Je prie M. Barbier de rassembler un choix d'ouvrages de ce genre et 
de m'envoyer, en attendant, une Histoire de France, de Velly, com- 
plétée jusqu'à la Révolution. Sa Majesté désire lire cette histoire. » 
[Corresp. de Napoléon r, t. XXIII, p. 298.) 

Autre lettre du 19 décembre 1811 : « Je prie M. Barbier de m'en- 
voyer, pour Sa Majesté, quelques bons ouvrages les plus propres à 
faire connaître la topographie de la Russie et surtout de la Lithuanie, 
sous le rapport des marais, rivières, bois, chemins. 

Par ordre de l'Empereur. 



SERVICE DU GRAND ÉCUYER 10^ 

Sa Majesté désire aussi ce que nous avons, en fran(^,ais, de plus 
détaillé sur la campagne de Charles XII en Pologne et en Russie. 
Quelques ouvrages sur les ope'rations militaires dans cette partie 
seraient également utiles. (Corresp. de Napoléon / "', t. XXIII, p. 110.) 

Ailleurs, l'Euipereur demande l'ouvrage du colonel anglais Wilson, 
sur l'armée russe, et l'ouvrage de M. de Plotho sur l'organisation de 
l'armée russe. {Idem, t. XXIII, p. 466.) 

Enfin, le 18 février 1813, l'Empereur envoie de Paris à son biblio- 
thécaire la note suivante : 

« Je n'ai pas besoin qu'on forme une nouvelle bibliothèque de 
voyage ; il faut seulement préparer quatre caisses pour des in-12 et 
deux pour des in-18. Quelque temps avant mon départ, on me remet* 
tra la liste des livres de ce format que j'ai dans ma bibliothèque, et 
je désignerai les volum.es qu'il faudra mettre dans les caisses. Ces 
volumes seront successivement échangés contre d'autres de ma biblio- 
thèque, et le tout sans qu'il soit nécessaire de faire de nouvelles 
dépenses. » {Idem, t. XXIV, p. 618.) 

Dans le courant de l'année 1810, l'ébéniste de l'Empereur, Jacob 
Desmalter, livre : six boîtes d'acajou massif garnies en peau, pour 
servir de bibliothèques portatives. Les couvercles se lèvent, mainte- 
nus par un compas. Prix : 1,440 fr. ; — deux boîtes en chêne des 
Vosges, faites comme les précédentes, garnies en molleton de laine, 
290 fr. — Le mémoire, augmenté de 2oi2 fr., pour réparation de trois 
boîtes d'acajou et frais divers, se monte à 1,982 fr. — « Vu, ordonné 
et approuvé sur le fonds de oO,000 fr., que le budget de 1810 met à 
notre disposition pour achat de livres et entretien de bibliothèques. » 
Signé du grand chambellan : le comte de Montrsquiou. {Arch. nat. 
0^33.) 

XIV 

Après la bibliothèque de campagne viennent les fameux lits de 
camp. 

En septembre 1807, Aubineau, pelletier, livre pour l'Empereur 
deux lits de camp en peau d'ours doublée de coutil rayé et de velours 
vert, au prix de 940 fr. {Arch. nat. 0-3o.) 

Mentionnons de suite une autre commande de ce genre, au retour 
de l'île d'Elbe. Paris, le 27 avril 181o. Lettre de l'écuyer comman 
dant à M. Desmazis, administrateur du mobilier de la couronne : 



lOG LES FOURMSSIXnS DK NAPOLEON l*^"" 

« M. le jxraïul éciiyer, auquel j"ai rendu compte qu'il ircxiste que 
trois lits en peau d'ours pour rEmpcrcur, a trouve ce nombre très 
insuffisant et désire que vous en fassiez confectionner encore quatre. 
J"ai riioiineur de vous transmettre les intentions de Son Excellence, 
et je vous prie de vouloir Lien donner des ordres pour que ces lits 
soient prêts le plus tôt possible, n {Arch. nat. 0-*67.) 

Desoucues, serrurier du garde-meuble, fournit à l'Empereur, t\\ 
1809, deux lits de campagne comme suit. Le premier, en fer poli, à 
ornements dorés, avec un fond élastique et son étui doublé de drap 
bleu, l.,000 fr. ; deux porte-manteaux en cuir et quatre courroies en 
cuir jaune, de deux mètres, 360 fr., deux forts cadenas et leurs clés 
en fer poli, avec le chitfre N, 90 fr. 

Un autre lit de campagne du petit modèle, pouvant être transporté 
à dos de mulet, avec impérial exhaussé portant platine et pomme en 
cuivre doré; les ornements dorés et son étui en cuir doublé de drap, 
1,100 fr; deux porte-manteaux en cuir et quatre courroies, 360 fr. 
Total, 2,910 fr. 

« Vu, ordonné et approuvé sur le crédit de 8,000 fr. ouvert par le 
budget de 1809, pour supplément et faire face aux dépenses occasion- 
nées par le séjour de Sa Majesté, à Erfurt, en 1808. » [Arch. nat. 
0^34.) 

XV 

Voyages. Déplacements. Frais de toste. — Dans les voyages et 
déplacements de l'Empereur et de l'Impératrice à travers l'Empire 
Français, les frais de poste étaient établis sur le taux de 3 francs 
par poste, pour les postillons, et de 2 francs pour les chevaux. 

En 1808, quand l'Empereur se rendit à Bayonne, au-devant du 
roi d'Espagne, qu'il devait garder prisonnier, le cortège était ainsi 
composé : la berline à huit chevaux de l'Empereur, douze voitures 
à six chevaux, dix-sept voitures à quatre chevaux et sept à trois che- 
vaux, plus trente et un « bidets » pour deux sous-inspecteurs, trois 
piqueurs, six sous-officiers coureurs, seize courriers et quatre guides. 
La dépense pour aller fut de 8o,lo8 fr. — Le retour de Bayonne à 
Saint-Cloud, composé au départ de trente-six voitures, coûta 
126,08ofr. 

1808. — Le voyage de l'Empereur à Erfurt, pour l'entrevue, est 
inscrit avec le retour pour 300,814 fr. [Arch. nat. 0'8T.) 



SERVICE DU GRAND ÉCUYER 107 

1800. — Voyage de l'Impératrice Joséphine de Strasbourg à Plom- 
bières et retour à la Malmaison, 40,500 fr. — Voyage de Leurs 
Majestés à Fontainebleau, aller et retour, 11,449 fr. [Id. 0-87.) 

1810. — Pour aller chercher, à Braunau, la nouvelle Impératrice 
Marie-Louise, avec cent quarante-six chevaux et soixante-treize pos- 
tillons, les frais s'élevèrent à 139,794 fr. {Id. 0-77.) 

1810. — Le voyage de Hollande, entrepris par l'Empereur en com- 
pagnie de Marie-Louise peu de temps après leur mariage, coûta, en 
frais de poste, 239,481 fr. {Id. 0^77.) 

1811. — Voyage de Leurs Majestés à Randiouillct et Cherbourg, 
87,927 fr. — Voyage de Saint-Gloud à Rambouillet, de Trianon à 
Compiègne et de Compiègne en Hollande, et retour, 396,878 fr. 

Pour les années 1810 et 1811, les frais de poste s'élèvent ensemble 
à 724,286 fr. [Id. 0^87.) 

II ne s'agit ici que des sommes à rembourser au directeur général 
des postes. Toutes les dépenses concernant les voitures, les harnais, 
la nourriture, les frais de représentation, etc., sont en dehors. 



XVI 



Frais de poste de quelques officiers d'ordonnance de l'Empereur. 
— Le 6 février 1813, le duc de Vicence reçoit des « états de frais 
de poste et de missions de MM. les officiers d'ordonnance de Sa 
Majesté pendant 1812, dont le détail suit » : 

A M. le baron Gliristin, de Skranne à Paris, 2,620 fr. ; à M. Atllia- 
lin, de Vilna à Razasna, 530 fr. ; au même, de Vierballen à Paris, 
2,580 fr. ; à M. le comte de Montaigu, de Vilna à Vitepsk et 
Smolensk, 1,440 fr. ; au même, de Gumbinen à Paris. 3,100 fr. ; 
à M. le comte de Chabrillan, de Gumbinen à Paris, 3,100 fr. ; à 
M. le baron de Mortemart, d'Osunina à Paris, 2,902 fr. ; à M. de 
Teinteignies, de Gumbinen à Paris, 2,717 fr. ; à M. le baron d'IIau- 
tepoul, de Gumbinen à Paris, 2,4i0 fr. ; à M. le baron Gourgaud, 
de Vilna à Paris, 2,967 fr. ; à M. de Lauriston, de Gumbinen à Paris, 
2,462 fr. 

21 février 1813. — Etat des frais de poste de trois officiers d'or- 
donnance de l'Empereur, en 1812, à M. de Chateigner, de Gumbinen 
à Paris, 3,457 fr. ; à M. le baron Desaix, pour le même trajet, 



108 LES ro( nxissr.riîs dk napolkov i*"'' 

8,i.'iT IV.; à M. (Ir (ijilz, pour le inrine |);u'cours, 2,Jj0o fr. (Arch. 
na(. 0-71.) 

Ajoutons, jiour la même année, les frais de poste d'un autre officier 
il'ordonnance de ri']inpcreur, le baron de Montmorency, 3,780 fr. 
(/(/. 0^'71.) 



XVII 



Les voitures, les équipages de l'empereur. — Les voitures du 
sacre ont été décrite?, mais n'ayant pas trouvé aux Archives natio- 
nales lesmémoiresdes fournisseurs, nous n'en dirons rien. Notre travail 
ne comprend que des documents officiels, inédits, puisés aux sources 
mêmes sur des feuilles manuscrites, ou sur les factures délivrées par 
les fournisseurs. Nous avons été plus heureux en ce qui concerne les 
voitures de la cour, commandées par l'Empereur, en 1810, lors de 
son mariage avec Marie-Louise. 

Les carrossiers de Napoléon se nommaient Devaux, faubourg Pois- 
sonnière ; Cauyette et Gœtting, rue des Martyrs. En dehors des 
fournisseurs brevetés, l'Empereur étendait ses commandes à de nom- 
breux fabricants de premier ordre, tels que Braidy, Rasp, Dussaussoy, 
Grosjean, Pichard, Leduc, Chibourg, Vosgien, Boutin, Delocue, 
Derague, Blanciietox, etc. 

Le 10 juin 1810, le grand ecuyer, M. de Gaulaincourt, écrit à 
M. Daru, intendant général de la liste civile : « Monsieur le Comte, j'ai 
l'honneur de vous adresser ci-joint, en double expédition, des pièces 
de dépenses du service des écuries dont le détail suit. Ces pièces sont 
imputées sur le fonds de 516,995 fr. mis en ma disposition, par déci- 
sion du 10 mars dernier pour les dépenses du mariage de Sa Majesté. » 

Les dépenses, dont il est question dans cette lettre, ont trait aux 
mémoires des habiles maîtres carrossiers cités plus haut ; elles s'élè- 
vent à la somme de 377,112 fr. — Ce sont ces mémoires que nous 
allons résumer ; ils donneront une idée de ce qu'étaient les somptueux 
équipages de la cour impériale. Disons de suite que les trente-quatre 
berlines mentionnées ci-dessous avaient toutes la caisse décorée à 
fond d'or. 

Braidy, sellier-carrossier, 4, rue de l'Arcade : deux berlines garnies 
de drap et satin blancs : 19,000 fr. — Gœtting, rue des Martyrs, 9 ; 
une berline de ville élégante, l'intérieur garni de velours rose, à bou- 



SERVICE DU GRAND ÉGUYER 109 

quels et guirlandes de roses sur les panneaux ; toutes les ferrures, 
moulures et ornements dorés en plein pour le service de l'Impératrice, 
17.000 fr. 

Pour le service de l'Empereur : une riche berline de six places, 
l'intérieur garni de velours blanc, une housse en velours blanc, une 
courroie de laquais et deux poignées de pages ; le train en frêne riche- 
ment sculpté. Le fond de la caisse doré, glacé en vert, sur un fond 
d'or. Sur les panneaux, les armes impériales et quatre bouquets 
peints, 20,000 fr. 

Rasp, sellier-carrossier, 46, rue de Verneuil : quatre berlines garnies 
de drap blanc et galons de soie, les matelas de custode en satin, 
17,o00 fr. ; deux autres voilures, 16,000 fr. 

DussAUSSOY, sellier, rue Neuve-du-Luxembourg : deux berlines gar- 
nies de drap blanc, les matelas en satin et galon de soie ; les châssis 
garnis en velours de soie vert, 18,000 fr. 

Grosjean frères, selliers, rue du Ilelder : trois berlines riches, à fond 
d'or, l'intérieur garni de drap blanc, satin au custode, les armes de 
l'Empereur sur chaque face de la voiture, 28,500 fr. 

PicuARD, sellier, rue Montmartre, 170 : une berline à flèche et à cou 
de cygne garnie de drap et satin blancs. La caisse, fond d'or ; les 
armes sur les quatre faces ; des bouquets aux quatre panneaux d'en 
bas, des couronnes dans les frises et dans la coquille, 9,000 fr. — Une 
autre berline, fond orange garnie de même, 9,000 fr. — Une berline 
à brancards, garnie de drap et salin blanc, 8,672 fr. 

Leduc, fabricant de voitures, rue dmBac, 28 : deux berlines peintes, 
les caisses à fond d'or, avec les armes de Sa Majesté sur les quatre 
faces des panneaux du milieu et autres décors sur ceux de côté, les 
trains peints en fond vert glacé, l'intérieur garni de drap blanc, avec 
galon de soie bleu et blanc, 18,500 fr. 

CuiBOURG, sellier et bourrelier, rue Neuve-Saint-Augustin, 49, et rue 
Napoléon : deux berlines garnies de drap blanc et galon de soie, avec 
des matelas en satin, 16,000 fr. — Deux autres berlines riches, peintes 
à fond d'or, 14,800 fr. 

YosGiEN, sellier-carrossier, rue Neuve-Saint-Augustin : deux berlines 
garnies de drap blanc, les caisses peintes fond d'or, avec les armes 
dans les quatre panneaux, fleurs dans les petits panneaux et cou- 
ronnes dans les frises, 16,000 fr. 

BouTiN, sellier, rue Saint-Dominique : trois berlines, fond d'or, gar- 
nies de drap blanc, le train doré et rechampi de vert, 24,000 fr. 



110 LES FOUnMSSELRS DK NAPOLÉON l""'' 

Dklociie, scllier-cliarron- serrurier (autrement dit carrossier), i\, 
rue Iluutcfeuille : trois berlines garnies de drap blanc, les caisses à 
fond d'or, les armes de l'Empereur sur les quatre faces ; des branches 
de laurier de chêne et d'iunnortelles dans les frises et sur les panneaux 
de custodes, 27.000 fr. 

Jean-Baptiste Behaghe jeune, carrossier, rue de Provence, 48 : 
deux berlines peintes à fond d'or, doublées de drap blanc ; sur les 
panneaux, des bouquets et les armes impériales, 15,000 fr. 

Blancheton, sellier, 68, rue de Lille : une berline, avec armoiries 
et bouquets sur les panneaux, garnie de drap blanc, 8,000 fr. 

Percuelet, bourrelier des écuries de Leurs Majestés : — vingt- 
quatre attelages riches, à six chevaux, à la française, garnis en plaqué 
d'argent, 43,-00 fr. — Vingt-deux attelages, à six chevaux, de guides 
en laine écarlate, garnis de leurs glands de parade et en boucles pla- 
quées, tous les bouts et enchapures en cuir rouge dans la main du 
cocher, l,3fi0 fr. 

MiLBOURN, sellier et harnacheur, rue Saint-Honoré, lo9 : vingt- 
quatre selles d'attelage, 1,236 fr. [Arch. nat. 0-*77.) 

DuON, passementier, 32, rue Bourg-l'Abbé : — vingt-deux attelages 
à six chevaux, guides en laine écarlate, glands, nattes, pompons, 
cocardes, à 486 fr. l'attelage. Total, avec diverses fournitures de même 
genre, 12,669 fr. 

Fel'cuère, ciseleur-doreur, rue Notre-Dame-de-Nazareth, 25 : pour 
avoir fourni aux harnais et voilures des ornements ciselés, dorés au 
mat, tels que rosettes, étoiles, petits aigles, frontaux découpés à jour, 
etc., 592 fr. 50. 

Terwaen, brodeur, 33, rue de l'Arbre-Sec : quatre demi-soleils 
brodés en paillettes d'or de trois pouces de diamètre, pour une berline, 
80 fr. 

Malgré la sécheresse de ces renseignements, puisés sur les factures 
mêmes, nous croyons devoir citer encore, par ordre de date, les 
acquisitions suivantes : 

DuciiEMiN : un fourgon à cassettes, 5,800 fr. Pour réparations di- 
verses faites l'année précédente, 25,214 fr. 

Devaux : <t charron » une berline, 15,600 fr. — Un chariot de poste, 
7,600 fr. — Une calèche de poste, 6,300 fr. — Une gondole, 5,000 fr. — 
Deux fourgons, 8,000 fr. — Une guinguette, 7,000 fr. — La plupart 
de ces voitures sont désignées pour « l'équipage des transports ». C'est 
l'équipage de guerre qui suitl'Empereur dans ses campagnes. Le bud- 



SERVICE DU GRAND ÉCUYER Hl 

get de 1811, pour l'équipage des transports, est de 77,060 fr. {Arch. 
nat.O-ni.) 

1812. — Devaux : une calèche Daumont, 5,500 fr. — Un cabriolet, 
1,600 fr. — Réparations aux voitures de voyage, 4,435 fr. — Une 
berline de ville et de voyage, cotée 9,000 fr., prix réduit après exper- 
tise à 8,800 fr. {fdem, 0-71 et 0-84.) 

Voici neuf voitures de la fabrique de Cauyette, dirigée parGETXiNG, 
rue des Martyrs : un landau en berline, 11,560 fr. — Un landolet, en 
forme de dormeuse, 7,600 fr. — Deux voitures pour les lits de Sa 
Majesté, 10,240 fr. — Une voiture de ville incognito, 7,000 fr. — Une 
dormeuse, iO,282 fr. — Un landau, 9,000 fr. — Une calèche Dau- 
mont, 5,500 fr. — Une diligence, 6,000 fr. — Réparations de diverses 
voitures, i,900fr. {Arch. nat. 0-71.) Une dormeuse, d'une nouvelle 
voie allemande, offrant à l'intérieur un lit complet et tout ce qu'il 
faut pour écrire, 8,500 fr. (/(/., 0-84.) 

Mars 1812. — Voici, pour le service de l'Empereur; une ber- 
line de voyage d'un prix exceptionnel ; elle coûte 17,000 fr. après 
avoir subi une réduction de 1,000 francs. Le mémoire est ainsi apos- 
tille : 

« Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de l,178,79ifr. mis à notre 
disposition pour achat de chevaux, nourriture, voitures, voyages, par 
le budget arrêté le 8 février dernier. — A Paris, le 19 mars 1812. Le 
grand écuyer, duc de Vigexce. » {Arch. nat. 0-84.) 

Presque toutes ces voitures vont faire la campagne de Russie ; elles 
iront jusqu'à Moscou. Combien en reviendra-t-il ? 

Janvier 1814. — Cvuyette est toujours le fournisseur préféré ; sa 
facture se résume à cinq berlines, 36,000 fr. ; trois dormeuses, 
24,282 fr. 

Nous trouvons à la même date quelques autres fournisseurs : 
Devaux, pour trois voitures, 18,200 fr. — Percuelet, pour harnais, 
22,010 fr. Daydé, chapelier, 3,369 fr. — Laurent, bottier, 6,062 fr. — 
Bastide, tailleur, pour habillement des employés, 115,542 fr. Les 
employés dont parle Bastide comprennent surtout le nombreux per- 
sonnel des écuries impériales et des équipages de guerre. Lercbours, 
opticien, pour fournitures et réparations de lunettes, 1,518 fr. {Arch. 
nat. 0-*73.) 

1815. Les Cent-Jours. — Au nombre des dernières voitures livrées 
par Cauyette à l'Empereur, nous remarquons : une dormeuse, cotée 
9,753 fr. Napoléon n'eût guère le temps d'en faire usage ; le repos 



112 LES FOURNISSEURS DE NAPOLEON 1*^'" 

{ju'il y clifrcha dut être bien trouble par d'amères réflexions sur 
rinslabililé des grandeurs humaines. 

Devaux fait pour 10,1:21 fr. de réparations etGAUTiiiER, peintre, pour 
10,944 fr. de peintures [Idem, 0-*74). Sans avoir le détail de ces tra- 
vaux, il est facile de s'en rendre compte. Il s'agit des voitures de la 
cour ; on a changé leur habit en les remettant aux couleurs et aux 
armes impériales, en attendant qu'elles reprennent les fleurs de lis et 
le chifl're de Louis XVlll. 

Le registre (O-*107) qui mentionne les dépenses du grand écuyer, 
pendant les Cent-Jours, porte à l'en-tête des comptes : Maison de 
Bonaparte. 2 mois et \() jours de 181o. 



CHAPIÏHI:: XVI 



LES THEATRES DE LA VILLE ET DE LA COUR 



academie impékiale de musique. theatre de 
l'impératrice 



Napoléon était partisan du faste extérieur, dès qu'il s'agissait de 
représentations théâtrales, soit à la ville, soit à la cour, soit à 
l'étranger. Dans ce dernier cas surtout, il recommandait de déployer 
le plus grand luxe, voulant que la France en imposât par sa civilisa- 
tion autant que par ses armes. 

On en trouvera un exemple dans la lettre suivante de l'Empereur 
au comte de Rémusat, premier chambellan, surintendant des spec- 
tacles, à Paris : 

8 février 1810. — « Vous ne me rendez aucun compte de l'admi- 
nistration des théâtres et vous faites mettre de nouvelles pièces à 
l'étude sans m'en instruire. J'apprends que la Mort (VAbeU et un 
ballet sont mis à l'étude. Vous ne devez mettre aucune nouvelle 
pièce à l'étude sans mon consentement. Faites-moi un rapport là- 
dessus. » [Corresp. de Napoléon /'', t. XX, p. 2ÎÎ4.) 

Nouvelle lettre datée de Paris le 2 mars 1810 : « Monsieur de 
Rémusat, mon premier chambellan, il faudrait donner la Mort d'Ahel, 
le 20 mars ; donner le ballet de Persée et Andromède le lundi de 
Pâques ; donner les Baijadcres, quinze jours après ; Sophocle, Armide, 

1 Opéra en trois actes, par Rodolplic Kreutzer, premier violon de la musique 
de l'Empereur. 

8 



il* LES FOrnMSSEURS DE NAPOLÉON l'^'' 

dans le courant de l'élé ; les Danaïdes, dans l'automne ; les Sabines, 
à la fin do mai. l]u général, mon intention est que, dans le mois de 
Pàijues, il y ail le plus de nouveautés possible, vu qu'il y aura un 
grand nombre d'étrangers à Paris, à cause des fêtes. » {Corresp. de 
Napoléon /"'', t. XX, p. !2V)5.) 

A son retour de l'Ile d'Elbe, pendant les Cenl-Juurs, Xapoléon eut 
le temps de donner quelques fêtes. Au milieu des graves préoccupa- 
tions qui l'absorbaient, ce n'était certes pas pour se divertir, mais il 
voulait rassurer l'opinion publique et donner une confiance qu'il 
n'avait peut-être p'as lui-même. 
Nous voyons, sur un Mémoire de Mignerct : 

'1815. 12 avril. — 400 lettres pour le spectacle du Palais des Tui- 
leries, dont 200 pour les Excellences, sur 
papier blanc superflu, composition, tirage 

et papier 16 fr. 

13 avril. — 400 lettres pour annoncer que le 

spectacle n'aura pas lieu 16 fr. 

19 avril. — 400 lettres pour le spectacle, au Palais 

de l'Elysée, dont 100 pour les Excellences. 16 fr. 
3 mai. — 400 lettres pour le spectacle au l^alais 

de l'Elysée K; fr. 

10 mai. — 400 lettres pour le spectacle au Palais 

de l'Elysée 16 fr. 

11 mai. — • 500 lettres pour être admis au lever de 

Sa Majesté 20 fr. 

16 mai. — 400 lettres pour le spectacle au Palais 

de l'Elysée 16 fr. 

24 mai. — 400 lettres pour le spectacle au Palais 

de l'Elysée 16 fr. 

29 mai. — 300 billets pour être admis à la céré- 
monie du champ de Mai, pour la musi(|ue 
de la Chapelle 9 fr. 

Total 141 fr. 

Vu, ordonné et approuvé, sur le fonds de loo,5o6 fr. que le 
budget de 1813 met à notre disposition pour les théâtres de la cour, 

ballets, etc. 

Le Grand Chambellan, 
Le comte de Montesquiou. 
Paris, 19 juin 1815. 



LES THÉÂTRES DE LA VILLE ET DE LA COUR 115 



II 



L'Empereur avait sa loge dans les grands théâtres de Paris, qu'il 
payait trimestriellement sur un budget établi chaque année ; celui 
de 1806 s'élevait pour les locations à 60,000 fr. Les reçus des direc- 
teurs nous en indiquent les prix par trimestre : 

Deux loges à 1" Académie impériale de Musique, 5,000 fr. — La 
loge impériale à rOpéra-Gomique, 3,000 fr. — Au théâtre de l'Impé- 
ratrice (Italiens), 4,000 fr. — Au Théâtre-Français, 3,000 fr. [Arch . 
nat. 0^30.) 

Suivant un Mémoire datée de 1809, Jacob Desmalter fournit pour 
la loge de l'Empereur, à Feydeau : 

Une chaise d'affaire en bois d'acajou, le dessus avec couvercle 
garni de compas et charnière en cuivre, l'intérieur, avec un vase en 
faïence, 60 fr. — Une table de nuit en acajou, de forme carrée, le 
marbre dessus et celui intérieurement en petit granit, garnie de deux 
vases en porcelaine blanche. 100 fr. [Arch. nat. 0-36.) 

Des modifications surgissent au cours des événements. 

Le io janvier 1814, le comte de Montesquiou, grand chambellan, 
écrivait à M. Mogé, conservateur du mobilier : 

« J'ai l'honneur de vous prévenir, Mozisieur, que l'intention de Sa 
Majesté est de ne point conserver les deux loges qu'elle avait prises 
il y a trois ans, à l'Opéra du côté de l'Impératrice, non plus que la 
grande, située au Théâtre-Français du même coté. Yous pouvez, en 
conséquence, faire retirer de ces trois loges les meubles appartenant 
au mobilier de la couronne que vous y auriez fait placer. 

« Je vous prie, Monsieur, de recevoir l'assurance d*^ ma parfaite 

considération. 

Signé : « le comte de montes.juiou. » 

Enfin, le l!2 mai 1814, pendant que Napoléon était à l'île d'Elbe, 
M. de Rémusat, surintendant des spectacles, donnait l'ordre de faire 
porter dans la loge du roi Louis XYlIl, à l'Académie royale de Musi- 
que : 

« Un fauteuil très large, pour le roi ; une chaise toute prête pour 
servir au besoin; un pliant, pour M'"' la duchesse d'Angoulême 
et cinq tabourets. » [Arch. nat. O-ooo.) 



110 LES FOIRMSSELRS DE NAPOLfiON l'"'" 



111 



Le Ihéàlrc de l'Opéra, sous la dénomination d'Académie impériale 
de Musique, venait alors en première ligne. 

En 1807, pour fêter le retour de la grande armée, il y eut dans 
tous les the'àtres des spectacles gratis. L'Opéra donna le Triomphe 
de Trajan, tragédie lyrique en trois actes, paroles d'Esménard, musi- 
que de Lesucur et Persuis. 

« Le parterre, l'orchestre et les principaux rangs de loges et de 
galeries étaient réservés à la garde impériale. L'Opéra donna le 
Triomphe de Trajan... Cet opéra n'était qu'une série d'allusions ingé- 
nieuses à la gloire de Napoléon Au moment du triomphe, quand 

l'Empereur romain apparaissait sur un char traîné par quatre 
chevaux blancs, ce n'était pas Trajan qu'on applaudissait, c'était 
Napoléon. » (Imbert de St-Amand, La Cour de l'impératrice José- 
phine, p. 401.) 

IV 

Quant au budget de la danse, il s'élevait à 40,000 fr. En 1808, le 
corps de ballet était ainsi composé : Gardel, maître de ballet : 
G, 000 fr. — Despréaux, maître à danser : 3,000 fr. — Vestris, pre- 
mier danseur : 3,000 fr. — Saint-Amand et Beaulieu, deuxièmes dan- 
seurs, chacun i2,400 fr. — Beaupré et Branchu, troisièmes danseurs, 
chacun 2,000 fr. — M'""^ Gardel et Glotide, premières danseuses, 
chacune 3,000 fr. — M"""* Bizottini et Chevigny, deuxièmes dan- 
seuses, chacune 2,400 fr. — M'"*^* Millière et Duport, troisièmes 
danseuses, chacune 2,000 fr. — Pilate et Launer, répétiteurs, chacun 
600 fr. 

« Vu, ordonné et approuvé, sur le fonds de 40,000 fr. que le bud- 
get de 1808 met à notre disposition pour le maître de ballets, dan- 
seurs, danseuses et le maître à danser. 

« Le vice-grand électeur, grand chambellan, 

« CuARLES Maurice. » 

Signé par Tallcyrand, d'une très mauvaise écriture, à Yalençay le 
lo juillet 1808. [Arch. nat. 0^33.) 



LES THÉATRE3 DZ LA VILLE ET DE LA COUR 117 



V 



Concurremment avec l'Académie impériale de musique, le Théâtre 
de l'Impératrice « Opéra séria e buffa », autrement dit : Théâtre- 
Italien donnait des représentations spéciales auxquelles assistaient la 
plupart des grands personnages. 

De temps à autre, les premiers sujets de ce théâtre étaient appelés 
à jouer sur les théâtres de la cour. 

Parmi les artistes italiens engagés pour l'année 1808, nous remar- 
quons M'"'- Grassini, première chanteuse : oG,OUO fr. par an. — 
jjme Y^'év. première chanteuse de la chambre : -lO.OOO fr. — Nozzani, 
engagé pour quatre mois : 10,000 fr. — Barrilli, ténor, et Tarilli, 
chacun 066 fr. 66 par mois. — Lombardi, première basse, 1,000 fr, 
par mois. {Ardi. nat. 0H8.) 

Benelli, premier ténor : 11,000 fr. par an. — Pianelli, deuxième 
ténor : 7,000 fr. — Lombardi, première basse : 1:2,000 fr. — Angri- 
zani, deuxième basse : 11,000 fr. M""' Anglola Chies, deuxième dame, 
et Antonio Chies, deuxième ténor : 9,000 fr. 

« Sur le fonds de 60,000 fr. mis à notre disposition suivant le décret 
daté de Bayonne le 26 mai 1808, pour les appointements des nou- 
veaux artistes italiens. » [Arch. nat. 0-34.) 

« Signé par Talleyrand, 

« CoARLES Maurice. » 

VI 

Dans le second semestre de l'année 1810, le Théâtre-Italien donna 
les représentations suivantes : le 22 juillet, aux Tuileries : la Moli- 
nara. — A Saint-Cloud, les 23 août, 6 et 20 septembre : les Nozze di 
Dorina. — Les Due Rivali. 

A Fontainebleau, du 1'"'' octobre au 5 novembre. /. Zingari in fie- 
ra. — Bue Gemelli. — La Grisilda. 

Aux Tuileries, du 27 novembre au 18 décembre : V Imprésario et 
la Provera delV opéra séria. — Il Barbiere di Siviglia et II Matri- 
monio secrelo. — La Nina et la Cosa rara. 

Voici, d'ailleurs, quels étaient les appointements des nouveaux 
artistes italiens, employés au théâtre de la cour en 1810 : 



H8 LES FOlRMSSF.LnS DF, NAPOLKON l''' 

Genlilli, premier ti'-nor 14,000 fr. — Benelli, premier ténor 9,000 fr. 
— Angrizani et Botrgia, premières basses, chacun 9,000 fr. — 
M'"''Giacomelli et M"'' Jlymin, chacune 5,000 fr. — Havelli. remplissant 
les fonctions de régisseur, 3,600 fr. — Rinaldi, souCrieur, irlOO fr. 

« Sur le fonds de o6,000 fr. que le budget de 1810 met à notre dis- 
position pour les appointements des nouveaux artistes italiens alta- 
chés aux théâtres de la cour. » {Arch. nat. 0-33.) 

Signé : « Le comte de Montesquigu. » 
« 23 mai 1810. . 



VII 



Le 2 mai 1811, le Théâtre de l'Impératrice joue à Saint-Cloud, la 
Destruction de Jérusalem, 2,400 fr. ; le 16 juin, aux Tuileries : Didon, 
2,000 fr. ; le 25 juillet, la Grisilda ; le 21 août, la Molinara. En sep- 
tembre, àCompiègne : Cosi fantutte. — Nemici generosi. — Le Can- 
tatrice villane. Les premières à 1200 fr., ces dernières à 2,700 fr. 
1811. Du 3 au 19 mars, le même théâtre vient donner six représen- 
tations devant la cour : la Provera delV liuilièmes en avril 1807 et pai-L rnlière en 1809. Després, reçu 
en 1803, a débuté enl792, dans Mahomet ; mis, on 1799, aux appoin- 
tements de 3,000 fr. ; en 1803, à 4,000 fr. ; en mars 1807, à quart de 
part; en avril 1808, à trois huitièmes; en novembre 1809 à demi- 
part et en avril 1811 à cinq huitièmes. 

Lacave, reçu en 1803, a débuté en 1796; il a été en 1799 aux 
appointements de 3,000 fr. ; en 1803, à 3,500 fr. les six premiers 
mois et à 4,000 fr. les six derniers ; en mars 1807, à quart de part; 
en avril 1808, à trois huitièmes ; en novembre 1809, à demi-part; en 
avril 1811, cinq huitièmes de part. 

Thénard, admis en 1810, a débuté le 3 novembre 1807 dans le Dis- 
sipateur et la Fausse Agnès, aux appointements de 3,000 fr. ; en 
novembre 1808 à 4,000 fr. ; en octobre 1810, à quart de part ; en avril 
1811, à trois huitièmes; en mai 1812, à demi-part. 

Vigny, reçu en 1811, a débuté le 18 octobre 1808, dans la Métro- 
manie, aux appointements de 3,000 fr. ; mis à 4,000 fr. ; en juin 1810, 
à quart de part, en avril 1811 ; à trois huitièmes, au mois d'octobre 
suivant et à demi-part, en avril 1812. 

Michelot, reçu en 1811, a débuté en mars 1803, dans Brilannicus 
et les Fausses Infidélités, aux appointements de 2,400 fr. ; en mars 
1807, porté à 3,000 fr. ; en juillet 1808, à 3,500 fr. ; en avril 1809, à 
4,000 fr.; en octobre 1811, mis à quart de part et en avril 1813, à 
trois huitièmes. 

M™*^* Rancourt, reçue en 177o; 

Thénard, reçue en 1781 ; 

Contât (Emilie), reçue en 1785; 

Mézerai, reçue en 1793, a débuté le 21 juillet 1791, dans les Dehors 
trompeurs, aux appointements de 2,000 fr.; puis à 4,000 fr. en 1792 ; 
en 1799, admise à trois quarts de part et en janvier 1803, à part 
entière ; 

Mars, reçue en 1799, a débuté en janvier 1795 ; admise à trois hui- 
tièmes de part, l'année de sa réception; à cinq huitièmes, en janvier 



LES THÉÂTRES DE LA VILLE ET DE LA COLR 127 

1803 ; à trois quarts en octobre; à sept huitièmes, en septembre 1804, 
et à jiart entière, en mars 1807 ; 

Bourgoin, reçue en 180iî, a débuté en mars 1801, a repris ses 
débuts le 28 novembre, dans Mélanie et l'Ecole des femmes, aux 
appointements de 7,000 fr. Admise en janvier 180:2 à trois huitièmes 
de part ; en avril 1804, à demi-part, en avril 1809 à cinq huitièmes 
de part; en avril 1811, à trois quarts de part; 

Volnais, reçue en 180:2, a débuté le 4 mai 1801 dans Britannicus, 
aux appointements de :2,400 fr. ; mise en janvier 1803, à 4,000 fr. ; à 
trois liuilièmes de part, en avril 1804; à demi-part, en avril 1807 ; à 
cinq huitièmes, en avril 1809; à trois quarts, en novembre de la 
même année, et à sept huitièmes en avril 1811 ; 

Duchesnois, reçue à trois huitièmes de part en 1804, a débuté, le 
6 août 1802, dans Phèdre aux appointements de 4;000 fr. ; admise à 
demi-part, en 1806; à cinq huitièmes en avril 1807; à trois quarts en 
août 1808 ; à sept huitièmes en avril 1809, et à part entière en 
novembre de la même année; 

Georges a débuté, le 29 novembre 1802, par le rôle de Clytemnestre 
dans Iphigénie en Aulide, aux appointements de 4,000 fr. ; reçue 
sociétaire, en février 1804, à trois huitièmes de part ; en 1806, à demi- 
part ; en avril 1807, à cinq huitièmes de part; est partie pour la 
Russie en mai 1808 ; est rentrée à la Comédie-Française en septembre 
1813, à cinq huitièmes de part ; mise à part entière au mois d'avril 
suivant ; 

Leverd, a débuté le 30 juillet 1808, par le rôle d'Aramynthe, dans 
le Misanthrope, aux appointements de 4,000 fr. ; reçue le l""" avril 1809 
à trois huitièmes de part; en novembre à demi-part; en janvier 1811 
à cinq huitièmes; en avril, à trois quarts et en avril 1812, à sept 
huitièmes ; 

Dupuis a débuté, le 17 février 18U8, dans Andromaque et l'Ecole 
des Maris, aux appointements de 3,000 fr. ; mise, en avril 1809, à 
4,000 fr. ; reçue sociétaire en janvier 1813, à quart de part et à trois 
huitièmes en avril de la même année. 

Demerson a débuté, le 9 juillet 1810, dans le Joueur, à 2,400 fr. ; 
portée à 3,000 fr. en avril 1812 et reçue le l'^'" avril 1813, à quart de 
part. {Arch. nat. 0'4o.) 



128 LES lOLRMSSEUnS DE NAPOLÉON l*""" 



VIII 



Pendant les Cenl-Jours, l'Empereur voulut que des reprc'sentalions 
dramatiques eussent lieu sur les llie'àtres de la Cour comme par le 
passé. C'était, à ses yeux, le meilleur moyen de rassurer l'opinion 
]iul)Iique. 

Voici, h cet égard, ce que nous trouvons aux Archives nationales. 

Tdéatrk-Français. — Aux Comédiens français ordinaires de Sa 
Majesté l'Empereur, pour la représentation Suite dCun bal masqué, 
donnée par eux sur le théâtre de l'Élysée-Napoléon, le 4 mai 1815, la 
somme de 1,:200 fr. 

« Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de loo.ooC fr. pour 9 mois 
et 10 jours que le budget de 181o met à notre disposition... » 

Aux Comédiens français pour la représentation de la Nièce supposée 
donnée par eux sur le théâtre de la cour au Palais des Tuileries, le 
13 avril 1815, 1,200 fr. 

1815. — La loge de l'Empereur est payée seulement du 20 mars au 
31 mai, 3,111 fr. 10. 

« Le comte de montesql'iou. 
« Paris, ce 8 juin 1815. » 

Au mois d'avril 1815, le grand chambellan nomme Membres du 
Comité de lecture MM. Fleury, Saint-Prix, Saint- Phal, ïalma. 
Michot, Damas, Baptiste aîné, Lafondet M"'^ Mars. Sont nommés jurés 
supplémentaires, Baptiste cadet, M'"*^^ Duchesnoy et George. [ArcJi. 
nat. 0-45.) 



LES spectacles, LES CONCERTS ET LES lîALLETS 

OPÉRA-COMinCE 



I 

En 1810, les artistes de l'Opéra-Comique furent souvent appelés sur 
les théâtres de la cour. Nos recherches aux Archives nationales noua 



LES THÉÂTRES DE LA VILLE ET DE LA COUR i29 

permettent de citer vingt-neuf représentations, aux Tuileries, à Saint- 
Gloud, à Compiègne et à Fontainebleau. 

Tuileries, du 4 février au 1o mars : le Roi et le Fermier. — 
L'Epreuve villageoise. — Le Prisonnier. — Le Trente et Quarante. 
Total pour les quatre soirées : G, 400 fr. — A Compiègne, du 11 au 
18 avi-il, sept représentations à 3,200 fr. — Le 8 juin, à Saint-Cloud : 
.Joseph, 2,000 fr. 

A Fontainebleau, du 7 octobre au 12 novembre : le Calife de Bag- 
dad. — Les petits Savoyards. — Le Roi et le Fermier. — Le Prison- 
nier. — Une Folie. — Une Heure de mariage. — Maison à vendre. 

Palais des Tuileries, du 20 novembre au 30 décembre : VAmi de la 
maison. — La Fausse Magie. — Renaud dWst. — L'Oncle valet. — 
Le Tableau parlant. — La Mélomanie. — Alexis ou V Erreur d'un 
bon père. — La belle Arsène. — Zémire et Azor. — Le Calife de 
Bagdad. — Stratonice. — La Servante maîtresse. Aux Tuileries, le 
prix de la représentation est de 1,200 fr. tandis qu'à Fontainebleau, 
il est de 2,700 fr. 



II 



1811. — L'Opéra-Gomique joue, au palais de Saint-Cloud, du 8 au 
22 janvier : les Evénements imprévus. — Les Visitandines. — Azema 
ou les Sauvages. — Le 10 et le 28 février : Ma tante Aurore. — 
Gulnare. Total : 6,000 fr. 

i^jn.os Barilli, Festa et Camporesi reçoivent chacune une indemnilé 
de 500 fr. pour leurs frais de costumes dans la pièce jouée sur le 
théâtre de la cour, à Trianon, le 2o août 1811. (0-39.) 

L'engagement de M'"*^ Camporesi date du 14 mai 1811. Ses appoin- 
tements étaient de 24,000 fr. Elle touche en outre, une somme de 
2,000 fr. 



III 



Pendant la courte période des Cent-Jours, le théâtre impérial et 
rOpéra-Gomique jouèrent plusieurs fois sur les théâtres de la cour. 

1815. — Bordereau des représentations données sur le théâtre de la 
cour à l'ËIysée-Napoléon, pendant les mois d'avril et de mni. savoir : 

9 



130 LES FOLRMSSELRS DE NAPOLÉON 1*^'" 

^Yt iiwW : le Nouveau Seigneur du village '1,12()0 fr. 

'8 mai : les Deux Jaloux 1,200 fr. 



THÉÂTRES DE LA COUR 



I 



Peu de temps avant le divorce, le Moniteur parlant des fêtes de 
Fontainebleau dit : « 5 novembre 1809. — ... Avant-hier, on a joué, sur 
le théâtre de la cour, la comédie intitulée : le Secret du ménage. Les 
artistes de l'Opera-BufTa ont ensuite exécuté un acte de la Serra inna- 
morata. Sa Majesté a chassé à courre hier pendant cinq heures et 
demie et a fait plus de vingt lieues à cheval. » 

« Fontainebleau, 8 novembre. — Le nombre des personnes que la 
cour attire ici augmente chaque jour. On a joué ce soir, sur le théâtre 
de la cour, le premier acte d'un opéra de M. Paër, intitulé : Leonora. » 

« Fontainebleau, 11 novembre. — S. M. le Roi de Westphalie est 
ici depuis plusieurs jours. Il y a eu hier et avant-hier chasse à tir, et 
aujourd'hui chasse à courre... On dit qu'il y aura un bal nombreux 
dans la grande salle du château et une représentation de Roméo et 
Juliette, sur le théâtre de la cour. » (Imbert de Saint-Amand. Les 
dernières années de V Impératrice Joséphine., p. 102.) 



II 



La dernière fête à laquelle assista Joséphine avant son divorce eut 
lieu le 12 décembre 1809, au château de Grosbois, chez Berthier, 
prince de Neufchàlel et de Wagram. L'Empereur et l'Impératrice s'y 
trouvaient avec le roi de Wurtemberg, le roi et la reine de Naples, le 
roi et la reine de Westphalie. 

Pour distraire ses augustes hôtes, Berthier chargea Brunet, le célèbre 
comique, de venir jouer une des pièces les plus drôles de son réper- 
toire dont il lui laissa le choix, négligeant de s'assurer si elle ne ren- 
fermait pas d'allusions désagréables à entendre. Brunet, ignorant les 
projets de divorce, choisit un vaudeville très amusant en toute autre 



LES THÉÂTRES DE LA VILLE ET DE LA COUR 131 

circonstance : Cadet Roussel, maître de déclamation, où précisément 
on parlait de divorce. « Qu'on juge de l'embarras, de la stupeur de 
l'infortuné Berlhier, dit M. Imbert de Saint-Amand, quand Cadet 
Roussel annonce l'intention de divorcer a pour avoir des ancêtres », 
puis change d'avis en faisant cette très sage remarque : « Je sais ce 
qu'est ma femme, je ne sais ce que serait celle que je prendrais. » 

L'Impératrice luttait contre les larmes, l'Empereur paraissait 
sombre, triste, et leur attitude contrastait avec Thilarité de Berthier, 
dont le gros rire cherchait à dissimuler le malaise. {Les dernières 
années de VImpératrice Joséphine., p. 133.) 



III 

Le divorce était résolu, cependant Napoléon pour donner le change 
à l'opinion publique, voulut qu'une représentation théâtrale eût lieu 
à la Malmaison pour fêter la présence du roi de Saxe. Dans cette 
demeure qui devait être bientôt le refuge de Joséphine, les artistes de 
la Comédie- Française vinrent jouer deux charmantes pièces, la 
Gageure imprévue et la Coquette corrigée. M"'- Contât, bien que 
retirée du théâtre, vint y jouer pour la dernière fois. Elle voulait 
remercier l'Impératrice de la bienveillance qu'elle lui avait toujours 
témoignée. 



IV 



Dans certaines circonstances la poste était insuffisante pour trans- 
porter la masse de voyageurs qui se présentaient sur le même par- 
cours. Lors des fêtes données à Compiègne à l'occasion du mariage de 
l'Empereur avec Marie-Louise, on dut recourir à des entreprises par- 
ticulières. 

En avril 1810, Le Prévost, entrepreneur de voitures, rue Contres- 
carpe, réclame 3,204 fr. pour le transport de Paris à Compiègne, et 
de Compiègne à Paris de toutes les personnes qui ont été employées 
au théâtre de l'Opéra-Comique, pendant le séjour de Sa Majesté. Le 
transport des bagages était compris dans la réclamation. {Arch. nat. 
0^33.) 



i;j2 LES rOlRNISSEURS DD NAPOLÉON 1 



or 



s 



1810. — Le !''■ mars, les acteurs de M. Barré, directeur du Vaude- 
ville, jouent, sur le petit théâtre des Tuileries : Monsieur Guillaume. 
Prix : 900 fr. 

« Vu, ordonné et approuvé » par le grand chambellan comte de 
Moiitesquiou, sur le fonds de 150,000 fi-. que le budget de 1810 met à 
a disposition pour les théâtres des maisons impériales. [Arch. nal. 
0236.) 



VI 



1810. — La troupeéquestre deFranconi, dans l'éclat desa renommée, 
fut appelée à Trianon où se trouvaient l'Empereur et l'Impératrice. 
Une somme de 6,600 fr. fut remise à « M. M. Franconi, tant pour 
la représentation qui a eu lieu devant Leurs Majestés, au palais de 
Trianon, le 11 août 1810, que pour onze journées de séjour avec leur 
troupe, frais d'orchestre et déplacement ». 

Compte soldé « sur le fonds de 150,000 fr. que le budget de 1810 
met à notre disposition pour les théâtres des maisons impériales ». Le 
grand chambellan: « le comte deMontesquiou. » [Arch. nat. 0-36.) 



VII 



En dehors des théâtres de Paris, qui venaient assez souvent donner 
des représentations sur les théâtres de la cour, l'Empereur avait son 
théâtre particulier avec corps de ballet, composé d'artistes distingués 
dont l'engagement se renouvelait chaque année. Quelques-uns n'étaient 
engagés que pour une saison. 

CONCERTS 



En 180G, Paër, l'auteur du Maître de chapelle, quitta Parme, sa 
patrie, pour venir à Paris prendre la direction du théâtre de la cour 



LES THÉÂTRES DE LA VILLE ET DE LA COUR 133 

et de la musique particulière de l'Empereur. Ses appointements s'éle- 
vaient à 28,000 fr. Dans ses déplacements, il touchait en plus 10 fr. 
par poste et 24 fr. par jour. 

M'"° Paër, chanteuse hors ligne, engagée au théâtre de la cour, 
au prix de 30,000 fr. par an, jouissait des mêmes avantages que 
son mari, dans ses déplacements. D'ailleurs ces frais supplémentaires 
étaient semblables pour tous les artistes distingués ; les autres avaient 
bien aussi leurs frais de poste payés, mais ils ne recevaient, en outre, 
que 12 fr. par jour. 

Le costume de directeur, que portait Paër, gracieusement payé par 
l'Empereur, coûtait l,olo fr. La broderie d'argent seule de la 
veste et de l'habit montait à 1,130 fr., Frassy, tailleur, ne deman- 
dait, en ce qui le concernait, que 2oo fr. L'épée, à poignée de nacre, 
fournie par Dupont, fabricant d'armes. Au Dieu Mars, valait avec le 
ceinturon en soie blanche, 130 fr. [Arch. nat. 0-38.) 

Comblé de bienfaits par l'Empereur, Paër joignit à ses fonctions de 
directeur des spectacles de la cour, celui de maitre de chant de l'Impé- 
ratrice. A la chute de l'Empire, il fit des démarches pour être appelé 
à Parme, auprès de Marie-Louise, mais il abandonna bientôt ce pro- 
jet, ayant été nommé directeur des concerts de Louis XYIIL 

Le maestro se plaisait à raconter une aventure qui lui était arri- 
vée avec François P'", empereur d'Autriche, en l'accompagnant sur le 
piano ; l'empereur jouait du violon. Je me permis, dit Paër, de faire 
observer à Sa Majesté que son la était faux -, aussitôt François P'" posa 
son violon sur le piano et se retira. Le lendemain, je parus à son lever 
et lui prodiguai les flatteries les plus exagérées ; « je l'appelai Titus, 
Trajan, Marc-Aurèle..., il ne m'écouta pas. Je n'étais qu'un sot... Si 
je l'eusse appelé Paganini, il m'aurait embrassé. » (Vatout. Le Château 
de Compiègne, p. olO.) 



II 



En dehors des théâtres et des concerts, il y avait aussi la musique 
de la Chapelle, dirigée par Lesueur ; elle comptait des instrumentistes 
de premier ordre. 

Le budget pour la musique et les artistes de la Chapelle était, en 
1806, de 110,000 fr. Le Sueur, directeur, touchait 10,000 fr. ; Rey- 
maitre et chef d'orchestre, 4,000 fr. ; Kreutzer, premier violon. 



134 LES FOURMSSFURS DE NAPOLEON 1*^'" 

4,000 l'r. Les autres artistes, chanteurs et instrumentistes, au nombre 
de trente-huit, recevaient de l,oOO fr. à 3,000 fr. par an. 

Les artistes de la Chapelle et des concerts de l'Empereur recevaient 
m fr. d'indemnité par jour quand ils étaient appelés dans les rési- 
dences impériales, loin de Paris, telles que Compiègne et Fontaine- 
bleau. Une somme de 11,11:2 fr. est payée à ce sujet, le 27 novembre 
1807. Le reçu est signé par « leDirecteur de la musique de l'Empereur, 
Le Sueur », pour indemnité de séjour de ses artistes à Fontainebleau. 
{Arch. nat. 0-34.) 

III 

1807. — A M"*^ Colbran, première cantatrice de la reine d'Espagne, 
pour avoir chanté dans un concert à Saint-Cloud, devant l'Impéra- 
trice, le 20 juillet 1807 : 1,200 fr. Le 24 décembre suivant, la même 
artiste reçoit 1,000 fr. pour le loyer d'une loge à la salle Favart, au 
concert qu'elle a donné. 

En juin, M™'^ Gervasio reçoit 1,200 fr. pour avoir chanté dans six 
concerts aux Tuileries. 

A M"'^ Ilinon, pour s'être fait entendre dans cinq concerts aux Tui- 
leries et à Fontainebleau, 1,200 fr. 

Blanchi, Tarulli, Barilli, et plus tard Cuvelli et Tachinardi touchaient 
aussi 200 fr. quand ils participaient à un concert, soit aux Tuileries, 
soit à Saint-Gloud. 

IV 

Etat des concerts italiens donnés à Saint-Gloud devant Leurs 
Majestés pendant le mois de mai 1808. 

M'"'" Barilli, première cantatrice, un concert le 7 mai : 240 fr. 
Tachinardi, premier ténor, deux concerts, le 3 et le 7 mai, 400 fr. 

Tarulli reçoit 1,000 fr. pour s'être fait entendre dans cinq concerts, 
à Paris et à Fontainebleau du 25 octobre au 30 novembre 1807. 



Si, en 1800, les artistes ne viennent pas jouer à Compiègne devant 
Leurs Majestés, c'est qu'à celte époque le château était la résidence 



LES THÉÂTRES DE LA VILLE ET DE LA COUR 135 

du roi d'Espagne Charles IV. De fréquents accès de goutte le privant 
des plaisirs de la chasse, il se rabattait sur la musique et se plaisait 
à faire sa partie dans des morceaux d'ensemble. Peu soucieux de la 
mesure, il partait souvent trop tôt ; sur les observations de son pre- 
mier violon, le célèbre Boucher, il lui répondit majestueusement : 
« Monsieur, je ne suis pas fait pour attendre ». (Vatout. Le Château 
de Coinpiêgne, p. SIO.) 



VI 



1810. — Etat des frais de voyage à Fontainebleau, pendant le 
séjour de Leurs Majestés, pour M. Paër, directeur des théâtres de la 
cour et la musique particulière de l'Empereur, et M™'' Grassini, pre- 
mière cantatrice de la musique particulière, suivant leur engagement. 

Paër, directeur, pour ol jours à 24 fr 1,224 francs. 

Aller, neuf postes à 10 fr 90 — 

Retour, neuf postes à 10 fr 90 — 

M'"" Grassini, 49 jours à 24 fr 1,176 — 

Aller, neuf postes à 10 fr 90 — 

Retour, neuf postes à 10 fr 90 — 

Total 2,760 francs. 

« Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de 40,000 fr. que le budget 
de 1810 met à notre disposition pour copie de musique, achats d'ins- 
truments, entretien et dépenses diverses. 

« Le Grand Chambellan 
Signé : « Le C'° de Montesquiou. » 

VII 

1811. Voi/age de Bruxelles et de Hollande. 

Au château de Lacken, près de Bruxelles, deux concerts sont don- 
nés les 24 et 27 septembre. Chacun des artistes suivants reçoit 120 fr. 
par soirée : Artot, cor solo; Robberechts, violon solo; Borremann, 
premier violon; Geusse, second violon; Faucquette, alto; Beeckmans,. 
premier violoncelle. 

Le directeur du théâtre de Bruxelles touche 1,200 fr. pour locationi 
de loges, pendant le séjour de l'Impératrice à Lacken. 



136 LF.S FOURNISSKl RS DE NAPOLl':0\ f 

Boggui et le lénor Genlilli rcooiveiil de fortes indemnités de voyage 
pour venir chanter dans des concerts à Lacken et ailleurs. {Arch. nal. 
0237.) 

Concert au palais d'Amsterdam, le ^1 octobre 1811. Les chanteurs 
Pantœnida et Chiodi s'y font entendre et reçoivent chacun 5^00 fr. — 
Nauvigille, premier violon, touche 150 fr. ; Ceulen, second violon; 
Raup, premier violoncelle; Sùla, alto; Bcrti, contrebasse, chacun 
80 fr. {Arch. »rt/. 0-3G.) 

Une indemnité de 3,000 fr. est accordée à l'administration du 
Théâtre-Français d'Amsterdam, pour les loges et places occupées 
tant par Leurs Majestés que par dillerentes personnes de leur suite 
pendant le voyage de Hollande. [Arch. nat. 0^37.) 



YIII 



Les derniers concerts furent donnés sur le théâtre de la Cour, à 
TElysée-Napoléon, du 16 mai au 11 juin I8I0. 

M""" Mainvielle-Fodor : concerts du 30 mai, du 6 et 

du 11 juin 360 francs. 

M""^ Crivelli : concerts des 16, 21 et 28 mai ... 600 — 

M. Reyez : concert du 30 mai 100 — 

Total 1,060 francs. 



INDEMNITÉS. GRATIFICATIONS. BENEFICES 

I 

Comme on l'a vu précédemment, les diverses troupes des grands 
théâtres étaient appelées à jouer sur les théâtres de la cour, aux 
Tuileries, h l'Elysée-Napoléon, à Saint-Cloud, à Trianon, à Compiègne 
et à Fontainebleau. 

Lors de certaines fêtes qui attiraient d'Allemagne beaucoup de 
princes à Paris, comme au mariage de l'Empereur avec Marie-Louise, 
à la naissance du roi de Rome, des loges supplémentaires étaient 
louées à l'intention des princes allemands. 



LES THÉÂTRES DE LA VILLE ET DE LA COIR 137 

Certains artistes obtenaient dans leur engagement une représenta- 
tion à leur bénéfice. Dans ce cas l'Empereur, soit qu'il assistât à la 
représentation, soit que sa loge restât fermée, envoyait au bénéfi- 
ciaire 1,000 fr. et le plus souvent l,i200 fr. — Les auteurs et composi- 
teurs recevaient aussi à l'occasion des gratifications. Dans les concerts 
à Paris et à Saint-CIoud les premiers artistes recevaient, en ge'néral, 
200 fr. par soirée. En voici quelques exemples tirés des Archives 
nationales : 



II 



1807. — A M. Olivier, mécanicien, pour une représentation de son 
spectacle, le 31 mars, devant l'Impératrice, aux Tuileries : 1,000 fr. 

1807. — A M. Steibelt, pianiste, pour un concert donné à l'Impé- 
ratrice, le 30 avril : 1,200 fr. 

1807. — A M. Pierre, directeur du théâtre pittoresque et mécanique 
pour une représentation donnée à Sa Majesté l'Impératrice, le 24 jan- 
vier : 3,000 fr. 

1807. — Au sieur Bogulawski, directeur du théâtre polonais de 
Varsovie, pour la représentation donnée sur l'ordre de TEmpercur, 
suivant la quittance du 24 janvier : 3,000 fr. 

Adrien, de l'Académie impériale de musique, reçoit pour une 
représentation à son bénéfice, le 5 février 1807, à l'Opéra : 1,200 fr. 

A M™'' Gontier, de l'Opéra-Comique, pour la représentation donnée 
en sa faveur, le 30 mars 1807 : 1,200 fr. [Arch. nat. 0-36.) 



III 



1808. — Pour trois mois de loyer des loges de Sa Majesté à l'Aca- 
démie impériale de musique, à commencer du l'" avril 1808, o,000 fr. 
« Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de 60,000 fr. que le budget 
de 1808 met à notre disposition pour le loyer des loges aux différents 
théâtres. 

« Le vice-grand électeur, grand chambellan 
« Charles Mauricc. 
« A Valençay ce 8 juin 1808. » 

{Arch. nat. 0-33.) 



138 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON l*^'" 

'J808. — La loge de Sa Majesté au Ihéàlre de l'Impératrice était de 
4,000 fr. par trimestre. Au Théàtre-Francais, 3,000 fr. 

1,200 fr. accordés pour la loge de Sa Majesté à M. Chéron, artiste 
du grand Opéra, pour la représentation donnée à son bénéfice, le 
!2o avril 1808, sur le théâtre de l'Académie impériale de musique. 

Gratification de 1,200 fr. à M. Rode pour le concert qu'il a donné 
au théâtre de l'Impératrice, le 23 décembre 1808, pour la loge de 
Sa Majesté. 

1808. — Gratification de 600 fr. accordée à la veuve Dozainville, 
pour la représentation donnée le 2 avril au profit de feu Dozainville 
artiste sociétaire de l'Opéra-Comique, pour la loge de Sa Majesté. 

Dû pour le loyer pendant six mois de la loge n° 2 au second à 
commencer du 15 jamier 1808, 2,100 fr. 

Loge à l'Académie impériale de musique par ordre de l'Empereur 
pour l'usage des princes de Mecklembourg-Schwérin et Strélitz et de 
Saxe-Cobourg. 

4808. — Gratification accordée à M"'° Grassini, première chanteuse 
de Sa Majesté pour les loges de l'Empereur à l'Opéra à l'occasion du 
concert donné au bénéfice de cette artiste en mai 1808. 

1808. — Indemnité de 1,500 fr. accordée au sieur Gortais dit Beau- 
jolais, directeur du théâtre de Bordeaux, pour les deux loges qu'ont 
eues Leurs Majestés pendant leur résidence, en 1808. 

21 juillet 1808. — Gratification de 600 fr. à M'"'^ Grespi-Bianchi, 
pour avoir joué le rôle de Lisette dans la Grisilda, opéra italien 
représenté le 9 janvier au palais des Tuileries. 

(Sur le fonds de 150,000 fr.) 

1808. — Gratification de 1,200 fr. chacun aux sieurs Nourrit et 
Dérivis, pour avoir chanté dans cinq concerts à Fontainebleau et à 

Paris. 

(Sur le fonds de 60,000 fr.) 

1808. — Gratification de 400 fr. au sieur Carmanini pour avoir joué 
le rôle du grand prêtre dans le deuxième acte d'Achille, opéra italien 
représenté le 19 mars, aux Tuileries. 

(Sur le fonds de 150,000 fr.) 

« Guarles-Maurice. » 
{Arch. nat. 0-36.) 

1808. — A M. Brizzi, l'^'' ténor du théâtre de la cour, pour son voyage 
de Paris à Munich, 126 postes à 10 fr. 1,260 fr. 



LES THÉÂTRES DE LA VILLE ET DE LA COUR 13D 

Idem pour son voyage de Munich à Paris : 1,260 fr. — {Arch. nal. 
0^34.) 



IV 



Le 14 novembre 1809, l'Empereur accorde une gratification de 
36,000 fr. aux artistes qui ont fait partie du dernier voyage de Fon- 
tainebleau. M"'*' Grassini reçoit 10,000 fr. ; Grescentini et ^1'""= Festa, 
chacun 6,000 fr. ; M"^« Barilli, 4,000 fr. (0^38.) 

Décembre 1809. — Il est dû au théâtre de l'Impératrice 18,000 fr. 
pour six représentations et dix jours de séjour à Fontainebleau. (0^38.) 



1810. — Dans son premier voyage à Compiègne, du 24 au 30 mars, 
M"^*^ Grassi touche une indemnité de 398 fr. pour sept jours à 24 fr. et 
23 postes à 10 fr., aller et retour. 

Pour son second voyage à Compiègne, du 7 au 27 avril, l'indemnité 
s'élève à 734 fr. (21 jours à 24 fr. et 23 postes à 10 fr.) 

1810. Voyage de Belgique. — L'Empereur fait un don de 6,000 fr. 
aux artistes qui ont joué devant lui et l'Impératrice, sur le grand 
théâtre de Bruxelles, le 15 mai 1810. La somme est ainsi répartie : 
MM. Desfossés, Eugène, Coriolis, Perceval, Bousigue ; M™*^^ Berteau, 
Luisel, Saint-Albin, Depoix, chacun 650 fr. — Les choristes, au nombre 
de six, chacun 25 fr. 

L'acteur Pierre Bourson, auteur de la pièce de vers récitée devant 
Leurs Majestés, reçoit 3,000 fr. [Arch. nat. 0-36.) 



VI 



1812. — Gratification de 1,000 fr. à M™® veuve Dugazon, pour une 
représentation à son profit, sur le théâtre français, pour l'indemniser 
des loges de Sa Majesté qui sont restées fermées pendant la représen- 
tation. 

20 mars 1812. — Une indemnité de 1,500 fr. est accordée à M. Alis- 
san de Chazet, auteur de deux pièces en vaudeville. 



iiO LES FOURMSSELT.S DH NAPOLEON I*^'' 

30 avril 1812. — A M. Delourt, compositeur, auteur d'une messe 
pour la chapelle de Sa Majesté, 600 fr. 

Mars 1812. — A M. La Durner, professeur de piano, qui a touché de 
Sa Majesté l'orgue expressif, au concert spirituel du 25 mars, 300 fr. 

12 août 1812. — Indemnité de GOO fr. à M. Delouët, pour un Te 
Deum et \in Domine, salviim fac Imperatorem nostrum qu'il a fait 
pour la musique de la chapelle de l'Empereur. 



CHAPITRE XVII 



LES PRESENTS DE NAPOLEON 



Comme on l'a vu dans la plupart des chapitres qui précèdent, le 
nombre des présents oITerts par Napoléon est incalculable. Naturel- 
lement généreux et habile dans Fart de manier les hommes, il donna 
beaucoup sous toutes les formes. II a multiplié ses dons envers ceux 
qui lui avaient rendu service, comme aucun souverain ne l'a jamais 
fait; les services militaires primaient chez lui tous les autres et il a 
distribué dans son armée, en dotations, en secours, en présents, des 
centaines de millions. 

Napoléon a donné des bijoux, des tabatières, son portrait enrichi 
de diamants, des porcelaines de Sèvres, des tapisseries, des médailles, 
des livres richement reliés, etc. Il a même offert de ses propres che- 
vaux, comme VEloile et YEthiopienne, qu'il envoyait en 1806 à sa 
fille adoptive, la princesse de Bade, et le Sélim, qu'il donnait l'année 
suivante, à l'empereur Alexandre. 

Les bijoux se composent le plus souvent de médaillons, de bagues 
ou de tabatières, ornés soit du portrait de l'Empereur entouré de 
brillants, soit de son chiffre couronné, soit de l'N seul, en brillants. 

Les peintres en miniature chargés de multiplier l'image impériale 
étaient AuBRY, Augustin, Isabey, Gilliard, Jean Guérin, Gauci, Robert 
Lefèvre, Muneret, Nitot, Prosper, QuAGLiA, Saint et l'habile peintre 
en émail, Soiron père. 

Les tapisseries sortaient des Gobelins, de Beauvais ou de la Savon- 
nerie. 

Quant aux porcelaines, toutes provenaient de la manufacture de 



cr 



142 LES FOIUMSSELRS DE NAPOLEON 1 

Sèvres. Pour rameuljlemcnt des palais impériaux, l'Empereur s'adres- 
sait parfois à l'industrie privée, entre autres k la fabrique de Diiil i:t 
GuÉRARD et à celle de Dagoty, mais pour les présents, il aimait mieux 
oiVrir les beaux modèles de Sèvres. 

Napoléon donna aussi des armes, fabriquées à Versailles, sous la 
direction de Boutet, puis encore des pièces d'orfèvrerie pour les 
églises, comme lor.s du sacre à Notre-Dame, et des services d'argen- 
terie à quelques-uns de ses grands officiers, de ses ambassadeurs, ou 
aux mess des régiments de la Garde. 

Pour certains pays comme Alger, Tunis, Gonstantinople, les pré- 
sents consistaient surtout en montres, pendules, fusils, en draps de 
couleurs vives, en étoffes de soie, de velours, d'or et d'argent. 

Quelques industriels adressèrent des demandes au ministre des 
relations extérieures, pour le prier de faire comprendre leurs produits 
parmi les objets de l'industrie française dignes d'être envoyés en pré- 
sents, aux ambassadeurs étrangers. 

M. Girard, Iiabile fabricant de lampes, écrivait de Fontainebleau 
une demande de ce genre, en 1807. 

M. Etienne Michrl, éditeur du Traité des arbres et des arbustes, 
par M. Duhamel, faisait la même année semblable demande, pour 
cet ouvrage (pi'il désirait faire admettre parmi les présents diploma- 
tiques. La réponse du ministre ne nous est pas connue, mais nous 
savons que des livres imprimés par Pierre Didot reçurent cette desti- 
nation. 

Les demandes de l'industrie française étaient motivées parce décret 
de l'Empereur du 12 mai 1806 : 

Article premier. — « Tous les présents donnés par le ministre des 
relations extérieures seront en porcelaine de la manufacture de 
Sèvres, en tapisseries des Gobelins ou de la Savonnerie, en gravures 
et armures et, sous quelque prétexte que ce soit, il n'en sera plus donné 
en diamants. 

Art. 2. — « Le ministre des relations extérieures commandera 
chaque année, pour la somme de trois cent mille francs, en diffé- 
rentes manufactures, des présents suivant la valeur déterminée par 
les décrets précédents, à donner aux ambassadeurs et ministres. » 
[Arch. nal. A F, iv, 1324.) 

LEmpereur ne persista pas longtemps dans ces idées, comme nous 
le verrons plus loin. 

Rappelons de suite que, dès la même année, il commandait à son 



Li:S PRÉSENTS DE NAPOLÉON 143 

joaillier Marguerite (successeur de Foncier), cent riches tabatières 
d'or, serties de brillants de difTérents prix, pour lesquelles il avait éta- 
bli un budget de 380,688 fr. {Arch. nat. 0-3U.) 



II 



Consulat. — Nous commençons, avec le Consulat, par la série des 
présents diplomatiques, en nous guidant sur les documents qu'on a 
bien voulu nous communiquer aux Archives nationales. Malgré ses 
lacunes et son énumération unpeu sèche, cette liste a le mérite d'être 
presque entièrement inédite. 

Sous la monarchie précédente, lorsqu'un ministre ou chargé 
d'affaires, étranger, accrédité à la cour de France, avait terminé sa 
mission, il recevait, après son audience de congé, un présent du roi ; 
c'était, le plus souvent, sous Louis XIV, une boîte à portrait, sous 
Louis XV et sous Louis XVI, une tabatière de prix. Cet usage était si 
bien établi, qu'en" cas de décès de l'ambassadeur, le présent était 
envoyé à la veuve. 

Devenu Premier Consul, Napoléon Bonaparte voulut rétablir les 
présents diplomatiques ; ses collègues, habitués à respecter ses déci- 
sions, se rallièrent à son avis. 

Le 7 thermidor an VIII, « les consuls de la République arrêtent 
ce qui suit : 

a Le présent d'usage du gouvernement français aux ministres 
étrangers sera une boite d'or, portant le chiffre R. F., enrichi de 
diamants. 

« En conséquence, il sera fait des boîtes de différentes valeurs et en 
raison du titre des agents auxquels elles seront destinées. Celles pour 
les ambassadeurs seront du prix de 15,000 fr. — Celles pour les 
ministres plénipotentiaires, de 8,000 fr. — Celles pour les chargés 
d'affaires, de 5,000 fr. 

