Florence
La République Patricienne
 
Des Origines aux Institutions

A partir du IXème siècle, les empereurs germaniques, également roi d'Italie, n'exercent plus d'autorité sur leur terres italiennes. L'affaiblissement de l'autorité épiscopale et l'émergence d'une nouvelle classe dirigeante citadine, enrichie par le commerce et les offices juridiques, entraîne la création de "Communes", autorités consulaires qui dirigent les cités en lieu et place de l'empereur. L'intervention de Frédéric Ier se solde par un échec; la paix de Constance (1183) reconnaît aux villes la libre élection de leur consuls et la jouissance des droits régaliens.

A Florence, un simple consul, bientôt assisté d'un conseil, gouverne la ville. Deux clans se dessinent, les uns obtiennent le soutien impérial, tandis que les autres bénéficient de l'appui du Pape. Les guelfes, favorables au Pape, après de longues années de luttes d'influences et d'exil, reprennent le pouvoir à Florence et lui donnent une nouvelle organisation politique.

Florence vers 1480

A partir de 1282, le gonfalonier de justice (Gonfaloniere di Giustizia) était la charge la plus importante de la république. Il était assisté des prieurs (Priori delli Arti). Ceux-ci, au nombre de trois puis six, sept, et enfin huit, étaient élus en fonction de leur appartenance à une corporation. Ce groupe forme "la Seigneurie". Les douze "Buonuomini" et les dix-neuf Gonfaloniers de Compagnie (Gonfalonieri di Compagna) conseillaient les seigneurs. Leur nombre varie en fonction des circonstances, et la durée de leur mandat varie en fonction des charges, entre deux et quatre mois. Les candidats devaient avoir au moins 30 ans, voire 40 pour le poste de gonfalonier de justice. Les hommes étaient élu par quartier, en fonction de leur milieu social ou de leur appartenance à une guilde.

Essor du Commerce et des Compagnies Bancaires

La cité de Florence a connue une grande période de croissance économique, avec le développement de l'industrie de la laine, principale source de travail dans la ville. En 1252, le florin est imposé pour les échanges commerciaux de la ville et deviendra rapidement la monnaie de référence pour les échanges internationaux.

Florins

Les maisons de changes fleurissent dans la ville, on en compte jusqu'à 80. Les deux principales compagnies bancaires furent celles des BARDI et des PERUZZI. Ces deux compagnies devirent les créanciers du roi d'Angleterre Edouard III pour un million et demi de florins, somme colossale servant à financer sa guerre contre le roi de France. Ils réalisent alors d'énormes bénéfices, jusqu'aux campagnes malheureuses de 1338, 1339 et 1340 qui ruinent le roi et ses créanciers. Par ailleurs, les prêts de ces compagnies à la République de Florence ne sont pas honorés suite à la défaite de la Ligue Lombarde (dont la République fait partie et finance les frais de guerre). La banqueroute est inévitable, d'abord en 1343 pour les PERUZZI puis en janvier 1346 pour les BARDI. En 1348, la grande épidémie de peste ravage la cité, qui passe d'environ 100 000 à 50 000 habitants.

Ces faillites laissèrent le champ libre à de nouvelles compagnies bancaires, notamment celles des STROZZI, des ALBIZZI et surtout celle des MEDICIS qui deviendront progressivement la faction la plus puissante de la cité.

Chapelles des familles PERUZZI et BARDI
Florence, église Santa-Croce
 
 
Armes de la famille PERUZZI :
d'azur à trois poires d'or avec leurs tiges & feuilles de même
 
 
 

Notes sur la famille et la compagnie PERUZZI

Arnoldo di Amideo PERUZZI, capo della Compagnia dei Peruzzi, meurt en 1292. Ses frères, fils et neveux lui succèderont dans la compagnie familiale. La compagnie avait des succursales à Avignon, Bruges, Genève, Londres, Majorque, Chypres, Rhodes, Tunis...

Les différents membres de la famille occupèrent différents postes importants de la République,  Pacino di Arnoldo PERUZZI puis son fils Donato di Pacino furent respectivement gonfalonier de justice en 1297 et en 1318 et 1331.

