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Laïcité.

La loi de 1905 sur la séparation des églises et de l’état

Benjamin de Saintignon

Quand on fait référence à la Loi de 1905 (promulguée le 9 décembre 1905), on évoque la séparation des Églises et de l’État, la laïcité et la liberté de conscience. On cite souvent les premières lignes des articles 1 et 2 :

Article 1. – La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public.

Article 2.– La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l’État, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l’exercice des cultes.

Les fondements de la laïcité

Tout ceci est très bien, mais ne correspond pas à la réalité.

Pour comprendre la Loi de 1905 et ses enjeux il faut retourner un siècle en arrière ; cette loi a été votée à l’apogée d’une période d’affrontements passionnels ayant comme toile de fond l’affaire Dreyfus et l’antisémitisme latent de la société française.

Face à la France traditionnelle, conservatrice, catholique et monarchiste s’agitent les socialistes, radicaux, libres-penseurs et athées. Au sein de cet effort, de façon constante et discrète, la lutte anticléricale continue, soutenue par la poussée du groupe le plus radical de la franc-maçonnerie française : le Grand Orient de France(1), dont le but est dans un premier temps, de museler l’Eglise en l’empêchant d’avoir la moindre influence sur la politique, et à long terme d’éradiquer toute source d’ « obscurantisme » et d’en finir avec toutes religions en les remplaçant par l’athéisme d’État caché derrière le paravent de la laïcité(2).

Laïcité à deux  vitesses

Ceci explique comment nous sommes arrivés à cet étrange compromis dont on est en droit de se demander si ses principes n’ont jamais été appliqués.

Au lieu d’obtenir la séparation de l’État et de la religion dans le respect de la liberté de conscience, nous sommes un siècle plus tard face à un interventionnisme hypocrite d’État et à des solutions à deux vitesses : d’un côté les religions respectables que l’on ne peut pas supprimer et que l’on tolère jusqu’au moment où leurs signes ne sont pas montrés de façon « ostensible », de l’autre tous les groupes philosophiques ou religieux atypiques mis dans un même sac, alors qu’en principe l’État n’a pas à s’immiscer dans les croyances de ses citoyens à moins qu’il y ait trouble de l’ordre public.

Comme la France ne peut opter pour la force directe comme le fait la Chine communiste à l’encontre de ses moines bouddhistes, elle se sert de la désinformation, faisant croire à la menace des sectes et au miracle de la sainte laïcité et gare à qui essaierait – ô blasphème de lèse République ! – d’ouvrir la boîte de Pandore…

1. La Franc-maçonnerie a joué un rôle très important dans la diffusion des idées républicaines et dans la politique depuis le XVIIIe siècle, elle était très présente pendant la III République. Elle a eu depuis toujours maille à partir avec l’Eglise Catholique. Pour certains membres du Grand Orient, la foi est la pire hérésie, un pêché mortel au pays des lumières, une menace contre le rationalisme qui doit être combattue. Curieusement le Grand Orient a hérité de l’intolérance de l’Eglise en inversant ses valeurs et a remplacé la Trinité par le dogme de l’intouchable laïcité. Par rapport à la parité, il n’initie pas les femmes et sur d’autres questions, son progressisme de naguère s’est tronqué en un conservatisme complètement décalé des réalités de la société actuelle. La Franc-maçonnerie, comme beaucoup d’autres mouvements au sein desquels il y a un élan pour l’amélioration de l’homme a été pervertie avec le temps.

2. La Franc-Maçonnerie, institution essentiellement philanthropique, (…) Elle a pour principe la tolérance mutuelle, le respect des autres et de soi même, la liberté absolue de conscience.

Considérant les conceptions métaphysiques comme du domaine exclusif de l’appréciation individuelle de ses membres, elle se refuse à toute affirmation dogmatique. Elle a pour devise : Liberté, Égalité, Fraternité. (Extrait de la constitution du Grand Orient de France). Cf Wikipédia et le Site du GODF.

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