J & B : Son imprégnation, ma Révélation

Chapitre 1 : Y a rien de pire que d’être dépendant d’un vampire…ah si, lui sauver la vie !

Chapitre final

Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 02:34

1. Y a rien de pire que d’être dépendant d’un vampire…ah si, lui sauver la vie !

Cette jambe me faisait un mal de chien ! J’essayais de la plier mais je sentais encore une résistance. Je pensais pourtant que je pouvais guérir plus vite que ça… mais apparemment, les cassures mettaient plus de temps … celle de la clavicule m’avait empêché de dormir mais ce matin, ça allait mieux. Le docteur Cullen avait eu raison…je serai vite rétabli… le docteur Cullen, c’est marrant mais celui-là, je n’arrivais pas à le voir de la même façon que les autres. Il semblait tellement calme, tellement sûr de lui que pendant ses visites, j’en arrivais même à oublier ce qu’il était…même son odeur était plus supportable que les autres…c’était sûrement dû au fait qu’il fréquentait beaucoup d’humains à l’hôpital ? Ou peut être à cause de la super dose de morphine qu’il m’avait injecté ? …mais c’était aussi ses yeux…bien que ça me répugnait de l’avouer, je voyais que celui là était « bon ». Pour lui, je pouvais comprendre que Bella l’aime bien mais les autres…hum, j’aimais cette chaleur dans le ventre à chaque fois que je pensais à elle, la douleur était plus supportable quand je revoyais son visage…je sentais encore son parfum sur mes mains et je n’arrivais toujours pas à croire qu’elle s’était laissée faire… « Embrasse-moi Jacob », ces mots chantaient dans ma tête et je sentais mon cœur battre si fort que j’avais l’impression qu’il allait sortir de ma poitrine ! Elle m’aimait, j’en étais sûr maintenant ! Elle ne pourrait plus me sortir ses trucs du genre « tu n’es que mon ami » ou « je ne ressens rien pour toi », elle m’avait donné la chance de lui prouver le contraire et même si j’avais un peu exagéré en la menaçant de me tuer, ça valait le coup ! C’est vrai, je n’aurai pas dû lui débiter des trucs pareils… pas trop honnête de ma part… mais elle me pardonnerait, j’en étais sûr. Elle m’avait rendu mon baiser, elle s’était laissé aller et je m’accrocherai à ça de toutes mes forces ! Le combat n’était pas fini, il me restait une chance et elle était plus grande qu’avant maintenant que nous nous étions embrassés !

Non, il ne valait mieux pas que j’essaie de changer de position ni de me lever… j’aurai pourtant bien aimé être près de la fenêtre plutôt que dans ce satané lit. Je voulais la voir arriver…elle n’allait pas tarder… en fermant les yeux, le temps passait plus vite…

  • Bonjour Jacob… 

Bon sang, je ne l’avais pas entendu celui-là ! Ce docteur Croc avait le don d’apparaître à mon chevet sans faire le moindre bruit.

  • Désolé, je t’ai fait peur. Comment te sens-tu ?
  • Ça peut aller …, marmonnais-je.
  • La morphine se dissipe, sinon tu ne serais pas éveillé…
  • Ça va …
  • La douleur va revenir et je ne sais pas trop comment tu vas la ressentir … vu que ton organisme est différent.
  • Je supporterai, croyez-moi !

Il me fit un léger sourire tout en déballant ses gants.

  • Je n’en doute pas, tu as l’air résistant.

Il se pencha sur moi et je compris pourquoi ses gants étaient si épais car malgré eux, je sentais le froid de ses mains passer le long de ma jambe. Ça ne devait pas être simple à l’hôpital mais les gens devaient être habitués à sa peau glacée. Curieusement, le fait de s’occuper de moi ne lui posait pas de problème…celui-là était vraiment différent. Bella avait peut être raison ? Les choses pouvaient peut-être changer entre nos deux peuples…une pression de ses doigts m’arracha une grimace…

  • Excuse-moi Jacob…

Ah…pourquoi fallait-il qu’il soit aussi correct ! Ses mains expertes examinaient chaque centimètre de ma jambe puis il se dirigea vers mon épaule. Son odeur chatouillait mes narines mais ce n’était pas aussi insupportable qu’avec les autres. Je tournais la tête, il me sourit, comprenant ma retenue.

  • ça ira vite…je vais te donner encore un peu de morphine…tu vas en avoir besoin.
  • Non merci… car je voudrai…enfin, je ne veux pas être dans les vapes quand Bella viendra me voir.

Je ne voyais aucune réaction sur son visage. J’avais pourtant eu une soudaine envie de le provoquer comme si c’était Edward mais il n’avait pas bronché. Il continuait son examen, toujours aussi calme. Ce n’était pas Edward…mais je me disais qu’il devait sûrement savoir quand Bella allait venir, peut-être qu’il attendait que je sois mieux pour l’autoriser à me rendre visite ?

  • Quand va-t-elle venir ?

Il retira ses gants et les rangea soigneusement dans sa mallette, posée sur ma chaise de bureau. Puis, il tourna son visage pacifiste vers moi et je vis qu’il cherchait à formuler sa réponse.

  • Jacob, tu ne dois pas te transformer avant d’être complètement rétabli…

Je m’en fichais de ça ! Il ne répondait pas à ma question !

  • Quand Bella va-t-elle venir me voir…docteur ?
  • Carlisle…
  • Q…Quoi ?
  • Je m’appelle Carlisle.

Il soupira mais me sourit. S’il n’avait pas été aussi froid, j’aurai presque pensé « chaleureusement ». Son regard me faisait penser à un père qui ne veut pas blesser son enfant et cette idée m’affola quelques secondes. Qu’allait-il me dire ?

  • Jacob…je ne surveille pas Bella. Je vais lui dire que tu vas mieux et elle décidera elle-même du moment de sa visite.

Et moi qui pensais qu’on allait avoir une grande conversation du genre « Elle va nous quitter pour toi » ou « Je sais que vous vous aimez maintenant », sa réponse me disait clairement qu’il ne se mêlait pas des histoires de cœur de sa famille et qu’il ne me donnerait aucun espoir. Je soupirais et reposait ma tête sur l’oreiller. Il prit sa mallette et me fixa quelques secondes avant de continuer :

  • Jacob…pas de transformation avant au moins deux jours. Tes muscles et ta peau se sont bien remis, tes os se sont presque consolidés mais comme je ne connais pas ton organisme, je ne peux pas te garantir qu’il ne se passera rien si tu te métamorphoses… Peut-être que j’ai tort ? Peut-être qu’une transformation t’aiderait à guérir plus vite ? Mais, je ne le sais pas donc dans ce cas, je te conseille la prudence.

Je ne répondais pas. Mon esprit souffrait tout à coup violemment de l’absence de Bella. Pourquoi n’était-elle pas encore là, près de moi ? A la place de ce …cet …enfin…

Il me posa deux comprimés sur ma table de chevet.

  • Jacob, je reviendrai demain matin. Tu devrais te reposer.
  • Oui …oui, soufflais-je.

Qu’il aille au diable ! Si Bella n’était pas venue d’ici demain, j’irai la voir chez elle ou chez les sangsues, peu importe !

Je ne l’entendis pas quitter la pièce. Je me retrouvais seul avec mes angoisses. Pourtant, j’étais si confiant il y a quelques minutes ! Qu’est-ce qui avait changé ? C’était lui ! Sa façon de me regarder comme si il ne voulait pas aborder le sujet « Bella » m’avait affolé. Et si elle ne venait pas me voir ? Et si elle avait fait son choix malgré ce que nous avions vécu ensemble avant la bataille ? Non, elle ne pouvait pas le nier. Nous devions au moins en parler ! Je ne la laisserai pas partir comme ça, pas après ça. Si demain elle n’était pas encore venue, tant pis pour les conseils du docteur Croc, j’irai à Forks !

 

La nuit allait tomber. J’entendais le fauteuil de Billy rouler doucement sur le plancher de la cuisine. Je me sentais comme dans du coton, j’entendais vaguement les piaillements des oiseaux, de temps en temps, le cri d’un faucon...

  • La journée ne passe pas ...

Il fallait que je bouge. La nuit approchait …

  • Billy !

Ah bon sang ! Cette jambe était trop raide…il fallait que je l’appelle. Je réussi à crier malgré mon état cotonneux.

  • Papa, passe-moi le téléphone s’il te plait !
  • Tu ne devrais pas bouger clébard…

Je sursautais. Encore un que je n’avais pas entendu arriver ! Et encore une fois, ce n’était pas Bella…

Ça y est, il était là…le moment de la confrontation était venu et je n’étais même pas en état de me défendre ! Pas de transformation avait dit docteur Croc … tu parles ! Tant pis pour la jambe si je pouvais réduire ce parasite en miette !

  • Qu’est-ce que tu viens foutre ici ? Tu n’es pas censé venir sur mon territoire…

Edward me fit un bref sourire moqueur et vint s’installer sans bruit sur la chaise que son père ou son « je ne sais quoi » avait occupé quelques heures plus tôt. Il me fixait, je le sentais mais je ne parvenais pas à tourner la tête vers lui…lui à la place de Bella, nom d’un chien ! Est-ce que toute la famille allait défiler comme ça jusqu’à ce que je devienne fou ?

  • Mon père m’a dit que tu étais réveillé…
  • Ouais…et alors ?
  • et … Sam m’a donné l’autorisation spéciale de venir à la Push, déclara-t-il calmement.

Sam ? Ah si seulement je savais ce qui se tramait dehors ! Pas de transformation, pas de connexion ! Imaginer Sam en train de parler avec ce buveur de sang me faisait bouillir.

  • Je suis venu pour te remercier Jacob…

Malgré moi, je tournais la tête vers celui que je devais le plus haïr au monde. Il me fixait toujours mais je fus surpris de trouver un sourire sur ses lèvres. Et moi qui pensais qu’on en viendrait aux dents !

  • Non je ne suis pas venu te foutre une raclée…

Cette fois, il sourit tellement que je cru même qu’il riait. Alors que voulait-il ?

  • Me remercier de quoi ?
  • De votre alliance durant cette bataille, de ce que tu as dû subir et …
  • Je ne l’ai pas fait pour toi ! ni pour qui que ce soit de Ta famille ! j’ai sauvé Bella et… Leah, point barre !
  • Oui … et justement, tu as fait tout ça pour Bella. Je ne te remercierai jamais assez de tout ce que tu fais pour elle…

Quoi ??? Mais il débloquait ? Ou alors … non, son air suffisant m’alarmait. Ou était-ce un restant de morphine qui me provoquait des angoisses inutiles ? Où était Bella ?

  • Elle viendra Jacob…mais plus tard, m’assura-t-il.
  • Plus tard ? Comment ça plus tard ?
  • Ecoute…

Je ne faisais que ça ! L’écouter… mais il ne me donnait pas les réponses que j’attendais !

  • Bella viendra ou peut-être pas …
  • Quoi !
  • Laisse-moi finir…

Il allait me rendre dingue, mon envie de le mordre m’envahit furieusement et je sentis mes membres s’agiter. La douleur était forte…il fallait que je me calme. Edward s’était tus, sachant que sa présence était la raison de mon mal. Je parvenais à me contrôler. Après un moment, il continua mais plus doucement, comme si le ton de sa voix pouvait apaiser ma souffrance !

  • Jacob…Bella est avec Charlie, elle devait le voir…avant toi … mais si je suis venu aujourd’hui, c’est pour te dire de vive voix que, malgré notre aversion naturelle, nous ne serons jamais vos ennemis…surtout après ce qu’il s’est passé cette nuit entre nos deux familles.

Ah…quand il me parlait comme ça, je n’arrivais plus à me dire que je haïssais ce type.

  • Tu parles comme un sage …, lui rétorquais-je.

Ma remarque le fit sourire.

  • Mais je suis un sage ! Rappelle-toi que j’ai cent ans de plus que toi !

Si on continuait comme ça, on allait devenir potes et moi, je n’étais pas un sage ! Mon envie de le provoquer me revenait furieusement. Je ne le lâcherai pas. Il allait en avoir pour son compte ! Je repensais donc à notre baiser et cette pensée le fit se lever d’un bond ! Son sourire avait disparu. Que croyait-il ? Que nous étions amis parce que nous avions combattu ensemble ? Il serrait les dents mais se retenait. Pourquoi ?