« Les présents, pour les négociations de paix, traités de commerce, 
et autres circonstances extraordinaires, seront, quant à leur nature et 
leurs valeurs, déterminées en particulier. 

« Le ministre des relations extérieures est chargé de l'exécution du 
présent arrêté, qui ne sera pas imprimé. » [Arch. nat. AF, iv, 97.) 

« Le Premier Consul, 
Signé : « Bonaparte. « 



144 LFS FOURMSSiaRS DK NAPOLÉON T'' 



III 



!28 brumaire an IX (19 novembre 1800). — Les Consuls delà Répu- 
blique, après avoir entendu le ministre des relations extérieures, 
arrêtent : « 11 sera fait à M. de Bouligny, ambassadeur d'Espagne, à 
Conslantinople, un présent en argenterie de la valeur de 30,000 fr. 
— Le ministre des Relations extérieures fera au nom du gouverne- 
ment, le présent d'usage au S'" Boccardi, ex-ministre plénipotentiaire 
de la République ligurienne. Conformément à l'arrêté du 7 thermi- 
dor dernier, il consistera en une tabatière d'or, enrichie de diamants, 
de la valeur de 8,000 fr. » {Arch. nat. AF, iv, 130.) 

7 frimaire an IX (38 novembre 1800). — 11 sera fait à M. le chevalier 
Urquijo, secrétaire d'Etat de Sa Majesté le roi d'Espagne, un présent 
en tapisseries des Gobelins, de la valeur de 36,000 fr. — A M. San y 
Barres, premier secrétaire de la secrétairerie d'Etat de Sa Majesté le 
roi d'Espagne, un présent de trois cents pièces d'or de vingt- 
quatre francs. [Arch. nat. AF, iv, 142.) 

15 nivôse an IX. — La lettre suivante est adressée à Boutkt 
directeur de la manufacture d'armes de Versailles : « J'ai besoin, 
citoyen, pour le service de mon département, de trois ou quatre 
nécessaires d'armes, composés chacun d'une carabine et d'une paire 
de pistolets renfermés dans leur boite d'acajou et dans le prix de 
6,000 fr. l'une. 

« Je vous prie de vous occuper immédiatement de ce travail et de 
donner tous vos soins pour sa prompte exécution. Vous n'épargnerez 
rien, sans doute, pour que ces ouvrages, par leur richesse et leur 
perfection, remplissent les vues que je me propose et ajoutent encore 
à la réputation de votre établissement. » {Aff. étr. Comptabilité, 
179oàl81o.) 

18 nivôse an IX (8 janvier 1801). — Présent au prince de la Paix, 
d'un nécessaire d'armes, de la manufacture de Versailles, du prix de 
iO,000 fr. 

ïalleyrand, ministre des relations extérieures, proposait une 
armure et pressait les Consuls de ne pas négliger le présent au prince 
de la Paix. 

« J'ignore, leur écrivait-il, par quelles circonstances, l'envoi de ce 
présent a été relardé ; mais quoi qu'il en soit, il n'a point été fait 



LES PRÉSENTS DE NAPOLÉON 145 

encore, et il paraît cependant que le prince de la Paix serait très 
flatté de le recevoir. 

« C'est ce que M. de Musquiz a fait entendre à mon prédécesseur 
avec discrétion, et duquel pourtant on a pu inférer que M. d'Urquijo 
l'avait expressément invité à rappeler cet objet. 

« Dans l'état actuel de nos relations avec l'Espagne et à raison de 
l'influence que conserve le prince de la Paix, il paraît convenable 
de lui faire le présent qu'on lui a donné le droit d'attendre. > {Arch. 
nat. AF, iv, lo7.) 

Le présent du prenier Consul ne passa pas inaperçu. « Cette atten- 
tion du plus grand personnage de l'Europe, dit M, Thiers, avait 
touché la vanité du prince de la Paix. Quelques soins de notre 
ambassadeur (M. Alquier) avaient achevé de nous le conquérir, et 
depuis lors la cour d'Espagne tout entière semblait se donner à nous 
sans réserve. » 

« Le roi Charles IV, ayant vu les belles armes expédiées au prince, 
exprima le désir d'en avoir de pareilles. « On se hâta d'en faire fabri- 
quer de magnifiques qu'il reçut avec une véritable joie. La reine aussi 
désira des parures, et M'™ Bonaparte, dont le goût était renom- 
mé, lui envoya tout ce que Paris produisait en ce genre de plus 
recherché et de plus élégant. Charles IV, généreux comme un Castil- 
lan, ne voulut pas rester en arrière, et prit soin de s'acquitter d'une 
manière toute royale. Sachant que des chevaux seraient agréables 
au premier Consul, il dépeupla de leurs plus beaux sujets les haras 
d'Aranjuez, de Medina-Celi et d'Altamire, pour trouver d'abord six, 
puis douze, puis seize chevaux, les plus beaux de la péninsule. » {Le 
Consulat et VEmpire, t. II, p. 117 et 118.) 

On verra un peu plus loin, de quelle façon furent récompensés les 
conducteurs et palefreniers de ces magnifiques chevaux. 

11 ventôse an IX (2 mars 1801). — Le ministre de la marine rendra 
un témoignage de satisfaction au contre-amiral Decrès, pour le 
combat glorieux qu'il a soutenu avec le Guillaume Tell, contre trois 
vaisseaux anglais. Il lui sera fait présent d'une montre marine et 
d'un sabre d'abordage. {Arch. nat. AF, iv, 17o.) 

28 germinal an IX (18 avril 1801). — A le M. le Marquis de Musquiz, 
ex-ambassadeur d'Espagne, présent d'une boîte d'or, enrichie de dia- 
mants, de lo,000 fr. {Arch. nat. AF, iv, 189, dossier.) 

7 fructidor an IX (2o août 1801). — Jl est mis à la disposition 
du ministre des relations extérieures, une partie des diamants exis- 

10 



liG LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON f 

tant au Trésor public, et d'une valeur de 205, OTÎ) fr. pour les présents 
d'usage à la légation de l'Empereur, à Lunéville y> {Arch. nat. AF, 
IV, 229.) 

17 fructidor an IX (4 septembre 1801). — il sera fait présent à 
M. lloppé, secrétaire de la légation de l'Empereur à Lunéville, d'une 
bague et d'une épingle en diamants, du prix total de 80,000 fr, — A 
M. de Micheroux, ministre plénipotentiaire de Sa Majesté le roi des 
Deux-Siciles et à l'occasion du traité de paix conclu entre la Répu- 
blique française et le Roi de Naples, présent d'une tabatière d'or 
enrichie de diamants, estimée 18,660 fr. {Arch. nat. AF, iv, 233.) 



IV 



7 vendémiaire an X (29 septembre 1801). — Présent à l'amiral Gra- 
vina, d'une boîte d'or enrichie de diamants, de la valeur de 8,000 fr. 
{Arch. nat. AF, iv, 242, dossier.) — Il sera fait présent aux minis- 
tres plénipotentiaires de la cour de Rome, savoir : à M. le cardinal 
Consalvi, d'une boîte de 15,000 fr., et à M. Cazelli, d'une boîte de 
0,000 fr. {Arch. nat., même dossier.) — Le paiement de la somme de 
7,000 fr. fait chaque année au chirurgien Bocardi, sera continué 
aux ministres de la République ligurienne, en France, pour leur tenir 
lieu des droits de franchise auxquels les ministres de Gênes ont 
renoncé, par arrangement. — Le même jour, les Consuls arrêtent 
qu'il sera prélevé des diamahts au Trésor public pour une valeur de 
72, 719 fr. afin d'établir sept tabatières destinées aux présents. {Arch. 
««/. AF,iv,242.) 

Le ministre des relations extérieures fera remettre cinq cent qua- 
tre-vingts pièces d'or (13, 920 fr.) à M. l'ambassadeur d'Espagne près 
le gouvernement français, pour être distribués par lui à dom 
Chely et autres personnes qui ont amené les chevaux donnés par Sa 
Majesté Catholique au premier Consul. 

Cette somme sera imputée sur les dépenses secrètes. 

Une somme de quatre cents pièces d'or de vingt-quatre francs 
(9,600 fr.) sera remise au directeur des affaires étrangères à Naples, 
à l'occasion du traité de paix entre la République française et Sa 
Majesté le roi des Deux-Siciles. Ce présent sera transmis par le chi- 
rurgien Alquier, ambassadeur de la République, à Naples, à M. le 
chevalier Acton. (Même dossier.) 



LES PRÉSENTS DE NAPOLÉON 147 

24 vendémiaire an X (IG octobre 1801). — II sera mis àla disposition 
du ministre des relations extérieures , une partie des diamants , 
déposés au Trésor public et d'une valeur de 1200,000 fr., pour les pré- 
sents à faire, à l'occasion de la paix avec l'Empire de Russie. Une 
somme de 24,000 fr. sera envoyée à Pétersbourg, pour y être distri- 
buée aux officiers du Collège des affaires étrangères de la cour de 
Russie. Elle sera remise à M. le comte de Marcoff. Présent à M, de 
Getto, ministre plénipotentiaire de S. A. Electorale le duc de Bavière, 
d'une somme de 24,000 fr. à roccasioii du traité de paix conclu avec 
la Bavière. Une somme de 15,000 fr. sera aussi envoyée à la chan- 
cellerie de Munich par l'entremise de M. de Getto. 

Le guide du Bon.vparte pour franchir le Saint-Bernard. — Bonaparte 
franchit le Saint-Bernard le 20 mai 1800, Il était accompagné d'un 
guide dont M. Thiers ne donne pas le nom dans son Histoire du Con- 
sulat et de l'Empire, mais sur lequel il entre dans quelques détails, 
en relatant le mémorable passage des Alpes par l'armée française. 
Laissons d'abord parler M. Thiers : 

a Les arts ont dépeint le général Bonaparte franchissant les neiges 
des Alpes sur un cheval fougueux; voici la simple vérité. Il gravit le 
Saint-Bernard, monté sur un mulet, revêtu de cette enveloppe grise 
qu'il a toujours portée, conduit par un guide du pays, montrant dans 
les passages difficiles la distraction d'un esprit occupé ailleurs, entre- 
tenant les officiers répandus sur la route, et puis, par intervalles, 
interrogeant le conducteur qui l'accompagnait, se faisant raconter sa 
vie, ses plaisirs, ses peines, comme un voyageur oisif qui n'a pas 
mieux à faire. Ce conducteur, qui était tout jeune, lui exposa naïve- 
ment les particularités de son obscure existence, et surtout le chagrin 
qu'il éprouvait de ne pouvoir, faute d'un peu d'aisance, épouser l'une 
des filles de cette vallée. Le premier Consul, tantôt l'écoutant, tantôt 
questionnant les passants dont la montagne était remplie, parvint à 
l'hospice, où les bons religieux le reçurent avec empressement. A 
peine descendu de sa monture, il écrivit un billet qu'il confia à son 
guide, en lui recommandant de le remettre exactement à l'adminis- 
trateur de l'armée resté de l'autre côté du Saint-Bornard. Le soir, le 
jeune homme retourné à Saint-Pierre, apprit avec surprise quel puis- 
sant voyageur il avait conduit le matin, et sut que le général Bona- 
parte lui faisait donner un champ, une maison, les moyens de se 
marier enfin et de réaliser tous les rêves de sa modeste aiibition. » 
(T. I, p. 375.) 



Ii8 LES FOURNISSEURS DE NAPOLf:ON l*"'' 

Rétablissons les faits. La vive imagination du grand historien l'a 
entraîne un peu au delà des limites de la vérité. Le guide, qui devait 
acquérir une certaine célébrité, par le fait même de la mission qu'il 
avait l'honneur de remplir, se nommait Pierre-Nicolas Dorsas. Une >y 
fois sa mission accomplie, il ne revint certainement pas les mains 
vides, mais il n'apprit que plus tard la récompense qui lui était 
réservée, ainsi qu'on va le voir, par ces documents officiels. 

o brumaire an X (27 octobre 1801). — Le ministre des relations- 
extérieures fera remettre à Pierre-Nicolas Dorsas, habitant du bourg 
de Saint-Pierre-Montjoux en Suisse, et qui a servi de guide au Pre- 
mier Consul, au passage du mont Saint-Bernard, une somme de 
1,200 fr. en récompense de son zèle et de son dévoùment dans cette 
circonstance. 

C'était le prix de la maison habitée par Dorsas et la réponse des 
Consuls au rapport suivant, que Talleyrand venait de leur adresser : 

* J'ai mandé au ministre de la République, en Suisse, de faire l'ac- 
quisition de la maison habitée par Nicolas Dorsas, guide du Premier 
Consul, au passage du mont Saint-Bernard. Il vient de me répondre 
que Dorsas est aujourd'hui propriétaire de celte maison. Je crois 
renqilir l'intention du premier Consul en lui proposant d'envoyer à 
cet homme le prix qu'il avait mis dans le temps à cette habitation et 
que j'avais fixé moi-même au ministre de la République. 

« Le citoyen Verninac m'annonce qu'il va faire placer au-dessus de 
la porte de la maison, un marbre qui, en rappelant le grand événe- 
ment du passage des Alpes, consacre le zèle de Dorsas et la récom- 
pense qu'il a obtenue. » 

Présent à M. de Kalistchew, ministre plénipotentiaire de S. M. l'em- 
pereur de Russie, pour la négociation de la paix encre la République 
française et la Russie, d'une tabatière d'or enrichie de diamants de 
8,000 fr. 

1""" ventôse an X (20 février 1802j. — Le ministre des relations exté- 
rieures fera remettre au citoyen Beaussier, les objets suivants, exis- 
tant au dépôt des présents des relations extérieures pour être offerts 
au pacha de Tripoli et à ses principaux officiers, au nom du gouver- 
ment, à l'occasion de la conclusion de la paix entre la République et 
cette Régence. 

-Savoir, pour le pacha : une montre d'or enrichie de diamants, 
avec sa chaîne : 4,800 fr. — Un tapis de la Savonnerie : 3,000 fr. 

Pour les grands et autres officiers de la Régence : un nécessaire 



LES PRÉSENTS DE NAPOLÉON 149 

d'armes de la maimfacLure de Versailles : 6,000 fr. — Un cangiar : 
3,600 fr. — Un dito : 1,700 fr. — Cinq montres d'or avec leurs chaî- 
nés : 3,100 fr. — Huit montres d'argent, avec leurs chaînes : 576 fr. 

— Une écritoire à la Turque, en vermeil : 96 fr. — Total : 22,87iî fr. 
Il sera mis de plus à la disposition du citoyen Beaussier, une somme 

de 3,000 fr. pour être employée par lui à l'acquisition des présents 
particuliers à distribuer au nom du commissaire de la République près 
cette Régence. 

17 pluviôse an X. — Par l'intermédiaire du ministre des affaires 
étrangères, le gouvernement fait présent au roi d'Etrurie d'un magni- 
fique lot de porcelaines de Sèvres s'élevant au prix de 66,137 fr. Nous 
y remarquons : deux vases, en bleu avec fleurs, en biscuit : 4,800 fr. 

— Un grand vase blanc, avec bas-reliefs en biscuit, monté en bronze 
par Thomire : 50,000 fr — Un service de vingt-quatre couverts, fond 
jonquille et guirlandes de raisins sur toutes les pièces : 4,280 fr. — 
Une table avec bas-reliefs, cotée 3,000 fr. sans comprendre le pied, 
livré par le citoyen Lignereux. [Aff. étrang. Comptabilité, 1793 à 
1813, carton.) 

29 ventôse anX (20 mars 1802). — Envoyé au citoyen Dovoize com- 
missaire général, chargé d'affaires de la République près le bey de 
Tunis, une boîte de 2,300 fr. pour être remise au nom du gouverne- 
ment français au citoyen Nyssen, commissaire batave. Ce présent est 
un témoignage de bienveillance et de satisfaction pour les services 
qu'il a rendus à la République pendant la détention des Français et 
postérieurement, lorsque le commissaire général et la nation française 
ont été forcés de quitter la Régence et de repasser en France. 

11 germinal an X (l""" avril 1802). • — Présent au cardinal Bellinzoni, 
envoyé du pape à la Consulta de Lyon, d'une boîte d'or, enrichie de 
diamants du prix de 13,700 fr. — Au citoyen Melsy vice-président de 
la République italienne, une boîte de même valeur : 15,700 fr. 

Rapport de Talleyrand aux Consuls. 

« La confection des boites destinées aux présents exige un temps 
considérable, il faut donc calculer à l'avance les besoins du service et 
prendre des mesures pour que l'assortissement reste complet, malgré 
les dispositions que les circonstances nécessitent. 

« J'ai ordonné l'établissement de deux boîtes de 13,000 fr. chacune 
pour lesquelles je n'ai point de diamants. Je crois convenable d'en 
faire faire encore quatre autres du même prix et deux de 8,000 fr. 
Ces huit boîtes s'élèveront à 98,800 fr. 



01- 



ir.O LES FOLRMSSELHS DE NAPOLl'iOX 1 

• Je prupctse aux Consuls, un proji'l d'arrêlé pour que ces diamants 
nio soiiiil remis par Je Trésor public. » 

Les Consuls, faisant droit à la demande du ministre prirent un 
arrêté par lequel ils l'autorisaient à prélever au dépôt du Trésor, un 
lot de diamants de 98,8U0 fr. pour établir huit boîtes destinées aux 
présents. 

!'='■ nivôse an|X (52 décembre 1801). — OlTerl au bey de Tunis et à ses 
principaux officiers, à l'occasion de la conclusion de la paix entre la 
République et cette Régence. Savoir : Pour le bey de Tunis, une taba- 
tière d'or, enrichie de diamants, de 10,266 fr. — Pour le sabtabb, un 
nécessaire d'armes de 0,008 fr. ; plus une lunette de longue vue (objet 
promis depuis longtemps). — Pour Sidi-Mustapha, premier ministre, 
beau-père du bey, une boîte d'or et diamants : Î2,o40 fr. — Pour 
Marianna Stinca, secrétaire particulier du bey, une montre d'or à 
répétition, avec sa chaîne : 920 fr. — Pour les deux grands écrivains, 
deux montres, dont une avec sa chaîne d'or : 770 fr. , et une boîte 
d'or : 720 fr. — Pour différents officiers du bey, quatre boîtes d'or : 
1820 fr. et quatre montres d'argent : 204 fr. — Total : 23,300 fr. 
{Arch. nat. AF, iv, 292.) 

Même date, même dossier. — Il sera fait présent au général Spreng- 
porten, commissaire de S. M. l'empereur de Russie, pour l'échange 
des prisonniers, d'une boîte d'or enrichie de diamants, d'une valeur de 
15,000 fr. — Une somme de 12,000 fr. serapaye'e au citoyen Cacault, 
ministre plénipotentiaireàRome en remboursement de pareille somme 
remise par lui à M. de Hompesch, grand maître de l'ordre de Malte. 
Cette somme sera imputée sur les dépenses secrètes. Il est mis à la 
disposition du ministre des Relations extérieures un lot de diamants, 
valant 48,000 fr. pour établir quatre tabatières re'servées aux pré- 
sents. 

8 Horéal an X (28 août 1802). — Dans un rapport aux Consuls, 
M. Barbé-Marbois annonce qu'il a fait choisir parmi les diamants du 
Trésor public, dix pierres précieuses pour être employées à la confec- 
tion de dix bagues, dont une dostince au cardinal-le'gat, et les autres 
aux archevêques de France. 

Le prix de l'estimation des pierres de couleur est ainsi fixé, par 
Gibert, joaillier expert. — Un saphir de 30 karats; 4,000 fr. — Huit 
balais rubis (pesant ensemble 176 k. 1/4) : 0,000 fr. — Un dito, de 
20 kilogrammes : 1,800 fr. 

26 floréal an X (16 mai 1802). — Il sera fait un présent de 100,000 fr. 



LES PRÉSENTS DE NAPOLÉON loi 

à M. le chevalier de Azara, ambassadeur de Sa Majesté Catholique près 
de la République française, à l'occasion du traité de paix conclu à 
Amiens. — Présent de 100,000 fr. au citoyen Shinimel Penninck, 
ambassadeur extraordinaire de la République batave près la Répu- 
blique française, à l'occasion de la paix d'Amiens. 

M prairial an X (30 mai 180fî). — Présent d'un nécessaire d'armes de 
la manufacture de Versailles, à l'aide de camp du général Mollendorf 
venu à Paris avec le prince d'Orange : 6,000 fr. [Arch. nal. AF, iv, 362.) 

20 prairial an X (9 juillet 1802). — Deux lots de diamants de 38,000 fr. 
chacun, tirés du Trésor public, sont mis à la disposition du ministre 
des relations extérieures pour établir deux tabatières. L'une est des- 
tinée à l'ambassadeur de Portugal ; l'autre, à lord Cornwallis, en 
souvenir du traité conclu à Amiens. {Arch. nat. AF, iv, 366.) 

10 messidor an X (29 juin 1802). — Le ministre des relations exté- 
rieures remettra au premier Consul, deux boîtes à portrait, enrichies 
de diamants, tirées du dépôt des présents, et du prix total de 36,700 fr. 
{Arch. ra'. AF, iv.) 

6 fructidor an X (24 août 1802). — A Ali EfTendi, ex-ministre pléni- 
potentiaire de la Porte ottomane auprès de la République française, 
présent d'une tabatière de 15,000 fr. — Présent à M. Merry. secré- 
taire d'ambassade de Sa Majesté Britannique au congrès d'Amiens, 
d'une boite de 15,000 fr. A MM. de Lucchesini, Haugwiz et Avensleben, 
ministres de Sa Majesté Prussienne, de deux tabatières, valant cha- 
cune 20,000 fr. — Une somme de 100,000 fr. sera envoyée à MM. Haug- 
wiz et Avensleben. — Une somme de 24,000 fr. sera également 
envoyée à M. Lombard, secrétaire privé au département des affaires 
étrangères, à Berlin. Ce présent sera fait à l'occasion du traité parti- 
culier conclu entre la République française et Sa Majesté, le roi de 
Prusse. Présent à M. de Fère, ministre plénipotentiaire de la reine de 
Portugal, d'une boîte de 41,025 fr. à l'occasion du traité conclu entre 
la République française et le Portugal. — • Une somme de 12,000 fr. 
sera aussi envoyée à Lisbonne, pour présent de chancellerie, en faveur 
du même traité ; elle sera remise à cet effet, à M. de Souza. — Pré- 
sent à M. de Normann, nn'nistre plénipotentiaire du duc de Wurtem- 
berg, d'une somme de 12,000 fr. et d'une boîte de 8,000 fr. à l'occa- 
sion de la paix conclue entre la République française et le duc de 
Wurtemberg. — Une somme de 15,000 fr. sera envoyée à Sluttgard, 
pour présent de chancdlerie, à l'occasion du même traité ; elle sera 
remise, à cet effet, à M. de Normann. 



1.2 LES FOURMSSKUns DK NAPOLKOX 1^'" 

A la même date du G fructidor, les Consuls arrêtent : « Il est mis à 
la disposition du ministre des Relations extérieures, une partie des 
(liamanls se trojivant au Trésor public, et dont l'estimation s'élève à 
11:2,000 IV. pour l'établissement de six boîtes destinées aux présents 
du gouvernement. » Comme toujours, cet arrêté est signé : 

« Bonaparte. » 

{Arch. nat. AF, iv, 39^.) 

11 vendémiaire an X (3 octobre 1801). — Rapport du ministre des 
relations étrangères aux Consuls : 

M Dans le courant de l'an IX, j'ai payé : 1° plusieurs objets de modes 
envoyés par le gouvernement à la reine d'Espagne, savoir : au 
citoyen Leroy, marchand de modes, la somme de 19,9o8 fr. ; — à la 
dame Minette, marchande de modes, 29,000 fr. ; — à la demoiselle 
LoLivE, marchande lingère, 5,686 fr., et au citoyen Duplan, marchand 
de fleurs arlitîcielles : 3,173 fr. 

« 2° Une somme de 13,487 fr. pour deux boîtes enrichies de dia- 
mants, données en présent par le premier Consul, aux deuxième et 
troisième Consuls. » 



26 vendémiaire an XI (18 octobre 1802). — Au capitan pacha, un 
nécessaire d'armes de la manufacture de Versailles : 10,000 fr. — A 
Ghalib Effendi, ministre plénipotentiaire de la Porte ottomane, une 
boîte d'or à portrait, enrichie de diamants : 21, 700 fr. à l'occasion 
du traité conclu entre la République française et la Sublime Porte. — 
Au prince Monrousi, secrétaire de la légation ottomane, une boîte 
d'or garnie de diamants. 

5 brumaire an XI (27 octobre 1802). — Le ministre des relations 
extérieures fera remettre au citoyen Cavaignac, résident et commis- 
saire des relations commerciales à Mascate, les objets suivants, exis- 
tant au dépôt des présents des Relations extérieures, pour être offertes 
à l'Iman de Mascate, au nom du gouvernement français. Savoir : 

Un nécessaire d'armes de la manufacture nationale de Versailles : 
6,000 fr. — Trois montres d'or, à répétition et à timbre, avec leur 
chaîne garnie de diamants : o.OOO fr. — Une aigrette en diamants de 



LES PRÉSENTS DE NAPOLÉON lo3 

couleur : 3,000. — - Une lunette achromatique, en or émaillé : 700 fr. 
— Deux tabatières d'or : 1,200 fr. {Arch. nat. AF, iv, 430.) 

28 brumaire an XI (19 novembre 1802). — Rapport de M. de Tal- 
leyrand aux Consuls : « Il a été fait depuis quelque temps, un emploi 
de boîtes très considérable et il devient urgent de les remplacer. Sur 
le million qui avait été mis en réserve au Trésor public, par l'arrêté 
du 15 thermidor an IX, il a été extrait des diamants en vertu des 
arrêtés précédents, pour une somme de 862,81)7 fr. Il n'en reste plus 
que pour 137,103 fr. Ils serviront à établir douze boîtes, dont sept 
dans les prix inférieurs, il n'en existe plus aucune au dépôt. 

« Il en sera établi une très riche à portrait monté en roses de la 
valeur de 32,000 fr. II a fallu employer en totalité l'assortiment de 
ces roses qu'on ne pourrait dépareiller sans inconvénient et sans 
perte. Il y aura en sus une bague de 14,000 fr. et une autre de 9,000 fr. 
Ces pierres ne peuvent être montées qu'en solitaire. 

« Au reste, les besoins du service ont été tellement variés qu'il a 
fallu souvent sortir des coupures ordinaires et faire des présents de 
genre différent de ceux que les premiers arrêtés prescrivaient ; l'em- 
ploi de ces derniers objets deviendra donc aussi facile que celui des 
boîtes ordinaires. » [Arch. nat. AF, iv, 441.) 

5 frimaire an XI (26 novembre 1802). — A l'occasion du traité de 
paix conclu entre la République française et l'Angleterre, un présent 
de porcelaines de Sèvres de la valeur de 43,972 fr. est fait à lord 
Hawkesbury. Le même jour, le ministre des Relations extérieures 
remet au Premier Consul quatre boîtes d'or enrichies de diamants, 
dont deux à portrait et du prix de lo,000 fr., la troisième de 8,000 fr. 
et la quatrième de 5,000 fr. [Arch. nat. AF, iv, 444.) 

25 frimaire an XI (16 décembre 1802). — Présent à M. Merry, ex-mi- 
nistre plénipotentaire de Sa Majesté Britannique près la République 
française, d'une boîte d'or enrichie de diamants : 8,000 fr. — Une 
somme de de 20,000 fr. sera remise à M. deSandoz, ci-devant ministre 
plénipotentiaire de Prusse près la République française, pour lui- 
tenir lieu du présent d'usage qui devait lui être fait aux termes de 
l'arrêté du 7 thermidor an YIII. — Au citoyen Schimmel-Penninck, 
ex-ambassadeur de la République batave prés la République française, 
une boîte d'or, enrichies de diamants : 15,000 fr. — Au citoyen Fra- 
vega, ex-ministre de la République ligurienne, prés la République 
française, une boîte de 8,000 fr. {Arch. nat. AF, iv, 453.) 

13 nivôse an XI (3 janvier 1803). — Au secrétaire de la Légation 



liit LES FODUMSSKURS DE NAPOLEON' f 

rspagiiule, aucdiiyrt's d'Auiicas, lors du Iruilé de paix conclu en celle 
ville, un présent de I^JjOOO fr. — Pareil présent au secrétaire de la 
Légation balave, audit congrès. (Ai'ch. nat. AF, iv, 464.) 

10 noréal an IX (80 avril 1803). — Présent à M. d'AfTry, premier 
Landaniman de la République helvétique, d'une riche tabatière de 
18,iJ3D fr. — A chacun des dix membres de la commission helvétique 
une boîte d'or, ornée du chiffre des Républiques française et helvé- 
tique. Prix total des dix boîtes: 8,734 fr. — Au général Decaen, capi- 
taine général aux Indes-Orientales, une boîte d'or offrant au milieu 
d'un entourage de diamants le portrait du premier Consul : S, 049 fr. 
{Arch. nat. AF, iv, oiJ-2.) 

lo prairial an XI (4 juin 1803). — A M. Marcoff, ministre plénipo- 
tentiaire de Russie, un présent de la valeur de 100,000 fr. à l'occasion 
de l'accession de Sa Majesté l'empereur de Russie, au traité conclu 
entre le Premier Consul et l'empereur d'Allemagne et relatif aux 
indemnités du grand duc de Toscane. {Arch. nat. AF, iv, 5i0.) 

Un arrêté du 24 prairial an XI (13 juin 1803) ordonne la confec- 
tion des bijoux suivants : 

Douze bagues du prix de 6,000 fr. chacune. — Six bagues de 
12,000 fr. — Une ganse de 40.000 fr. — Quatre boîtes ou tabatières 
d'or enrichies de brillants de 3,000 fr. — Neuf boîtes de 6,000 fr. — 
Dix boîtes de 8.000 fr. — Deux de 12,000 fr. — Huit de lo,000 fr. — 
et trois de 24,000 fr. — Total, 534,000 fr. 



YI 



10 vendémiaire an XII (3 octobre 1803). — Le gouvernement de la 
République (c'est-à-dire le Premier Consul) arrête : Il sera fait pré- 
sent aux citoyens Bicker et Brantzen, membres du gouvernement 
Batave, et van der Goes, secrétaire d'Etat, chargés de complimenter 
le Premier Consul pendant son voyage en Belgique, de boîtes d'or, 
enrichies de diamants, de la valeur de 10,000 fr. chacune. D'autres 
présents sont accordés en date du môme jour. A M. de Cobentzel, 
ambassadeur d'Allemagne, une tabatière de 36,000 fr. — A M, le 
président Carelli, chargé par le roi de Naples, de présenter au Pre- 
mier Consul les objets d'art antique, qu'il lui a envoyés, une boîte de 
8,000 fr. — Une somme de 1,200 fr. remise au concierge du muséum 
de Naples chargé d'accompagner à Paris, les précieux objets. — Au 



LES PRÉSENTS DE NAPOLÉON iol.; 

général d'IIitrofF. envoyé de l'empereur de Russie, une tabatière de 
19,000 fr. {Arch. nat. AF, iv, o9o.) 

lo frimaire an XII (7 décembre 1803). — Présent au chevalier 
d'Arazza, ambassadeur de Sa Majesté Catholique « d'une valeur de 
100.000 fr. 1» et d'une boîte à portrait enrichie de diamants, de 
8,6oo fr. {Arch. nat. AF, iv, 624.) 

7 pluviôse an XII (17 février 1804). — « Le trésor public acquittera 
une ordonnance de lo,000 fr. délivrée par le ministre des Relations 
extérieures pour remplacement de pareille somme remise par lui à 
M. le chevalier d*Arazza, ex-ambassadeur d'Espagne, pour lui tenir 
lieu de présent d'usage. » [Arch. nat. AF, iv, 665.) 

5 ventôse an XII (25 février 1804). — Présents au bey de Tunis : 
Diverses pièces d'orfèvrerie en vermeil, 17,711 fr. — Un fusil de la 
manufacture de Yersailles, 4,245 fr. — Pendules, trépieds, vases en 
cuivre doré etébénisteries, 9,597 fr. 

5 ventôse an XII (25 février 1804). — Présents distribués aux grands 
de la Régence : draps, velours, étoffes d'or et d'argent, 6,078 fr. 

Somme à répartir entre les officiers de la maison du Bey, les secré- 
taires et les écrivains. 20,000 fr. 

Présents à l'envoyé de Tunis. La chaîne d'or d'usage, 1.800 fr. — 
Argenterie dorée. 6.000 fr. — Présents aux personnes de sa suite, un 
poignard enrichi de diamants, 3,800 fr. — Une montre et une taba- 
tière d'or, 1416 fr. — Quatre montres en or et deux en argent, 
1,732 fr. — Pour distribuer aux valets et esclaves, 1,210 fr. 

Présents faits, à Paris, à l'occasion du séjour de l'envoyé du Bey 
de Tunis. A l'adjudant commandant Doucet, une boîte d'or, 2,970 fr. 
Au chef de la division des Relations commerciales, une boîte d'or, 
3,820 fr. 

Les dépenses faites pour la réception, les voyages et le séjour de 
l'envoyé de Tunis à Paris, et celles de toute nature qui y sont rela- 
tives, sont fixées à la somme de 95,555 fr. 

9 ventôse an XII (29 février 1804). — Envoyé au dey d'Alger, un 
« foccone » et autres pièces d'orfèvrerie, en vermeil à l'usage des 
Orientaux, 55,929 fr. — Deux pendules dont une à régulateur, 
8,000 fr. 

Pour les grands du pays et les chefs de la Régence : dix pièces de 
draps de différentes couleurs, 9,4i3 fr. — Trois pièces de velours, 
étoffes d'or, d'argent et de soie, 6,932 fr. 

Pour être distribués aux officiers de la maison du dey, secrétaires 



or 



150. LES FOLRMSSEinS DE NAPOLÉON 1 

€1 ccrivuins, 20,000 fr. espèces. Totul, 101,804 fr. {Arch. nal. AF, iv, 
671.) 

!28 genniiial au XII (18 avril 180'i). — Envoyé à Dréjar Pacha 
un fusil de la manufacture d'armes de Versailles de la valeur de 
7,o00 fr. Cette arme fut remise par l'interme'diaire du citoyen Tait- 
bout, sous-commissaire des Relations commerciales à Saint-Jean 
d'Acre. — Au citoyen Bazile, négociant à Damiette, une bague de 
i2,400 fr. en témoignage de satisfaction pour les services qu'il a rendus 
au colonel Sébastiani pendant sa mission dans le Levant. 

En date du même jour. Le ministre des Relations extérieures est 
chargé de remettre au Premier Consul une boîte d'or enrichie de 
diamants de la valeur de 34,100 fr, [Arch. nat. AF, iv, 7052.) 



YII 

Ici nous sommes arrêtés, par l'absence de documents. Les registres 
ne fournissent plus de renseignements sur les présents de Napoléon. 
Messieurs les archivistes nous assurent n'en pas connaître d'autres. 
Au ministère des Affaires étrangères, M. Girard de Rialle, ministre 
plénipotentiaire et directeur des Archives, nous affirme de son côté 
n'avoir ni registre, ni carton ayant trait aux présents de l'Empereur. 
Nous ne mettons pas un instant en doute la parole de ces messieurs, 
qui ont été si obligeants pour nous, mais nous pensons que ces docu- 
ments existent parmi les pièces non classées. 

Nous nous souvenons avoir vu aux Archives nationales, dans un 
carton de la série O'^, une note dictée plté de les revendre, pour en placer la 
valeur en France, plus des sommes en argent comptant, pour acheter 
et meubler des hôtels. Ce n'était là qu'un premier don, car ces dota- 
tions furent plus tard doublées, triplées, quadruplées même pour 
quelques-uns. 

« Le maréchal Lannes reçut 328,000 fr. de revenu et un million 
en argent; le maréchal Davout, 410,000 fr. de revenu et 300,000 fr. 
en argent-, le maréchal Masséna 183,000 fr, de revenu et 200,000 fr. 
en argent (il fut plus tard l'un des mieux dotés) ; le major-général 
Berthier, 405,000 fr. de revenu, et 500,000 fr. en argent; le maréchal 
Mortier, 198,000 fr. de revenu et 200,000 fr. en argent ; le maréchal 
Augereau, 172,000 fr. de revenu et 200,000 fr. en argent ; le maréchal 
Soult, 305,000 fr. de revenu et 300,000 fr. en argent; le maréchal 
Bernadotte, 291,000 fr. de revenu et 200,000 fr. en argent. 

« Les généraux Sébastiani, Victor, Rapp, Junot, Bertrand, Lema- 
rois, Caulaincourt, Savary, Mouton, Moncey, Friand, Saint-Hilaire, 
Oudinot, Lauriston, Gudin, Marchand, Marmont, Dupont, Legrand, 
Suchet, Lariboissière, Loison, Reille, Nansouty, Songis, Chasseloup et 
autres, reçurent, les uns 150,000, les autres 100,000, 80,000, 
50,000 francs de revenu, et presque tous 100,000 fr. en argent. 

« Les hommes civils eurent aussi leurs parts de ces largesses. 
L'archichancelier Cambacérès, et l'architrésorier Lebrun obtinrent 
chacun 200,000 fr. de revenu. MM. Mollien, Fouché, Decrès, Gaudin, 
Daru, en obtinrent chacun 40,000 ou 50,000. Tous, civils ou militaires, 
n'étaient encore que provisoirement dotés par ces dons magnifiques. 

« Après les généraux, les officiers et les soldats reçurent aussi des 
marques de sa libéralité... Napoléon leur fit donner des gratifications 



1C4 LDS FOURNISSEURS DE NAPOLÉON l*^'" 

considérables. Les blessés avaient lri[)le part... A ces gratifications 
<lii moment, il fut ajouté des dotations permanentes de 500 fr. pour les 
soldats amputés, et de LOOO, -2,000, 4,000, 3,000, 10,000 IV. en faveur 
des militaires qui s'étaient distingués, depuis le grade de sous-officier 
jusqu'à celui de colonel. Pour les officiers comme pour les généraux, 
ce ne fut là qu'une première rémunération suivie postérieurement 
d'autres plus considérables et indépendante des traitements de la 
Légion d'honneur, ainsi que des pensions de retraite légalement dues 
à la fin de la carrière militaire. » (Thiers. Le Consulat et lEmpù^e, 
t. VIII, p. 139.) 



XIII 



Cinq jours après la bataille d'A.usterlitz, Napoléon rend le décret 
suivant : 

« Du camp impérial d'Austerlitz, 7 décembre ISOo. — Les veuves 
des généraux morts à la bataille d'Austerlitz jouiront d'une pension 
de [6,000 fr. leur vie durant; les veuves des colonels et des majors 
d'une pension de 2,400 fr. ; les veuves des capitaines d'une pension de 
1,200 fr., les veuves des lieutenants et sous-lieutenants d'une pension 
de 800 fr. ; les veuves des soldats d'une pension de 200 fr. » {Corresp. 
de Napoléon /"', t. XI, p. 56o.) 

En 1807, Napoléon, au faîte de sa puissance, accorde de nouvelles 
récompenses aux chefs de sa glorieuse armée. Le 23 septembre, il 
écrit au prince de Neufchâtel (Berthier) : 

« Mon cousin, vous trouverez ci-joint une lettre au ministre des 
finances par laquelle je lui ordonne de mettre onze millions à votre 
disposition, sur les fonds appartenant à la grande armée, qui sont 
déposés à la caisse d'amortissement. 

« Vous disposerez de ces onze millions de la manière suivante : 
Vous garderez un million pour vous, que vous prendrez, moitié en 
argent, moitié en rentes sur l'Etat au cours de 85 fr. 

« Vous donnerez 000,000 fr., moitié en argent et moitié en rentes 
au cours de 85 fr., aux maréchaux Ney, Davoust, Soult et Bessières, 
et 400,000 fr. moitié en argent et moitié en rente au cours de 83 fr., 
aux maréchaux Masséna, Augereau, Bcrnadotte, Mortier et Victor. 
Vous ferez connaître à chacun de ces maréchaux que les rentes sur 
l'Etat doivent être réunies aux autres biens, et faire partie du fief que 



LES PRÉSENTS DE NAPOLÉON 163 

je veux établir incessamment en leur faveur et qu'ainsi ils ne peuvent 
aliéner ces rentes; que, quant à la somme qui leur est donnée en 
argent, ils doivent l'employer à se procurer un hôtel à Paris qui doit 
être compris dans le fief que nous érigeons en leur faveur, étant 
nécessaire que les possesseurs de grands fiefs aient un hôtel à Paris; 
qu'il faudra donc qu'ils vous fassent connaître l'hôtel qu'ils auront 
acheté, et que dès ce moment ils ne pourront ni le vendre ni l'aliéner. 
Vous ferez connaître au maréchal Lannes qu'il est nécessaire que, 
sur les fonds de la grande armée que je lui ai donnés, il se procure 
un hôtel à Paris qu'il ne pourra plus aliéner. 

« Vous donnerez :2Û0,000 fr. à chacun des généraux dont la liste 
est ci-jointe. Cette somme leur sera donnée également moitié en 
rentes sur l'Etat, au cours de 80 fr., et il faut qu'ils aient un hôtel à. 
Paris ou dans un chef-lieu de département. Cette maison sera inalié- 
nable et fera partie du fief que je veux ériger en leur faveur. » 

Annexe à la pièce précédente. Répartition des onze millions accordés 
par l'Empereur. — 100.000 fr. argent, et 100,000 fr. sur l'Etat, aux 
généraux Oudinot, Songis, Chasseloup, Wallher, Dupont, Grouchy, 
Nansouty, Belliard, La Riboisière, Suchet, Junot, ilarmont, Saint- 
Hilaire, Priant, Duroc, Legrand, Caulaincourt, Savary, Lauriston, 
GafTareUi, Bertrand, Rapp, Mouton, Clarke et Ordener. 

A M. de Ségur et à M. de Beauharnais, sénateur, les mêmes 
sommes. 

Aux généraux Reille et Lacoste, 2o,000 fr. placés en rentes sur 
l'Etat. 

Note autographe, 

« Ducs. — Il faut trente maisons à Paris qui s'élèvent avec le trône. 
Il faut leur donner S00,000 fr. argent, ou bons de la caisse pour payer 
la maison et au moins 100,000 fr. de rente : 15,000,000 fr. ; 
3,000,000 fr. 

« Comtes. — Soixante maisons qui aient maison à Paris ou dans les 
chefs-lieux de département. Il faut qu'ils aient oO,000 fr. de rente au 
moins et 200,000 fr. pour payer la maison : 12,000,000 fr. ;. 
3,000,000 fr. 

tt Barons. — Quatre cents barons ayant au moins 5,000 fr. 
de rente : 2,000,000 fr. [Corresp. de Napoléon r'\ t. XVI, p. 52. 
et suiv.) 



er 



16G LI-S FOLRNISSEURS DE NAPOLl':0\ 1 



XIV 



Le lo août 1809, l'Empereur écrit de Schœnbrun au eoinlc Daru, 
intendant général de l'armée d'Allemagne : 

« Monsieur Daru, j'ai pris aujourd'hui un décret pour accorder 
une dotation de 500 fr. à mes enfants adoptifs d'Austerlitz, garçons 
et lilles, et 2,000 fr. aux enfants d'officiers. Prenez les mesures néces- 
saires pour faire toucher cette rente en leur nom ; et comme ils doivent 
être entretenus à mes frais jusqu'à leur majorité, vous en ferez verser 
le montant à la caisse d'amortissement et on le placera sur le grand- 
livre pour former avec le temps un bien-être à ces enfants. » [Corresp. 
de Napoléon /-'', t. XIX, p. 40.'>.) 
Voici encore un beau décret du même jour, lo août 1809 : 
« Tous les généraux, officiers et soldats, de quelque arme qu'ils 
soient, qui, aux batailles de Thann, d"Abensberg, d'Eckmidil, de 
Ratisbonne, d'Essling et de Wagram, auraient perdu un membre et 
seraient vivants aujourd'hui 15 août, seront compris dans les dota- 
tions que nous accordons pour récompense de services qui nous ont 
été rendus. » {Corresp. de Napoléo7i /"', t. XIX, p. 407.) 

Ces dotations sont de plusieurs classes, suivant le rang de chacun, 
et forment un total de deux millions de revenu. 

Le 18 janvier 1810, Napoléon mande au duc de Bassano (Maret) de 
lui présenter à signer des projets de lettres patentes. 

« 1° Pour instituer la principauté de Raab, en mémoire de la vic- 
toire de Raab et en faveur du prince Eugène et de sa descendance 
masculine. J'afl"ecte à la dotation de celte principauté le château de 
Saverne, à la charge, d'ici à dix ans, de le rétablir et de le mettre en 
état d'être habité et un revenu de 500,000 fr... 

« 5° Pour instituer six comtés attachés aux grandes charges de la 
cour, chaque comté doté d'un revenu de 100,000 fr. de la manière 
suivante : 

« Un comté pour le grand aumônier, doté de 50,000 fr. de rente sur 
le grand-livre de France, 50.000 fr. de rente en bons sur la Wcsl- 
phalie ; 

« Un comté pour le grand maréchal doté de 50,000 fr, de rente 

sur le grand-livre de France, 50,000 fr. de rente en bons sur la Saxe; 

« Un comté pour le grand chambellan, doté de 50,000 fr. de rente 



LES PRÉSENTS DE NAPOLÉON 167 

sur le grand-livre de France, 50,000 fr. de rente en bons sur la West- 
phalie ; 

« Un comté pour le grand veneur, doté de 50,000 fr. sur le grand- 
livre de France, 50,000 fr. en bons de Saxe. 

« Un comté pour le grand maître des cérémonies, doté de 50,000 fr. 
sur le grand-livre de France, 50,000 fr. en bons de Saxe. 

« Notre intention est que le titre et le revenu soient attachés à la 
charge et transmissible avec elle. Napoléon. » {Corresp. de Napo- 
léon P',i. XX, p. 148.) 

Deux jours après, le !20 janvier 1810, TEmpereur, craignant d'avoir 
laissé dans l'oubli quelques-uns de ses officiers, adresse cette seconde 
lettre au duc de Bassano : 

« Monsieur le duc de Bassano, je désire que vous réunissiez le 
prince deNeufchàtel et le duc de Frioul, pour former un conseil pareil 
à celui qui a été tenu à Vienne et que : 

« 1'^ Vous me fassiez connaître quels sont les individus de l'armée 
d'Allemagne auxquels j'ai accordé des dotations, ceux que j'aurais 
oubliés et ceux à qui il conviendrait d'accorder de nouvelles dota- 
tions ; 

« 2'' Vous me présenterez le même travail pour l'armée d'Espagne 
sous le rapport des dotations et des titres : il y a entre autres le 
général Bonet, qui s'est distingué en Espagne et que je voudrais 
récompenser ; 

« 3" Présentez-moi le même travail sur les officiers employés dans 
l'intérieur et sur les officiers de la marine ; 

a 4° Présentez-moi le même travail sur les sénateurs, conseillers 
d'Etat, préfets, ministres et administrateurs quelconques, employés 
civils. Il est nécessaire que ce travail me soit bien en règle au P'" fé- 
vrier. » {Corresp. de Napoléon /"", t. XX, p. 154.) 

Napoléon connaissait le dévouement absolu de la Garde impériale 
pour sa personne, aussi ne négligeait-il jamais l'occasion de la récom- 
penser. Le 11 février 1811, il écrivait au maréchal Bessières : 

« Mon cousin, réunissez les chefs de corps de la Garde, et présentez- 
moi un travail qui me fasse connaître ce que j'ai donné à ma Garde 
dans les trois campagnes comme dotations et ce qu'il est convenable 
de lui donner encore. Tous les officiers ont-ils eu quelque chose ? 
Vous me remettrez l'état des officiers et soldats indiquant ce qu'ils 
ont eu ou ce qu'il faudrait leur donner. » {Corresp. de Napoléon I", 
t. XX, p. -213.) 



<68 LliS FOIRNISSEURS DE NAPOLÉON l'^'* 



XV 

2 février 1811. — Lettre de l'Empereur au grand maréchal Duroc : 

ï Depuis Marcngo, un certain nombre de colonels et chefs d'esca- 
dron et de bataillon de notre Garde ont été tués sur le champ de 
bataille. Ils ont des enfants qui auraient hérité de leurs titres et de 
leurs dotations si Tinslitution eût existé alors ; mon intention est de 
revenir là-dessus et de donner des titres et des dotations à leurs 
enfants. Ce qui me met sur la voie, c'est que Dahlmann, Morland et 
d'autres ont laissé des enfants sans dotation ni litres ; faites-moi un 
rapport là-dessus. » [Corresp. de Napoléon F\ t. XXI, p. 44G.) 

Morland, colonel des chasseurs de la Garde, fut tué à Austerlitz. II 
fut remplacé par Dahlmann, tué à Eylau. 

Pendant la campagne de Russie, le général Deroy, qui comman- 
dait une des deux divisions bavaroises de la grande armée, avait été 
blessé mortellement au combat de Polotsk ; il expirait le 18 août. 
L'Empereur lui écrivait le 27, ignorant encore ce malheur : 

« Monsieur le général de division comte Deroy, je vous fais cette 
lettre pour vous témoigner toute ma satisfaction de la belle conduite 
que vous avez tenue au combat de Polotsk elle regret que j'ai de vous 
savoir blessé. Je veux moi-même vous apprendre que je vous ai 
nommé comte de l'Empire et vous ai accordé une dotation de 
30,000 fr. transmissible à vos enfants; et voulant vous rassurer sur le 
sort de votre famille, je vous fais passer un brevet de 6,000 fr. de 
pension pour la comtesse Deroy. * {Corresp. de Napoléon J"', t. XXIY.) 

Après la mort de Duroc l'Empereur écrivait au prince Cambacérès : 
« Mon cousin, vous recevez un décret par lequel je transmets le duché 
de Frioul à la fille du grand maréchal. Je désire que vous fassiez 
connaître ce décret à sa veuve et que vous régliez tout ce qui est 
relatif au placement des 100,000 fr. par an, ainsi qu'au placement 
désintérêts. Le duché étant de plus de 200,000 fr., il restera donc 
100,000 fr. à la disposition de la veuve... » Ilaynau, 7 juin 1813. 



XVI 

Les hommes de lettres avaient aussi leur part des largesses impé- 
riales. Le 3 janvier 1810, Napoléon adressait au comte de Montalivet, 



LES PRÉSENTS DE NAPOLÉON 460 

ministre de l'intérieur, 1' « État des gens de lettres et savants qui 
ont des pensions sur les journaux » : 

MM. Ilauy, 6,000 fr. — Bernardin de Saint-Pierre, 2,000 fr. — 
Duthel, 2,000 fr. — Gosselin, 2,000 fr. — Coraï, 2,000 fr. — Monge, 
6,000 IV. — Gianni, 3,000 fr. — Lebrun, 1,200 fr. — Legendre, 
3,000 fr. — Barré, 4,000 fr. — Badet, 4,000 fr. — Desfontaine, 
4,000 fr. — Monsigny, 2,000 fr. — Palissot, 3,000 fr. — Villevieille, 
2,000 fr. (Décrets de 1806.) 

Chénicr, 6,000 fr. — Ducret-Duniinil, 3,000 fr. — Baour-Lormian, 
6,000 fr. — Picard, 6,000 fr. (Décrets de 1807.) 

Delricu, 2,000 fr. (Décret du 20 août 1808.) 

Luce de Lancival, 6,000 fr. (Décret du 6 février 1809.) {Corresp. de 
Napoléon P% t. XX. p. 113.) 

A propos de Baour-Lorniian, Ernest Legouvé, dans ses Soixante 
ans de Souvenirs, raconte la visite qu'il lui fit, en allant lui demander 
sa voix pour l'Académie française. Le prince Louis-Napoléon venait 
d'être élu Président et Baour-Lormian s'était empressé de lui adresser 
des vers d'une louange outrée, dans l'espoir que la rente faite jadis 
par l'oncle lui serait continuée par le neveu. Legouvé dut subir jus- 
qu'au bout la lecture de celte épître que l'auteur n'hésitait pas à 
trouver admirable et dont il attendait le succès. 

c Au bout de quinze jours, écrit Legouvé, je reviens le voir, je lui 
trouve la mine un peu triste. 

« Eh bien, monsieur Baour-Lormian, lui dis-je, et votre épître? et 
la réponse du prince ? 

— « Oh ! le c ! s'écria-t-il, voyez ce qu'il m'a envoyé! Une 

tabatière de deux cents francs ! » 

Un poète dont nous avons oublié le nom, avait reçu, comme 
Baour-Lormian, une pension de 6,000 fr. Loin de s'en montrer 
reconnaissant, il faisait le bel esprit aux dépens de son bienfaiteur. 
« Ce diable d'homme, disait-il, en parlant de Napoléon, dès qu'il 
aperçoit quelqu'un s'élever au-dessus des autres, il faut qu'il le 
llétrisse d'une pension. » Après la chute de l'Empire, les Bourbons 
réduisirent k pension à 3,000 fr., ce qui fit dire que Louis XVIII lui 
avait ôté la moitié de sa flétrissure. aU.^^i<^ci^, 

Napoléon, ayant appris la situation précaire des héritiers du grand 
Corneille, ordonna qu'on lui soumît un projet de décret pour leur 
venir en aide. Le projet suivant lui fut présenté. 

« Nous accordons à la demoiselle Catherine Corneille, fille de 



J70 LES FOLRXISSEURS DE NAP0L1-:0N f'' 

Louis-Âmbroise, et à la demoiselle Marie-Alexandrine, fille de Jean- 
Baplislc-Anloine, toutes deux descendant en ligne directe de Pierre 
Corneille : i'^ à la première, une pension annuelle et viagère de 
.300 fr. : 2° à la seconde, également une pension annuelle et viagère 
de 300 IV. » 

L'Empereur répondit par celle « Décision i : 

« Ceci est indigne de celui dont nous ferions un Roi. Mon intention 
est de faire baron l'aîné de la famille, avec une dotation de 
10,000 fr. ; je ferai baron l'aîné de l'autre branche avec une dotation 
de 4,000 fr., s'ils ne sont pas frères. Quant à ces demoiselles, savoir 
leur âge et leur accorder une pension telle qu'elles puissent vivre. » 
{Corresp. de Napoléon r% t. XXV, p. 140.) 



XVIT 



La veuve Ilari, nourrice de Napoléon, fut pensionnée dès le début 
de l'Empire et reçut en donation une maison à Ajaccio et deux vignes 
situées au terroir dit Yilullo. {Corresp. de Napoléon I"', t. XX.j 

Deux autres nourrices, la dame veuve Mallard, nourrice de Louis XYI 
et la dame veuve Laurent « nourrice de la fille de Louis XVI » 
reçurent chacune une pension de 1,':200 fr. par un décret daté de 
Saint-Cloud, le 2 septembre 1810. {Corresp. de Napoléon P'', 
t. XXI, p. 101.) 

Un décret daté de Fontainebleau, 16 octobre 1810, accorde une 
pension de 30,000 fr. à M'"" Hyacinthe-Dominique de Bourbon, 
religieuse au couvent de Saint-Dominique, à Rome. (Corresp. de 
Napoléon P'\ t. XXI, p. 260.) 

1807. — Le ministre de la guerre propose à l'Empereur d'accorder 
une somme de 2,000 fr. à M'^° Dujardin, nièce du général d'artillerie 
et sœur du commissaire ordonnateur de ce nom, pour la faire entrer 
à l'hospice des ménages. 

La réponse part de Tilsitt le 22 juin 1807. « Accordé le secours 
proposé. Sa Majesté désire qu'en outre un projet de décret lui soit 
présenté pour une pension de 500 fr. » [Corresp. de Napoléon /''", 
t. XV, p. 449.) 

Ayant à se louer de M™*^ Boubcrs et de M. de Ganisy, Napoléon 
écrivait le 3 décembre 1811, à M""' la comtesse de Montesquiou, 
gouvernante de la Maison des enfants de France : 



LES PRÉSENTS DE NAPOLÉON 171 

« Madame la comtesse de Montesquioii, sur le rapport que vous 
m'avez fait de la satisfaction que vous avez du service de la dame 
Boubers, sous-gouvernante de nos enfants, et du baron de Canisy, 
notre écuyer, nous avons accordé à la dame Boubers une dota- 
tion de 10,000 fr. de rente, et au baron de Canisy un supplément 
de dotation de 6,000 fr. » [Corresp. de Xapoléon /"', t. XXIII, p. 53.) 



XVIII 

Napoléon pensait à tous les déshérités, à tous les malheureux. De 
Yalladolid, le 13 janvier 1809, il informait son oncle, le cardmal 
Fesch, qu'il mettait à sa disposition une somme de 60,000 fr. par an 
« pour soulager, disait-il, les pauvres veuves et les enfants de mes 
soldats et autres veuves de mon Empire » . (Corresp. de Napoléon P''.) 

Le 8 mai 1811 il adressait ces instructions au comte de Montalivet, 
ministre de l'intérieur : 

« Je désire que, pendant le mois de mai et juin, les secours des 
comités de bienfaisance soient doublés, et ce à dater de demain 9, et 
que, dans les faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marceau, ils soient 
même triplés. Faites cela avec le moins d'éclat possible. Donnez des 
ordres pour que tous les travaux prennent plus d'activité. 

« Je mets sur mon domaine, à votre disposition, 300,000 fr. pour 
être distribués par les comités de bienfaisance de Paris, 100,000 fr. 
pour être distribués par ceux de Rouen et 200,000 fr. pour ceux de 
Lyon. » [Corres}'). de Napoléon /'-''.) 

L'Empereur ne négligeait pas les petits présents quand il les croyait 
utiles à sa politique ; sa lettre du 4 avril 1807 au prince Eugène en 
est une preuve : 

& Mon fils, envoyez au général Lauriston vingt-cinq montres du 
prix de dix louis à celui de deux louis. C'est-à-dire les unes d'or à 
répétition et les autres d'argent. Ces montres sont destinées à faire 
des présents aux Turcs. Envoyez-en également vingt-cinq au général 
Marmont. » {Corresp. de Napoléon P\ t. XY.) 



XIX 

20 janvier 1808. — Lettre du grand maréchal Duroc à M. de Cham- 
pigny, ministre des Relations extérieures : 



172 LES FOrnMSSEURS DE NAPOLÉON 1*^'' 

« Jai riionncur d'envoyer à Votre Excellence le mémoire dû à 
M. Houtet, entrepreneur de la manufacture d'armes de Versailles, 
pour le fusil dont j'ai eu l'honneur de vous parler, qui a été envoyé 
par le dernier courrier à M. de Caulaincourt, ambassadeur de 
Russie, et que Sa Majesté désire faire payer sur les fonds des Relations 
extérieures. » 

Le fusil, tourné, garni d'argent ciselé, avec de riches fonds en or, 
coûtait 3,000 fr. [Affaires étrangères. Comptahililé, 'lT9o à 1815.) 



XX 



1808. Erfurt. — La célèbre entrevue d'Erfurt dura du 17 septembre 
au 14 octobre, au milieu de fêtes magnifiques non interrompues. 
Napoléon se montra très empressé auprès d'Alexandre dont il voulait 
non seulement se faire un ami, mais encore un puissant et fidèle 
allié. Alexandre ayant admiré un superbe nécessaire d'or, au chiffre 
impérial, Napoléon le lui offrit aussitôt. Un autre jour il le pria d'ac- 
cepter son épée, parce que le Tsar avait oublié la sienne. « Je ne la 
tirerai jamais contre Votre Majesté, » dit Alexandre avec son aimable 
esprit d'à-propos. Par malheur, les circonstances en décidèrent 
autrement. L'épée du grand homme est conservée au musée de l"Her- 
mitage. (Albert Vandal. Napoléon et Alexandre.) 

Ayant su que Nicolas Spéranski, jeune homme de grand mérite, 
était le favori du Tsar, Napoléon manifesta le désir de le voir ; après 
s'être longuement entretenu avec lui, il lui offrit son portrait entouré 
de brillants. 

A l'entrevue d'Erfurt, les deux souverains échangèrent à profusion 
des croix, des tabatières, des bijoux et autres présents. Le général 
comte Tolstoï recevait les huit tapisseries qui ornaient à Erfurt le 
logement de l'Empereur, ainsi que les porcelaines de Sèvres, saut 
quelques-unes des plus belles pièces, réservées à l'Impératrice de 
Russie. 

Tolstoï, ambassadeur d'Alexandre à Paris, d'un caractère sec, ne 
convenait pas à l'Empereur qui venait de demander son remplace- 
ment. Pour ôter à ce départ l'apparence d'une disgrâce, Napoléon lui 
avait offert les belles pièces dont nous venons de parler. 

Le doyen Meimung, après avoir dit deux fois la messe au palais, 



LES PRÉSENTS DE NAPOLÉON 173 

reçut une bague en brillants, avec le chiffre N couronne', et il fut 
remis cent napoléons aux deux prêtres qui l'avaient assisté. 

Alexandre ne se montra pas moins généreux que son illustre ami 
et multiplia les cadeaux, sous toutes les formes. Voulant donner un 
gage de sa bienveillance au secrétaire de Napoléon, M. le baron de 
Méneval, il lui remit une tabatière ornée de son chiffre en diamants, 
d'une valeur d'environ 10,000 francs. (Baron de Méneval. Napoléon 
et Marie- Louise.) 

L'année précédente, à la lin de 1807, Savary, duc de Rovigo, en 
quittant son ambassade de Saint-Pétersbourg, avait été l'objet des 
niéines attentions. 

a Outie les présents d'usage qui consistaient dans une tabatière de 
grand prix, dit Savary, Alexandre me fit remettre un collier d'amé-. 
thystes qui était le plus bel ouvrage qu'il y eût chez le joaillier de la 
couronne; il était accompagné de tous les accessoires de celte parure ; 
il y ajouta deux fourrures, l'une de martre zibeline, qui fit l'admira- 
tion des dames de Paris, et l'autre d'oursin noir, d'une égale 
rareté... » Son successeur était M. de Caulaincourt. [Mémoires du 
duc de Rovigo, t. III, p. "20:2.) 



XXI 



Voici un compte des Archives nationales qui élargit un peu le 
cercle de nos renseignements relatifs aux présents de l'Empereur à 
Erfurt : 

« Il est dû à S. E. le Ministre des Relations extérieures une somme 
de 23,012 fr. pour le prix de deux boîles et de deux bagues données 
de la part de l'Empereur (à Erfurt) au grand écuyer de Wurtem- 
berg, Goeurlitz ; à M. de Reus, aide de camp du roi de Bavière ; à 
M. de Brennig, aide de camp du roi de Wurtemberg, et à M. de Salm, 
aide de camp du même roi, ci : 23,012 fr. » dont voici le détail : 
Une boîte à portrait (c'est-à-dire ornée du portrait de l'Empereur, 
entouré de brillants) : 0,002 fr. — Une boîte à chiffre (un N cou- 
ronné, en brillants) : 6,118 fr. — Une bague de 5,800 fr. ; une autre 
de 4,492 fr. 

« Ces quatre objetséfaut ou s'il s'agit du métropolitain, l'évêque le plus ancien de la 
province procédera à l'institution de l'évêque nommé, de manière 
qu'un siège ne soit jamais vacant plus d'une année. (Le Chevalier 
Artaud. Histoire de Pie VII.) 

C'était réduire à néant le rôle de la papauté. Il suffisait à l'Empe- 



LES PR1':SENTS DE NAPOLÉON 181 

rcur d'attendre six mois pour donner l'instilulion canonique aux 
évêques nommés par lui, sans avoir besoin de recourir au pape. 

Par suite des événements, le traité n'eut pas d'effet ; malgré cela, 
Pie YH se reprocha toujours sa faiblesse. Suivant l'usage, après la 
signature du Concordat de Fontainebleau, des décorations, des taba- 
tières et des présents de toute sorte furent distribués aux membres 
du clergé qui avaient su plaire à l'Empereur. 

« Le cardinal Doria reçut de la propre main de Sa Majesté, le 
grand aigle, de la Légion d'honneur. Le grand aigle fut aussi donné 
au cardinal Fabricio RufTo ; le cardinal Maury, évêque de Nantes, 
l'archevêque de Tours reçurent la grande croix de l'Ordre de la Réu- 
nion ; les évêques d'Evreux et de Trêves, la croix d'officier de la 
Légion d'honneur, enfin, le cardinal Bayane et Téveque d'Evreux 
furent faits sénateurs par Sa Majesté. Le docteur Porta, médecin du 
pape, fut gratifié d'une pension de 12,000 fr. et le secrétaire ecclé- 
siastique qui était venu dans le cabinet transcrire les articles du Con- 
cordat, reçut en cadeau une magnifique tabatière. » 



XXVI 

Le 24 décembre 1813, le comte Bertrand écrivait au duc de Cadore : 
« Monsieur le duc, l'Empereur est dans l'intention de faire, cette 
année comme les précédentes, des cadeaux choisis dans les produits 
de sa manufacture de Sèvres, pour être distribués aux princesses et 
dames de la Cour. Sa Majesté désire que votre excellence fasse porter 
le plus tôt possible chez S. M. l'Impératrice, les porcelaines parta- 
gées en un même nombre de lots que l'année dernière et à peu près 
du même prix. ' 

« Le directeur de la manufacture pourra les remettre au concierge 
du Palais, qui en donnera un reçu et, après la distribution, il en don- 
nera l'état et rendra les objets qui resteront. » [Arch. naf. O'-'202.) 

Le général Bertrand exerçait, depuis peu, les fonctions de grand 
maréchal du palais ; il remplaçait Duroc, tué par un boulet le 
22 mai précédent, vers la fin de la bataille de Wurlschen. 

En 1814, lorsque Napoléon se rendit à l'Ile d'Elbe, il effectua son 
passage sur la frégate anglaise the Undounted {V Indomptable), 
commandée par le capitaine Aslier. 

« L'Empereur lui donna, lorsqu'il vint prendre congé de lui, une 



1S2 LES FOURNISSEURS DE NAPOLl'ON l'^'" 

tabatière en or, avec son portrait entouré de vingt gros brillants 
(chacun estimé 4,oU0 fr.). On m'a assuré que le capitaine Asher avait 
refusé de cette tabatière 110,000 fr. » (La générale Durand. Mémoires 
sur Marie-Louise, p. 239.) 



XXYII 

Pendant les Cent-Jours, Nitot et fils firent encore quelques fourni- 
tures pour le service des présents. Voici celles du 5 mai 1815. 

Une tabatière carrée, longue, en or ciselé, émaillé, enrichie d'un 
cercle en brillants et du portrait de l'Empereur, par Robert Lefèvre, 
10,773 fr., le portrait est de 600 fr., et les brillants seuls, au nombre 
de trois cent vingt-six, pesant trente karats, sont estimés 9,000 fr. 
— Deux tabatières ovales, en or ciselé, émaillé, ornées, l'une de 
trente-quatre brillants et l'autre de vingt-six, avec le portrait de 
Napoléon, par Robert Lefèvre (chaque portrait payé 600 fr.), 
7,599 fr. et 11,615 fr. — Une tabatière de même genre, sertie de 
vingt-huit brillants, surmontée du portrait de l'Empereur, peint par 
Saint (payé 600 fr.), 6,139 fr. 

La deuxième livraison des bijoutiers-joailliers Nitot et fils, datedu 
5 juin 1815 ; elle s'élève en chiffres ronds à 30,000 fr. pour six taba- 
tières et six bagues que l'Empereur voulait offrir en présents. Eut-il 
le temps de les distribuer? On sait que treize jours plus tard, il 
était vaincu à Waterloo. Voici en détail le prix de ces divers 
bijoux : 

Tabatière de forme carrée longue, en or ciselé et émaillé, ornée 
d'un cercle en brillants et du portrait de Sa Majesté, par Robert 
Lefèvre (le portrait payé 600 fr.), 5,699 fr. — Tabatière semblable à 
la précédente, enrichie de quarante brillants, le portrait de l'Empe- 
reur peint par Isabey (payé à l'artiste 600 fr.), 4,863 fr. — Tabatière 
carrée longue, en or ciselé, émaillé, surmontée d'un N couronné, 
enrichie de brillants, 2,096 fr. ; — trois tabatières de même genre, 
avec chiffre (N) sans couronne, 6,577 fr. ; — trois bagues en bril- 
lants, offrant sur le chaton un aigle, en roses, 6,598 fr. ; — trois 
bagues en brillants, ornées du chiffre couronné de l'Empereur : 
4,682 fr. 

« Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de 200,000 fr. que le bud- 



LES PRÉSENTS DE NAPOLÉOX 183 

get de I8I0 (dépenses extraordinaires) met à notre disposition pour 
achat de diamants et bijoux destinés à être donnés en présents. 

Signé : « Le comte de Montesquiou. 
tt Paris, ce 5 juin 1815. >» 

L'Empereur étant rentré le 20 mars, tous les budgets de l'année 
furent diminués de près d'un quart. 

Pour la suite des présents, nous renvoyons aux chapitres sur la 
Manufacture de Sèvres, Xo. Manufacture des Gobelins, Marie-Louise 
et le Roi de Rome, insérés dans la deuxième partie du présent 
ouvrage. 



LIVRE TROISIEME 

L'ART ET L'INDUSTRIE SOUS LE PREMIER EMPIRE 



CHAPITRE PREMIER 

LES PEINTRES EN MINIATURE 



Sous le règne de Napoléon P'', les peintres en miniature de talent 
étaient nombreux. Isabey, soutenu par sa grande vogue, par son titre 
de « peintre en miniature du cabinet de l'Empereur », tenait la tête 
de ces artistes distingués, mais à la condition de faire des efforts 
journaliers pour ne pas se laisser distancer. 

Parmi les miniaturistes qui ont répété le portrait de l'Empereur 
pour être monté sur des tabatières, des bracelets, des médaillons, etc., 
nous citerons Aubry, Augustin, Dumont, Gauci, Gilbert, Gilbard, 
Guérin, Isabey, Muneret, Nitot, Robert Lefebre, Prosper, Quaglia, 
Saint, Soiron père. 

lis reçurent d'abord cinq cents francs par portrait, mais, dans la 
suite (1808), sur les réclamations personnelles d'Isabey, classé dans 
le service des portraits sur le même pied que les autres, il fut alloué 
le plus souvent GOO fr. pour chaque portrait reçu. 

L'Empereur n'était pas toujours satisfait de ses petits portraits et 
eut plusieurs fois l'occasion de s'en plaindre. 

