Le nœud de cette histoire se situe au fond d'un pot de mogettes. La mogette est le nom vernaculaire du haricot blanc, légume national du Bas-Poitou. Il est cité également dans la chanson Bise me din Norine. Il en existe deux sortes : la mogette à coco, petite et ronde, et la mogette piate (= plate), c'est-à-dire le haricot lingot. Voici quelques conseils de préparation bilingues pour nous mettre en appétit avant d'entamer l'histoire de Zidor...
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D'aut'foés, o f'llait o faire tremper tote la nit. Anit, ol est pus la peine : les mougettes sant pus moucs qu'avant. O faut-t-o faire tchure dans d' l'aïve, à cha p'tit, bé lingtemps, à pu près quatre hures, avec rin que d' la grousse sao pis six gousses d'ail. O faut faire beun' attentiin qu'ol èche teurjous d' l'aïve, auteurment o rime, pis o s'ra pas si bin. O peut s' manger d' mêïme, avec de la zizouille, ou bé do jambin, mais ol est core meillur sus dos grousses routies graissaïes avec do burre pis beun' acimentaïes.
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Autrefois, il fallait la faire tremper toute la nuit. Aujourd'hui, ce n'est plus nécessaire : les mogettes sont plus molles qu'avant. Il faut les faire cuire dans de l'eau, petit à petit, bien longtemps, à peu près quatre heures, avec seulement du gros sel et six gousses d'ail. Il faut faire très attention qu'il y ait toujours de l'eau, sinon cela prend au fond, et cela sera moins bon. Cela peut se manger tel quel, avec de la fressure, ou du jambon, mais c'est encore meilleur sur de grosses tartines grillées et beurrées, et bien salées et poivrées.
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D'autres détails sur la mogette sont encore à consulter dans la section Le Blues do Bèchur de Mougète du chapitre Yannick Jaulin.
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Le pot d' mougettes A c'tte hure, i vas v's raquinter tchelle do pot d' mougettes. Ol avét la Mère Roserpine pis l' Père Azolin-ye qu' habitiint dans l' fin fond d' la piaine dans-n-ine 'tite cabane. Tch'étéït en piein hivaèr. L'étiint itchi d' chaque couté do fouer d' la ch'minaïe, que l' se r'gardiint, fesiint graléï dos châtaignes, et pis l' bounhomme tapinait l' tchul d'in pener. Et pis l'étiint là, parliant d' tot, parliant d' rin-ye, parliint do temps passéï, et pis tot d'in coup, v'là Azolin qui dit à Roserpine : « Te sés, ma paure bounne femme, o n'n ara bé iin d' nous dux, qu'in d' tchés bias jours, qui s'en ira. I avans teurjous vécu teurtous ensembe bé c'mme o faot depis soéxante ans qu'i sins dans l' même lit. Faut qu'i t' dis queuque chose, pace que, t' séïs, i t'avans jamés rin cachéï, més i ai quand même quèque chose sus l' tchèr qui m' fét do mao : ol ést, ma paure bounne femme... ol ést qu'i t'ai cocufiée.
Enfin-ye, ol a rèchté de maême. Queuques jours avant passéï. Ine belle s'raïe qu' l'étiint là, tos dux, v'là Roserpine qui dit à Azolin-ye : « Te sés, min paure bounhomme, si ol était moé qui m'en allais la peurmère, i ai queuque chose en travers itchi qui m'empêcha d' dormir depis l'aute jour, ol ést que, heu, moï avec, i ai in p'tit folailléï, qu'a dit, heu !
Alors, v'là Azolin qui s' leuve, tot douc'me-ent. Le r'garde dans l' pot'. Tch'était in grand pot' de troés lites. O n'n avait les troas quarts. L'était piein-ye de p'tites mougettes à coco. « Assis-tu, qu'a li dit. Ah ! mon paure bounhomme, faut qu'i t' dis d'autes choses : ol ést qu' t'en as déjà mangé quate potaïes ! »
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Le pot de mogettes Maintenant, je vais vous raconter celle du pot de mogettes. Il y avait la Mère Roserpine et le Père Azolin qui habitaient dans le fin fond de la plaine dans une petite ferme. C'était en plein hiver. Ils étaient ici de chaque côté du foyer de la cheminée, où ils se regardaient, faisaient griller des châtaignes, et puis l'homme raccommodait le fond d'un panier. Et puis ils étaient là, parlaient de tout, parlaient de rien, parlaient du temps passé, et puis tout d'un coup, voilà Azolin qui dit à Roserpine : « Tu sais, ma pauvre femme, il y en aura bien un de nous deux, qu'un de ces beaux jours, qui s'en ira. Nous avons toujours vécu tous ensemble bien comme il faut depuis soixante ans que nous sommes dans le même lit. Il faut que je te dise quelque chose, parce que tu sais, je ne t'ai jamais rien caché, mais j'ai quand même quelque chose sur le cœur qui me fait du mal : c'est, ma pauvre femme... c'est que je t'ai cocufiée.
Enfin, c'est resté comme ça. Quelques jours ont passé. Une belle soirée qu'ils étaient là, tous deux, voilà Roserpine qui dit à Azolin : « Tu sais, mon pauvre homme, si c'était moi qui m'en allais la première, j'ai quelque chose en travers ici qui m'empêche de dormir depuis l'autre jour, c'est que, heu, moi aussi, j'ai un peu folâtré, dit-elle, heu !
Alors, voilà Azolin qui se lève, tout doucement. Il regarde dans le pot. C'était un grand pot de trois litres. Il y en avait les trois quarts. Il était plein de petites mogettes à coco. « Assieds-toi, lui dit-elle. Ah ! mon pauvre homme, il faut que je te dise autre chose : c'est que tu en as déjà mangé quatre potées ! »
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Beurnancio, ou abeurnancio, est un juron difficile à traduire ; je ne l'ai d'ailleurs pas fait. Il exprime l'idée de repousser le mal. Son étymologie est très intéressante. Au moment du baptême d'un enfant, le parrain et la marraine étaient invités à dire au nom de leur filleul(e) qu'ils renonçaient au Diable : ils devaient prononcer la formule je renonce, soit en latin ab renuntio, devenu abeurnancio puis beurnancio. Variantes du juron : beurnancio trois foés ! ou encore beurnancio, beurnancio, que l' diabe t'emporte ! quand on croise le sorcier du village.
Zire exprime le dégoût, l'écœurement, la répugnance. Par exemple, tcho-là, le m' fait zire signifie celui-là, il me dégoûte. Un fait-zire est un personnage dégoûtant (cf. histoire Le percepteur), tout comme un homme azirable (cf. histoire Le vers solitaire). Ete zirous de qûque chouse veut dire être dégoûté par quelque chose ; dans l'absolu, un zirous est quelqu'un dégoûté pour un rien. Dicton : ol a pas pus zirous qu'in salaod : il n'y a pas plus zirous qu'une personne sale. Zire n'a pas besoin d'être traduit car ce mot est employé couramment en français régional (c'est-à-dire par des non-patoisants).
Le toit à cochons est tout simplement la porcherie, tout comme le toit à poules est le poulailler. Il est à noter que l'on prononce le t final, comme dans le mot pot qui apparaît à la phrase suivante.
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