Il se dirigeait vers la porte mais en posant la main sur la poignée il se retourna vers moi et me toisa quelques secondes. Je pensais « vas-y, lâche-toi ! ». Mais voilà qu’il souriait maintenant !

  • A l’avenir, évite de raconter des histoires aux filles que tu as envie d’avoir dans ton lit…c’est minable.

Son attaque n’était pas trop celle que j’attendais.

  • Va te faire voir Cullen !
  • Comme c’est dans sa nature, elle te pardonnera.

Je ne préférais pas lui répondre. Si ça l’amusait de jouer le donneur de leçon… et puis, il n’avait pas tort, je le savais…

  • Au moins, tu le reconnais …

Il fallait toujours qu’il lise dans mes pensées !

  • Au revoir Jacob.  
  • C’est ça !

Il était parti si vite que je ne vis même pas la porte se refermer.

 

La nuit fut atroce. La douleur avait diminué mais celle dans ma poitrine était insoutenable. Je ne voyais que son visage. Lorsque j’étais éveillé, je revoyais ses yeux, sa bouche si douce, et puis son sourire, je sentais même ses mains sur ma nuque mais dès que je m’assoupissais, je la voyais avec lui, ou je le voyais lui, tout seul, me souriant de son air supérieur. Je devais beaucoup m’agiter car le lit était dans un sale état. Billy venait me voir de temps en temps, peut-être parce que mes cauchemars le réveillaient ? Ou peut-être qu’il ne dormait pas ?

 

Lorsque l’aube pointa, j’avais réussi à me lever, debout, contre la fenêtre. La cour était vide…aucune camionnette rouge n’était venue hier et j’étais sûr maintenant qu’elle ne viendrait pas non plus aujourd’hui. Mon envie d’aller la retrouver chez elle ou chez les sangsues était en train de faire place à une sourde colère…

Un souffle glacé me fit hérisser les poils de la nuque mais l’odeur m’était familière.

  • Bonjour Carlisle…
  • Bonjour Jacob, je vois que tu vas mieux ce matin…c’est époustouflant ! 

Instinctivement, je passais ma main le long de ma jambe encore un peu raide mais sans quitter les yeux de la cour. Il se plaça derrière moi mais à bonne distance…je n’étais plus invalide, je pouvais attaquer maintenant. Lorsque je compris ces craintes, je me tournais vers lui et j’eu même la force de lui sourire. Lui, je ne voulais pas lui faire de mal, ni même qu’il le croit…

  • Pourtant, dans le bizarre, vous vous y connaissez non ?

Il sourit et se détendit.

  • C’est différent, ton corps est comme de la magie pour moi. Je ne saurais jamais comment vous mutez…
  • Pourquoi ?
  • Pour cela, il faudrait que j’examine l’un des vôtres pendant très longtemps, faire des analyses, des prélèvements …
  • Bref, nous disséquer quoi !

Ma remarque le fit rire doucement. Il posa sa mallette au même endroit qu’hier et l’ouvrit. Je me trainais donc vers le lit pour son ultime examen. Comme la veille, il avait pris soin d’enfiler des gants très épais pour palper mon corps.

  • Vous mettez toujours ces trucs quand vous examinez vos patients ? Ils doivent se poser pas mal de questions…

A nouveau, il sourit de son air si sage.

  • Non, ceux-là je te les réserve. Ta peau est beaucoup plus chaude que celle des personnes que j’ai l’habitude de voir…le contact de ma peau sur la tienne te serait très désagréable vu la différence de température.

J’eu envie de lui répondre qu’il n’y avait pas que leur peau qui était désagréable, leur odeur aussi ! Mais, pour une raison que je ne parvenais pas à m’expliquer, celui-là, j’avais envie de le respecter. Alors je m’entendis lui répondre :

  • Vous prenez trop bien soin de moi docteur Croc …

Cette fois, il rit pour de bon et je souriais moi-même du surnom que je lui avais donné.

Mon optimisme allait revenir. Aujourd’hui, Bella viendrait ! Mon esprit perdu dans mes pensées, je n’avais même pas remarqué que l’examen était fini et qu’il avait rangé ses affaires. Je le surpris en train de m’observer. Je me relevais, attendant le verdict.

  • Attend encore une journée Jacob et je pense que ça devrait aller.
  • Ok …c’est vous le doc.

Il hocha la tête en souriant.

  • Au revoir Jacob et encore merci !

Il faisait encore allusion à notre alliance…cette histoire allait sûrement être raconté pendant des générations au coin du feu, d’un côté comme de l’autre.

Il quitta ma chambre. Ainsi, il ne me donnerait pas des nouvelles de Bella …

Je me levais et allait me placer à nouveau à la fenêtre. Que devais-je faire ? Prendre la voiture et foncer chez elle ? Attendre ?

Ce silence … quelque chose clochait … les oiseaux de la forêt s’étaient tus. Mon instinct me souffla qu’il se passait un truc pas cool dehors. En boitant légèrement, je sortis de ma chambre. Dans son fauteuil, Billy était dans l’encadrement de la porte d’entrée et regardait dehors. Je me déplaçais jusqu’à lui pour assister à la scène qu’il observait sans broncher. La première chose que je reconnus fut la blondeur des cheveux du docteur Cullen, encore sur les marches du perron. Face à lui, trois loups en position d’attaque. Je poussais mon père et me plaçait derrière le docteur. Je ne les reconnaissais pas.

  • A quoi vous jouer là ?

Evidemment, ils ne me répondaient pas, se contentant de grogner. Mais lorsqu’ils m’avaient vu, ils avaient reculé d’un pas. Carlisle se tourna légèrement vers moi.

  • Jacob, ça va aller mais je crois que tes amis ont oublié leur permission.

Ce n’était pas des membres de ma meute mais ça, le doc ne pouvait pas faire la différence.

Un des jeunes loups montrait les dents, prêt à attaquer. Qui étaient-ils ? Ils avaient l’air très jeune. Je passais devant Carlisle et m’approchait d’eux. Ils reculèrent encore d’un pas mais l’un deux semblait très fougueux. J’entendis alors Billy me dire depuis la maison :

  • Ce sont les petits-enfants du vieux Willy, Jake…ils ont muté très récemment et ne savent pas trop se contrôler.

Comment ça ? Sam devait le savoir ! Pourquoi n’était-il pas là à les aider, comme avec moi ? Billy semblait avoir deviné mes pensées.

  • Les autres sont avec Sam, chez lui et je ne crois pas qu’il soit au courant. Ça doit dater de ce matin…
  • Alors appelle-le ! Qu’est-ce que tu attends ? , lui rétorquais-je, agacé.

Je ne savais pas comment mon père avait pu les reconnaître vu leur apparence mais ça n’avait pas trop d’importance. Je connaissais ces gamins. Et le plus vieux était assez instable, le genre de gosse qui posait toujours problème. Avec le nombre important de vampires qui avaient trainé dans les parages cette nuit, celle-ci avait dû être mauvaise pour peut-être beaucoup d’autres jeunes. Le docteur Cullen était tendu comme un arc. Il fallait que je les calme.

Je vis mon père faire pivoter son siège et rentrer à la maison. J’étais dos aux autres et soudain je sentis que le plus vieux des jeunes loups s’était avancé. Ses crocs bien en vue, il fixait le docteur d’un air très menaçant. Il avança encore d’un pas et grogna fortement. Je ne réfléchis même pas. J’entendis juste le docteur Cullen crier :

  • Non Jacob !

La douleur était pire que ce que j’avais pu imaginer mais maintenant, j’étais en état de les affronter ! Je me plaçais entre le doc et eux.

  • Vous n’avez rien à faire ici ! Laissez-le partir !
  • Ce type pue à cent mètres et on veut lui faire la peau !

Ils étaient très jeunes et ne savaient même pas ce qu’était exactement Carlisle mais leur instinct leur donnait cette envie de le tuer, car ils étaient nés pour ça …

  • Il va partir…vous allez le laisser quitter notre territoire. Il ne vous touchera pas.
  • Dégage ! ça va aller vite à trois ou à quatre si tu nous aides !

Il fallait que je sois plus agressif. Mais je n’eu pas le temps. Celui qui grognait le plus bondit sur sa proie et je dus le contrer par un gros coup de tête dans la poitrine. Le jeune loup fut propulsé à plusieurs mètres en hurlant de douleur. Je sentis que Sam et Quil avaient muté.

  • Vous ne le toucherez pas ! déclarais-je, le plus durement possible.

Tout à coup, les deux autres loups se couchèrent, obéissants. Mais celui que je venais de frapper se remit rapidement sur ses pattes et s’élança vers moi. Je n’avais pas entendu l’ordre de Sam mais les jeunes loups avaient obéi immédiatement.

  • On est là Jake…

Sam et Quil se placèrent devant moi près à affronter les jeunes loups. Soulagé, je les laissais s’occuper d’eux et me tournais vers le docteur qui n’avait pas bougé. Pourtant, il aurait pu filer pendant que j’affrontais les autres. Je repris ma forme humaine mais lorsque je voulus faire un pas vers lui, je m’écroulais à terre. Je sentis ensuite des mains glacées se poser sur ma jambe et je poussais un cri de douleur.

  • Tu n’aurais pas du Jacob…
  • Vous êtes suicidaire ? Parce que si c’est ça, fallait le dire !

Je l’entendis rire doucement mais son visage semblait soucieux.

  • Quoi ? elle est à nouveau cassée ? m’inquiétais-je.
  • Non, je ne crois pas mais tu as besoin de repos…

Sam et les autres avaient filé vers la forêt. Leur initiation allait commencer, Sam avait du boulot vu le tempérament de l’un deux. Ces jeunes devaient avoir quoi ? Quatorze ou quinze ans ? En plein dans l’âge rebelle. Je me forçais à me relever et il vint me soutenir. Sa peau froide me faisait vraiment frissonner mais je réussi à me trainer jusqu’à ma chambre. Lorsqu’il me lâcha pour que je m’installe sur le lit, je me sentais déjà mieux.

  • Je dois partir Jacob. Tu dois vraiment laisser ta jambe au repos aujourd’hui et peut-être un peu plus maintenant. Mais je pense que ça ira.
  • Ça m’a fait un mal de chien lorsque j’ai muté !
  • Je me doute mais je pense que malgré tout, tu seras vite remis.
  • Bien …
  • Merci pour ce que tu as fait…nous avons fait beaucoup de chemin depuis hier.
  • Oui …

Même si cette idée ne me plaisait pas, il avait raison. Si on m’avait dit que je m’interposerais entre mes frères et une sangsue pour sauver la sangsue, j’en aurai ri à me décrocher la mâchoire !

Je ne le vis pas partir. Il semblait pressé. Je me retrouvais donc encore une fois seul avec mes pensées…

Bella devait avoir eu un problème ! Charlie avait peut être eu une crise cardiaque et elle était avec lui à l’hôpital ? Non idiot, Billy le saurait… Une panne ? Elle aurait téléphoné …

La sangsue la retenait prisonnière ! Ça c’était une possibilité ! Il avait sûrement piqué une crise après qu’elle lui ait annoncé qu’elle le quittait ! Pourtant, il n’avait pas l’air malheureux lors de sa visite …

 

2. Il n’aurait jamais dû me dire ça !

La journée passa très lentement. Billy venait me voir de temps en temps, croyant que je souffrais de mes blessures mais celle qui était la plus douloureuse n’était pas visible. Il finit par le comprendre et resta planté à côté de moi.  

  • Qu’est-ce que tu veux ?  
  • Jacob, mon fils…l’état dans lequel tu te mets n’est pas normal …

Je soupirais…

  • Je sais …
  • Elle a choisi, Jacob, tu dois l’accepter !

Non ! Non, je ne l’accepterai pas, pas aussi facilement ! Pas après ce que nous avions partagé ! Je ne comprenais pas pourquoi elle n’était pas encore venue mais je ne lâcherais pas ! Comme je ne répondais pas, Billy me laissa en secouant doucement la tête.