Le lo septembre 1807, M. Daru, intendant général de la maison de 
l'Empereur, écrivait à... ? : 

« Sa Majesté n'est pas satisfaite, Monsieur, du portrait que vous 
m'avez envoyé. Elle trouve que le ton de la figure est trop dur; elle 



18G LES FOURNISSEURS DE NAPOLl'lON I*"'" 

préfère être représentée avec ses habits militaires. Sa Majesté désire 
que sans avoir égard à Ici ou tel peintre, on en prévienne plusieurs que 
l'on a besoin de quarante à cinquante portraits de l'Empereur: qu'ils 
seront payés vingt-cinq louis chacun, c'est-à-dire ceux reconnus bous 
et qui conviendront à Sa Majesté. Tant mieux, par conséquent, 
pour celui qui réussira. Recommandez-leur de faire des figures plutôt 
gracieuses. Signé : Daru. > [Arch. nat. O-!20i.) 

Malgré son grand talent, Isabey lui-même se relâchait quelquefois, 
et l'Hmpereur en témoignait avec vivacité son mécontentement. 
On en peut juger par cette lettre de M. Daru au peintre du ca- 
binet : 

1807. « L'Empereur a ordonné, Monsieur, la confection de cent 
boîtes d'or enrichies, parmi lesquelles vingt-cinq doivent être ornées 
de portraits. J'ai déjà eu l'honneur de vous en prévenir de vive voix 
et de vous engager à vous occuper de ces portraits avec tout le bien 
dont vous êtes capable. Je ne dois pas vous laisser ignorer que Sa 
Majesté a été fort mécontente des derniers, et ce n'est qu'à la condition 
de l'engagement du mieux que je suis autorisé à vous en charger, 
mais avec un artiste de votre talent, le désir de plaire au héros que 
vous peignez et l'amourde la gloire sont de bien sûrs garants de l'exé- 
cution de votre engagement. » [Arch. nat. 0^30.) 

Le goût répandu de ce style étrange, emprunté à la Grèce et à l'an- 
cienne Rome fit naître l'idée, chez quelques peintres, de donner à 
leurs petits portraits l'apparence de camées en sardoine, en agate- 
onyx. Ce goût se continua sous la Restauration. Ce n'était pas à 
proprement parler une nouveauté. Pendant le règne de Louis XVI, 
Degault s'était fait une réputation par ses petits sujets peints à 
l'imitation de camées antiques. Il y a si bien réussi qu'il est resté le 
maître du' genre. 

Tout en reconnaissant aux miniaturistes de l'Empire un faire 
habile à imiter dans leurs portraits des camées sculptés sur pierre 
dure, nous constatons que les peintres de grande réputation, tels que 
Dumont, Augustin, Isabey, Jacques, Périn, Saint, Jean Guérin, etc., 
se sont abstenus de ces imitations. 



Il 



Nous allons passer en revue les peintres en miniature de Napo- 
léon \" et de son temps. 



LES PEINTRES EN MINIATURE 187 

Pour éviter de nous répéter, nous renvoyons le lecteur à notre 
Livre des Collectionneurs, surtout pour les artistes suivants : Aubr}-, 
Augustin, Isabey, Jacques, Guérin, M'"*^ Kugler, Musson, Parrant, 
Périn, Quaglia, Saint, Soiron, Thouron, Van Daël, Yan Pol et Van 
Spaëndouek. 

Nous nous contentons ici d'élargir notre cadre, soit en donnant 
de plus amples renseignements, soit en citant de nouveaux ar- 
tistes. 



III 



Augustin, peintre de portraits à l'huile, en miniature et en émail, 
est un des plus habiles miniaturistes du xix° siècle. Tous les critiques 
qui ont parlé de lui ont fait son éloge. 

Au Salon de l'anlX, Augustin partage avec Isabey l'attention des con- 
naisseurs : « Si le second paraît avoir plus de finesse dans le dessin, 
dit le Moniteur de l'an X, le premier plaît davantage aux coloristes. 
Tous deux ont un talent supérieur dans ce genre. » 

A propos du portrait de la reine de Naples, le Mercure de 1808 
s'écrie : « Il est impossible, je crois, de voir en ce genre rien de plus 
agréablement composé, de plus délicatement peint, de plus précieu- 
sement fini que ce portrait de la reine de Naples. Tout est charmant 
dans cet ouvrage fait peut-être, et c'est beaucoup dire, pour ajouter à 
la réputation de son auteur. « 

Vente La Béraudière, 1883. — Portrait de femme, en robe noire 
serrée sous les seins. Signé : Augustin, 1798, 3G0 fr. — Portrait de 
jeune femme, à chevelure blonde, en robe blanche, les bras nus, 
assise sur un canapé. Signé : Augustin, 1792. Cadre d'or ciselé, 
6,900 fr. 

Vente Maze-Sencier, 1886. — Portrait de Rosalie Duthé, vue à 
mi-corps, vêtue de blanc ; le sein et le bras gauche découverts. 
Miniature ronde, signée : Augustin, 1793. Cadre d'or à réverbère, 
1790,2,900 fr. 

Vente Lafaulotte, 1886. — Portrait de femme vêtue de blanc et 
d'une écharpe noire, le sein en partie découvert. Signé : Augustin. 
Dans un médaillon en or à double face, 6,000 fr. 

Vente Lémj-Crémieux, 1886. — duchesse de Penthièvre. Elle est 
assise en robe blanche et tient un crayon d'une main et de l'autre, 
un carton à dessin. Signé : Augustin, 1791. Adjugé, 3,o00 fr. 



1S8 LES FOURNISSEURS DE NAPOLfiOX l*"'" 

AuTissiER (Louis-Muric), né cà Vannes en 177:2, mort à Paris en 
ÏS'I'.^. II résida longtemps en Belgique où il vécut honoré et devint 
membre de l'Acade'mie des beaux-arts de Gand. 

Au Salon de l'an IX, il exposa un cadre renfermant plusieurs minia- 
tures, entre autres le portrait de son oncle, le sien, celui de sa femme 
et celui du frère du général Morcau. 

Kn 1819, Aulissier eut l'honneur de faire le portrait du roi des 
Pays-Bas. 

Venle Bouvier, 1873. — Deux portraits de femmes, dont l'un est 
signé : Aulissier, 7:2 fr. 

Vente A. Terme. — Portrait de femme, en costume de la fin du 
xviiie siècle. Signé : Aulissier, 300 fr. 

BvRRABAND (Pierrc-Paul), né à Aubusson (Creuse) en 1767, mort à 
Lvon en 1809. 

Très habile peintre d'histoire naturelle. Il a peint sur vélin, avec 
un rare talent, des fleurs, des insectes et des oiseaux de toute espèce. 
Il a collaboré au grand ouvrage d'Egypte, au Buffon de Sonnini, à 
l'ouvrage sur l'Egypte, de Fournier, à VHisloire des insectes, de La- 
treille. Ses dessins pour l'Histoire naturelle des oiseaux d'Afrique, 
de Le Vaillant, sont parliculièrement admirables. 

Barraband a peint des oiseaux sur des porcelaines de la manufac- 
ture de Guérard et Dihl, dite àWngoulême, exposés au Salon de 1798. 
Plus tard, il fit des dessins pour la manufacture de Sèvres. En 1807, 
il était professeur à l'école des beaux-arts de Lyon, où il termina sa 
carrière deux ans plus tard. 

Berjox (Antoine), né à Lyon, le 17 mai 1753, mort dans la même 
ville au mois de novembre 1843. Fleurs et fruits, genre, à l'huile, au 
pastel et en miniature. Il a fait aussi le portrait en miniature, notam- 
ment le sien, qu'il a peint à l'âge de soixante-cinq ans. 

Les œuvres de Berjon ont figuré à diverses expositions depuis 1791 
jusqu'en 1842. 

Venle Bouvier, 185o. — Jeune femme portant les attributs de Diane 
chasseresse, ivoire signé : Berjon, 53 fr. 

Venle La Béraudière, 1885. — Boîte d'écaille brune surmontée 
d'un portrait de jeune femme, ornée de perles et vêtue d'une robe 
de soie violette ouverte sur la poitrine. Signé : Berjon, an VI, 190 fr. 

Berny d'Ol'Ville (Charles- Antoine-Claude), né à Clermont, dans la 
seconde moitié du xviii° siècle. Genre : portrait en miniature. En 1808, 
il exposa les Regrets de l'absence et le portrait de M"® Levert, actrice 



LES PEINTRES EN MINIATURE 180 

du Théâtre-Français. Dans son compte rendu de l'exposition, le 
Journal de V Empire dit : « Après les très belles miniatures de 
M. Aubry et Augustin, je placerais ensuite les cadres de MM. Ber- 
trand, Berny et Thiboust. » 

Bertrand (Vincent), élève de Regnault, et bon peintre de portraits 
en miniature. Il a exposé avec succès de 1804 à 1817 et mérita, en 
1810, une médaille d'or de première classe. 

Au nombre de ses meilleurs portraits nous citerons ceux de Félix 
Rousseau, de Leniaire et Redouté, peintres de fleurs ; de Lemaire, 
peintre d'histoire, 1808 ; du colonel Tascher, du duc d'AngouIème ; de 
M"" Bertrand, harpiste, fille de l'auteur; de Guillon, première flûte 
de l'école royale et de la Chapelle, 1817. 

A la date de 1804, nous lisons dans les Lettres impartiales : « Le 
portrait de M. Félix Rousseau, par M. Bertrand, est peint avec beau- 
coup de talent. » 

Le Journal de V Empire dit, ainsi que nous le rappelons plus haut, 
à propos du Salon de 1808, qu'après les miniatures d'Augustin et d'Au- 
bry, il placerait ensuite « les cadres de MM. Bertrand, Berny et Thi- 
boust ». 

En 1817, le Journal de l'Empire cite encore le nom de Bertrand 
parmi ceux qui « ont produit de bonnes miniatures ». 

Barrois (Jean- Pierre -Frédéric), né à Paris, en 1786, décédé à 
Meaux où il s'était retiré. Genre : portrait à l'iuiile et en miniature. 
Elève de Fontalland et de Louis Hersent. 

Il a souvent exposé de 1806 à 1841. Le portrait en miniature de 
M"® Julie Béry, de l'Opéra, lui valut en 1819 une médaille d'or de 
seconde classe. En 1817, l'artiste avait présenté au Salon : Le Billet 
doux, grande miniature. 

BoiCRARD (Joseph-Alexandre), élève de Yincourt. De 1804 à 1814, il a 
exposé à chaque Salon de Paris « un cadre de miniatures ». 

A la vente de la comtesse de Montesquiou-Fezensac, en 1871, une 
tabatière d'écaillé, rectangulaire, surmontée d'un portrait d'homme, 
en costume de l'Empire, signé : Boichard, a été adjugée 460 fr. 

BoiLEAU, peintre en émail, qui florissait sous Louis XVI. Il exposa au 
Salon de la co?Tesponda7ice, en 1779, un portrait en émail de Pierre 
le Grand, qui fut très apprécié. 

CuARRiN (M'"" Fanny), peintre en miniature, puis sur porcelaine, née 
à Lyon, vers la seconde moitié du règne de Louis XVI, morte à Paris 
en 1854. Durant l'Empire, elle a exposé à tous les Salons des por- 



190 Li;S FOLRMSSKURS DE NAPOLl'ON f 

traits eu inuiialurc. Suus Charles X, clic fui altachcc à la manufac- 
lurc de Sèvres, où elle ne tarda pas à prendre rang parmi les meil- 
leurs. 

M"'- Charrin a fait beaucoup de petites miniatures sur ivoire, repré- 
sentant des personnages historiques du xviii'^ et surtout du xvii'' siècle. 
Quelques-uns de ces gentils portraits ont eu l'honneur d'élre montés 
sur de riches tabatières. Le musée céramique de Sèvres possède de 
celte artiste une belle copie du Trompetle de Gérard Dow et un por- 
trait de M'"« de Sévigné. 

Vente Jacquinol-Godard, i8o9. — Portraits en miniature sur 
ivoire, par M"*' Charrin, M"*-^ de Retz, 158 fr. — M"*-' de Fonlanges, 
80 fr. — AP^ de Château-Renaud, 100 fr. — M"° de Rlois, 64 fr. — 
La duchesse d'Aiguillon, 61 fr. — M""° de Grignan, 9o fr. — M"'" de 
Grammont, 79 fr. — La marquise du Chùtelet, 67 fr. — 31""- de 
Rochefort, 100 fr. 

Vente Laperlier, 1867. — Le duc de Beaufort : 125 fr. 

Vente Allègre, 187:^. — Boîte d'or, Louis XYI, émaillée gros bleu, 
avec demi-perles incrustées. Sur le couvercle, le portrait de ^I""*^ de 
Sévigné, par M"^^ Charrin, 2,100 fr. 

Vente J. Théret, 1873. — La reine Christine de Suède, 155 fr. 

CuASSELAT (Pierre), né à Paris dans le courant du xvm® siècle, mort 
dans cette ville en 1814. Elève de Vien. Sujets de genre à la gouache 
et portraits en miniature. 

Il était peintre en miniature de Mesdames de France, fdies de 
Louis XV, et son nom figure à diverses reprises sur les livrets 
du Salon, de 1793 à 1810. 

Les œuvres de Chassclat méritent une place honorable dans nos 
collections, et il faut surtout rechercher ses petits portraits du siècle 
dernier. 

Le catalogue de la vente Soret, 1863, mentionne : une Jeune Fille 
en riche costume Louis XV, dans un parc, sur une boîte d'écaillé 
galonnée d'or et signée : Chasselat. 

CuATiLLON (Charles), né àDoullens (Somme) dans la seconde moitié 
du xvm** siècle. De 1793 à 1808, il a exposé aux Salons de Paris des 
paysages à la gouache, des portraits en miniature et des sujets de la 
Fable, à l'imitation des camées en agate-onyx. 

Vente Jacquinot-Godard, 1859. — Portrait d'homme, grande 
miniature, 34 fr. 

Ilùtel nroiiot, 1862. 



LES PEINTRES EN MINIATURE 191 

Ctor (Pierre-Charles), né à Paris en 1769, peintre en miniature du 
roi dEspagne. II a exposé des cadres de miniatures aux Salons de 
1796 et de 1797, puis en 1831 et en 1838. Un lui doit les portraits à 
l'huile de divers grands personnages, tels que l'empereur Paul P'"; 
l'Impératrice douairière de Russie; le prince Kourakin; le prince 
Nérakin et son fils ; la princesse Poniatowska ; la reine des Pays- 
Bas ; le prince Esterhazy ; le duc de Luxembourg, pour lequel il fit 
le portrait en miniature de Louis XVIII. 

Cless (Jean-Henri), né à Strasbourg, élève de David. Il a exposé des 
cadres de miniatures aux Salons de 1806 et de 1808. 

GossARD, établi à Paris, à la fin du wiii*^ siècle et au commencement 
du xix". « Artiste d'un mérite distingué pour les camées et le portrait 
en miniature ». [Tablettes de Renommée .. . Paris, 1791.) 

Gossard a exposé diverses miniatures aux Salons de 1808, de 1810 
*tl81^. 

Delacazette (M"*^ Sophie-Glémence), née à Lyon en 1774, morte à 
Paris le 27 octobre 1834. Elève de Regnault et d'Augustin. Elle a sou« 
vent pris part aux Salons de Paris de 1806 à 1838, et remporta deux 
médailles, l'une au Salon de 1819, l'autre, en 1834. On cite, parmi ses 
bons portraits, ceux de Garât, de M"'^ Crispi et de M'"*^ Morand dans le 
rôle de Suzanne. Le Louvre renferme, dans la salle des émaux 
de Pelitot, un charmant portrait de jeune femme dû au gracieux pin- 
ceau de M"'^ Delacazette ; c'est une œuvre très fine et d'une belle cou- 
leur, signée et datée de 1814. 

Delacluze (Jean-Edme-Pascal-Martin), né à Paris en 1778, mort 
vers 1838. Peintre de portraits à l'huile, à l'aquarelle et en miniature. 
Elève de Regnault et d'Aubry. Il prit part à divers Salons de Paris, de 
1810 àl832, etremporta dès son débutunemédaillede secondeclasse. 

Delacluze tenait un atelier d'élèves et donnait des leçons particu- 
lières, ce qui ne l'empêcha pas de beaucoup produire. Sans être un 
artiste hors de pair, il jouissait d'une bonne réputation. Le musée de 
Rouen possède de ce maître le portrait de Hyacinthe Langlois. 

Drolling (Martin), né à Oberbergheim, près Colmar, en 1732, 
mort cà Paris en 1817. Genre, Intérieurs. Il prit des leçons d'un 
peintre obscur de Schlestadt et vint assez tard se perfectionner à 
Paris. Il a peint beaucoup d'intérieurs avec un soin minutieux et un 
incontestable talent, mais sa touche est monotone. « On peut dire de 
Drolling, observe M. Gh. Blanc, ce que disait Voltaire de je ne sais 
plus qui : « Il fait toujours bien, jamais mieux. » 



102 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON l*^"" 

Le chef-d'œuvre de ce maître est un Intérieur de cuisine, qui fut 
acheté en 1817, au fils de l'auteur, 4,000 fr. 

Martin Drolling a laisse de jolis fixés, très estimés des collection- 
neurs. On sait que les fixés sont des miniatures à l'huile, peintes sur 
taffetas et collées ensuite à une glace qui leur tient lieu de vernis. 

Vente Jacquinot-Godard, 18.j9, — Boite carrée en racine de bois, 
ornée d'un fixé, par Drolling : la Sortie de Vécole, 32 fr. — Sur une 
autre boîte : Jeune fille puisant de Veau à une fontaine, 47 fr. 

Hôtel Drouot, 1878. — Jeune paijsanne, en buste, coiffée d'un 
bonnet blanc à ruban bleu ; un fichu en mousseline lui couvre les 
épaules; une rose orne son corsage. Charmant fixé, dans la manière 
de Greuze, signé : Drolling. Cadre en or (D. 0,07o), o3o fr. 

Vente La Béraudière, 188o. — Miniature à l'huile (probablement 
un fixé). Sujet tiré du conte de La Fontaine : Le Faucon, 400 fr. 

Vente Sichel, 188G. — Villageoises assises à la lisière d'un bois. 
Fixé. (D. 0,07), 7o fr. 

DoucET-SuRiNG (Madeleine). Elle naquit à Lyon, mais toute sa vie 
artistique se passa à Paris. De 1793 à 1806, elle exposa de nombreux 
portraits en miniature. 

Dubois (Frédéric), miniaturiste de talent qui florissait à Paris vers 
la fin du xviii*' siècle et au commencement du xix" siècle. 

En 1780, il présenta au Salon de la Correspondance le « portrait 
du jeune prince de Craou ». De 1793 à 1804, l'artiste a exposé, aux 
Salons du Louvre, bon nombre de portraits en miniature qui le 
firent avantageusement connaître. 

Lors du Salon de l'an IX, le Moniteur écrivait, après avoir fait le 
plus grand éloge d'Augustin et d"Isabey : « Aubry et Dubois sont les 
premiers, après ces deux maîtres. » 

DuMONT (François), né à Lunéville, le 7 janvier 17ol, m.ort à Paris 
le '21 août 1831. Peintre en miniature de la reine Marie-Antoinette. 
Il eut pour maître Girardet et fut reçu à l'Académie en 1788, « sur 
le portrait en pied de M. Pierre, premier peintre du Roi, » exécuté en 
miniature. 

Au mois de janvier 1785, quand Isabey vint chercher fortune à 
Paris, sa première visite, comme il le dit lui-même dans d'intéres- 
sants mémoires, fut pour François Dumont : « J'étais porteur d'une 
lettre de recommandation pour Dumont, mon compatriote, premier 
peintre en miniature de la Reine. Je me rendis chez lui. II habitait 
un bel appartement où tout respirait le luxe ; je le trouvai enveloppé 



LES PEINTRES EN MINIATURE 1D3 

■îlans une robe de chambre bleu et or, coiiïé et poudré à l'oiseau 
royal. Sa froideur me déconcerta. « Je ne puis rien faire pour vous, 
« me dit-il, je ne prends pas d'élèves pour la miniature, mais je con- 
« nais un atelier de modèles que je visite quelquefois le matin; si vous 
« le désirez, je vous recommanderai à la personne chargée de rece- 
cc voir. » Ce n'était pas la réception à laquelle je m'attendais. Faute 
de mieux, j'acceptai son offre et me rendis à l'atelier... » (Edm. Tai- 

Dumont parait avoir été très occupe à la ville et à la cour. Lorsque 
Marie-Antoinette voulait offrir son portrait à quelque amie, comme 
elle le fit pour M'"°^ de Tourzel et de Polignac, c'est au « peintre en 
miniature de la Reine » qu'elle s'adressait le plus souvent. 

Notre artiste a beaucoup exposé depuis 1789 jusqu'en 1830. Parmi 
les personnages qui ont posé devant lui nous citerons, après la 
famille royale, la duchesse de Polignac, Charles de Calonne, contrù- 
îeur général des finances sous Louis XVI ; le comte de Montmorin ; 
Duvivier, graveur de médailles ; M™' de Saint-Phar ; l'acteur La Rive ; 
Vien; M""' Drouais et ?on fils; David; Viennet ; Rcgnault ; Daru; 
Chérubini ; Arnault, de l'Académie française ; Mandini, chanteur ita- 
lien ; Anne Morichelli. Dumont a fait aussi des portraits à fhuile et 
au pastel et a laissé quelques tableaux d'histoire. 

Le peintre de la Reine figure parmi les bons miniaturistes chargés 
•de multiplier l'image du Roi et de la famille royale, pour orner les 
bijoux et les riches tabatières que Louis XYI offrait en présents. Nos 
recherches nous permettent de citer plusieurs exemples de ces dons 
gracieux. 

Le 22 juin 1788, le secrétaire de M. de Montmorin, ministre des 
aflaires étrangères, écrit à Ouizille, joaillier du Roi, pour lui com- 
mander une tabatière d'or, émaillée, enrichie de diamants, du prix 
de dix à onze mille livres, y compris le portrait du Roi. Ouizille est 
informé que Dumont doit fournir le portrait et qu'il devra se concer- 
ter avec lui sur les dimensions dans lesquelles il faudra l'exécuter. 

Dans une autre lettre, datée du 11 novembre 1790, le même joail- 
lier est chargé d'exécuter une tabatière ronde, assortie de diamants, 
d'une valeur totale de quatorze à quinze mille livres, puis il est prié 
de « vouloir bien s'entendre avec M. Dumont pour le portrait du Roi, 
à placer sur cette tabatière ». 

Sans sortir de notre sujet, nous citerons cette lettre, adressée au 

joaillier Solle, le 18 mars 1789 : 

13 



104 LF.S FOURNISSEURS DE NAPOLEON l'^'' 

« M. le comte de Montmoriii aura besoin pour le service du Roi^ 
monsieur, de deux beaux bracelets eu diamants avec les portraits 
du Roi et de la Reine, du prix d'environ neuf mille livres, chaque 
bracelet : et de deux boutons de chapeau, avec leur ganse de la 
valeur d'environ quatre mille livres chacun ; c'est-à-dire pour le 
tout à peu près 20,000 livres. Cette fourniture est destinée pour les 
présents d'un baptême qui doit avoir lieu dans les premiers jours du 
mois de mai prochain. Vous voudrez bien vous entendre avec 
M. Dumont pour que les deux portraits qu'il aura à exécuter soient 
prêts pour ce temps. Les boutons de chapeau doivent être à peu près 
dans la même forme que ceux que vous avez fournis, en 1783, pour 
le baptême des enfants de M. l'ambassadeur de Portugal. 

« Je vous serai obligé de m'informer de vos dispositions sur cette 
commande afin que je puisse en rendre compte au ministre. » 

{Affaires étrangères. Comptabilité.) 

Dumont a fait quelques petits portraits de l'Empereur pour le Ser- 
vice des présents. Voici une lettre qu'il écrivait en 1808 à M. Daru, 
intendant général de la maison de l'Empereur. 

« Monsieur le comte, pendant votre absence, j'ai été chargé par 
feu M. Desmaisons, votre ancien secrétaire, de faire trois portraits 
en miniature de Sa Majesté l'Empereur. 

Œ Au décès de M. Desmaisons, j'ai réclamé, ils m'ont été rendus ; je 
vous supplie de me permettre de vous les présenter, je les crois tou- 
jours susceptibles d'être employés pour le service de Sa Majesté. Vous- 
en jugerez mieux que moi, que mes soins et mon zèle pourraient 
abuser... » 

Dumont demeurait alors Cour-des-Fontaines, n° 5. [Arch. nat.^ 
O230.) 

Vente A. Maze-Sencier. — Charles- Alexandre de Galonné, contrô- 
leur général des finances sous Louis XVI, 1,020 fr. — Portrait de la 
duchesse de Pulignac, la célèbre amie de Marie-Antoinette. La minia- 
ture est montée sur une tabatière d'écaillé jaspée, décorée de cercles- 
à torsades en or vert, 4,220 fr. — Portrait du comédien Jean Mau- 
duit de la Rive, 1,520 fr. 

Quelques jours plus tard, un portrait de M. de Galonné, par Du- 
mont, un peu plus petit que le précédent, et d'une exécution peut- 
être moins parfaite, a été adjugé 400 fr. 

Vente Lévy-Crémieux, 1886. — Portrait de jeune femme, vue à 
mi-jambe, en robe vert clair, les cheveux retenus par un ruban rose. 



LES PEINTRES EN MINIATURE 195 

Elle tient des roses de ses deux mains. Signé, au bas, à gauche : Du- 
MONT, 5,100 fr. 

Dln, artiste flamand, établi à Naples au commencement du 
xix° siècle, peintre en miniature du roi Murât. OEuvres finies jusqu'à 
la mollesse. 

EsMENARD (M"'= Inès d'), née à Paris vers la fin du xviii° siècle. 
Peintre d'histoires, de portraits. Elève de Golson et de Franque pour 
la peinture à l'huile, et de Hollier pour la miniature. 

Pendant longtemps, son nom ligure sur les livrets du Salon, où il 
paraît pour la dernière fois en I80I. 

Le Journal des Débats écrivait, en 1817 : « MM. Aubry, Bertrand, 
M"*^ Esménard, d'autres encore, ont produit aussi de bonnes minia- 
tures. Le nombre de ceux qui font bien augmente. » Cette artiste 
obtint, en 1819, une médaille de deuxième classe. Au Salon de 1834, 
elle exposa le portrait de Redouté, grande miniature. 

Evrard (Jean-Marie), né à Chauny (.\isne) vers 1780. Peintre de 
tableaux à l'huile et de portraits en miniature que l'on fit figurer à 
divers Salons de Paris, de 1810 à 1835. 

Gilbert. Cet artiste, dont nous ne trouvons de trace nulle part 
qu'aux Archives nationales, a travaillé pour le Service des présents. 

Au mois de novembre 1810, l'Empereur établit un budget de 
135,000 francs pour vingt-cinq médaillons à donner aux enfants tenus 
par Leurs Majestés sur les fonts de baptême, à Fontainebleau. Chaque 
médaillon offrait les portraits de l'Empereur et de l'Impératrice, en- 
tourés de brillants. Gilbert fit quatorze de ces portraits pour lesquels 
il reçut, le 15 février 1811, la somme de 7,000 fr. {Arch. nat. O-50.) 

GiLLiARD, artiste peu connu qui a fait, pour le service des présents, 
plusieurs petits portraits de l'Empereur. 

En mars 1811, il livre aux bijoutiers Nitot et fils, trois portraits de 
Napoléon qui sont montés sur de riches tabatières d'or, ciselées, 
émaillées, serties de brillants, valant à elles trois 1G,570 fr. 

Tandis que, dans la même livraison, d'autres portraits sont payés 
à leurs auteurs 500 fr. et GOO fr., Gilliard ne reçoit pour chacun des 
siens que 300 fr. 

Le mois suivant, il fournit encore trois portraits qui lui valent cette 
fois 1,200 fr. 

En somme, de tous les peintres qui ont travaillé pour les présents 
c'est le moins rétribué ; tous les autres ne touchent pas moins de 
500 fr. et le plus souvent GOO fr. par portrait. {Arch. nat, 0-34.) 



19G Li:s i'OLi\Nissi:uns de napoléon i'''' 

GuÉRi.N (Jean). Ce maître hors de pair, se montra l'égal d'Isabey et 
<rAugustin. Il exposa souvent aux Salons de Paris, de 1798 à 1827. 
Son chef-d'œuvre est le portrait de Kléber, grande miniature acquise 
par le musée du Louvre en 1849, au prix de .'iOO fr. Bonaparte, alors 
général, voulut voir ce portrait et le conserva plusieurs jours sur la 
•cheminée de son petit salon de la rue Ciiantereine, où il l'admira 
Jonguement à diverses reprises. 

Guérin travailla pour le Service des présents, notamment vers la 
Un de 1810. Le 26 novembre de cette même année, l'Empereur éta- 
iblit un budget de 133,000 fr. pour vingt-cinq médaillons à donner 
en cadeaux aux enfants tenus sur les fonts de baptême par Leurs 
Majestés, à Fontainebleau. Chaque médaillon, serti de brillants, offrait 
les portraits de l'Empereur et de Tlmpératrice. {Arch. nal. 0^34 et 
O^oO.) Guérin fut associé à ce travail ; il fit dans la circonstance six 
petits portraits, et son mémoire, écrit de sa main, est ainsi formulé : 

« Mémoire présenté à Son Excellence le grand chambellan de 
France, par Jean Guérin, peintre, pour six portraits de Leurs Majes- 
tés Impériales, à raison de 500 fr. chaque. Total : 3.000 fr. 

{Arch. nat. 0-U.) 

« Jean Guérin. » 

« Paris, le 15 janvier 1811. » 

HoLLiER (Jean-François), né à Chantilly dans la seconde moitié du 
xvm*^ siècle, mort à Paris en 184o. Portrait en miniature, à l'aquarelle 
et à la sépia. 

Elève de David et d'Isabey. Il a beaucoup exposé depuis 1804, 
jusqu'en 1831. Il obtint une médaille d'or en 1817 et une seconde 
en 1824. 

Ce maître a fait preuve de talent et cependant les critiques d'art en 
parlent peu. Nous lisons dans le Mercure de France, à propos du 
Salon de 180G : « Les miniatures ne sont pas moins nombreuses que 
les portraits à l'huile. J'ai remarqué celles de M. Saint, de M. Hollier 
■et de M"*^ Capet. » On voit que notre artiste est en bonne compagnie. 
Parmi ses nombreux portraits nous citerons ceux de Talma, de 
Lafont, de M"*^^ Duchénois, Yolnai. Mézeray, Boissière, de M'"" Miche- 
îot, artistes du Théàtre-Fiançais ; de M™ Paradol, du même théâtre, 
<lans le rôle de Sémiramis ; d'Etienne de Choiseul-Stainville, capitaine 
aide de camp, mort en 1809 ; du docteur Carre, du maréchal Ney, 
•de la princesse Radzivill ; du général comte Lobau, aide de camp de 



LES PEINTRES EN MINIATURE i97 

l'Empereur ; du cardinal Maury, de la baronne Blondeau et de l'In- 
fante d'Espagne Dona Louisa Garlolta. 

Hôtel des Ventes, Paris, 1846. — Portrait du docteur Broussai§, 
12,50. — Portrait de M'"^ Raucourt (?), 11 fr. 

Vente La Déraudière, 1885. — Jeune femme en robe blanche et 
chapeau de paille orné d'un bouquet de roses. Signé : nolliei\ 
195 fr. 

Iaser (Marie-Marguerite-Françoise), née à Nancy, en 1782. Aquarelle 
et miniature. Elève de Claudot, d'Aubry et d'Augustin. Elle prit 
aussi des leçons de Regnault, pour la peinture à l'huile. M"'' laser 
vint s'établir à Paris, où elle exposa souvent de 1808 à 1844. 

Parmi ses principales miniatures nous citerons les portraits de la 
princesse de Danemark, de M"*' de Berry et du duc de Bordeaux. Ce 
dernier a été lithographie par l'auteur. 

Ingles, artiste espagnol, né à Valence en 1718, mort en 1786. 
Histoire, portrait et miniature. Elève de Richarte, membre de l'Aca- 
démie. Il avait une palette brillante et se fît, comme portraitiste, une 
bonne réputation. 

IsABEY (Jean-Baptiste). La grande réputation d'Isabey date de l'Em- 
pire. Dans notre Livre des collectionneurs, nous parlons longuement 
de ce maître charmant qui fut comblé par la fortune jusqu'à la fin 
de ses jours. 

Son titre officiel, celui qu'il mettait comme en-tête à ses lettres, est 
le suivant : « J. Isabey, peintre, dessinateur du cabinet de Sa Majesté 
l'Empereur, des cérémonies et des Relations extérieures. » 

Au Salon de 1806. Jean-Baptiste exposa, sous le n° 264, la Visite 
de Sa Majesté V Empereur à Jouy. A propos de ce tableau, un journal 
du temps, le Flâneur au Salon ou M. Bonhomme, Paris, Aubry,. 
1806, fit paraître les vers suivants : 

« Gros sait de son pinceau sévère, 
D'un héros peindre les hauts faits, 
Ici d'une main plus légère 
Isabey trace ses bienfaits : 
Quelle frappante ressemblance 
Règne en ce dessin enchanteur. 
Mais sa bonté, mais sa vaillance 
L'ont mieux gardé dans notre cœur. » 

Tous les critiques d'art font l'éloge d'Isabey. A propos du Salon 



198 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON I*^"" 

de 181:2, le Moniteur du 22 janvier 1813 nous renseigne sur di- 
vers procédés du célèbre artiste , dans cet intéressant compte 
rendu : 

« M. Isabey, qui après avoir porté la miniature à un degré de per- 
fection que peu de ses rivaux ont atteint, avait tracé d'une main 
aussi adroite que savante des dessins au pointillé, manière particu- 
lière à laquelle on donna le nom de l'artiste et qui fut adoptée avec 
ime sorte de fureur pendant quelques années. Dès lors, ce genre 
devenu banal a été abandonné par M. Isabey ; il en a cherché et 
trouvé bientôt un autre dont il aura la fleur ; elle conservera son 
éclat entre ses mains et ne risque de se faner que sous les doigts 
pesants de ses imitateurs. La collection de portraits d'après nature de 
la famille impériale d'Autriche, tient le milieu entre le dessin aqua- 
relle et la miniature. Le vélin sert de fond et les chairs sont réservées 
et non touchées, comme à la gouache. Les têtes sont au pointillé et 
atteignent presque à la vigueur des plus belles miniatures ; les fonds 
et les vêtements sont traités au lavis avec une telle légèreté qu'ils 
semblent aériens ; ces accessoires accompagnent les chairs sans dis- 
puter de vigueur avec elles et les font valoir en sacrifiant leur propre 
éclat ; cet artifice, qui serait un abus en peinture, convient à ces jolis 
dessins et leur donne une fraîcheur et un agrément tout particulier. 
La composition dans laquelle le même artiste a groupé les enfants de 
S. E. le duc de Rovigo autour du buste en marbre de leur mère, est 
un petit chef-d'œuvre de grâce et de sentiment. » 

Malgré le temps consacré aux fonctions de Dessinateur du cabinet, 
Isabey, très recherché des plus illustres personnages, multipliait à la 
cour et dans la famille impériale, ses jolies miniatures ; il faisait de 
nombreuses répétitions du portrait de l'Empereur^ pour orner les 
bijoux et les tabatières. 

Lors du mariage de Napoléon avec Marie-Louise, en 1810, Isabc}' 
fut très occupé ; il livra, entre autres, à Frièse et Devillers, bijoutiers 
du Roi et de la Reine des Deux-Siciles, deux petits portraits de 
l'Empereur, dont l'un pour être monté en bague, l'autre pour orner 
une boîte d'or, à cure-dents, gravée et ciselée. Ces dépenses furent 
comprises dans l'état des achats de bijoux faits pour le mariage de 
Sa Majesté. [Arch. 7iat. 0^34.) 

En 1806, Isabey recevait 500 francs pour chacun de ses petits 
portraits, bien qu'il en demandât 600. Sur une demande de sa 
main, nous voyons cette réponse de M. de Fleurieu : « Sa Majesté, 



LES PEINTRKS EN MINIATURE 199 

ayant décidé que les petits portraits seraient payés 500 fr., ne peut 
revenir sur celte décision, » 

Dans une lettre, datée du mois d'octobre 1808, Isabey se montre 
moins endurant : 

« Je vous adresse,' Monsieur, deux portraits de l'Empereur. J'ai 
l'honneur de vous prévenir que mon prix est de 600 fr. et que je ne 
souffrirai aucune diminution. » 

Cette fois, notre artiste eut gain de cause et désormais le prix de 600 fr. 
fut établi, pour tous les petits portraits de Napoléon, quel qu'en fût 
i'auteur. Toutefois, nous l'avons déjà dit, l'Empereur ayant eu à se 
plaindre de la mauvaise expression de quelques-uns de ses portraits, 
avait exigé qu'ils fussent, à l'avenir, soumis à son examen et acceptés 
par lui avant d'être envoyés chez le bijoutier. 

Vente A'..., 188o. — Portrait d'homme miniature, ovale, 42o fr. 

Vente de yi/'"° Jubinal de Saint-Albin, 1886. — Petit portrait de 
Louis XVIII, de trois quarts, à droite, 143 fr. 

Vente Maze-Sencier, 1886. — Jeune femme de profil, à droite. Elle 
est coiffée d'un grand voile blanc et porte autour du cou une écharpe 
jaune. Robe bleue, bordée au corsage d'une dentelle, à larges dents 
tombantes. Cadre en bronze ciselé, de style Louis XIII, timbré d'un 
écusson aux armes du duc d'Harcourt, 640 fr. 

Vente Defoer, 1886. — Portrait déjeune femme, 460 fr. — Autre, 
1,010 fr. — Portrait de M""^^ Récamier, 800 fr. 

Hôtel Drouot, 1887. — Portrait de jeune femme, coiffée d'un cha- 
peau à rubans, le visage encadré d'une voilette de gaze. Signé. 
I,6o0 fr. — Louis XVIII, en buste, dans son costume fantaisiste de 
général. Signé : Isabey, 1814, 510 fr. 

Vente de Mad***, 1886. — Jeune femme vêtue d'un corsage rouge, 
à col et revers de velours, passé sur une robe blanche, 1,010 fr. — 
Très petit portrait ovale de W^ Récamier, de face, en robe blanche 
décolletée, 800 fr. 

Vente Adolphe Kohn, 1889. — Napoléon P'", 201 florins. — L'im- 
pératrice Joséphine, 355 florins. — Lafayette, 108 florins. 

Hôtel Drouot, 1889. — Portrait de Marie-Louise, miniature ovale 
sur ivoire, 1,000 fr. — Uonbonnière d'écaillé, cerclée d'or décorée 
du portrait de la femme d'Isabey, 2,500 fr. 

Vente à Londres, 1889. — La comtesse Golloredo, miniature 
signée : Isabey, 1829, 27 livres. 

Jacob (Nicolas-Henri), peintre et dessinateur lithographe, né à Paris 



200 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON f ' 

en 178:2. Elève de David, deDupasquier et de Morgan. Sous l'Empire, 
il a été dessinateur du j)rince Eugène de 1805 à 1814. Il exposa pour 
la dernière fois en 1865 et fut décoré en 18l-]8. Il parait n'avoir fait 
que très peu de miniatures. 

Vente Jules Haas, 1884. — (Jrando miniature ovale, représentant 
un dame de la cour de Napoléon l''" en grand costume. Signé : Jacob, 
^80 fr. 

Jacques, né en 1789, mort en 1844. Miniaturiste de talent déjà 
avantageusement connu sous Napoléon 1". 

Elève de David et d'Isabey, Jacques traita largement la miniature 
et s'éleva au niveau des bons maîtres en ce genre. Son dessin est 
pur et sa couleur vraie. C'est sur le portrait qu'il fit du roi Le'opold 
de Belgique, alors prince de Saxe-Cobourg, que la fille aînée de 
Louis-Philippe décida du choix de son époux. Jacques remporta 
deux médailles, l'une en 1810, l'autre en 1817. Son nom est peu 
connu ; ses portraits ne paraissent presque jamais dans les ventes ; 
ils sont restés dans les grandes familles pour lesquelles ils ont été faits. 
« Les œuvres de ce maître, dit M. Théodore le Jeune, sont classées 
sur le même rang que celles d'Isabey et de Saint, quoiqu'elles s'en 
distinguent essentiellement et avec avantage. » Cette opinion n'est 
pas admise par tout le monde ; un de nos amis, M. de Pommayrac, 
peintre en miniature de premier ordre, nous affirmait que M'"*" de 
Mirbel, Isabcy, Saint et Augustin étaient bien supérieurs à Jacques. 
Nous regrettons de ne pouvoir confirmer cette opinion. 

KuGLER (Louise Bourdon, dame), veuve en premières noces de 
l'habile peintre en émail Weyler, son maître. Elle continua l'œuvre 
interrompue de son premier mari, en exécutant les portraits d'un 
grand nombre de personnages célèbres des xxif et xviii'^ siècles. 

En 1811, M"'° Kugler reçut « une indemnité, pour un portrait en 
émail de Sa Majesté l'empereur d'Autriche ». La somme n'est pas 
indiquée. {Aixh. nat. 0-33.) 

Lecourt, peintre en miniature à Versailles. De 1804 à 1819 il 
exposa, à Paris, de nombreux portraits en miniature. 

Lefebvre (Robert), peintre de portraits, né à Bayeux le 18 avril 
1750, mort à Paris le 3 octobre 1830. Il a exposé depuis 1791 jusqu'en 
18:27. Il eut l'honneur d'être admis à faire les portraits de l'Empereur, 
d'une partie de la famille impériale, du pape Pie VII, pendant son 
séjour à Paris et d'une foule de notabilités. Il peignait surtout à 
l'huile, mais il n'a pas dédaigné le genre de la miniature ; nous 



LES PEINTRES EN MINIATURE 201 

voyons qu'il a exécuté de celte manière plusieurs portraits de Napo- 
le'on, pour orner de riches tabatières. 

Ciiacun de ses petits portraits lui était payé GOO fr., ce qui indique 
un véritable talent de miniaturiste. 

Dans un mémoire de Nitot et fils, daté du 5 mai i815, nous remar- 
quons la mention de trois tabatières émaillées, enrichies d'un cercle 
en brillants et du portrait de l'Empereur, peint par Robert Lefebvre^ 
cotées ensemble 29,987 fr. {Arch. mit. 0-^3.) 

Sur une autre facture, du 43 juin 1815, nous retrouvons de Robert 
Lefebvre un portrait de Napoléon dans un cercle de 38 brillants, sur 
une tabatière d'or, cmaillée, du prix de 5,699 fr., y compris les 600 fr. 
du portrait. [Arch. nat. 0-33.) 

Leguay (Charles-Etienne), né à Sèvres en 1762. Peintre en minia- 
ture sur ivoire et porcelaine. Elève de l'école de Sèvres, puis de l'aca- 
démie de Paris. Il a beaucoup exposé depuis 1795 jusqu'en 1819. 

Pendant la Révolution, Leguay travailla dans la manufacture de 
porcelaine de Dihl, dite du duc d'Angoulême, et fut le chef des 
travaux d'art. Il décora de jolies pièces qui parurent aux Salons de 
l'an VI à l'an XII. 

Entré à Sèvres, sous l'Empire, il s'y fit remarquer par des ouvrages 
admirables au nombre desquels nous citerons les suivants : une table 
offrant l'histoire de Psyché, d'après Raphaël ; elle fut offerte au roi 
d'Espagne. — Un vase, pour Louis XVIII, figurant Diane au retour de 
la chasse. — Un déjeuner représentant, sur les tasses et le plateau, les 
Peines et les Plaisirs de Vamour, avec 54 figures, enfin un superbe 
vase de six pieds de circonférence dont les sujets : Diane triomphante, 
ne comptait pas moins de 33 figures de 11 pouces de haut. Ce vase, 
auquel Ch. Leguay consacra trois années, était estimé 50,000 fr. A 
l'époque de son sacre, Charles X en fit présent au duc de Northum- 
berland. 

Les Lettres impartiales^ sur le salon de 1804, consacrent à notre 
artiste ces quelques mots flatteurs : « Voyez ce portrait de M. Leguay, 
en grande miniature, il est charmant pour le faire ; il est d'une res- 
semblance étonnante. » 

Vente La Béraudière, 1885. — W" Jaquotot en robe blanche, la tète 
recouverte d'une voilette de gaze ; elle est occupée à feuilleter un 
carton de dessins posé sur un chaise. Cadre en bois noir, à feuillure en 
bronze cisé et doré, à palmettes, 485 fr, 

Lemain (Antoine), reçu à l'Académie en 1648, en même temps que 



•202 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON l*"'' 

ses deux frères Louis et Mathieu. Antoine était l'aîné, « il excellait 
pour les miniatures et les portraits en raccourci ». 

jMore.\u (Louis-Gabriel), né à Paris en 1740, mort dans cette ville, 
en 1806. Elève de Demachy, puis membre de l'Académie de Saint-Luc 
et peintre du comte d'Artois. Son œuvre comprend le paysage à 
l'huile, à la gouache, à l'aquarelle et en miniature. Son morceau de 
réception à l'Académie est un Paysage avec architecture qu'il exposa 
en 176i. 

A partir de 1791, Louis Moreau prit une part active aux diverses 
expositions de Paris. Au Salon de 1804, il est représenté par les paj'- 
sages suivants : Vue prise dans le parc de Saint-Cloud ; — Ruines 
du monastère de Montmartre ; — Vue de la maison indienne 
de Petit-Bourg ; — Vue de Paris, prise de Ventrée des Champs-Ely- 
sées. 

Louis Moreau, ou Moreau aîné, bien que ne faisant pas partie de 
l'Académie de peinture comme son frère, Moreau le jeune, n'était 
cependant pas le premier venu. Recommandé par son propre talent 
et protégé par le comte d'Artois, dont il était le peintre attitré, il 
s'était fait de belles relations. 

Au commencement de 1784, il fut chargé par le comte de Vergen- 
nes, ministre des Affaires étrangères, d'aller prendre diverses vues de 
Châteauneuf, pour les réduire en miniature, de manière à être mon- 
tées sur une tabatière. 

Châteauneuf, sur la Loire, près de Chanteloup, appartenait au duc 
de Penthièvre. 

Cette tabatière confiée à Solle, « joaillier des Affaires étrangères », 
dit une note, doit cire d'or émaillé, en carré long, sans diamants, ni 
autres ornements que les miniatures, par Louis Moreau. 

Le 18 juin, l'artiste, ayant achevé son travail, écrivait au secré- 
taire du ministre : « IMonsieur, j'ai remis à M. Solle, mardi soir, les 
tableaux représentant les vues de Châteauneuf, la boîte doit être 
terminée samedi et nous nous proposons d'aller ensemble, dimanche 
prochain, la remettre au ministre. J'ai l'honneur d'être. Monsieur, 
votre très humble et très obéissant serviteur. — L. Moreau. » 

Le prix demandé n'était pas excessif. Pour la peinture des deux 
grands dessins et des quatre côtés, 600 fr. ; et loO fr. pour le voyage 
à Châteauneuf. 

La lettre suivante, adressée du ministère des Affaires étrangères à 
Louis Moreau, le 31 décembre 1783, mérite d'être citée ; elle faithon- 



LES PEINTRES EX MINIATURE 203 

neur à l'habile paysagiste, dont les travaux avaient su intéresser 
M. de Yergennes : « Il m'a été rendu compte, Monsieur, du projet 
que vous avez formé de profiter d'un voyage en Touraine pour dessi- 
ner des vues de quelques endroits de celte province et d'élever des plans 
relatifs à votre art. Je ne puis. Monsieur, qu'applaudir à votre projet ; 
j'y contribuerais moi-même bien volontiers, si mon concours vous était 
nécessaire. 

« Vous n'avez besoin ni de permission, ni de passeport pour voya- 
ger dans l'intérieur du royaume. Je compte qu'à votre retour, vous 
voudrez bien me communiquer votre travail. » [Affaires étrangères. 
Comptabilité, 1783 à 1830. Présents. Pierreries.) 

MuNERET, un des meilleurs élèves d'Isabey. De 1804- à 1814, il a 
exposé un assez grand nombre de portraits en miniature parmi les- 
quels nous citerons les personnages suivants : l'auteur ; Chenard, de 
l'Opéra ; de Cavandon et sa femme, du même théâtre ; la belle-sœur 
de l'auteur, les peintres Corbetet Watelet, le général Jomini, la com- 
tesse de Nesselrode, etc. 

Ouvrons le Journal de rEnipire, 1"'" nov. 1806. « 3IM. Augustin, 
Sicardi, Muneret, plus anciennement connus par des succès dans la 
miniature, ont aussi exposé de leurs ouvrages. » 

9 février 1813. — « Quelques artistes ont déjà retiré leurs ouvrages : 
de ce nombre sont M"^ Thibault, élève très habile de M. Saint, et M. Mu- 
neret, l'un de nos bons peintres en miniature. De trois portraits pour 
lesquels cet artiste est porté au livret, celui de M. Talma, en habit de 
théâtre, est le seul que j'eusse remarqué les premiers jours de l'exposi- 
tion : c'était une miniature de grande dimension, ressemblante et bien 
exécutée. » 

Vejite Laperlier, 1867. — M"^*^ Boulanger, de l'Opéra-Comique, par 
Muneret, 50 fr. 

MussoN. — Nous avons parlé assez longuement de ce miniaturiste dans 
notre Livide des collectionneurs. Artiste de talent, il travailla pour les 
présents diplomatiques et pour la famille royale sous Louis XVI, et 
cependant, il est moins connu comme peintre que par sa verve déso- 
pilante. La duchesse d'Abrantès le cite dans ses Mémoires comme un 
des plus fameux mystificateurs du temps de l'Empire. 

Suivant le Dictionnaire d' anecdotes de Ghérard, Musson eut une 
fin tragique précédée de noirs pressentiments. Depuis quelque temps 
il était triste, parlant de sa mort prochaine. Un matin, un de ses amis 
vient le voir et le trouve abattu. « Ah ! mon ami, lui dit Musson, je 



'J0 5 LES FOrnNISSEURS DE NAPOLl'-.OX F 

viens de faire un ivvc a(rreu\..r;u rêvé qu'étant occupé àtravaillcrdans 
mon atelier, j'enlenilais frapper à ma porte. — Entrez, m'écriai-je. Une 
femme, vêtue de noir, couverte d'un long voile, se présente devant 
moi et me prie de vouloir bien faire son portrait. — A vos ordres, ma- 
dame, lui dis-je en m'inclinant. — Je vous remercie, monsieur; je suis 
très pressée et je voudrais commencer de suite. — Soit. Veuillez prendre 
place dans ce fauteuil, mais avant, il faudrait ôter votre voile. Elle ûte 
son voile, mon ann', et que vois-je ? une horrible tète de mort, dont 
les yeux, semblables à des trous, flamboyants, me regardent en face et 
dont la bouche édentée me crie, comme un sifflement : — Ah ! ah ! 
ah! comment la trouvez-vous, celle-là, monsieur le mystificateur? 
Elle est bien bonne, n'est-ce pas? » 

Après ce récit, Musson, malgré les afl'ectueuses paroles de son 
ami, restait triste, et répétait que sa fin était proche. Le soir, il 
dînait en ville chez M'"'' Ilainguerlot, rue du Mont-Blanc. En sortant, 
vers onze heures, le temps était sombre, la rue mal éclairée; absorbé 
dans ses idées, il ne vit pas une voiture de maître qui s'avançait rapi- 
dement vers lui, il tomba après que le limon lui eut défoncé la poi- 
trine. 

Ainsi finit l'homme, peut-être le plus gai de son temps, qui pen- 
dant de longues années provoqua des explosions de fous rires et dont 
les Tablettes de Renommée disaient dès 1791 : « Cet artiste a fait 
plusieurs portraits, à la cour, pour la famille royale et a eu l'art 
de Tamuser souvent par son caractère naïf et facétieux. » 

NiTOT, miniaturiste de talent, dont le nom nous est révélé aux Ar- 
chives nationales. Il a travaillé pour le Service des présents de l'Em- 
pereur. En 1808, il livre deux petits portraits de Napoléon qui lui sont 
payés 1,200 fr. les deux. C'est le prix accordé à Aubry, à Augustin, à 
Isabey, à Muneret, à Quaglia, à Saint, etc. 

Ces miniatures, enrichies d'un cercle de brillants, sont destinées à 
surmonter de riches tabatières d'or, ciselées, émaillées, faites parles 
joailliers 3Iarguerite et Nitot et fils. [Arch. nat. O-oO.) 

Parant (Louis-Bertin), né à Mer (Indre) en 1768, mort en 18ol. 
Peintre de genre, d'histoire et de portraits sur ivoire, sur pierre, sur 
porcelaine et à l'huile. La plupart de ses sujets et de ses petits por- 
traits sont petits en grisaille, en camée, imitant l'agate-onyx, la sar- 
doine, le jaspe vert. 

L'auteur des Lettres imjjartiales sur les exj)ositions de Van XIII 
(1804) écrivait : « N'oublions pas, madame, ces charmantes imitations 



LES PEINTRES E\ MINIATURE 205 

de pierres précieuses de M. Parent. Il est impossible de faire mieux ; 
il faut savoir que cela est peint. » 

Ve)ite Lafaulotfe, 1886. — Portrait de l'impératrice Joséphine, de 
profd à gauche, peint à l'imitation d'un camée. (II. 0,023 ; L. 0,017.) 
Signé : Parant, 200 fr. 

Pécqeux (Gajetan), peintre en miniature qui florissait sous Napo- 
léon P'" et sur lequel on manque de renseignements, ce qui ferait croire 
qu'il avait peu de talent. 

Périn (Louis-Lié), habile miniaturiste né à Reims en 1753, mort en 
1817. Ses œuvres sont fort estimées. 

Hôtel Droiiot, 1878. — Jeune femme le sein découvert, la tète 
coiffée d'un foulard. Cadre d"or, à points d'émail blanc, 700 fr. 

Vente Sapia, 1883. — M"" de Cossé, assise dans un parc, tenant un 
livre à la main. Attribué à Périn, 1,150 fr. 

Vente Maze-Sencier,\^%'o. — Tabatière en poudre d'écaillé jaspée, 
galonnée de cercles en or de couleur, ciselés. Sur le couvercle, un 
ravissant portrait de femme, par Périn, 1,000 fr. 

Petit (Louis-Marie), né à Fontainebleau en 1784, graveur, peintre 
de divers genres. De 1814 à 1839, il a exposé, à Paris, des tableaux 
de genre, des aquarelles et des portraits en miniature. 

PicuoREL (M"*^ Eugénie) florissait à Paris, sous Napoléon P"". Elle 
exposa diverses miniatures aux Salons de 1808 , 1810 et 1812. Cette 
artiste n'était pas sans mérite, si nous enjugeons d'après l'appréciation 
du Jounialde l'Emjiire (1808) : « Le moins agréable des portraits de 
M"'' Pichorel n'est point assurément celui qu'elle a fait d'elle-même 
sous le n"^ 473 ; mais tous sont la preuve d'un talent distingué. » 

Point, élève de Vincent. Il a présenté aux Salons de Paris, de 
179G à 1806, plusieurs cadres renfermant des portraits en miniatures, 
entre autres, le portrait de Montgolfier (1804). 

QuAGLiA (Ferdinand), artiste de talent, dont les œuvres devraient 
être plus répandues, l'artiste ayant vécu soixante-treize ans. 

La duchesse d'Abrantès avait pour Quaglia une admiration sans 
bornes. Dans ses Mémoires, elle raconte qu'en 1812, elle fit faire le 
portrait de son fils, âgé de trois ans, en uniforme de lancier polonais. 
« Je m'adressai, dit-elle, à Quaglia, l'homme qui, selon moi, a le 
mieux peint la miniature. Celle qu'il fit de mon fils est une des plus 
belles choses en ce genre que l'on puisse voir au monde ; elle était pour 
son père et lui fut portée en Russie. » 

La duchesse ajoute en note : « J'excepte Isabey, parce que son genre 



l'OG LES FOIRNISSEURS Dli NAPOLKOX T'" 

or-l li»uL iuilre cl lellcmcnt spécial que personne ne l'a encore imilù 
lui-même. » (XIV, 374.) 

C'est là une opinion toute personnelle el (jui ferait croire que la 
duchesse d'Abranlès ne connaissait pas les plus habiles peintres en 
miniature de son temps. Il y avait alors Aubry, Augustin, Saint, 
Dumonl, (Gilbert, Guérin, Soiron père et Robert Lefebvre, qui parta- 
geaient avec Isabcy l'honneur de faire des portraits de Napoléon I'-"", 
pour être montés sur de riches tabatières, serties de brillants, par les 
bijoutiers ÎNitot el (ils. 

Quaglia, protégé par Joséphine, obtint de faire quelques répétitions 
du portrait de l'Empereur, mais sa réputation n'a pas égalé celle des 
peintres dont nous venons de citer les noms. 

Quaglia est enterré à Montmartre, 9" division ; sa tombe porte cette 
inscription : 

« Ici repose Paul-Ferdinand-Louis Quaglia, artiste peintre ; atta- 
ché à Sa Majesté Tlmpératrice Joséphine, pensionnaire du Roi de 
Suède, et Norvège, né à Plaisance (duché de Parme, Italie), le 13 oc- 
tobre 1788. Mort à Paris, le 3 février 1853. Ave Maria. L'Espérance 
du juste est pleine d'Immortalité. » 

Saint (Daniel), artiste hors ligne, a traité la miniature de main de 
maître. C'est un charmeur, dans ses petits portraits fort bien dessinés, 
et peints d'une brillante couleur. 

Le Journal de VEmjnre du 1^'' novembre 1806 parle de ce maître 
en ces termes : « La miniature délaissée (momentanément) par 
M. Isabey, a trouvé un nouvel appui dans M. Saint. Le cadre exposé 
par cet artiste, n° 462, contient six portraits de femmes et d'hommes 
de différents âges ; tous sont remarquables par la franchise du carac- 
tère. 

« Le dessin de M. Saint n'est pas aussi sûrement arrêté, aussi histo- 
rique, s'il est permis d'employer ce grand mot en parlant de si petites 
choses, que celui de M. Isabey ; mais sa couleur est plus suave ; sa 
touche, moins posée que celle de la plupart des autres peintres en 
miniature, est plus pittoresque et [ses figures ont dans leurs petites 
dimensions une grâce et une élégance que l'on finira peut-être par 
regarder comme le caractère particulier de l'école de Regnault. » 

Au Salon de 181:2, Saint exposa plusieurs portraits parmi lesquels 
furent très remarqués le portrait du ministre de l'Intérieur et celui 
d'un géographe ; « ce dernier esta peu près en pied de la plus grande 
dimension que comporte la miniature et d'une très belle exécution ». 



LES PEINTRES EN MINIATURE 207 

L'auteur de cet article si justement louangeur élève Saint au niveau 
d'Isabey. 

Saint est du nombre des artistes privilégiés qui ont été appelés 
à faire le portrait de l'Empereur pour orner les tabatières et les 
bijoux qu'il offrait si libéralement. 

Saint travaillait encore pour l'Empereur en 1815. Sur un mémoire 
de Nitot et fils, où sont décrites de riches tabatières livrées pour le 
Service des présents, nous relevons une boîte d'or, ovale, émaillée, 
surmontée du portrait de l'Empereur dans un cercle de 28 brillants. 
Elle est cotée 6,131) fr., y compris le portrait payé à Saint, 600 fr. 
(Arch. nat. 0^ 33.) 

Hôtel Drouot, 188o. — Portrait d'un général en costume du premier 
Empire. Signé : Saint, 5i0 fr. 

Vente Lévy-Crémieux, 1886. — Portrait de l'impératrice Joséphine 
vêtue de blanc, couronnée d'un diadème de perles. (H. 0,036. L, 0,026.) 
La miniature signée : Saint, est montée sur une boite d'or, guilloché), 
gravé et ciselé, 2,500 fr. 

Vente Maillard de Valenciennes, 1888. — M"" Mars, dans un de ses 
rôles, 300 fr. 

Vente Adolphe Kohn, 1889. — L'impératrice Joséphine, 405 
florins. 

Vente de Lancey, 1889. — Portrait de femme, grande miniature 
carrée par Saint, 1,480 fr. (Elle avait fait 2,400 fr.à la vente Allègre, 
en 1872.) 

(Voir le Lwre des collectionneurs, p. 556.) 

Sauvage (Piat-Joseph), peintre de grisailles, à l'huile et en miniature, 
né à Tournay (Belgique), en 1747, mort dans la même ville en 1818. 
Son père était vitrier ; l'honnête artisan, ayant reconnu chez son fils 
des dispositions pour la peinture, l'envoya étudier à Anvers sous 
l'habile direction de Geeraerts. 

Dans la suite, Piat-Joseph vint s'établir à Paris, où il se fit avan- 
tageusement connaître. L'Académie de peinture le reçut en 1783. 
Dès 1776, à la suite d'une exposition à l'académie de Saint-Luc, VAlma- 
nach historique disait : « M. Sauvage mérite les éloges des curieux 
pour deux raisons : la première, c'est qu'il paraît avoir bien étudié la 
Fable, l'Allégorie et leur application ; la seconde, c'est la manière avec 
laquelle il a l'adresse de tromper nos yeux et nous rendre sur la toile 
de beaux bas-reliefs de marbre. Son tableau de Germanicus mourant 
a été très applaudi et méritait de l'être. » 



•208 LES FOURNISSEURS DE XAPOLfiON l'^'" 

Kii 1808, il rdourna dans sa ville natale pour y diriger les écoles 
académiques, mais, au bout de quelques aimées, il eut le chagrin de 
se voir préférer un rival indigne de lui. 

Sauvage a souvent exposé au Louvre, depuis l'année 1781. Il exé- 
cutait les sujets à trompe-l'œil avec une vérité surprenante. En 1783, 
le Mercure de France s'exprime ainsi: « Les tableaux de M. Sauvage 
sont des enchantements par l'illusion et la vérité trompeuse qu'il met 
dans son imitation de la nature morte, des bas-reliefs et de tout ce 
que son pinceau réalise. » Ces observations ont trait à la peinture à 
l'huile. 

En miniature, il a fait une foule de portraits et de petits sujets, 
soit en camées, soit surtout en grisailles, qui ont établi sa réputation 
en ce genre ; c'est à ce point que toutes les grisailles non signées, 
sont attribuées à Sauvage, comme on attribue tous les camées h 
Degault. 

Sauvage a peint aussi des bas-reliefs sur porcelaine, pour une fabri- 
que célèbre connue dans le principe sous le nom de Manufacture du 
duc d' Angouléme et longtemps dirigée por Guérhard de Dihl. 

SÉGUix, peintre en émail, demeurait à Paris, rue Saint-Victor, 
n'^ 78. 

Au Salon de 1803, il exposa « un cadre contenant plusieurs 
émaux ». 

SiEURAG (François-Joseph-Juste), né à Cadix (Espagne) de parents 
français, en 1801, mort à Sorrèze, près de Toulouse vers 183:2. Elève 
de l'Académie de Toulouse et d'Augustin. 

De 1801 à 1830, il exposa à divers salons de Paris bon nombre 
ile portraits en miniature, parmi lesquels nous citerons les sui- 
vants : 

Salon de 181:2 : S.A.I. Madame Letitia, Bonaparte, mère de l'Em- 
pereur. — Salon de 18:27 : Sir Thomas Mooreet Washington Irving. — 
Salon du Luxembourg 1830 : Walter Scott, lord Byron, la duchesse de 
Berry, etc.. 

Vente Adolphe Kohn, 1880. — Marie-Letilia Bonaparte, mère de 
l'Empereur, par Sieurac, 110 florins. 

SiLVY (M"'"), née à Paris, élève d'Augustin. Elle a exposé deux por- 
traits au Salon de l'an X. 

SiNGRY, mort en 1824, élève d'Isabey. Parmi les portraits qu'il a 
exposés au Louvre, nous citerons les suivants : l'auteur, 1806. Le 
portrait en pied de M""-' Alexandrine Saint-Aubin, dans le deuxième 



LES PEINTRES EN MINIATURE 209 

acte de Cendrillon, 1810. — Michelot, des Français, 1817. — Henry 
Berthoud, 18-24. 

SoiRON (Jean-François), habile peintre en émail, qui a travaillé 
pour le service des présents. " 

Le P"" mars 1811, notre artiste réclame 600 fr. pour un portrait en 
émail de l'Empereur, puis il signe : « Jean-François Soiron, dit père, 
peintre en émail rue de Bondy, 48. » [Arch. nat. 0-34.) 

Un des beaux émaux de Soiron appartient à M'"'^ Charles Lenormant 
et représente le portrait de M'"^ Récamier, sa tante. Elle porte un voile 
de dentelle sur la tête et un chàle jaune, drapé sur l'épaule droite. 
Les yeux sont baissés. Ce ravissant portrait est signé: Soiron père. 

Strasbeaux, élève de Regnault. De 1801 à 1824, il a exposé à divers 
Salons de Paris de nombreux portraits en miniature. 

SwEBACH, dit Fontaine, né à Metz en 1769, mort à Paris le 10 dé- 
cembre 1823. Peintre de batailles et de genre. Il a fait beaucoup de 
petits fixés, où le cheval joue le principal rôle. 

Sous le premier Empire, il entra, comme premier peintre, à la ma- 
nufacture de Sèvres. Appelé en Russie en 181o, il y dirigea la manu- 
facture impériale de porcelaine de Saint-Pétersbourg. Au bout de 
cinq années, il revint en France, rapportant des dessins et des croquis, 
dont il composa de nombreux tableaux, qui établirent sa réputa- 
tion. 

TuiBAULT (M"'' Aimée), née vers le milieu du règne de Louis XYI, 
morte à Paris en 1868. Elève de Saint et deLeguay. Cette habile artiste 
a exposé de 1804 à 1817, divers portraits, entre autres ceux de 
M™° Giacomelli, de la marquise Délia de JVIayo, le portrait en pied 
du roi de Rome, peint d'après nature, grande miniature. Les portraits 
de Ferdinand VII et de Marie-Isabelle, reine d'Espagne, miniatures 
gravées par Dieu en 1817 ; l'encadrement de ces deux portraits, dit 
M. Louis Auvray, a été composé et dessiné par Percier. {Dictionnaire 
général des artistes de l'école française. Paris, Renouard, 188o.) 

Le Journal de V Empire écrivait à propos du salon de 1808 : 
« Plusieurs dames cultivent aussi avec succès ce genre de peinture 
(la miniature). Aucune ne fait mieux, ce me semble, que M"*^ Thibault. 
Ses ouvrages dans le cadre n° o77 sont peints et coloriés à la manière 
de l'école d'isabey et singulièrement remarquables par la perfection 
des détails de l'ajustement. Je cite à l'appui de cette remarque le por- 
trait d'un officier supérieur vêtu de son uniforme chargé de dorure. » 
TmBOusT (Jean-Pierre), né à Paris en 1763. Elève de Durameau et 

14 



210 LES rOURNISSlXRS DE NAPOLÉON l" 

de Lcyuay. l'ciulre en niiuialure el sur porcelaine. Ses ouvrages ont 
ligure aux Salons de Paris depuis 1793 jusqu'en 1819. 

En 1808, le Journal de VEmpire accorde quelques éloges à 
Thiboust qu'il met sur le même rang que Berny et Bertrand et qu'il 
place immédiatement après Isabey, Saint, Augustin et Aubry. 

Au nombre des miniatures exécutées par ce maître, nous citerons 
les portraits des peintres Fournier, Barraband et Dabos ; le portrait 
de l'auteur ; l'auteur faisant le portrait de sa mère ; un tableau de 
famille ; le portrait de M. Persius, chef d'orchestre de la musique de 
l'Empereur. 

Van Daèil, très habile peintre de fleurs et de fruits à l'huile et en 
miniature. 11 a souvent exposé, depuis l'an IX jusqu'en 1883. Ses 
tableaux étaient toujours très admirés. 

Van Daël a été enterré au cimetière du Père-Lachaise, ll*^ division. 
On lit sur sa tombe : Ci-gît Jean-François Van Daël, peintre de fleurs, 
né à Anvers le Ti mai 1784, mort à Paris, le 20 mars 1840. 

« Si lu viens au printemps, dans ce lieu de douleurs, 

Ami des arts, ta dois le tribut d'une rose 

A ce tombeau modeste, où pour jamais repose 

La cendre de Van Daël noire peintre de fleurs. » 

Van Spaendonck (Gérard), (1746-182ïJ). — Fleurs et fruits à l'huile et 
en miniature. Grand talent. 

Membre de l'ancienne Académie en 1781, puis de l'Institut en 
1795. A cette époque, il était professeur d'iconographie au Jardin des 
Plantes, place qu'il conserva jusqu'à sa mort. 

Tablettes de Renommée... — Paris, 1791 : Van Spaendonck, peintre 
et dessinateur du roi pour les objets d'histoire naturelle et de bota- 
nique. Cet artiste célèbre a le sublime talent de rendre la nature d'une 
manière inimitable. Il a produit au Salon une infinité de tableaux de 
fleurs et de fruits dont la touche précieuse et la vivacité des couleurs 
ne le cèdent en rien aux tableaux si recherchés de Vanhuyseim. 

Vente Charles Van Loo de Gand,\^'è\. — Bonbonnière d'écaillé 
brune, ronde, ornée d'une miniature sur ivoire et provenant de la 
reine Marie-Antoinette, 7,400 fr. 

Vente Marquise de Turgot, 1887. — Boîte d'écaillé ronde, ornée de 
deux miniatures cerclées d'or : la Madeleine en prière et une corbeille 
de fleurs avec des fruits sur une table, par Corneille Van Spaendonck, 
G60 fr. 



LES PEINTRES EN MINIATURE 211 

Vente Maze-Sencier, 1886. — Tabatière en vernis Martin à raies 
tricolores, cerclée d'or ciselé à jour et enrichie de deux belles minia- 
tures. Celle du couvercle offre un vase posé sur une table, remplie 
de fleurs et près duquel se trouve un nid renfermant quatre œufs. 
Signé sur l'épaisseur de la table : C. Van Spaendongk. La miniature 
qui remplit le dessous de la boîte représente des fleurs et des fruits, 
1,180 fr. 

Hôtel Drouot, 1887. — Tabatière d'écaillé, ornée sur le couvercle 
d'une miniature g.ouachée, par Van Spaëndonck. A^ase de fleurs, 
630 fr. 

Hôtel Drouot, 1888. — Tabatière d'écaillé, sur le couvercle, dans 
un cercle d'or, une miniature signée : G. Van Spaëndonck, représen- 
tant un vase de fleurs, 830 fr. 

Hôtel Drouot, 1889. — Boîte d'écaillé doublée d'or. Sur le cou- 
vercle, une guirlande de fleurs, 39o fr. 