Selon les voeux de Donato di Arnoldo PERUZZI en 1299, une chapelle familiale fut fondée dans l'église Santa-Croce, ornée quelques années plus tard par le peintre Giotto. Son fils Ridolfo di Donato PERUZZI, fut membre de la compagnie familiale entre 1310-1331. Il est l'arrière-grand-père de :

Ridolfo di Bonifazio di Berto PERUZZI, marchand de soie, fut élu à dix reprise consul de sa guilde. Elu également à plusieurs reprises Buonuomini & gonfalonier de compagnie, il est notamment élu gonfalonier de justice de Florence en 1413 et 1432 et prieur 1420. Allié des  des ALBIZZI, il quitta Florence en 1434 et entraîna avec lui une grande partie de sa famille. Il meurt à l'Aquila en 1435.

Son fils Luigi di Ridolfo PERUZZI s'installa en Avignon et en fut élu 1er consul en 1470. Il est à l'origine des PERUSSIS d'Avignon, barons de Lauris, & des BERLUC-PERUSSIS de Forcalquier.

 
Mécénat et Renaissance

La richesse de la République de Florence permet à la cité de se doter des meilleurs artistes et de doter ses monuments de statues, de fresques ou de peintures qui feront sa renommée. Les grandes familles dotent leur chapelles ou leurs tombeaux des plus beaux ornements et les artistes les plus célèbres travaillent à Florence : Giotto, Donatello, Brunelleschi, Raphaël, de Vinci ou Michel-Ange...

A la fin du XIIIème siècle, la construction des églises Santa-Maria Novella, du Palais Vecchio et surtout celle de la cathédrale Santa Maria del Fiore sont l'occasion pour les artistes d'immortaliser leurs talents. Dessinée par Arnolfo di Cambio à la fin du XIIIème siècle, son campanile fut réalisé par Giotto à partir de 1334  et sa coupole fut achevée par Brunelleschi en 1420.

Cosme de MEDICIS développa le mécénat en protégeant et en assurant un revenu aux artistes. En 1442, il prend la tête des 66 citoyens qui financent la construction d'une chapelle de l'église San Lorenzo. Les travaux de cette chapelle mobilisent Brunelleschi et Donatello, financés par Cosme « pour la gloire de Dieu. l’honneur de la cité et ma propre mémoire ». La rivalité entre grandes familles, se traduit peu après par le financement par Giovanni RUCELLAI de la rénovation de l'église Santa Marie Novella par Alberti...

La politique de patronage artistique des florentins et des MEDICIS en particuliers favorisa les artistes et leur créativité. La Renaissance est née artistiquement & culturellement à Florence et plus généralement en Italie... Elle gagna la France après les premières campagnes des guerres d'Italie (1494).

Une petite visite virtuelle de Florence : Guide artistique de Florence

 

Chapelle de la famille BARDI di VERNIO
 
 
Armes de la famille BARDI
D'or, à la bande losangée de gueules
 
 

Notes sur la famille et la compagnie BARDI

Famille citée dès 1215, ses membres furent contraints à l'exil vers 1247 suite à la victoire des Gibelins. Etablis vers 1277 en Angleterre, ils sont d'abord de simples acheteurs de laine, puis deviennent marchands, c'est à dire banquiers de la couronne.

Bartolo di Iacopo BARDI est le premier prieur delli Arti élu le 15 juin 1282. Ses nombreux fils et neveu avaient des parts dans la compagnie familiale. Elle avait des succursales à Avignon, Barcelone, Bruges, Londres, en Oriente, et dans la plupart des citées italiennes.

Ridolfo BARDI fit ériger vers 1320 une chapelle familiale dans l'église Santa-Croce, ornée des magnifiques peintures de Giotto.

La banqueroute de 1346 ruina une partie de la famille, certains ayant investis dans d'importantes propriétés foncières, comme Piero di Gualterotto BARDI qui acquiert en 1332 le fief de Vernio pour 10 000 florins. Il est l'ancêtre des comtes BARDI di VERNIO, et surtout l'arrière grand-père de Contessina BARDI, épouse de Cosme de MEDICIS, pater patriae (1389-1464).