 

Soudain, j’entendis des voix dans la cuisine, discutant à voix basse avec Billy, et me levais d’un bond ! Bella était là, j’en étais sûr ! En ouvrant la porte à toute volée, je fis sursauter Leah …et Seth avait l’air préoccupé. Je le vis baisser la tête…je cru au départ qu’il voulait me dire quelque chose mais mon regard suivit le sien et je remarquais alors une enveloppe dans ses mains. Mon cœur s’accéléra. C’était une lettre de Bella ! Mais vu son air de petit garçon prit à la faute, ce n’était pas une bonne nouvelle. En boitant, je fonçais vers lui et lui arracha l’enveloppe des mains. Il me regarda…penaud. Aïe…la douleur commençait déjà à frémir dans mon ventre pendant que mon cœur tambourinait ma poitrine, prêt à la rompre. Lentement, j’ouvris cette enveloppe qui me paraissait trop luxueuse pour venir d’elle… elle contenait une lettre pliée. A travers le papier, je vis que l’encre des mots coulait par endroit. De la pluie ? Des larmes ? Je déglutis. En la dépliant, une carte glissa dans mes mains. Ma gorge se serra. Je décidais de lire la carte en premier…

 

Jacob,

 

J’ai trouvé la lettre ci-jointe dans la poubelle de sa chambre…elle ne sait pas que je te l’ai envoyée mais vu son état, je sais qu’elle n’aura pas le courage de te la donner…

Elle ne te le dit pas dans sa lettre, car nous venons de prendre la décision, mais nous partons pendant quelques temps.

 

Quoi ? Ma tête se mettait à bourdonner sourdement, mes mains tremblaient. Calme –toi Jacob…tu dois lire jusqu’au bout.

 

Crois-moi ou non mais je vais profiter de ce temps pour essayer de la faire changer d’avis. J’ai déjà réussi à la convaincre de reporter le mariage et sa transformation

 

Oui ! Elle a changé d’avis ! Soufflais-je, soudain heureux.

 

…mais elle souhaite que nous vivions comme un couple normal et je sais que ce choix comporte un grave danger pour sa vie. Nous préférons donc quitter la région pour ne pas rompre le traité.

 

Comme un couple normal ?... Qu’est-ce qu’il entendait par là ? Un grave danger …Il ne comptait quand même pas … ? Non ! Mes membres tremblaient maintenant si fort que je n’arrivais pas à lire les mots qui suivaient. Une image écœurante envahit soudain mon esprit : encore une fois, je divaguais …je la voyais, presque réelle, si belle, la peau si douce et si blanche… comme à chaque fois, j’avais l’impression que je pouvais tendre la main et caresser sa peau, mais là, pour la première fois, je le voyais lui, son corps plaqué contre le sien, lui faisant l’amour, mordant son cou si fragile qu’elle lui offrait en souriant. La nausée me submergea immédiatement, puis la colère. Mes mains lâchèrent la carte et mon cri de douleur retentit dans toute la clairière.

 

Je n’arriverai jamais à m’arrêter, il fallait que je courre, que je fuis au plus vite cet endroit maudit, que je la fuis elle …elle qui venait d’anéantir la dernière parcelle de mon âme qui espérait encore.

 

Pendant plusieurs kilomètres, j’avais senti Seth courir derrière moi mais il n’aurait jamais pu me rattraper. Il l’avait sûrement vite compris car sans même me dire quoique ce soit (je ne l’aurai pas écouté de toute façon !) il m’avait abandonné à ma course folle.

Les branches fouettaient violemment mon museau, il fallait que j’accélère encore pour que ça me fasse plus mal…même si mes plaies se refermaient quasi instantanément, la brûlure que je ressentais à chaque lacération me faisait du bien. L’envie de tuer m’avait complètement envahi et je la ressentais encore au fond de mon estomac et dans ma gorge…cette haine…Lui…ce désir violent de le déchiqueter…j’étais en train de devenir fou…

Comment pouvait-il prétendre l’aimer alors qu’il allait lui faire si mal ? Autant la tuer tout de suite !

Elle était folle et je sentais que cette fois, je n’arriverai plus à encaisser. Allais-je finir par la haïr aussi ?

Mais comment en étais-je arrivé là alors que je ne m’étais même pas imprégné d’elle ?! Est-ce qu’un jour je parviendrai à me libérer ? Il le fallait….

J’avais ralenti ma course. Mon cœur battait encore violemment dans ma poitrine et je compris qu’il ne se calmerait pas de si tôt…

Face à moi, une rivière. J’avais atteint la lisière de cette forêt mais je ne savais même pas où j’étais…je n’avais pas envie d’y réfléchir.

Tout à coup, le souvenir que je m’étais transformé en fuyant me rappela que j’avais tout lâché, même la lettre de Bella…quelle importance ? Cette fois, c’était bon, j’avais mon compte ! Je le sentais au fond de moi, j’étais brisé et j’aurai beaucoup de mal à me relever. Mais est-ce que j’en avais envie ? Lentement, je m’allongeais sur le sol. Le vent balayait ma fourrure et je baissais la tête entre mes pattes.

Le soleil se couchait. Quel silence… aucune voix dans ma tête…les autres ne devaient pas avoir muté, peut être par respect pour moi, afin que je noie mon chagrin et ma colère seul, ou peut être parce qu’ils ne voulaient pas revivre pour la millième fois mes pensées morbides. Et Seth avait dû reprendre forme humaine ou peut-être m’écoutait-il en silence ?

 

Il commençait à pleuvoir et dans ce calme absolu, le bruit des gouttes d’eau s’écrasant sur les feuilles autour de moi accentua ma solitude. Cette douleur dans ma poitrine ne me quitterait pas … presqu’inconsciemment, je venais de reprendre ma forme humaine. Alors, je repliais mes jambes contre mon torse et baissais la tête sur mes bras, croisés sur mes genoux. L’eau froide que je n’avais pas senti jusque là me faisait du bien. Elle coulait le long de mon corps et apaisait doucement ma fièvre. Cette haine avait fait beaucoup de dégât vu la violence avec laquelle elle m’avait envahie…

 

Que ressentait-elle vraiment pour moi ? Comment pouvait-elle vouloir mourir de cette façon ? Pour lui ? Je savais qu’elle ne m’aimait pas autant que lui mais l’espoir ne m’avait pourtant jamais quitté …jusqu’à aujourd’hui. Nom d’un chien ! J’étais bien atteint ! Ces satanées larmes envahissaient encore mon visage…ça faisait déjà combien de fois que je pleurais pour elle ? C’était trop ! Il fallait que je me ressaisisse ! Tu l’as perdue idiot, voilà … maintenant, il fallait que j’accomplisse mon devoir, celui pour lequel j’étais né…si ces sangsues revenaient un jour, elles devaient être anéanties par mon peuple et Bella allait faire partie de la fête ! C’était son choix et elle allait devoir l’assumer. De toute façon, dans quelques temps, elle serait morte, peut être même que je ne la reconnaitrais pas alors ça serait plus facile… il fallait que je parle à Sam …

Je me relevais d’un bond et me transformais en une fraction de seconde. La connexion se fit aussitôt car je pensais à lui.

- Rejoins-moi à la maison … quand tu voudras…nous pourrons parler.

 

3. Coupable

  • Bella ? …Bella chérie, regarde-moi… 

Je fixais le reflet de mon visage dans le hublot…mais était-ce vraiment mon visage ? Cette fille qui me regardait…oui, je la reconnaissais…

  • Bella … s’il te plait, regarde-moi… 

Cette fille triste c’était bien moi, Bella, mais pas celle qui était dans l’avion…c’était l’autre …

  • Bella, mon amour, regarde-moi, je t’en prie…

Je sentais le souffle glacé d’Edward à côté de moi et pourtant, je ne parvenais pas à détacher mon regard des yeux de celle qui semblait m’en vouloir…mon autre partie… celle de Jacob…

…encore une fois, je le voyais. L’image de Jacob, avant sa mutation, insouciant, éclatant de rire sur la plage…mon ami… puis celui qui m’avait soutenu, qui m’avait embrassé, celui qui m’aimait.  Soudain, je vis son visage ravagé par la douleur, imaginant mon père lui annoncer que j’étais partie…pour un petit bout de temps. Cette image me frappa aussitôt comme un poignard... Pourra-t-il un jour me pardonner pour tout le mal que je lui avais fait ?

  • Bella ! Regarde-moi !

Cette fois, le ton d’Edward me fit brusquement tourner la tête vers lui et ce que je lus dans ses yeux me faisait de la peine…voilà que je le faisais souffrir également …

  • Bella, si tu savais comme j’aimerai savoir ce que tu penses … là, maintenant …

Bon sang ! Je n’en avais pas le droit. Il fallait que je me ressaisisse ! Que je rassure Edward mais les mots ne voulaient pas sortir de ma bouche… j’avais l’impression qu’ils étaient bloqués dans ma gorge, ou plus profond peut être … Comme je ne répondais pas, Edward baissa la tête et je vis une douleur furtive traverser son visage. Ça me fit l’effet d’une décharge électrique.

  • Edward…je …tout va bien…

J’avais réussi à parler ! Ma voix était rauque mais j’avais réussi.

  • Bella…depuis notre départ, tu n’as pas prononcé un mot.

Non, car ça m’était impossible…mon esprit était si confus, ma tête bourdonnait si fort …

Et puis, ma propre voix m’empêchait d’avoir une conversation normale…elle n’arrêtait pas de crier : tu l’as abandonné !

 

L’avion entama sa descente. On nous invita à remettre notre ceinture mais la voix de l’hôtesse m’était parvenue à travers un brouillard. Je sentis alors ses mains froides passer la sangle sur mon ventre et le clic me fit sursauter. Je lui souris. Il fallait que je m’y tienne. J’avais pris ma décision ! J’avais choisi Edward.

Mais pourquoi je ne me sentais plus aussi bien qu’avant ? Pourquoi sa présence ne me suffisait-elle plus ? Pourquoi avais-je l’impression d’être passée à côté de quelque chose ? Est-ce qu’un jour, je me sentirai pleinement heureuse ? Maintenant qu’Edward et moi étions réunis, j’aurai dû nager dans le bonheur et pourtant …

Les roues de l’appareil touchèrent le sol, provoquant une forte secousse. J’avais toujours détesté les atterrissages. L’avion s’immobilisa enfin, dans un bruit de turbine qui ralentissait doucement. Le commandant de bord nous souhaita un bon séjour à Londres, nous annonçant qu’il faisait quinze degrés et que le ciel était couvert. Parfait pour Edward !

Ainsi, nous étions arrivés. Mon tête à tête avec le hublot prenait fin. J’allais devoir me composer un sourire, une voix joyeuse…redevenir la Bella d’Edward.

Pourtant, lorsque je lui jetais un regard pendant qu’il se levait pour prendre mon sac, son visage était complètement fermé et tendu. Avait-il enfin réussi à lire mes pensées ? Avait-il comprit que je l’aimais aussi, à quel point il me manquait déjà ?

Je me levais à mon tour et un frisson parcourut mon dos. J’étais extrêmement tendue. Peut-être avions-nous fait tout ce chemin pour rien ? Nous allions peut-être en discuter là, à l’aéroport et je reprendrais le prochain avion ?

Non ! Non ! Non ! J’aimais Edward…plus que tout ! Nous allions profiter de ce séjour ensemble ! Ce malaise allait passer une fois que je serais dans ses bras, je n’en doutais pas un instant.

Nous descendîmes de l’avion, toujours silencieux…une fois en bas de l’escalier, Edward me prit la main et je frissonnais à nouveau. Il fut surpris de ma réaction et me lâcha aussitôt, le visage grave. Mais qu’est-ce qui m‘arrivait ? J’étais tellement en pensée avec Jacob que mon corps, réclamant muettement sa main si chaude, avait été désagréablement surpris de se faire refroidir…ma gorge se serra. Jamais je n’aurai pensé ressentir ce malaise avec Edward. Ça allait passer … il marchait devant moi et les larmes me montèrent aux yeux. Il était si beau et si bon, je n’avais pas le droit de le faire autant souffrir. Je respirais un grand coup et l’air frais et humide me fit du bien. A l’instant où Edward entra dans le hall, je lui chopais la main et la serrait bien fort. Il tourna légèrement la tête et me sourit faiblement…mais il avait souri. Tout allait bien se passer.

 

Nous traversâmes l’aéroport après avoir récupéré nos bagages. Tout à coup, Edward pivota sur moi, stoppant net ma marche. Son regard était plus déterminé que jamais et cela me fit peur.

  • Regarde-les Bella, m’ordonna-t-il, les mâchoires serrées.

