11
mar/10
3

Le Collège COLBERT à Reims accueille le billet-poème

La rencontre avec Christine Chollet, enseignante.

Tout à commencé par une rencontre avec une enseignante du Collège Colbert à Reims, au cours d’une rencontre  poétique  animée par Bruno Doucey, poète et écrivain contemporain.

Christine fait partie de ces êtres communicants qui ont sans cesse des projets, et de ces enseignants qui aiment faire bouger les frontières de la classe . Elle est impliquée dans le  très ambitieux projet de déplacement du Musée des Beaux Arts de Reims au Boulingrin. Un nouvel écrin ouvert sur la ville et soutenu par l’Association du GRAND MUSEE au BOULINGRIN. Un Musée prestigieux dont le déménagement sera aussi nécessairement un geste politique, et économique, pour le rayonnement de la ville des Sacres et du Champagne qui dispose de collections exceptionnelles.

C’est dans ce contexte que j’ai été  accueilli pour une séance de deux heures au CDI.

Grange parade du DEMENAGEMENT – ACTE II le 20 mars 2010

Dans quelques jours a lieu la grand parade dans toute la ville pour fêter dans les quartiers le projet du Grand Musée au Boulingrin. Le Grand Déménagement – Acte II, parce qu’une grande fête populaire a déjà eu lieu  il y a plusieurs mois.

Ouvrir des ponts entre le français et les beaux arts. Faire de  la poésie un « passeur d’émotions et de bonnes nouvelles  » dans le cadre de la fête : voilà qui est motivant !  En plein coeur du CDI,  je vais pouvoir éveiller les élèves de troisième au pouvoir évocateur de la poésie , en présence de leur professeur de français, de latin et de la responsable du CDI. Voir l’article de presse dans l’Union.

Reims-CDI Collège Colbert

Reims-CDI Collège Colbert

Nous partons de ce livre qu’ils connaissent ou fréquentent si peu, le recueil. Et nous y piochons des lectures. Lire à haute voix, entendre la voix du lecteur, lire avec sa propre voix, laisser les mots du poème imposer leur rythme à l’intérieur et se frayer un chemin sonore et sensoriel en soi. Une découverte pour des adolescents dubitatifs mais attentifs. Nous parlons de la singularité de la langue poétique, de ce qui lui permet de traverser les époques, de ce qu’elle contient de différent. Et de nouvelles possibilités s’ouvrent à tous les élèves qui ont finalement  leur avis.

Reims CDI Collège Colbert2

Reims CDI Collège Colbert2

Suit alors une distribution de billets-poèmes, un échange sur la forme, des discussions sur les correspondances  entre la poésie et les beaux-arts, sur l’importance des mots pour la construction d’une pensée libre.

Prendre le risque du poème

L’enseignant de français souligne que cette liberté est aussi ce qui fait peur parfois. Et c’est tellement vrai ! Alors  je peux rebondir sur cette remarque éveillée pour inciter les élèves à affirmer leur singularité, à rechercher et trouver leur propre voix, leur propre place…témoigner devant eux que c’est le sens de toute une vie, et que cela vaut la peine ! Trouver et affirmer SA voix, un enjeu  formidable mais qui comporte une part de risque !

Prendre le risque  du poème, c’est ce que nous faisons tous ensemble, lors d’une chaîne de lecture sur le poème court de Max Alhau.  Prendre le risque de la parole, de l’affirmation de la parole. Christine Chollet nous lit aussitôt un poème engagé d’Eluard, tiré d’un ouvrage collectif édité sous la direction de Bruno Doucey.

Et puis nous échangeons à nouveau sur ce que contient le poème qui lui permet de traverser les frontières humaines et d’échapper à la censure. La poésie comme forme de Résistance et le billet-poème comme résistance aujourd’hui contre l’uniformité du monde, de la pensée unique, et le diktat de l’argent comme seule valeur.  Les métaphores, périphrases, toutes les potentialités  du langage qui permettent au poème de ne pas attirer l’attention du censeur, de conserver un aspect mystérieux, de dénoncer ans en avoir l’air !