Donato di Niccolo di Betto BARDI, dit Donatello fut un célèbre sculpteur du XVème siècle. Lointain cousin des précédents, il est le fils d'un simple cardeur de laine de Florence. Remarqué par Cosme de MEDICIS, ce dernier le prit sous sa protection. Il réalisa de nombreuses statues & oeuvres dans diverses cités italiennes. Il meurt à Florence le 13 décembre 1466 et fut inhumé dans l'église San-Lorenzo, auprès de Cosme de MEDICIS.

Cosme de MEDICIS

Contessina BARDI

 
Conflits Politiques et Avènement des Médicis

La constitution de Florence n'empêcha pas les conflits au sein de la cité. Tout d'abord, deux partis s'opposent : l’ancienne aristocratie (les grands ou magnats) est écartée des postes les plus important par une nouvelle bourgeoisie enrichie par le commerce et le change. Une autre scission divisa la cité guelfe en guelfes noirs (anti-papistes) et guelfes blancs (conservateurs), qui furent bannis de la ville.

En 1378, c'est la révolte des "Ciompi", modestes travailleurs de la laine et simples ouvriers, qui réclament des représentants au gouvernement. Grâce à l'appui d'une partie de la bourgeoisie, ils obtiennent une participation au gouvernement. Après l'annulation de leur participation en 1382, ils s'allient alors aux ALBIZZI qui dominèrent la vie politique florentine jusque 1434.

Cosme de MEDICIS, banni en 1433 par Rinaldo degli ALBIZZI, rentre à Florence le 5 octobre 1434. Grâce à l'appui de ses partisans et du pape Eugène IV, il établit sa domination politique sur la république, éliminant ses adversaires et plaçant ses hommes aux postes-clés.. Ses opposants et leur familles, tels Rinaldo et Ormanno degli ALBIZZI, Ridolfo PERUZZI, Niccolo BARBADORI ou Palla STROZZI sont condamnés à l'exil hors de Florence...

La République de Florence conserve son nom & ses principales institutions, mais elle est devenue une monarchie que les MEDICIS dirigeront pendant trois siècles.

Notes sur la famille ANSELMI

La famille ANSELMI est conne depuis la fin du XIIème siècle. Palla di Bernardo ANSELMI exerça à six reprises la charge de prieur entre 1283 et 1298 tandis que son fils Anselmo di Palla ANSELMI exerça la même charge dix fois entre 1308 et 1338.

Son petit-fils, Giovanni ANSELMI, ancien ambassadeur de Florence à Arezzo, fut un des notables accusés de vouloir livrer Florence au parti de Charles de DURAZZO. Fait prisonniers, il furent exécutés à Florence fin 1379. Son fils Anselmo di Giovanni ANSELMI occupa plusieurs postes importants : élu prieur en 1398, gonfalonier de compagnie en 1400 et 1402 puis "Buonuomini" en 1404. Il fut également consul de la guilde des marchands de laine en 1406.

Son fils, Bernardo di Anselmo ANSELMI, marchand de laine, sera également élu "Buonuomini", prieur et gonfalonier de compagnie. Il fut contraint à l'exil par Cosme de MEDICIS. Il est la souche de la famille d'ANSELME, installée en Avignon et dans le Comtat au siècles suivants...

Armes de la famille ANSELMI : d'azur, fretté d'argent

Généalogie de la famille ANSELMI

 
Sources
 
Travaux de l'université Brown de Providence, Rhode Island, USA :
Online Castato of 1427
Online Tratte of Office Holders 1282-1532
Travaux de John Padgett de l'université de Chicago :
John F. Padgett's Home Page
Travaux de Paul Carrère sur les ANSELMI en Avignon.
AMMIRATO Scipione, delle Famiglie Nobili fiorentine, 1615
BORRICAND René, Nobiliaire de Provence..., 1974-1976
JOUGLAS DE MORENAS Henri, Grand armorial de France, 1975
KLAPISCH-ZUBER Christiane, Les acteurs politiques de la Florence communale (1350-1430), 2004
MACHIAVELLI Niccolo, Istorie fiorentine, 1521-1525
NOSTRADAMUS (de) César, L'histoire et chronique de Provence..., 1614
PERRENS François-Tommy, Histoire de Florence, 1877