Je ne saisissais pas le sens de ses paroles, j’étais hypnotisée par la dureté de ses yeux. Il me serra le bras gauche et me força à pivoter vers ma droite, où se tenait une famille.

  • Regarde-les !

Hébétée, je m’efforçais de comprendre ce qu’Edward voulait que je regarde. Je vis alors  une femme d’une trentaine d’année, brune, d’une beauté remarquable, tenant sur ses genoux un enfant qui riait des secousses qu’elle provoquait en faisant trembler ses jambes. A ses côtés, un petit garçon et son père, lisant un livre. Le tableau classique de la famille modèle ! Comprenant où Edward voulait en venir, la colère me monta.

  • Lâche mon bras immédiatement !     

Mon ton brusque le surprit car il me lâcha aussitôt.

  • Bella, continua-t-il, en se radoucissant, cette femme, elle est belle ! Et pourtant elle n’est pas aussi jeune que toi mais …elle a une richesse inestimable ! Bien plus que la beauté, bien plus que la jeunesse, bien plus que l’immortalité ! Elle a des enfants !

Voilà qu’il parlait comme Rosalie !

  • Arrête-ça tout de suite Edward, sifflais-je, agacée par le sujet.
  • Non ! Tu es jeune Bella et tu es hélas trop jeune pour ressentir cet instinct maternel qui habite toutes les femmes de la terre …et si un jour tu te transformes en …en vampire (il avait soufflé ces mots comme si ça lui coutait plus qu’avant de les prononcer), jamais tu ne connaitras ce bonheur ! Tu ne laisseras rien derrière toi Bella ! Rien de toi ne continuera à vivre ici bas !

Bon sang ! Pourquoi fallait-il qu’il me reparle de ça !

  • Edward, nous en avons déjà discuté ! Et tu devrais déjà être content que je reporte ma mort et le reste ! Je ne veux pas d’enfant ! Je veux être avec toi !

Mes derniers mots résonnaient dans ma tête…

  • Arrête, tu ne sais pas ce que tu dis ! J’aimerai…tellement que tu mesures la taille du sacrifice que tu t’apprêtes à faire…

Il fallait qu’il arrête ! Maintenant ! Lorsqu’avant de prendre notre décision de partir, je lui avais annoncé que je voulais finalement attendre un peu, par peur de faire du mal à ceux que j’aime une fois transformée, j’avais surtout pris bien soin de cacher ma véritable motivation à ce changement de décision !

Ce baiser avec Jake, ses conséquences sur mon âme…j’avais soudain pris conscience que j’allais la perdre. Edward espérait que je renonce à ma mort pour avoir des enfants mais il ne se doutait pas que ce renoncement avait déjà fait son chemin pour une toute autre raison…une raison qui m’affolait.

Je le toisais le plus durement possible afin qu’il comprenne qu’il devait stopper cette discussion. Il soupira puis répéta:

  • Je donnerais tout pour savoir ce que tu penses Bella…, murmura-t-il.
  • Pourquoi répètes-tu ça depuis tout à l’heure ? m’emportais-je. Je crois que je suis suffisamment clair ! Je ne veux plus parler de ça avec toi ! Ma décision est prise.

Pourtant, mon esprit cafouillait mais je me refusais d’aborder ça avec Edward. Hors de question de le faire souffrir ! Il fallait que je laisse le temps panser ma nouvelle plaie, ce trou dans mon âme qui grandissait à chaque seconde…et qui était si brulant. Et si Jake avait été là lorsque je souffrais de l’absence d’Edward, cette fois, je devrai affronter la douleur…seule.

Je lui passais devant, lui lançant un regard noir. Je ne l’entendais pas mais je savais qu’il me suivait. Je filais vers la sortie, tirant furieusement ma valise derrière moi. J’étais soudain déterminée ! J’allais oublier Jacob ! Je hélais un taxi qui s’arrêta net devant moi. Edward me devança et ouvrit la portière. Je tournais la tête vers lui et à ma grande surprise, il me souriait. La petite crise était passée…je lui rendis son sourire et me composait intérieurement. J’étais redevenue la Bella d’Edward.

 

4. Et dire que je n’ai rien vu venir…il ne manquait plus que ça !

Ce n’est qu’une fois arrivé sur le perron de la maison de Sam que je me décidais à reprendre forme humaine. Mon esprit était trop embrouillé pour me préoccupé de mon état. J’étais trempé et j’étais nu…Sam aurait sûrement un truc à me filer …ou pas ? Peu m’importe ! Tel un automate, je frappais un coup à la porte en bois, mes yeux fixant la poignée sans la voir. La porte s’ouvrit et je revins brusquement à la réalité. Je vis les lèvres d’Emily étouffer un « oh mon dieu » puis porter la main à sa bouche, les larmes aux yeux. Je devais vraiment faire peur à voir car elle se jeta à mon cou, ignorant ma nudité:

  • Jacob…mon petit …

Emily n’était pas beaucoup plus vieille que moi, enfin pas assez pour être ma mère, mais curieusement, depuis ma mutation, je la voyais un peu comme ça et là, elle remplissait instinctivement son rôle. Elle posa ses deux mains sur mes joues, me forçant à la regarder …elle voulait juger les dégâts…ça ne devait pas être terrible parce que je vis l’inquiétude tracer une barre sur son visage, déjà ravagé par les cicatrices. Elle déposa un baiser sur mon front et m’attira à nouveau contre elle, en m’enlaçant par la nuque. Je me laissais aller…je l’emprisonnais par la taille et enfouit mon visage dans ses cheveux, respirant à pleine bouffée son odeur de mère protectrice. La souffrance m’envahie à nouveau, effaçant temporairement ma colère. Pris de vertige, je dus la lâcher d’une main pour m’agripper au meuble que je trouvais à ma portée. Je n’allais pas encore chialer ! Pas devant Emily…pourtant, l’abandon que je ressentais dans ses bras était propice à laisser sortir le poison de mon âme.

  • Jake…viens t’asseoir, interrompit Sam.

Je relevais la tête des cheveux d’Emily pour voir que Sam m’attendait à leur table près de la cheminée. Je lâchais ma « mère d’une minute » et me dirigeais vers celui que je considérais comme mon mentor.

Je m’assis face à lui, nous n’étions éclairés que par les flammes et soudain, je sentis la chaleur d’une couverture se poser sur mes épaules. Je n’avais pas froid. Je fis donc glisser la couverture sur mes jambes pour me couvrir jusqu’à l’abdomen. Sam me fixait, attendant sûrement le bon moment pour commencer à parler. Emily revint avec un plateau contenant de la charcuterie et je pris soudain conscience que je mourrai de faim !

Sam me laissa avaler goulûment la moitié du plateau. Une fois qu’il jugea que j’étais rassasié, il attaqua :

  • Jake…tout comme nos frères, j’ai ressenti ta colère et ta haine…et nous pouvons comprendre…
  • Non ! Vous ne pouvez pas !
  • Laisse-moi finir ! S’il te plait…, m’arrêta-t-il calmement. Jake…tu es si jeune et ce n’est pas dans ta nature d’être aussi révolté…je sais ce que tu as en tête et je te préviens tout de suite : c’est non …
  • Tu ne m’en empêcheras pas ! Je le détruirai ! Et elle aussi si elle s’interpose entre nous !

Je savais que je ne pensais pas une seconde ce que je venais de lui balancer mais j’avais besoin de cracher ma colère. Je savais aussi que Sam pouvait, bien sûr, m’en empêcher mais je voulais lui faire comprendre qu’il devait oublier son ordre d’Alpha pour me laisser atteindre mon but 

  • Je sais …, murmura-t-il.

Quoi ?! Que disait-il ? Et pourquoi affichait-il cet air résigné ? Il continua :

  • Jake … chez toi cet après-midi, avec les gamins de Willy…
  • Oui ?

Je ne voyais pas le rapport avec notre discussion…

  • C’est toi qui les as arrêtés.

Oui, ça je le savais ! Mon coup de tête avait été efficace.

Mais, je ne devais pas saisir ce qu’il essayait de me dire car il avança le buste sur la table, vers moi, afin que je me concentre sur ses paroles.

  • Jake … TU leur as donné l’ordre de ne pas bouger et ils l’ont fait.
  • Non, tu étais là …

Mais je me souvenais de ne pas avoir entendu l’ordre de Sam.  

  • Oui Jake, j’étais là, mais je n’ai rien ordonné à ces jeunes…
  • Mais …
  • En clair, m’interrompait-il, tu es né pour être un Alpha…tu as refusé ton héritage mais tu l’as en toi Jake…donc si tu décides un jour de ne pas m’écouter, tu ne le feras pas…je ne pourrais rien contre ça.

Je comprenais maintenant pourquoi il avait voulu qu’on parle seuls, en « humain », plutôt qu’avec la meute…il ne voulait pas qu’ils assistent à cette conversation « entre chef » …pourtant, ils allaient en être informé dès notre mutation…comment allaient-ils réagir ? Non, je ne voulais pas devenir un Alpha. Je ne sais pas pourquoi mais cette idée ne me séduisait pas. Comme si je voulais « vivre ma jeunesse » avant d’avoir des responsabilités. Et puis, Sam remplissait parfaitement ce rôle ! Je me voyais mal lui donner des ordres alors que j’étais plus jeune que lui ! Lui, il s’était « fait » tout seul, il méritait cette place ! Nous, nous n’avions fait que recevoir son savoir.

Emily vint se placer derrière Sam et l’enlaça de ses bras protecteur tout en me souriant. Il ne fallait pas qu’elle s’inquiète ! Je ne prendrais pas sa place !

  • Sam, je suis venu pour te parler…je…j’ai besoin d’aide Sam. Je suis trop anéanti pour réfléchir correctement…je t’écouterai, quoi que tu décides.

Sam semblait perdu dans ses réflexions. Après un long moment de silence, il déclara :

  • Je suis en train de mesurer l’ampleur de ta colère Jake…et surtout, j’essaie de comprendre depuis des mois pourquoi les choses en sont arrivées là…
  • Comment ça ?

Sa réflexion m’intriguait. Je croyais que nous étions tous connectés et néanmoins, Sam semblait avoir un problème dont je n’avais jamais entendu parler ! Pourtant, ça me concernait.

  • Bella …son choix…il reste mystérieux. Je n’arrive pas à comprendre…
  • Il n’y a rien à comprendre Sam !, m’écriais-je. Elle l’aime plus que moi, point barre !
  • Non, ce n’est pas ça que je ne comprends pas …enfin si, mais ce qui me perturbe le plus, c’est ton imprégnation…pour Bella.

Mais de quoi parlait-il ? Ou voulait-il en venir ?

  • Je ne suis pas imprégné Sam ! Je le saurai si c’était le cas ! Et Bella…Bella serait comme Emily ou comme Kim ! Or, elle m’a jeté Sam !
  • Non Jake…je crois justement que tu ES imprégné de Bella mais pour une raison qui m’échappe, Bella ne l’est pas…elle résiste.

Quoi ??? Sam débloquait ! Ceci dit, ça expliquerait beaucoup de choses …

  • Jake, nous recevons tes moindres pensées, toutes tes espérances, tout l’amour que tu as pour elle ainsi que …la violence de ton désir. Elle occupe tout ton corps, ton âme et ton cœur. Les images que je reçois sont les même que celles de Jared, de Paul ou de Quil mais en plus violentes et, depuis quelques temps, engluées dans la colère et la haine. Et ça, c’est une première ! Comprends-moi, l’imprégnation est quelque chose de magique, de beau, de puissant, d’irrésistible…enfin, normalement. (Il marqua une pause, il semblait vraiment soucieux) Je crois que dans ton cas, c’est différent parce que Bella fréquente des créatures qui ont aussi un pouvoir, ils ont le don de la séduire et ça forme une sorte de bouclier à ton aura …

Ainsi, si Sam avait raison, et je commençais à le croire vu la force de l’amour que je ressentais pour Bella, je serai le seul loup-garou a être imprégné d’une femme qui ne voulait pas de moi ! Autrement dit, j’étais un maillon faible…comme si j’avais une tare…

  • Jake, comprends-moi, je suis inquiet …
  • Pourquoi ?
  • Parce que si c’est bien ça, si Bella rejette ton imprégnation…alors tu vas souffrir, et ce pour le restant de ta vie. Et plus tu vas vieillir, plus la douleur va être insoutenable … car personne ne la remplacera. Jamais.