CHAriTlΠII 



VIVANT DENON 



Au nombre des artistes en vogue à l'époque du premier Empire, 
nous ne saurions oublier le baron Dominique-Vivant Denon. Des- 
sinateur, graveur et archéologue, Denon s'attacha à Bonaparte qu'il 
suivit en Egypte et qu!il accompagna plus tard dans ses campagnes 
'Autriche, d'Espagne et de Pologne. 

L'en-tête de lettres de Denon mérite d'être cité. Le voici : 

« Le chevalier Denon, officier de la Légion d'honneur, chevalier des 
Ordres de Sainte-Anne de Russie et de la couronne de Bavière, membre 
de l'Institut, directeur général du Musée Napoléon, de la monnaie, des 
médailles, etc. » 

Il aurait pu ajouter, comme certains nobles d'autrefois, après 
l'énoncé d'une kyrielle de titres : « Excusez du peu. » 

Quand le Pape fut interné à Fontainebleau, l'Empereur lui envoya 
Denon, dont le caractère aimable et la conversation nourrie furent 
bien vite appréciés. Le Pape ne tarda pas à l'aimer ; en lui parlant, il 
le tutoyait et l'appelait mon fils. 

Un jour, il lui dit: « Mais, mon fds, tu as fait un bel ouvrage sur 
l'Egypte ; apporte-le-moi, je veux le lire. » Denon ne se hâtait pas 
d'apporter son livre qui avait été mis à l'index et l'auteur excom- 
munié. Cependant, pressé de nouveau, il dut s'exécuter. 

Le lendemain Pie VII adressa à Denon ses félicitations : « C'est très 
beau, mon fds... ton ouvrage m'a vivement intéressé. » Denon après 
avoir remercié ajouta doucement : « Et cependant. Sa Sainteté a mis 
mon livre à l'index et m'a excommunié. » — « Comment ! je t'ai 
excommunié ; mon fds ! ma foi, je ne m'en doutais pas. » 



VIVANT DENON 2i:{ 

Quelques années auparavant le même ouvrage avait valu à Denoii 
un compliment bizarre. 

Le prince de Talleyrand, devant recevoir à dîner le directeur 
général du Musée Napoléon, avait prié la princesse, sa femme, de 
prendre dans le rayon qu'il lui désigna, de sa bibliothèque, l'ouvrage 
de Denon pour le parcourir et l'en complimenter le soir. 

La princesse, on le sait, était dépourvue d'intelligence; elle com- 
mença par se tromper de volume, puis le soir venu, s'adressant à 
Denon : « Vous avez fait un voyage bien extraordinaire, monsieur, 
lui dit-elle. » Denon s'inclina et attendit un instant pour répondre. 
« Mais vous avez dû bien vous ennuyer... jusqu'à l'arrivée du fidèle 
Vendredi... » La princesse avait lu le Robinson Crusoé de Daniel de 
Foë. 



CIIAPITHE HT 



LA CERAMiaUE 



L'Empire ne fut pas pour la céramique une époque de prospérité. 
Quand Napoléon arriva au pouvoir, les fabriques de faïence et de por- 
celaine étaient déjà aux abois, les unes fermées, les autres sur le 
point de tomber faute de commandes et aussi de prix rémunérateurs. 

Dès 1786, le traité de commerce avec l'Angleterre porta un coup 
terrible à nos faïenceries françaises qui ne purent lutter contre la 
nouveauté et l'extrême bon marché des produits anglais. Quelques 
années plus tard, la Révolution réduisait à néant nos industries de 
luxe. De nombreuses fabriques, rivalisant presque avec Sèvres, long- 
temps soutenues par de puissants protecteurs, se virent, tout à coup, 
mortellement frappées. 

En 1791, Glot, 7naire de Sceaux et propriétaire de la manufac- 
ture de porcelaine et faïence dudil lieu, adresse une pétition à 
l'Assemblée nationale dans le but de se plaindre « de l'immensité des 
maux occasionnés par le traité de commerce avec l'Angleterre... 
traité si destructeur du commerce français. » 

A cette adresse était joint un Etat des manufactures de faïence 
et de porcelaine établies dans le royaume, non comjiris les 
poteries de terre. 

Parmi ces fabriques, au nombre de IG^J, nous citerons celles de 
Paris, Sceaux, Bourg-la-Reine, Chantilly, 'Melun, Montereau, 
Rouen, le Havre, Nevers, Marseille, Lyon, Roanne, Tours, Saint- 
Omer, Lille, Valenciennes, Douay, Dijon, Mâcon, Orléans, Apray 
(sic), Grenoble, Montpellier, Mousliers, Varages, Nismes, Bordeaux, 



LA CÉRAMIQUE - 215 

Toulouse, Rennes, Nantes, Quimper, Angouléme, La Rochelle, 
Saint-Cenis (sic), Lunéville, Saint-Clément, Toiil, Yaucouleurs, 
Nidreville, Ilagueneau, Montauban, etc. 

Environ soixante-dix établissements, de moindre importance, n'a- 
vaient pu signer la pétition, mais se trouvaient dans le même état. 
{Archiïjes de la préfecture de la Nièvre.) 



II 



Sous le Consulat, lorsque le calme commence à renaître, l'industrie 
céramique cherche à se relever; elle supplie qu'on lui vienne en aide 
et fait entendre partout ses doléances. 

Au mois de novembre 1802, le Premier Consul vint à Rouen 
où l'on avait organisé une grande exposition industrielle ; elle eut 
lieu dans le bâtiment de la Bourse, dit des Consuls, et la faïence de 
Rouen y occupa une place importante. On y remarquait d'abord huit 
vases provenant de la manufacture des héritiers Yavasseur ; divers 
vases de faïence bronzée fabriqués chez M. de la Mettairie ; des bis- 
cuits de faïence, de chez Bedeau, rue Martainville, décorés avec goût, 
pouvant servir aux usages domestiques. 

Guibert, faïencier à Forges-les-Eaux, avait exposé des ustensiles de 
cuisine et une caisse pour recevoir un arbuste ou des fleurs. Mais cette 
visite, observe M. André Pottier, ne remédia pas aux souffrances de 
l'industrie qui resta frappée d'un coup fatal. {Histoire de la faïence 
de Rouen, p. 349.) 

Dans sa séance du 6 janvier 1797, le conseil général de la commune 
de Nevers, constatait que sur douze manufactures de faïence, six 
avaient suspendu leurs travaux, les avaient réduits de moitié. (Du 
Broc de Segange. La faïence, les faïenciers et les émailleurs de 
Nevers, p. 215.) 

Quel était le décor des faïences françaises sous Napoléon P""? Chose 
curieuse, on est moins bien renseigné sur les produits de cette 
récente époque, que sur ceux des siècles précédents. 

« Autant sont fréquentes les faïences relatives aux événements de 
la période révolutionnaire, dit M. Gustave Gouellain, autant sont 
rares celles qui rappellent les hommes et les choses du Directoire, du 
Consulat et de l'Empire. » {Note sur une faïence avec portrait du 
général Bonaparte.) 



•2lfi LES FOLRMSSEIRS DE NAPOLÉON l*^'' 



III 



Dos le commencement de l'Empire, l'aigle remplace partout les 
derniers emblèmes de la Révolution. On voit aussi se répandre le 
goût des assiettes chargées, sur le marly, d'attributs militaires. Toute 
une variété de costumes, d'uniformes, de dolmans, de bonnets à poil, 
de shakos, de casques, de sabres, de canons, de cuirasses, imprimés 
ou peints, couvrirent le bord des assiettes de service- 
Mais le plus souvent, les fabriques du Nord et du Midi, de l'Est et 
de l'Ouest, reproduisent sur la faïence, sur la terre de pipe et sur la 
porcelaine, l'aigle symbolique dont les serres reposent sur la foudre. 
« L'aigle dont les serres reposent sur la foudre apparaît seul, sans 
légende, écrit M. Champfleury. Le profd napoléonien n'apparaît pas 
au début sous l'émail de la faïence populaire. Plus tard, seulement 
après le martyre de Sainte-Hélène, la figure du héros sera popula- 
risée par l'imagerie et la poterie au fond des chaumières. 

« Napoléon devient alors une machine d'opposition. Son nom sans 
cesse est mis en regard de la Restauration. Alors les presses d'Epinal 
suffisent à peine à imprimer portraits et conquêtes de l'homme qui 
préoccupe poètes, peuples et gouvernants. 

« Au fond de chaque chaumière, chaque soldat veut se réveiller en 
face du portrait de son Empereur. 

« La légende traverse quatre règnes, puisant de nouveaux rayon- 
nements dans chaque gouvernement renversé et aboutissant au règne 
<ie Napoléon III. 

« Plus l'art est grossier, plus il devient enthousiaste ; chansons, 
•complaintes, vaudevilles, gravures crûment enluminées, grossières 
poteries, forment une monographie la plus considérable qu'on con- 
naisse relative à un souverain. > {Les faïences patriotiques et la 
Révolution, p. ?*S)%.) 

M. A. MarescJial, dans Vlmagerie de la faïence française, donne 
huit types d'assiettes de l'Empire, qui toutes se composent de l'aigle 
«eul, sans le'gende. Mais il existe d'autres types. Une assiette, ofTerte 
récemment au musée de Sèvres par M. Alph. Maze, figure l'aigle impé- 
rial bordé de quatre abeilles posées sur le marly. 

Les décorateurs céramistes ont abordé divers sujets d'actualité 
■relatifs au grand Empereur. Le musée de Saint-Etienne (Loire) pos- 



LA CÉRAMIQUE 217 

sède un plat de Nevers, au fond duquel est représenté Napoléon P"" 
parlant à un lieutenant. On lit au bas : 

— Dans quel régiment, sire? 

— Dans ma garde. 

L'Empereur s'est trompé, il a appelé le lieutenant capitaine, et 
celui-ci, homme d'esprit, en a profité pour s'en faire conférer le 
grade. (A. Maze. Recherches sur la céramique.) 

Une faïencerie de l'Argonne, établie aux Isjettes, a figuré sur des 
plats et des assiettes non seulement des aigles, mais des types variés 
de militaires, le lancier, le hussard, le cuirassier, etc., et les épisodes 
se rattachant à la vie de Napoléon ^^ Un de ces sujets représente 
l'Empereur, vêtu de la redingote grise, en face d'un troupier qui porte 
la main à son shako, avec cette légende explicative : On m'a fait 
trois fois la queue pour la croix. 

Voici un sujet bien connu : un jeune soldat, n'ayant jamais vu 
l'Empereur, croise la baïonnette devant lui et lui dit, dans le jargon 
de son pays : Je vous disons qiion ne passe pas! 

Un plat représente l'épisode de l'entrevue d'Erfurt (1808) : l'em- 
pereur de Russie et les souverains d'Allemagne sont groupés autour 
d'une table sur laquelle ils rédigent le projet du fameux traité contre 
Napoléon P"". Une porte s'ouvre et Napoléon paraît ; les souverains 
coalisés, saisis de terreur, s'écrient : « Ah! mon Dieu, le voilà! » 

Sur d'autres plats on voit V Entrevue de Napoléon et de François II, 
d'Autriche; — la Mort du prince Louis, de Prusse; — la Prise 
d'un drapeau pjrussien ; — Marie-Louise en pied, etc. Tous ces ou- 
vrages sont de Dupré père et fils. 

Les mêmes artistes ont peint aussi des scènes égrillardes et des 
pochades militaires, dans lesquelles des voltigeurs de la garde et 
d'autres jolis cœurs en congé, après les batailles d'Austerlitz ou 
d'Iéna, viennent sur[)rendre leurs payses au moment où elles se dis- 
posent à s'ébattre aux bords d'une source fraîche. 

Dans le simple appareil 
D'une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil. 

Mais ces dessins, d'un goût douteux, sont aussi d'une médiocre exé- 
cution. 

Les fabriques des Charentes figurèrent aussi l'Aigle symbolique. 
M. Ris-Paquot, dans ses Documents inédits sur les faïences charen- 
taises, nous donne le dessin d'une gourde qu'il attribue à l'atelier de 



218 LES FOrnMSSEURS DE NAPOLÉON l'''" 

Cognac. L'aigle peiiil m jaune, surmonté d'une couronne de lauriers, 
est posé sur un médaillon dans lequel est inscrit le nom du proprié- 
taire : « Denis Duvignaud, gendarme impérial. > 

On fabriquait, à Roanne et à Lyon, des assiettes ornées d'attributs 
militaires et oITrant parfois le portrait du Petit Caporal. En 1810, 
Claude Besson peignait sur un saladier un écusson jaune, entouré 
de drapeaux, lauriers et canons, avec le buste de Napoléon, la 
lettre N au-dessus de la croix d'honneur et les initiales C. B. (D'' Noé- 
las. Histoire des Faïences roanno-bjonnaises , Roanne, Raynal, 
1883.) 

Une assiette, en terre de pipe, appartenant à M. Gustave Gouellain, 
décorée en bistre, provenant de l'usine de Bosc, dans le Luxembourg, 
représente, au centre, un aigle couronné tenant de sa patte droite le 
globe du monde au milieu duquel se trouvent les lettres E. F. {Em- 
pire français). 

Le marly est orné d'un fdet et d'un rang de perles. 

L'aigle jaune et l'aigle rouge ont été faits à Rouen simultanément. 
On y a fabriqué aussi des médaillons polychromes modelés en relief, 
figurant Napoléon, Joséphine, Marie-Louise. 

En dehors de l'aigle symbolique, très répandu, des épisodes mili- 
taires et de quelques portraits de Napoléon, on dessinait sur les 
assiettes et sur les pièces de service des scènes familières d'enfants 
qu'on croirait inspirées de Proud'hon, des scènes contemporaines de 
la vie privée, des réminiscences de sujets exécutés sous Louis XYI, 
amours, fleurs, etc. 

Malgré l'état précaire des fabriques de l'Empire, poteries opaques 
et translucides, elles ont suffi pour alimenter la consommation ; mais, 
en somme, elles n'ont rien produit de remarquable. Leur médiocrité 
les a fait peu rechercher; œuvres sans valeur, on a négligé de les 
recueillir, et cet abandon semble expliquer pourquoi il en reste 
aujourd'hui si peu. 

Quant aux pièces historiques ou symboliques, comme les assiettes 
à l'aigle et autres, on a dû en détruire des quantités durant les pre- 
mières années de la Restauration. En 1815 et pendant tout le temps 
de la Terreur blanche, les cris et emblèmes séditieux étaient punis 
avec la dernière rigueur. 

Dans le Midi, où les passions politiques se traduisaient par des 
arrestations illégales, par le vol. et l'assassinat, on était exposé, sur le 
moindre soupçon, à voir sa maison envahie, livrée au pillage ; on 



LA CÉRAMIQUE 219 

courait même le risque d'être égorge' lorsque le mobilier semblait 
vous désigner comme un ardent bonapartiste. 

Les passions se calmèrent avec le temps, et à la mort de Napoléon, 
le gouvernement cédant à l'opinion publique et n'ayant plus à 
redouter Vusurpateur, loléra sur les vitrines des marchands les por- 
traits du grand homme. « Ce furent partout et de toutes parts des 
compositions en prose et en vers, des peintures, des portraits, des 
tableaux, des lithographies et mille petits objets plus ou moins ingé- 
nieux, constatant bien plus que ne saurait faire toute la pompe des 
rois, la sincérité, l'étendue, la vivacité des sentiments qu'il laissait 
après lui. » (Comte de Las Cases. Mémorial de Sainte-Hélène.) 

Les faïenciers, toujours prêts à saisir l'impression du moment, ne 
furent pas les derniers à suivre le mouvement des esprits. Leurs 
ouvrages en cette occasion, ne sont pas d'un classement facile ; sou- 
venirs de l'épopée impériale, ils sont confondus souvent avec les 
types fabriqués de 1804 à 1814. 

Sous la Restauration, les assiettes populaires présentent des fleurs 
de lis, trois fleurs pendant le règne de Louis XVIII, une seule plus 
grande, du temps de Charles X. Sous Louis-Philippe, le coq gaulois 
fut souvent reproduit, mais les sujets à la gloire de Napoléon lui 
firent une rude concurrence. Les procédés d'impression permirent 
de reproduire à l'infini les batailles de l'Empire, les portraits de 
l'Empereur et ceux de ses généraux. 

A l'avènement de Napoléon 111, l'aigle reparut sur les assiettes. 



IV 



Maigre' les encouragements donnés par Napoléon P"" à l'industrie 
française, les guerres incessantes, qui appelèrent en peu d'années 
tous les Français sous les drapeaux, nuisirent à sa prospérité. 

Une grande exposition industrielle eut lieu à Paris en 1806 ; ce fut 
la seule du règne. Les grandes occupations du conquérant et ses 
absences trop répétées, ne lui permirent pas de la renouveler, mais 
elle fit connaître l'état de l'industrie au début de l'Empire et le rap- 
port du jury va nous permettre de donner un peu plus d'importance 
à nos renseignements. 

Alluaud, de Limoges, « a envoyé (à l'exposition industrielle de 1806) 
une grande quantité de porcelainesusuelleset groupes de biscuit. Cette 



220 Li:S FOURNISSEURS DE NAPOLfiOX l*^'' 

inaniiracliirc est une des plus anciennes de France ». Mention hono- 
ralde. 

Bertrand, établi à Paris, rue Neuvc-Saint-Gilles, prit part à l'ex- 
position universelle de 180G. 11 présenta des fleurs, en biscuit de por- 
celaine, « exécutées avec beaucoup de délicatesse » qui lui valurent 
une mention honorable. 

BoNNKT, d'Api (Vaucluse), et M"^*^ veuve Arnoux de la même ville, ont 
obtenu des mentions honorables à l'exposition de l'Industrie, de 180G. 

« La poterie marbrée que ces fabricants ont envoyée à l'exposition 
est d'un aspect agréable et a très bien soutenu les épreuves. » [Rapport 
du jury.) 

Carox et Lki'kvre, rue Amelot, ont mérité, à l'exposition indus- 
trielle de 1806, une médaille d'argent de seconde classe. 

« Des pièces d'une grande dimension, richement décorées et peintes 
avec goût, ont donné au jury une idée très avantageuse de la manu- 
facture de MM. Caron et LEFÈVRii: et de celle de M. Dagoty. » 

Dagoty, obtient une médaille d'argent de seconde classe, à l'expo- 
sition de 1806, pour ses belles pièces « de grande dimension, riche- 
ment décorées et peintes avec goût ». 

Porcelaines de la manufacture du sieur P.-L. Dagoty. pour l'ameu- 
blement des palais de Compiègne et de Versailles. 

En dehors des pièces ordinaires, nous citerons : Une paire de vases 
à ornements étrusques, 1:20 fr. — Une paire de vases à sujets et 
ornements, 19:i fr. — Une paire, forme Médicis, à ornements riches, 
600 fr. — Une paire, de style égyptien, 700 fr. — Une autre paire 
avec couronne en biscuit, parsemée d'abeilles, 1,1200 fr. — Un grand 
vase représentant la bataille d'Austcrlitz, 1,200 fr. — Un grand vase 
figurantlc combat de Lower, 1,200 fr. 

Soumission du sieur P.-L. Dagoty, manufacturier de porcelaine. 

Vases à ornements étrusques variés, 120 fr. ; 192 fr. et 340 fr. la 
paire. — Vases, forme Médicis, à repos de chasse, en couleur, orne- 
ments riches, 600 fr. — Vases dits forme égyptienne, décoration ana- 
logue et sujets coloriés, 700 fr. — Vases de deux pieds, couronne de 
fleurs en biscuit, relief sur fond de couleur et parsemé d'abeilles d'or, 
la paire, 1,200 fr. — Grands vases de batailles, l'un la bataille d'Aus- 
terlitz, l'autre, le combat de Lowes, gagné sur les Autrichiens par le 
lieutenant général Deroi, commandant les Bavarois (sujets peints en 
couleur), 2,400 fr. — Un grand Vase représentant le Retour de l'Em- 
pereur. Les Arts et l'Abondance l'accompagnent, 2,400 fr. 



LA CÉRAMIQUE 221 

Dartiie frères, rue de la Roquette, obtiennent une médaille de 
seconde classe, à l'exposition industrielle de 1806, pour porcelaine 
usuelle, de bon goût, et bien de'corée. » 

Després, rue des Récollets, à Paris, remporta, à l'exposition indus- 
trielle de 1806, une médaille d'argent de seconde classe. Il a exposé 
des camées en pâte de porcelaine, « parfaitement exécutés ». Ce genre 
trouve son application dans la décoration des vases de porcelaine et 
dans la bijouterie. 

« M. Després a aussi exposé des tasses en porcelaine d'une forme 
et d'une décoration élégantes. » 

DiiiL ET GcÉRUARD, Tue clu Temple. — Cette fabrique a produit des 
ouvrages admirables soit peints, soit modelés, qui lui valurent la 
médaille d'or à l'exposition industrielle de 1806. 

<t Cette fabrique, dit le rapport du jury, jouit depuis longtemps de la 
première estime. M. Dihl s'est appliqué avec succès à la préparation 
des couleurs, et il a soin de n'en confier l'emploi qu'àdes artistes d'un 
mérite distingué. Il est un des hommes qui ont le plus contribué à 
porter l'art de la porcelaine au haut degré où il est parvenu en 
France. 

Œ Cette fabrique avait déjà obtenu en l'an VI, la distinction de pre- 
mier ordre, équivalente à la médaille d'or. » (L'usage de distribuer des 
médailles n'a été établi que postérieurement à l'exposition de 
l'anYI.) 

Manufacture de Dihl et Guérhard. Pour l' ameublement des 
palais de Compiègne et de Versailles : 

Groupes en biscuit à 100 fr. ; ï>00 fr. ; 400 fr. ; 800 fr. ; l,oOO fr. 
— Pendules à 400 fr. ; 800 fr. ; 1,200 fr. et 2,400 fr. ; 4,800 fr. — 
Vases à fleurs ornés de peintures et dorure à 300 fr. ; 600 fr. — 
D'autres à 1,200 fr. ; 2,400 fr. et 4,300 fr. Total de la commande pro- 
posée : 20,780 fr. 

1807. — -Soumission des sieurs Dihl et Guérhard, manufacturiers de 
porcelaine. 

Vases à fleurs, la pièce 1,000 fr. ; 800 fr. ; 600 fr. ; 360 fr. ; 240 fr 
loO fr. ; 120 fr. et 72 fr. — Groupes en biscuit : 1,200 fr. ; 720 fr 
400 fr. ; 350 fr.; 300 fr. ; 240 fr. ; 200 fr. ; loO fr.; 96 fr. ; 84 fr 
72 fr. et 60 fr. - Pendules à 8o0 fr. ; 800 fr. ; 720 fr. ; jusqu'à 2o0 fr. 
Les plus chères sont de 6,000 fr. 

1807. — Soumission des sieurs Fabry et Olzsctneider, de Sarregue- 
mines, en faïence et terre cuite. 



cr 



222 LES FOLRNISSEIRS Dlî NAPOLIÎON 1 

N<nis y rciiifirquons do grands vases en terre étrusque ou en terre 
l)ronzc à 4.') fr. {Arc/i. )iat. 0-6:28.) 

Nast, rue des Amandiers. Porcelaines de toute espèce. Vases de 
très grande dimension et bustes de l'Empereur et de l'Impératrice 
en porcelaine. 

11 obtint une médaille de première classe. Le rapport du jour dit : 
« La manufacture de M. Nast se distingue par le choix et le bon goût 
des formes. Le jury regarde ce mérite comme essentiel et fondamen- 
tal. » (Exposition industrielle de 1806.) 

Les frères Phianési, rue de l'Université, 296, obtiennent à l'Exposi- 
tion industrielle de l'an IX, une médaille d'argent. Le motif en est 
formulé : « Pour avoir formé, à Paris, un établissement de calco- 
graphie qui doit fournir de l'occupation à beaucoup d'artistes et 
assurer à la France une branche intéressante d'industrie. » 

L'un de ces deux fabricants établit à Morfonlaine (Oise), en 1807, 
une fabrique d'objets artistiques en terre cuite. L'Empereur les 
trouva dignes d'orner les palais impériaux. Sur un « Etat des objets 
en terre cuite provenant de la fabrique du sieur Piranési, à Morfon- 
taine, nécessaires pour l'ameublement des palais de Gompiègne et de 
Versailles », nous trouvons : 

Des vases étrusques à oO fr. ; 100 fr. et 1200 fr. la paire. — Des 
vases avec bas-reliefs, à 48 fr. ; 96 fr. et 192 fr. la paire. — Des 
caisses à fleurs en terre, avec bas-reliefs, à 36 fr. ; 72 fr. et 144 fr. — 
Des candélabres en terre cuite, ornés de bas-reliefs imitant les plus 
beaux marbres et dorés, à 200 fr. ; 400 fr. et 609 fr. [Arch. nat. 
0^622.) 

PouYAT et RussiNGER, ruc Fontaine-Nationale, ont présenté à l'Expo- 
sition industrielle de 1806 a un groupe en biscuit d'une très grande 
dimension et d'une exécution difficile dont la réussite est bonne ». 

Mention honorable. 

WouTERS, fabricant de faïence noire, à Andenne (département de 
Sambre-et-Meuse, sous l'Empire) prit part à l'Exposition industrielle 
de 1806. « Sa faïence noire, par sa solidité et par la manière dont 
elle soutient le passage du chaud au froid, mérite d'être honorable- 
ment mentionnée. » 



CHAPITRE IV 



LA MANUFACTURE DE SEVRES 



Napoléon fut pour la manufacture de Sèvres, un protecteur éclairé. 
Il l'alimenta d'importantes commandes pour son service personnel, 
pour l'embellissement des palais impériaux et pour les présents nom- 
breux qu'il se plaisait à distribuer. 

Des pièces de toutes sortes et notamment de magnifiques vases 
d'une dimension inusitée jusqu'alors furent, par son ordre, décorés 
de sujets historiques pour rappeler la gloire de son règne, pour 
retracer ses hauts faits et ceux de sa vaillante armée. 

Percier, architecte et dessinateur habile, après avoir longtemps 
étudié à Rome l'art ancien, inspira ou donna de nombreux modèles 
de vases et de pièces diverses. Ces imitations fantaisistes de l'antique, 
très goûtées sous l'Empire, sont peu estimées aujourd'hui. Heureuse- 
ment Percier eut pour collaborateurs des artistes distingués. 

Bergeret fournit les dessins à l'aquarelle de diverses campagnes 
de TEmpire : la Levée du camp de Boulogne, la Prise d'Ulm, la Prise 
de Vienne, V Entrée de Vienne, la Bataille dWusterlitz, etc. 

SwEBAcn fit, à l'aquarelle, la Bataille des Pyramides, en projet de 
meuble. « Cette aquarelle dont l'idée appartenait à Percier, dit 
M. Champfleury, fut vraisemblablement exécutée sur plaque de por- 
celaine à la manufacture de Sèvres, vers 1805 ou 1806, pour l'Empe- 
reur. » 

Le baron Gérard fut chargé de peindre, sur deux toiles, les por- 
traits de Napoléon et de Joséphine. L'Empereur porte une cravate de 
dentelle blanche et le manteau rouge semé d'abeilles d'or recouvert 



LES FOURNISSEURS DE NAPOLl^ON 1 



er 



d'iienniue. L'Impératrice est vêtue d'une robe de satin blanc décolle- 
tée, à broderies d'or avec manches à bouillon garnies de dentelles. 
Sur son front brille un diadème de pierres fines, et sur sa poitrine, un 
collier de perles. 

IsABEY donna plusieurs modèles. En 1810, il peignit à l'aquarelle : 
le Dé/Hé de l'Empereur, de l'Impératricee des personnages de la 
Cour dans les galeries du Louvre, le^ avril 1819, après la célébra- 
tion du mariage religieux par le cardinal Fesch. On ignore 
Tusage qui fut fait de cet important morceau. 

L'année suivante (1811), notre célèbre miniaturiste fit à l'aqua- 
relle, daprés un projet de Percier, un modèle de secrétaire pour 
l'Empereur. On y voit Napoléon debout sur les marches du trône, 
ayant à sa gauche Marie-Louise. L'entourage réunit vingt petits por- 
traits-médaillons représentant les membres de la famille impériale y 
compris le roi de Rome. 

IsABiîY a peint aussi sur porcelaine. Sa pièce capitale est la Table 
dite des Maréchaux, exposée au Salon de 1812, d'après le dessin de 
Percier. « Elle représente, dit le livret, S. M. l'Empereur entouré des 
portraits des maréchaux de l'Empire et généraux commandant les 
divisions de la grande armée pendant la campagne de 1803. » 

AcuiLLE Vallois statuaire, élève de David et de Ghaudet dessina à 
la plume V Arrivée à Paris des objets conquis par Vannée fran- 
çaise en Italie. Ce projet de décoration d'un vase commémoratif, fut 
adopté à quelques variantes près et peint par Béranger, en 1813. 

On doit à IIeim (François-Joseph), le Baptême du roi de Rome, 
sépia datée de 1814; à Fragonard (Alexandre-Evariste), une frise 
représentant le Mariage de l'Empereur, dessin à la plume que 
M. Champfleury suppose avoir dû servir pour la décoration d'un 
vase peint en imitation de camée ; à Alexandre Brongniart, des attri- 
buts militaires, pour marlys d'assiettes et des scènes de la vie privée 
égyptienne antique, reproduites en fac-similé de gravures en creux. 



II 

Les procédés de fabrication atteignirent, sous la savante direction 
de Brongmart, des développements considérables, dit M. Edouard 
Garnier; « on fit alors des vases qui n'avaient pas moins de 2'", 40 
de hauteur, des plaques rectangulaires de 1 mètre et même de 



LA MANUFACTURE DE SÈVRES 225 

4'", 25 de longueur, sur lesquels des peintres d'une habileté sans 
égale exécutaient ces admirables copies de tableaux de maîtres qui 
resteront une des gloires de la manufacture de Sèvres ; de grands 
surtouts de table, composés de monuments égyptiens, de colonnes, 
de chars de triomphe, etc., œuvres d'un goût et d'un art bien démo- 
dés et quelque peu ridicules aujourd'hui, mais dont l'exécution est 
au-dessus de tout éloge ; des tables, des guéridons, des armoires et 
des coffrets à bijoux, des pendules, etc., etc. » 



III 



Tableau des peintres et doreurs de la manufacture de Sèvres, en 
1805 et 1806. 

PEINTIiES 

Godin jeune. 
Girard, de Versailles. 



Adam. 

Bouillat. 

Buteux. 

Baraban. 

Bergeret. 

D'"« Burel. 

Caron, 

Choisy. 

Cussey. 

Drolling. 

Delafosse. 

Dequilly. 

Drouet. 

Dépérais. 

Evans. 

Georget. 

Godiné aîné et sa femme. 

Boullemier. 

Boitel. 

Gonstans. 

Dieu. 

Girard. 

Le Grand père. 



D™« Jacquotot. 

Dme Kugler. 

Landon. 

Le Bel. 

Micaud père. 

Parant. 

Perrenot, 

Parpette. 

D'"^ Parpette. 

Swebach. 

Sisson. 

Sauvage. 

D"'' Thibault. 

Troyon. 

Robert. 

DOREURS 

Mozin. 
Vandé. 
Vincent. 

Weydinger père. 
Ilallette. 



15 



22C 



LES FOrRMSSEURS DE NAPOLÉON f '" 



Le Gros. 



METTEURS EN FONDS 

I Vandé. 



BRUNISSAGE 



h''""" Assclin. 

Boulleniier. 

Baudoin. 

Buteux. 

Boitel. 

Dépérais. 

Godin jeune. 

{Archives de la manufacture de Sèvres.) 



D'™^ Laleu. 



Legrand. 
Noulialier, 
Vandé. 
Micaud. 
D'"' Frédéric. 



IV 



Les Archives de la manufacture de Sèvres sont des plus pauvres; 
elles se résument à trois in-folio manuscrits, dont deux ont Irail à 
des ventes particulières de menus objets, sans importance. Le 
troisième volume daté de 1811, est réservé au personnel; il men- 
tionne les travaux des artistes et parfois les prix qui leur sont alloués. 
Ce volume nous a permis de fournir quelques renseignements sur 
le 



BÉRANGER, figuriste. 

Buteux, ornemaniste. 

BuNEL (D™), fleuriste. Fleurs 

et fruits. 
Caron, peintre d'animaux. 
CuoisY, ornemaniste. 
Dépérais, ornemaniste. 
Drouet, fleuriste. 
Delafosse, figuriste. 
Georget, figuriste. 



Personnel de Sèvres, en 1811. 

PEINTRES 

GoDiN, ornemaniste. 



Lebel, peintre de genre. 

Leguay, figuriste. 

Micaud, ornemaniste. 

Parpette (D"^), fleuriste. Fleurs 
et fruits. 

Philippine, ornemaniste, fleu- 
riste. 

SissON, fl(;uriste. 

Troyon, ornemaniste. 



LA MANUFACTURE DE SÈVRES 227 



Travaux extraordinaires 



Blondi (D"''), peintre de perspectives. 

BosscLMAN. Figures. Nous trouvons à son compte, cette mention : 
sur une assiette à marly d'or, la Vierge jardinière, d'après Raphaël, 
120 fr. — Sur une tasse, tête d'Hippolyte, d'après Guérin, oO fr. 

Brongniakt, architecte. 

CouPiN. Portraits genre cornées et sujets polychromes sur vases et 
sur assiettes à marly d'or. En 1811, il exécute une peinture allégo- 
rique aux couches de Marie-Louise. Ses petits portraits lui sont payés 
CO fr. chacun ; ils représentent Pallas, Persée, Proserpine, Gybèle, 
Alexandre, César, Antoine, Auguste, Vitellius, .\ntonin le Pieux, 
Trajan, etc. 

Davigxon, Français. 

Degault. Figures historiques, mythologiques et autres, en imitation 
de camées. 

DÉMARNE. Paysage avec figures. Pour avoir peint, sur deux vases 
cordelière, deux sujets avec figures, dont un représente une chasse 
au cerf de l'Empereur, dans la forêt de Fontainebleau, 900 fr. — Sur 
un autre vase cordelière, vue de Palais et chasse à courre au bord de 
la forêt, 900 fr. 

Deutscu. Figures et ornements peints en or et en camée. 

Drolltng. Sur un vase Clodion, fond écaille, un grand cartel carré 
représentant la Fête de la Paix, sur la place du Corps législatif, 
l,.^00fr. 

Fragonard (Alexandre- Evariste). 

GOXOR. 

Huard. 

ISABEY. Il livre, en 1811, un portrait en miniature de l'impératrice 
Marie-Louise, pour servir de modèle aux peintres de Sèvres. Ce por- 
trait lui est payé 600 fr. 

Jacquotot (M'"'), artiste hors de pair qui a laissé à Sèvres une 
grande réputation. Ses petits portraits de femmes célèbres sur tasses 
sont d'un délicieux fini. Dans son œuvre de 1811, nous pouvons citer 
les portraits suivants : lléloïse, Jeanne d'Arc, Jeanne Gray, Blanche 
de Castille, la duchesse de Montmouth, Jeanne Seymour, Elisabeth 
d'Angleterre, la princesse d'Orange Ilortense Mancini, la duchesse de 



fC 



1»2S LES l'OL'RMSSELRS DE NAPOLl'ON 1 

Longuevillc, M"" de Fonlangcs,M'""(lc Sôvigné, M"'Mc Grignan, M""'dc 
.Mainlendii. la princesse de Gunli, Marie-Thérèse, M'"'' Dcshoulièrcs. 

Fanglack. Pavsa^:e. Sur une assiette à marlv d'or, vue de Saint- 
Sauveur (Pyrénées-Orientales). 

LiiGUAY. Portraits et sujets divers, sur des assiettes à marly d"or, sur 
des tasses, des jattes, des vases, etc. — Paul et Virginie, surpris par 
un orage. Les Peines et les Plaisirs de V Amour. Enfants dans un 
paysage. Les portraits de Napoléon, de Marie-Louise, du Roi de Rome, 
de Joseph II. th^ la reine llorlense, de la reine de Naples, etc. 

Legrand, peintre et doreur. 

Parant, peintre de sujets en imitation de camées. Sur une coupe à 
bouillon pour deux camées allégoriques à la naissance du Roi de 
Home, oOO fr. — Sur un vase œuf, à anse poisson, pdur grands 
camées, 1,200 fr. 

Ratu (D""). Figures : pour un portrait de Jean-Jacques Rousseau, 
sur une tasse jasmin, 72 fr. 

RiOCREUX. 

SwEBACU, peint sur des vases et particulièrement sur des assiettes 
à marly d'or, des tombeaux de mamelucks, des temples debout et 
on ruine, le sphinx, près des pyramides, les statues de Memnon, le 
vieux Caire, la mort du chef de brick Duplessis, etc. 

Ténise Tard (D"''). Portraits de personnages anciens sur assiettes. 
Mithridate, Thémistocle, Cicéron, Trajan, etc., à 3(3 fr. l'un. 

TiiOMiRE, ciseleur-doreur, mouleur en bronze doré, ajoute une 
grande valeur aux précieuses porcelaines de Sèvres, très bien cise- 
lées. 

Van Os. Fleurs. Sur un plateau de déjeuner ovale, pour un tableau 
de fleurs dans la totalité du fond, 600 fr. — Sur tasse et soucoupe, 
pour trois cartels ovales de fleurs sur fond de tableau, 150 fr. — 
Deux cartels sur une théière Pœstum, 100 fr. — Un cartel sur un 
pot au lait Pœstum, 50 fr. — Un autre, sur un pot à café, 50 fr. 

Doreurs, Moreau, Legrand. 

Pour impression, Gonor. Legros. 

Brunis-euses. M'"''* Buteux, Godin jeune; M'""* Aimée, Deutsch, 
Madeleine Legrand, Parpette aînée, Richard, Saint-Omer. 



LA MANUFACTURE DE SÈVRES 229 



V 



Marques des porcelaines de Sèvres, de 1804 à 1814. 

1804 à 1809. — Marque appliquée en rouge avec une vignette 
à jour. 

De 1810 à 1814, l'aigle impérial au vol abaissé imprimé en rouge, 
fut substitué à la marque précédente. 

Signes pour marquer les dates de 1801 à 1814. 

T. 9 pour l'an IX, 1801. 8 pour 1808. 

X — l'an X, 180î>. 9 — 1809. 

II — l'an XI, 1803. 10 — 1810. 

— l'an XII, 1804. oz — 1811. 

— l'an — 180o. dz — 1812. 

— l'an — 1806. tz — 1813. 

— l'an — 1807. qz — 1814. 



YI 



Fraudes. — Le prix élevé des porcelaines de Sèvres sous l'Empire 
fit naître la fraude et les contrefaçons qui s'exercèrent sur une assez 
grande échelle. La manufacture, nous devons le dire, y contribua 
pour beaucoup en se défaisant chaque année par une vente publique, 
de tous les blancs défectueux après la cuisson. Ces pièces achetées 
par le commerce et décorées de toutes mains, étaient revendues 
comme du vieux Sèvres. 

En 1800, Brongniard arrivant à la direction et voulant renoncer, 
d'une façon absolue , à la fabrication de la porcelaine tendre, fit 
vendre tous les blancs en pâte tendre, qui attendaient la décoration. 

Quelle bonne fortune pour les brocanteurs et les chambrelans '. 
Bientôt ces beaux blancs, non tarés cette fois, sont décorés de gra- 
cieux sujets et enlevés à grands prix par les amateurs étrangers, 
surtout par les Anglais. 

' On donnait le nom de chambrelam, dit M. Ed. Garnier, à des décorateurs sur 
porcelaine qui travaillaient en chambre, pour les fabricants ou les marchands. 



2i() LES FOURNISSEURS DE .NAPOLÉON I' 



VII 



Nous allons donner maintenant quelques détails sur les fournitures 
faites pour les palais impériaux et le service des présents. La descrip- 
linu des pièces, leur prix; les noms de quelques artistes célèbres et 
la mention des personnes auxquels étaient adressés les pre'sents de 
riùnpereur, donnent à ce travail un véritable intérêt. 

6 juin 1808. — Livré au garde-meuble, pour la blibliothèque du 
palais de Compiègno : 

Deux figures, Corneille et Molière, 400 fr. 

'•]! octobre 1808. — Pour le palais de Saint-Gloud, une figure 
d'Uranie, pour pendule, 500 fr. — Deux vases dits de floréal à anses 
serpent, fond brun, cartels de figures représentant sur l'un, Jeanne 
Hachette sauvant Beauvais ; sur l'autre, Bavard défendant seul le 
pont de Garillan. La paire, 6,000 fr. 

19 septembre 1808. — Livré pour le compte de l'Empereur. 

Quatre bustes de l'empereur Napoléon, 240 fr. — Quatre bustes de 
l'empereur Alexandre, 240 fr. 

Mars 1810. — La manufacture livre pour l'appartement de l'Impé- 
ratrice à Compiègne : 

Un buste de l'Empereur, première grandeur, avec socle et cou- 
ronne en bronze doré, 1,200 fr. — Deux vases cordelière, fond lilas, 
fieurs, etc., 5,000 fr. — Deux vases œuf, fond vert antique, figure en or, 
2,000 fr. — Un vase cordelier, fond bleu ; sujet de figures coloriés, 
la loilelle de Vénus, 4,000 fr. — Deux vases œuf, fond bleu lapis, 
d'un mètre de haut, orné de bronze ciselés; cartel de figures colo- 
riées. L'entrée de l'Empereur à Berlin, 12,000 fr. — Deux vases 
Médicis, fond rouge. Paysage, 2,000 fr. — Deux vases japonais, 
fond vert, 520 fr. Compte soldé sur le fonds de 660,000 fr. établi en 
1810, pour l'ameublement du palais de Compiègne. 

{Arch. nat. O^ooo.) 

Cette même année 1810, nous trouvons une autre fourniture s'éle- 
vant à 19,886 fr. 50, et dont nous menlionnous les pièces les plus 
intéressantes. 

Deux vases, forme Médicis, à paysage, fond bleu. 2,000 fr. — 
Henri IV revenant de l'armée. Vase du cordelier, beau bleu, sujet 
colorié, 3,000 fr. — Deux vases jasmins, beau bleu, ornements en 



LA MANUFACTURE DE SÈVRES 231 

or, 1,100 IV. — Deux vases Médicis, beau bleu; sujet égyptien en 
gris, 1,500 IV. — Deux vases, tête de bélier, fond vert antique, 480 fr. 

— Deux vases étrusques, beau bleu ; camées, oOO fr. — Deux vases 
étrusques, fond vert; figures imitant le camée, 900 fr. — Lavabo im- 
périal, fond beau bleu ; décor en or, S60 fr. — Buste de l'Empereur, 
première grandeur, avec socle et couronne en bronze doré, 1,200 fr. 

— Vase forme Médicis, fond écaille. Vue de Sans-Souci; riche décor 
en or, 4,000 fr. — Deux vases forme étrusque, fond vert; figures 
coloriées, décor en or et platine, 1,600 fr. — Lavabo impérial, blanc 
et or, 250 fr. 

{Arch. nat. O'Soo.) 



YIII 



Elat des objets fournis par la manufaclure nationale de porce- 
laine de Sèvres, au ministre des relations extérieures pour être 
remis à Sa Majesté le Rot/ d'Etrurie. 

Exercice de l'an X. 

Deux vases beau l»Ieu, fleurs en biscuit, 4,800 fr. — Cabaret de 
neuf pièces, beau bleu, miniatures, 1,500 fr. — Cabaret de douze 
tasses et quatre pièces accessoires bleu tendre, arabesques, 550 fr. 
— Seau à laver les pieds: beau blanc, monté en bronze, 600 fr. — 
Tables bas-relief ; pour la porcelaine seulement, sans y comprendre 
le pied livré par le citoyen Lignereux, 3,000 fr. — Grand vase beau 
blanc, bas-relief en biscuit, monté en bronze, sans y comprendre les 
frais de réparation des citoyens Thomire et Lignereux, 50,000 fr. — 
Un service de vfngt-quatre couverts, fond jonquille et guirlandes de 
raisins sur toutes les pièces, 4,280 fr. 

Remise 10 p. 100. Reste dû 58,257 fr. En plus pour frais de répara- 
tions faites au grand vase et à la table bas-reliefs, 7,900 fr. — Total : 
66,157 fr. 

Le Ministre de l'Intérieur, 

CUAPTAL. 

[Affaires étrangères. Comptabilité, 1795 à 1815. Ouvrages impri- 
més et objets d'art.) 

Service des présents. — 22 juin 1810. Livré par ordre de S. M. 
l'Empereur à S. A. I. le grand-duc de Wurtzbourg : Deux vases, fond 



232 LES FOURNISSEURS DE NAPOLflOX f 

blou, anses en lêle de bélier, cnrlel de paysage représentant sur l'un 
la nouvelle route d'Italie par le Simplon, et sur l'autre, une vue du 
canal de l'Ourcq, riches ornements en or. La paire 10,000 fr, — Vase 
fuseau, deuxième grandeur, fond beau bleu, avec portrait de 
l'Empereur peint en miniature, 1,500 fr. 

29 juin 1(S10. — Livré à S. A. le prince de IlESSE-DARiiSTAnT : un buste 
de TEmporour. première grandeur, avec socle en marbre et couronne 
en bronze doré, 1,000 fr. — Deux vases œufs, à figures, première 
grandeur, fond vert de chrome; dans le fond, ornements en or et pla- 
tine. Riche garniture en bronze doré, la paire, 6,000 fr. — Quatre 
figures de grands hommes, Corneille, Racine, La Fontaine et Molière, 
800 fr. 

9 août 1810. — Livre' à M™" la baronne de la Turbie : un buste 
de l'Empereur, avec socle, 90 fr. — Un service, fond nankin, volu- 
bilis, soixante-six assiettes à 12 fr., 792 fr. — Quatre compotiers à 
pied, 72 fr. — Quatre compotiers étrusques, 72 fr. — Deux sucriers, 
80 fr. — Deux jattes, oO fr. — Deux seaux à glace, 300 fr. — Quatre 
corbeilles basses, 180 fr. — Un déjeuner composé de douze lasses 
décorées de raisins, fond d'or, l,3o0 fr. — Total : 2,98G fr. 

A M""" la baronne de Farigliano-Novello : un buste de l'Empe- 
reur, avec socle, 90 fr. — Un service fond nankin volubilis, com- 
posé de soixante-six assiettes, 792 fr. — Huit compotiers, 144 fr. — 
Deux sucriers, 80 fr. — Deux jattes, 50 fr. — Deux seaux à glace, 
300 fr. — Deux corbeilles paniers, 144 fr. — Un déjeuner de seize 
pièces décorées de raisins sur fond noir, 1,430 fr. — Total : 3,030 fr. 

A M""' la baronne d'Albaret : un Iniste de l'Empereur, avec 
socle, 90 fr. — Un service fond rose, vigne, etc. : soixante assiettes, 
900 fr. — Six compotiers, 14't fr. — Deux sucriers, 90 fr. — Deux 
jattes à pied, 60 fr. — Deux seaux à glace, 2o0 fr. — Quatre cor- 
beilles basses, 144 fr. — Un déjeuner composé de douze tasses et 
trois pièces, fond pourpre; riche décor en or, 1,124 fr. — Deux vases 
jasmins, fond rouge, décor en or. La paire, 200 fr. Total : 3,002 fr. 

14 août 1810. — A M'"'' la baronne de Gazzom-Venturi : un 
buste de l'Empereur, 2° grandeur, 60 fr. — Deux vases, beau bleu. 
bronzés, 300 fr. — Un déjeuner de tasses à café composé de seize 
pièces, fond beau bleu, fleurs, etc., 032 fr. — Huit tasses valant de 
lofr. à 45 fr. — Total : 1,188 fr. 

31 août 1810. — A M""" la baronne de Lucuesini : une figure 
équestre de l'Empereur , avec socle en marbre et cage de verre , 



LA IMAMTACTURE DE SÈVRI-S 233 

400 fr. — Un déjeuner composé de douze tasses et trois grandes 
pièces fond bleu, agate, fleurs jaunes etc., 439 fr. — Deux vases, 
forme étrusque, fond vert antique, décor en or, 130 fr. — Une écri- 
toire cygne, fond pourpre, décor en or, loO fr. — Une tasse fond 
pourpre, idem, to fr. — Plus o fr. pour moitié de la valeur d'un mé- 
daillon camée de l'Impératrice. Total : i,209fr. 

Le 4 octobre 1810, l'Empereur décida d'offrir à M. de Metternich, 
un présent de porcelaines de Sèvres. En conséquence, les pièces sui- 
vantes furent livrées au comte de Montesquiou, grand chambellan, 
pour les faire parvenir à leur adresse : 

Un buste de l'Empereur, première grandeur, avec couronne en 
bronze et socle en tùie vernissée, 1,200 fr. Une tasse, avec portrait 
en miniature de S. M. l'Impératrice fond bleu, anse en vermeil, 
508 fr. — Un vase en forme de coupe élevée de 4G centimètres et 55 
de diamètre, fond bleu, frise d'or représentant une bacchanale d'en- 
fants, 2,500 fr. — Deux vases, forme allongée copiée de l'étrusque, 
ornements en or sur fond d'or. Portraits de Cicéron et de Démosthène, 
peints à la manière du camée, 1,000 fr. 

Service de dessert, fond bleu, frise d'or sur le bord des pièces, 
fleurs d'or au milieu. 

Quatre-vingt-seize assiettes, à 20 fr., 7,920 fr. — Douze compotiers, 
à 25 fr.. 300 fr. — Deux sucriers, à 65 fr., 130 fr. — Deux glacières, 
à 180 fr., 360 fr. — Deux jattes à pied, à 45 fr., 90 fr. — Deux cor- 
beilles à 1 40 fr., 280 fr. — Total : 8,280 fr. 

25 décembre 1810. — Le duc de Frioul (Duroc), à M. le comte 
Daru, intendant général de la Maison de l'Empereur «... Sa Majesté 
désirant faire quelques cadeaux à l'occasion des étrennes, aux prin- 
cesses de sa famille, comme Elle l'a fait l'année dernière, m'a chargé 
de vous demander de faire choisir dans ses manufactures de Sèvres, 
des Gobelins et de la Savonnerie, des objets propres à cela, comme 
vases, tasses, portraits, petits tapis ou tableaux en tentures. 

« Je vous prie d'avoir la complaisance d'ordonner que l'on remette 
les objets que vous désignerez au concierge des Tuileries, qui les 
réunira dans un appartement du palais, et lorsqu'ils le seront, je les 
ferai placer suivant l'ordre que m'en a donné Sa Majesté, dans sa 
chambre à coucher où elle fera son choix. Il serait nécessaire que 
chaque objet portât l'indication de sa valeur et que tous pussent être 
mis sous les yeux de l'Empereur, samedi au plus tard. 

« Je vous prie de comprendre dans ces objets, le tableau du por- 



23 5 LES FOlRMSSKinS DR ^'APOIJ•:0^ f 

Irail ilr ri-'iiipcreiir \)av Daviil ri d'auli-cs iJurlruib on busle, ([ue vous 
y pourriez avoir. » {A?'ch. nat. O-202.) 



IX 



Le 31 décembre 1810, le dii-ectcur de Sèvres livrait, au nom de 
riinpôratricc, do nombreuses porcelaines pour être distribuées en 
présents par S. M. à l'occasion du piemier jour de l'an. L'Kmpereur, 
se réserva un buste de l'Impératrice, première grandeur, de 1,600 fr. 
les autres pièces furent ainsi réparties. 

La reine de Naples, un vase forme fuseau, avec cartel offrant le 
portrait de l'Empereur, 1,500 fr. — La duchesse de Trévise, deux 
vases forme étrusque, avec les portraits de Boileau et de La Fontaine, 
000 fr. — La duchesse de Frioul, un pot à eau et sa cuvette, fond 
vert de chrome à guirlandes de fleurs et oiseaux, GOO fr. — La com- 
tesse DE Taliiouet, une coupe à bouillon, fond pourpre, doublée d'or, 
riche décor en couleur, 300 IV. — La comtesse de Montesquiou, une 
tasse forme jasmin, fond bleu, avec le portrait de l'Empereur, 300 fr. 
— La grande-duchesse de Toscane, une tasse forme jasmin, fond vert 
de chrome. Portrait de Madone, 350 fr. — La princesse Aldobrandim, 
une tasse fond bleu, à paysage, !22o fr. — La duchesse de Belllne, 
une tasse et soucoupe fond bleu. Vue de la vacherie de la Malmaison. 
i'iO fi". • — La comtesse de Périgord, une tasse et soucoupe. Vue du 
château de Saint-Cloud, 220 fr. — La duchesse d'Elgoingen, une tasse 
et soucoupe. Vue de Saint-Cloud, 220 fr. — La comtesse de Luçay, un 
déjeuner de douze tasses et trois grandes pièces. Décor d'oiseaux et 
d'or en relief, sur fond vert, 2,290 fr. — La comtesse de Bouille, un 
déjeuner de cinq pièces décoré en or et platine, 210 fr. — La comtesse 
DE Montmorency, un déjeuner de six pièces, fond vert. Décor en or et 
fdaline, 390 fr. — La comtesse Lauriston, un déjeuner de sept pièces, 
fond vert; décor en or et platine, 3o0 fr. — La princesse de Neufcda- 
TEL, une tasse forme jasmin, fond d'or, cartel avec figures. Jeux d'en- 
fants, oOO fr, — La comtesse Lobau, une tasse conique, à fond d'or, 
paysage, 220 fr. — La reine de AVestphalie, une tasse litron, fond bleu, 
doublée d'or. Portrait de la grande-duchesse de Toscane, 350 fr. — La 
duchesse de Bassano, une tasse de même genre. Portrait deJoconde, 
d'après Léonard de Vinci, 3o0 fr. — La comtesse de Montalivet. une 
coupe à bouillon, fond brun doublé d'or. Riche décor polychrome, 



LA MANUFACTURE DE SÈVRES 23."; 

'■)00 fr. — La comtesse Duroxel, une assiette à marly d'or. Vue d Er- 
menonville, 260 fr. — La duchesse de Dalmatie, une assiette à marly 
d"or. La Ma tejmité, ^00 îv. — La duchesse d'Elcuingen, une tasse. L7n- 
constance, 300 fr. — La duchesse d'Istrie, un déjeuner à thé, fond 
agate; doubhirc et frise d'or sur le fond, G40 fr. — La princesse d'Eck- 
MUDL, un pot à eau, fond bleu. Guirlande de fleurs dans un fond d'or, 
o30 fr. — 31™"^ DE Be.vuveau, deux vases forme fuseau, fond bleu ; 
décor en or, oiiO fr. — La comtesse Bertrand, une tasse jasmin bleu, 
doublée d'or, 100 fr. — La duchesse de Rovigo, une tasse jasmin fond 
vert de chrome, 100 fr. — La vice-reine d'Italie, une coupe à bouil- 
lon, fond pourpre, doublée d'or. Décor en or et camée, 240 fr. — 
M™*^ DE Ségur, une écuelle, même fond et décor, 280 fr. — Les com- 
tesses DU Gn.VTEL et de Canisy, deux tasses, fond pourpre, décor en 
or, 200 fr. 



X 



1811. Service des présents. — La naissance d'un fils comblait les 
vœux de l'Empereur. Après les cérémonies du baptême (2 juin), i 
distribua de nombreux présents, avec sa largesse habituelle. Nous 
groupons ici ceux dont nous avons trouvé la mention dans divers 
cartons des Archives nationales. 

Au grand-duc de \Yurtzbourg, désigné comme parrain, mais repré- 
sentant l'empereur d'Autriche, les porcelaines de Sèvres suivantes : 
Portrait en buste do l'Eiupereur, peint sur porcelaine, d'après Gérard, 
par Georget, 7,000 fr. — Buste de Marie-Louise, première grandeur, 
en biscuit, par Bosio, 1,200 fr. — Yase œuf, avec sujet peint en 
camée, relatif à la naissance du roi de Rome, 2,o00 fr. — Grand vase, 
forme Médicis, de 1"',40 de hauteur, fond vert de chrome, à riches 
ornements en bronze doré, lo,000 fr. — Deux vases Médicis, fond 
dor. Vues de la haute Egypte. Marche d'une caravane, ^q.y SwebacJi, 
10,000 fr. — Deux vases, dits cordeliers, à guirlandes et bouquets de 
fleurs, par Drouet, 7,000 fr. — Buste de Napoléon, en biscuit, gran- 
ileur naturelle, avec socle et couronne, 1,200 fr. — Tasse, avec por- 
trait de Marie-Louise, par Leguay, oOO fr. — Vases fuseaux, avec 
cartel, représentant Napoléon franchissant le Saint-Bernard, d'après 
David par Georget, 6,000 fr. — Grand vase de 1™,30, dit étrusque, riche 
tors de fleurs par Drouet. Ornements en or bruni et riches bronzes 



2:\G LFS FOrnXISSEURS DE NAPOLÉON l"^'" 

!2(),00() fr. — Deux vases do 0,8o ; ornements en or «mibré ol, eu 
bronze doré; sur cliaque vase, un grand cartel |)(inl par Drolliny. 
j)ans lu II. lo Marché des Innocents, dans l'autre le Palais du Corps 
législatif avec les réjouissances à l'occasion de la paix de Vienne, en 
1809, 9,000 fr. {Arch. uni. OHl.) 

A Madame Mkiœ, marraine du roi de Rome, un buste de l'Empe- 
reur, grandeur naturelle, en biscuit de Sèvres, avec couronne et socle, 
1,:200 fr. — Une tasse de Sèvres, avec le portrait de Marie-Louise, 
d'après Isabcy, par Léguât/, TiOO fr. — Un grand vase de 1"',30 de 
hauteur, dit étrusque, à riche lors de fleurs, par Drouel ; monture en 
bronze doré, 120,000 fr. — Un vase, dit fuseau, première grandeur 
à ornements et anses en or. Cartel représentant Napoléon franchissant 
le Saint-Bernard, d'après /)«iu'c/, par Ceor^/e^, G,000 fr. — Deux vases 
fond brun écaille ; ornements en or ombré, anses et garniture en 
bronze doré. Sur chaque vase, un grand cartel peint par Drolling. 
Vue du Marché des Innocents et Vue du Palais du Corps législatif, avec 
les réjouissances à l'occasion de la paix de Vienne de 1809, 9,000 fr. 

A la reine Hortense, seconde marraine. Un buste de TEmpereur 
en biscuit de Sèvres, avec socle et couronne, 1,200 fr. — Tasse, au 
portrait de Marie-Louise, d'après Isahey, par W'Jacquotot, 500 fr. — 
Deux vases, dits cordeliers, peints par Demarne, représentant deux 
vues de Fontainebleau, avec des chasses de l'Empereur, 10,000 fr. — 
Déjeuner de douze tasses et quatre grandes pièces avec les portraits 
des principaux philosophes de l'antiquité, peints en camées, sur un 
guéridon de cinq plaques, genre étrusque, celle du milieu figurant 
Jlomère chantant ses poésies, par Bergeret, 3,740 fr. [Arch. nat. 

om.) 

Au roi DE AVestpualie, des porcelaines de Sèvres pour une valeur de 
il, 420 fr., entre autres: deux vases, forme Médicis, ofTrant une Vue 
du palais de Saint-Cloud et une autre des coteaux de Bellevue et de 
Meudon, 8,000 fr. — Deux grands vases représentant des figures de 
danseurs, 14,000 fr. — Deux vases forme étrusque; sur l'un le Départ 
pour Vannée, sur l'autre, le Retour, 7,000 fr. — Un vase, dit fuseau, 
décoré du portrait de l'Empereur, d'après Gérard par Georget, 
2,000 fr. — Une cheminée en marbre noir, avec figures et camées en 
biscuit, incrustés dans le marbre, avec bronze, 2,o00 fr. — Huit 
figures de grands hommes, Tourville, Turenne, Bayard, Vauban, 
Fénelon, Bossuct, d'Aguesseau et L'Hôpital, 1,600 fr. 

Au prince de Scuwarzenberg : un buste de Napoléon en biscuit, 



LA MANUFACTURE DE SÈVRES 237 

1,:200 IV. — Une théière, fond vert, avec les portraits de Marie-Louise 
et de l'Empereur d'Autriche, 750 fr. — Tasse à déjeuner, portrait de 
Marie-Thérèse, 400 fr. — Une autre, avec le portrait de Charles- 
Quint, 200 fr. — Service à dessert de soixante-six pièces, à riche 
bordure d'or. Sujets variés peints en miniature, 18,750 fr. — 
Surtout en biscuit, iîgurant Bacchus et Gérés traînés dans un char 
par deux bœufs, 1,900 fr. — Deux groupes des trois Grâces, avec 
socles et vasques, 1,200 fr. — Huit figures antiques du musée Napo- 
léon, 600 fr. {Arch nat. 0-41.) 

Au cardinal Fescii, oncle de l'Empereur : un busle en biscuit de 
Napoléon, grandeur naturelle, avec socle et couronne, 1,200 fr. — 
Une tasse au portrait de Marie-Louise, d'après Isabey, avec l'étui en 
maroquin, 518 fr. — Deux vases dits Médicis, fond bleu ; cartels de 
paysages, ^^r Robert, représentant une chasse de l'Empereur, près la 
ferme du Bac, 9,000 fr. — Un service de dessert peint en imitation de 
camées et de pierres gravées, 6,000 fr. — Un grand vase à ornements 
en or ombré en brun, anses et culots en bronze doré, 3,500 fr. etc. 
Total : 24,966 fr. [Arch. nat. 0-41.) 



XI 



Parmi les nombreuses distributions de porcelaines faites à l'occa- 
sion du mariage de l'Empereur avec Marie-Louise et de la naissance 
du roi de Rome, nous pouvons encore mentionner celles-ci. 

Au comte de Ségur, un buste de l'Empereur, grandeur naturelle, 
deux médaillons en camée de l'Empereur et de l'Impératrice et trois 
services, dont un à filet d'or, le second, à fond rose, le troisième, à 
fond nankin. En tout, 12,500 fr. — Au comte Regnault de Satnt-Jean- 
d'Angély, un service et diverses pièces, entre autres une pendule 
figurant Uranie, groupe de première grandeur, avec monture, valant 
1,800 fr., etc. Total : 6,000 fr. — Au baron de Gr.a.mayel, un lot de 
3.000 fr. — Au comte de Seysel, un lot de 3,000 fr. dont une pendule 
avec mouvement, représentant les trois Grâces et valant seule, 
1,500 fr. — Au baron Prié, un lot de 3.000 Ir., notamment un buste 
de l'Empereur, deuxième grandeur, avec socle en tôle vernissée, 
90 fr. — Un médaillon camée de l'Impératrice, 12 fr. — L'Enlève- 
ment de Proserpine, 200 fr. — Huit figures des Muses à 48 fr. 

Le baron du IIamel fut aussi gralilié d'un lot d'une valeur de 



238 LI.S FOIRMSSELRS DE NAPOLl'OX T' 

l),(IOO IV. — .MM. DargainahatzcI Saint-Auinan, aides des ccrùiiioiuorf, 
re«:urenl cluicun pour 1,^)00 IV. de porcekiitios. 

8 novembre ISII. — A S. A. I. la princesse I^auline, six lasses et 
soucoupes, forme jasmin, doublées d iiu fond vert de chrome. Por- 
traits de femmes célèbres peints en miniature pav W^ Jacqiiolot, 
:î,400fr. {Arch. nal. O-202.) 

81 décembre 1(S10. — Princesse Corsini, un buste de l'Empereur, avec 
socle (90 fr.), un service à dessert et un déjeuner à thé (lleurs), 
rî,494 fr. — M""' Bianciii, un buste de l'Empereur, sans socle (GO fr.), 
un service, un déjeuner, etc., 2,48(3 fr. — M""' Albazzi, un buste (60 fr.), 
un service, un déjeuner, etc., 2,486 fr. — Baronne Dragomani, un 
buste de 60 fr., un déjeunera thé, etc. 1,199 fr. — Baronne Monïe- 
<:asini, un buste de l'Empereur avec socle (90 fr.). un déjeuner à 
thé, etc., 1,197 fr. — Comtesse Mozzi, un buste de 90 fr., un café, etc., 
1,194 fr. — Baronne Torregiani, un buste de 60 fr., un déjeuner à 
thé, 1,184 fr. 

Nous ne trouvons pas la liste des présents de porcelaine du 1^'' jan- 
vier 1812. L'exécution en était, paraît-il, médiocre. L'Empereur, au- 
quel rien n'échappait, s'en montra fort mécontent et écrivit aussitôt 
au duc de Cadore (Ghampagny) : 

« Monsieur le duc de Cadore, je viens de voir des porcelaines (pii 
ont été envoyées à l'Impératrice pour ses présents du Jour de l'an. 
Ces porcelaines sont fort laides ; veillez à ce qu'elles soient plus belles 
une autre année. Faites faire un déjeuner sur chaque tasse duquel 
soient les portraits de Tlmpératrice et des six princesses mes sœurs et 
belles-sœurs. Faites-en faire un autre, où soient les portraits des 
dames du palais de l'Impératrice. Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ail 
en sa sainte garde. Paris, le 31 décembre 1811. Signé : Napoléon '. » 

24 décembre 1813. — Le comte Bertrand, grand maréchal du 
palais depuis la mort de Duroc, écrit au duc d (?) : « Monsieur le duc, 
l'Empereur; est dans l'intention de faire celte année, comme les pré- 
cédentes, des cadeaux choisis dans les produits de sa manufacture de 
Sèvres pour être distribués aux princesses et dames de la cour. Sa 
Majesté désire que votre Excellence fasse porter le plus tôt possible 
chez Sa Majesté l'Impératrice, des porcelaines partagées en un même 

' Celle lelLrc qui avait échappé à nos inveslif,'alions, aux Archives nationalfs, 
se trouve dans l'ouvrage de -M. Charles de U.jlalvy: Les Biscuits de porcelaine. 
Nous avons éprouvé un grand charme en parcourant ce livre, très étudié et 
illustré de délicieuses vignettes. 



LA MANUFACTURh; DE SÈVRES -2'M 

nombre de lois que raniiée dernière et dans les mêmes prix. Le 
directeur de la manufacture pourra les remettre au concierge du 
palais qui en délivrera un reçu et, après la distribution il en donnera 
l'état et rendra les objets qui resteront. » [Arch. nat. O-202.) 

Les présents du l*^"" janvier 1814 étaient fort beaux et d'un prix 
élevé. Ils furent livrés par la manufacture le 31 décembre, suivant 
l'usage, et distribués comme suit : 

L'Impératrici::, deux vases, dits carafe étrusque, peints en imita- 
tion de mosaïque. Vues de Florence, :2,C00 fr. ; un déjeuner de 
quatre pièces, sur plateau, fond or. Têtes de Madone, par ]\P^*^ Jacouo- 
TOï, et la boite, 7,:Î70 fr. , un portrait du Roi de Rome, d'après 
Gérard, par Constantin, 700 fr. ; une tasse Régnier, à ornements 
en relief et camée de la famille impériale, !200 fr. ; une tasse Régnier, 
à ornements en relief. Portraits de l'Empereur et de l'Impératrice, 
!2o0 fr. — La reine d'Espagne, un déjeuner de cinq pièces, sur plateau. 
Portraits de guerriers et de législateurs sur fond de platine, et une 
boîte, 4,87o fr. — Madame Mère, un tableau ovale, peint en camée, 
représentant les premiers pas du Roi de Rome, o.OOO fr. — La grande 
duchesse de Toscane, un déjeuner de cinq pièces. Garde impériale, 
par Stvebach, et une boîte, 3,383 fr. — La reine de Naples, un 
déjeuner de cinq pièces, sur plateau, fond or. Vues des environs de 
Sèvres, par Robert et Langlaée, ;2,89o fr. — La princesse Pauline, 
un déjeuner de cinq pièces, sur plateau, fond or, par Van Os et Rio- 
creux, avec boite, :2,o60 fr. — La reine IIohtense, un déjeuner de 
cinq pièces sur plateau, fond bleu. Sujets anacréontiques, à la ma- 
nière de camées, par Parent, et une boite, 0,675 fr. — La vice-reine 
d'Italie, un déjeuner de cinq pièces, sur plateau, fond or laminé. 
Jeux d'Amours et de Nymphes, par Leguaij, et la boîte, 6,42o fr. — 
La reine de Wesïpualie, deux vases forme fuseaux, avec portraits, 
l'un de l'Empereur, l'autre de l'Impératrice, 4,000 fr. — La duchesse 
de Bellune, deux vases dits fuseaux, 3*^ grandeur, avec camées, par 
Degault, 1,300 fr. — La duchesse de Montebello, deux vases Médicis, 
S*" grandeur, fond d'or. Eglogue de Virgile, par Gérard, 3,200 fr. — 
La duchesse de Dalberg, deux vases de même genre. Fleurs, par 
Sisson, 1,500 fr. — La comtesse de Brignolle, deux vases forme 
carafe étrusque, fond vert, bouquets de fleurs, 1,400 fr. — Les 
comtesses Lauriston et de Périgord, chacune un vase, forme étrusque. 
Vues des bords du Rhin, par Swebach, les deux 3,200 fr. — La prin- 
cesse de la MoSKOWA, une colonne en bleu et ornements en or. 