Et enfin, nous abordons les correspondances entre le poème et l’oeuvre picturale, un thème intimement lié à l’objet même de la parade à venir.

Le mot, matière brute du poème. La tache, matière brute du peintre. Le mot et l’assemblage des mots entre eux, le rythme des vers, les lignes de fuite, les respirations aussi…apprendre à lire une toile de maître, à comprendre son rythme comme on sent le rythme du poème à travers la lecture.

Exercice d’écriture

Le moment et venu d’imposer une rupture de rythme pour les élèves, et de proposer un exercice d’écriture.  Ecrire un poème court, comme celui de Max Alhau, à partir d’un premier vers que je propose à chacun :

- Au Boulingrin, la lumière du matin…

- Quand l’aube de tes quartiers s’éveille…

- Tel un long serpentin, la fête secoue la ville…

- Partir, manger la route de tes désirs…

Certains vont s’isoler dans un coin tranquille, d’autres choisiront la forme libre, l’écriture sur un thème de leur choix. D’autres sont pensifs et demeurent un peu bloqués face à la feuille presque blanche. Vingt minutes après, les volontaires lisent leurs textes, les voix se délient. Un enchantement de voir que ces jeunes se sont prêtés au jeu d’écriture et de la parole intime partagée devant l’Autre, offerte à l’Autre. Les poèmes parlent d’amour, joies et déceptions amoureuses, espoirs, cris parfois sur une solitude sentimentale. Et aussi bien entendu du déménagement du Musée des Beaux-Arts.

Pour cloturer ces deux heures, et afin de faire honneur à la journée de la Femme et au thème du printemps des poètes « COULEUR FEMME », je distribue  aux élèves deux billets-poèmes de femmes. Je vous laisse les lire à voix haute, et lentement laisser les mots et leur chant vous habiter quelques instants, vous procurer une sensation du corps qui en appellera d’autres. Bonne lecture et merci aux élèves de 3ème de COLBERT et aux enseignants, et à l’Association du GMB qui a rendu cela possible…

Texte intégral du poème 'Ondine' de Renée Vivien accompagné d'une ouevre originale de Jean Jacques GRAND, peintre et calligraphe

Texte intégral du poème 'les Roses de Saadi' de Marceline DESBORDES VALMORE accompagné d'un détail de l'oauvre originale de Danièle Brussot

Commentaires (3) Trackbacks (0)
  1. Amina et Rania
    14 h 38 min on 25 mai 2010

    Nous avons créé des billets poèmes avec quelques élèves de notre classe. Nous les avons distribués dans les rues de la ville lors de la parade du Grand Musée du Boulingrin ; les personnes ont trouvé cela très original.
    Nous avons pris beaucoup de plaisir à concevoir ces billets. Nous nous sommes inspirés des billets que nous a distribués notre cher et sympathique Nicolas Lebeau, à l’occasion du printemps des poètes, le 8 mars 2010. Merci à vous !!!

  2. nicolas
    20 h 52 min on 25 mai 2010

    Merci de ce commentaire et bravo pour la grande parade pour le Musée des Beaux Arts au Boulingrin.
    Depuis que je vous ai vus, la collection des billets-poèmes s’est agrandie…15 poèmes à partager !
    Et j’ai démarré une intervention très riche humainement en prison avec des détenus (22 séances de 2 heures avant fin juillet)
    La poésie est donc un espace de liberté qui appartient à tous.
    Dites bonjour à la classe de ma part.

  3. Amina et Rania
    14 h 11 min on 15 juin 2010

    Tout d’abord merci à vous, nous trouvons votre intervention chez des détenus très intéressante et sympathique. C’est très bien que des détenus s’intéressent et découvre la poésie. Notre classe vous souhaite une bonne continuation!!!

Laisser un commentaire

Aucun trackbacks pour l'instant