Je n’avais pas vu les choses sous cet angle …et je compris soudain où Sam voulait en venir. Je finirai par me tuer, tôt ou tard…génial…je me voyais déjà courir et sauter d’une falaise pour me rompre l’échine.

  • Tu sais ce qu’il y a de pire là-dedans ? Ricana Sam.

Je l’interrogeais du regard.

  • Le pire, c’est que toute la meute va souffrir…tu vas tous nous pourrir la vie Jake.

Son rire qui suivit me fit décrocher un sourire. Ouais …j’étais vraiment le maillon faible de la bande, celui dont personne ne voulait, j’allais soûler ma meute jusqu’à ma mort. Fallait peut-être que j’en finisse au plus vite…

Emily me couvait des yeux tout en serrant plus fort les épaules de Sam. Comme je croisais son regard, elle murmura :

  • Bats-toi Jacob…ne la laisse pas filer. Il n’est pas encore trop tard.
  • Emily …
  • Si Sam a raison, elle finira par laisser son cœur être envahit par ton amour.

Je souris mais répondit, plus sèchement que je ne le voulais :

  • Des belles paroles ! Crois-moi, j’ai déjà essayé pas mal de trucs et elle n’a jamais cédé !

C’était faux…elle m’avait rendu mon baiser avant la bataille mais pour ce que ça avait servi ! Soit je m’accrochais à ce souvenir et j’allais me jeter du haut d’une falaise, soit je l’occultais de ma mémoire. Et comme je n’étais pas du genre dépressif, je ferai tout pour l’oublier…en commençant par convaincre Sam de faire déguerpir les dernières sangsues qui polluaient Forks. Ainsi, Bella ne reviendrait jamais ici, vampire ou pas !

Sam soupira puis se racla la gorge, soudain mal à l’aise.

  • Jake, il y a aussi autre chose …
  • Quoi donc ?
  • Les jeunes loups de cet après-midi, les petits-fils de Willy…ils sont assez, comment dire…indisciplinés.

Je ris, imaginant Sam se laissant déborder par une bande d’adolescents rebelles.

  • Allez Sam, tu en as vu d’autres, rien qu’avec Paul ou moi…
  • Non, là c’est différent. Les jumeaux, Paco et Lien, ça ira…enfin je pense …mais celui qui t’a attaqué, le plus vieux, Fenq…lui, il va poser problème.

Je revis le regard révolté et menaçant du jeune loup…

  • Mouais…quel genre de problème ? demandais-je, pas vraiment convaincu que ces jeunes là pouvaient être dangereux.
  • Et bien, c’est comme un chien qui aurait été habitué au mordant…il est habité par une envie de détruire, une très forte envie…
  • Et bien tant mieux ! Il m’aidera donc à chasser les sangsues ! Je le prends avec moi ! lançais-je, soudain très motivé.
  • Jake, je t’ai dit non…j’irai parler à leur chef. Je leur dirai que cette histoire de voyage avec Bella qui risque de revenir en vampire va rompre le traité. Qu’ils doivent la contacter pour qu’elle revienne avant qu’il ne soit trop tard…
  • Hors de question ! m’écriais-je en me levant.

Malgré ma soudaine fureur, j’avais quand même été assez rapide pour retenir la couverture.

  • Jake …
  • Non ! Laisse-là où elle est ! Je refuse qu’elle revienne ici pour encore les sauver ! Ils quitteront Forks, tous ! Ou je les déchiquetterai un par un !
  • Tu ne penses pas ce que tu dis…

Je frappais un coup de poing sur la table, qui trembla dangereusement.

  • Je le pense Sam ! Je veux qu’ils quittent Forks ! Regarde ce qui se passe depuis qu’ils sont revenus ! Des jeunes de quatorze ans mutent déjà ! Et ils vont devoir subir ça toute leur vie ! Leur vie est bousillée !
  • Tout le monde ne le voit pas comme ça Jake …

Mon sang ne fit qu’un tour…

  • Bon sang Sam ! Tu comptes vraiment prendre leur parti ??? Depuis quand notre rôle a changé de cap ? Nous sommes les PROTECTEURS Sam ! Ceux des humains pas des parasites ! Nous devons protéger les gens de cette ville des dents de ces monstres !
  • Jake, tu sais parfaitement qu’ils ne sont pas dangereux …
  • Foutaise !

Mes membres tremblaient si fort que je décidais de me rasseoir, regrettant de m’emporter autant sur Sam. Je voulais le convaincre, pas lui donner des ordres. Il fallait que je me calme.

Sam attendit quelques minutes puis déclara :

  • Qu’est-ce que tu veux Jake …vraiment ?

Voilà qui allait être plus facile. Je réfléchis un instant. Ma gorge se serra en pensant à ce que je m’apprêtais à lui dire, comme si j’allais graver ces mots dans la pierre et qu’ils ne s’effaceraient jamais. Je pris une profonde inspiration et déclara :

  • Je ne veux plus voir Bella…ni Edward. Peu importe si je suis imprégné ou pas…je veux aller voir le docteur et lui dire qu’il informe son espèce de fils de ne plus revenir ici… ou le traité sera rompu.
  • Jake…tu penses à Charlie ?

Je m’esclaffais…Charlie, Bella n’en avait rien à faire de Charlie sinon elle ne projetterait pas de se tuer de cette manière !

  • Bella n’aura que se débrouiller avec lui ! Elle trouvera bien, je ne me fais aucun souci là-dessus !, répondis-je amèrement. Si elle veut revenir à Forks, il faudra qu’elle revienne seule !
  • Je vais y réfléchir, m’assura Sam. En attendant, j’aimerai que tu surveilles un peu les jeunes et tu me diras ce que tu en penses.
  • Bien …

Curieusement, j’étais calmé. Sam allait réfléchir. J’avais renoncé à les tuer, il pouvait bien m’accorder ma requête ! Même si ça me coûtait, je savais que je venais de prendre la bonne décision. L’oublier ! Si j’étais imprégné, la tâche s’annonçait ardue mais j’avais beaucoup de volonté, je finirai par y arriver. Et tant pis pour mon cœur !

 

5. Révolte physique

Le groom nous ouvrit la porte sur une chambre très lumineuse. J’entrais la première pendant qu’Edward le remerciait pour son aide et lui filait un billet. Cette chambre était magnifique ! Le lit blanc tranchait sur la tapisserie pourpre et je ressentis une soudaine appréhension en le regardant. Mais elle se dissipa très vite lorsque les bras d’Edward vinrent m’enlacer par derrière et qu’il déposa un baiser sur ma nuque. Je soupirais de plaisir. Nous allions être seuls ! Pendant deux mois ! Seuls dans cette chambre « jusqu’à ce que je me lasse » avait dit Edward. Après, on changerait d’hôtel ou de ville ou on retournerait à Forks…de toutes façons, sur ce dernier point, c’était sûr. Pour Charlie, Edward me payait des vacances bien méritées au soleil…avant la reprise de l’école…la fac que j’avais finalement choisie à Seattle, pour rester encore un peu près de mon père. Je lui dirai que le soleil n’avait pas été de la partie finalement ou que je m’étais protégée, tellement il faisait chaud…car vu la couleur du ciel de l’Angleterre, je n’allais sûrement pas bronzée !

Je me détachais d’Edward et vint me planter devant l’immense baie vitrée pour admirer la vue. Elle était à couper le souffle ! Cet hôtel était perché tout en haut d’une colline et nous pouvions voir à des kilomètres ! Londres, au loin…et tout près, la forêt, élément indispensable pour Edward, tout autour de nous. J’entendis Edward décrocher le téléphone et nous commander du champagne. Je me retournais en souriant :

  • Tu es fou !
  • Sûrement pas, il faut que nous fêtions ça !
  • Mais Edward ! Tu n’en boiras pas !

Il s’approcha de moi en affichant son sourire irrésistible et je lui tendis les bras. Nous nous enlaçâmes et je levais la tête pour atteindre ses lèvres.

  • Tu m’as dit avant de partir que tu voulais que nous vivions comme un couple normal…et bien, les couples normaux boivent du champagne lorsqu’ils arrivent dans un hôtel aussi confortable pour profiter l’un de l’autre, me murmura-t-il tout en faisant glisser ses lèvres glacées sur mon cou.

Je penchais ma tête en arrière, fermant les yeux, soudain prise de vertige. Oui…j’avais décidé de reporter le mariage et par conséquent, ma transformation. Après ce qu’il s’était passé, Edward avait convenu comme moi que c’était mieux pour l’instant. Je ne doutais pas que ma décision l’avait soulagé, même s’il était un peu attristé de reporter le mariage. Mais j’avais aussi réussi à le convaincre que nous pouvions vivre comme un couple « normal » … étant donné mon état lamentable lors de notre discussion (qui avait mené à la décision de partir), il n’avait pas osé continuer à me refuser ça. Il craignait pour ma vie, mais il craignait aussi pour mon état mental et ce jour-là, il y avait urgence. Je savais qu’il allait réussir à se maîtriser. Ses baisers étaient si doux qu’il ne pouvait en être autrement. Pourtant, lorsque je m’imaginais le moment, mon esprit était envahi par la panique.

  • Qu’est-ce que tu as ?

Alertée par le ton de sa voix, j’ouvris les yeux et découvrit le visage hébété d’Edward. Sans m’en rendre compte, je venais de le repousser ! Et vu la distance, assez violemment ! Je ris doucement et annonçais, d’une voix très assurée par rapport au tumulte de mon cœur :

  • Je suis répugnante ! Je vais prendre une douche. Je serai de retour pour le champagne, ajoutais-je dans un sourire coquin. 

Il me sourit, rassuré en apparence par mon attitude, car ses yeux semblaient tourmentés.

Je fermais la porte et m’adossait contre elle pendant quelques secondes, encore secouée par ce que je venais de faire. Il fallait que ça cesse ! Mon corps semblait prendre le dessus sur mon esprit. Déjà à l’aéroport, ma main m’avait trahie ! Il fallait que ça cesse ! Je respirai un bon coup et me dirigea vers la douche.

 

Lorsque je ressortis de la salle de bain, Edward vint m’accueillir avec un verre, remplit du liquide doré bien frais que le service d’étage avait apporté pendant que je prenais ma douche. Je lui souris et bu une gorgée…seule. Ça ne dérangeait pas Edward, il trinqua avec moi par mes lèvres.

  • A ta santé mon amour, murmura-t-il.

Ses mots avaient une consonance particulière. Je savais ce que ça voulait dire pour lui. J’avais décidé de vivre plus longtemps que prévu…

  • Quel est le programme aujourd’hui ? demandais-je d’une voix légère.
  • C’est toi qui décide … nous sommes là pour que tu te détendes.

Une pluie battante lavait les vitres de la chambre…

  • Il y a une piscine couverte dans cet hôtel ?
  • Bien sûr !

Il reprit mon verre et emprisonna mes mains dans les siennes. Son regard avait une lueur inhabituelle. Il me sourit et chuchota :

  • Tu ne préfères pas te blottir dans ce merveilleux lit ?

Avait-il décidé d’essayer ? Ici ? Mon pouls s’accéléra …je n’étais pas prête ! Pourtant, c’est ce que je voulais, ce que je lui avais demandé ! C’était même la condition pour reporter ma transformation !

  • Ici ? Dans cet hôtel ? Balbutiais-je.

Il rit doucement.

  • Je voulais dire…qu’on pouvait rester l’un contre l’autre, à écouter la pluie.
  • Oh…

Il se pencha vers moi et m’embrassa doucement puis, plus intensément. Je le serrais contre moi, savourant la fraîcheur de sa peau. Il se retira et déclara :

  • Bon…Allons à la piscine !

Au début, les jours passaient très lentement mais petit à petit, je commençais à apprécier le rythme des vacances. Les premières nuits, Edward partait chasser une fois sur deux, satisfait du gibier qui peuplait la forêt nous encerclant. Le temps était épouvantable. Ah nous avions bien choisi notre destination de vacances !

Edward semblait profiter de moi au maximum. Il ne me lâchait pas d’un mètre, sauf pour chasser. Une fois, je lui fis même la remarque mais il se contenta de me sourire. Parfois, je voyais une ombre de tristesse traverser furtivement son visage et je me demandais quelle en était la cause car nous semblions très heureux…en apparence pour moi car, pas une journée ne passait sans que je ne pense à Jacob et mes nuits étaient peuplées de cauchemars récurrents.