2io LKS Fornxissiîins de napoléon i'"'' 

Marche du Sdlcil; dans le piedcsLd, une i)cndule, 2,40U (V. — La 
ducliossc DE lluviGO cL la comtesse di^; Mo.ntalivet, chacune un vase, 
Ibrnie cornel d'abondance, terminé par des têtes de sanglier, et bou- 
«luet de llcurs, ;2,400 fr. — La comtesse Bertrand, un déjeuner de 
sept pièces, fond bleu. Portraits d'écrivains célèbres antérieurs au 
xvi° siècle, par Geurgel, avec la boite, 4,0^.') IV. — La comtesse de 
Tauiouet, un déjeuner de sept pièces, fond bleu. Portraits d'artistes 
ilalicns, par Béranger, 1,750 fr. — La baronne de Mesgriuny, un 
déjeuner de sept pièces. Portraits de peintres de l'école llamande, 
par Drolling, avec la boîte, 2,950 fr. — La comtesse de Ségur, une 
tasse offrant le portrait de LLupératrice, 515 fr. — La comtesse 
jNIarmier, une coupe, à ornements en relief, d'après les dessins de 
Jamin, et cage de verre, 665 fr. — La comtesse de Noatlles, une coupe 
semblable, 665 fr. — La comtesse de Mortemart, une aiguière, déco- 
rée d'ornements coloriés et de camées sur fond d'or, 2,000 fr. — La 
baronne de Boubers, un riche piédestal en biscuit, représentant les 
quatre saisons et ornements analogues, surmonté d'une coupe et ren- 
fermant une pendule d'après Percier, 1,400 fr. — La comtesse de 
LuçAY, un déjeuner de sept pièces, sur plateau, fond bleu. La com- 
tesse de Ckoy, deux vases en biscuit, forme Médicis et bas-reliefs, 
800 fr. — La duchesse de Bassano, un déjeuner de dix pièces à orne- 
ments égyptiens coloriés, avec plateau en tôle, 1,355 fr. — La prin- 
cesse Cuarlotte, une tabatière montée en or. Portrait de l'Impéra- 
trice d'après Isahey , 1,100 fr. — La duchesse de Castiglione , un 
déjeuner de cinq pièces, ornements en relief blancs sur fond d'or. 
Gage de verre et plateau, 945 fr, — La princesse Aldobrandim, un 
déjeuner de cincf pièces. Portraits de peintres français, et la boite, 
2,720 fr. — La comtesse de Montesoutou, un déjeuner de sept pièces 
sur plateau. Genre mosaïtiue florentine, par Iluart , avec boîte, 
2,550 fr. — La comtesse de Beauveau. un déjeuner de cinq pièces, 
de f(jrnies variées, avec plateau, 480 fr. — La duchesse de Pl.\is.\nce, 
un vase Médicis, pâte bleue, 600 fr. — i^a duchesse de Padoue, une 
écuelle, dite Gérard, fond vert; riche décor en or, avec l'étui, 620 fr. 
— La comtesse de Montmorency, une coupe à bouillon, avec plateau, 
offrant des Fables de La Fontaine et le portrait du fabuliste ; décor en 
imitation de mosaïque de Florence, et deux étuis, 870 fr. — La 
comtesse Mollien, un déjeuner de cinq pièces à ornements en relief, 
genre camée, et cage de verre, 1,015 fr. —La princesse Zénaïde (?), 
un portrait de l'Impératrice, d'après Isabey. 600 fr. — La comtessi; 



LA MAMUFACTURE DE SÈVRES 241 

DE Bouille, une coupe, en forme de casque, soutenue par les Amours, 
700 fr. — La comtesse de Nansouty, un déjeuner de sept pièces, 
forme étrusque, godronné, fond rouge et bordure or, 470 fr. — Le 
total s'élève à 93,130 fr. 



16 



CIIAPITHK V 



LA MANUFACTURE DES GOBELINS ET LA MANUFACTURE D'AUBUSSON 



I 



La manufacture des Gobelins remonte à 1662 ; elle s'appelait, à 
cette époque, Manufacture royale des Meubles de la Couronne; 
c'est qu'on y fabriquait al(jrs, non seulement des tapisseries tissées, 
mais encore des broderies, de superbes meubles d'ébénisterie, des 
pièces d'orfèvrerie et des mosaïques pareilles à celle de Florence. Ces 
divers travaux, exécutés avec une rare perfection, avaient l'inconvé- 
nient de coûter fort cber. Dans la suite, l'Etat les rendit à l'industrie 
privée et la manufacture ne s'occupa plus exclusivement que des 
tapisseries. 

Sous l'Empire, un ordre admirable régna dans l'administration des 
Gobelins. L'usine, subventionnée par la liste civile, dont elle recevait 
chafjue année 150,000 francs, rentra dans les attributions de l'inten- 
dant général de la maison de l'Empereur. 

Le budget était encore augmenté par les recettes provenant des 
fournitures de laines teintes, aux manufactures de Beauvais et de la 
Savonnerie, et par les livraisons faites au nom de l'Empereur, pour le 
garde-meuble et le service des présents. 

« Le personnel administratif se composait du directeur (Guillaumot), 
de l'inspecteur-professeur de dessin, du dessinateur des ateliers, du 
concierge et de son commis, du chapelain, qui avait été rétabli, et du 
médecin, plus trois hommes de service dont deux portiers. Le per- 
sonnel des ateliers comprenait : le directeur des teintures, un chef 
ouvrier et deux compagnons. Un chef d'atelier de haute lisse et 
soixante tapissiers divisés en quatre classes et six apprentis formés 



LES MANUFACTURES DES GOBELINS ET d'aUBUSSON 243 

dans l'atelier. Un chef d'atelier de basse lisse, vingt-huit tapissiers, 
également divisés en quatre classes et deux apprentis, enfin cinq 
rentrayeurs. » (Alfred Darcel. Les Manufactures nationales des 
Gobelms et de tapis de la Savonnerie. Paris, 1885.) 

Lorsque le tissage se fait horizontalement, la tapisserie est dite de 
basse lisse; elle devient de haute lisse, quand le travail s'exécute en 
hauteur, verticalement. 

Napoléon voulut qu'une pension fut accordée aux anciens ouvriers 
ne pouvant plus travailler. 



II 



En ISOo, nous trouvons sur les métiers les pièces suivantes : VEn- 
lèvement d'Orythée, Aria et Fétus, le Combat des Romains et des 
Sabins, d'après Vincent; Vénus blessée par Diomède ; Méléagre 
entouré de sa famille, d'après Ménageot ; Enée quittant Troie 
embrasée ; Léonidas et Cléombrotte, ou V Amour conjugal, d'après 
Leraoine ; Enée poursuivant Hélène dans le temple de Minerve, 
d'après Yien ; Cornélie mère des Gracques, la Vestale délie et 
l'Offrande à Paies, divinité des bergères, d'après Suve'e ; la Fête de 
Flore ou le Printemps, la Fête de Cérès ou YEté, la Fête de Dacchus 
ou V Hiver, tenture des quatre saisons, d'après Callet. 

Iphigénie reconnaissant Oreste, d'après Regnault ; les Adieux 
d'Henri IV à Gabrielle, Y Evanouissement de Gabrielle, Henri IV 
rencontrant Sully blessé, Henri IV chez Michaud, Y Enlèvement de 
Déjanire par le centaure îSessus, d'après le Guide; le Sommeil de 
Renaud, Y Assassinat de Coligny, le Combat de Marcel et Bayard, 
le Courage des femmes de Sparte, d'après le Barbier aine ; le Com- 
bat de Mars et Diomède, le Parnasse, le Zèbre, les Pêcheurs, le 
Chasseur, Y Eléphant, les Taureaux, le Combat des animaux, sujets 
tirés de la tenture des Indes, de Desportes. D'année en année nous 
verrons ces pièces sortir du métier, avec leur prix de revient. 



III 

Parmi les pièces nouvelles relatives à la gloire napoléonienne, on 
commença '^d.YXd. Mort du général Desaix, d'après Regnault, et les 



244 LliS FOIRNISSELRS DE NAPOLÉON l*'" 

Pestiférés de Jciffa, d'après Gros. Les sujets qui suivirent sont : \apn~ 
léon passant le Saint-Bernard, de David, el Napoléon distribuant des 
sabres d'/ionnenr. 

Pendant rannt'-e 1809, la manufacture fut surtout occupée àl'ameu- 
bleuient du grand cabinet de rEuiperv3ur, aux Tuileries, dont les six 
portières représentaient les Armes d'Italie, les Armes de V Empire 
français, la Victoire, la Renommée, les Sciences et les Arts, le Com- 
merce et V Agriculture, d'après Dubois. On mit aussi sur les métiers 
V Empereur donnant des ordres le matin de la bataille dWusterlitz, 
d'après Carie Vernet et VEmpereur passant en revue les députés 
de Varmée. 

En 1810, on entreprit Napoléon pardonnant aux révoltés du Caire, 
de Guérin ; VEinpereur donnant la croix à un soldat russe, de 
Delert ; Y Entrée à Vienne, d'après Girodet ; les Préliminaires de la 
paix de Léoben, d'après Guillon-Lelhière ; les Soldats du 76® régiment 
retrouvant leurs drapeaux dans l'arsenal d'Inspruck, d'après Mey- 
nier. 

Puis, en 1811, la Prise de Madrid, d'après Gros, et VEmpereur 
recevant la Reine de Prusse à Tilsitt, d'après Berthon, la Réception 
des députés de Paris, d'après Mulard, les Adieux de Napoléon et 
d'Alexandre, après la paix de Tilsitt, par Gautherot, et la Clé- 
mence de Napoléon envers la princesse de Hartsfeld, d'après Ch. de 
Boisfremont. (Alfred Darcel. Les Manufactures nationales de tapis- 
serie des Gobelins... Paris, 1885.) 

L'Empire s'écroula avant que la plupart de ces pièces ne fût termi- 
née. 

Nous devons encore mentionner divers travaux exécutés à partir 
de 1806 et réservés aux présents : les portraits en buste et en pied de 
l'Empereur, de Joséphine et de Madame Mère ; des morceaux figu- 
rant un Déjeuner, un Dessert, des Fleurs, des Fruits, par M'"® Yal- 
layer-Coster, des Oiseaux, par Barraband. 

Quant à la partie concernant les meubles destinés aux palais impé- 
riaux, elle comprenait des feuilles d'écran et de paravent, à l'aigle 
couronné, des canapés, des fauteuils-chaises, pliants, tabourets; des 
garnitures de fenêtres ; des morceaux avec un N, ou une abeille, pour 
utiliser d'anciennes bordures et remplacer la fleur de lis dans les coins 
et dans les milieux. 



LES MANUFACTURES DES GOBELIXS ET D AUBUSSOX 



IV 



Maintenant passons en revue, année par année, les pièces exécutées 
aux Gobelins. A lindicalion du sujet, nous joignons la dimension en 
mètres carrés et le prix de la pièce. Nous ne nous occupons que des 
tapisseries terminées et non de celles encore inachevées restées sur le 
métier. Elles exigeaient parfois de longues années de travail; pour 
n'en citer qu'un exemple récent, la Filleule des Fées, de Mazerolle, 
commencée en 1879, ne fut terminée qu'en 1888. Elle avait 33 mètres 
carrés et sept ouvriers y ont travaillé pendant neuf ans. Certaines 
tentures ont demandé plus de temps encore pour leur achèvement. 

Olvhagks terminés ex 180o. — La Reconnaissance tVlphigénie et 
d'Oreste (14^,79), 14,-214 fr. ; Aria et Pétm (8'",21), 9,o0^ fr. ; deux 
fonds de fauteuils, à fleurs, sur fond lilas (0'",(>2) , 478 fr. ; une partie 
de la pièce, le Parnasse (21™, 03), 18.169 fr. ; dossier de canapé, à 
fleurs, sur fond lilas (l'",09), 98'.) fr. ; deux fonds de fauteuils de 
même (0™,62), 566 fr. ; cent douze plates-bandes pour sièges (6"\99), 
4,411 fr. ; deux écrans à fleurs, sur fond lilas (1™,07), 970 fr. ; six 
dossiers de fauteuils, de même fond (1™,19), 1,030 fr. 

Ouvrages terminés en 1806. — Beaucoup de pièces étaient sur le 
métier en 180o, c"est ce qui explique le nombre des tapisseries 
achevées qu'on remarque dans les années suivantes : 

Enée poursuivant Hélène dans le temple de Minerve (14™, 61), 
19,148 fr. ; la Fêle des Saturnales ou Vl[iver (10™, 9o), 12,98o fr. ; 
VEnlèvement de Déjanire (o™,89), 7,869 fr. ; Fête à Flore, ou le 
Printemps (11'", 2o), 17,o34 fr. ; V Assassinat de V amiral de Coligny 
(9™, 19;., 16,o3o fr. ; la Vestale Clélie (14™, 26), 15,751 fr. 

10 février 1806. — Sur l'ordre de M. Lefuèl, conservateur du Mobi- 
lier impérial. M. Guillaumot, administrateur des Gobelins, envoie cinq 
portières pour le palais des Tuileries : Neptune, Diane, une portière 
du Grand écusson et deux portières de Cérês. {Arch. des Gobelins, 
1806. chemise n^^l.) 

Cette même année, la manufacture livre pour le palais de Fontai- 
nebleau, le Triomphe des Dieux, 38,440 fr.; Jason et Médée, 
33,870 fr. ; Esthsr, 29,3i0 fr, ; les Saisons et les Eléments, portières 
6,000 fr. {Arch. des Gobelins, 1812, cahier n° 6.) 



■2'iG I.KS l-OUnMSSKlRS DE NAPOLl'ON l''" 

OUVRAGKSTERMINKS KT HKTIRÉS DE MKTIHRS EN 1807. — VéllUS hleSSée 

]^ar l)io)nhîe (10'", 81), lii,o7:2 fr. — Le Somminl de Renaud 
(3"*,37), 4,54-2 fr. — Morceau He fleurs (0'",08), 807 fr. — Morceau 
de fruits, de nièine dimension, 8().'i fr. — Morceau de fleurs (0'",72), 
8t8 fr. — Deux fonds de fauteuils, à fleurs, sur fond lilas (0'",77), 
483 fr. — Deux autres, de luênie dimension, 533 fr. — La Fête de 
Cérès ou VElé (11"', 39), 19,36(5 fr. — Couronne de fleurs (morceau 
de 0'",28), 330 fr. — Le Sommeil de Renaud (G'",91), 1:2,318 fr. 
— Fond de canapé, en fleurs, fond lilas (1"',41), 948 fr. — Morceau 
représentant deux Canards et un Vautour (1"\!26), 4,373 fr. — 
Deux dossiers de fauteuils, à fleurs, fond lilas (0'",51), 3o4 fr. — 
Dossier de canapé, à fleurs, fond lilas (0'",i23), 835 fr. — Huit pla- 
tes-bandes, pour fonds de fauteuils, fond lilas (0'".C)3), 406 fr. — 
Morceau représentant des perroquets (0"\50), 1,467 fr. — Deux dos- 
siers de fauteuils à fleurs, fond lilas (0'",51), 398 fr. — Quatre sièges 
de fauteuils à fleurs et fond lilas (l'",5o), 1,068 fr. — Seize plates- 
handes fond lilas, pour dossiers de fauteuils (0'",82), 516 fr. 

1808. — Un superbe envoi de tapisseries et de meubles est adressé 
au palais de Compiègne. 
En voici le détail : 

Une pièce, tenture neuve, représentant la Noce d'Angélique (IL 
3 mètres sur 6'", 10), compris le nettoyage et les menues répara- 
tions, 17,735 fr. — Une bordure complète, 755 fr. 

Pour le salon ou cabinet de l'Empereur, trois pièces de tentures 
neuves. 

1° Une Fête à Flore ou le Printemps (IL 3'", 30 sur 3"', 41), 
17,600 fr. 

S'' Une Fête à Cérès ou VEté (H. 3'",38 sur 3"\36), 19,430 l'r. 
3" Offrande à Paies, divinité des Bergères (IL 3'",10 sur 3"','2S}, 
14,930 fr. 

Pour le second salon de l'appartement d'un souverain étranger : 
La Fureur des Taureaux (IL 3"\30 sur 4"\42), 12,840 fr. — Ral- 
longe et bordure, 1,438 fr. 

La Robe empoisomiée de Médée (H. 4'",'28 sur 5'", 38). 17,360 fr. — 
Bordure ajoutée, 886 fr. 

Un meuble fond lilas, dessin à fleurs, composé de deux canapés, 
douze fauteuils et une feuille d'écran (sans les fûts), 14,800 fr. — 
Deux tabourets de pied, 600 fr. 

Exercice de 1809. — Appointements des employés, 111,061 fr. 



LES MANUFACTURES DES GOBELINS ET D AUBUSSON 247 

Achat de matières premières et dépenses diverses, 48,427 fr. Livrées, 
secours, gratifications, 3,000 fr. 

Les ouvrages terminés en 1809 sont nombreux, mais on remarquera 
cju'ils comptent beaucoup de petites pièces. 

Mêléagre entouré de sa famille (lo'",08), i24,801 fr. — Six mor- 
ceaux avec un N sur fond vert, pour milieux d'anciennes bordures 
(0'",39), 234 fr. — Portrait en buste de V Impératrice Joséphine 
(0"",62), 1,330 fr. — Un autre, de même dimension, 1.280 fr. — Le 
Combat des Romains et des Sabins (13™, 87), 20,200 fr. — Quatre 
couronnes pour milieux d'anciennes bordures (0'",41), 342 fr. — 
Quatre pliants, fond rouge avec leurs plate.s-bandes (3™,16), 3.240 fr. 
— Portrait en pied de V Impératrice Joséphine (3™,u0), 12, 169 fr. ■ — 
Portrait en buste deVEmpereur (0'°,72), 1,610 fr. — Un portraitseni- 
blable (0'",72), lo90 fr. — Enée quittant Troie embrasée (8™, 51), 
13,000 fr. — Le Chasseur, pièce du sujet des Indes (14™, 77). 
27,598 fr. — Arias et Pétus (9"\11), 11,820 fr. — Trois chaises, fond 
rouge, avec leurs dossiers et leurs plates-bandes (2"\o8), 2,274 fr. — 
Trente abeilles, pour coins d'anciennes bordures (l'",72), l,17o fr. — 
Trois chaises, fond rouge, avec leurs dossiers et plates- bandes (2'", 58), 
2,786 fr. — Quatre coins, fond vert, avec abeilles, pour anciennes 
bordures (l'",10), 754 fr. — Quatre coins de même, 745 fr. — Deux 
parties de bordures de portières (2™, 35), 1,575 fr. — Quatre pliants, 
fond rouge, avec leurs plates-bandes (3'", 16), 3,218 fr. — Quatre 
fonds de fauteuils, fond rouge, avec leurs plates-bandes (2™, 89), 
2,760 fr. — Douze fonds de chaises, à petits bouquets, fond de soie 
lilas (5"\88), 3,680 fr. — Six dossiers de chaises, de même (1"\32). 
800 fr. — Un dossier de fauteuil fond rouge, avec ses quatre plates- 
bandes (0™,49), 514 fr. — Trois dossiers pareils (1"\48), 1,420 fr. 
— Trois manchettes de fauteuils, fond rouge (0"',18), 105 fr. — Seize 
manchettes fond lilas (1"\22), 345 fr. — Dix-huit dossiers de chaises, 
à fleurs, fond lilas (3"\97), 2,186 fr. — Un fauteuil complet, 
fond rouge, avec manchettes et plates-bandes (1™,37), 1,222 fr. — 
Huit étoiles pour le devant des manchettes de quatre fauteuils, fond 
rouge (0™,12), 32 fr. — Trente-deux morceaux pour devant et der- 
rière des manchettes de douze fauteuils et deux canapés, fond lilas 
(0'",35), 48 fr. — Quatre manchettes de fauteuils, fond lilas (0™,30), 
86 fr. — Cinq manchettes, fond rouge (0'",30), 224 fr. — Une par- 
tie de bordure en forme de pente, pour une portière (1™,'9), 
1,271 fr. — Quatre manchettes de canapé fond lilas (0"',36), 92 fr. 



218 LES FOURNISSEURS DE \.\POLl':0\ f 

— Quatre manchettes de fauteuils, même fond (0"',30), 8:2 fr. — 
Ine partie de bordure, forme de pente pour portière (i™,79), 
1,17-2 fr. 

1800. — Livré à l'administration du mobilier impérial pour l'ameu- 
blement du salon-cabinet de l'Empereur, aux Tuileries : 

Quatre pièces de tentures neuves, entourées d'une bordure compo- 
sée d'ornements et d'attributs impériaux préparés et ajuste's pour ce 
salon d'après l'ordre de Sa Majesté. 

Enée poursuivant Hélène (II. 3'",9T sur G"',o3 de cours, compris la 
bordure et les deux rallonges), 33,750 fr. 

Zfiuxis choisissant un modèle pour peindre Hélène (II. 3"',3t) sur 
4'", 90 de cours y compris la bordure), 33,660 fr. 

Vénus blessée par Diomède (H. 3™, 30 sur 4'",0o y compris une ral- 
longe et la bordure). 24,ooo fr. 

L'Enlèvement de Déjanire par le centaure Nessus (H. 4™, 0:2 sur 
'2"\76 de cours y compris deux rallonges et la bordure), 14,780 fr. — 
Total : 108,743 fr. 

Pour le salon de l'Empereur, au palais de Strasbourg, le Parnasse^ 
avec bordures, écussons rallonges, 25,600 fr. 

1810. — Pour Compiègne douze chaises à petits bouquets, sur fond 
de soie, couleur lilas, à 430 fr. la chaise, 5,160 fr. (les douze chaises fon^ 
8™,5!L>). 

Exercice de 1811. — Les appointements des employés de tout 
grade, l'achat des matières premières et les dépenses diverses s'élèvent 
à 168,310 fr. Sur cette somme, il faut déduire 13,280 fr. pour fourni- 
tures aux manufactures de Beauvais et de la Savonnerie, 

Ateliers de haute lisse. — Mort du général Desaix (9'",23), 
24,877 fr. — Portrait de VEmpereur avec les habits impériaux 
(3'", 76), 12.500 fr. — Deux dessins de pliants sur fond rouge et huit 
plates-bandes (l'",58), 1,600 fr. — Deux bordures fond uni pour 
encadrer la pièce VOffrande ci Paies (2'", 84), 1,250 fr. — Deux 
autres bordures montantes, pour la même pièce (3'", 01), 1,230 fr. 

— Un portrait en buste de VEmpereur (0™,67), 2,250 fr. — Un 
autre semblable, 2.250 fr. — Deux bordures plates, fond uni pour 
encadrer la pièce des Indes, dite le Chameau (3"\35), 1,360 fr. 

Ouvrage de basse lisse. —Six e'cussons et bordures avec le mono- 
gramme de S. M. (0"\08), 330 fr. — Deux autres (0"\33), 110 fr. 

— Deux bordures plates pour la portière représentant les Armes 
d Italie (2"',29), 1,590 fr. — Portière figurant les Armes dltalie, sur 



LES MANUFACTURES DES GOBELINS ET d'aUBUSSON 249 

fond pourpre, en laine, parsemée d'abeilles (9'", 63), 9,600 fr. — Por- 
trait en pied de Madame Mère (3™, 25), 12,000 fr. — Quatre feuilles 
de paravent avec aigle et ornements sur fond cramoisi, en soie 
(1™,80), 2,333 fr. — Une feuille d'écran, avec aigle couronné 
et ornements sur fond cramoisi, en soie, parsemé d'abeilles 
(0"\62), 1,000 fr. — Autre, 1,000 fr. — Un dossier de fauteuil de 
représentation avec une Minerve et ornements rehaussés d'or, sur 
fond rouge, en laine, parsemé d'abeilles (0'",34), 800 fr. — Autre 
dossier avec une Renommée (G'", 34), 800 fr. — Dossier de 
chaise de princesse, avec casque et ornements semblables (0™,2i), 
4o0 fr. — Deux tabourets de pied (0™,44), 600 fr. — Deux écussons, 
avec aigle couronné (0'",4S), 490 fr. — Morceau représentant un 
Dessert composé de pots de crème, biscuits, etc. (0'",30), 800 fr. — 
Morceau figurant un Déjeuner, brioches, raves, etc. (0™,30), 800 fr. 

— Un fond de fauteuil de représentation, avec palmes et ornements 
rehaussés d'or, sur fond rouge, parsemé d'abeilles (0™,55), 1,000 fr. 

— Une plate-bande de devant pour un fauteuil de représenta- 
tion (0™, 13), 110 fr. — Deux écussons de bordures avec aigle cou- 
ronné et ornement, sur fond rouge, en laine (O^jÔO), 680 fr. — Deux 
tabourets de pied, avec ornements sur fond rouge, en soie, parsemé 
d'abeilles et huit plates-bandes {0'",64), 600 fr. — Une pente de 
portière, parsemée d'abeilles (l'",87), 9oo fr, — Deux manchettes de 
fauteuil de représentation, fond rouge, en laine, parsemé d'abeilles 
(0™,3o), 90 fr. — Un dossier de fauteuil de prince, avec aigle et or- 
nements, sur fond rouge, en laine, parsemé d'abeilles (0'",29), 590 fr. 

— Un fond de fauteuil de représentation, avec palmes et ornements 
rehaussés d'or, sur fond rouge en laine, parsemé d'abeilles f0'",55), 
1,000 fr. — Une plate-bande de devant pour un fauteuil de représen- 
tation rehaussée d'or, parsemé d'abeilles (0'",13), 110 fr. — Un des- 
sus de pliant, même décor (0"',4o), 900 fr. — Un autre, 900 fr. — 
Deux manchettes de fauteuil de représentation, même décor (0"\ 35), 
90 fr. 

Pièces terminées en 1812. — Atelier de haute lisse. Deux bordures 
fond uni, pour encadrer la pièce des Indes, dite les Taureaux 
(3"\35), 1,530 fr. — Six autres bordures (2'",12), 1,380 fr. —Deux 
portraits en buste, de Y Empereur (0'",67 chacun), valant 2,250 fr. 
l'un. Partie basse de cantonnière composée d'ornements et d'attri- 
buts sur fond cramoisi, en soie, parsemé d'abeilles, avec bordure 
(4"\18), 4.500 fr. — Deux bordures montantes pour la pièce des Indes 



250 LES FOIRXISSEURS DR NAPOLÉON 1'' 

dite le Cliameau (3'", 01), 1.20U IV. — La pièce des ladcs, diteles Tau- 
reaux (17'". 04), 3(),î)00 fr. 

Alelicr de basse lisse. Fonds de fauteuils à petits bouquets sur 
fond jaune, en soie, à 630 fr. — Tonds de fauteuils de prince, avec 
aigle et ornements rehaussés d'or, sur fond rouge, en laine, par- 
semé d'abeilles, à 770 fr. l'un. — Dossier de fauteuil à petits bou- 
quets, sur fond jaune, en soie, à 300 fr. — Dossier de fauteuil di' 
prince, avec aigle et ornements, sur fond rouge, on laine, parsemé 
d'abeilles (0"", 27), 660 fr. — Dossiers de chaises de princesse, avec 
casque et ornements rehaussés d'or, sur fond rouge, en laine, par- 
semé d'abeilles, à 4o0 fr. — Fonds de chaises de princesse avec 
milieux et ornements sur fond rouge, rehaussés d'or et parsemés 
d"abeilles, à 4G0 fr. — Dessus de pliants, même décor, de 0'",4o, 
l'un 900 fr. — Feuilles de paravent avec figures et ornements du 
même genre, à 1,000 fr. Tune. — Manchettes et plates-bandes pour 
chaises et fauteuils de princes et de princesses, à 12 fr. 50 et 18 fr. 



Service des présents de l'Empereiir. 

19 avril 1806. — Par ordre de l'Empereur, trois tapisseries sont 
envoyées au cardinal Caprara, légat du Pape : le Baptême de Jésus- 
Christ ; — le Lavement des pieds ; — la Pêche miraculeuse. Leur 
prix total est de 27,468 fr. 

10 mars 180G. — M. Guillaumot, administrateur des Gobelins, écrit 
à l'Intendant général de la maison de l'Empereur qu'il a été avisé 
■que le minisire de l'intérieur devait choisir une tapisserie pour être 
remise en présent à M. le comte d'Altamira, grand écuyer de la cour 
d'Espagne. 11 attend qu'on vienne faire ce choix. 

4 mai 1806. — Présents de cinq tapisseries au roi de Wurtemberg. 

6 mai 1806. — Lettre du conseiller d'État, administrateur général 
de la maison de l'Empereur : « Votre Majesté, Sire, m'a fait l'honneur 
de me dire que son intention était de faire un présent de tapisseries 
<les Gobelins à S. A. Electorale le prince de Bade. J'ai Ihonneur de 
proposer à Votre Majesté, pour composer ce présent, les cinq pièces 
suivantes qui m'ont paru le plus convenables parmi celles qui exis- 
tent dans le magasin de la manufacture, savoir : V Apparition de la 
croix à Constanti7i, 5,272 fr., — Joseph vendu, p)ar ses frères. 



LES MANUFACTURES DES GOBELIXS ET D AUBUSSON 231 

3,738 fr.; — V Evanouissement d'Esther, 3,713 fr. ; — V Arrestation 
(VAnian, 5,32G fr. ; — Iléliodore chassé du Temple, 7,801 fr. 

Cette lettre est ainsi apostillée : Approuvé. Signé : « Napoléon. » 

25 juillet 1806. — Treize pièces de tapisseries sont remises à 
M. Rollier, intendant général de Madame Mère, pour meubler son 
château de Pont. 

Grand salon : Y Eté; — V Automne; — Y Hiver ; — Apollon; — 
Bacchus ; — Latone ; — le Parnasse. Ensemble : 30,320 fr. 

Petit salon : le Bal de Don Quichote ; — le Vol de l'âne; — la 
Dorothée; — la Fausse princesse ; — Don Quichotte et le Barbier. 
Les cinq morceaux : 17,386 fr. 

Pour le petit cabinet : Psyclié et r Amour, 2, "366 fr. 

1807. — Présent à S. A. le prince primat : la Vestale Clélie, 
lo,7oi fr. ; — la Madeleine chez le Pharisien, 9,993 fr. 

Au grand-duc de Bade : la Peinture, 7,520 fr. ; — Vase de /leurs, 
701 fr. 

Au prince Borghèse : le Déjeuner de la Sultane, 5,940 fr.; — Vase 
de /leurs, 700 fr. 

Au grand-duc de Berg : la Mort de Vamiral de Coligny, 8,450 fr. 

Au prince de Neufcliàlel : un sujet de la tenture des Indes, le 
Chameau : 6,700 fr. 

15 octobre 1808. — Etat des tapisseries offertes au prince Guillaume 
de Prusse : la Reconnaissance dTphigénie et d'Oreste, 14,286 fr. ; — 
le Courage des femmes de Sparte, 8,000 fr. ; — Coligny de Chastillon 
devant ses assassi^is, 16,680 fr. {Arch. des Gobelins, chemise 1808, 
Dons.) 

4 février 1809. — Livré au comte de Romansoff : une Fête à Bac- 
chus ou l'Automne, 19,000 fr. ; — les Saturnales ou Vlliver, 
13,000 fr. 

Après les fêtes et réceptions de l'entrevue d'Erfurt Napoléon offrit 
au comte Tolstoï les tapisseries qu'il avait fait venir pour orner l'ha- 
bitation où il devait recevoir tant de princes et de tètes couronnées. 

Ces tapisseries au nombre de dix valaient 37,200 fr. ; c'étaient : 
cinq pièces de Beauvais, figurant des Jeux russes ; — deux pièces 
aussi de Beauvais, offrant des Scènes chinoises. Les trois autres tapis- 
series, tissées aux Gobelins, représentaient des sujets de Jason et 
Médèe, la Fureur des taureaux, la Robe empoisonnée, le Mariage de 
Jason. {Arch. des Gobelins.) 

6 décembre 1809. — L'Empereur aimait beaucoup son bon ami le 



•2;ji LES FOI RNISSEimS DE NAPOLfiOX l*^'" 

roi (-le Saxe, le seul qui lui resta fidèle jusqu'à la lin. .Najjolèou lui 
envoya pour orner son palais Je Dresde, de magnifiques tapisseries 
ainsi désignées aux Archives des Gobelins : Joseph reconnu par ses 
frèrjs, 17,700 IV. ; — r Évanouissement cVEslher, 17,^J00 fr. — 
r Arrestation d'Aman, 17,300 IV. ; — le Combat des Romains et des 
Sabins, 20,:200 fr. ; — JJnée quittant Troie embrasée, 13,000 fr. ; 
— le Sommeil de Renaud, 12,400 fr. ; — Portrait en buste de VKm- 
pereur, l.GOO fr. 

29 décembre 1809. — Offert au roi de Wurtemberg : Léonidas et 
Cléombrotte, 13,600 fr. ; — Aria et Pétus, 12,600 fr.' Cn Portrait 
en buste de V Empereur, avec cadre, 1,800 fr. 

1810. — Pour le prince de Bade : V Enlèvement de Proserpine, 
d'après Vien ; — V Enlèvement d'Europe, d'après M. Pierre; — 
A(/laure, d'après le même; — Pysché et V Amour, d'après Belle père. 

1810. — Pour le Roi et la Reine de Bavière : deux pièces du sujet 
des Indes, de Desportes, le Zèbre et le Chasseur. 

1811. Présents à V occasion du nouvel an. — A la reine Hortense : 
r Empereur distribuant des sabres d'honneur aux grenadiers de sa 
garde, d'après le tableau de Gros (H. 3'",23), 16,000 fr. 

A la princesse Pauline : l'Empereur gravissant les Alpes d'après 
David (H. 2"\94), 15,000 fr. 

Au vice-roi: un portrait en pied de V Impératrice Joséphine, dans 
les habits impériaux (II. 2"\33;, 10,000 fr. 

A la reine Hortense : un portrait en pied de Joséjjhine, assise sur 
un canapé, sans bordure (H. 193), 12,230 fr. 

Au cardinal Fesch (frère de Madame Mère et oncle de l'Empereur) : 
un Morceau représentant deux Canards et un Vautour, d'après Des- 
portes (II. 1™,09), 4,373 fr. 

A M""- de Ségur : un Morceau représentant des Perroquets, d'après 
Barraban, pour servir d'écran (H. 0"',78), 1,467 fr. 

1811. Baptême du Roi de Rome. Présents aux parrain et mar- 
raines. — Le baptême du Roi de Rome eut lieu à Notre-Dame, le 
2 juin 1811. Le parrain, l'empereur d'Autriche, était représenté par 
le grand-duc de Wurtsbourg qui reçut divers présents, entre autres 
deux tapisseries des Gobelins, Cornélie, mère des Gracques, 
20,762 fr. ; — le combat de Mars et de Diomède, avec bordure et 
coins, 36,384 fr. 

Le royal enfant eut deux marraines, Madame Mère et la Reine 
Hortense. L'Empereur leur donna deux tapisseries ; pour la première 



LES MANUFACTURES DES GOBELINS ET d'aUBUSSON 25:] 

marraine, Méléagre entouré de sa famille, 24,801 fr.; pour la 
seconde, l'Offrande à Paies, avec bordure et coins ajoutés, 18,o72 fr. 

1812. — Au roi de Wurtemberg : Fruits et animaux des Indes, 
les armoiries de Sa Majesté : 48,210 fr. 

1813. — Etat des tableaux en tapisserie qui peuvent être mis <à la 
disposition de LL. MM. l'Empereur et l'Impératrice pour faire des 
présents à l'occasion du jour de l'an : 

Deu.k bustes de VEmpereur dans les habits impériaux, d'après 
Gérard, avec le cadre doré. Carré de chaque tableau 0'",67 ; pri.K de 
chacun, 2,2o0 fr. 

4 janvier 1813. — Lemonnier, le nouvel administrateur des Gobelins, 
supplie le duc de Cadore de faire ordonner par M. Denon « une copie 
du charmant portrait du Roi de Rome, peint par Gérard, dont on 
aurait le temps, ajoute Lemonnier, de faire deux tableaux en tapis- 
series et qui, joints aux bustes de Sa Majesté que je vais faire répéter, 
fourniraient des présents précieux. 

« Je vais pareillement solliciter de M. Gérard, la répétition 
prompte du portrait de Sa Majesté l'Impératrice ordonné depuis 
longtemps à la manufacture... » 

Paris, 9 octobre 1813. — Lettre adressée au baron Denon, directeur 
du Musée Napoléon, par le duc de Cadore : « xMonsieur le baron, 
M. l'administrateur de la manufacture des Gobelins m'expose qu'il 
serait nécessaire que cette manufacture eût un portrait en buste de 
l'Impératrice afin de le faire copier en tapisserie, pour être offert en 
présent avec les bustes de l'Empereur qu'on y exécute tous les ans. 
Il désire en conséquence obtenir une copie du buste de Sa Majesté 
l'Impératrice, d'après le portrait en pied qui a été peint par 
M. Gérard. 

« J'ai l'honneur, M. le baron, de vous prier de faire cette 
copie dont la dépense sera prise sur le fond de 8,000 fr. accordé par 
le budget de 1813, pour tableaux à faire faire ou à copier pour la 
manufacture des Gobelins. {Arch. des Gobelins.) 

l'^'janvier 1814. — Présent au prince de Neufchàtel (Berthier) d'un 
portrait de VEmpereur, dans un cadre doré, 2,o00 fr. {Arch. 
nat. 0^202.) 



25 i LES FOURMSSELP.S DK NAPOLf:0\ l''" 



VI 



Nous consacrerons, pour finir, quelques mois à la manufaclurs 
(.l'Aubusson, rivale de celle des Gobelins. 

En date du 9 juin 1807, les fabricants de la Manufacture de tapisse- 
ries et tapis de pii'd d'Aubusson adressaient à leur préfet, pour 
parvenir au ministre, une requête par laquelle ils sollicitaient du 
gouvernement des commandes et un secours d'argent, sous forme 
d'emprunt. 

e La Manufacture de tapisserie et tapis d'Aubusson doit, dit-on, son 
origine aux Sarrasins qui apportèrent en France ce genre de travail. 
Colbert forma dans ce genre les belles manufactures des Gobelins et 
de la Savonnerie et accorda à la nôtre plusieurs privilèges, entre 
autres la franchise des maîtrises et impositions. 

« M. de ïrudaine, à qui le commerce doit tant de reconnaissance, 
y établit aux frais du gouvernement une école de dessin, et un inspec- 
teur fit délivrer tous les ans quelques tableaux de divers genres et 
exécuter des commandes dans les temps de disette. Aussi cette 
fabrique, la seule en ce genre, avait-elle étendu ses débouchés et, au 
moment de la Révolution, on comptait de 900 à 1,000 ouvriers 
occupés, dont plusieurs rivalisèrent de talent avec ceux des Gobelins, 
particulièrement pour les fleurs; pouvant établir plusieurs qualités, 
ces ouvrages sont à la portée de tout le monde et le débit en est plus 
considérable. 

<t Les circonstances lui font éprouver bien des pertes, mais on doit 
au zèle des fabricants soussignés la conservation des meilleurs ouvra- 
ges; ils ont lutté avec persévérance et par des sacrifices ils ont 
donné quelque circulation ; mais le débit n'a pas été en raison de la 
fabrication, leurs magasins sont encombrés 

« Envoyer auxdits fabricants les commandes que le ministre 
désire faire exécuter, avec les mesures et plans. MM. Rogier et Sal- 
landrouze présenteront alors au ministre les dessins et esquisses qui 
pourraient convenir aux dimensions et, sur son approbation, feront 
exécuter en grand les dessins. 

« S. E. le Ministre se tromperait s'il divisait sa commande ; cette 
fabrique ne ressemble nullement aux autres manufactures, la per- 
fection des ouvrages dépend particulièrement de la beauté du dessin 



LES MANUFACTURES DES GOBELINS ET D AUBUSSOX 2o"y 

et il n'en est pas un d'une mesure ordinaire, qui ne revienne de cinq 
à six cents francs, dépense si considérable que MM. Rogier et Sallan- 
drouze qui depuis dix ans en font seuls les frais, ont dépensé plus de 
30,000 fr. pour les dessins exécutés par les meilleurs artistes de la 
capitale ; c'est à ces tableaux qu'on doit les beaux tapis qui ornent 
aujourd'hui les palais des princes Murât, Borghèse et Eugène... » 
{Arch. nat. 0-6i>-2.) 



CHAPITRE VI 



LA MANUFACTURE DE CRISTAUX DU M N T - C E N I S 



Manufacture de S. M. l'Impératrice et Heine. Cristaux du Monl- 
Cenis. 

La fabrique du Mont-Cenis a produit, sous l'Empire, de fort jolis 
cristaux, tels que lustres, candélabres, services de table, vases magni- 
fiques et objets divers, d'un galbe élégant, supérieurement taillés et 
gravés. L'usine eût eu beaucoup de mal à se soutenir, sans l'auguste 
protection que lui accordait l'impératrice Joséphine, avec l'approba- 
tion de l'Empereur. 

Dans le courant de l'année 1806, le ministre de l'Intérieur écrivait 
à M. de Talleyrand, ministre des Relations extérieures : «... Je viens 
aujourd'hui appeler votre attention sur la fabrique de cristaux du 
Mont-Cenis. Cette fabrique est l'une des plus belles de l'Empire. Les 
produits qui s'y établissent sont remarquables par la pureté de la 
pâte, l'élégance et la variété des formes, le goût, la richesse et la 
perfection des ornements, et je verrais avec plaisir que vous vous 
adressassiez à M. Ladouepe-Dufougerais à qui elle appartient, pour 
quelques-uns des objets dont vous pourrez avoir besoin. Aucune 
manufacture n'a plus de droits que lui à la bienveillance du gouver- 
nement. Il n'emploie point le bois dans sa fabrication ; il y supplée 
par la houille et en cela il mérite une protection spéciale, puisque 
l'usage de ce dernier combustible tend à prévenir la dévastation de 
nos forêts... » 

Talleyrand répondit : 

«... J'ai voulu juger par moi-même si ils (les produits du Mont- 



Genis) étaient de nature à ligurer avec avantage parmi les productions 
les plus remarquables de l'industrie nationale. J'ai été très satisfait de 
l'élégance des formes, de la perfection de la taille et de la gravure ; 
à la vérité, la pâte m'a paru laisser encore quelque chose à désirer et 
n'avoir point tout à fait acquis la pureté et la transparence de celle 
de fabrique anglaise. 

(S. J'ai cru devoir accorder au propriétaire de rétablissement la 
protection (?) (luil sollicite et, en conséquence, je lui ai fait la 
demande d'un service de cristal et de pièces accessoires...» 21 juillet 
1806. 



II 



L'année suivante, Dufougerais adresse une pétition au prince de 
Bénévent. Il sollicite la faveur de comprendre ses cristaux parmi les 
objets destinés au dépôt des présents au ministère des Relations 
ex-térieures, et de composer l'assortiment de lustres, services de dessert, 
aiguières riches et vases d'ornement, de manière qu'il s'élève à une 
somme de 80,000 à 100,000 fr. « Cette consommatiou compensera 
en partie celle dont je suis momentanément privé par les eflets de la 
guerre ; elle soutiendra, dans des circonstances difficiles, l'activité de 
mon établissement ; il vous devra, pour ainsi dire, sa conservation, et 
cette conservation. Monseigneur, sera sous le rapport des arts l'un des 
beaux monuments de votre gloire. » 

La pétition est accompagnée de cette note, signée de l'Impéra- 
trice : 

« Monsieur le prince de Bénévent, je recommande à votre bienveil- 
lance la demande cy-jointc du Sieur Dufougerais, entrepreneur de la 
Manufacture de cristaux du Mont-Genis. Ses travaux pour soutenir et 
perfectionner cet utile établissement le rendent digne de votre intérêt, 
et je serai charmée que vous trouviez l'occasion de lui être utile. 



« JOSÉPUIXE. 



« A l'aris, le 8 avril 1807. » 



•2o« LLb FOLllMSbhl i;> Dl-, NAl'OLLON T'' 



11 



L'Eiiipcicur (laiyiiu aii>.^i s iuLùrcssci" à ccLLc labriiiuc célèbre, duiil 
les plus beaux i)ru(luils lurent, sur sou ordre, compris parmi les 
présents diplomali(|ues et dans l'ameuldement des palais impériaux. 
[Affaires étran[/rres. Complabililé, 171)5 à 1815. Ouvrages impri- 
més et objets d'art.) 

ïhomire livra eu I8l:i, pour le grand cabinet de l'Empereur àSaint- 
Cloud, deux grands lustres de chacun cinquante bougies ; les cristaux 
fournis par l'usine du Mont-Cenis revenaient pour chaque lustre à 
3,53-2 IV. {Arc/i. nat. 0-%j55.) 

A cette époque, on pouvait lire surl'enseignedunuméroSdelaruede 
Bondy ; Douepe, du Fougerais, seul dépôt des cristaux du Mont-Cenis, 
fournisseur de Leurs Majestés Impériales et Royales. Fabrique de 
Flint glass propre aux opticiens. 



CHAPITRE VII 



LA MANUFACTURE D'ARMES DE VERSAILLES 



La Manuracturc d'armos de Versailles était déjà céléjjre, sous le 
Consulat, [lai- la perfection et la richesse de ses produits. C'est elle 
(jui lournissait les armes d'honneur, sabres, pistolets, fusils que le 
Premier Consul décernait aux militaires qui s'étaient distingués sur 
le champ de bataille. 

Le 28 fructidor an VIII, Boutet, directeur-ariiste de la Manufac- 
ture nationale d'armes, à Versailles, réclame 20,000 fr., montant du 
prix d'une armure destinée au prince de la Paix. 

« Lorsque je vous livrai l'armure destinée au prince de la Paix, 
écrit-il au ministre des Relations extérieures, vous eûtes la bonté de 
me promettre de me faire payer dans la même décade la somme de 
20,000 francs, montant de celte armure. Sur la foi de cette promesse, 
j'ai mis la plus grande activité à la fabrication des armes destinées 
au roi d'Espagne, et je me verrai avec peine obligé de la ralentir si 
vous n'avez la bonté de me faire payer promptement cette somme. 
« Salut et respect, 

« A. BOLTET. » 

D'ailleurs, dans une autre lettre adressée au même ministre et 
datée du 14 frimaire an IX, Boutet s'exprimait ainsi : 

« Je vais, citoyen ministre, vous donner quelques éclaircissements 
sur la différence de l'armure du prince de la Paix d'avec celle de 
l'amiral Massarédo. 

« D'après un arrêté du Directoire, le ministre de l'Intérieur me lit 
la commande d'une superbe armure pour le prince de la Paix. 

« Cette aruuire fut mise en fabrication, et je portai tous mes soins 



20U M;S lOl HMSSKUiS Di; NAl'OLliO.N 1" 

à ce que la richesse et la iMillaiile cxéculion piisscnl honorer les arls 
rraii(;ais chez rélranfj;er. 

« DilTérciilcs cominaiules pressaiilcs, l'aile.-- par le ytiiverueiueul, et 
le niaiique de fonds, me firent laisser en arrière celle armure. 

« Voire lellrc du 1:2 l'rimaire an ^'ll m'en fit le rappel, sans pen- 
ser à la première demande, vous me laviez commandée pareille à 
celle de l'amiral xMassarédo. Je ne pensai miiMix l'aire que de finir 
celle commencée pour le prince, ([ui ne ressemblait en rien à celle de 
l'amiral dont la commande fut si pressée, quelle nest que le travail 
de quatre ou cinq mois, tandis que celle du prince de la Paix est le 
fruit d'un travail de deux années; de plus, le décor de celle de l'ami- 
ral est en argent et le décor de celle du prince est en or massif, et 
la différence est si grande en totalité qu'elle ne peut souffrir de 
comparaison. 

« Cette armure est bien certainement ce que j'ai fait faire de plus 
précieux. Elle prouvera à l'étranger que la Manufacture nationale 
d'armes de Versailles a rendu le reste de l'Europe ses tributaires en 
cette partie... » 

11 est probable que Boutet ne tarda pas à être payé, car le 13 ni- 
vôse an IX, M. de Ghampagny, ministre des Affaires extérieures, lui 
écrivait en ces termes : « J'ai besoin, citoyen, pour le service de 
mon département, de trois ou quatre nécessaires d'armes, composés 
chacun d'une carabine et d'une paire de pistolets renfermés dans 
leur boite d'acajou, et dans le prix de 6,000 fr. l'une. Je vous prie de 
vous occuper immédiatement de ce travail et de donner tous vos soins 
à sa prompte exécution. Vous n'épargnerez rien sans doute pour 
que ces ouvrages, par leur richesse et leur perfection, remplissent 
les vues que je me propose, et ajoutent encore à la réputation de 
votre établissement. » 

6 septembre 1806. — Boutet, directeur de la Manufacture iuipé- 
riale d'armes de Versailles, livre au duc de Cadore, ministre des 
Relations extérieures, une paire de [)islolets riches, du prix de 
3,000 fr. aux armes de M. Franquini. 

18 janvier 1808. — Boutet demande 3.000 fr. p(mr un fusil tour- 
nant, garni d'argent ciselé à riches fonds d'or, « qui a été envoyé 
par le dernier courrier à M. de Caulaincourl, ami)assadeur en Rus- 
sie ». {Affaires étrangères. CoïiiptabiUlé, 1705 à 1815. Ouor. ùnpri- 
niés ei objets d'art.) 



CÏTAPITRE Yllt 



LES HORLOGERS 



I 



Parmi les objets d'art destinés à l'ameublement des palais impé- 
riaux, les pendules jouaient un certain rôle, au point de vue de la 
décoration. 

Les nombreuses fournitures de ce genre en font foi. 



II 



Bailly, borloger, rlie de Ricbelieu. En 1808, il livra à Compiègne, 
pour le salon des princes, une pendule en bronze doré, représentant 
r Elude, 1,900 fr. 

Four la salle de bains. — Une pendule forme borne antique, 
ornée de bronzes dorés, 530 fr. 

Pour le salon-cabinet . — Une pendule à équation de 4,000 fr. 

Pour Vapparlemenl de l'impératince. — Une pendule à figure 
dorée, figurant V Astronomie, 7u0 fr. 

Ailleurs, quatre pendules de marbre, forme borne antique, or- 
nées de bronzes dorés, à 530 fr. chacune. 

En 1809, il fait une soumission (acceptée) par laquelle il s'engage à 
fournir pour l'appartement de l'Impératrice à Compiègne six pen- 
dules moyennant 5,300 fr. ; deux d'entre elles ont l'aspect d'une 
borne antique, en marbre orné de bronzes dorés, représentant sur 
l'une le Génie de l'Etude. (Arch. nat. 0"34.) 



HCi \.v^ iniRMssF.T'ns DE \.\roi,i';o\ i 



op 



•Iiiillcl ISIO.— Potn' Icpalah de Compii'''gne. ApparlemenI do l Im- 
pératrice, au rez-de-chaussée. — Une pendule ù figure ollVaiil uno 
Elude en uK'ditalion, 4,800 fr. 

Appartement de prince, mi rez-de-chaussée. — Une pendule, forme 
borne en marbre noir ; douilles socles ornés de bronzes dorés figurant 
un Génie, une llenomméc, deux Thermes et une guirlande, 490 fr. 

Appartement de la dame d' honneur . — Salon. Une pendule de bronze 
sous l'aspect d'une colonne tortillée de lierre en spirale. Socle et sou- 
bassement dorés et ciselés, 460 fr. 

Le mois suivant, Bailly livre pour le Salon de Musique, faisant par- 
tie des appartements de l'Impératrice, <à Compicgno, une pendule de 
8.800 fr. — Elle représente deux figures égyptiennes en jjronze doré 
au mat, avec socle en marbre orné d'un petit bas-relief en bronze 
ciselé : la Leçon d'Astronomie. 



m 



LEPAUTE,oncleet neveu, horlogers del'Empereur, rue Saint-Thomas- 
du-Louvre. 

En 1808, ils font une soumission, rpii est acceptée, et s'engagent à 
fournir, moyennant 1 .5ii0 fi-., trois pendules pour trois appartements 
de princes, à Fontainebleau. [Arch. nat. 0-34.) 

12 mai 1812. — Pa/rtzs des Tuileries. Premier étage . Premier Salon. 
— Une grande pendule tout en bronze forme d'architecture, avec 
archivolte surmontée d'un groupe de deux génies des sciences posés 
sur des nuages, 1,200 fr. 

Chambre à coucher du Roi de Rome. — Pendule de bronze à 
figure, représentant la Mime de V Histoire debout et appuyée sur 
un corps d'architecture, en forme de borne antique, 1,100 fr. 

Deuxièîne chambre à coucher. — Une pendule tout en bronze, 
forme d'architecture, ornée de quatre colonnes qui soutiennent un 
entablement. L'archivolte est décorée de trophées de guerre et autres 
ornements, 1,000 fr. 

Une pendule tout en bronze, en forme de de', ornée sur la face de 
devant d'une frise et quatre camées: sur les côtés, deux figures en 
bas-relief, Cérès et Pomone, 590 fr. 



LFS IIORLOr.F.nS im 

Entresol da premier étage. Salon. — Une penclulo à figure en 
bronze, représentant une Etude debout appuyée sur des livres, 7(S0 fr. 

Première chambre à coucher. — Une pendule de bronze, forme 
d'architecture, décorée de pilastres et de guirlandes de fruits et de 
fleurs ciselées et dorées au mat. La face de devant de cette pendule 
est ornée de deux camées, oUO fr. 

Cabinet. — Une pendule tout en bronze, forme de piédestal, sur- 
monté d'un groupe de figures représentant un Enfant qui reçoit 
une leçon de sa mère, ayant près de lui des attributs militaires, 
380 fr. Total : o,610 fr. 

Ces fournitures, dit une note, sont pour le pavillon des enfants de 
France, aux Tuileries. [Arcli. nat. 0-84.) 

Enfin, le:2l mars 1(S13, Lepaute fournit pour le service des présents 
vingt-quatre montres à répétition, en or, avec leurs chaînes, clefs et 
cachets également en or. 



IV 



MuGNiER, horloger de l'Empereur. 

Février et avril IKOG. — Pour diverses réparations faites aux 
montres de Sa Majesté, dont une grosse montre de voilure, 3o6 fr. 



CIIAIMTIÎi: l\ 



LES FONDEURS - CISELEURS BRONZIERS 



Depuis le siècle de Louis XIV jusqu'à la (in du règne de Louis XYI, 
le goût du bronze ciselé fut très répandu et enfanta des merveilles. 

Quoique les bronzes de la période impériale n'aient pas le mérite 
exceptionnel de ceux des époques antérieures, on aurait tort de 
croire que l'art du fondeur-ciseleur n^ait jeté alors aucun éclat. Les 
bronziers du premier Empire ont, au contraire, produit une foule 
d'objets charmants fondus et ciselés dans la perfection, et supérieure- 
ment dorés, qui sont aujourd'hui très recherchés. 

Nous donnerons ici les noms des principaux fondeurs-ciseleurs avec 
la nomenclature de leurs fournitures les plus remarquables. 



II 



1807. — Soumission de Blaviît, fabricant de bronze et dorure, 
119, rue Saint- Martin. 

Pendule figurant Erigone à l'instant où elle est séduite par Bacchus 
métamorphosé en raisin, 1,1 oO fr. — Pendule de cabinet, représen- 
tant une Femme et un Papillon^ 400 fr. — Groupes de cheminée, un 
Avare einnQ Bohémienne, les deux, 420 fr. — Pendule représentant 
Achille faisant serment de venger la mort de Patrocle, 2,400 fr. 
{Arch. nat. 0-6i2:i) 

1811. — GuAUMONT, fabricant de lustres, rue Chapon, fournit jinur 
Trianondeux lanternes, 1,100 fr. et trois lustres à dix-huit lumières, 



Li:s i"OM)i;i lis -njr^ 

dorés d'or moulu, (irrirs de cristaux du iMonl-Conis. Leur prix ost 
facturé comme suit : '2.\)?>?> fr. ; 3,491 IV. ; :>,47?> fr. {Arc/K nat. 
0-555.) 

1813. — Valentin reçoit 1,200 fr. pour rentretien de la liistrcrie de 
Compiègne. {Arch. nat. 0-556.) 

1807. — Denikre, fabricant de bronzes, fait une soumission de pen- 
dules, candélabres, flambeaux, vases, aiguières, bras, d'un ricbe tra- 
vail. 

Une pendule représentant un petit Amour soufflant une lampe, 
400 fr. — Candélabres à iigures, 2!250 fr. ; 2,500 fr. {Arch. nat. 

0:(;23.) 

DupoRT et FILS, fabricants de bronzes, rue Montmartre, 25. 

A l'Exposition industrielle de 1806, ils ont envoyé divers ouvrages 
en bronze ciselé provenant de leur fabrication. «Ces ouvrages, traités 
avec soin, dit le rapport, leur ont valu une mention honorable. » 

Soumission de Duport et fils, fabricants de fjronzes dorés, 161 , rue 
Mont7nartre. 

Pendule figurant Mars et Vénus, sur le socle, la Toilette de Vénus 
et le Jugeynent de Paris ; le, tout porté sur quatre griffes de lion ailé, 
3,300 fr. — Pendule, Zéplujre et Psyché, 2,350 fr. — Pendules diverses • 
Arthémise en pleurs, 940 fr. ; Télémaciue et Mentor, 1,480 fr. ; Vénus 
au bain, contemplant la pomme qu'elle vient de recevoir des mains 
de Paris, 640 fr. ; Amour ailé, 605 fr. — Flambeaux, feux, bras, 
lustres, lanternes, girandoles, d'une très belle exécution. {Arch. 
nat. 0^623.) 

Galle, fabricant de bronzes, rue Yivienne, prit part à l'Exposition 
industrielle de 1807 et reçut une médaille d'argent de deuxième classe. 
11 présenta diverses pendules, dont une fut très remarquée. « Celle où 
une femme voile un cadran et ne laisse apercevoir que l'heure mar- 
quée par la pendule. » 

Galle a fait d'importantes fournitures pour les palais impériaux. 

An XllI (1804). — Il fournit pour le grand ïrianon des flambeaux 
de bouillotte et autres; des bras, lanternes, lustres, des feux à lionnes, 
à sphinx, à têtes égyptiennes, bronzés et dorés au mat, 15,119 fr. — 
Pour Saint-Cloud, des flambeaux à cuvettes, à griffes, à joncs et 
godrons, des œufs et recouvrements dorés, 731 fr. 

1807. — Corbeille de mariage pour la princesse Catherine de Wur- 
temberg qui épousa le prince Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie. 



2t)G i.KS roi nxrssr.i ns ni', xapom-ox T'' 

le û?> nnùl 1S()7. ].o cnfïvc soiil. nrnr do riolios bronzes ciselés cl dorés, 
avee cliiHVes et lèlcs d'aiiïles, valait (),()()() fr. '. 

1810. — Diverses roiiriiilures poiir la Muelte, rendez-vous de 
chasse de la foret de Saint-Germain. 

1810. — Appartement de rimpératrice, 3'- salon. — Un lustre à 
80 lumières sur un seul rang garni de cristaux, 6.000 fr. — Deux 
paires de candélabres forme babistre à colonne, à cinij branches or 
mat, 2.400 fr. 

Autre salon. — Deux paires de bras à 4 branches, têtes de vieil- 
lards et enfants, dorés encore mat, l,2o0 fr. 

Ailleurs. — Paires de bras à cercle, avec tête de lion ou vase à 
flainnio : bras à branches avec boucliers, dore'sd'or moulu, 24,459 fr. 
Soufflets à deux vents, l)alais d'àtre, i)ougeoirs, flambeaux d'argent 
ou dorés d'or moulu, feuxà bouleset chevaux marins — feux à boules 
et palmettes à boules et lions — Feux à Itoides avec couronnes et 
flèches, thyrses et couronnes à bornes et palmettes découpées, etc. 
{Arch. nat. 0-o5o.) 

Lakond livre, en 1811, une superbe lanterne de cinq pieds de haut 
sur deux pieds de large, offrant des aiglons et des coqs, des génies, 
des faisceaux de flèches, houlettes, cnniudis. en bronze doré au mat. 
.^,r]00 fr. {Arch. nat. O-'ooo.) 

ll.WRio, fondeur-ciselcur-dorciir, rue de la Lui, prit part à l'Ex- 
position industrielle de IHOK o{ obtint une médaille d'argent de 
deuxième classe. 

Novembre '1804. — Un mémoire de (nurnilures pour Fontainebleau 
s'élève à 11,013 fr. Nous remarquons : 

Un grand feu à vase et feuille, en or moulu, avec fers, pelle. i)in- 
cette et tenaille, 600 fr. — Un feu très fort à lionnes, 700 fr. — Vw 
autre très grand à vase. SIX) fr. — Un autre très large à animal 
bronzé, le reste doré, Ti^O fr. — Une pendule à sphinx et aigle. 000 fr. 
— Bras, giranddli's. Il.iinbcnux. hongeoirs. 

' Celte corbeille renfermait trois robe» do dentelles dont une de 13,00(1 fr. et 
une autre de 6,000 fr. ; trois voiles : un rond, 'J.iOO fr. ; un carré, 1.000 fr., un 
long, 3,100 fr. ; des etolTcs lamées d'or et d'arj^'ont, pour 13,.M;2 fr.; une redini,'oto 
brodés 900 fr. ; une robe cacliemire brodée, 900 fr. ; quatre châles cachemire 
brodée, jaune, noir, blanc, amarante, .'^),I9'2 fr. ; treize éventails, 9-22 fr.; vinf^t- 
quatre douzaines déliants, 1,1S0 fr. ; toques, oie. 1,120 fr. : l)ouquets et guirlandes, 
1,1 16 fr. ; une robe brodée en perles d'acier, 3,000 fr. ; deux robes de crêpe, fleurs 
appliquées, 2.400 fr. ; un sultan brodé. 800 fr. ; objets divers, 11,908. — Tiitai : 
70,000 fr. 



LF.S FOXDErnS 21 



> t 



Pour Sa Sainteté, il livre des flambeaux et bougeoirs grands et 
petits, un flambeau à longue queue, dit d' Evoque, doré d'or moulé, 
des sonnettes argentées et dorées, le tout facturé 903 fr. — La même 
année, il fournit aussi, pour les Tuileries, divers bronzes cotés 600 fr. 

4810. — li.vvRio, fabricant de bronzes el dorures. 93, rue de Riche- 
lieu, fait une livraison pour (-ompiègnc facturée r),71() fr. 

Salon de Famille. — Un grand feu à vase et boule, appliques à 
Renommées, doré d'or moulu, \W) fr. — Une paire de bras à foudres, 
à cinq branches, doré d'or mat, 600 fr. — Deux paires de flambeaux 
à feuilles et canaux dorés, 168 fr. 

Salon de V Impératrice . — Un grand feu, à vase et boule, doré d'or 
moulu, garniture complète, 950 fr. — Deux paires de bras dorés <à 
brandons, de cinq lumières, Ijli^O fr. — Deux paires de flambeaux à 
carquois et pans dorés, 168 fr. 

Deuxième salon de V Impératrice. — Un très grand feu à aigles et 
cassolettes dori; et bronzé, garniture complète avec garde-feu en toile 
métallique vernissée, 1,!250 fr. — Deux paires de grands flambeaux, 
chapiteaux, dorés, ?»iO fr. — Deux paires de bras à couronnes, dorés, 
1,1-20 fr. {Arch. nat.OWi^.) 

TïïOMiRE, fondeur-ciseleur, d'un talent hors de pair. A l'Exposition in- 
dustrielle de 1806 il obtint la plus haute récompense, une médaille d'or. 

Le rapport du jury, conceruaut Thomire mérite d'être cité en entier : 

« L'Exposition de 1806 est la première à laquelle cet habile artiste, 
le premier de nos ciseleurs, ait pris part ; il a présenté une suite con- 
sidérable de pièces exécutées par lui ou sous sa direction. La chemi- 
ne'e en malachite, qui est un des plus beaux ameublements qui aient 
paru à l'Exposition, est destinée <à étendre la réputation de supe'riorité 
que les Français ont acquise dans les arts qui tiennent au goût. 
D'autres cheminées, quoique moins riches par la matière et par les 
ornements, ne font pas moins d'honneur à l'artiste qui les a exécutées. 
M. Thomire a employé des granits des Vosges et de la Haute-Saône 
qui ne le cèdent pas en beauté à ceux de l'Orient. 

« M. Thomire joint au talent de^j'exécution un goût éclairé et pur ; 
il emploie pour faire les modèles des bronzes qu'il doit ciseler, les 
plus habiles statuaires de la capitale et ceux-ci ne peuvent, qu'être 
flattés de la manière dont il sait rendre leurs compositions. Le jury 
décerne à M. Thomire, une médaille d'or. » 

Thomire est le plus célèbre ciselcur-bronzier du règne de Napoléon. 



2(iN LKS l(»l lîMSSKLUS DK NAI'OLKON l" 

piiiir lis pins lioaux n)ii»;irloiiionls fl(>s palais impériaux il a lourni tic 
siipt'iliis p(Mululos ;i siijt'ls, Irailt's do main ili^ ninilro ; des groupes 
en hn»n/(> ; des Insircs, des girandoles el des eandrlabres de grande 
dimension à figures de femme ailée, figurant laYictoireou leGénie,Ptc., 
toujours d'une exécution magistrale. 

On reproche à ce maître, comme ;i tous ceux de cette époque, 
l'abus des formes antiques, aussi ses premières œuvres faites sous 
Louis XVI sont celles les plus recherchées. Il fit en 1811, sur les 
dessins de Prud'hon, le berceau du lloi de Rome, offert par la ville 
di' Paris et conservé au musée du Mobilier national. La couchette 
en racine de frêne, surmontée d'une Victoire ailée, est très chargée 
de cuivres ciselés cl dorés. (Woirle Livre des collectionneurs, p. i2'iO.) 

TiiOMiRE, DuTERME et G'"' fabrique de bronzes, rue Tailbout. 

ISUT. —Groupe en bronze représentant l'Empereur, tenant d'une 
main la Victoire et appuyé sur Minerve et la Renommée publiant ses 
conquêtes, 12,000 fr. — Pendule. Vase étrusque, 2,200 fr. — Pendules 
à sujets : Le Serment à r Amour, 4,400 fr. — Le Génie des .Ir/s, 5,000 fr. 

— Sapho, 3,000 fr. — La même, plus petite, 1,100 fr. — Le Temps, 
V Amour et l'Amitié, 4,800 fr. — JJiane et Apollon, 2,400 fr. — Apol- 
lon sur un autel, 1,500 fr. — Tous ces sujets sont en bronze dit antique. 

— Les Quatre Saisons, groupées dans un char traîné par deux lions, 
conduits par un Amour, 4,500 fr. — L.Wstronomie, sous la-figure d'une 
femme égyptienne, 850 fr. 

Girandole à figure de femme, 2,400 fr. — Autre, à figure de femme 
ailée, 4,500 fr. — Autre, à trois figures groupées contre une colonne 
surmontée d'une boule, 4,500 fr. — Lustres à 2,800 fr. ; 5,500 et 
6,000 fr. [Arch. nat. 0-()23.) 

1809. — Pour le deuxième salon de V Impératrice. — Deux paires 
de girandoles composées chacune d'un trépied avec consoles, sur cha- 
cune desquelles sont des figures de femme ailée, en bronze ciselé et 
doré au mat, 6,200 fr. 

Pour le petit salon. — Une pendule à figure de femme, AxieEura- 
nie, portant sur ses épaules, le tambour dans lequel est placé le mou- 
vement. Au-devant de cette figure est un Amour arrêtant Euranie, 
bronze ciselé et doré, sur marbre orné de bronze ciselé; mouvement 
de Lepaute, 1,060 fr. 

Chambre à coucher. — Une pendule à grande figure de femme 
dite Sapho ; près de sa lyre, des livres de musique, 3,300 fr. 



Li:S FONDELliS 209 

Boudoir. — Pendant à ligure d'Amour « i)iucant de la lyre » bronze 
ciselé et doré, 7()0 fr. 
En tout, 1:2,090 iV. 

1810. — Flanil)eaux, Ceux, etc., 13,733 IV. 

•1811. — Pour la salle du Trône, aux Tuileries. — Quatre grands 
candélabres de buit pieds do liaut, d'après l'antique, en trépied ayant 
à chaque angle une Chimère ailée, en bronze ciselé et doré au mat, 
suivant l'esquisse acceptée par David ; quatre girandoles de même 
style, 60,000 fr. 

David, tout en acceptant le projet des candélabres, y fit faire quel- 
ques modifications ainsi qu'il le dit dans ce passage de son rapport : 
« J'ai examiné avec le plus grand soin le modèle du candélabre que 
m'a fait voir M. Thomire. Le premier aspect m'a fait plaisir, j'en ai 
loué les proportions et son élégance ; ensuite après un plus mûr exa- 
men, j'ai fait quelques observations pour la délicatesse du style que 
M. Thomire, très habile dans son art, a reconnu sur-le-champ, comme 
par exemple, d'enlever au-dessus du chapeau des feuilles recourbées 
qui faisaient confusion » {Arch. nat. O-06O.) 

1811. — Une paire de candélabres, d'après l'antique de S pieds de 
hauteur, en bronze ciselé et doré, 8,400 fr, 

181 :i. — Pour le grand cabinet de V Empereur à Saint-Cloud. — 
Deux lustres de chacun 10,000 fr. — Ces lustres étaient à 30 lumières, 
dont 20 au premier rang et dix au second. Les cristaux provenaient de 
la manufacture duMonl-Cenis et coûtaient, pour chaque lustre, 3,532 fr. 
Ateliers, 7, rue Boucherai. {Arch. nat. O-ooo.) 

Waflars, « fondeur-doreur rue Guérin-Boisseau, fabrique les orne- 
ments et patères antiques pour meubles et draperies; feux flambeaux 
de bouillottes et autres, dorés, argentés ». 

Le 7 frimaire an XIII, lors du couronnement, il fournit pour le ser- 
vice de Sa Sainteté, dix-huit flambeaux à ornements modernes ciselés, 
021 fr. — Un flambeau de bureau à deux branches, ciselé d'or moulu, 
o5fr. 



ClIAPITHK X 



LES RELIEURS 



L'Empereur avait beaucoup de goût, et aimait ce qui était élégant 
et riche. Aussi affectionnait-il particulièrement les travaux des artistes 
en reliure dont les noms suivent : 

François Uozkrian, rue de Tournou. ol, relia notamment pour la 
bibliothèque de l'Enqjereur : 

80octobi'e iHlU. — Deux grands volumes, grand Atlas en maroquin 
rouge doublé en tabis bleu, à 106 l'r. le volume : i21ïi fr. — Un carton 
de même grandeur en maroquin rouge, doul)lé de même, 90 fr. — 
4 volumes de texte in-fol., même reliure, IG(S fr. — Musée français 
3 vol in-fol. en maroquin rouge, large dentelle, doublés en tabis violet, 
dos à petits fers, oG3 fr. — Tous les volumes ci-dessus avec les armes 
de l'Empire d'Autriche. 

D'après ce dernier renseignement, il est aisé de conclure que ces 
divers ouvrages étaient un présent de Napoléon à son beau-père. 



11 



hii.wn.Lainc, iiu- (hi Foin-Saint-Jacques, 15, travaillait aussi pour 
l'Empereur. En 181U, il était chargé de relier le Traité des arbres et des 
arbustes de Duhamel, 4 vol. in-fol., grand papier. 11 demandait 80 IV. 
par vulume couvert en maroquin rouge, avec tabis, d(3ntelles et les 
armes. 



LES HELIELRS 271 

Son mémoire est ainsi apostille : 

<c Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de oU,U(JO Ir. que le budget 
de 1810 met à notre disposition pour achat de livres et entretien des 
bibliothèques. 

« Le comte Dic MoM'iîSQUiOU. » 



111 



Quant aux autres relieurs dont la cour impériale savait apprécier le 
talent, les Documents inédits en mentionnent cinq, savoir : 

BizoLARD, rue des Carmes, 26 ; celui-ci a beaucoup travaillé depuis 
l'an XIII (1804) pour la bibliothèque particulière de l'Empereur. 
{Arch. nat. 0-43). 

Lefebvre, quai des Augustins, 27, et Tkssier, rue de la Harpe, 12, 
ont aussi relié en J809 un grand nombre de volumes pour les bi- 
bliothèques des Tuileries et de Saint-Cloud. 