Je ne faisais pas toujours le même mais j’étais toujours terrorisée en me réveillant, le cœur battant à se rompre, haletante. Il me fallait souvent plusieurs minutes pour reprendre ma respiration.

Celui qui revenait le plus souvent était toujours lié à la forêt, comme à l’époque où je revivais le moment où Edward m’avait abandonné. Mais cette fois, je courrais, terrifiée par quelque chose qui me suivait, parfois je criais « nooonn ! », parfois je n’entendais que ma respiration saccadée…cette chose me voulait du mal, probablement me tuer et j’entendais le bruit de sa course derrière moi. Ce qui m’angoissait le plus c’est que je sentais, je savais, que c’était un animal. Et à force de revivre ce rêve, j’avais fini par comprendre que c’était un loup et que je ne pouvais pas lui échapper.

L’autre cauchemar qui m’angoissait aussi, et peut-être même le plus, était celui où des yeux verts me fixaient méchamment tout en grognant sur moi. La première fois, j’avais cru que je rêvais à nouveau de Victoria mais j’avais vite compris que c’était aussi les yeux d’un loup, sûrement le même qui me pourchassait dans mon autre rêve. J’avais d’abord pensé que c’était Jake, que ce rêve traduisait toute la colère qu’il devait ressentir pour moi, qu’il m’en voulait de mon abandon, je me disais même que je méritais de faire autant de cauchemars, je culpabilisais…mais ce loup n’était pas roux…il était noir corbeau.

Le troisième cauchemar n’était pas lié à Jake mais à mon père. Je le voyais, dans son jardin, devant la télévision ou dans sa voiture, je lui criais « je reviens Charlie, ne t’en fais pas ! Je reviens près de toi ! » Mais il ne m’entendait pas. Alors je me passais la main sur la gorge pour sentir mes cordes vocales vibrer, essayant de comprendre pour quoi mon père ne m’entendait pas et mes doigts étaient surpris par un liquide chaud, coulant doucement sur ma poitrine. Je regardais alors mes mains, couvertes de sang et hurlait de terreur.

Au début, j’étais seule lorsque ça m’arrivait, Edward étant à la chasse. Je finis même par croire que c’était dû à son absence. Mais ensuite, plusieurs fois, ça arrivait quand il était à côté de moi et il venait me calmer. Mes cauchemars devaient être à l’origine de son inquiétude mais il ne me posait aucune question. Il se contentait de m’apaiser, de m’embrasser et de me murmurer des « je t’aime » et « je suis près de toi ».

Je le soupçonnais de ne plus aller chasser aussi souvent qu’avant, de me faire croire qu’il partait mais qu’il restait dans la chambre, à attendre que le cauchemar me réveille.

 

6. Expériences et confrontations

A chaque fois que je faisais le rêve où mon père ne me répondait pas, je me levais le matin et l’appelais. Le son de sa voix chassait mes angoisses de la nuit. Je me gardais bien de lui poser des questions sur Jake et d’instinct, il ne m’en parlait pas…pourtant, il avait dû le revoir et lui annoncer mes vacances précipitées.

Mais, mis à part mes nuits agitées, nos journées s’écoulaient en douceur et dans le bonheur des bras d’Edward.

Nous étions servis comme des rois. Je savais, même sans preuve, qu’Edward faisait le maximum pour mon bien-être. Les repas étaient exquis, le service impeccable, parfois la piscine était seulement pour nous deux, personne n’avait soit disant eu envie de se baigner ce jour-là, mais je n’étais pas dupe, je me doutais qu’Edward avait dû faire le nécessaire pour ce moment de tranquillité…j’eu même droit une fois à un massage dans notre chambre, soit disant offert par la direction …il savait que je refuserai donc il s’arrangeait pour que ça est l’air de venir de quelqu’un d’autre que lui. Je jouais le jeu…

Je fis la connaissance d’une jeune femme, Sarah. Lorsque je l’avais aperçue parmi les pensionnaires de l’hôtel, je l’avais un peu évité car Sarah était enceinte…mais c’était sans compter sur la détermination d’Edward ! Il s’amusait à être littéralement au petit soin pour elle, sachant qu’il provoquait un sentiment d’énervement chez moi. Il l’aidait à s’asseoir, allait lui chercher ce qu’elle souhaitait avant même qu’elle en fasse la demande, ce qui intriguait et amusait la jeune femme. Si bien, qu’au bout de trois jours, elle venait partager notre repas. Je finis donc par également me prendre d’amitié pour cette jeune maman. Elle était venue seule pour profiter pleinement de sa grossesse, loin du tumulte de Londres et de la pollution. Lorsqu’Edward m’avait vu discuter la première fois avec elle, j’avais tout de suite capté son sourire satisfait. Pour lui, me rapprocher d’une femme enceinte était parfait pour développer chez moi mon instinct maternel. Il ne renoncerait pas ! Je préférais ne pas prêter attention à ça et le laisser espérer.

Sarah était de bonne compagnie. Elle avait un rire frais et semblait toujours heureuse. Elle venait souvent avec nous à la piscine ou boire le thé l’après-midi. Elle nous accompagnait même parfois lorsque nous partions en balade, profitant d’Edward qui nous servait de guide. La première fois qu’elle s’était retrouvée tout près de lui, j’avais senti une certaine crispation de sa part mais Edward savait être un séducteur et son appréhension naturelle avait vite fait place à de la sympathie pour mon compagnon.

Comme je l’avais demandé à Edward, nous vivions comme un couple normal, partageant même une vie sociale, sans complexe. Mais nous n’avions pas encore tenté l’expérience que je souhaitais tant, encore quelques semaines auparavant…je n’avais même plus abordé le sujet et Edward se gardait bien de me le rappeler, pas vraiment désireux de me blesser. Mon esprit s’était mis en tête que si je faisais le pas avec Edward, ça serait définitif. Je ne pensais pas en terme de mort…je pensais en terme d’appartenance et Jacob occupait encore trop mes pensées. Je n’étais pas prête…je n’étais plus prête.

Et l’expérience que j’allais vivre ce jour-là me le confirma. Comme tous les jours, nous étions à la piscine couverte de l’hôtel. Sarah nous avait rejoints mais elle s’était contentée de rester sur un des transats, nous laissant seuls en amoureux. Edward et moi nous détendions, enlacés dans l’eau légèrement chauffée, vu la météo. C’était très agréable, malgré le contact de sa peau glacée.

Mais, comme d’habitude, Edward était à l’écoute des moindres désirs de Sarah, me montrant à quel point la vie était importante mais je ne relevais pas. Ce jour-là, il m’abandonna quelques minutes dans la piscine pour aller chercher une boisson chaude à la future maman.

 

La pluie semblait avoir cessé de tomber, laissant un peu de répit à ce pays. Quelqu’un avait ouvert la grande porte vitrée qui menait sur la terrasse, sûrement bondée lorsqu’il faisait chaud, mais aujourd’hui, elle était déserte. Je sortis du bassin et me dirigeais vers cette ouverture, mes pieds claquant sur le carrelage mouillé. Lorsque je mis mes orteils sur le béton, il était humide mais chaud et ça me fit un bien fou. Je levais mon visage vers le ciel. Il était menaçant, une nouvelle averse se préparait mais l’air était chaud…je respirais un grand coup, fermant les yeux.

Soudain, une chaleur envahit mon visage. Le soleil venait de percer l’épaisse couche de nuages. Une légère brise se leva, une odeur familière vint caresser mes narines…le parfum des pins qui entouraient l’hôtel…mais un souvenir plus cuisant venait de fouetter mon esprit…

Il faisait sombre et froid mais j’avais chaud et c’était délicieux, comme lorsqu’on a traversé une tempête de neige et qu’on boit un bon chocolat chaud…je sentais sa peau sous mes doigts, si brûlante…je respirais, je sentais son parfum, cette odeur de pin, enivrante, comme lorsque je découvrais l’arbre de Noël dans le salon…je me laissais aller, j’étais si bien… étais-je revenue à Forks ? Je voulais voir ses yeux, je voulais voir s’il m’avait pardonné de l’avoir laissé, sans même lui dire au revoir…je vis d’abord ses lèvres, même dans l’obscurité je voyais son sourire, éclatant, joyeux…je m’attardais un instant, mes lèvres me brûlaient … je me serrai un peu plus contre son corps ardant… étais-je à nouveau dans cette tente, contre lui ? Tout paraissait si vrai…mais cette fois, nous étions seuls…j’enfouis mon visage dans son torse, respirant encore à plein poumon son parfum…ça avait été nouveau pour moi, je connaissais la chaleur de sa paume, de ses bras mais son parfum, je ne m’étais jamais laisser aller ainsi pour le savourer. Ma tête tournait…

  • Bella ?

J’ouvris brusquement les yeux, mon cœur cognait mes tempes violemment. Sarah se tenait devant moi, un peu gênée.

  • Euh …oui ?
  • Edward me charge de te dire qu’il remonte dans votre chambre.

Je me tournais vers l’intérieur, l’esprit encore un peu confus. Edward avait déjà disparu…les rayons du soleil avait envahi la véranda. Je souris à Sarah.

  • Merci de me prévenir…
  • Tu vas bien ? demanda-t-elle.
  • Oui pourquoi ?
  • Je ne sais pas, on aurait dit que tu …

Mon dieu, qu’est-ce que j’avais dit ou fait pendant mon hallucination ? !

  • Enfin…vous ne vous êtes pas disputés avec Edward ?
  • Non, non …je voulais juste prendre l’air.
  • Ah, tant mieux. J’ai cru pendant un instant que tu avais envie de te calmer…de t’apaiser.
  • C’est peut-être ça oui, répondis-je en riant, soulagée. Mais, je ne venais pas me calmer d’Edward. Rassure-toi !
  • C’est bien, car pour moi, vous êtes un couple parfait ! Et je serai triste si vous vous disputiez.
  • Oui …
  • Tu sais, continua-t-elle, le mien, il n’est pas très impliqué dans cette grossesse. Quand je vois Edward se plier en quatre devant mes moindres désirs, ça me fait du bien mais en même temps, le contraste avec mon mari est tellement violent que la tristesse fait souvent de l’ombre au bien-être que je ressens avec vous.

Elle baissa la tête, gênée à son tour devant une telle confession. Puis, sans me prévenir, elle prit mes mains et les plaça sur son ventre rond. Ce que je sentis me secoua. Il venait de me toucher ! Là, sous sa peau ! Il y avait une petite vie…Sarah n’était pas seulement une jeune femme, seule face à moi, non… ils étaient deux ! Il y avait deux personnes près de moi ! Et la plus petite qui venait de toquer la paume de ma main était bien vivante ! Sarah riait, inconsciente de ce qu’elle venait de déclencher en moi.

  • Tu la sens ? me demanda-t-elle de sa voix joyeuse.
  • La ?, murmurais-je.

Elle leva les yeux voir moi, remplis de bonheur.

  • Oui ! C’est une fille !
  • Oh …je …je ne savais pas…
  • Tu ne me l’as jamais demandé …

Ce n’était pas un reproche mais une constatation. Oui, c’était vrai…j’avais un peu occulté le côté « enceinte » de Sarah. Mais je venais de prendre conscience que malgré le fait que son mari n’était pas là, près d’elle et malgré le fait que nous étions deux et qu’elle essayait souvent de se tenir à l’écart pour préserver notre intimité, elle, elle n’était jamais seule ! Et elle était si heureuse… A cet instant, son visage rayonnait de bonheur, et il semblait si intense qu’il me bouleversa.

 

Je la laissais, je m’enfuyais plutôt, et décidais d’aller rejoindre Edward. La chambre était plongée dans l’obscurité, Edward avait tiré les rideaux, suite à l’intervention temporaire du soleil. Comme il était à nouveau caché par les nuages, je les ouvrais et restais là, à contempler la forêt. Edward, qui m’attendait sur le lit, se leva sans bruit et vint m’enlacer. Je soupirais et laissais ma tête tomber sur son torse froid. Son contact venait de calmer les derniers tumultes de mon corps, vivement brulé par les émotions.

  • ça ne t’arrivera jamais, tu en es consciente ? , murmura-t-il à mon oreille.

Je tournais mon visage vers lui, l’interrogeant du regard. Mais je savais qu’il avait raison, ça ne m’arriverait jamais …

Il continua :

  • Je sais que Sarah t’a permis de sentir sa petite fille et elle a remarqué que ça t’avait beaucoup touché.
  • Edward, quand cesseras-tu de me harceler avec ça ? répondis-je, sur un ton plus sec que je ne le souhaitais.

Il me lâcha et recula, le visage grave. Je l’avais froissé. Pourtant, c’était vrai, malgré ce que je venais de ressentir en touchant le ventre de Sarah, ça ne changeait rien. Edward semblait soudain agité, comme en colère. Il éclata :

  • Saches qu’Alice vient juste de m’appeler ! Elle est inquiète…

Il me faisait une scène ! J’y croyais pas !

  • Pourquoi ? demandais-je, hargneusement.
  • Ça fait quelques temps que je lui pose toujours deux questions et elle vient de me donner une réponse pour la première. Pour l’autre, elle en est incapable et ça me rend dingue !
  • C’est toi qui me rends dingue Edward !

Il ignora ma remarque, il fulminait. Il m’agrippa par les bras, son visage a quelques centimètres du mien.

  • Alice ne te voit plus devenir …vampire.
  • Normal !, m’écriais-je. On a pris la décision de reporter ma transformation ! Et je croyais que c’est aussi ce que tu voulais !
  • Non, tu ne comprends pas, elle ne te voit plus très net. Elle voit ton avenir mais … nébuleux, ça ne lui ai jamais arrivé !

Alice avait-elle capté le moment troublant que je venais de vivre en pensant à Jake ? Mais qu’est-ce que mes fantasmes engendraient pour mon avenir ? Edward se planta devant la vitre, soudain silencieux. Je me rapprochais de lui et passait ma main sur sa joue. Il tourna brièvement les yeux vers moi puis les rabaissa.

  • Qu’est-ce que tu as mon amour ? murmurais-je.
  • Es-tu sûre de ce que tu veux Bella ? chuchota-t-il.
  • Q..quoi ?

Voilà que mon cœur s’accélérait à nouveau. Edward tourna brusquement la tête vers moi. L’avait-il senti ? Il me fixa pendant quelques secondes, le regard indéchiffrable puis répéta à voix plus haute:

  • Es-tu VRAIMENT sûre de ce que tu veux Bella ?

Je déglutis mais prononçais clairement:

  • Oui je suis sûre !
  • Tu as peur, je le sais…

Sa voix était sourde, tendue par l’émotion.

  • Qu’est-ce que tu racontes ?

Une vague brûlante envahie soudain mes entrailles…oui, j’étais morte de trouille ! Je ne savais plus où j’en étais ! Si je faisais le bon choix !

  • Dis-moi la vérité Bella !
  • Edward …
  • Je ne supporterai pas que tu restes avec moi parce que nous nous le sommes jurés…avant. Tu peux encore choisir une autre option Bella…

Ainsi il remettait ça sur le tapis ! Et cette fois, il voulait aborder le sujet…il voulait parler de Lui !

  • Edward, je veux être avec toi.  
  • Mais tu l’aimes ! s’écria-t-il.

Je fus surprise par sa réaction et ces paroles me firent l’effet d’une gifle. Je devais avoir l’air très affolée car il se rapprocha de moi, soudain, radoucit.

  • Bella…tu ne peux quand même pas me mentir, tu sais que j’accepte ce que tu éprouves pour Jacob. Il te manque, je le vois, je le sens et …je l’entends… Toutes les nuits …, souffla-t-il.

Quoi ? De quoi parlait-il ?

  • Bella, toutes les nuits, depuis que nous sommes ici, tu cries son nom avant de te réveiller, complètement désorientée.

J’avais du mal à respirer… Il fallait que ça s’arrête ! Que j’étouffe au plus profond de mon cœur ce nouveau sentiment que me consumait. Je remarquais que je n’avais pas encore prononcé une parole pour me défendre. Mais il fallait que je sois honnête avec lui…

  • Oui, je l’aime Edward, mais je t’aime plus que lui et c’est toi que j’ai choisi. 

Je ne savais plus quoi lui répondre. C’est vrai qu’avant …ma « révélation »…j’avais toujours soutenu qu’il n’y avait pas de choix possible, que Jake était un ami, une partie de moi mais les choses avaient changé…depuis. 

Les larmes me montèrent aux yeux. On était censé être là pour être loin de tout et surtout de Jake dans mon cas, et nous étions là, dans cette chambre, à nous déchirer pour celui que j’essayais de fuir et qui, décidemment, ne me lâchait pas. 

Il fallait que je sauve mon couple ! Que Jacob arrête de venir envahir mon amour pour Edward ! Je passais mon bras autour de son cou et l’attirait vers moi mais, à mon plus grand désarroi, il résista et se dirigea vers la porte !

  • Edward …, couinais-je, soudain consciente de la gravité de la situation.
  • J’ai besoin d’être un peu seul, murmura-t-il.

Et il quitta la chambre…

C’était trop dur ! Qu’avais-je fait ? Je me donnais envie de vomir ! J’éclatais en sanglots sur le lit et laissait les larmes couler à flots pendant de longues minutes.

 

7. Bannie

La nuit tombait. J’étais toujours prostrée sur le lit que j’avais bien mouillé. Edward n’était toujours pas revenu. Où était-il ? M’avait-il quitté ? Je le méritais ! Je méritais d’être seule ! Je faisais du mal à tous ceux que j’aimais, je me haïssais !

Malgré tout, je décidais de me lever et me traînais jusqu’à la salle de bain. Lorsque la lampe du miroir s’alluma, je gémis. Les cheveux collés sur mon visage, les yeux rouges et bouffis…je ne pouvais pas descendre dans l’hôtel comme ça !

Pourtant, je devais le retrouver, lui expliquer la situation dans laquelle j’étais…que mes sentiments pour Jacob étaient plus fort qu’avant mais qu’il restait celui que j’aimais par-dessus tout ! Que j’allais lutter contre ça, j’y arriverai, j’en étais sûre !

Je m’imaginais déjà l’hôtesse m’annoncer que je devais quitter la chambre au plus vite, je me voyais déjà annoncer à Sarah que mon couple n’était pas si parfait que ça …La pauvre, si elle savait …je brossais mes cheveux et me passais un coup d’eau sur le visage. Tant pis pour les apparences !

Heureusement pour moi, le hall était presque vide, les gens devaient être à table. Et à ma grande surprise, je n’eu pas besoin de le chercher longtemps. Il était là, devant moi, près de l’entrée, avec son téléphone portable. Qui avait-il appelé ??? Son regard était sombre et ses mâchoires se serraient pendant qu’il hochait la tête doucement. Puis je le vis fermer les yeux et claquer le couvercle de l’appareil, mettant fin à la discussion. Il avança vers moi, le visage recomposé et …souriant ? Je l’interrogeais des yeux. Il s’arrêta à ma hauteur puis me déclara, comme si rien ne s’était passé :

  • C’était Carlisle…
  • Ah ?

Mon pouls s’accéléra, des nouvelles de Forks.

  • Il voulait juste savoir si tout allait bien…

Il me mentait ou me cachait quelque chose…pourquoi sa colère était-elle retombée aussi vite ? Je ne le méritais pas ! Je méritais qu’il me laisse, là, maintenant ! Soudain, je repensais aux Volturi. Carlisle venait peut-être de l’informer qu’ils venaient vérifier si j’étais toujours humaine…et ma sécurité était plus importante pour Edward que cette histoire avec Jake…donc il me ménageait…

  • Edward…
  • Pas ici…

Il me prit le bras et m’entraîna vers la sortie. L’air frais me fit le plus grand bien. Nous nous assîmes sur un banc, dans le parc de l’hôtel, la lumière de la lune rendant la peau blanche d’Edward encore plus parfaite.

Je sentais que l’orage était passé…Je me risquais à lui prendre la main. Il me sourit. Je respirais.

  • Bella…je voulais encore jouer les grands seigneurs mais en y réfléchissant, je sais que tu aurais encore risqué ta vie pour moi et que ça aurait été pire…
  • De quoi tu parles ? demandais-je, intriguée.

Edward réfléchissait, choisissant ses mots…qu’était-il arrivé ? Les Volturi étaient à Forks !

  • Bella, les Quileute menacent de rompre le traité …

Les Quileute ? Rompre le traité ? Après leur alliance avec les Cullen, ils n’avaient toujours pas compris ?

  • Quoi ? Mais … mais je croyais que cette bataille …enfin, vous avez combattu côte à côte …tout devrait être fini ! Il ne devrait même plus exister ce traité !
  • Bien sûr que si …, soupira Edward.

Je ne saisissais pas. Ça me paraissait dingue !

  • Bella, ils pensent, et à juste titre, que nous sommes partis pour que je te transforme… il n’y a pas de frontière à ce traité et …
  • Quoi ? Mais … il faut que Carlisle leur explique la situation, qu’il leur dise que je me laisse du temps … que j’ai renoncé à cette transformation pour l’instant ! Edward, j’aurai dû tout expliquer à Jacob avant de partir ! Lui, il aurait compris ! Ah bon sang ! Je lui avais écris une lettre mais …

Ma voix se brisa. Je la voyais encore cette lettre mais je l’avais jetée. Incapable de lui donner ou de lui envoyer. Edward m’avait laissé débiter ma tirade patiemment puis il passa son bras autour de mes épaules.

  • Je lui ai envoyé ta lettre mon amour, murmura-t-il.

Je relevais la tête brusquement.

  • Quoi ?
  • Je lui ai envoyé avec un mot lui expliquant que nous partions quelques temps …
  • Oh…

Cette nouvelle me troubla profondément. Edward n’avait sûrement pas fait que récupérer cette lettre et l’envoyer à Jacob…il avait dû la lire. Mes joues s’empourprèrent.

  • Pourquoi as-tu fait ça ? Demandais-je d’une toute petite voix, envahie par la honte.

Il respira un grand coup. Le sang qui affluait sur mon visage avait dû lui assécher la gorge. Pourtant, il continua :

  • Parce que j’ai jugé qu’il devait savoir ce que tu ressentais pour lui…je te l’ai déjà dit, ça fait parti de toi Bella, tout ce que tu lui as écrit sort de ton cœur et ça ne pouvait pas finir dans une poubelle…
  • Mais…mais je ne comprends pas ! Tu le détestes tant …vous seriez prêt à vous tuer, vous êtes comme chien et chat !

Ma remarque fit rire doucement Edward.

  • Oui…sauf que … pour moi, un rat serait peut-être plus juste.

Je fronçais le nez, pas amusée par sa remarque douteuse. Il continua :

  • Tu ne vas peut-être pas me croire mais …j’apprécie Jacob, plus que je le souhaite d’ailleurs …

Il leva les yeux vers moi, croisant mon regard surprit.  

  • J’aimerai le détester tu sais mais il n’y a rien à faire…plus j’apprends à le connaître, plus il me fait rire. Il me fait penser à un petit chien fou que j’avais lorsque j’étais enfant, il cassait tout et voulait tout le temps jouer…c’est un souvenir que j’avais perdu et qui m’est revenu lorsque je l’ai rencontré, ajouta-t-il en riant.

Ce souvenir humain d’Edward me fit rire aussi. Je me souvenais alors de cette fameuse nuit dans la tente, où je les avais entendu discuter calmement…évidement, ils parlaient de moi mais cette conversation m’avait semblé sereine, amicale voir …respectueuse. Je les avais même entendus rire quelques fois… je n’avais pas toujours compris pourquoi mais, cette trêve avait existé ! Bon, évidement, dès le lendemain matin, les grognements avaient encore fusé des deux côtés mais Edward et Jacob avaient échangé des mots, sans se battre … l’espoir d’une amitié entre les deux familles que j’aimais le plus au monde était possible. Je repensais alors à ce traité et aux Quileute.

  • Qu’est-ce qu’ils ont dit exactement à Carlisle ?

Edward marqua un temps, prenant encore le soin de choisir ses mots. Il semblait chercher la signification de tout ça ou peut-être essayait-il de gagner du temps ? Qu’est-ce que les Quileute avaient demandé pour qu’il semble soudain si tendu ?