Meslam, rue de Grenelle, a travaillé en 1812 pour la bibliothèque 
de Fontainebleau. 

SiMiER, rue des Bons-Eiifaiits. 4t>, était le relieur de l'Impératrice 
[Arch. nat. U-42.) 



CM AnniK XI 



LES ORFÈVRES. — LES JOAILLIERS. — LES BIJOUTIERS 
ET LES GRAVEURS 



I 

Pendant les derniers jours du Consulat, l'orlevrerie, la joaillerie et 
tous les arts qui vivent de l'or et du diamant, se préparèrent à expri- 
mer la pensée d'une société qui entrevoyait à l'horizon les somptuo- 
sités de la cour future. En 1804, peu de temps avant la célébration 
des fêtes du Couronnement, les orfèvres, les joailliers et les bijoutiers 
furent les héros d'une semaine. Le même fait se produisit en 1810, 
lors du mariage de Marie-Louise. 

Mai^ les documents inédits que nous avons retrouvés suffisent pour 
donner au lecteur une idée du luxe impérial, soit à la cour des Tuile- 
ries, soit à Saint-Cloud ou à Fontaineijlcau. 



II 

Commençons par les orfèvres. 

liiENNAis, 1806. — Fourniture pour le service de l'Empereur des 
articles suivants : 

Un sabre on or, à la mamehu-k, pour le roi de Hollande. 14.500 fr. 
— Une paire de boucles et souliers en (ir, Hfî.S IV. — Une épée en 
or, y compris un second fourreau et une boite, 6,(î90 fr. — Six gar- 
nitures de ceintures en or, l,:2t)8 fr. — Un glaive en or, pour le loi 
de Bavière, 7,000 fr. — Une épée en or, G,G'JO. — Un fourreau 
d'écaillé pour une épée en or, 450 fr. 

{Arch. nat. O-30.) 



LE3 ORFÈVRES 273 

De janvier à mars 1808. — Deux rubans de grand cordon, à 30 fr. 
l'aune, 63fr. — Une boucle de jarretière en or, cbape idem, 29 fr. — 
Une paire de boucles de jarretières en or, chapes d'acier, 33 fr. — 
Deux croix de la Légion d'honneur, grand modèle, 300 fr. — Pour 
les petits nécessaires de porte-manteaux, fourni deux gratte-langue 
en vermeil, lo fr. — Six onces de bois d'aloès à 7:2 fr. lonce, 
432 fr. — Deux mèches, 7 fr. — Cinq paires de ciseaux pour le 
nécessaire en maroquin, 30 fr. — Remis à neuf trois flacons de 
chasse, 90 fr. — Deux paires d'éperons d'argent, 108 fr. — Réparé 
le grand nécessaire d'acajou, 48 fr. — Douze paires de ciseaux, 
114 fr. — Trois couronnes de fer, en or, émaillées, 270 fr. — Trois 
croix de la Légion d'honneur, en or, émaillées, 225 fr. — Douze 
petits rubans et leurs rosettes aux deux ordres, 9 fr. 

Sur un petit mémoire en date du 29 janvier 1808, nous trouvons : 
« Pour avoir redoublé en velours blanc la boite de l'épée où est le 
Régent, fait des compartiments pour recevoir les ordres en diamants, 
réparé la serrure, changé les gardes, fait trois clés en trèfle et en 
acier, remis la boite à neuf et avoir gravé dessus les armes en place 
du chiffre, 475 fr. 
[Arch. nat. 0-34.) 

Du 16 septembre au 24 octobre 1808 : 

Deux agrafes en or, forme bouclier, ciselées en relief, pour la 
pelisse de Sa Majesté, 140 fr. — Six onces de bois d'aloès, 432 fr. — 
Une épée d'or, coquille renversée, ornée d'un aigle et ornements 
ciselés en relief, la poignée avec tètes et arabesques. Le pommeau 
avec hibou et la garde avec palmes et ornements, et toutes les gar- 
nitures idem, 5,600 fr. — Un fourreau de rechange avec garnitures 
en or, semblables à celles du premier fourreau, 675 fr. 
{Arch. nat. 0-34.) 

Janvier 1809. — Fourni pour le service de Sa Majesté, au retour 
d'Espagne, un nécessaire composé des pièces suivantes : 

Un bassin à barbe, façon, 45 fr. — Une boîte à savon, façon, 
30 Ir. — Une boîte à éponge, façon, 30 fr. — Une boite à opiat, 
façon, 21 fr. — Une boîte à fleurs de tilleul, 21 fr. — Une boîte à 
savon ou pâte d'amande, 27 fr. — Une petite boîte à cachou, 18 fr. 
— Deux flambeaux, forme brandon, ciselés en relief, 108 fr. — 
Œillère et entonnoir, en vermeil, 18 fr. — Brosse à barbe, en ver- 
meil, 27 fr. — Deux gratte-langue, en vermeil, 16 fr. — Deux 
brosses à dents, en vermeil, 54 fr. — Mn. porle-crayon avec plume, 

18 



274 LES FOIRNJSSEURS DE NAPOLÉON l'^'" 

en vermoil, 10 fr. — Un compas d'argent, 48 IV. — Encrier et pou- 
drier, "Ti fr. — Théière de trois tasses, faron et ciselure, 94 fr. — 
Anse et bouton d'cbène, 11 fr. — Sucrier entrant dans la théière, 
36 fr. — Gobelet à bouillon, forme chocolatière, servant de cafe- 
tière, 42 fr. — Une lasse ù pans ciselés, anse d'ébène, 90 fr. — 
Deux soucoupes en porcelaine dorée, 30 fr. — Pot à crème d'une 
tasse : 48 fr. — Une boîte à thé, carrée, 42 fr. — Couvert avec orne- 
ments en relief, façon, 12 fr. — Cuiller à café, en vermeil, façon, 
12 fr. — Un plateau pour le déjeuner, bordure à aigles et cou- 
ronnes, 66 fr. — Toutes les dites pièces, en argent, valant avec le 
contrôle, l,lo2 fr. 94. — Un couteau à manche et lame de vermeil, 
ornements en relief, 28 fr. — Un couteau à lame d'acier, 24 fr. — 
Deux grands flacons en cristal taillé à diamant, avec étoiles et bouches 
en vermeil, 60 fr. — Deux dits, moyens, 42 fr. — Deux dits, plats, 
42 fr, — Six paires de ciseaux d'acier fin, 54 fr. — Un couteau de 
poche avec cuvette, virole et médaillons d'or, manche de nacre, 60 fr. 

— Un étui à cure-dents en ivoire sculpté, 14 fr. — Un étui à épingles 
en ivoire, 5 fr. — Un tire-bouchon, 3 fr. — Deux anneaux à vis et 
rosaces, en bronze ciselé, doré au mat, pour attacher les serviettes, 
18 fr. — Deux crocheta, idem, pour attacher le miroir, 16 fr, — Deux 
vrilles, manches en nacre de perles, 12 fr. — Un pied de Roi, en 
ivoire garni d'argent, 54 fr. — Deux crochets de bottes, en acier, à 
ressort, 45 fr. — Deux tire-bouchons, 7 fr. — Deux rasoirs à manches 
de nacre, cuvette et médaillon en or, 90 fr. — Un cuir à rasoir, mé- 
daillons en argent, 11 fr. — Quatre gratte-langue d'écaille, 14 fr. 

— Un canif à quatre pièces, manches de nacre, cuvette et médaillon 
d'or, 57 fr. — Une pince de toilette en acier avec cure-oreille, 5 fr. 

— Un gobelet en cristal taillé à diamant, avec étoile, 7 fr. — Deux 
peignes d'écaille, 16 fr, — Une glace ; cadre doré au mat, 78, — 
Gravure de soixante-six armoiries, 198 fr. — Le eolTre, en acajou mas- 
sif, portant incrusté, serrure et clé en trèfle, 300 fr. — La garniture 
en maroquin, compartimentée à l'intérieur, 290 fr. — Un étui, ren- 
fermant le coffre, en peau, doublé de serge, 45 fr. — Fourni la pâte 
d'amande et les odeurs pour ledit nécessaire et deux éponges fines. 
48 fr. — Mis en état le nécessaire en vermeil, 344 fr, — Doublé en 
velours vert deux boîtes à six rasoirs chaque et regarni les cuirs, 
72 fr, — Réparé une boîte d'acajou à douze rasoirs, 20 fr, — Regarni 
en velours vert une boîte à douze rasoirs et réparé la boîte, 45 fr, 

— Un nécessaire composé de toutes ses pièces, 1,200 fr. — Vn 



LES ORFÈVRES 27!; 

petit nécessaire de porte-manteau, 4S0 fr. — Six paires d'éperons 
d'argent, 187 fr. 79. — Quatre croix de la Légion d'honneur en or, 
HOO fr. — Quatre couronnes de fer, en or, JjOO fr. — Fourni une 
croix d'or, pour remplacer une croix donnée par Sa Majesté, 7o fr. 
— Un riclie nécessaire complet composé de deux rasoirs, un couteau, 
un canif, deux compas, deux brosses à dents, cinq gratte-langue, 
une pince de toilette, deux couverts, deux cuillers à café, ciseaux, 
peignes, cuir à rasoir, porte-crayon, théière, sucrier entrant dans la 
théière, plateau, cafetière, flambeaux, boîtes à pâte, à opiat, à 
éponges, à savon, etc., :î,99!2 fr. — La garniture en maroquin et le 
riche cofi*re d'acajou. 1,070 fr. [Arch. nat. 0-34.) 

Quant à l'orfèvrerie de table, elle était fournie par Claude Odiot et 
Auguste fils. 

A Sainte-Hélène, à l'heure du diner, l'Empereur remarqua une de 
ses propres assiettes de campagne aux armes royales : « Comme ils 
m'ont gâté tout cela », dit-il en expressions bien autrement éner- 
giques ; et il ne put s'empêcher d'observer que le Roi s'était bien 
pressé de prendre possession de ces objets ; qu'à coup sûr il ne pou- 
vait réclamer cette argenterie comme lui ayant été enlevée, qu'elle 
était bien incontestablement à lui, Napoléon ; car, quand il monta 
sur le trône, il ne s'était trouvé nul vestige de propriété royale ; en 
le quittant, il avait laissé à la couronne cinq millions d'argenterie et 
peut-être 40 ou 50 millions de meubles ; le tout de ses propres 
deniers, provenant de sa liste civile. (Las Cases. Mémorial de Sainte- 
Hélène.) 



III 



Passons maintenant aux joailliers-bijoutiers. 

Ch. Cahier, «marchand orfèvre-joaillier-bijoutier, quai des Orfèvres, 
o8, .1 r Ancre » . 

Nous trouvons de ce maître orfèvre un petit mémoire de :2,M5 fr. 
daté duo juillet 1810. 

« Pour la chapelle impériale. Une croix processionnelle pour assor- 
tir à celle de vermeil, 2,07o fr. — Remis à neuf l'ancienne, 40 fr. » 
{Arch. nat. 0^34.) 

Deferney, successeur de Sykes, :243, au Palais-Royal. — Objets 
fournis pour Marie-Louise : 



276 LKS FOURNISSEURS DE NAPOLl';ON T' 

Uii peigne en acier, 108 fr. — l'iie chaîne en perles d'acier à trois 
rangs et cadenas pour cheveux, 136 fr. et une de 180 fr. — Une 
autre à deux rangs, 1:20 fr. — l'ne paire bracelets en acier fin, 120 fr. 

— Quatre glands en acier lin, 60 fr. — Trois chaînes en perles 
d'acier, à deux rangs, 288 fr. — Une écriloire en acier forme de 
Mappemonde, garniture en vermeil et en or, 380 fr. — Deux chaînes 
on perles d'acier à trois rangs et cadenas pour les cheveux, 312 fr. 

— Total : 1,724 fr. {Arch. nal. O-30.) 

Devoix, marchand joaillier, quai des Orfèvres, 42. 

18 janvier 1810. — Fourni à l'Empereur, pour la princesse Borghèse, 
duchesse dcGuastalla, une parure de turquoises entourées de brillants, 
74,988 fr. 

Cette parure comprenait huit pièces : diadème, collier, peigne ban- 
deau, une paire de boucles d'oreilles et deux bracelets. {Arch. nat. 
0^30.) 

Friese et Devillers, joailliers du roi et de la reine des Deux-Siciles. 
!"■ avril 1810. — Fourni, pour le mariage de l'impératrice Marie- 
Louise, deux éventails, dont un garni en brillants, l'autre en brillants 
et émeraudes, 8,9()G fr. {Arch. nat. 0^30.) 

Marguerite, joaillier de la Couronne, successeur, et Foncier, rue 
Saint-lîonoré, 177, Au Vase d"Or. 

1806. — Ce joaillier reçoit, du mois de mars au mois d'août, une 
commande de cent boîtes d'or, enrichies de diamants, de chiffres et de 
portraits, montant à 380,688 fr, 

1806. 4 avril. — Livré à S. M. l'Empereur : une boîte d'écaillé 
doublée d'or avec le portrait de Charlemagne, 336 fr. — Quatre croix 
de la Légion d'honneur, à 36 fr. 144 fr. — Deux morceaux de jaspe 
sanguins pour une épée et l'avoir remontée, 240 fr. — Un cachet en 
or, avec chiffre gravé, 27 fr. — Diamants employés dans un grand 
cordon de la Légion d'honneur, à 29,346 fr. [Arch. nat. 0^30.) ; 

MoRLiGiiEM, orfèvre. — Une de ses factures, datée de 1806, sélève k 
1,630 fr. [)our couverts d'argent, cuillères à calé et à ragoûts. [Arch. 
nat. O'30.) 

NiTOT. — Le 12 septembre 1807, M. Desmaisons écrit au grand maré- 
chal : « D'après vos ordres, j'ai dit aux fournisseurs ({u'ils seraient 
payés au furet à mesure de leurs livraisons, alin d'activer leur zèle... 
J'ai fait déposer au trésor de la Couronne onze boîtes enrichies de bril- 
lants faites par MM. Nitot. 

« Il y en a quatre à portraits dans les prix de 10,000 et de 6,000 fr. ; 



LES ORFÈVRES - ' ' 

deux à cercles et chiffres d'environ 6,000 fr. et cinq d'environ 3,000 fr. ; 
mais je n'ai rien pu encore obtenir des portraits de M, Isabey ; les boîtes 
les attendent. 

c J'ai bien d'autres peintres, mais comment leur demander des 
ressemblances, sans séance ?-> {Arch. nat. O-30.) 

Les autres peintres en question figurent dans un mémoire du 2 fé- 
vrier 1808 où sont mentionnés les artistes suivants : 

Saint, sept portraits à 600 fr 4,200 francs. 

NiTOT, deux — — 1,200 — 

AuiîRY, deux — — 1,200 — 

Gauci, quatre — — 2,400 — 

MiMimET, deux — — 1,200 — 

Prosper, un — — 600 

QuAGLiA, un — — 600 — 

{Arch. nat. O'30.) 

Enfin une nouvelle commande de cent tabatières eut lieu le 6 dé- 
cembre 1807, comme on le voit par ce passage d'une lettre de M, Desmai- 
sons à l'intendant général de la Maison de l'Empereur : « A propos de 
l'urgence du besoin de son exécution, et avec l'agrément de M. le 
grand maréchal, je la divisai entre MM. Nitot et Marguerite. 

« M. Nitot n'a point fourni la totalité de cinquante boîtes dont il 
avait été chargé. Dans le cours de l'exécution, M. le grand maréchal 
m'écrivit que l'intention de S. M. était que l'on fabriquât quelques 
bagues sans augmenter la dépense ; en conséquence, je fis convertir le 
prix de huit tabatières en douze bagues qui ont été livrées. 

« Indépendamment de ces cent tabatières, j'ai été chargé de faire 
exécuter quatre bagues riches pour les évêques assistant au mariage 
du prince Jérôme. » [Ai'ch. nat. O-30.) 

Picard, bijoutier. — Le 31 mars 1811, réclamation de 23,000 fr. 
pour trois tabatières entourées et encadrées de brillants et 1,200 fr. 
pour trois portraits de S. M. exécutés par Gilliard. 

Poulain, bijoutier, au Palais-Royal. — Le 10 avril 1811, il est dû 
à ce dernier 9,u00 fr. pour une tabatière d'or ovale, émaillée en 
bleu, avec le portrait de Napoléon entouré de vingt-six brillants. 
Poulain demande en plus 400 fr. pour le portrait peint par Gilliard 



278 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON l^^ 



IV 



Terminous jiar les graveurs. 

Simon, graveur sur pierres fines et sur métaux du cabinet de S. M., 
Palais-Royal, Galerie de pierre, 29 fr. 

Janvier 1806. — Gravé sur une grande sardoine orientale les armes 
de S. M.,720fr. ; gravé sur une petite pierrel'Aigle impérial couronné, 
l't't fr. ; gravé sur un grand sceau en argent les armes de France et 
d'Italie, 288 fr. ; gravé sur un petit sceau d'argent, 288 fr. Total : 
1,U0fr. (.Irc/i. 7iat. 0H6.) 



CHAPITRE XII 



LES EBENISTES 



I 



« De tout temps, avons-nous écrit ailleurs, les meubles se sont ins- 
pirés de l'architecture et lui ont fait de fréquents emprunts, soit dans 
la forme, soit dans l'ornementation. Sous le Consulat et l'Empire, la 
décoration intérieure des appartements, depuis les meubles jusqu'aux 
tentures'et aux panneaux, fut exécutée sur les modèles de Fontaine 
et de Percier. ' » 

Ces deux célèbres architectes ont eu, en effet, une grande influence 
sur l'art de leur temps; les ébénistes notamment les ont suivis 
pas à pas en s'inspirant ou en copiant presque servilement leurs des- 
sins. 

C'est alors que l'on dépensait des sommes considérables pour repeu- 
pler nos palais de meubles en acajou dans lesquels on voulait retrou- 
ver la forme des monuments grecs ou égyptiens. 

On était loin alors de l'ameublement si riche, si élégant et si gra- 
cieux du xviii^ siècle. 

Cependant les fabricants n'avaient pas encore perdu les habitudes 
de loyauté dans le travail des anciens maîtres menuisiers ébénistes, 
et le mobilier du premier Empire est bien supérieur à celui de la 
Restauration et des premières années de Louis-Philippe, où l'art dis- 
paraît, complètement étoufl'é parla production industrielle. 

' Le livre des Colleclionneurs. 



280 LES FOL'IWISSFXnS DE NAPOLÉON l'"'" 



II 



Voici, par ordre alphabétique, la liste des principaux ébénistes avec 
mention de leurs travaux les plus reeonimandablcs. 

Adam, fournisseur des palais impériaux. L'an XIII (1804), il travaille 
pour les Tuileries où il lait quelques petites fournitures. La même 
année, ses livraisons pour le château de Fontainebleau se montent à 
5.659 fr. {Arch. nat. O'^jGI.) 

Bonnet, ébéniste t\ Compiègne. Il était engagé par abonnement 
en 4813 à nettoyer et raccommoder les meubles du château, tels que 
couchettes, commodes, secrétaires, bonheur-du-jour, toilettes, mi- 
roirs à la Psyché, bureaux, tables en guéridons et autres, bois de 
sièges comme canapés, ottomanes, bergères, méridiennes, divans, 
chaises longues, tête à tête, causeuses, chaises voyantes, pliants, etc. 
Le tout moyennant 1,800 fr. par an. {Arch. nat. 0-ooG.) 

BouDON-GouBAU cxposa quelques beaux meubles qui lui valurent une 
mention, à l'exposition industrielle de 1806. Le rapporteur le cite 
comme « ayant imaginé d'employer, dans la fabrication des meubles, 
de l'orme noueux au lieu des bois d'Amérique ». 

BouLARD (J.-B.), « menuisier en meubles rue de Cléry, en 1777. De 
1784 à 1791, il a beaucoup travaillé pour le mobilier de la couronne, 
c'est-à-dire non seulement pour Versailles et les Tuileries, mais encore 
pour les autres résidences royales. 

D'après ses factures, nous constatons que ses livraisons consistent 
en chaises et fauteuils « lalieine, ou en Cabriolet, en chaises voyeuses, 
bergères, pliants, tabourets, canapés, écrans, ottomanes, sultanes, 
lits de repos, lits à couronnements à deux chevets, à la Choi&y, etc. 
{Arch. nat. O'3603 etsuiv.) 

Rappelons que les menuisiers en meubles n'étaient pas sculpteurs 
et que pour tout ce qui concernait la sculpture, leurs meubles devaient 
être confiés à des spécialistes comme Alexandre Babel, Charny, Fol- 
liot, Valois, Vassal, etc. 

Boulard exerçait encore au commencement de l'Empire. Deux 
de ses mémoires, datés de l'an XIII (1804), s'élèvent ensemble à 
11,840 fr. pour fournitures de sièges et de couchettes au Grand-Tria- 
non et au palais de Saint-Cloud. {Arch. nat. O-008.) 

Bruns (Jean-Antoine), reçu maître en 1782. Il a livré pour les palais 



LES ÉBÉMSTES 2S I 

impériaux de nombreux sièges et des meubles, selon le goût du jour, 
en racines d'orme, enricbies de bronzes et de marqueteries. 

Burette, ébéniste habile sous Napoléon I*^"", résidait rue Chapon. Il 
fit une soumission de fournitures pour les palais impériaux ; on voici 
le résumé : 

Un secrétaire carré en bois d'orme noueux forme piédestal, orné de 
bronzes dorés au mat, 1,000 fr. — Chiffonniers en bois d'orme, pla- 
qué, ornés de riches cuivres ciselés et dorés à 330 fr., 400 fr., 4o0 fr. 
— Commodes en bois d'orme de même genre à 320 fr., 020 fr., 680 fr. 
et 920 fr. ■ — Secrétaires en bois d'orme à pilastres chapiteaux et bustes 
en cuivre ciselé et doré, 6o0 fr. — Table de bouillotte en orme, 
la ceinture faite de cartes enlacées; la table montée sur cinq pieds, 
dont un à tiroir, les quatre autres garnis chacun d'une tête égyp- 
tienne, en ronde bosse, ciselée, ainsi que l'embase et les sabots à 
feuilles, 500 fr. — La même en acajou, 380 fr. — Bureau à cylindre 
en bois d'orme, orné de quatre têtes sur la face dorées au mat avec 
tiroirs et coffre-fort, 3,000 fr. — Lit en bois d'orme à pilastres, garni 
de deux vases sur les pilastres de derrière et de deux têtes sur ceux 
de devant, les quatre pièces ciselées et dorées au mat, 1,200 fr. — Lit 
de même genre en acajou, 7o0 fr. — Table de jeu, forme bouillotte, 
en bois d'orme noueux, décorée de quatre têtes égyptiennes en ronde 
bosse dorées ou mat. Au bas des pieds, cinq sabots avec embase, 
dorés, 600 fr. 

^<. Nota. — La table de jeu est celle que le sieur Burette avait mise à 
l'exposition de 1806. Les prix marqués sont pour des ouvrages fabri- 
qués au dernier degré de perfection. On peut fournir les mêmes objets 
à 10, lo et 20 p. 100 au-dessous, b 

Suit r« état détaillé de vingt-neuf dessins joints à la soumission 
pour donner une idée parfaite du prix, que le sieur Burette se propose 
de fabriquer ». [Arch. nat. 0^023.) 

Burette prit part à l'exposition industrielle de 1806, où ses beaux 
meubles furent très remarqués. Le Rapport du jury en fait ainsi l'é- 
loge : « M. Burette a exécuté avec une précision remarquable plu- 
sieurs pièces en orme noueux ; le jury a vu dans le travail de ces 
pièces le talent de l'ébénisterie porté à un grand degré de perfection. 
Il a décerné à M. Burette une médaille d'argent de deuxième 
classe. » 

Clément occupe une petite place parmi les fournisseurs du mobi- 
lier de la couronne, sous Napoléon P''. Une note de ses fournitures. 



•282 LKS FOUnMSSEUHS DK NAPOLÉON l'''' 

|M>iir le château de Fontainebleau, datée de l'an XIII (180i), s'élève à 
l,-214fr. {Arch.7iat.0'oG[.) 

CoRiiiKRE, ébéniste à Rambouillet, sous Napoléon I""", était ehargé de 
l'entretien des meubles du château. 

En 1812, il touche o30 fr. pour ce travail. {Arch. nat. O^o^je.) 

Ekel (M"*"), ébéniste à Strasbourg. Elle meubla en partie le palais 
impérial en 1806. Son mémoire s'élève à 24,875 fr. 

Il comprend : un secrétaire à cylindre de quatre pieds, en acajou 
moucheté, avec marbre blanc et galerie, 1,200 fr. ; — des commodes 
d'acajou de 312 fr., ooO fr., 370 fr. ; — des tables à écrire, des tables 
à brelan, à bouillotte, à jouer riches, des tables à café', toilettes, chif- 
fonniers, bonheurs-dii-jour, feux, girandoles, chaises, etc. {Arch. 
nat. 0^538. ) 

lli:couEL ou Heckel, e'béniste de talent. II prit part à l'exposition 
de 1806 et obtint une mention honorable, pour ses meubles « enri- 
chis d'ornements fabriqués avec soin et goût ». [Rapport du jury 
de V Exposition de 1800.) 

lleckel ne s'en tenait pas aux meubles d'une bonne fabrication 
courante, il faisait aussi les meubles riches. 

Une soumission de ce maître nous donne les prix suivants : 

Commodes et secrétaires, à 400 fr. les deux. — Commodes à figures 
ou chapiteaux dorés au mat, ainsi que les tètes de lion des tiroirs, 
300 fr. — Chiflbnniers, h 250 fr., 300 fr. et 400 fr. — Toilettes, pour 
dames, 300 fr. — Bureaux à cylindre de quatre pieds, 450 fr. ; — de 
quatre pieds et demi, 525 fr. ; — de cinq pieds, 600 fr. 

Ces prix sont ceux des meubles ordinaires et la note ajoute : « Les 
prix de 400 fr. les deux pièces, commodes et secrétaires, s'élèvent 
jusqu'à 10,000 fr. et 15,000 fr. » 



III 



Jacob Desmalter, fils de Georges Jacob, ébéniste de Napoléon P'' 
et desdeuximpératrices. De compte à demi avec son frère, il succéda 
à son père vers 1791 et sut donner aux affaires qu'il dirigeait un 
grand développement. C'est pendant cette association que furent 
exécutés ces meubles estampillés : Jacob frères. Rue Meslée. Au 
bout d'un certain nombre d'années le frère, sur lequel nous manquons 



LES ÉBÉNISTES 283 

de renseignements, vint à disparaître et notre ébéniste continua seul 
la fabrication sous le nom de Jacob Desmalter. 

Ce maître est certainement le plus important fournisseur du mobi- 
lier de la couronne sous l'Empire ; il a meublé en partie toutes les 
résidences impériales et a beaucoup travaillé d'après les dessins de 
Percier et de Fontaine, ses associés, auxquels on doit l'arc de 
triomphe du Carrousel et le monument expiatoire de Louis XYI. Ces 
deux architectes, épris de l'antiquité, comme tant d'artistes de cette 
époque, composèrent des meubles bâtards, chargés de motifs emprun- 
tés à l'Egypte, à l'ancienne Rome, à la Grèce, parfois alliés à des 
sujets rappelant la gloire napoléonienne. 

Malgré le mauvais goût de ces meubles, amalgames pastichés de 
l'antiquité, ils avaient au moins le mérite de présenter dans toutes 
leurs parties un travail consciencieux et soigné. Quelques ciseleurs 
de talent, déjà réputés sous Louis XVI, continuaient de donner à 
leurs œuvres cette maestria qui avait établi leur réputation. 

Les souvenirs de la campagne d'Egypte donnèrent naissance à des 
meubles dont le corps principal était soutenu par des figures do 
sphinx revêtus en totalité ou en partie d'une patine verte. Parfois on 
rencontre sur le même meuble le sphinx égyptien allié aux composi- 
tions grecques et romaines. 

Passons en revue quelques-unes des œuvres les plus remarquables 
de Jacob Desmalter. 

Chargé, en ISOo, d'exécuter, sur les dessins de Fontaine et Percier, 
le trône pour le château des Tuileries, avec six fauteuils et six 
chaises décorés de chimères et autres motifs, et trente-six tabourets, 
le tout richement sculpté et doré, il reçoit pour ce travail 69,510 fr. 
{Arch. nat. O-008.) 

La même année, sa fourniture au palais de Fontainebleau s'élève 
à 67,345 fr. Nous y remarquons : 

Une très grande commode d'acajou, fermant avec portes, les pan- 
neaux encadrés d'une monture en bronze doré, la ceinture avec pal- 
metteset pater. Dessus, un marbre de granit noir (pour Sa Sainteté), 
790 fr. 

Une commode d'acajou ronceux de quatre pieds et demi, la devan- 
ture à portes sur lesquelles sont des coqs en bronze ciselé et doré au 
mat, ainsi que des incrustations d'ébène. De riches bronzes ciselés 
ornent la ceinture et les autres parties du meuble. Dessus, un marbre- 
blanc (pour S. M. l'Impératrice), 3,980 fr. 



'28 f LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON l'"'' 

L'iiccoiniuddc (le inêiiie yeurc, à panneaux ornés de guirlandes de 
lu-on/e don"'. Dessus de marbre larenlaise (pour S. M. l'Impératrice), 
o,oOU IV. — Egalement pour rimpératricc, un tabouret d'acajou, les 
pieds à grilTes dorées, 84 fr. 

Une commode en racine d'if, à portes ornées d'incrustations de 
nacre, d'étain et d'ébène, avec ornements de bronze doré au mat. Le 
(dessus en marbre vert de mer (pour S. M. ri:]mpereur), 3,100 IV. 
Arch. nat. 0-o{)\.) 

Signalons encore : une table de nuit en acajou, garnie de bronzes 
dorés au mat, tels que guirlandes, étoiles, pavots, cbien et deux flam- 
beaux, 1,000 IV. — Deux consoles en acajou de cinq pieds de long, 
la ceinture portée par deux grosses cliimères assises bronzées et 
dorées, ornées d'aigles et autres ornements de bronze ciselés et dorés 
au mat. Le fond, avec glace dans son parquet ; le dessus, en marbre 
blanc, 0,000 fr. — Une commode d'acajou, à tètes égyptiennes en 
bronze et vert antique, avec glace dans son parquet et dessus de 
marbre petit granit, 500 fr. — Une console en acajou de trois pieds 
et demi, la ceinture avec un tiroir, décorée d'aigles et autres orne- 
ments de bronze, l'entrée de serrure en forme de lyre, les pieds à 
{)ilastres avec tètes en bronze. Le tout ciselé et doré au mat. Le 
fond, avec glace dans son parquet, dessus de marbre blanc, 000 fr. 

En 1S86, la fourniture de Jacob Desmalter au Grand-Trianon mon- 
tait à 19,870 fr. 

En 1807, il présentait un devis que nous résumons ainsi : 

Fauteuils, de 3G à 4,000 fr. — Bergères, de 54 à 6,000 IV. — 
Canapés, de 108 à 12,000 fr. — Lits, de 300 à l!2,000 fr. — Bureaux, 
de GOO à 20,000 fr. — Miroirs de toilette, de 500 à 20,000 IV. — 
Tables de jeu, de 72 à 2.800 fr. •— Toilettes de femmes, de 400 à 
^,500 fr. - Toilettes d'hommes, de 120 à 8,000 fr. — Bidets, de 18 h 
162 fr. — Bidets plats et à dos, de 48 à 1,000 fr. — Chaises percée.'^, 
de 21 à 200 fr. — Chaises percées, de 48 à 1,000 fr. 

Sur un mémoire de 1810 nous remarquons, pour le grand cabinet 
de l'Empereur : quatre grands candélabres en l)ronze ciselé, doré au 
mat, ajustés sur des fûts do colonne en malachite, 28,240 fr. ; puis 
deux grandes girandoles de même genre, 8,200 fr. {Arch. nat. 0^555.) 

Dans le courant de l'année 1811, Jacob Desmalter livre encore 
pour le cabinet de l'Empereur aux Tuileries trois grands meubles 
d'ébène à hauteur d'appui et à trois portes, chargés de beaux 
cuivres ciselés et dorés, sur les dessins de Percier, Fontaine, Denon 



LES ÉBÉNISTES ; 285 

et David. Le panneau du milieu est orné d'un bouclier antique, 
d'arabesques et d'une couronne. Sur une des portes de côté, le Génie 
de la Paix ; sur l'autre, le Génie de la Guerre. Les trois meubles 
sont payés 4-2,000 fr. [Arch. nat. O-ooo.) 

Une des œuvres capitales de Jacob Desmalter est l'armoire à 
bijoux de Marie-Louise. C'est un grand meuble, lourd, à montants 
et panneaux plats, décorés d'ornements de cuivi-e, dans un style que 
M. de Ghampeaux qualifie justement de banal et de mesquin. Celte 
pièce importante, disgracieuse dans son ensemble, mais très soignée 
dans ses détails, coûtait oo,000 fr., et telle était l'intluence de la 
mode, qu'on la citait alors comme une merveille. 

La grande réputation du célèbre ébéniste s'étendit au loin et lui 
attira d'augustes clients étrangers. Il fit pour le roi d'Espagne 
Charles IV une bibliothèque et un cabinet dont on peut voir la 
reproduction dans les Artistes illustres, par Ed. Fournier, Paris, 1841. 
Il meubla pour l'empereur du Brésil, Doni Pedro, son château de 
Rio-Janeiro. L'Angleterre et la Russie lui firent aussi d'importantes 
commandes, entre autres l'ameublement du palais de l'Hermitage que 
lui demanda l'empereur Alexandre. 



IV 



Kaesii.\mmer, ébéniste à Strasbourg, a fait des réparations et fourn 
des meubles pour le palais impérial de cette ville en 1806. 

Leri'Suer, rue Saint-Denis, ébéniste du garde-meuble impérial. Sts 
fournitures pour Rambouillet en 1808 consistent surtout en couchettes 
à panneaux peints en gris, et s'élevant à 4,147 fr. — Cette même 
année, il fait pour le palais de Fontainebleau de très fortes livraisons. 

L'an XIII (1804), il livre au Grand-Trianon trois secrétaires et cinq 
commodes en acajou, avec poignées en tête de lion, dorées au mat. 

En 1810, il travaille pour la Muette, rendez-vous de chasse de la 
forêt de Saint-Germain. 

Leive. L'an XIII (1804) il livre, pour Trianon, un bureau à cylindre 
facturé 350 fr. {Arch. nat. 0-.jo8.) 

Le.marcuand (Michel-Charles-Jacques-Urbain), admis à la maîtrise 
en 1777. Il a travaillé pour le garde-meuble. Ce maître ébéniste est 
cité dans YAlmanach des marchands de 1807, comme demeurant 
rue du Pas-de- la-Mule. n° 4. 



280 LES FOUnMSSKCRS DE NAPOLÉON I*^^'" 

LiGNKHEUX, iuibilc ébéniste, florissail à Paris sous le Consulat. — A la 
seconde Kxposilion publique de V industrie, an IX, il obtint en partici- 
pation avec les Jacob, une médaille d'or. Le rapport particulièrement 
louangeur du jury vint encore rehausser le prix de cette récompense. 

d Les meubles du citoyen Liynereux, dit le rapporteur, ont paru 
remarquables par l'élégance et la richesse, par l'accord de toutes les 
parties, par le choix de formes appropriées à la destination de chaque 
chose, enlia par rexaetitude et le fini du travail extérieurement et 
intérieurement. Ceux des citoyens Jacob sont également recomman- 
dables dans un genre différent; leur style est d'un plus grand carac- 
tère; les détails les plus difficiles de la sculpture y sont traités avec 
perfection. 

« Les artistes qui excellent dans une industrie, portée aujourd'hui 
dans un degré de perfection dont il n'y a jamais eu d'exemple, méritent 
la récompense de premier ordre; le jury, embarrassé de choisir entre 
les deux genres de talents si distingués, laisse au sort le soin de déter- 
miner celui des deux à qui la médaille d'or sera promise. » 

Marcion, ébéniste de talent, auquel on doit de fort beaux meubles. 
11 eut occasion de faire plusieurs soumissions pour l'ameublement des 
palais impériaux ; nous résumons celle-ci qui peut donner une idée de 
son importante fabrication. 

Lit en bois sculpté et doré, 6,000 fr. — Fauteuil richement scul])té 
et doré, oOO fr. — Canapé de six pieds sculpté et doré, l,oOO fr. — 
Chaise, 37o fr. — Tabouret de pied, 1:20 fr. — Ecran de cheminée, 
600 fr. 

Il y en a de moins riches. 

Meubles de style et de goût : 

Litd'acajou, en bateau, enrichi de bronzes ciselés et dorés, 2,o00 fr. 

D'autres à 'l,oOO fr. ; 1,000 fr. ; 800 fr. ; 7o0 fr. ; 800 fr. ; 600 fr.; 
oOO fr. et sans ornements à 3oO fr. 

Secrétaires en bois d'acajou à 330 fr. ; 4o0 fr. ; 1,000 fr. ; 3,000 fr. 

Commodes à 230 fr. ; 430 fr. ; 1,000 iV. et 3,000 fr. 

Miroirs à la Psyché, riche, 3,300 fr. ; moins riche, 2,000 fr. ; plus 
simple, 600 fr. 

Toilette ajustée, riche, 2,400 fr. ; moins riche, 1,200 fr. ; plus 
simple, 300 fr. 

Console à 2,400 fr. ; 1,200 fr. ; 600 fr. et 300 fr. 

Tables à thé à 2,000 fr. ; 1,200 fr.; 600 fr. et 300 fr. {Arch. nat. 
0^623.) 



LES ÉBÉNISTES 287 

Suivant M. de Champeaux, une commode, portant l'estampille de 
Marcion, fait partie du mobilier de Trianon. {Le Meuble.) 

MoREL. En 1811, deux ébénistes du nom de Morcl demeuraient rue 
Gaillon, l'un au numéro IG. l'autre au numéro 25. [Almanach du 
commerce de Paris.) 

Un de ces deux maîtres fait, en 1807, une soumission pour l'ameu- 
blement des palais impériaux; nous y trouvons une série de meubles 
de bonne qualité, mais n'offrant rien de remarquable. Toutefois nous 
y relevons : un secrétaire et une commode, décorés de beaux ornements 
de cuivre doré, 1,200 fr. — Les mêmes sans ornements dorés, 800 fr. 
— Un corps de bibliothèque, en acajou, de douze pieds de long. 
2,000 fr. (Arch. nat. 0-623.) 

Papst (François-Ignace), reçu maître le 3 septembre ITSo. Il a tra- 
vaillé pour Louis XVI et pour Napoléon, de sorte qu'on trouve son 
estampille sur des meubles de style différent. En 1806, il prit part à 
l'Expo.-^ition industrielle, où il fut mentionné pour « ses meubles enri- 
chis d'ornements fabriqués avec soin et goût ». 

Papst fit, en 1807, une soumission de fournitures pour les palais 
impériaux, dans laquelle nous remarquons : un bureau à cylindre de 
quatre pieds dix pouces en acajou ronce, enrichi de ciselures dorées 
au mat, d'un très beau fini, 7,000 fr. — D'autres bureaux sont cotés 
500 fr., 190 fr., 180 fr. ; des commodes, 180 fr. : des chiffonniers, 
360 fr., 325 fr., etc. {Arch. nat. 02623.) 

Rascalon (Antoine), établi faubourg Saint-Denis, sous Napoléon P'". 
Il aimait à décorer ses meubles de sujets et ornements dorés peints 
sous verre, ou plutôt gravés à la pointe sur fond d'or. Il prit part à 
l'Exposition industrielle de 1806, où il obtint une mention hono- 
rable. 

Le Rapport du jury constate que Rascalon « a employé pour décorer 
les meubles des ornements peints sous verre et a donné des preuves 
de bon goût, dans l'emploi de ces ornements ». 

En 1807, le sieur Rascalon, « sculpteur et graveur en or sur glaces », 
fait la soumission suivante pour le service du garde-meuble : table 
d'acajou et érable. Le camée du milieu représente Dacchuset Ariane, 
dont le fond est occupé par des Bacchantes qui dansent, 2,000 fr. 

Autre table, avec camée, 2,000 fr. 

Autre table avec camée, composé de deux jeunes Faunes assis, jouant 
de divers instruments au son desquels dansent de jeunes Bacchantes 
entrelacées de guirlandes de fleurs, 2,000 fr. {Arch. nat. O"62o.) 



288 IJ;S FOI HNISSEUnS DI') NAPOLKOX f 

lli;MOND. En oclobre 1807, Réniond, ébéniste, livre à l'impéralricc 
Joséphine, aux Tuileries, un nécessaire de 6,000 fr., garai en acier. 
[Arch. )iat. Om\l.) 

\jAbnanach du commerce de Paris, de 1811, nous donne les 
adresses de deux ébénistes de ce nom, différemment orthographié : 
Ilaymond, o, rue Poissonnière, et Reimond, rue de Castiglione. L'un 
de ces deux maîtres, le dernier peut-être, est bien certainement 
l'ébéniste tabletier fournisseur du riche nécessaire de Joséphine. 

HiciiETERRE. Cet ébéniste exerçait en 1807, rue Traversière, n'' 60. 
Il est probable que ce maître est celui que nous avons cité, dans 
le Livre des collectionneurs, sous le nom de lîichter, comme fournis- 
seur du roi Louis XYI. 

Vautrain, fabricant de meubles boulevard Saint-Antoine, o7. 

Au mois de janvier 1814, il adressait une demande dans le but de 
participer « aux travaux d'ébénisterie et de menuiserie qui pourraient 
être commandés pour le service des palais impériaux. » [Arch. nat. 
O^i>0o.) 

La demande de Vautrain ne dut pas être acceptée, elle arrivait trop 
tard. La France allait être envahie et Ton ne pensait guère à aug- 
menter le garde-meuble. 



CIIAPITUE Xlll 



LES TABLETIERS ET LES TABATIERES POPULAIRES 



I 



De tout temps les tabletiers ont fabriqué des tabatières de luxe et 
des tabatières d'un usage courant. 

Les premières, quoique riches et travaillées comme des bijoux, ne 
sont pourtant pas les plus curieuses. Sans aucune valeur intrin- 
sèque, pour la plupart, les tabatières populaires offrent, au contraire, 
un réel intérêt, en ce que souvent leur forme ou leur ornementation 
les fait passer à l'état de documents historiques. 

On va voir d'ailleurs, par ce qui suit, combien ces tabatières sont 
nombreuses et variées. 

Vue du palais du Tribunat. — Exergue explicatif, sur une tabatière 
en poudre d'écaillé moulée et teinte. 

Le tribunat fut institué sur la proposition de Sieyès le 2:2 fri- 
maire an VIII (13 décembre 1799). Son rùle consistait à discuter les 
lois contradicloirement avec les orateurs du gouvernement, à signaler 
des abus ou proposer des améliorations. 

Les tribuns, d'abord au nombre de cent, réduits à cinquante en 
1802, étaient élus par le Sénat et siégeaient au Palais-Royal. 

Napoléon fit supprimer le tribunat par un sénatus-consuUe de 1807, 

Parmi les autres vues exécutées sur tabatières en écaille moulée 
nous citerons les variétés suivantes : 

Vue du château de Sainl-Cloud du côté de Paris. 

Vue du Palais des Beaux-Arts. 

Les nouveaux bâtiments du Palais-Eoyal. 

19 



230 LES FOURNISSEURS DE NAPOLflON l*''* 

BoNAPARTi:. — Tahatii-re en poudre d'éoaillc moulée, ofTrant sur le 
couvercle le portrait de Bonaparte, premier consul. Buste, habillé, 
de profil à droite, la tète laurc'e. 

Après la bataille de Marengo et surtout à la paix d'Amiens, la 
gloire de Bonaparte semblait à son apogée. Le jeune ge'néral, admiré 
<ie tous, était partout acclamé et sa présence excitait dans les masses 
u[\ enthousiasme indescriptible. 

GouRONNEMKNT DE l'impératrice JOSÉPHINE PAR Napoléox. — Légende 
d'une tabatière carrée, en corne repressée. L'Impératrice est age- 
nouillée et l'Empereur lui pose la couronne sur la tète. 

La cérémonie du sacre de l'empereur Napoléon et de l'impératrice 
Joséphine eut lieu le 2 décembre 1804. Pie YII était venu de Rome 
tout exprès. Après l'onction de l'huile sainte, au moment où le Pape, 
tenant la couronne, s'approchait de l'Empereur, celui-ci la lui prit 
des mains et la posa lui-même sur sa tête, puis il couronna l'Impéra- 
trice prosternée devant lui. 

Napoléon 1'^ empereur des Français, né le \o août 17G9. — José- 
phine, Impératrice, née le 24 juin 1768. — Légende d'une tabatière en 
carton verni. Bustes de profil, à gauche. 

Le sacre de Napoléon et de Joséphine remonte au 2 décembre 1804 
et la boîte dont nous parlons est contemporaine de cet événement. 

Napoléon premier, empereur et roi. — Légende d'un dessus de taba- 
tière, en repoussé, signé Gaspard. Napoléon, monté sur un cheval 
fougueux richement caparaçonné, porte l'uniforme des chasseurs de 
la garde, avec le grand cordon de la Légion d'honneur ; son manteau, 
attaché aux épaules, est soulevé par le vent ; de la main droite il 
semble désigner une place forte, visible dans le lointain. 

L'idt'e de figurer sur un cheval qui se cabre appartient à Napoléon 
En 1798, à la paix de Gampo-Formio, le général Bonaparte revint à 
Paris, où il fut roi)jet, des plus vives acclamations. A cette occa- 
sion David voulut le représenter à cheval au pont d'Arcole ou de 
Lodi : « Non, répondit Bonaparte, j'y serais avec toute l'armée, 
représentez-moi de sang-froid, sur un cheval fougueux. » (DeNorvins, 
Histoire de Napoléon.) 

Le Français respecte le courage malheureux {Bataille de Ma- 
rengo). — Exergue d'une tabatière en carton verni , décorée par 
impression. Napoléon à cheval, accompagné d'un guide, salue un mili- 
taire autrichien blessé, porté par trois soldats de sa nation. 

Après la bataille de Marengo, Napoléon, voyant passer un convoi 



LES TABLETIERS ET LES TABATIÈRES POPULAIRES 201 

de blessés autrichiens, se découvrit en disant : Honneur cm courage 
malheureux. Le palais de Versailles possède un tableau peint par 
Debret, en 1806, rappelant un épisode analogue qui se serait passé 
le 6 novembre 180o. La Notice historique des peintures et sculptures 
(lu musée de Versailles, s'exprime ainsi en parlant du tableau de 
Debret : 

« Les prisonniers autrichiens, en défilant devant l'Empereur, 
témoignaient un extrême empressement de le voir. Ils se rappelaient 
qu'un jour, à l'armée d'Italie, dans une circonstance pareille, voyant 
passer devant lui des chariots remplis d'Autrichiens blessés, il avait 
ôté son chapeau en disant : « Honneur au courage malheureux. » 
[Journal des Débats du 15 brumaire an XIY.) 

'180o. — Tabatière en buis repressé, offrant sur le couvercle un sujet 
allégorique à la bataille d'Austerlitz. Légende : Immotus concurre 
vidit. Il a vu sajis effroi leurs violents efforts. Dans le champ, en 
haut, au milieu d'une couronne de lauriers , le soleil rayonnant. 
L'aigle de France couronné déchire de son bec l'aigle à deux têtes 
de Russie et tient entre ses serres l'aigle d'Autriche renversé. A 
gauche, sur le devant, fuit un lion, et dans le fond, le léopard d'An- 
gleterre, derrière la mer couverte de vaisseaux, semble regarder 
tranquillement celte lutte. Exergue : Bataille des trois Empereurs, 
1803. 

Il existe une autre variété de ce sujet. 

La bataille d'Austerlitz est une des plus glorieuses de l'Empire, 
tant au point de vue de la conception que sous le rapport des résul- 
tats. Le 2 décembre 180o, jour anniversaire du couronnement de 
l'Empereur, par un beau soleil d'hiver, l'armée française, forte de 
65,000 hommes, défit 95,000 Austro-Russes. Ces derniers perdirent 
15,000 hommes tués, noyés ou blessés et :20,000 prisonniers; les 
Français eurent à regretter 7,000 braves. 

Le surlendemain de la bataille, l'Empereur d'Autriche eut une 
entrevue avec Napoléon dans une modeste cabane près d'un feu de 
bivouac (Thiers). 

Cheval d'uncudf di: MAMiiLUCK. — Exergue d'une tabatière en poudre 
d'écaillé moulée, teinte en gris, représentant un Mameluck tenant par 
la bride un cheval fougueux. 

1806. — Tabatière en carton verni, décorée en noir par impres- 
sion, sur fond jaunâtre. Dessous, un épisode de la bataille de Rivoli. 
Sur un poteau, à droite, on lit ; Route de Rivoli. Dessus, l'entre vue 



292 LES FOLIIMSSEURS Dli NAPOLÉON l**'" 

de Napoléon et de rempcreur d'Autriche, deux jours après la balaillo 
d'Austcrlitz. 

Sous le couvercle, en dedans, le buste de Napoléon, en costume du 
sacre, la tète laurée, bordé d'un cadre à feuilles de laurier; derrière, 
Diogène debout, semble dire par le geste de sa main gauche : Enfin, 
j'ai trouvé un homme. La main droite du philosophe appuyée sur le 
sommet du tableau tient une lanterne ouverte; évidemment, il vient 
de l'éteindre. A droite, sur une colonne, sont inscrits les noms de 
diverses batailles : Arcole , Mantoue, Mondovi, Millesimo, Monte- 
notte, Casliglione, etc. Sur l'épaisseur de la boite et circulairement, 
défilent des militaires de toutes armes. 

Le villaiic de Rivoli, à 2;2 kilomètres de Vérone, est à jamais 
célèbre par la victoire qu'y remporta le général Bonaparte, contre les 
Autrichiens, le 14 janvier 1797. 

Quarante-huit heures plus tard, un nouveau succès obtenu à la 
Favorite, valait au jeune vainqueur la reddition de Mantoue et la pos- 
session de l'Italie. Par des combinaisons pleines de génie et des 
marches forcées qui dépassaient en rapidité celles des légions de 
César, Bonaparte, malgré l'effrayante infériorité du nombre, anéantit 
plusieurs armées en les attaquant tour à tour, àl'improvisle. 

La grande victoire de Rivoli, suivie de celle de la Favorite, mit fin 
à la campagne de 1796. « Tel fut, dit M. Thiers, le dernier acte de 
cette opération jugée par les militaires une des plus extraordinaires 
dont l'Histoire lasse mention. » 



II 



Arcolu:, 1796. — Marengo, 1800. — Alsterlitz, 180o. — Iéixa, 180G. 
— Légende d'une tabatière en carton verni, ornée du portrait de 
Napoléon I'"", exécuté en noir par impression, rehaussé en couleur. 
Buste de face, en uniforme de colonel des chasseurs de la garde ; tète 
de trois quarts à gauche, coiffée du petit chapeau. 

En 1806, Napoléon touchait au faite de sa gloire; la nation l'accla- 
mait avec ivresse et le regardait comme un génie extraordinaire. 

lio juin 1807. — Entrevue des empereurs de France, d'Allemagne 
ET DE Russie. — Exergue explicatif d'une tabatière en écaille moulée 
figurant ÏEnlrevue de Tilsilt. Dans un pavillon placé au milieu du 
Niémen sont, à gauche. Napoléon et Alexandre s'embrassant et. 



LES TABLETIERS ET LES TABATIÈRES POPULAIRES 293 

à droite, le roi de Prusse, Derrière le pavillon, à gauche, une seconde 
tente, et une troisième sur le devant adroite ; dans l'une et dans l'autre 
des officiers. De chaque côté, au delà du fleuve, des soldats rangés 
en bataille et sur le premier plan, deux barques portant : celle de 
gauche, le drapeau de la France; celle de droite, celui de la Russie. 

L'empereur d'Allemagne n'assista pas à l'entrevue de Tilsitt, comme 
l'indique par erreur l'exergue de cette pièce. 

Le Triomphe de Trajan. — Exergue d'une tabatière en buis repressé. 
Napoléon en costume romain et armé du sceptre est traîné dans 
un char à quatre chevaux que conduit la victoire, tenant devant lui 
une palme et une couronne. Derrière le char, Minerve debout élève 
son bouclier au-dessus de la tète de l'Empereur. En haut, un génie 
bridant de l'encens et semant des fleurs; à droite, une étoile rayon- 
nante. Légende : Venit, Vidit, Vicit. (Il est venu, il a vu, il a 
vaincu.) 

Pour fêter le retour de la Grande Armée, il y eut dans tous les 
théâtres de Paris des spectacles gratis. « Le parterre, l'orchestre et 
les principaux rangs de loges et de galeries étaient réservés à la 
garde impériale. L'Opéra donna le Triomphe de Trajan... Cet opéra 
n'était autre qu'une série d'allusions ingénieuses à la gloire de Napo- 
léon... Au moment du triomphe, quand l'Empereur romain appa- 
raissait sur un char traîné par quatre chevaux blancs, ce n'était pas 
Trajan qu'on applaudissait, c'était Napoléon. » (Imbert de Saint- 
Amand. La cour de V impératrice Joséphine, p. 401.) 

1807, — Espion prl'ssien pris par les Français a la bataille 
d'Iéna. — Exergue d'une tabatière en carton verni. Le sujet, exécuté 
par impression et colorié sur fond d'or, représente un paysan près 
de deux hussards dont l'un à cheval et l'autre appuyé contre un 
tertre ; au fond, un paysage ; à droite des militaires préparant la 
cuisine. 

Les Prussiens ont toujours été habiles à se garder en temps de 
guerre ; ils ont su s'entourer d'espions et se renseigner sur les forces, 
la situation et les intentions de leurs ennemis. 

Le rôle d'espion, méprisé en France, a été relevé en Prusse, au 
point d'être confié, dans la dernière guerre de 1870-1871, à des 
officiers de mérite qui ont obtenu ainsi de l'avancement et des dis- 
tinctions honorifiques. 

En 1807, le jour de la bataille d'Iéna, un espion prussien fut pris 
par des cavaliers français. Le fait dut avoir dans l'armée un certain 



294 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON f 

relonlissemont, pour (jirune labaliére en ail perpétué le souvenir. 
Le malheureux paya vraisemblablement de sa vie son dangereux 
métier. 



III 



Tabatièri:: au docteur Gall. (Voir le Livre des Colleclionneurs, 
p. 203.) 

On pourrait ajouter les lignes suivantes : 

François-Joseph Gall, né à Trefenbrunn (grand- duché de Bade) 
en 17o8, mort en 1828, commença ses études à Strasbourg et les finit 
à Vienne où il se fit recevoir docteur en 178o. Après divers voyages, 
il vint à Paris en 1807. Il y développa dans les salons et dans des 
cours publics son fameux système auquel il dut bientôt la célébrité. 
L'auteur reconnaissant de l'enthousiasme qu'il soulevait se fit natu- 
raliser Français. 

Gall place les qualités morales au sommet de la tète, les facultés 
intellectuelles à la partie antérieure et les facultés animales et gros- 
sières derrière et sur les côtés. Ces principes généraux paraissent 
justes, mais lorsque le savant docteur admet 27 facultés fondamen- 
tales, et qu'il veut les assigner à autant de parties saillantes du crâne, 
on sent combien d'erreurs doit amener une méthode si pleine d'in- 
certitude. Ses partisans eux-mêmes ne sont pas d'accord sur la 
place et le nombre des organes et sur la classification des facultés. 
Toutefois on doit rendre à Gall, cette justice, qu'il a fait faire d'impor- 
tants progrès à l'anatomie et à la physiologie du cerveau. 

Blague a tabac, en cuivre repoussé garni de cuir. Elle représente 
Napoléon en pied, portant le costume de colonel des chasseurs de 
la garde (guides), entouré de drapeaux et autres attributs militaires'. 
Légende : Napoléon le Grand. 

Costumes de 1789 à 1808. — Tabatière en carton verni, figurant 
une suite de caricatures dessinées dans le goût de Cari Yernet, en 
noir, sur fond mordoré. Au centre, on lit : Quel est le plus ridicule, 
ou liapprochement et contraste des costumes depuis 1789. 



LES TABLETIERS ET LES TABATIÈRES POPULAIRES 29:> 



IV 



1808. — Tabatière d'écaille ornée sur le couvercle, d'un repoussé 
figurant huit bustes groupés, à gauche, du roi d'Espagne, de la Reine, 
des Infants et Infantes. Sur le bord du dernier buste à droite. 
Paroy spt [sculpsii) (0,064). Légende : Familia Real Espana 
(Famille royale d'Espagne). 

Les huit bustes représentent les personnages dont les noms 
suivent : 

Charles IV, né à Naples le 12 novembre 1748, roi d'Espagne et 
des Indes, le 14 de'cembre 1788, décédé à Naples le 20 janvier 1819. 

Louise-Marie-Tuéri':se de Parme, reine d'Espagne et des Indes, 
née le 9 décembre 1751, mariée le 4 septembre 186o, à Charles IV, 
décédé à Naples le 2 janvier 1819. 

Fi^rdinand-Marie-François de Paule, prince des Asturies, fils aîné 
du Roi, depuis Ferdinand VII, né le 14 octobre 1784, décédé le 2"^ 
septembre 1833. 

Cuarles-Marie-Isidore (don Carlos), second fils du Roi, né le 29 
mars 1788. 

François de Paule (Antoine-Marie), troisième fils du Roi, né le 10 
mars 1794. 

Crarlotte-Joaciiime, fille du Roi, née le 25 avril 1775, mariée le 
9 janvier 1790 à Jean-Marie-Joseph-Louis, prince régent du Brésil, 
né le 13 mai 1767. 

Marie-Louise-Josépoine, seconde fille du Roi, née le 6 juillet 1782, 
reine régnante, le 2 août 1801, de l'Elrurie qu'elle céda à Napoléon 
le 27 octobre 1807. 

Marie-Isabelle, infante d'Espagne, née le 5 juillet 1789. 

Le 17 mars 1808, un soulèvement éclata à Madrid et le surlende- 
main le roi Charles IV abdiqua en faveur de son fils le prince des 
Asturies, proclamé Ferdinand VIL Vers la fin du mois suivant, toute 
la famille royale se rendit à Rayonne où se trouvait Napoléon. 
Charles IV ayant protesté contre son abdication, Ferdinand remit la 
couronne à son père. Cette famille n'en fut pas moins internée en 
France jusqu'à la chute de l'Empire. Le 6 juin 1808, Joseph, alors 
roi de Naples, fut proclamé roi des Espagnes et des Indes. 

1809. Oui, je suis Français, Exergue d'une tabatière en buis repressé 



296 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON l'^'" 

ù cliaud, doublée d'écaille. Le sujet rappelle un épisode anecdolique 
(le la guerre d'Allemagne. A droite, l'Empereur accompagné de trois 
officiers généraux ; à gauche et devant eux, un jeune soldat croise la 
baïonnette. 

Ce sujet a été dessiné et gravé par Veraot. Au-dessous du litre : 
On, JE SUIS Français, on lit : « Le 8 octobre 1809. Napoléon en habit 
jjourgeois ainsi que quelques généraux visitant le camp de Seme- 
ring, montagne à vingt lieues de Vienne, rencontra un jeune conscrit 
ol l'interrogea ; ce jeune soldat lui répondit qu'il était né dans les 
Pyrénées : Quon désarme cet homme et quon le pe7ide, dit l'un 
d'eux dans un moment de gaîté... Oui, je .mis Français, répète le 
conscrit, en croisant la baïonnette... On le détrompe, on le félicite, 
et ce fut le gousset bien garni qu'il rejoignit son régiment. » 

Napoléon, empereur et roi. Joséphine, impératrice et reine, 1809. 
Légende d'un repoussé offrant les bustes accolés, à gauche de Napo- 
léon et de Joséphine. L'Empereur est représenté avec les attributs de 
la force, de la gloire et de la puissance. Sa tête est laurée et surmon- 
tée d'une tête d'aigle, tenant dans son bec les foudres de Jupiter; ses 
épaules sont couvertes d'une peau de lion dont les pattes forment un 
nœud sur la poitrine ; à côté une massue. L'Impératrice porte une 
robe à collerette fraisée. Un diadème et trois grandes plumes ornent 
ses cheveux. Sur le bord du bras de l'Impératrice : Paroy. 

Diamètre de la boîle, 0,083. Diamètre du médaillon, 0,070. 

Tabatière d'écaille, ornée d'un repoussé ayant pour exergue : 
Napoléon blessé à Ratisbonne le 20 avril 1809. L'Empereur, entouré 
de ses soldats, a le pied gauche à l'étrier, tandis que le chirurgien 
Ivan, un genou en terre, termine de panser le pied droit. Sujet tiré 
du tableau de Gautherot, exposé au Salon de 1810. 

C'est le 23 avril que Napoléon fut blessé devant Ratisbonne et non 
le 20, comme l'indique par erreur l'inscription. 

L'armée française faisait le siège de Ratisbonne et se pre'parait à 
l'assaut. L'Empereur s'était arrêté sur un plateau découvert, accom- 
pagné du maréchal Lannes, lorsqu'une balle morte l'atteignit au 
pied droit. 11 fut pansé par le docteur Ivan, chirurgien major des 
grenadiers de la garde. « Le bruit se répand rapidement que l'Empe- 
reur est blessé et bientôt il est entouré de 15,000 soldats de toutes 
armes, 

« Le premier besoin de Napoléon est de répondre à tant d'amour 



LES TABLETIERS ET LES TABATIÈRES POPULAIRES 207 

et d'aller tranquilliser l'inquiétude de l'armée, 11 monte à cheval ; des 
roulements de tambour prolongés sur la ligne rappellent le soldat 
dans les rangs. Il les parcourt et reçoit partout les expressions de la 
plus vive joie, du plus ardent dévoùment. » (Général Pelet. Mémoires 
sur la (juerre de 1809.) 



Napoléon P'", empereur des Français, roi d'Italie, né le 15 août 1769. 
Marie-Louise , archiduchesse d'Autriche, impératrice, née le 12 dé- 
cembre 1791. Légende d'une tabatière en carton verni, décorée en 
noir par impression. A gauche, l'Impératrice en costume d'apparat ; 
la tète coifTée du diadème et de la couronne fermée ; à droite. Napo- 
léon en uniforme des chasseurs de la garde. 

Le renouvellement du mariage civil eut lieu le l'''' avril 1810, dans 
la grande galerie de Saint-Cloud, en présence de la cour impériale. 
Le mariage religieux se fit le lendemain au Louvre, avec une magni- 
ficence comparable à celle du couronnement. De nombreuses fêles 
s'organisèrent à Paris. 

Dans un bal donné par le prince de Schwarzenberg, ambassadeur 
d'Autriche, le feu prit aux tentures et occasionna de grands malheurs. 
L'Empereur, après avoir sauvé l'Impératrice, revint pour veiller au 
salut de la foule ; on s'écrasait aux portes ; plusieurs personnes péri- 
rent au milieu des flammes. La princesse de Schwarzenberg était 
sauvée, mais ne retrouvant pas son enfant, elle se précipita dans les 
salles malgré l'imminence du danger et trouva la mort sous un lustre 
qui l'écrasa en tombant. Cette scène lugubre attrista toute la cour. 
Les terribles événements qui avaient accompagné les fêtes du mariage 
de Marie-Antoinette revinrent en mémoire et l'on fit des rapproche- 
ments entre les deux archiduchesses. 

Napoléon, Marie-Louise. Légende d'un repoussé sur une tabatière 
de buis, doublé d'écaillé. Têtes accolées, à droite, de Napoléon et 
Marie-Louise. La tête de l'Empereur est laurée. Sur l'épaisseur du 
cou : Andrieit F. (Andrieu fecit.) 

Napoléon P"", empereur des Français, roi d'Italie, né le lo août 1769. 
Marie-Louise, archiduchesse, impératrice, née le 12 décembre 1791. 
Légende sur une tabatière en carton verni représentant, en noir par 
impression, Napoléon en uniforme des chasseurs de la garde et Marie- 
Louise en costume de cour. 



2'.i8 LES FOLRMSSEURS DE NAPOLÉON 1 



YI 



(T 



Baptk.me du roi 1)i: llnMn; , mdcccxi. Exergue d'une Loîle à deux 
médaillons en verre gravé. Dessus, Napoléon P'", couvert du manteau 
impérial, présente son fils aux grands personnages de l'Etat. Sur le 
médaillon inférieur, on lit au milieu de deux rangs de couronnes 
murales : a lemperi:ur, les bonnes villes de l'empire. 

Les cérémonies du baptême eurent lieu à Notre-Dame le 9 juin 1811. 
l^Ues furent magniliques. i Trois rois, vingt cardinaux, cent évêques, 
le Sénat, le Corps législatif, les maires des villes de France, assis- 
tèrent à la cérémonie. Quand le pontife eut terminé et rendu le roi 
de Rome à la gouvernante des enfants de France, M"'°de Montesquiou, 
celle-ci le remit à Napoléon, qui, le prenant dans ses bras et l'élevant 
au-dessus de sa tète, le présenta ainsi à l'assistance avec une émotion 
visible qui devint bientôt générale. » (Duruy. Histoire populaire de 
la France.) 

1813. Mort du grand maréchal Duroc, duc de Frioul. Tabatière en 
carton verni à décor noir par impression. En avant d'un champ de 
bataille, Duroc repose sur un brancard ; près de lui se trouve l'Empe- 
reur, dont il porte la main à ses lèvres. Dans le champ de l'exergue, 
sous le titre : 

« .4 la suite de la bataille de Wurtchen, gagnée le 21 mai 1813. 
El ses dernières paroles à l'Empereur en lui baisant la main : 
Toute ma vie, lui dit-il, a été consacrée à votre service... J'ai vécu 
en honnête homme... Je laisse une fille. V. M. lui servira de père... 
V Empereur serrant la )nain droite, le grand maréchal resta un 
quart d'heure en silence que le grand maréchal rompit en lui 
disant : Ah ! Sire. Allez-vous-en, ce spectacle vous peine ! L'Empe- 
reur en le quittant ne put lui dire autre chose que ces mots : Adieu 
donc, mon ami ! S. M. rentra dans sa tente et ne reçut personne 
pendant toute la nuit. » 

C'est ici qu'il faut mourir avec honneur. Légende d'une tabatière 
en buis repressé figurant le prince Poniatowski poursuivi par les 
ennemis, et se jetant avec son cheval dansl'Elsler. Exergue : Paroles 
de Poniatowski en se jrrécipitant dans l'Elster. 

Après la grande bataille de plusieurs jours livrée autour de Leipsick 
et désignée par les coalisés sous le nom de bataille des Nations, 



LES TABLETIERS ET LES TABATIÈRES POPULAIRES 299 

l'armée française, débordée par 300,000 hommes, dut battre en retraite. 
Le pont de Leipsick, jeté sur l'Elster, était miné ; un caporal de 
sapeurs devait le faire sauter derrière nos derniers bataillons ; effrayé 
par l'approche de quelques cavaliers ennemis et poussé par les sol- 
dats qui venaient de passer, il mit trop tôt le feu à la mèche. 

20 000 hommes restèrent ainsi au pouvoir des alliés. Poniatowski, 
nommé la veille maréchal de France, préféra se jeter à la rivière que 
de tomber vivant au pouvoir de l'ennemi. Malgré la rapidité du cou- 
rant, il avait réussi à traverser ce dangereux lleuve, mais il n'en put 
franchir les bords escarpés et il se noya en compagnie de son aide 
de camp, qui fit tous ses efforts pour le sauver. 



Y II 



181o. Retour de l"Isle d'ELBE. — Peu après le retour de Napoléon 
en France, on vit paraître de petites estampes, en noir ou en cou- 
leur, figurant les portraits de l'Empereur, de l'Impératrice et du Roi 
de Rome, au-dessus d'un bouquet de violette, ou même d'une violette 
seule. Ces fleurs étaient accompagnées de légendes comme celles-ci : 
Le Retour du printemps et de la violette. — Le Bouquet chéri — 
Violettes du 20 mars 181o. 

La violette, du printemps chère espérance, 
liamène Napoléon, bonheur de la France. 

D'autres estampes sont consacrées au Roi de Rome. L.e ciel a 
exaucé mes vœux. Le Roi de Rome un genou à terre (D. 0"',07.) — 
Je remercie Dieu du retour de mon père. Le Roi de Rome à genoux, 
une branche de laurier à la main. (D. 0'",07.) 

Une estampe sans légende représente le Roi de Rome, les cheveux 
bouclés, au milieu d'un parterre de roses. 

Après la seconde abdication, les portraits de l'Empereur et tout 
ce qui pouvait rappeler son souvenir étaient considérés comme 
emblème séditieux. On fit cependant à celte époque des estampes 
curieuses, qu'on évitait de mettre en montre pour éviter l'emprison- 
nement; sous l'apparence de violettes, de pensées, de branches et de 
troncs d'arbres, elles cachaient le profil de Napoléon et même de son 
petit chapeau. 

P.-J.-E. Gambronne, né a Nanïesle20décembre 1770. —Légende d'une 



300 LES FOLllMSSEURS DE NAPOLÉON l"' 

lalmlière en buis repressé représentant le buste de Canihronne, de 
face, en costume de général, entouré de lauriers. 

Le 18 juin ISlo, sur le champ de bataille de Waterloo, Cambronne 
commandait le dernier carré de la garde, le seul qui résistât encore 
à 8 heures du soir. Attaqué sur les quatre faces du carré, la lutte 
devenait impossible. Après chaque décharge, les soldats serraient les 
rangs et le carré amoindri continuait de combattre. Un général anglais, 
Colville ou Mailland, leur cria : « Braves Français, rendez-vous î » 
C'est alors que Cambronne leur répondit ce mot fameu.K que l'histoire 
a traduit par ces belles paroles : La Garde meurt et ne se rend pas. 
Laissé pour mort sur le champ de bataille, il fut relevé le lendemain 
et conduit prisonnier en Anglelerre. 

Les enfants du général Michel, mort à Waterloo, ont réclamé pour 
leur père l'énergique réponse de Cambronne. 

A la suite d'une enquête, en 186:2, un vieux soldat de la garde, 
Antoine Deleau, affirma avoir entendu de la bouche de Cambronne : 
La Garde meurt et ne se rend pas. A une seconde sommation, Cam- 
bronne répondit la même phrase, qui fut répétée par tous les officiers 
et tous les soldats. Entre deux décharges, une troisième sommation 
fut faite, mais Deleau n'entendit pas la réponse, un boulet lui enleva 
son bonnet à poil et le renversa sur un tas de cadavres. 

Malgré cette affirmation, les fils du général Michel ont persisté à 
revendiquer pour leur père « l'honneur d'avoir prononcé ces sublimes 
iparoles (et non d'autres) : La garde meurt et ne se rend pas ». 

De son côté, le général Bertrand, à son retour de Sainte-Hélène, 
remit à la veuve du général Michel une pierre détachée du tombeau 
• de l'Empereur, sur laquelle il avait écrit : « A la comtesse Michel, 
veuve du général Michel tué à W^aterloo où il répondit aux somma- 
tions de l'ennemi par ces paroles sublimes : La garde meurt et ne se 
rend pas. » 

D'après Edouard Fournier, le mot dit par Cambronne est celui de 
lia tradition, le mot cru qui rime avec perde. 11 le répéta devant 
témoins, en Angleterre, et il fut compris, car une voix répondit : 
Mange. {De lEsprit de Vhistoire.) 

Victor Hugo, dans les Misérables, a fait une description de la 
bataille de Waterloo et consacré une longue tirade au fameux mot de 
•Cambronne. 



LES TABLETIERS ET LES TABATIÈRES POPULAIRES 301 



VIII 



1815. Tabatière au Petit Chapeau. — Le chapeau légendaire de 
iNapoléon, qu'on appelle le Petit Chapeau, a été maintes fois reproduit 
par les artistes. A la chute de l'Empereur le commerce livra clandes- 
tinement à la consommation des tabatières populaires, à bon marché, 
en cuivre jaune, en corne ou en écaille, ayant l'aspect du Petit Cha- 
peau. Quelques-unes de ces tabatières, parmi celles en écaille, sont 
ornées d'un sujet représentant « Napoléon dormant sur une chaise le 
malin de la bataille d'Austerlitz ». En diverses occasions, Napoléon 
dormit sur le champ de bataille, bien en dedans de la portée des 
boulets, notanmient à Lulzen et à Bautzen. 

La tabatière au Petit Chapeau, considérée comme emblème sédi- 
tieux, se vendait en cachette; il eût été fort imprudent de s'en servir 
en public ou même dans des réunions privées, en présence d'incon- 
nus. La rage des républicains contre les royalistes, pendant la Ter- 
reur, s'était retournée contre eux et les impérialistes, au commence- 
ment de la Restauration. Bien des innocents furent victimes de ces 
rancunes. On en jugera par ces deux faits, cités avec bien d'autres du 
même genre dans V Histoire des deux Restaurations, de M. de Vau- 
labelle. 

Le 30 mars 1816, un capitaine de gendarmerie en retraite, M. Paul 
Sassar, est appelé comme témoin au tribunal de Rennes, à la suite 
d'une rixe de café. Sur son ancien habit d'uniforme, qu'il porte par 
économie, le tailleur avait laissé par mégarde un bouton portant 
ces mots : Gendarmerie impériale. Un gendarme de service s'en 
aperçoit et prévient le président, M. lluon de Kermadec, qui aussitôt 
interpelle violemment le capitaine. 

« Vous portez sur votre tunique des boutons séditieux, » lui dit-il. 
Le capitaine a beau invoquer sa bonne foi et donner des explications 
sur l'oubli dont il est victime, rien ne peut le sauver; M. Huon de 
Kermadec le fait asseoir sur le banc des prévenus et séance tenante 
le condanme à trois mois de prison, 50 fr, d'amende, à la privation 
d'un douzième de sa pension de retraite pendant un an et aux frais 
du procès, (T. IV, p. 354.) 

Le 1'^'' mars 1817, plusieurs habitants de la commune de Pagny 
s'étaient réunis après dîner dans une salle particulière d'un café. Au 



;!(I2 LKS FOURNISSEURS DE NAPOLÉON 1''" 

moment de se retirer, l'un d'eux, M. Nanlenil, ancien maire de 
I>al)ruyère, lire de sa poche quelques pièces de monnaies parmi les- 
iiuelles se trouvait une médaille frappée à l'occasion de la fondation 
de l'Université et qui portait d'un côté cet exergue : Unwersilé Impé- 
riale et de l'autre reffigic de Napoléon. La médaille, très remarquée 
par les convives, passe de main en main. A quelques jours de là, 
M. Nanleuil est arrêté, conduit dans les prisons de Beaune où il reste 
tout le temps que dure l'instruction, c'est-à-dire une année. Traduit 
en jugement après cette longue détention, il est condamne' « pour 
avoir conservé et montré dans un lieu public un objet séditieux (la 
médaille), à A 000 fr. d'amende, deux ans de privation de ses droits 
civiques et deux ans de surveillance de la haute pohce. » (T. IV, 
p. 110.) 



IX 



Tabatière allemande, en carton verni, représentant en noir, par 
impression. Napoléon I''', vêtu d'une façon étrange, avec une toile 
d'araignée sur la poitrine et une main en guise d'épauiette. Une 
l.égende imprimée, que l'on a bien voulu nous communiquer, en donne 
l'explication. La voici : 

« Ce portrait hiéroglyphique du Destructeur est fidèlement copié 
d'une gravure allemande, ainsi que la parodie de ses prétendus 
titres. Le clmpeau de I'Exterminateur est formé par une aigle fran- 
çaise, mutilée et couchée, après son conflit avec les aigles du Nord. 
Son visage est composé des cadavres des victimes de sa sottise et 
de son ambition, qui ont péri dans les plaines de Russie et de Saxe. 
Autour du col il a la Mer Rouge, par allusion à ceux de ses soldats 
qui ont été noyés. Son épaulette est une main qui dirige la confé- 
dération (lu Rhin sous le fragile emblème d'une toile d'araignée, 
h'araignée que l'on voit dans la plaque est symbole de la vigilance 
des alliés, qui ont infligé sur cette main une piqûre mortelle. » 



X 



Tabatières a secret. — Au commencement de la Restauration, 
pour échapper aux tracasseries de la police, on fit des tabatières 



LES TABLETIERS ET LES TABATIÈRES POPULAIRES 303 

unies, sans aucun ornement, en buis, en ivoire ou en écaille com- 
mune, cachant dans un double fond le portrait de Napoléon. 

Dans notre Livre des Collectionneurs, en parlant des boîtes à 
secret des orfèvres et de celles des tableliers, dont les secrets sont 
différents, nous avons expliqué que chez les tabletiers le secret con- 
sistait à dévisser, soit la gorge, soit la partie inférieure de la boite. 

Lorsqu'on ouvrant une boîte, le fond offre une épaisseur anormale 
et que la partie creuse qui reçoit le tabac n'a pas une profondeur en 
rapport avec l'épaisseur de la boîte, c'est que celle-ci cache un double 
fond. Alors, amis collectionneurs, dévissez ! dévissez ! Si le secret est 
dans la gorge, remettez le couvercle, dont la pression facilitera le 
dévissage. 

18:21. — Boîte à secret, en cuivre jaune, rectangulaire, présentant 
dans son ensemble la forme d'un tombeau et à ses extrémités le 
profil du Petit Chapeau. Pour l'ouvrir, il faut d'abord abattre le bat- 
tant du bout, à droite. Le charnière du côté gauche n'est qu'un 
trompe-l'œil. Quant au petit bouton de fer saillant sur la face, c'est 
un piège dont il faut se défier; il agit sous la main et, à la moindre 
pression, découvre une aiguille dont la pointe vient piquer le doigt 
qui appuie dessus. 

Tabatière a secret, en buis, sans filets ni ornement, doublée 
d'écaillé. La partie inférieure se dévisse et renferme un médaillon 
en cuivre repoussé, doré au mat. Le général en chef Bonaparte, le 
bras droit levé, harangue l'ai'mée française représentée par un sapeur, 
un mamelouck et quatre grenadiers dont un est à peine visible. 
Au fond 3 pyramides. Légende : Songez que du haut de ces monu- 
ments c/uarante siècles vous contemplent. Exergue : 3 thermidor 
an \l-^Id juillet 1798 (pour 21 juillet 1798). 

Sur la barre de l'exergue, à gauche, en toutes petites lettres. J.D.B. 
(Chiffre de Jean Du Bois.) 

La bataille des Pyramides fut livrée le 21 juillet 1798, près des 
villages dEmbabeh et de Ghizeh. Le général Bonaparte y remporta 
un éclatant succès. Ce fut une nouvelle démonstration de ce que 
peuvent la tactique et la discipline contre la valeur confuse et désor- 
donnée. Bonaparte adressa à l'armée les paroles qui forment la 
légende du repoussé. 

Mourad Bey, chef des Mamelucks, fut complètement défait. Ses 
efforts énergiques pour détruire nos carrés formés sur six rangs 
d'épaisseur restèrent infructueux. Après une lutte opiniâtre, il s'en- 



:{0i LLS FOLRNISSKIRS Dli NAPOLÉON l""" 

luil vers la luiulc Egypte, perdant deux milh; hommes et laissant 
entre nos mains trente canons, quatre cents chameaux chargés et 
un butin considérable. 

La pièce primitive, gravée à l'époque de la bataille, avait pour 
légende ; Songé que du haut de ces monument quarante siècles 
vous contemplent. Le médaillon dont nous nous occupons est une 
répétition corrigée de la première épreuve. 

Cdami' di: Waterloo. Passant^ vas dire à Paris que nous sommes 
moiHs ici pour Vhonneur français, le 18 juin 1813. Exergue d'une 
tabatière en carton verni, représentant en noir par impression le 
champ de Waterloo, après le combat. On y voit des hommes et des 
chevaux étendus sur le sol, des armes, des boulets, des canons; à 
gauche, une croix. Au milieu, sur le premier plan, un grenadier assis, 
le pied droit blessé, entouré de bandelettes, la tète appuyée sur sa 
main gauche et tenant de la droite une bêche. Ainsi posé, le grena- 
dier semble absorbé dans le souvenir des terribles événements de la 
bataille. 

Imitez des Français l'exemple généreux ; 
Jamais on ne les vit vingt contre deux. 

Exergue d'une tabatière en carton verni , à décor noir par 
impression. Un grenadier de la garde, le bras gauche en écharpe, 
adossé contre un arbre, ayant à ses pieds un soldat blessé, qui l'en- 
toure de ses bras, se défend sabre en main contre de nombreux 
soldats anglais 

Ce sujet, allusifàla bataille de Waterloo, a été souvent reproduit, 
en repoussé, par impression, en écaille moulée, en corne repressée, en 
bois, en ivoire, en faïence, etc., avec ou sans légende. Parfois, la 
légende ci-dessus est remplacée par celle-ci : Le soldat français 
meurt et ne se rend pas, ou bien encore par ces mots, plus histo- 
riques : La garde meurt et ne se rend pas. 



XI 



D'après nature. Isle Sainte-Hélène le 6 mai 1821. — Légende d'un 
repoussé sur une tabatière en buis. Buste de Napoléon L'", au milieu 
des nuages, les yeux fermés et dans l'attitude de la mort. ïête de 
trois quarts, à droite. 



LES TABLETIERS ET LES TABATIÈRES POPULAIRES 305 

Napoléon mourut le o mai 1821, à six heures dix minutes du soir, 
âgé de cinquante et un ans huit mois et vingt et un jours. « Aux con- 
vulsions de l'agonie, toujours si pénibles avoir, avait succédé un calme 
plein de majesté. Cette figure, d'une si rare beauté, revenue à la 
maigreur de sa jeunesse et revêtue du manteau de Marengo, semblait 
avoir rendu à ceux qui la contemplaient le général Bonaparte 
dans toute sa gloire. > (Thiers. Histoire du Consulat et de V Empire.) 

Couvert de l'uniforme des chasseurs à cheval de la garde et coiffé 
du petit chapeau légendaire, il resta exposé deux jours sur un lit de 
parade. Le corps fut embaumé le 8 mai, puis on le renferma dans 
un quadruple cercueil. 

1821. Les tabatières de Sainte-Hélène. — On donne le nom 
de Tabatières de Sainte-Hélène à des tabatières exécutées immédia- 
tement après la mort de Napoléon et rappelant soit ses funérailles, 
soit cette partie de la vallée solitaire, ombragée de deux saules 
pleureurs où reposait son cercueil. 

Ce lieu, très romantique, dit M. de Norvins, plaisait à Napoléon qui 
aimait à y reveniretà enfaire un lieu de repos dans ses promenades. 
« Si je dois mourir sur ce rocher, dit-il au général Bertrand, faites- 
moi enterrer au-dessous de ces saules, près de ce ruisseau. » 

Le bruit de la mort de Napoléon produisit en France une immense 
impression et fut l'occasion d'innombrables productions à sa louange, 
parmi lesquelles figurent de curieuses tabatières populaires. « Ce 
furent partout et de toutes parts, dit M. de Las Cases, des compositions 
en prose et en vers, des peintures, des portraits, des tableaux, des 
lithographies et mille petits objets plus ou moins ingénieux, consta- 
tant, bien plus que ne saurait faire toute la pompe des rois, la sincé- 
rité, l'étendue, la vivacité des sentiments qu'il laissait après lui. » 
{Mémorial de Sainte-Hélène.) 

1821. Tabatière de Sainte-Hélène. — Tabatière en buis repressé 
figurant le moment où le cercueil de Napoléon arrive au lieu de la 
sépulture. Le cercueil est porté par des militaires au nombre de six ; 
à droite, en avant, le fossoyeur et les deux saules traditionnels; en 
arrière, à gauche, divers personnages, parmi lesquels l'auteur a voulu 
représenter le général Bertrand, sa femme et le petit filleul de Napo- 
léon. Exergue : Il vivra toujours dans nos cœurs.. 

La pompe funèbre eut lieu le 9 mai. D'après les ordres de l'ami 
rauté anglaise, le convoi fut celui d'un général en chef. Trois mille 
personnes suivirent le corps au sortir de Longwood. On y remarquait 

20 



300 LKS FOI HNISSECnS DE XAPOLl':ON T'" 

k's comtes Berlrand et iMontholoii ; Marchand, premier valet de 
chambre, exécuteurs testamentaires de Napoléon; Napoléon Bertrand, 
lilleul de l'Empereur, fils du grand maréchal. La comtesse de Mon- 
tliolon suivait en voiture avec sa llllc. 

Comme la route ne permettait pas au char d'arriver jusqu'au lieu 
de la sépulture, les grenadiers anglais et les marins de la flotte se 
paringèrent riionneur de porter le héros sur leurs épaules. 

18^1, Tabatièri-: de Saime-IIélkne. — Tabatière en i)uis repressé 
à chaud. Sur le couvercle, le tombeau de Napoléon, ombragé de deux 
saules, entouré de ses serviteurs en larmes. A droite, le jeune Napo- 
léon Bertrand dépose une couronne sur une pierre tombale où Ion 
peut lire : Cy (jit un gr... homm. ; près de l'enfant, sa mère et le 
général Bertrand; à gauche, deux personnes, dont le général Mon- 
tholon. Exergue : Reçois de notre amour ces ti'istes et derniers 
gages. 

18:21. Tabatière de Sainte-Hélène. — Le sujet, en buis repressé, a 
pour exergue : Il fut grand par son nom, encore plus par ses armes. 
Sur un piédestal, décoré d'un aigle accosté de deux branches de lau- 
rier, est posé le buste de Napoléon, à l'ombre de deux saules pleu- 
reurs. A droite, un général (Montholon) et un vieux soldat; à gauche, 
le général Bertrand et sa femme donnant la main au jeune Napoléon 
Bertrand, filleul de l'Empereur. 

18:21. Tabatière de Sainte-Hélène. — Boîte en carton verni, décorée 
par impression d'une estampe énigmatique. A gauche, entre deux 
troncs d'arbres, l'œil prévenu reconnaît le profil en pied de Napoléon. 
A droite, un monument funèbre sur lequel on lit : Tombeau. 



XII 



Emile Marco de Sainl-llilaire écrivait en 18:27, sous une forme plai- 
sante, cette boutade bien conforme à l'esprit de l'époque : 

« Ayez toujours sur vous deux tabatières à double couvercle, afin 
d'avoir sous la main de quoi flatter le goût des personnes avec les- 
quelles vous vous trouvez, quelle que soit leur opinion politique. Que 
trois faces soient consacrées à l'esprit de parti. Que la première soit 
revêtue de la Charte constitutionnelle, comme M. Touquet l'a si ingé- 
nieusement imaginé, il y a quelques années (18:21) ; cette face est à 
coup sûr celle que vous mettrez le plus souvent en évidence. 



LES TABLETIEUS ET LES TABATIÈRES POPULAIRES 30T 

« La seconde face représentera le portrait de Tex-empereur ; ce 
portrait-là n'est plus prohibe'; ainsi n'ayez aucune crainte; je conviens 
que ce fut un usurpateur, mais il y avait du bon dans cet homme-là : 
il lui est resté quelques amis fidèles à sa mémoire et un homme qui 
veut faire son chemin ne doit négliger personne. 

« La troisième face doit être consacrée au fameux étendard levé 
jadis par Martainville et consorts, un drapeau blanc avec cet exergue : 
Vive le roi. » 



XIII 



Cet aperçu de l'histoire des tabatières populaires, sous Napoléon P', 
est loin d'être complet. Pour ne parler que des médaillons en cuivre 
repoussé, doré au mat, la liste en est longue. Elle comprend une 
importante série de portraits de Napoléon, de Joséphine, de Marie- 
Louise et du petit roi de Rome, dont nous n'avons décrit qu'une 
partie. Il faut y ajouter les portraits d'un grand nombre de person- 
nages du temps, tels que les suivants : 

Louis-Napoléon, roi de Hollande ; Hortense-Eugénie, reine de Hol- 
lande ; Jérôme Napoléon, roi de Westphalie; Elisa-Napoléon, grande- 
duchesse de Toscane; Murât; Caroline, reine de Naples; le prince 
Camille Borghèse ; le prince Eugène, vice-roi d'Italie; la princesse 
Amélie de Bavière, sa femme ; Lebrun, Cambacérès, Berthier, Masséna, 
Bernadotte ; Junot, duc d'Abrantès ; Suchet, duc d'Albuféra ; Ney. 
Oudinot, Hulin, Talleyrand, Portails, Denon ; le cardinal Maury, le 
cardinal de Belluy, l'abbé de l'Epée ; Frédéric-Guillaume III, roi de 
Prusse ; la reine de Prusse ; l'archiduc Charles ; François P', empe- 
reur d'Autriche; Alexandre I"', empereur de Russie ; Frédéric-Auguste, 
roi de Saxe ; Frédéric, roi de Wurtemberg, etc. 



CIIAPITUE XIV 



IN DUSTRI ES DIVERSES 



Les mémoires des fournisseurs offrent, en général, peu d'intérêt, 
mais lorsqu'ils s'adressent à des personnages aussi extraordinaires 
que Napoléon P*", ils acquièrent alors un attrait de curiosité tout par- 
ticulier. 

Jusqu'ici, le lecteur a peut-être été bien aise d'apprendre comment 
Napoléon s'habillait, se chaussait, se coiffait, se gantait ; il a pris 
peut-être aussi quelque intérêt à connaître le nom des orfèvres aux- 
quels il faisait de si riches commandes en tous genres ; des ébénistes 
qui meublèrent dans un style nouveau ses palais impériaux ; de la 
bouquetière aux doigts de fée, 'qui composait ces jolis bouquets que 
Joséphine et Marie-Louise n'étaient pas seules à recevoir. 

Voilà pourquoi nous n'hésitons pas à donner ici, en manière de 
supplément, une liste abrégée de quelques fabricants ou industriels 
dont les mémoires, quelquefois cités, n'ont cependant pu faire 
l'objet, faute de place, d'un dépouillement plus étendu. 

« CuENUE, layeliereniballeur de Leurs Majestés Impériales et Royales 
et des Princes, rue Groix-des-Petits-Champs, n° 28, Paris. 

«Fait expédier et douaner pour l'Empire français et l'étranger. » 

Cette adresse est inscrite, comme en-tête de facture, sur une belle 
vignette surmontée d'un aigle aux ailes éployées et figurant un 
atelier d'emballeur. 

Chevalier, ingénieur opticien de S. M. le roi de Westphalie, 
membre de plusieurs académies. 

1810. Fourni pour le palais de Gompiègne et placé par moi dans la 
bibliothèque de l'Empereur, un baromètre à cuvette, construit en 
ucajou et auquel sont adaptés les deux thermomètres avec ornements 



INDUSTRIES DIVERSES 309 

allégoriques, 600 fr. — Ua autre baromètre , aussi placé par moi 
dans la chambre à coucher de S. M. l'Empereur, le dit baromètre 
construit sur bois d'acajou, avec ornements allégoriques, 300 fr. 

Compte soldé sur les 150,000 fr. accordés pour l'ameublement du 
palais de Gompiègne. 

Vérifié par l'auditeur au conseil d'Etat, inspecteur de la compta- 
bilité du mobilier et des bâtiments de la couronne, 

Le Gouteulx de Ganteleu. 
{Arch.nat. 0-33.) 

Desoucoes. En 1807. Desouches, serrurier du garde-meuble, four- 
nissait pour les grands appartements de l'Empereur aux Tuileries 
quatre garde-feux à six feuilles, au prix total de 1,200 fr. — Ghaque 
garde-feu, haut de O'",7o, large de 0™,4o et renfermant une toile métal- 
lique. 

Compte soldé sur le crédit de 101,811 fr. ouvert pour le budget du 
12 septembre 1807, pour compléter l'ameublement de l'appartement 
d'honneur au palais des Tuileries. — 12 avril 1808. (Arch. nat. 0-33.) 

Grangeret, « coutelier de l'Empereur et des hôpitaux de la marine 
à VH couronné, rue des Saints-Pères, n° 45. 

« Fait et vend couteaux de table et de dessert, tant en or qu'en 
argent, du goût le plus nouveau ; ciseaux de tous genres , de la 
meilleure qualité ; rasoirs d'acier raffiné qu'il donne ù l'épreuve et 
en général tout ce qui concerne la coutellerie et les instruments de 
chirurgie. » 

L'an XIII (1805), il fournit un cuir garni de deux rasoirs, pour le 
service de Sa Sainteté. 

10 avril 1815. « Pour le service de l'Empereur, réparation com- 
plète de 19 rasoirs en nacre : 67 fr. » 

Le Page, arquebusier de l'Empereur, fournit, le 17 décembre 1808, 
une épée d'argent pour M. Gharvet, huissier du cabinet de Sa Majesté, 
150 fr. {Arch. nat. 0-33.) 

Lerebours, opticien de l'Empereur place du Pont-Neuf. 

Médaille à l'Exposition de 1806 pour ses lunettes d'approche, téles- 
copes et autres instruments d'optique, Lerebourg fournit à l'Empe- 
reur, au commencement de la même année, 19 lunettes dites 
longues-vues et autres, dont une montée sur pied d'acajou valant 
1,800 fr., un thermomètre et une cassette de mathématiques. — To- 
tal : 5,600 fr. 

Pour les mois de septembre et d'octobre suivants, sa fourniture 



310 LI.S rOLRNISSKURS DE \APOLr;0\ l*^'' 

s'rlt'vo il 4,3U0 l'r. Deux luiicllcsea vermeil de tîl lignes, à tirages, 
i40 fr, ; deux lunelles de 18 lignes, 360 fr ; une grande lunette achro- 
matique de 4 pouces de diamètre et de six pieds de long avec 
ses accessoires, 3,o00 fr. 

26 janvier 181:2. — "2 lunettes de spectacle à tirage en vermeil, 



100 fr 



25 mars. — 2 lunoltes de spectacle, 400 fr ; une aulre, 120 fr. : un 
binocle en nacre de perle, les branches en or, garni de cristal de 
roche, 230 fr. Total : 750 fr. (Arch. nal. 0-32.) 

Levaciier, marchand de soieries. 15 ventôse an XII (6 mars 1804). 
— Pour fournitures de trois pièces de velours, étoffes d'or, d'argent 
et de soie, pour être distribuées en présents à Alger, aux grands du 
pays, 6,932 fr. [Affaires étrangères, Comptabilité , 1795 à 1815. 
Ouvr. imprimés et objets d'art.) 

MiGiNET, imprimeur, était chargé des billets imprimés pour les 
spectacles et les fêtes de la cour. Voici un de ses Mémoires, daté 
de 1811. 

23 avril. — 1.200 billets d'invitation pour le 25 avril au palais de 
Saint-Cloud, s^ur papier blanc à 4 fr. le cent, 48 fr. — 300 billets de 
couleur, sur papier velin vert, à 6 fr. le cent, 18 fr. 

30 avril, — 12 billets blancs, pour le spectacle du 2 mai, à Saint- 
Cloud, 48 Ir. — 30U billets de couleur à 6 fr., 18 fr. 

10 juin. — 2,200 billets, sur papier vélin jaune, pour le bal paré 
qui devait avoir lieu aux Tuileries, le IG juin, à 6 fr. le cent, 132 fr. 
— 400 billets ovales, à 6 fr. le cent, 24 fr. — 200 billets en losange, 
12 fr. — 1,800 billets, sur papier vélin bleu, 108 fr. — 400 billets, 
-vélin bleu, en losange, 24 fr, — 36 cartons lissés, rose, vert, blanc 
à (0,50), 18 fr. 

30 décembre. — 1,500 billets pour le spectacle et cercle de la cour 
du 2 janvier au palais des Tuileries, 60 fr. — 500 billets de couleur, 
30 fr. {Arch. nat. 0^32.) 

Picot, brodeur de l'Empereur. 

Mars 1808. — Avoir élargi les sous-poches et les bordés de cou- 
tures d'un habit de velours pourpre, 120 fr. — Elargi et appliqué des 
broderies à l'habit de pou-de-soie pourpre, 60 fr. 

En 1810, Picot réclame 90 fr. pour avoir brodé une couronne et 
un chiffre de S, M, l'Impératrice, pour le fauteuil du trône, aux Tui- 
leries, {Arch. nat. 0^34,) 

22 juin 1811, — Pour le compte de l'Empereur, découpé un habit 



INDUSTRIES DIVERSES 311 

de velours vert pour être appliqué sur un "Velours neuf, pour être 
rélargi, etc., G7."5 fr. [Arch. nat. 0-3o.) 

RuGGiERi, artificier. — En 1811, à l'occasion de la fête de Marie- 
Louise, un feu d'artifice fut tiré à la .Malmaison. Le mémoire de 
Ruggieri nous en donne la description détaillée : 

Annonce de douze bombes noires, dites d'annonce, à 4 fr. pièce, 
48 fr. — Six douzaines de fusées d'annonce, divisées en trois parties 
pour les entr'actes, à 7:2 fr. la douzaine, 43:2 fr. — Douze bombes de 
cinq pouces, pour accompagner les dites fusées d'honneur, à G fr., 
72 fr. — 1' Coup de trois ifs de cascades tournantes, accompagnées 
(le chandelles romaines, 67:2 fr.^ — f^ Un coup de trois pyramides de 
limaçon composé de vingt-cinq roues avec changement de feu et une 
mosaïque qui termine le dit coup de feu, 1,238 fr. — 3" Un temple 
de sept arcades avec sa frise, soubassement et les marches, entre 
chaque arcade une fontaine de feu, à l'entablement du temple, le 
chiffre de S. M. l'Impératrice entouré d'étoiles fixes surmonté de la 
couronne impériale accompagné de chandelles romaines et volcan, 
l,2o0 fr. — Quinze douzaines de parlement, 135 fr. — Quinze dou- 
zaines de gros partement, IGo fr. — Quinze douzaines marquises, 
rî70 fr. — Quinze douzaines de doubles marquises, 4oÛ fr. — Quinze 
douzaines de trois douzaines, 900 fr. — Cent volcans, 300 fr. — 
Cinquante marrons. 150 fr. — Quatre bombes de six, 72 fr. — Quatre 
bombes de huit, 12U fr. — Une bombe de douze, OG fr. — Frais de 
transport, 200 fr. — Total : G.o70 fr. 

Réduit à G, 000 fr., prix d'ailleurs convenu. 

Le 17 janvier 1808, de Saint-Etienne jeune, « ccinturier de S. M. 
l'Empereur et Roi, de sa maison et de celles des princes », réclame 
1,723 fr. pour soixante-douze ceinturons d'épée ordinaires, à 10 fr. 
et un grand baudrier, grand costume, brodé en or sur fond blanc, 
avec garniture en or ciselé. {Arch. nat. 0-33.) 

Enfin la Y*^ Toulet, « fourreur de Leurs Majestés Impériales et 
Royales », re'clame, en décembre 1808, la somme de 760 fr. pour 
garde et réparation des manteaux impériaux et de divers vêtements 
fourrés de l'Empereur. [Arch. nat. 0^33.) 



LIVRE lY 

M A RIE- LOUISE 



CHAPITRE PREMIER 



MARIAGE DE MARIE-LOUISE 



Marie-Louise, archiduchesse d'Autriche, avait dix-huit ans quand 
elle accepta, de son plein gré, d'épouser l'empereur Napoléon. 

Berthier, chargé d'aller faire la demande à Vienne, y déploya une 
représentation magnifique. Pour la circonstance, Napoléon mit à sa 
disposition un budget de 400,000 fr. 

Pour le contrat et les cérémonies, on se modela sur tout ce qui 
avait été décidé lors du mariage de 3Iarie-Antoinette, mais en s'appli- 
quant à faire mieux encore. Une copie du contrat de Marie-Louise 
existe aux Archives nationales, nous en citerons quelques passages : 

Art. y. — « Outre la dot de 1>0Û,000 florins du Rhin, S. M. l'Empe- 
reur d'Autriche convient de faire présent à la Sérénissime Archidu- 
chesse sa fille, pour la valeur de 200,000 florins du Rhin ou 
500,000 fr., de bagues et autres joyaux, lesquels lui appartiendront 
en propre. > 

Art. 6. — « S. M. l'Empereur des Français donnera à la Sérénis- 
sime future épouse, à son arrivée en France, des présents et bijoux 
jusqu'à concurrence de la valeur de 200,000 écus, lesquels appar- 
tiendront également en propre à la Sérénissime future Impératrice. > 

Article 7. — « Le douaire assigné à la future Impératrice consistera 



31 t LKS FOLRNISSKURS DE XAPOLl'ON l^'" 

dans un revenu annuel de oOO,OOÛ fr., dont elle jouira depuis le com- 
mencemcnl ili- son veuvage jusqu'à sa mort. » 

Suivant M. Tliiers, on laissa, pour la forme, ce chiiïre mesquin, 
mais Napoléon fit stipuler un douaire de 4 millions pour le cas où la 
nouvelle Impératrice deviendrait veuve. 

Le mariage à Vienne fut célébré le 11 mars 1810 et le surlende- 
main Marie-Louise s'acheminait vers la France. Elle arriva le 16 à 
Braunau, où l'attendait la reine de Naples, sœur de Napoléon. Le 
jour même, Berthier écrivait à l'Empereur: 

ï Sire, Sa Majesté la reine de Naples est arrivée hier ici à deux 
heures après miiii ; j"ai eu l'honneur de la conduire à la baraque. Sa 
Majesté a trouvé tout bien disposé. Après dîner, la Reine m'a permis 
de lui porter le projet de distribution des bijoux : la répartition a 
été un objet difficile ; il manquait beaucoup de choses que Sa Majesté 
a complétées en prenant des bijoux des duchesses de Montebello et de 
Bassano, pour la somme d'environ GO, 000 fr. Enfin, Sire, on a cher- 
ché à faire les choses de manière à se conformer aux intentions de 
Votre Majesté. 

« Les chambellans n'ont que «les boîtes à chilTre d'environ 2,500 à 
2,600 fr.; il ne reste plus à distribuer que trois portraits de 
"Votre Majesté du prix de 7 à 8,000 fr. ; quatre à cinq boîtes à 
chiffre, quelques bagues, montres et parures d'une valeur très mé- 
diocre. 

€ On fera ce qu'on pourra afin de se procurer ce qui manquerait 
pour les cours de Munich, StuUgard et Carlsruhe ; mais il sera néces- 
saire que Votre Majesté veuille bien donner ordre qu'on envoie à 
Strasbourg les cadeaux qu'elle présume que Sa Majesté l'Impé- 
ratrice sera dans le cas de faire aux préfets et autres personnes, 
sur sa route de Strasbourg à Compiégne, car il ne nous restera 
rien » 

Dans la soirée, Berthier adressait à l'Empereur cette autre lettre : 
« L'Impératrice a invité à son dîner la reine de Naples et la comtesse 
de Lazanski. La duchesse de Montebello et moi avons fait les honneurs 
d'une table de soixante-dix couverts où se trouvèrent les dames et 
les grands qui ont accompagné l'Impératrice. Le repas était magni- 
fique ; nous avions une bonne musique et les dames et les grands 
venus devienne étaient en habit de gala etcouverts de diamants. 
Après dîner, on est descendu dans un des salons de l'Impératrice. Sa 
Majesté est venue avec autant d'amabilité que de dignité dire un mot 



MARIAGE DE MARIE-LOUISE 315 

agréable à chacune des personnes qui l'ont accompagnée depuis 
Vienne. Le contentement était général. 

« 16 mars, 10 heures du soir. 

« Le prince de Neucoatel. » 

Marie-Louise se dirigea sur Compiègne en passant par Munich, 
Strasbourg, Lunéville, Nancy et Vitry. Le dernier jour, dans son 
impalience, Napoléon alla au-devant d'elle ; quand les deux cortèges 
furent en présence, il ouvrit lui-même la portière de la voiture où se 
trouvait sa jeune femme, l'embrassa avant de s'être fait connaître et 
revint à Compiègne assis près d'elle, en lui témoignant toutes sortes de 
tendresses. 

Le mariage civil se fit à Saint-Gloud le V'' avril. Le mariage religieux 
eut lieu le lendemain, dans la grande galerie du Louvre. 

L'Empereur, fidèle à son principe d'établir au commencement de 
chaque année un budget pour toutes ses dépenses, fixa lui-même les 
sommes relatives à son mariage avec Marie-Louise. 

Pour un médaillon, contenant le porlrait de l'Empereur, 17-j,000 fr. 
— Diamants et bijoux destinés à faire des cadeaux, 9.j0,000 fr. — 
Pour les médailles frappées à l'occasion du mariage, 150,000 fr. — 
Pour le trousseau, 1^0,000 fr. — La corbeille, 100,000 fr. — Les 
châles et dentelles, 80,000 iV. 

L'Empereur joignit une note conçue en ces termes: 

« J"ai décidé que le trousseau ne passera pas l!20,000 fr. ; la cor- 
beille, 100,000 fr. ; les chcàles et dentelles, 80,000 fr., ce qui fait 
300,000 fr. Je n'entends point revenir là-dessus, j'entends que tout 
revienne pour être estimé à l'intendance et ne point passer par la 
volonté de Leroy. » [Arch. nat. 0-149.) 

Leroy était le célèbre marchand de modes qui avait pour clientes 
les plus grandes dames de son temps. Ses prix étaient fort élevés. 



ciiAPiTin: II 



TROUSSEAU DE IVl A R I E - LO U I S E 



Trousseau de Marie-Louise. — Le trousseau fut livré à Saint-Cloud et 
expertisé dans l'appartement de M"" Aubert, garde d'atours de l'Im- 
pératrice par les huit experts suivants: Tiiomire, fabricant de bronzes 
et dorures ; Dallemagne et Boucou, brodeurs ; Pourget, marchand de 
soieries ; Nourtier, marchand de soieries, châles et nouveautés ; 
Dumas Descombes, fabricant de châles ; M'"'' Lasnier et iM"'' Louvet, 
marchandes de modes. 

Fourniture de chez Leroy. (Réception du 5 avril 1810.) Une cor- 
beille de velours blanc, décorée de broderies et ornements dorés, 
1:2,000 fr. — Un sultan, salin blanc et acier, 1,600 fr. — Un héron 
fin, 0,000 fr. — Un habit de mariage, 1:2,000 fr. — Un habit tissu 
d'argent, palmettes d'or et pierres, 7,400 fr. — Un habit tulle rose, 
pierres et lames, raies en palmier, 4,500 fr. — Un grand habit de 
blonde, chenille et argent, 6,000 fr. 

Trois habits. Un habit de satin blanc, brodé en or, pointes et pal- 
mettes, 3,000 fr. — Un grand habit de tulle rose à lame d'argent, 
3,500 fr. — Un habit de satin rose, raies de biais et frange, 2,800 fr. 

Deux robes longues. Une de satin rose et acier, 2,500 fr. ; l'autre 
de tulle rose, lamé à colonnes, satin rose et argent, 1,800 fr. 

Sixrobes de bal. Une robe à violettes et colonnes d'argent, 1,400 fr. 

— Une autre, de tulle et or, très riche, oreilles d'ours blanc et or, au 
bas, 1,800 fr. — Un habit rose et argent, à la François F, dessin 
à écailles, 2,200 fr. — Une robe de tulle blanc offrant un semé de 
fleurs riche et léger, bordure à deux rangs de pavots blancs, 2,200 fr. 

— Une robe de tulle de Lvon, rose et corset de velours, 600 fr. — 



TROLSSEAU DE MARIE-LOUISE 317 

Une robe de tulle lamé, ouverte sur les côtés, cinq ouvertures et 
plumes de paon, 1,^00 fr. 

Douze robes du soir. Une robe de tulle rose lamé argent, dessin à 
tètes de plumes, gros liseré au bas, l,loO fr. — Une robe de tulle, à 
petits pois, argent, garnie, à boutons et fleurs, 1,150 fr. — Une robe 
satin blanc et perles, 1,000 fr. — Une robe de tulle bleu et argent, 
dessin losange au bas et raies montantes, 1,500 fr. — Une robe de 
tulle blanc et or, 1,000 fr. — Une robe de tulle rose à pois de satin 
et perles autour, garni de perles, 600 fr. — Une robe blanche, garnie 
de framboises, 600 fr. — Une robe satin rose, imprimée à pois argent, 
trois rangs de blonde argent, 850 fr. — Une robe en velours plein 
nacarat, deux rangs de frange au corsage et écharpe, o88 fr. — Une 
robe satin rose, jolie garniture tulle et satin, 2:26 fr. 

Douze robes plus simples. Une robe satin blanc, rangs de blonde 
argent, 350 fr. — Une robe, crêpe bleu, à trois ruches de crêpe, entre- 
manches rayés en tulle, faite à chàle, 350 fr. — Une robe blanche, 
350 fr. — Une robe rose, 350 fr. — Une robe de tulle blanc garnie 
de fleurs, pavots mêlés, dessous en satin, 350 fr. — Une robe de tulle 
blanc, montante au col, manches longues, trois rangs de blonde, 
ruche au col, dessous en satin, 580 fr. — Une robe de tulle brodé 
rayée de biais, garnie de rangs de coques, robe dessous, 350 fr. — 
Une robe courte, velours blanc frisé, garnie d'une frange de perles, 
frange au corsage et aux manches, 360 fr. — Une robe faux cache- 
mire, blanc et or, l,000fr. — Une robe d'étofTe blanche, à côtes, 
garnie, tulle et satin, 290 fr. — Une robe de velours frisé rouge, 
garnie de tulle, 320 fr. — Une robe de tulle lilas, à raies de satin 
garnie de roses blanches et lilas, 400 fr. — Une robe de blonde che- 
nillée or, en feuilles de lierre, 2,400 fr. — Une robe à filet d'argent, 
1,200 fr. — Une robe en blonde ordinaire, à demi-guirlandes, 
1,000 fr. — Une robe à bouquet de violettes, 800 fr. 

Redingotes. Une redingote satin blanc, à deux rangs, en ruche 
devant et au corsage, 520 fr. — Une redingote en satin rose, colle- 
rette de blonde, 460 fr. — Une redingote en velours rose frisé à 
chàle, toute garnie de petite blonde, 420 fr. — Une redingote satin 
blanc, doublée de rose, glands d'argent, 570 fr. — Une autre, doublée 
de satin cerise, col en blonde, 350 fr, — Une redingote en crêpe 
bleu, doublée, ruche de tulle, 300 fr. 

Cinq redingotes plus simples. Une redingote levantine rose, garnie 
de peluche, 235 fr. — Une autre levantine vert naissant, fourrée de 



.{18 LKS FOlJlWISSianS DE NAP0L1';0N l'^'" 

peliiclic vorle H:2U IV. — lue aulrr fih levauliiie blanche, (luuljlée de 
pelil salin, garnie de [uduelie, 1*10 fr. — Une redingote, forme gilet, 
velours frisé bleu, doublée de satin blanc, guimpe, 292 fr. — Une 
autre en velours frisé nacarat, en gilet, satin rouge dessous, 477 fr. 

llabils de chasse. Deux habits de chasse, dont un en satin blanc et 
glands d'or, point turc or ; Taulre en velours nacarat et or, 5,000 fr. 
Deux habits de chasse à 1,200 fr ;un bleu jarretière or ; l'autre, lilaset 
hermine, 2,400 iV. — Deux habits de chasse, simples, l'un en velours 
salin et peluche rose ; Taulre, en velours frisé vert naissant, 800 fr. — 
Un voile rond de blonde, 700 fr. — Un voile bistre blanc, 700 fr. — 
Un grand fichu, forme mantille, 700 fr. — Un voile long, 600 fr. — 
Deux petits fichus, 3C0 fr. — Soixante douzaines de gants à 40 fr. la 
douzaine, 2,400 fr. — Deux douzaines d'éventails, 1,500 fr. • — Deux 
douzaines de coilTures et bouquets, 1,200 fr. — Douze garnitures 
1,500 fr. — Modes, 3,000 fr. Total : 117,472 fr. 

Seconde fourniture de Leroy (31 mai 1810). Un grand habit de 
cour, tulle blanc, lamé argent, bordure et doublure en satin, robe et 
babit de dessous en satin, 3,000 fr. — Façon et fourniture d'un four- 
reau long, tulle blanc doublé de salin, garni de trois rangs de blonde, 
1,200 fr. — Redingote levantine jaune, doublée, ouatée, garnie de 
peluche, 235 fr. — Robe longue de voyage, satin blanc, brodé d'ar- 
gent, lamé en plein, riche bordure, tablier et manches longues en 
tulle lamé très riche, garniture et montant d'hermine mouchetée, 
ruche de blonde au col, 3,200 fr. — Façon d'une pelisse de velours 
plein nacarat foui'rée (la fourrure a été donnée parla reine deNaplesl, 
24 fr. — 9 aunes de velours plein nacarat, 360 fr. — Divers, 1,505 fr. 

— Total : 9,524 fr. 

Fourniture faite par Lenormand, marchand d'étoffes de soie, rue 
Saint-IIonoré, 248, fournisseur breveté deV Impéralricei^ avril 1810). 
Un chàle de cachemire blanc long, grandes palmes et encadrement 
très riche, 4,800 fr. — Vv\ autre, fond blanc, àpalmettes, 1,200 fr. — 
Un cachemire fond vert, à grandes palmes et petites palmes sur la 
bordure, 4,000 fr. — Un cachemire long rayé, 2,400 fr. — Un 
cachemire carré, 2,169 fr. — Total : 14,560 fr. 

Fourniture faite par Gorbie, rue de Richelieu {o avril 1810). Un 
cachemire long rayé, 3,500 fr. — Un cachemire amarante, à palmes 
et fond àpalmettes, 2,500 fr. — Un cachemire gros bleu, même des- 
sin, 2,200 fr. — Un cachemire ponceau, à trois bordures, 2,700 fr. 

— Un cachemire jonquille à doubles palmes, 1,600 fr. — Un cache- 



TROUSSEAU DE MARIE-LOUISE 319 

mire blanc, même décor, 2,400 fr. Un cachemire carré, rayé, à rosaces, 
1,800 fr. — Un cachemire long-, noir, à grandes palmes, 1,500 fr. — 
Un cachemire blanc, uni, à bordure, 1,000 fr. — Un autre, carré, 
blanc, à bordure, 600 fr. — Total: 19,800 fr. 

Fourniture faite par IIerbault (5 avril 1810). Un chàle de cache- 
mire fond blanc, très riche, 4,000 fr. — Un autre, carré, fond jaune, 
1,500 fr. — Total : 5,500 fr. Total général : 106,856 fr. 

Fourniture de Tessier, marchand bonnetier de rimjjératrice. 

La fourniture de Tessier se compose de cent huit paires de bas 
de soie blancs et de vingt-quatre paires de bas de coton. En voici le 
détail : Vingt-quatre paires de bas de soie, blancs, de Paris, à petite 
broderie, 384 fr. — Vingt-quatre paires à jour sur le pied et brodés, 
576 fr. — Vingt-quatre paires, à jour sur le pied, à brodequin et 
brodés, 672 fr. — Douze paires, à grands jours sur le pied et brodés, 
faconde Berlin, 408 fr. — Douze paires, superflus, à grands jours, 
de Berlin, et riche broderie, 504 fr. — Douze autres paires à très 
grands jours de dentelle et riche broderie, 86i fr. — Douze paires de 
bas de coton blanc, de Paris, à grands jours, à brodequins, 336 fr. — 
Douze paires de bas extra-fins, à grands jours, de Berlin, et à brode- 
quins, 468 fr. — Total : 4,752 fr. 

Fourniture de Janssen, cordonnier de l Académie impériale de 
musique, rue Neuve-des-Bons- Enfants, n'' 3, 5 avril 1810. 

Deux paires de brodequins en salin blanc, doublés de même, brodés 
en argent, lacés derrière et garnis d'une frange d'argent, en torsade, 
72 fr. — Une paire de brodequins, en velours pourpre, brodés en or, 
doublés en satin blanc, ouverts du devant et garnis en pahnire des 
Indes, 42 fr. — Brodequins, en velours levantine rose, doulilés en 
satin blanc, ouverts du devant, garnis en peluche de soie, 30 fr. — 
Brodequins, en gros de Naples, ponceau fin, doublés en satin blanc, 
brodés en or et garnis en hermine blanche. 30 fr. — Deux paires de 
souliers, en satin blanc, brodés en argent, garnis l'un en col de canne, 
l'autre en plume de grèbe, 68 fr. — Trois autres paires, dont deux en 
satin blanc, la troisième en satin noir, garnies en cygne, en hermine 
mouchetée, en astracan, 72 fr. 

Souliers en satin blanc, brodés en acier et garnis d'une frange de 
perles d'acier, 40 fr. — Autres, en maroquin noir, fourrure blanche, 
garniture en hermine rouge et noire, 24 fr. — Souliers de voyage 
en velours noir, garnis en queue de vison et à liège, 36 fr. — Autres 
en satin blanc, fourrure blanche, ouverts du devant et garnis en her- 



320 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON f 

mine, 8G fr. — Trente-deux paires de souliers en salin blanc, noir, 
rose, verl, gros bleu, en levantine blanebe, en taffetas blanc, noir, à 
8 fr. la paire, 250 fr. — Total : 706 fr. 

Lors du mariage de Napoléon avec Marie-Louise, dit M. Imbert 
de Saint- Amand, les fournisseurs et ouvriers de Paris travaillaient 
sur des mesures et des modèles envoyés de "Vienne. « Napoléon 
s'était fait présenter ces modèles. Prenant un des souliers qui étaient 
remarquablement petits et en donnant, sous forme de caresse, un 
petit coup sur la joue de son valet de chambre : « Voyez, Constant, 
avait-il dit, voilà un soulier de bon augure. Avez-vous vu beau- 
coup « de pieds comme celui-là? » {Les beaux Jours de Marie- 
Louise.) 

Marie-Louise avait en effet un joli pied et elle le savait. Elle en fit 
elle-même la remarque à une époque où accablée par le poids de 
ses propres malheurs, il semblait qu'elle eût autre chose à penser 
qu'à ses charmes personnels. 

En 1814, au moment de l'abdication de Napoléon, Marie-Louise 
s'était retirée à Blois. M. de Saint-Aulaire, porteur d'une lettre de 
l'empereur d'Autriche, est introduit de grand matin auprès de l'Im- 
pératrice encore couchée. Elle était assise sur le bord de son lit, 
tandis que ses pieds sortaient de dessous les couvertures. « Embar- 
rassé de se trouver en présence d'une si grande infortune, car la lettre 
dont il était porteur apprenait à la fois l'acte de déchéance et la ten- 
tative d'empoisonnement de l'Empereur à Fontainebleau, il tenait 
les yeux baissés pour n'avoir pas l'air d'observer, sur sa figure, l'effet 
de sa triste missive. « Ah ! vous regardez mon pied, lui dit l'Impéra- 
trice ; on m'a toujours dit qu'il était joli. » 

« Celte préoccupation de coquetterie féminine parut singulière à 
M. de Saint-Aulaire en pareilles circonstances. ■» (Comte d'IIausson- 
ville. Ma Jeunesse, 1814-1830. Souvenirs, p. 81.) 

Lingerie, mousselines et dentelles. Fourniture de M^^^^ Lolive et 
DE Beuvry, 5 avril 1808. 

Douze douzaines de chemises de batiste, brodées à la gorge et aux 
manches, garnies de dentelle, 19,386 fr. 

Vingt-quatre douzaines de mouchoirs de batiste, dont quelques-uns 
garnis de dentelles, avec broderies, chiffres et sujets, 10,704 fr. 

Vingt-quatre camisoles, dont douze de batiste et douze en percale, 
doublées, brodées, garnies de dentelles et de rubans, 9,060 fr. 

Trente-six jupons, dont vingt-quatre en batiste d'Ecosse et douze 



TROUSSEAU DE MARIE-LOUISE 321 

en percale, à festons, à petits plis, à coquilles, brodés et garnis de 
dentelles, 6,3o4 fr. 

Vingt-quatre serre-tête en batiste garnis de valenciennes, 831 fr. 

Vingt-quatre bonnets de nuit, dont six bonnets Caroline, en batiste 
d'Ecosse; six bonnets Napoléon en mousseline ; six bonnets napoli- 
tains, en dentelle et bandes de mousselines, tous brodés, ornés de 
dentelles et de rubans. Parmi les six autres, très riches, deux bonnets 
également dits « Caroline » coûtent chacun 840 fr. L'un est au point, 
à l'aiguille, l'autre au point d'Angleterre. Total : 5,65:2 fr. 

Trente-six fichus de nuit, en batiste et en mousseline, ornés de den- 
telle, 1,964 fr. 

Vingt-quatre peignoirs en batiste et en percale, brodés, garnis de 
mousseline et de dentelles, 8,708 fr. 

Douze fichus du matin, de diverses formes, fictms Franijoise, en 
maline brodée, à ceinture ; fichus au lever de l'Impératrice, en mous- 
seline brodée; fichus cosaques, en bandes brodées et tulle. Un fichu 
à revers en point d'Angleterre est coté seul 7:20 fr. Total : 4,:250 fr. 

Deux voiles mexicains en mousseline brodée au i)oint de dentelle 
500 fr. — Deux mantilles castillanes, 360 fr. 

Douze robes, dont une au point à l'aiguille, de 5,000 fr. — Robe à 
la Ninon, robe à coquilles à cinq rangs, robes de mousseline, de tulle, 
de batiste d'Ecosse, brodées à jour ou en plein, garnies de malines, 
de valenciennes. de point d'Angleterre, 14,676 fr. 

Douze pelotes, en percale, en mousseline, en tulle, brodées à la 
main, ornées de dentelle, 784 fr. 

Vingt-quatre douzaines de frottoirs, garnis de dentelle, les uns en 
batiste, les autres en futaine. 1,569 fr. 

Vingt-quatre douzaines de serviettes de toilette, en toile de Chàtcau- 
Gonthier, 2,352 fr. 

Douze douzaines de linges de garde-robe, 306 fr. 

Deux couvre-pieds en mousseline claire brodée, garnis de point 
d'Angleterre et doublés de salin, 6,410 fr. — Total des objets de lin- 
gerie et mousselines, 94,666 fr. 

Dentelles. Founiilures de M"'"" Lolive et de Beuvry. 

Un voile à la mexicaine, en [)oint d'Angleterre, 1,100 fr. — Une 
mantille, à la castillane, en point à l'aiguille, 1,500 fr. 

Fourniture de Le Roy. Un voile rond, en dentelle de Bruxelles, 
dessin à pois en diminuant, bordure à guirlandes et palmettes, 
4,000 fr. 

21 



or 



322 LES FOURMSSKURS DE NAPOLÉON I 

i'uuniHurc de Lknoum.vnd. Un châle de deiiLelle, en puiul d'Alen- 
(jon, :3,:iOU fr. 

Première fourniture de Lesukur. Deux fichus, une pèlerine, deux 
bonnets, trois voiles, deux demi-voiles, garnis de point d'Angleterre 
à 3o fr. l'aune et de point à l'aiguille coté o7o fr. l'aune, oflVaiit des 
festons à jour, des boutons de roses, des semés de feuilles, de pois, 
d'étoiles, des dessins de feuilles de roses, de pavots et de tulipes, 
23,091) fr. — Une robe d'Angleterre, dessin de roses, semé de feuilles, 
corsage et manches, 4,500 fr. 

Seconde fourniture de Lesueur. Un manteau de cour, à trois rangs 
de bordure ; dessin de feuilles groupées, formant guirlande et nouées 
avec des fleurs de pensées, 16,000 fr, — Deux robes d'Angleterre, à 
trois rangs de feuilles et guirlandes de fleurs, 12,800 fr. — Trois 
châles d'Angleterre, dont deux à dessins de feuilles, de roses et de 
pois, et le troisième à guirlande de laurier-rose avec le chiffre de Marie- 
Louise (M L) aux quatre coins, 15,000 fr. — Total des dentelles : 
8l,lU9fr. 



CHAPITRE m 



BIJOUX OFFERTS PAR L'EMPEREUR A IVl A R 1 E - LO U 1 S E 



Les bijoux offerts par l'Empereur à Marie-Louise méritent d'être 
cités. Nous avons déjà parlé du fameux médaillon renfermant le 
portrait de l'Empereur, et pour lequel un budget de 173,000 fr. avait 
été établi. Le portrait était bordé d'un cercle de douze gros brillants, 
et le médaillon renfermé dans un ricbe écrin aux armes impériales. 
En plus de ce bijou, coté par Nitot et fils 174,809 fr., les célèbres 
joailliers fournirent encore : 

Une parure d'émeraudes, entourées de brillants, de 289,863 fr. ; 

Une parure d'opales, aussi entourées de brillants, de 273,933 fr. ; 

Puis diverses parures et une série de bijoux de moindre importance, 
s'élevant à 53,447 fr. 

Entrons dans quelques détails sur ces merveilleux bijoux : 

Parure d'émeraudes entourées de brillants, composée du diadème, 
d'un collier, de boucles d'oreilles et d'un peigne. 

Le diadème. Il est formé de vingt-deux émeraudes valant ensemble 
42,500 fr. ; de cinquante-sept petites émeraudes estimées 1,365 fr. et 
de neuf cent cinquante-trois brillants prisés 100,369 fr. 

Le collier se compose de trente émeraudes valant 40,900 fr. ; de 
onze cent trente-huit brillants et de deux cent soixante-quatre roses 
de Hollande, à 1 fr. 30 pièce : 37,221 fr. 

Les boucles d'oreilles sont formées de six émeraudes, dont deux de 
44 karats : 10,000 fr. ; de soixante brillants et de quarante-huit roses 
de Hollande à 1 fr. 30 la pièce : 13,987 fr. 

Le peigne comprend : l'émeraude du milieu, pesant 77 grains, 
5,000 fr. ; — deux émeraudes en losange, 3,300 fr. et 3,000 fr. ; — 
deux émeraudes ovales, 1,600 fr. ; — dix-huit plus petites, 468 fr. 73 ; 



32 1 LES FOUHMSSEURS DE NAPOLÉON 1^'" 

— deux cent vingl-si\ hrillaiils, 11,586 fr. ; — (lualre roses de IIolKindo 
à 1 IV. oO pirce. La façon du peigne est de 750 fr. etTécrin, pour ren- 
fermer toute la parure, de 10(1 \'v. 

Parure d'opales entourées de brillants^ composée d'un diadème^ 
d'un collier à quadrilles et chatons, d'une paire de boucles d'oreilles 
et d'un peigne. 

Le diadème compte quarante-quatre opales, celle du milieu valant 
10.000 fr., et niillc cinquante-trois brillants. 

Le collier réunit cinquante opales, prisées 47,860 fi-., celle du milieu 
valant 10,000 fr., et l'opale de dessous 8,000 fr. ; trois cent quatre- 
vingt-quatre brillants, 39,388 fr. 

Les boucles d oreilles comprennent : une opale de 9,000 fr. ; — 
deux opales ovales, à 4,000 fr. la pièce; ■ — deux autres à 2,000 fr. ; 

— quatre opales moyennes à 300 fr. ; — puis, deux cent quarante- 
quatre brillants, 9,813 fr. ; — onze roses de Hollande à 1 fr. 50, et 
la façon, 750 fr. 

Parmi les divers autres objets nous remarquons : 

Deux bourses, en perles d'or et d'émail, 750 fr. 

Un écrin en velours vert orné de divers bas-reliefs et parsemé 
d'abeilles ciselées en vermeil, garni de caissons en velours blanc, le 
tout très soigné et renfermé dans un colTre en bois, 7,700 fr. {.[rch. 
nat. 0-33.) 

1810. Frièse et Devilliers, bijoutiers du roi et de la reine des Deux- 
Siciles, eurent aussi l'honneur de fournir quelques bijoux à la corbeille 
de Marie-Louise. Nous trouvons sur leurs deux factures : une boite à 
cure-dents en or, gravé et ciselé, 480 fr., sans compter le prix de 
de deux portraits, par I^abey ; — un souvenir en or émaillé, enrichi 
de brillants et perles fines, 14,300 fr. ; — monture d'une bague 
offrant le portrait de l'Empereur, 40 fr. ; — deux éventails, l'un en 
brillants, l'autre en briUants et émeraudes, 9,i287 fr., y compris 
lécrin de 60 fr. 

Quelques mois plus tard, les bijoux suivants venaient s'ajouter aux 
premiers : un portrait de l'Empereur sculpté en camée, sur agate- 
onyx, par Argenti, graveur romain, 6,000 fr. ; — une parure, com- 
posée d'un collier et d'une paire de boucles d'oreilles en émeraudes, 
avec feuilles de vigne en brillants, 17,953 fr. ; — une plaque de cein- 
ture, montée à jour, en émeraudes et brillants, 17,443 fr., etc. 

Ces mémoires (non compris le beau médaillon) sont réglés sur le 
fonds de 680,000 fr. que le budget du 10 mars 1810 met à la dispo- 



BIJOLX OFFERTS PAR L EMPEREUR A MARIE-LOUISE 325 

siLion du grand cliambeilan, comte de Montesquiou, pour les dépenses 
relatives au mariage de l'Empereur et concernant les diamants et 
bijoux donnés par celui-ci à la nouvelle Impératrice. 

Médnillier de S. M. V Impératrice. 

Mémoire de médailles d'or remises par ordre de l'Empereur, pour 
être place'es dans le médaillier de S. M. l'Impératrice : 

La Bataille de Montenotte. — V Egypte conquise. — Passage du 
Grand Saint-Bernard. — Le Couronnement à Paris. — Les Fêtes 
du Couronnement. — Le Couronneynent à Milan. — La Vénus 
de Médicis. — Le Code Napoléon. — Za Vaccine. — Le Mariarje 
du prince de Bade. — La Bataille d'Iéna. — L.'occupation de 
Hambourg. — Lai Délivrance de Dantzick. — La Conciuête de la 
Silésie. — Route de Nice à Rome. — Entrée à Madrid. — Rup- 
ture du traité de Presbourg. 

Ces dix-sept médailles d'or au litre de 916 millièmes pesant en- 
semble P", 00 ^\ Tocg, à raison de 3,4o0 fr. le kilogramme, soit 
3,642 fr. 3o. 

En plus, quarante médailles de bronze : 

Capitulation de Mantoue , 1 fr. — Conquête de la basse Egypte, 
1 fr. — Conquête de la haute Egypte, 1 fr. — Retour à F ré jus. 1 fr. 

— L' Instruction publique organisée, 1 fr. oO. — Négociations avec 
l'Angleterre, fr. ±0. — Conqu-He du Hanovre, 1 fr. oO. — Le Musée 
Napoléon .• Salle de l'Apollon, 1 fr. : Salle du Laocoon . 1 fr. — 
La Légion d'honneur, 1 fr. oO. — Le Camp de Boulogne, I fr. 50. 

— Le Mont-Blanc, 1 fr. oO. — Le Sacre. 1 fr. oO. — La Distribu- 
tion des Aigles, fr. "0. — Le Tombeau de Desaix, fr. 7o. — 
La Li§urie réunie à la France, 1 fr. oO. — Les Ecoles de Méde- 
cine, 1 fr. oO. —Levée du Camp de Boulogne, 1 fr. oO. — Le Pont 
duLech, 1 fr.oO.— Capitulation d'Ulm elde Memmingen, 1 fr. oO.— 
Prise de Vienne et de Presbourg, 1 fr. oO. — Reprise des drapeaux, 
1 fr. 50. — Bataille d'Austerlitz, 1 fr. 50. —Les Trois Empereiirs, 
1 fr. 50. — Entrevue des deux Empereurs. 1 fr. 50. — La Paix de 
Presbourg, i fr. 50. — La Cathédrale de Vienne. 1 fr. 50. — La 
Conquête de Vienne, l fr. 50.— La Conquête de Venise, 1 fr. 50.— 
La Conciuête de Naples, 1 fr. 50. — Les Souverainetés données, 
1 fr. 50. — La Colonne de la Grande-Armée, 1 fr. 50. — Réunion 
de VEtrurie, 1 fr. 50. — Le Mariage de l'Empereur, 1 fr. 50. — 
La Naissance du Roi de Rome, I fr. 50. — Le Roi de Rome 



326 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON 1*^'' 

(2" dimension), l fr.' — Le Grand-Duc de Wuvlzhourg, l fr. — 
V Amour emportant la foudre, fr. 50. — Le Roi de Home 
(i*^ dimension), fr. oO. — Le Couronnement (4" dimension),^ fr. 50. 
Total : 50 fr. 

Doux tablettes à compartiments garnis en satin blanc, 20 fr. 
(8 juillet 4813). 

Compte soldé sur le fonds de 14,000 fr. accordé par le budget 
de 1809, pour les médailliers de l'Empereur et de l'Impératrice. 

Si(iné : Denou. 



CHAPITRE IV 



FETES DU MARIAGE 



Les fêtes du mariage furent magnifiques et nécessitèrent de grandes 
dépenses, facilement payées grâce à l'ordre admirable de Napoléon. 

Des dons et des grâces de toute sorte furent accordés à cette occa- 
sion dans tout l'Empire français, ainsi qu'à Vienne. 

L'Empereur n'oublie pas les indigents et leur fait distribuer 
120,000 fr. Dans chaque département, une somme de 1,200 fr. est 
établie pour la dotation de deux filles pauvres et de bonne conduite. 
Amnistie est accordée aux sous-officiers et soldats déserteurs à l'in- 
térieur, détenus ou qui se présenteront prêts à reprendre du service. 
En 1810, le nombre des déserteurs s'élevait déjà à près de 60,000. 

Des tabatières d'or ciselé, guilloché, d'une valeur moyenne de 
470 fr., renfermant des napoléons d'or, sont envoyées à quatorze 
employés autrichiens qui ont donné des soins aux militaires français, 
restés malades à Vienne. M. Ernest Collet, commissaire des hôpitaux 
français, à Vienne, reçoit une tabatière d'or, ciselée, émaillée, ornée 
d'un camée à trois couches, représentant un buste de Sapho entouré 
de vingt brillants, cotée 3,373 fr. Une autre tabatière de même travail 
estimée 2,961 fr. est remise à M. Jean Nikel, chirurgien-major des 
hôpitaux français, à Vienne. La boîte est surmontée d'un camée à 
trois couches, figurant un buste de Minerve, entouré de vingt 
brillants. 

Cette fourniture, faite par Nitot et fils, s'élève pour les boîtes 
seules, c'est-à-dire sans les pièces d'or, à 12,902 fr. 

La mission du prince de Neufchâlel avait coûté 393,512 fr., répar- 
tis ainsi : frais de voyage du prince et des officiers envoyés à Vienne, 
172,612 fr. — Dons faits aux gens de la maison de l'empereur d'Âu- 



:{28 Li:S FOURMSSt;URS DH NAPOLÉON l'"'" 

1.1 icla-, 0:2. ()()() IV. — Disii'ibuli(tn aux malades et blesse's restés à 
Vienne, 57,000 Ir. — Dons, gratifications et aumônes faites par 
rimpcratrice pendant son voyage, 108,300 fr. 

A ces cliiiïres il faut ajouter les frais de voyage de Marie-Louise et 
des personnes allées au-devant d'elle à Braunau, 9.j, 143 fr. 

Banquets et réceptions, frais de maison des souverains et princes 
invités au mariage pendant leur séjour à Paris, 135,93:2 fr. 

Service de l'inUMidant général : illuminations, orchestres, concerts, 
feu d'artifice, etc., 460,000 fr. 

Le feu d'artifice, ouvrage de Ruggieri, fut surtout merveilleux; il 
excita Tadmiration générale; on n'avait rien vu de pareil. Tiré le 
!2 avril 1810, aux Champs-Elysées, « depuis la place de la Goncordi- 
jusqu'à la barrière de l'Etoile », il coûta o4,860 fr. [Arch. nat. 
ir- 203.) 

La duchesse de Montebello, dame d'honneur de Marie-Louise, était 
veuve de ce vaillant maréchal Lannes, mort si malheureusement à 
Esling. L'Empereur hésita entre cette dame et la prince?se de Beau- 
veau, dit M. de Méneval. « La crainte d'introduire à sa cour des 
influences opposées aux idées nationales, qu'aurait pu favoriser une 
princesse allemande à laquelle il devait supposer des idées de caste 
et de naissance, lui fit abandonner cette idée; M"'° de Montebello était 
plus âgée de dix ans que l'Impératrice ; c'était une très belle personne, 
froide, calme, d'une conduite irréprochable, dont l'Empereur avait dit 
en la nommant : « Je donne à l'Impératrice une véritable dame d'hon- 
neur. » {Napoléon et Marie-Louise, Souvenirs historiques.) 

Suivant notre auteur, la dame d'atours, M'"" de Luçay, était douce, 
inolfensive, d'une grande honnêteté de mœurs et de manières. 

En '1810, la maison de l'impératrice Marie-Louise était ainsi com- 
posée : 

M""' la duchesse de Montebello, dame d'honneur, 40,000 fr. — 
M"'*^ la comtesse de Luçay, dame d'atours, 30,000 iV. — Dames du 
palais : M'"'' la duchesse de Bassano, 12,000 fr. — M""^ la comtesse de 
MouTEMART, 12,000 fr. — M"'° la duchesse de Rovigo, 12,000 fr. — 
M""' la comtesse de Montmorency-Matignon, 12,000 fr. — M""^ la com- 
tesse DE Talqouet, 12,000 fr. — M'"" la comtesse Lauriston, 12,000 fr. 
— M'™ la comtesse du Guatel, 12,000 fr. — M"'° la comtesse de Bouille, 
12,000 fr. — M'"'= la comtesse de Montalivet, 12,000 fr. — M"^ la com- 
tesse DE Perrou, 12,000 fr. — M""" la comtesse de Lascaris"Vintimtgllv, 
12,000 fr. — M"'Ma comtesse de Brignolle, 12,000 fr. — M'"° la com- 



FÊTES DU iMARIAGE 32.> 

tesse Gentile, 12,000 fr. — M"» la comtessî di: Cv.visv, Ji>,000 fr. — 
M'^"^ la princesse Aldobrandini, 3,000 fr. — M'"" la duchesse d'Alberc , 
3,000 fr. — W"" la duchesse d'Elcringex, 3,000 IV.— M'"" la dachess.' 
de Bellune, 3,000 fr. — M""' la comtesse Edm. Périgord, 3,000 fr. — 
M'"' la comtesse de Be.\uve.\.u, 3,000 fr. — M'"- Th.ugmes née Malde- 
GiiEiN, 3,000 fr. — M™*^ YiL.viN née Felz, 3,000 fr. — M"^* la princcss.' 
GiGiit, 3,000 fr. — W" Anti.nori Rinucciot, 3,000 fr. — M'"" Pandol- 
piiiNi Capoue, 3,000 fr. — M'"" la comtesse de Bonacorsi, 3.000 fr. — 
Total : 274,000 fr. 

Les trois derniers noms sont biffés en rouge. 

M. Ballohey, secrétaire des dépenses, touchait 6,000 fr. et M. de 
Luigny, secrétaire de la dame d'honneur, 3,000 fr. 

Le chevalier d'honneur de Marie-Louise était le comte de Beauhar- 
nais, sénateur inscrit au budget pour 30,000 fr. 

Premières femmes de chambre de S. M. : M'"'"" Boisbrulé, Durant. 
Balan, M"*^^ Kastener, Rabusson, Mallerant, chacune 4,000 fr. 

Femmes de garde-robe d'atours de S. M< : M°"-'^ Barbier, Edouard : 
M''®" HoNORi-:, Aubert, Le Beuf, Geoffroy, chacune 2.000 fr. 

Filles de garde-robe : M""= Mercier, M"*^* Bonbled et Fouilloux. 
chacune 1,000 fr. 

Valet de chambre-coilTeur. M. Duplan, 4,000 fr. 

Garçons de garde-robe : Dubois et Pécuard, chacun 1,080 fr. 

Ces dernières sommes sont prises sur le fonds de 47, G60 fr. que h- 
budget de 1811 a établi i pour les gages des femmes de chambre, 
de garde-robe d'atours, du valet de garde-robe d'atours, du valet de 
chambre coiffeur, des fdles et des garçons de garde-robe et habil- 
lement. Le grand chambellan, le comte de Montesquiou ». {A)'chit.\ 
nat. 0-'33 ) 

Lettres de M. Daru à M. Desmazis. 

17 février 1810. « Sa Majesté désire que l'on place dans les palais 
pour l'Impératrice les différents petits meubles pour son usage, tel> 
que métiers à broder, tables à écrire, chilTonniers, serre- papier, etc. 

L'intention de Sa Majesté est que, dans l'ameublement des petits 
appartements des Tuileries, on ne mette en aucune manière des 
objets de manufacture anglaise, k 

30 mai 1810. — M. Daru informe M. Desmazis qu'il approuve h- 
devis et soumission de 3o,20o fr. pour l'ameublement de l'apparte- 
ment de la dame d'honneur. (La duchesse de Monterello.) 



330 LES l'OUHMSSELRS DE NAPOLÉON l'''' 

16 juillet. — M. Daru rccoininande à iM. Desmazis de faire changer 
les chiirres des meubles de l'appartement de rimpe'ratricc aux 
Tuileries. C'est le chilTre de Joséphine qu'on remplace par celui de 
Marie-Louise. 

Marie-Louise jouait de la harpe et devait posséder un véritable 
talent... d'Impératrice. Sa réputation en ce genre ne paraît pas avoir 
fait beaucoup jjIus de bruit que ses jolis doigts, qui, d'ailleurs, furent 
mis à même de s'exercer, ainsi que le montre cette lettre de M. Daru 
à M. Desmazis, administrateur du Mobilier impérial : 

« Sauf aux Tuileries, il y a un piano dans tous les palais. Il con- 
vient qu'il y ait aussi une harpe. Je vous prie, en conséquence, de 
faire placer de suite dans l'appartement de Sa Majesté l'Impératrice, 
aux Tuileries, un piano et une harpe et d'envoyer une harpe dans 
chacun des palais où il n'y en a pas. Je vous recommande de ne pas 
perdre un moment pour l'exécution de cet ordre de Sa Majesté, 
notamment pour Gompiègne, Trianon et Saint-Cloud. » 

MM. Erard frères firent aussitôt les soumissions suivantes, qui 
furent acceptées : 

Pour le palais des Tuileries, une harpe et un piano, 6,500 fr. — 
Pour Trianon, une harpe et un piano, 5,300 fr. — Pour Gompiègne, 
une harpe, 2,000 fr. — Pour Saint-Cloud, une harpe, 1,800 fr. — 
Total : 15, 600 fr. (.lrc/«. nat. 0-561.) 



CHAPITUE V 



PRESENTS DIVERS 



Les bijoux distribués aux officiers et aux dames du palais de l'Em- 
pereur d'Autriche, aux diplomates, aux membres de sa famille et aux 
personnes de son entourage, étaient fournis, comme les précédents, 
par les célèbres bijoutiers-joailliers Nitot et fils. Leurs mémoires 
nous renseignent sur la nature et le prix de ces bijoux; par malheur, 
Jes destinataires ne sont presque jamais indiqués. Quoi qu'il en soit, 
voici un aperçu de ces dons si enviés : 

Sept tabatières d'or, enrichies du chifire en brillant, de l'Empereur 
(N), valant chacune de i,869 fr. à !2,oo6 fr. — Sept tabatières avec 
cercle et chiffre en brillants, 58,961 fr. — Une autre, de même 
genre, offrant de plus gros diamants, 29,o4C fr. — Vingt-cinq 
parures diverses, savoir : deux parures en rubis d"Orient et brillants, 
composées chacune d'un collier, d'un peigne et d'une paire de boucles 
d'oreilles, 3o,o77 fr. — Un parure en perles d'Orient (collier, peigne 
et boucles d'oreilles), lO;940 fr. — Une autre, en rubis du Brésil et 
brillants, 5,95:2 fr. — Une autre, en opales et brillants, le collier 
avec pendeloques, ] 5,588 fr. — Une parure en rubis d'Orient 
(collier et boucles d'oreilles), 0,200 fr, — Une parure, composée des 
mêmes pièces, en améthystes et brillants, 4,400 fr. — Une parure 
en chrysoprases et brillants (collier, boucles d'oreilles et peigne), 
5,500 fr. — Deux parures en améthystes et perles, dont une avec 
bracelet, 3,000 fr. — Deux parures, en orémaillé et perles, 2,000 fr. ? 
— Deux autres, en émeraudes et perles, 3,900 fr. 

28 février 1810. — Fourniture de Nitot et fils. — Service des 
présents. — Le mémoire s'élève à 2(32,454 francs. Où allèrent ces riches 
Jjijoux ? IS'ous ne saurions le dire avec certitude ; mais nous pensons 



xvi LKS roLi\Mssi:i:ns Dii napoléon i*^'" 

(jii'ils furent distribués à Vienne et à Braunau aux personnages de la 
cour d'Autriche. 

Deux parures en rui»is du Brésil et perles, 3,900 fr. — Une autre, 
en gypse et perles, 2,400 fr. — Deux autres, en agates arborise'cs et 
perles, 4,000 fr. — Une autre, en grenats et perles, 1,500 fr. — Une 
liarurc, en topaze du Brésil et j^erles, 1,800 fr. — Une autre, en 
pe'ridots et perles, ïi,!200 fr. — Une autre, en mosaïques, 1,000 fr. — 
Deux parures en cornalines brûlées, gravées en creux, !2,300 fr. 

Deux paires de boucles d'oreilles en brillants, 3,8.j0 fr. — Une 
paire de boucles d'oreilles, dites girandoles, 1,267 fr. — Une autre, 
à lustre, -1,920 fr. 

Vingt-huit tababières d'or, ciselées, guillochées, quelques-unes 
émaillées de divers prix, depuis 3o0 fr. jusqu'à 839 fr. 

Une boîte à cure-dents, 175 fr. — Une bague de sept brillants 
(dont un de 1,G00 fr.), 5,342. — Une autre, de cinq brillants, 4,571 fr. 
— Un demi-jonc contenant sept brillants, 2,273 fr. — Deux bagues, 
d'une opale, entourées de brillants, 2,200 fr. — Une bague, d'une 
turquoise, entourée de brillants, 960 fr. — Six montres à répétition, 
avec clé, chaîne et cachet en or, 3,650 fr. — Total : 262,454 fr. 
{Arch. nat. 0^29.) 

10 mars 1810. — Livraison de sept riches tabatières, ornées du chilTre 
ou du portrait de l'Empereur, 60,467 fr. — L'une de ces boîtes, 
avec le portrait de Napoléon, dans un cercle de vingt-quatre brillants, 
est cotée 20,274 fr. — Une autre boîte de 7,920 fr. offre à la fois 
le portrait de l'Empereur, le chiffre (N) et les abeilles émaillées. 

25avril 1810. — Lors de la remise, à Braunau, les bijouxdestinés en 
présents étant insuffisants, le prince de Neufchàtel recourut aux dames 
françaises qui lui cédèrent trois parures dont le remboursement se 
fit ainsi : à la duchesse de Bassano, pour un collier, une paire de 
boucles d'oreilles et un peigne en émeraudes, entourées de diamants, 
15,000 fr. ; pour douze épis, 16,000 fr. Total : 31,000 fr. — A la 
duchesse de Montebello, pour douze épis en diamants, 16,000 fr. 
[Arch. nat. 0=50*. ) 

30 juin 1810. Service des présents. — Une tabatière d'or, émailléc, 
enrichie de vingt-huit brillants et du portrait de l'Empereur, 
13,824 fr. — Cinq autres tabatières de même genre, ornées chacune 
de vingt-huit à quarante brillants^ avec le portrait de l'Empereur 
(payé à l'artiste 600 fr.), 46,135 fr. 

Une note signée du grand chambellan, comte de JLonstesquiou, 



PRÉSENTS DIVERS 333 

explique que ces sommes doivent être prélevées sur le budget établi 
pour achats de diamants et bijoux relatifs au mariage de l'Empe- 
reur. 

4 juillet 1810. Service des présents. — Livraison de quatorze taba- 
tières dont deux très riches, ovales, ciselées, émaillées, offrant le 
portrait de l'Empereur, dans un cercle en brillants, cotées ensemble 
38, -2:>6 fr. 

Les autres boîtes, ornées d'un X, parfois couronné et bordé d'un 
cercle en brillants, varient de l.oOO fr. à 4,000 fr. 

Parmi les bagues, cinq composées d'un N couronné, de dix bril- 
lants et de trente-huit roses de Hollande (en moyenne) valent 
ensemble G,7G4 fr. — Les autres bagues sont formées d'une pierre 
de couleur accompagnée de dix brillants. Celles portant une aiguë, 
marine, un rubis balais, une émeraude ou un saphir d'Orient- 
reviennent chacune (prix moyen) à ï!,980 fr. Les bagues offrant une 
améthyste, un rubis ou une topaze du Brésil reviennent à 1,458 fr. 

31 août 1810. — Deux bagues à entourage de huit et douze brillants, 
ornées d'un X, formé de quarante-sept et de cinquante roses de 
Hollande, o,193 fr. — Dix autres bagues, de même genre, 11,984 fr. 
-T- Une bague, à entourage de douze brillants, avec l'N couronné, 
en roses de Hollande, 1,094 fr. 

Trois tabatières, carrées, longues, dont deux arrondies et l'autre à 
huit pans, en or ciselé, serti de brillants, décorées d'un X, en roses 
de Hollande, 6,941 fr. {Arch. nat. 0-29.) 

N'oublions pas une autre livraison du même mois, consistant en 
un riche médaillon, en brillants, valant 49,980 fr. Il offre au milieu 
le portrait de l'Empereur (payé 600 Ir. au miniaturiste, dont le 
nom, cette fois encore, n'est pas cité). {Arch. nat. 0-33.) 

BiEN-NAis était aussi orfèvre de l'Empereur, mais, dit la duchesse 
d'Âbrantès dans ses Mémoires, « il était surtout son marchand de 
nécessaires et de meubles dans ce genre-là, que personne au reste 
n'a jamais faits comme lui ». 

Une fourniture de Biennais à Marie-Louise, factui'ée du 9 juin 1810, 
s'élève à o4,o89 francs. L'expertise en est faite au palais de Saint- 
Cloud, dans les appartements de M'"'' Aubert, dame d'atours. Les 
experts présents sont : Thomire, fabricant d'ébénisterie, bronzes et 
dorures, lo, rue Taitbout ; Boullier, orfèvre-jouaillier, 4, place des 
Victoires; Cabasson, orfèvre-bijoutier au Palais-Royal, et Baudet, 
orfèvre-bijoutier, rue du Renard-Saint-Sauveur. 



33i LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON f 

Les pièces saillantes de ce long mémoire sont les suivantes : un 
déjeuner, un grand et un petit nécessaire en vermeil; une écritoire 
enracine, incrustée d'argent avec encrier et poudrier en vermeil, etc., 
1,460 fr. — Une bassinoire eu vermeil offrant sur le couvercle 
repercé à jour le chifTrc M. L. ( Marie- Louise ) , avec la boite, 
LUG"! fr. — Un pot de chambre ovale en vermeil, avec l'étui pour le 
renfermer, Til fr. — Un bidet d'argent vermeil, avec cuvette, deux 
seringues, une buîle à éponge, etc., 2,836 fr. — Couvert, garni de 
sdl pièces, 1,019 fr. {Arch. nat. O'30.) 

Vers le même temps, Biennais livre à l'Impératrice un riche coffre 
ou écrin en noyer, couvert de velours vert, parsemé d'abeilles et 
doublé de satin. Il est orné, au pourtour et aux angles, de bordures 
de lauriers découpés à jour et porté par quatre griffes à palmettes. 
Les côtés, avec portants à têtes de lionnes antiques, tenant dans 
leur gueule les armes de l'Empereur. Au milieu du couvercle, le 
chilTre couronné de Marie-Louise; autour, sont des frises et des bas- 
reliefs, représentant un mariage Aldobrandini, accompagnés d'ara- 
besques. 

Cet écrin, dont tous les ornements sont en vermeil ciselé, est lui- 
même renfermé dans un coffre en bois et coûte 7,700 fr. {Arch. nat. 
0=30.) 



CHAPITRE VI 



COUCHES DE MARIE-LOUISE. — SON TROUSSEAU DE COUCHES «» 



Le ^0 mars 1811, Marie-Louise, après avoir beaucoup souffert 
depuis la veille au soir et surlout dans les derniers moments, mit au 
monde un fils qui rer-ut, en naissant, le titre de Roi de Rome. 
L'enfant se présentait par le coté ; on dut employer les fers et le 
travail dura vingt minutes. 

Dubois, accoucheur de l'Impératrice, y gagna la célébrité, le titre 
de baron et 100,000 fr. 

Cn trousseau spécial pour les couches de Marie-Louise fut com- 
mandé par M""^ la comtesse de Luçay , dame d'atours, à M'"^^ Lolive 
et DE Beuvry. Le règlement s'en fit à 88,913 fr., après expertise 
de M. Dufresne et de M""-' Culliau, » experts en cette partie ». 

Résumons le long mémoire de M"'-'^ Lolive et de Beuvry et disons 
de quoi se composait ce trousseau célèbre, désigné aussi sous le 
nom de « layette de couche de l'Impératrice ». 

Vingt-quatre jupes ouvertes en toile demi-IIollande, 1,170 fr. — 
Trente-six serviettes cousues, demi-Hollande, 468 fr. — Cent 
quarante-quatre petites serviettes, 1,128 fr. — Vingt-quatre chemises 
de couche, toujours en toile demi-Hollande, garnie de valenciennes, 
2,292 fr. — Trente-six linges de sein, en batiste, avec coton en 
carde, 816 fr. — Vingt-quatre fichus de nuit, garnis de dentelles, 
1,488 fr. • — Douze camisoles de nuit, garnies de valenciennes, 
3,121 fr. — Vingt-quatre serre-tête, 444 fr. — Vingt-quatre bonnets. 
Bonnets Napoléon, en mousseline, ou en batiste d'Ecosse brodés ; 
bonnets napolitains en batiste d'Ecosse ; bonnets Caroline, avec 
chiffre, en batiste d'Ecosse ; bonnets Nord Hollandais, en mousseline 
brodée ; bonnets au lever, en malines, tous brodés, garnis de riches. 



cr 



;t3C LliS l'OL'UMSSElRS DE NAPOLÉON 1 

tloiilcllos, T.«S'.)i l\\ — l)(iuze camisoles de j<»Lir, doublées de satin, 
i;arnies de rubans cl de riches denlelles, entre autres, une camisole 
à pois, de Tulle, bordures de feuilles, collet à quatre rangs ; une 
camisole de malines brodée à ruches, collet écossais et manches 
longues ; une autre de point d'Angleterre avec ruche et collet écossais, 
16,1:2:2 l'r. — Yingl-quatre petits draps de batiste, 2,2o6 fr. — Dix- 
huit couvre-pieds chargés de broderies et de dentelles, 23,908 fr. — 
Vingt-quatre couvre-table en demi-toile de Hollande et dentelles, 
2,484 fr. — Six peignoirs en mousseline, en tulle, doublés de satin, 
garnis de rubans, de point d'Angleterre, de malines, de point à 
l'aiguille, etc., 12,063 fr. — Vingt-quatre tabliers de garde, en 
batiste, ornés de mousseline et de dentelle, 2,172 fr. — Soixante 
couvre-bassins, en finette, bordés de rubans, 530 fr. — Vingt-quatre 
-compresses de bandes, en batiste, 156 fr. — Douze bandes à saigner, 
tal)liers de fatigue pour la garde, en calicot avec rubans, 680 fr. 
Vingt-quatre demi-Hollande, 54 fr. — Trois corbeilles, une en satin 
brodé en or, pour contenir le tout; ime autre en satin, orné de 
lleurs, destinée à renfermer les olijels pour le jour; la troisième, 
réservée au gros linge, 1,200 fr. 

Marie-Louise avait un lit garni de dentelles, d'une valeur de 
120,000 francs. Nous ne retrouvons pas le mémoire de cette fourni- 
ture qui pourrait avoir été faite par Lesueur. 

Au moment des couches de l'Impératrice, les dentelles de ce lit 
durent être nettoyées. Une lettre de M. Desmazis, administrateur du 
mobilier impérial, à ^I. Daru, intendant général de la maison de 
l'Kmpereur, dit à ce sujet : « Le prix du blanchissage de la dentelle a 
été débattu et réglé à la somme de 2,300 francs. On demandait, pour 
ce travail, 3,000 Ir. ; il n'a pu être fait à moins, vu la grande 
(juantité de dentelles qu'il y a à blanchir et dont le prix s'élève à la 
somme de 120,000 fr. {Arch. nat.O'om.) 

La délivrance de Marie-Louise et le baptême du Roi de Rome don- 
nèrent naissance à une immense distribution de cadeaux en tous 
genres, dont nous allons parler avec quelques détails. Commençons 
par l'Impératrice. L'Empereur lui offrit un collier de brillants enrichi 
de pendeloques et briolettes, payé à Nitot et fils 376,275 fr. — La 
duchesse de Montebcllo, dame d'honneur, reçut des diamants, pour la 
somme de 30,000 fr.; — la comtesse de Lucay, dame d'atours, le por- 
trait de l'Impératrice, en médaillon, 10,000 fr. ; — le baron Corvisart, 
premier médecin de l'Empereur, une gratification de 20,000 fr. ; — 



COUCHES DE MARIE-LOUISE 337 

M. Bourdier, médecin ordinaire, 12,000 fr. ; — le baron Yvan, chirur- 
gien, 6,000 fr, ; — M. Husson, pour avoir vacciné le Roi de Rome, 
6,000 fr, et le titre de « vaccinateur des Enfants de France ». {Arch. 
naf. 0-^30.) 

Les personnes composant le service de Marie-Louise ne furent pas 
oubliées. Les six premières femmes de chambre eurent chacune un 
châle ou un bijou de 1,200 fr, et 2,000 fr, espèces, ensemble 19,200 fr. ; 
— six femmes de garde-robe, chacune 1,200 fr. ; — trois filles de 
garde-robe et une ouvrière en robes, chacune oOO fr. ; — le coilTeur, 
le maître d'hôtel et le concierge des Tuileries, chacun l,oOO fr. ; — 
deux valets de chambre tapissiers et ébénistes, chacun 1,000 fr. ; — 
deux garçons de garde-robe, deux valets de pied de l'Impératrice et 
deux frotteurs, chacun 300 fr. {Arch. nat. 0-41.) 

Pour les autres présents, qui se confondent avec ceux relatifs à la 
naissance et au baptême du Roi de Rome, nous renvoyons au cha- 
pitre Le Roi de Rome. 

Le 2o août 1811, une fête villageoise est donnée au palais de Tria- 
non pour célébrer la fête de l'Impératrice. M™° Tournelle, rue de 
Richelieu, fournit les costumes et réclame 8,064 fr. Des artistes appar- 
tenant aux théâtres de Paris donnent à celte fête villageoise impro- 
visée une animation particulière. 

Parmi les personnes costumées nous pouvons citer MM. Paul et 
Le Sage, en paysans picards; Huet, en paysan normand; Thénard, 
en gascon; Baptiste Cadet, en aubergiste ridicule; M°"^^ Fromageau, 
Granget, Fouquet et Hemme, en garçons d'auberge; M™*^ Gavaudon, 
Renaud et Boulanger, en provençales; M™*^ Crétu, en aubergiste; 
M""" Desbrosse, en picarde; M""' Belmont et M"^ Saint-Aubin, en cau- 
choises; M'"° Clairvalle, M"'-* Âglaé et Tirepenne, en alsaciennes; 
M"'^ Dumersan, en Gasconne ridicule. 

Une foule d'auxiliaires payés 100 fr., oO fr., et la plupart 2o fr. 
complétaient le personnel d'élite, dont nous venons de parler. (Dans 
la soirée, une pièce de circonstance, intitulée La grande Famille, 
fut représentée au palais de Trianon, et l'auteur, M. Alissan de Cha- 
zet, reçut une gratification de 3,000 francs. {Arch. nat. 0-41.) 

1811. Voyage en Belgique et ex Hollande. — Quelques mois après 
les couches de Marie-Louise, et à la suite des fêtes et réceptions rela- 
tives au baptême du Roi de Rome, l'Empereur et l'Impératrice firent 
un voyage en Belgique, en Hollande et sur les bords du Rhin. Ils reçu- 
rent partout un accueil enthousiaste. Marie-Louise séjourna quelque 

22 



338 LES FOURXISSEIRS DE XAP0L1^:0N f 

Ifiups au chàloau de Laekeii, près de Bruxelles, cl les acteurs du 
Tiiéùtre-Français vinrent jouer dans cette ville. 

Pour favoriser les manufactures bruxelloises, l'Empereur avait 
ordonné de faire pour l'Impératrice d'importantes acquisitions de 
dentelle. Nous avons sous les veux les factures de fabricants de 
Bruxelles, en voici le résumé : 

Antoine Ducpétiaux et fils, 20 aunes de dentelle de Bruxelles, 
3,94o fr. — Une robe de dentelle avec manches et corsage, 8,020 fr. 

Canïineau, Simons et C'*^. Une robe et un voile en point de Bruxelles 
et 8 mètres de point à l'aiguille à 178 fr. le mètre. Total : 5,404 fr. 

Mentionnons deux fabricants d'Anvers, dont nous trouvons aussi 
les mémoires : 

Veydt VAN Merlen, 118 aunes de dentelle, 5,356 fr. — Un bonnet, 
400 fr. 

A.-J. VAN BoMBERGiiHM, VAN Merlen. 109 auucs de dentelle, 4,332 fr. 
— Un bonnet, 400 fr. — Une robe, emportée pour l'usage de Tlm- 
pératrice pendant son voyage, 4,600 fr. 

L'année suivante, nous nous retrouvons en présence de fabri- 
cants français. Les fournitures pour l'Impératrice sont datées du 
21 mars 1812. 

BoxN.viRE, fabricant de dentelles à Caen et à Paris. Une queue de 
cour, avec la robe assortie, en blonde d'argent fin, 9,000 fr. 

Clérambault et Le Sueur, fabricants à Alençon. Un manteau de 
cour en bride fine d'Alençon, 23,000 fr. — Une robe assortie, 
7,000 fr. — Une redingote, dessin à double rang de feuilles couchées. 
8,000 fr. 

Mkrgié, à Alençon, 18 aunes trois quarts de point d'Alençon, 
2,297 fr. 

Beury et CiiAMBÉ, à Alençon. Deux mouchoirs, feuilles de chêne, en 
point d'Alençon, à 500 fr. l'un. — Un mouchoir décoré de reines- 
marguerites, 450 fr. et 6 aunes de point, en tout 5,216 fr. 

Launay Rattier, à Alençon. 74 aunes de point, à divers prix, 
4,948 fr. 

^rac j{^ij}T^ née Vanderborcht. Dentelles pour la couverture et la 
taie d'oreiller du lit de l'Impératrice, 2,874 fr. 

Le Sueur et Meens Vanderbrocut. Une cravate et une paire de 
manchettes en point d'Angleterre superflu semé d'abeilles, avec le 
chiffre et la couronne impériale aux coins, 3,600 fr. 

C. Baugmet. Une robe, avec pèlerine, 6,650 fr. 



COUCHIiS DE MARIE-LOUISE 339 

H.-J. Meens Yanderborcht. Une robe de dentelle, 3,700 fr. — 
Une robe, au point, à aiguille, o,000 fr. — 40 aunes et demie de 
Bruxelles et 18 aunes de malines, 8,058 fr. — Seconde livraison, faite 
au château de Laeken : un rochet de ÎÎ.IOO fr. — Un fichu de 630 fr. 

— Un bonnet. — Un voile rond, de îi,r>00 fr. — Cinq paires de 
manchettes, dont deux à o40 fr. la paire. — Une redingote 
de 4,400 fr. et 13o aunes de malines, 34,849 fr. 

J.-D. KiNT. Trois voiles et trois pèlerines de Bruxelles, une robe 
au point à l'aiguille de 3,000 fr. et 3 aunes de Bruxelles superflue, 
à 3oO fr. l'aune. Total : 14,790 fr. — Les 4 aunes de Bruxelles 
sont un présent de l'Impératrice à sa dame d'honneur, la duchesse 
de Montebello. — Seconde livraison : une grande couverture en 
dentelle de Bruxelles, 6,000 fr. — Une robe de 3,890 fr. — Un fichu, 
cinq quarts, I,'200 fr. — Deux voiles — Cinq paires de manchettes, 
aussi de Bruxelles, valant ensemble 1,943 fr. et 8 aunes et demie 
de dentelle. Total : 18/210 fr. 

.T. Plétinckx- et sœurs. Un voile, un fichu, deux paires de man- 
chettes, deux jabots « emportés pour l'usage de Sa Majesté, pendant 
son voyage, 2,978 fr. ». 

DiiBROux, LiGEOis FRÈRES. Un grand voilc avec encadrement, 1,440 fr. 

— Divers... en tout, 2,832 fr. 

Le 28 mai 1812, le duc de Cadore écrit à M. Desmazis : « Sa Majesté 
l'Impératrice, Monsieur, a fait la demande de deux petits meubles à 
hauteur d'appui, du même genre que le grand serre-bijoux placé 
dans sa chambre à coucher, au palais des Tuileries et destiné à lui 
servir de supplément. Ces deux meubles devront s'adapter à chacun 
des côtés du grand serre-bijoux, de manière h remplir tout l'espace 
entre ce meuble et l'embrasure des croisées. » 

Le devis de Jacor Desmalter s'élevait à 16,000 fr. pour les deux 
meubles ; il fut accepté. [Arch. mit. O"o60.) 

Bal masqué de la cour, le 11 février 1812. — Babin, costumier 
boulevard Saint-Denis, fournit cent soixante et un dominos et vingt 
costumes de caractères, aux conditions suivantes : cent dominos de 
couleur, neufs, à location, au prix convenu de 18 fr. l'un. — Soixante 
et un dominos de couleur, à 10 fr. — Vingt costumes de caractères, 
neufs, en location, à 24 fr. l'un. — Masques, gants et un pot de rouge 
à 4 fr. Total : 2,993 fr. 

L'annotation, signée du grand chambellan comte de Montesquiou, 
dit que le mémoire sera payé sur le budget de 458,400 fr. « pour les 



340 LRS FOLRNISSEL'RS DR NAPOLÉON f 

lliL'àlrcs de la cour, artistes italiens, danseurs, danseuses, décorations, 
loyers aux ditTorents théâtres, etc. » {Arch. nal. 0*36.) 

Bal paré du iL mars 1813. — Le Roy, marchand de modes de 
Marie-Louise, fut chargé de fournir les dix costumes du quadrille 
impérial, pour le bal paré donné aux Tuileries, le 2 mars 1813. 
Résumons le mémoire de Le Roy; nous y trouvons les noms des neuf 
dames qui eurent l'honneur de figurer dans le quadrille de l'Impéra- 
trice, avec l'indication et le prix de leurs costumes. 

Pour l'Impératrice et la duchesse de Montebello, dame d'honneur, 
chacune un costume de la province « Ultro » de 1,400 fr. Pour les 
duchesses de Bassano, de Castiglione, de Frioul, Aldobrandini, 
jjmes jg Mortemart, de Croix, A'ilain XIV et la comtesse de Lauriston, 
huit costumes des environs de Xaples, de 850 fr, chacun. {Arch. nat. 
0H1.) 



LIVRE Y 

LE ROI DE ROME 



CHAPITRE PUEMIER 



NAISSANCE DU ROI DE ROME 



Dans la matinée du 2U mars 1811, cent vingt et un coups de canon 
apprirent aux Parisiens la naissance du Roi de Rome. On savait qu'il 
n'en serait tiré que vingt et un pour une fdle ; aussi, dès les premières 
détonations, l'anxiété fut générale. Dans les rues, les passants s'arrê- 
taient pour écouter et compter les coups ; mais à partir du vingt- 
deuxième, des cris de joie et de triomphe e'clatèrent de tous côtés. 
On s'abordait sans se connaître et l'on se témoignait de touchantes 
marques de sympathie en échangeant ses impressions. Toutes les villes 
de l'Empire français donnèrent des fêtes magnifiques, organise'es 
d'après les instructions de l'Empereur. Le programme suivant, dont 
deux copies sont aux Archives nationales, fut rédigé d'après ses 
ordres : 

a Le baptême du Roi de Rome est fixé au 2 juin, jour de la Pente- 
côte; le samedi l*^'' juin, Leurs Majestés partiront de Saint-Cloud à 
6 heures pour venir dîner aux Tuileries. A 8 heures, il y aura 
spectacle sur le théâtre de la cour; on donnera l'opéra séria de Sémi- 
ramis. Après le spectacle, il y aura cercle dans les grands apparte- 
ments ; toute la cour sera invitée. 

a Ce jour-là, les spectacles joueront gratis. Une salve de cent un 
coups de canon annoncera l'arrivée de Leurs Majestés dans Paris, et 



or 



3j2 LKS FoiRNissians ni: xapoij.ox r 

la Trie dn Icnfleinaiii. Celle salve sera répélée le lendemain malin à 
S lieures, à midi et à G heures du soir, heure de la cérc'monie. 

« Le lendemain, à 11 heures et demie, audience du corps diplo- 
maliiiue, la messe sera célébre'e à midi cl après la messe, grande cour. 
A G heures, Leurs ISIajostés partiront en grand cortège des Tuileries 
et se rendront à Noire-Dame, pour rendre grâces à Dieu, assister au 
baptême du Roi de Home et au Te Deum solennel. On détaillera cette 
ee'rémonie et on réglera bien d'avance qui doit porter les honneurs 
et l'église sera bien illuminée. 

« En sortant de Notre-Dame, Leurs Majestés se rendront à la 
commune, où elles arriveront entre 8 et 9 heures... L'Empereur 
donnera audience au conseil général. Leurs Majestés se rendront 
ensuite dans la salle du banquet oii elles dîneront en grand couvert. 
De là. Leurs Majestés seront conduites dans la salle où le concert 
aura été préparé el, après l'avoir entendu, elles verront tirer le feu 
d'artifice. Immédiatement api'ès, elles remonteront en voiture pour 
retourner à Saint-Cloud. 

«... Pendant le banquet, on fera circuler le public autour de la 
table de Leurs Majestés. Ce jour-là, tous les établissements publics et 
toutes les maisons de la ville de Paris seront illuminés. Il sera établi 
des jeux aux Champs-Elysées et il sera fait des distributions de vivre 
au peuple... 

a Le dimanche 9 juin, grande fêle aux Tuileries. Leurs Majestés 
viendront le samedi soir coucher aux Tuileries. Le lendemain, après 
la messe, il y aura grande parade et aussi grande cour. A 7 heures. 
Leurs Majestés dîneront en grand couvert dans le salon de la Paix. 
Après le dîner, elles iront entendre le concert public qui y sera exé- 
cuté sur la terrasse du palais. Le jardin et le palais seront illuminés. 
Après le concert, Leurs Majestés verront ouvrir le bal dans la salle 
des Maréchaux et de là iront voir l'ouverture de celui de la salle de 
spectacle, changée en salle de bal. Ces bals seront ouverts par des 
quadrilles exécutés par les dames el officiers de la cour. 

« On invitera non seulement toute la cour, mais aussi deux mille 
personnes choisies dans Paris. On fera des invitations dilTérentes pour 
chacune des deux salles. A minuit, les soupers seront servis dans la 
galerie de Diane et dans la galerie du Musée. Les bals continueront 
pendant toute la nuit... 

« Le dimanche suivant 16 juin, il y aura grande fête à Saint-Cloud. 
Ce jour-là, la messe et l'audience auront lieu comme à l'ordinaire 



NAISSANCE DU ROI DE ROME 343 

pendant la journée; il y aura des jeux dans le parc et les eaux joue- 
ront. Vers la fin de la journée, Leurs Majestés et la course promène- 
ront en calèche dans le parc. 

Le soir, le parc, les jardins et les cascades seront illuminés; les 
eaux joueront à la lumière; il y aura grand cercle au palais... Vers 
iO heures, la garde impériale tirera un feu d'artifice dans la plaine 
de Boulogne, de manière qu'il soit vu des jardins du château et du 
parc... » {Arch. nat. 0-41.) 



CHAPITUE lï 



CEREMONIE DU BAPTEME 



Les billets d'entrée pour la cérémonie du baptême étaient gravés 
par RoussoT et imprimés par Moreaux. 

Rataud, marchand de toiles, mousselines et dentelles, fournit le 
voile de baptême, au prix de 1.000 fr. 

Grivelot, pelletier-fourreur, livra une fourrure de manteau, en her- 
mine, portant 5 aunes de long et posée sur un tissu d'argent, 
2,200 fr. 

Picot broda en argent, d'après les dessins d'Isahey, la poignée d'un 
cierge semé de trente et une abeilles et de vingt-quatre roses d'Ralie. 
Cette fine broderie coûtait 168 fr. 

BiENNAis eut à fournir deux bâtons de maître des cérémonies, garnis 
de velours noir, parsemés d'abeilles ciselées en vermeil, valant 
ensemble 540 fr., et un bâton de grand maître plus riche que les pré- 
cédents, avec abeilles et couronne impériale, aussi en vermeil, de 
400 fr. 

En 1811, le département du grand maître des cérémonies était 
ainsi constitué : le comte de Ségur, grand maître, 40,000, fr. ; — le 
baron de Gramayel et le comte de Seyssel, maîtres des cérémonies, 
chacun 15,000 fr. ; — MM. Saint-Aignan et Dagairmaratz, aides des 
cérémonies, chacun G, 000 fr. — Frais de bureau, 7,000 fr. {Arch. nat. 
0=137.) 



CHAPITRE ni 

FÊTES ET RÉJOUISSANCES POPULAIRES 



Les fêtes populaires, à Paris, où l'on prodigua toutes les réjouis- 
sances imaginables, furent dignes de la capitale d'une grande nation- 
Sur toute la longueur des Champs-Elysées, des spectacles variés atti- 
raient la foule. C'étaient des jeux, des tournois, des danses de corde 
ou sur un fil de fer ; des sauteurs, des escamoteurs ; deux mats 
de cocagne et deux mâts d'ascension à corde tendue, garnis de leurs 
prix montant ensemble à 1,!200 fr. ; puis des orchestres, des bals popu. 
laires, sans parler des illuminations et du feu d'artifice. 

Il y avait aussi de nombreuses distributions de vin et de comestibles, 
comprenant 2,400 pâtés, 1,200 saucissons, 900 langues, 600 gigots et 
900 poulets. Total : 6,000 pièces à 3 fr. 25. Le vin coulait de vingt- 
quatre fontaines renfermant chacune quatre pièces et de vingt-huit 
pièces de vin posées sur des chevalets. N'allez pas croire que ce vin 
fût mauvais ; il coûtait 190 fr. la pièce et si l'on retire les 40 fr. 
d'entrée, c'était encore du vin à loO fr. {Arch. nat. 0-41.) 

1811. Pour toutes les dépenses, l'Empereur se faisait d'abord 
adresser un rapport présentant un état détaillé des frais. Au sujet de 
la fête de Saint-CIoud, M. Daru disait dans son rapport : 

« Sire, Votre Majesté veut que le parc de Saint-Cloud soit ouvert 
au public le 23 juin, qu'il y ait de petits spectacles et des jeux, qu'il 
y soit fait des distributions de comestibles et qu'il y ait des fontaines 
de vin. 

« Les dépenses de la ville de Paris, pour une fête semblable, ont été 
pour les jeux et les petits spectacles de 24,000 fr., et pour la distribu- 
tion de comestibles et de vin 110,000 fr. On peut borner celle de Saint- 



340 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON l'^'' 

Cloud ;i une drpcnsc moindre. J'en présente un tableau à Votre 
.Majesté. 

« l°Pour les petits spectacles et jeux publics, 10,000 fr. — iJ" Pour 
frais de mâts de cocagne et distribution de prix, 7,000 fr. — 3*^ Pour 
3,000 billets de comestibles, 9,750 fr. — 4" Pour soixante-douze 
pièces de vin, 13,680 fr. — o" Pour les constructions des buffets et 
des fontaines, 10,000 fr. » {Arch. nat. O-202.) 

Le projet fut adopté, sauf une réduction de 40 fr. par barrique de 
vin, représentant les droits d'entrée qu'on n'avait pas à payer à Saint- 
Cloud. 



CHAPITRE IV 



MEDAILLES FRAPPEES A L'OCCASION DE LA NAISSANCE DU ROI DE ROME 



Les médailles frappées à l'occasion de la naissance du Roi de Rome 
furent gravées par Galle et Andrieu et coûtèrent 49,.j00 fr. On en fit 
en or, en argent et en bronze de plusieurs dimensions. Elles repré- 
sentaient d'un côté les têtes accolées de l'Empereur et de l'Impéra- 
trice et, de l'autre, la tète du Roi de Rome avec la date de sa nais- 
sance. 

Dirii:r, gainier rue aux Ours, fut chargé de faire deux cent dix 
étuis en galuchat, doublé de velours blanc pour autant de médailles 
d'or destinées en présents ; chaque étui coûtait 4 fr. {Arch. nat. 0^41.) 

Des médailles d'or, du Roi de Rome, dans leur écrin, furent distri- 
buées comme suit : aux bonnes villes de France et d'Italie , cin- 
fjuante-cinq ; à Madame, au roi d'Espagne, au roi de Westphalie , 
à la reine de Naples , à la reine d'Espagne, à la reine llorlense , à 
la princesse Pauline , au prince Rorghèse , au vice-roi d'Italie , au 
grand-duc de Wurtzbourg. , à l'archichancelier , au vice-grand élec- 
teur, au vice-connétable, au cardinal Fesch, à la gouvernante, à 
l'ambassadeur d'Autriche, au prince Clary , au préfet de Paris , aux 
.lirands cordons de la Légion d'honneur, aux grands dignitaires. 

Aux grands officiers de la couronne de France et d'Italie, six mé- 
dailles ; aux dames d'honneur et d'atours, deux ; au chevalier d'hon- 
neur et au premier écuyer de l'Impératrice, deux ; aux grands offi- 
ciers de l'Empire, vingt-huit ; aux ministres de France et d'Italie, 
quatorze ; aux officiers du Sénat, quatre ; aux présidents des sections 
du conseil d'Etat, quatre; aux officiers du Corps législatif, huit; aux 
cardinaux, dix. 



CIIAIMTUE V 



LA LAYETTE DU ROI DE ROME 



La layette du Roi de Rome, fournie par LESUtiLR, Bonnaire et 
M™" MiNiSTTE, s'élevait en chiffres ronds à 1^0,000 fr. C'est un docu- 
ment historique qui forme le complément du trousseau de couches 
de Marie-Louise. 

Fourniture de Lesueur. 14 février 1811. — Deux robes de maillot, 
avec pèlerine et bonnet assortis, l'une en point à l'aiguille, l'autre 
en point d'Angleterre, 7,300 fr. — Deux petites robes, de même , 
4,G00 fr. — Une couverture de lit, au point à l'aiguille, avec deux 
grands rideaux et une taie d'oreiller, 10,000 fr. — Une autre cou- 
verture, aussi complète, en Angleterre, 9,000 fr. — Une bercelon- 
nette, en point à l'aiguille, avec taie d'oreiller, 1,600 fr. — Une ber- 
celonnette en Angleterre, 1,G00 fr. 

iî8 aunes d'Angleterre, S3 aunes de point à l'aiguille et î) aunes de 
valenciennes pour garnir les robes, 680 fr. 

16 aunes d'Angleterre, lo aunes de point à l'aiguille et 3 aunes de 
valenciennes pour bonnets, !2,406 fr. 

30 aunes d'Angleterre, de point à l'aiguille et de valenciennes pour 
garnir les langes, 2,900 fr. 

Pour les fichus, les chemises et les brassières, 73 aunes d'Angleterre 
et de point à l'aiguille , 3,771 fr. 

Pour les oreillers elles couvre-pieds de berceau, 63 aunes d'Angle- 
terre et 63 aunes de point à l'aiguille, 10,310 fr. 

Pour la nourrice, deux bonnets en Angleterre et quatre bonnets en 
malines brodée, 900 fr. etc. Total : 61,187 fr. 

BoNNAiRt; , fabricant de dentelles, rue Thévcnct, présente un 
mémoire de 21,011 fr. réduit par les experts à 18,796 fr. Ses fourni- 



LA LAYETTE DU ROI DE ROME 349 

lures consistent non seulement en pièces de dentelle, mais encore en 
robes courtes et longues, en bonnets et en un lit complet, valant 
seul 3,700 fr. Il se compose de deux paires de rideaux, d'un couvre- 
pied et d'un oreiller. 

La fourniture de M"'° Minette, marchande lingère, se monte à 
40,402 fr. Les experts, Dufresne, marchand linger, rue Saint-Denis, et 
M""^ Colliace , marchande lingère, rue Neuve-des-Petits-Champs, 
la réduisent à 40,000 fr. Elle se compose des objets suivants : 

Cinquante douzaines de couches en toile demi-IIollande, 3,600 fr. 
— Trente-six douzaines de langes en piqué, en bazin, en per- 
cale doublée ou ouatée, 4,212 fr. — Vingt-six douzaines de che- 
mises à brassières, en batiste, garnies de valenciennes, de maîines, 
de Bruxelles , ou au point à l'aiguille, o,00o fr. — Vingt-cinq douzaines 
de brasaières enbasin, en percale unie ou brodée à la gorge, en piqué, 
en tricot, 2,220 fr. — Douze douzaines de fichus de nuit, en batiste, 
garnie de dentelle, 2,574 fr. — Douze douzaines de mouchoirs de ba- 
tiste, garnis de valenciennes, 2,01(5 fr. — Neuf douzaines de béguins 
de batiste aussi garnis de dentelle, 338 fr. — Quatre douzaines de 
bonnets de nuit, en percale brodée, garnis de 660 aunes de valenciennes 
958 fr. — Six douzaines de bonnets de jour, en batiste et en mousse-^ 
line brodées, garnis de riches dentelles, 2,375 fr. — Deux dou- 
zaines de souliers en piqué et en percale brodée ; une demi-dou- 
zaine de brodequins brodés autour et garnis de valenciennes, 
222 fr. — Trente-deux langes de jour, en percale, en mousseline 
brodée, en marceline blanche, en satin blanc garnis de valenciennes, 
et trois robes de dessous, dont une lilas, 2,8H fr. — Quinze robes 
de batiste, de percale, de mousseline, de tulle, de satin bleu; six 
dessous en marceline rose, en satin bleu ou rose, le tout garni de 
dentelle, 2.781 fr. — Quatorze douzaines de riches taies d'oreiller, 
pour bercelonnettes et pour remuer, 7,014 fr. — Quatre dou- 
zaines de draps de berceau et de bercelonnette, 1,488 fr. — Cou- 
vertures, couvre-pieds, bandes de nombril, pelotes, paillassons, 
oreillers, 2,588 fr. (Arch. nat. 0^30 '). 



' A l'époque du Consulat (1800-1803), la dame Minette était une couturière 
célèbre, et, à l'exemple de M"" Bertin, la modiste de Marie - Antoinette , elle 
tenait alors le sceptre des modes parisiennes. Bonaparte la ciioisit non seule- 
ment pour faire exécuter sous sa direction les cadeaux des modes de Paris, 
qu'il destinait à la reine d'Espagne, mais encore pour aller les porter et 
les essayer à la reine, alin de remédier aux petites imperfections qui pour- 
raient se présenter. 



330 LKS FOlRMBSF.UnS DE NAPOLl'OX l'^'' 

Lucien Bonaparte parle Ionp;ucmenl, dans ses Mémoires, de la cilni/enne 
Minette. Il remplissait alors les fonctions d'ambassadeur à Madrid. Kn véritable 
prêtresse de la mode, dit-il, elle était vêtue fort élégamment. " lille était même 
jolie femme de figure, blanche, rose, grassouillette. » mais, parait-il, elle i)arlaiL 
trop et manquait de distinction. 

Ailleurs, il dit encore : « La citoyenne Minette est, sans contredit, la \n-ti- 
mière, la plus célèbre modiste de son époque et par-dessus tout, m'est-il permis 
d'ajouter, la plus madrée et la pins heureuse contrebandière du monde. .- 

Les caisses renfermant les objets destinés à la reine étaient au nombre de 
dix à douze ; or, M"" Minette arrivait avec vingt-sept énormes ballots. Llle 
comptait les passer tous en franchise et réaliser ainsi d'énormes bénéfices, non 
seulement sur les frais de douane, mais encore sur les marchandises de luxe 
dont elle avait la vente assurée. 

Lucien, prévenu à temps, ne voulant pas donner la main à un trafic de ce 
genre, fit saisir les ballots supplémentaires, mais la fine mouche sut si bien s'y 
prendre auprès de quelques dames de la cour, auprès de la reine et du prince 
de la l'aix, qu'elle rentra sans bourse délier en possession de ses précieux colis. 



CHAIMTUE M 



LA MAISON DU ROI DE ROME 



La maison du Roi de Rome, qualifiée « maison des enfants de 
France », coûtait en appointements 157,860 fr. Elle fut ainsi com- 
posée : 

Comtesse de Montesquiou, gouvernante, 40,000 fr. — Baronnes de 
Mesgrigny et de Boubers, sous-gouvernantes, chacune li2,000 fr. — 
Le secrétaire des commandements, 6,000 fr. — M. Saint-Martlv, 
secrétaire de la gouvernante, 3,000 fr. — M. Bourdois, médecin, 
15,000 fr. — M. AuviTY, chirurgien, l!2,000 fr. — M"^'^^ Soufflot, 
d'Armand et Froment, premières femmes de chambre, chacune 
8,000 fr. — M. Léonard, maître d'hôtel, 8,000 fr. Trois berceuses à 
2,400 fr. Deux femmes et deux valets de garde-robe, deux valets 
de chambre, etc. 



CHAPirUE vil 



PRESENTS DIVERS 



Les présents accordés aux personnes appartenant au service du 
grand aumônier se répartissent ainsi : aux sept aumôniers, le baron 
DE LA Roche, évèque de Versailles ; le comte Ferdinand de Rouan ; 
le baron de Broglie, évèque de Gand; MM. Jauffret, archevêque 
d'Aix ; DE LA CoNDAMiNE, évêque de Montpellier ; de Boulogne, évèque 
de Troyes, chacun 3,000 fr. ; à MM. Lucotte, Ranzau, Marentini et 
DE QuÉLEN, chapelains, chacun l,7oO fr. ; MM. Gaston de Sam- 
BUCY et Feutrier, maîtres des cérémonies, chacun l,7oO fr. ; aux 
quatre chanoines de Notre-Dame, qui ont porté les dais de Leurs 
Majestés, 4,000 fr. ; aux séminaristes, présents à la cérémonie, 
3,000 fr. ; à deux prêtres sacristains, 1,000 fr. ; au suisse et à deux 
huissiers, 500 fr. 

Le cardinal Fesch, grand aumônier de France, reçut un présent de 
porcelaines de Sèvres, cotées par la manufacture impériale 24,966 fr. 
— Le grand aumônier d'Italie, une croix pectorale, en brillants, 
2o,27o fr. — Le patriarche de Venise, une croix de 14,611 fr. — L'é- 
vèque de Brescia, une bague d'un saphir, entouré de dix brillants, 
0,146 fr. — Le roi de Westphalie (Jérôme), Ai'ia et Pétus, tapisserie 
des Gobelins, avec bordure, par M. Vincent, 13,220 fr. ; un lot de 
porcelaines de Sèvres, 41,420 fr. — Le prince Eugène, vice -roi 
d'Italie, une tapisserie des Gobelins, François /" visitant Léonard de 
Vinci expirant, avec bordure, par M. Ménageot, 10,000 fr, ; un lot 
de porcelaines de Sèvres, 26,225 fr. — Le duc de Valmy, chargé de 
porter le manteau du Roi de Rome, une tabatière de 20,000 fr. — 
Sept députés du sénat d'Italie, un présent d'une valeur de 4,000 fr. 



PRÉSENTS DIVERS 3o3 

pour chacun. — Le grand-duc de Berg, un médaillon, garni de bril- 
lants, renfermant les portraits de Napoléon et de Marie-Louise (payés 
à l'artiste chacun 600 fr.), 1:2,000 fr. — M. Bourdois, « médecin des 
Enfants de France ». et M. Auvity, « chirurgien des Enfants de 
France », chacun 6,000 fr. — Les personnes chargées de porter les 
honneurs, pendant la cérémonie du baptême, divers cadeaux s'e'lcvant 
à 1-20,000 fr. {Arch. nat. 0-'41.) 

Les honneurs de l'enfant comprenaient le cierge, le chrémeau et la 
salière portés par la princesse de Neufchâtel, la princesse Aldobrandini 
et la comtesse de Beauvau, Les honneurs du parrain et des marraines 
étaient le bassin, porté par la duchesse d'Alberg, l'aiguière, par la 
comtesse Vilain et la serviette par la duchesse de Dalmatie. 

La nourrice du Roi de Rome fut comblée de cadeaux. L'Empereur 
lui offrit un collier de brillants et perles composé d'une grande plaque, 
de trois rosaces, dont une formant cadenas, le tout suspendu par des 
perles, 6,037 fr. — Une paire d'anneaux d'oreilles, en brillants, de 
5,263 fr., renfermés dans un écrin de 20 fr. Total : 11,320 fr. {Arch. 
nat. 0^41.) 

Elle reçut encore un riche médaillon, ainsi que le constate le ren- 
seignement suivant tiré du même carton (0^41) : un portrait du Roi 
de Rome peint par Isabey, « destiné au médaillon de la nourrice », 
600 fr. — Cette nourince si choyée devait avoir aussi de fort beaux 
costumes si nous en jugeons par les six bonnets de nourrice faisant 
partie de la layette du Roi de Rome et cotés ensemble, OOOfr. 

Voici d'autres présents, toujours relatifs au Roi de Rome, mais 
dont les destinataires nous sont inconnus. 

6 juillet 1811. Fourniture deNiTOT et fils s'élevant à 219,996 fr. — 
Deux parures en rubis du Brésil et brillants , composées chacune 
d'un peigne, d'un collier et d'une paire de boucles d'oreilles, 39,162 fr. 
Deux parures d'émeraudes et brillants, 41,151 fr. — Les quatre autres 
parures, de rubis balais, de chrysoprases, d'améthystes et d'opales, 
mêlés de brillants, 79,088 fr. — Douze épis en ])rillants, 12,043 fr. 
— Un collier de chatons en brillants, 48,530 fr. 

« Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de 460,000 fr. que le bud- 
get du 20 mai 1811 met à notre disposition pour les dépenses qui 
I)0urraient avoir lieu à l'occasion du baptême du Roi de Rome. 

« Le comte de MOxNtesquiou. » 
{Arch. nat. 0-!i\.) 

Citons, à la même date du 6 juillet 1811, sept tabatières, carrées, 

2.3 



354 LF.S l'OlRMSSEinS DK NAPOI-l'iOX I*^'" 

longues, arrondies, en or ciselé, émaillé, enrichies d'un cercle en 
l)rillanls et du portrait de l'Empereur (payé à l'artiste 500 fr.), 
:26.1)!2o l'r. — Une autre tabatière, de même genre, plus riche en dia- 
mants, 17,388 fr. 

Septeml»re 1811. Livré par Lcmonnier, directeur de la Manufacture 
des Gobeiins, pour le prince Eugène, un portrait en pied de l'Impé- 
ratrice Joséphine, avec les ornements impériaux, d'après le tableau 
de Gérard (H. 2"\33, C. 1"',G1), 10,03i2 fr. — Pour la reine Hor- 
tense , un portrait en pied de Joséphine assise sur un canapé, 
d'après Gérard. (H. 1"^,93, C. 1"\81), 12,230 fr. {Jrc/<. 7<«/. O^^OS.) 

Au grand-duc de Berg, un me'daillon garni de brillants, renfermant 
les portraits de l'Empereur et de l'Impératrice (payés à l'artiste cha- 
cun 600 fr.), 12,000 fr. 

21 janvier 1812. {Service des présents). Livraison de Nitot et fils. 
Un bracelet composé d'un diamant recouvrant des cheveux du Roi de 
Rome et entouré de diverses pierres de couleur signifiant le mot Na- 
poléon, le tout attaché par des tresses de cheveux. — Trois médaillons 
renfermant les portraits de Napoléon et de Marie-Louise entourés de 
gros brillants. Le premier, de 29,965 fr. ; le second, de 49,534 fr. ; le 
troisième, avec un rang de chatons, qui en double le prix, 98,944 fr. 

La façon dont le mémoire est apostille va nous dire la destination 
de ces riches bijoux : 

« Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de 182,483 fr. mis à notre 
disposition, suivant la décision impériale du 28 janvier 1812, pour 
solder le prix d'un bracelet pour S. M. l'Impératrice et de trois 
médaillons pour S. M. le Roi de Rome, la reine d'Espagne et la gou- 
vernante (les Enfants de France. 

« Signé : Le comte de Montesquiou. » 
{Arch. nal. OHl.) 



CHAPITRE VI !l 



SERVICE DE PORCELAINE EN L'HONNEUR DU ROI DE ROME 



Sur la fin de l'Empire, Bergeret, artiste de talent, ayant appris 
qu'on devait faire, pour le Roi de Rome, un riche service de porce- 
laine, lit une demande pour participer à ce travail artistique. A ce 
sujet, le ministre de l'intérieur écrivait, le 20 janvier 1814. au duc 
de Gadore, intendant général de la maison de l'Empereur : « Mon- 
sieur le duc, d'après les notes qui me sont parvenues, il parait qu'il 
doit être exécuté, pour le service de Sa Majesté le Roi de Rome, une 
suite de sujets historiques sur des assiettes de porcelaine. A cette 
occasion, je crois pouvoir recommander à Votre Excellence un jeune 
peintre, le sieur Bergeret, qui a du talent et qui a été plusieurs fois 
employé avec succès par le gouvernement... » 

Les événements se précipitaient, l'ennemi se préparait à envahir la 
France, et, si le service du petit Roi fut commencé, il est douteux 
qu'on ait eu le temps de le terminer. 



CHAPITRE IX 



LA GOUVERNANTE DU ROI DE ROME 



M™° la comtesse de Montesquieu, gouvernante des Enfants de 
France, avait seule le droit d'accorder des brevets de fournisseur du 
Roi de Rome. 

Le 22 janvier 1814, elle reçut une lettre du duc de Cadore lui 
demandant, pour le sieur Talon, habile tourneur, le titre de tourneur 
de Sa Majesté le Roi de Rome. La comtesse répondit : « ... Je doute 
que d'ici à longtemps le Roi ait besoin de ses services. Sa Majesté a 
un marchand de jouets et un ébéniste dont je suis fort contente; le 
brevet que sollicite le sieur Talon me paraîtrait absolument sans 
objet... » [Arch.nat. O-20o.) 

Le choix de M'"° de Montesquiou comme gouvernante ne pouvait 
être plus heureux. Dans ses difficiles fonctions elle sut allier la ten- 
dresse à la fermeté. Le petit prince avait une excellente nature, mais, 
comme la plupart des enfants, il était sujet à des accès de colère. Un 
jour qu'il se roulait par terre sans vouloir rien entendre, M'"® de 
Montesquiou eut l'idée de fermer les volets. L'enfant, étonné, lui en 
demanda la raison ; alors elle lui répondit, d'un ton sévère : « Mais, 
c'est pour qu'on n'entende pas vos cris. Si les Français savaient que 
vous vous mettez en colère, ils ne voudraient jamais d'un prince 
comme vous. » Aussitôt le petit Roi se jeta au cou de sa gouvernante 
et lui dit, dans son gentil langage « : Pardon, maman Quiou, le ferai 
pu. » 

Cette femme supérieure avait eu l'idée de faire ajouter à la prière 
de l'enfant, ces mots qui exprimaient le vœu de la nation entière : 
« Mon Dieu, faites que papa nous accorde la paix pour le bonheur 
de la France. » Elle n'y retrancha rien dans une circonstance où le 



LA GOUVERNANTE DU ROI DE ROME 337 

royal enfant eut l'occasion de faire sa prière du soir devant l'Empe- 
reur. Celui-ci écouta sans mot dire et n'en sut pas mauvais gré à la 
gouvernante, qu'il appréciait à sa haute valeur et dont il fit l'éloge à 
diverses reprises. 

Au commencement de l'année 1814, lorsque Napoléon partit des 
Tuileries, le 2o janvier, pour rejoindre son armée et repousser l'in- 
vasion, il laissa la régence à Marie-Louise et confia à la garde natio- 
nale sa femme et son fils, qu'il ne devait jamais revoir. 

Mais il avait eu soin, au préalable, de faire faire, par Nitot et fils, 
une plaque de la Légion d'honneur, une épauletle et une étoile de 
la Légion d'honneur en brillants pour le service du Roi de Rome. Le 
procès-verbal de cette commande, exécutée par ordre de l'Empereur, 
est daté du 12 janvier. L'expertise fut faite par les joailliers Paris, 
Grouvelle et Lecomte, qui fixèrent ainsi les prix : 

La plaque en brillants, 27,o8G fr. : l'épaulette, 70,332 fr. ; l'étoile, 
2,032 fr. Total : 99,950 fr. {Arch. nat. O-30.) 

Trois mois après, quoiqu'il eût retrouvé tout le génie de sa jeu- 
nesse et défendu pied à pied le territoire. Napoléon ne put empêcher 
Paris de tomber au pouvoir des alliés. Les mauvais jours étaient 
venus. Le 20 avril, lorsque l'Empereur, vaincu, se retirait à l'île 
d'Elbe, M™® de Montesquiou n'eut pas un instant l'idée de s'éloigner 
du prince confié à ses soins et le conduisit à Vienne, où il fut envoyé 
sur l'ordre de l'empereur d'Autriche. Sa mission devait se terminer 
brusquement, de manière à déchirer son cœur. Le 20 mars 1815, 
jour anniversaire de la naissance du prince, le jour même de la 
rentrée de Napoléon à Paris, la comtesse, malgré ses prières et ses 
larmes, dut céder sa place à une dame allemande et quitter pour 
toujours son cher élève. On sait que le fils de Napoléon perdit 
son titre de roi de Rome pour s'appeler le duc de Reichsladt 
et qu'il mourut à Scliœnbriinn en 1832. 



CIIAPlTUi: X 



MARMONT ET LE DUC DE REICHSTADT 



Marmont, duc de Raguse, rapporte dans ses Mémoires (t. YIII, 
p. 394), que, vers la fin de Tannée 1830, il fut admis à visiter le jeune 
prince. Pendant trois mois, dans un entretien de deux heures par jour, 
il lui fit le récit détaillé de toute l'existence si prodigieusement 
extraordinaire de son père. Au moment de la séparation, le duc de 
Reichstadt ofl'rit son portrait, peint par Daffinger, au maréchal. Sous 
le portrait, il avait écrit ces vers de Racine : 

< Arrivé près de mui par un zèle sincère. 
Tu me contais alors l'histoire de mon père ; 
Tu sais combien mon âme, attentive à ta voix. 
S'échauffait au récit de ses nobles exploits. « 



EPILOGLE 



LE TESTAMENT DE NAPOLEON l»"" 



I 

Donnons, pour finir, la liste des effets et objets personnels de TEm- 
pereur, légués par lui à sa famille et à quelques-uns de ses serviteurs. 

Extrait du Testament de Napoléon I ", écrit de sa main, a Sainte- 
Hélène, LE 13 AVRIL 18:21 '. 

II 

1" Je lègue à mon fils les boites, ordres et autres objets tels que 
largenterie, lit de camp, armes, selles, éperons, vases de ma chapelle, 
livres, linge qui a servi à mon corps et àmonusage, conformément à 
l'état annexé, cote A. Je désire que ce faible legs lui soit cher, comme 
lui retraçant le souvenir d'un père dont l'Univers l'entretiendra. 

S'' Je lègue à lady Holland le camée antique que le pape Pie VI m'a 
donné à Tolentino. 

État A, joint a mon testament 
I 



'P Les vases sacrés qui ont servi à ma chapelle de Longwood 
2^ Je charge l'abbé Vignal 
fils quand il aura seize ans. 



2^ Je charge l'abbé Vignali de les garder et de les remettre à mon 



' On trouvera ce teslamenl publié en entier à la fin du quatrième volume de 
VHisCoire de .Xapoléon, par de }^orvins. 



or 



3G0 LES FOURNISSEURS DE NAPOLÉON 1 



II 

\° Mes armes, savoir : mon épée, celle que je portais ù Austerlilz, 
le sabre de Sobieski, mon poignard, mon glaive, mon couteau de 
chasse, mes deux paires de pistolets de Versailles. 

!2° Mon nécessaire d'or, celui qui m'a servi le malin d'Ulm, d'Aus- 
terlitz, d'Iéna, d'Eylau, de Friedland, de l'ile de Lobeau, de la Mos- 
kova, de Montmirail. Sous ce point de vue, je désire qu'il soit précieux 
à mon fds. (Le comte Bertrand en est dépositaire depuis 1814.) 

3" Je charge le comte Bertrand de soigneret conserver ces objets, et 
de les remettre à mon fils quand il aura seize ans. 

III 

i° Trois petites caisses d'acajou contenant : la première trente-trois 
tabatières ou bonbonnières : la deuxième, douze boîtes aux armes 
impériales, deux petites lunettes et quatre boîtes trouvées sur la table 
de Louis XVIII aux Tuileries, le 20 mars i8io ; la troisième, trois 
tabatières ornées de médailles d'argent à l'usage de l'Empereur et 
divers effets de toilette conformément aux états numérotés : I, II, III. 

2° Mon lit de camp, dont j'ai fait usage dans toutes mes campagnes. 

îj° Ma lunette de guerre. 

4'' Mon nécessaire de toilette. Un de chacun de mes uniformes, une 
douzaine de chemises, et un objet complet de chacun de mes habille- 
ments, et généralement de tout ce qui sert à ma toilette. 

S° Mon lavabo. 

6° Une petite pendule, qui est dans ma chambre à coucher de Long- 
Avood. 

7° Mes montres et la chaîne de cheveux de l'Impératrice. 

8° Je charge Marchand, mon premier valet de chambre, de garder 
ces objets et de les transmettre à mon fils, quand il aura seize ans. 

IV 

1° Mon médaillier. 

2" Mon argenterie et ma porcelaine de Sèvres, dont j'ai fait usage à 
Sainte-Hélène (états R et C). 



LE TESTA:\rENT DE NAPOLÉON f 361 

3' Je charge le comte Montholon de garder ces objets et de les 
remettre à]mon fils quand il aura seize ans. 



i*^ Mes trois selles et brides, mes éperons qui m'ont servi à Sainte- 
Hélène. 

2° Mes fusils de chasse au nombre de cinq. 

8" Je charge mon chasseur Noveras de garder ces objets et de les 
remettre à mon fils quand il aura seize ans. 



VI 

1" Quatre cents volumes choisis dans ma bibliothèque parmi ceux 
qui ont le plus servi à mon usage. 

2" Charge Saint-Denis de les garder et de les remettre à mon fils^ 
quand il aura seize ans. 



Etat A. 

l"* Il ne sera vendu aucun des effets qui m'ont servi. Le surplus sera 
partagé entre mes exécuteurs testamentaires et mes frères. 

2*^ Marchand conservera mes cheveux et en fera faire un bracelet 
avec un petit cadenas en or, pour être envoyé à l'Impératrice Marie- 
Louise, à ma mère et à chacun de mes frères, sœurs, neveux, nièces, 
au cardinal et un plus considérable pour mon fils. 

3" Une petite paire de boucles en or, à jarretières, au prince Lucien. 

4^^ Une boucle de col en or, au prince Jérôme. 



Etat A 

Inventaire de mes effets que Marchand doit garder 2iOur remettre 
à mon fils. 

1'^ 3Ion nécessaire d'argent, celui qui est sur ma table, garni de tous 
ses ustensiles, rasoirs, etc. 



3(V2 



I.I.S FOrUMSSELnS DE NAPOLÉON' f 



:2" Mon i-i-vcil-iualiii. (l'est le réveil-nialiii dt- Frédéric 11, que jui 
pris à Posldani (dans la boHen" III). 

3° Mes deux montres avec les chaînes des cheveux de l'Impératrice 
et une chaîne de mes cheveux pour l'autre montre. Marchand la 
fera faire à Paris. 

i" Mes deux sceaux (un de France, renfermé dans la boîte n" III). 

S** La petite pendule dorée qui est actuellement dans ma chambre à 
coucher. 

6° Mon lavabo, son pot à eau et son pied. 

T" Mes tables de nuit, celles qui me servaient en France et mon bidet 
de vermeil. 

8" Mes deux lits de fer, mes matelas et mes couvertures s'ils 
peuvent se conserver. 

9" Mes trois flacons d'argent où l'on mettait mon eau-de-vie, que 
portaient mes chasseurs en campagne. 

10'' Ma lunette de France. 

■11° Mes éperons, deux paires. 

1;2° Trois boîtes d'acajou, n° 1, II, III, renfermant mes tabatières 
et autres objets. 

13° Une cassolette en vermeil. 



Linge de toilette. 



6 chemises, 

mouchoirs. 
6 cravates, 

6 serviettes. 

6 paires de bas de soie. 

4 cols noirs. 

G paires de chaussettes. 

il paires de draps de batiste. 

2 taies d'oreiller. 

i robes de chambre. 

'2 pantalons de nuit. 

1 paire de bretelles. 



4 culottes et vestes de casimir 
blanc, 

madras, 

6 gilets de flanelle, 

4 caleçons, 

6 paires de gants. 

1 petite boîte pleine de mon 
tabac . 

1 boucle de col, en or, 

1 paire de boucles de jarre- 
tières, en or. 

1 paire de boucles en or, à 
souliers. 



LE TESTA.MENT DE NAPOLÉON l'^"' 



363 



Habillement. 



1 nniforine chasseur. 

— grenadier. 

— garde nationale, 
l capote grise et verte. 

1 manteau bleu (celui que 
j'avais à Marengo). 



i Zibeline petite veste. 
2 paires de souliers. 
2 paires de bottes. 
1 paire de pantoufles. 
G ceinturons. 



Et.\t B. 



[nventaire des effets que f ai laissés chez M. le comte de Turenne. 



J sabre de Sobieski'. 

l grand collier de la Légion 

d'honneur. 
1 épée en vermeil. 
1 glaive de consul. 
1 épée en fer. 
1 ceinturon de velours. 
1 collier de la Toison d'Or. 
1 petit nécessaire en acier. 
1 veilleuse en argent. 



1 poignée de sabre antique. 

1 chapeau à la Henri IV et une 
toque, les dentelles de l'Em- 
pereur. 

1 petit médaillier. 

2 tapis turcs. 

2 manteaux de velours cra- 
moisi, brodés, avec vestes et 
culottes. 



i" Je donne à mon fils : le sabre de Sobieski, le collier de la 
Légion d'honneur, l'épée en vermeil, Le glaive de consul, l'épée en 
fer, le collier de la Toison d'Or, le chapeau d'Henri lY et la toque, 
le nécessaire d'or pour les dents, resté chez le dentiste. 

2'^ A l'Impératrice Marie-Louise mes dentelles, à Madame la 
veilleuse en argent, au cardinal le petit nécessaire en acier, au prince 
Eugène le bougeoir en vermeil, à la princesse Pauline le petit 
médaillier, à la reine de Naples un petit tapis turc, à la reine Hor- 
tense un petit tapis turc, au prince Jérôme la poignée de sabre 
antique, au prince Joseph un manteau brodé, veste et culottes, au 
prince Louis manteau brodé, veste et culottes. 



1. C'est par erreur que ce sabre est porté sur l'état A. Celui-là est le sabre 
que l'Empereur portait à Aboukir et qui est entre les mains du comte Bertrand, 



364 Li:S FOIRMSSEURS DE NAPOLÉON f" 

Ceci est un codicille de mon Tc&lament. 

t' Je K'gue aux comtes Berlraiiil, Monlholon et à Marchand, l'ar- 
gent, bijoux, argenterie, porcelaine, meubles, livres, armes et géné- 
ralement tout ce qui m'appartient dans l'île Sainte-Hélène. 

Ce codicille, tout entier écrit de ma main, est signé et scellé de 
mes armes. 

Signé : Napoléon. 



TABLE DES CHAPITRES 



PROLOGUE 

La cérémonie du sacre et du couronnement. 



LIVRE PREMIER 

L'Impératrice Joséphine H 

LIVRE DEUXlÈiME 

NAPOLÉON ET SA COUR 

Chapitre I. — Les costumes de Napoléon. La redingote grise. . 21 

— II. — Le petit chapeau . W 

— III. — Les objets de toilette de Napoléon. Son linge, ses 

gants 3iJ 

— IV. — Les chaussures de Napoléon 43 

— V. • — Les tabatières de Napoléon. Son tabac 46 

— VI, — L'étiquette dans les palais impériaux 33 

— VIL — L'étiquette du palais impérial 61 

— VIII. — Le jeu à la cour de Napoléon 6*.» 

— IX. — Le personnel du cabinet de l'Empereur 72 

— X. — Les chambellans 73 

— XI. — Les valets de chambre, d'appartement, etc. .• . , 76 

— XII. — Le mameluck Roustan 79 

— XIII — Les pages de l'Empereur 81 

— XIV. — Les médecins. Les chirurgiens 88 

— XV. — Service du grand écuyer. Les équipages de l'Empe- 

reur. Les chevaux 'J2 

— XVI. — Les théâtres de la ville et de la cour 113 

— XVII. — Les présents de Napoléon ISl 



360 TAULE DES (.IIAPITHES 



X) 



I.IVKE TROISIEME 

I.AUT ET L'INUrSTRlE SOLS LE l'HEMlEH EMI'IUE 

Chapitre I. — Les peintres en miniature 18i> 

— 11. — Vivant Denon 212 

— 111. — La céramique 214 

— IV. — La manufacture de Sèvres 223 

— V. — La manufacture des Gobelins et la manufacture 

d'Aubusson" 242 

— VI. — La manufacture de cristaux du Mont-Cenis . . . 2oG 

— Vil. — La manufacture d'armes de Versailles 259 

— VllI. — Les horlogers . . , 261 

— 1\. — Les fondeurs, ciseleurs.re brzonis 2G4 

— X. — Les relieurs 270 

— XI. — Les orfèvres, les joailliers, les bijoutiers et les gra- 

veurs 272 

— XII. — Les ébénistes 279 

— XIII. — Les tabletiers et les tabatières populaires .... 289 

— XIV. — Industries diverses 308 



LIVRE QUATRIEME 

L'IMPÉn.VTR ICE MARIE-LOUISE 

Cii.\riTRE I. — Mariage de Marie-Louise 313 

— II. — Trousseau de Marie-Louise 310 

— m. — Rijou.v offerts par l'Empereur à Marie-Louise. . . 323 

— IV. — Fêtes du mariage 327 

— V. — Présents divers 331 

— VI. — Couches de Marie-Louise. — Son trousseau de 

couches 33o 



LIVRE CINQUIEME 

LE ROI DE ROME 

CuAi'iTRE I. — Naissance du Roi de Rome 341 

— II. — Cérémonie du baj)tème 344 

— III. ^ Fêtes et réjouissances populaires 343 

— IV. — Médailles frappées à l'occasion de la naissance du 

Roi de Rome 347 



TABLE DES CHAPITRES 367 

Chapitre V. — La layette du Roi de Rome 848 

— VI. — La maison du Roi de Rome 351 

— VIL — Présents divers 352 

— VIIL — Service de porcelaine en l'honneur du Roi de Rome. 355 

— IX. — La gouvernante du Roi de Rome 356 

_ X. — Marmont et le duc de Reichstadt 358 



ÉPILOGUE 

Lk Testament de Nai'OLéon 359 



E V R li U X , 1 11 1' lî I M K H I E D E C H A Itl. E S il E R I S S E Y 



1 

Date Due 


JUN. ■"■■ 


::, 


i. 


1 






\.j 


> 








1 


























































































































(S 


PRINTED 


IN U. S. A. 





î-Iaze-Sercier, Alphonse 


DC 


Les fcurnisseurs de 


203.9 


"Tapoj.éon I 


M47 


88118