  • Et bien…le messager a informé Carlisle que…ton choix menaçait de rompre le traité et que … Toi et moi, nous ne devons plus jamais revenir à Forks …sauf qu’il y a une alternative pour toi : si tu me quittes, tu pourras rentrer seule.

Quoi ? Les larmes me montèrent immédiatement aux yeux. Toi et moi ? Les Quileute me chassaient ? Ils nous chassaient ? Ainsi, peu importe que je revienne vivante ou non, ils ne nous voulaient plus à Forks ? Mais qu’avions-nous…qu’avais-je fait pour mériter leur colère ? Etait-ce parce que j’avais abandonné Jake ? Pourtant Edward m’avait dit que Sam était contre le fait que Jake me fréquente ! Pour lui, j’appartenais au Cullen …

Je pensais soudain à mon père. Je revoyais son visage joyeux lorsque je lui avais annoncé que j’avais choisi une université tout près de Forks…j’avais fait le choix de repousser ma transformation pour rester près de ceux que j’aimais, près de Charlie, près de Jacob … Edward avait accepté.

Je connaissais les indiens. Sam ne prenait jamais ce genre décision sans une bonne raison. Il devait y avoir un problème, quelque chose de grave pour que Jacob laisse Sam exécuter une telle sentence ! Rentrer à Forks sans Edward, c’était hors de question ! Je comprenais pourquoi il avait voulu qu’on sorte…je fulminais !

  • Nous sommes ensemble Edward ! Je ne te quitterais pas. C’est n’importe quoi ! m’emportais-je.
  • Bella… Le message a été très clair et nous ne pouvons pas l’ignorer.

Je faisais les cents pas devant lui, consciente que mon sang qui bouillait de rage dans mes veines devait l’affoler. Pourtant, il ne bronchait pas. Je continuais :  

  • Ils sont devenus fous ? Ils attendront notre retour et j’irai parler à Sam ou Jacob ! Ils verront bien que tu m’as ramenée vivante !

Une idée séduisante me frappa. Et cette fois, j’avais une excuse !

  • Je vais appeler Jake ! S’il a lu ma lettre, il expliquera à Sam que tout va bien et stoppera cet ultimatum.
  • Justement Bella …

Quoi ? Pourquoi me fixait-il ainsi ? Il était arrivé quelque chose à Jake ! C’est pour ça que la meute avait débloqué !

  • Celui qui est venu annoncer cet ultimatum à Carlisle…c’est Jacob Black.

 

Je mis un certain temps à assimiler la nouvelle. Jacob ? Mon Jacob ? L’image de mon ami, le regard noir, le visage déformé par la souffrance de mon départ précipité, s’imposa à moi. Mais qu’est-ce que j’espérais au juste ? Je l’avais abandonné, sans même me retourner et ceci, malgré ce que nous avions partagé. Je revis mon reflet dans le hublot, le jour où j’avais quitté Forks…je n’étais pas fière de moi, j’avais été lâche car je savais que je n’aurai jamais été capable de lui dire « non » ou « au revoir » …et aujourd’hui, ma lâcheté avait des conséquences…mais je n’aurai jamais pensé que ça irait jusque là. Jacob était un garçon joyeux, il ne pouvait pas rester fâché plus d’une heure, maximum une journée…et pourtant, je l’avais blessé plus que son compte, puis je l’avais fuit, lui, avec qui parler était tellement facile…j’aurai dû aller lui parler, j’aurai dû lui expliquer … la lettre ! Pourquoi tant de colère s’il avait lu ma lettre ?

Le doux rire d’Edward vint briser mes pensées.

  • Qu’est-ce qui te fait tant rire ? rétorquais-je, un peu agacée par sa soudaine bonne humeur.
  • Il fut un temps où j’aurai pris le premier avion pour aller le massacrer, rien que parce que je sais que tes nuits vont encore être pires maintenant …car tu vas souffrir mon amour…mais j’ai appris à cerner le personnage et je sais que c’est encore une de ses tentatives désespérées pour te récupérer près de lui, m’expliqua Edward sur un ton léger.
  • En me chassant de Forks ??
  • Bella, Jacob est fougueux, impulsif…et amoureux. Deux points sur trois que nous avons en commun mais je sais aussi qu’il regrette toujours ses actes irréfléchis et cette fois-ci, comme toutes les autres fois, il va regretter ses paroles, crois-moi…

Il me souriait, pensant qu’il me rassurait.

  • Cette fois, il est peut être sérieux, déclarais-je.

Il avait toutes les raisons d’être en colère après moi…

  • Il l’est ! Et Carlisle a pris très au sérieux ses conditions ! Mais ses bonnes lignes de défenses fonderont comme neige au soleil une fois que tu seras devant lui. Tiens, restons encore ici un mois, faisons lui croire que tu ne rentres pas et bien avant cela, il aura ameuté tous les loups de la Terre pour que tu reviennes !
  • Tu ne devrais pas te moquer Edward…, grondais-je.
  • Je ne me moque pas, riposta-t-il plus sérieusement. Il est comme ça et tu l’aimes ainsi. Il vient te voler en moto, il te force à l’embrasser, il menace de se suicider maintenant il me chasse de Forks. Il utilise tous les moyens possibles et inimaginables pour t’attirer près de lui et …
  • Cette fois, ça ne marchera pas ! coupais-je, véhémente.
  • …Et comme à chaque fois, tu lui pardonneras Bella.

Cette fois, Edward me couvait du regard. Comme un père aimant qui sait déjà que son enfant va faire une bêtise.

  • C’est une de tes qualités mon amour, tu pardonnes toujours ! Tu m’as aussi pardonné mes erreurs, mes coups bas…ta voiture, ta séquestration…ma façon d’annoncer à Jacob notre mariage …. J’ai aussi agit comme lui, comme un gosse, tout ça par amour …tu vas nous rendre dingues Bella Swan…

Cette dernière remarque m’arracha une grimace. Nous

Oui je pardonnerai à Jacob, comme toutes les fois mais je ne céderai pas au chantage ! Edward rentrerai avec moi !

 

8. Tout faire pour l’oublier…même le pire

J’avais presque fini d’empiler le tas de bois contre le mur arrière lorsque j’entendis les roues du fauteuil de Billy frôler l’herbe qui entourait la maison. La pause se profilait. J’admirais le travail que j’avais accompli seul. Grâce à ma force qui ne cessait d’augmenter, j’avais coupé, transporter et ranger la réserve de bois pour l’hiver en un temps record. Le grincement du fauteuil qui s’arrête se fit entendre à mes côtés, je tournais la tête vers celui qui me souriait, satisfait du résultat.

  • Tu as bien travaillé mon garçon !
  • Ouais…je suis assez fier de moi là ! déclarais-je d’une voix que je voulais la plus gaie et détendue possible.

Billy hocha la tête puis m’observa un moment en silence. Cette inspection détaillée ne me gênait plus, je savais qu’il en avait besoin pour s’assurer que j’allais bien. Depuis que Sam lui avait expliqué mon « problème » et ma « décision », Billy semblait guetter le moment où j’allais péter les plombs. Alors, comme à chaque fois, je me forçais à lui sourire, tentant d’imiter le Jacob qu’il connaissait. J’avais dû être convainquant car il hocha à nouveau la tête et poussa son fauteuil pour faire demi-tour vers la maison. Mais au lieu de rentrer, il alla s’installer sur la petite terrasse, pouvant ainsi m’observer à sa guise. Tant pis ! J’allais devoir me composer une attitude de mec super cool pendant quelques heures.

Ça faisait maintenant plus d’un mois que j’avais informé les Cullen…je n’arriverai jamais à me débarrasser du souvenir de ce tête à tête avec …Carlisle. J’avais fini par penser à lui avec son prénom…surtout depuis notre dernière rencontre. La tristesse de son regard m’avait marqué au fer rouge. Il avait espéré une trêve, voir une réconciliation définitive entre nos deux peuples !  Il avait sûrement compté sur moi pour ça et je l’avais déçu. Pire, je lui avais demandé que son fils ne mette plus jamais les pieds ici ! Le message était sûrement passé et je n’avais plus de nouvelles. Etaient-ils partis ? Est-ce que Bella avait reçu aussi le message ? J’avais évité Charlie depuis son départ, le croisant juste une fois à la maison mais nous n’avions pas parlé de Bella. Pour lui, elle était en vacances ! « Avec l’autre » comme il avait expliqué à mon père. Je l’entendais encore « Ah ces jeunes …sont encore à l’école et se croient assez fatigués pour mériter des vacances ! » Il tomberait de haut lorsqu’il apprendrait qu’elle ne reviendrait plus jamais ! Il mettrait ça sur le compte de la sangsue…tant mieux ! Même si parfois, cette idée me rendait un peu honteux vis-à-vis de Charlie.

 

Ma colère était passée, je le sentais, je n’avais plus cette boule qui m’écrasait l’estomac et qui me donnait la nausée. Par contre, la douleur de son absence était de plus en plus tenace, voir carrément insupportable par moment…sûrement dû à cette satanée imprégnation. Sam m’avait prévenu mais il était loin du compte quand il parlait que j’allais souffrir plus « physiquement » de la séparation que « mentalement »…ça me prenait toujours au dépourvu, comme si on me transperçait ou qu’on m’ouvrait de bas en haut avec un sabre. Parfois, j’étais secoué de tremblement de la nuque au bas du dos, parfois ça me brûlait tout le ventre. A chaque « crise », mon cœur explosait, prêt à rompre la cage thoracique, j’avais du mal à respirer…tout ça amenait à une autre crise, celle de l’esprit…qui commençait à divaguer…ça finissait par une course folle dans les bois ou par des larmes…le pire pour moi !

Mais, j’essayais de vivre au jour le jour, évitant au maximum de penser à elle quand j’étais en loup, par respect pour la meute. Fait d’ailleurs qui se faisait de plus en plus rare car la vie avait retrouvé son calme…nous n’avions plus eu affaire aux Cullen depuis notre entrevue et tout le monde s’en accommodait très bien.

 

Les petits-enfants du vieux Willy Whitebird, dernier mutés, s’étaient plus ou moins fait à l’idée qu’ils devaient nous écouter mais Sam devait quasi toujours user de sa voix d’ « Alpha » pour qu’ils obéissent. Et malgré ça, tout comme je l’avais fait avec Bella, ils trouvaient le moyen de contourner l’ordre. Fenq faisait parfois des sombres coups en douce et entraînaient ses frères dans ses actes malveillants. Le dernier en date s’était produit la semaine passée. Sans raison apparente, ils avaient quadrillé la ville et avait terrorisé une bande de jeunes qui sortaient d’une soirée. Ils avaient crevé leur pneus de certains et manqué de provoquer un accident en se postant sur la route que d’autres avaient emprunté pour rentrer chez eux.

Sam et moi avions eu une longue conversation avec Willy, essayant de comprendre d’où leur venait leur hargne à tout saccager ou à répandre la terreur. Il nous expliqua que Fenq avait montré des signes d’agressivité dès son plus jeune âge, s’amusant même à se défouler sur des animaux, qu’il disséquait avec plaisir. Les jumeaux étaient un peu plus calmes selon lui mais vouaient une adoration sans borne à leur grand frère…on comprenait donc que le fait d’acquérir une telle force et surtout des dents acérées étaient la porte ouverte à leurs envies malsaines.

Avec tout ça, Charlie était en alerte maximale ! Pour lui, une bande de loups enragés et à abattre traînaient à Forks ! Et il comptait bien se charger de leur élimination ! A chaque fois, je devais me transformer et aller leur botter les jarrets. Sam tentait de calmer Charlie, lui assurant qu’il avait posé des pièges et qu’il faisait son maximum pour les chasser. Ces trois jeunes étaient des vrais délinquants et nous, leurs mères poules ! Je regrettais amèrement le temps des bastons contre les vampires ! Au moins, là, il y avait eu du sport !

 

Il y avait aussi du nouveau dans ma vie ! Afin de calmer les esprits de tout le monde, j’avais invité plusieurs fois des filles à sortir…grosse corvée mais il fallait que je sauve les apparences. Elles étaient toutes aussi jolies les unes que les autres, blondes aux yeux bleus (ça c’était le critère numéro un !) mais sans aucune saveur et parfois, niaises au possible. Pourtant, elles avaient toutes une qualité indiscutable : elles ne posaient aucune question ! Elles se contentaient de passer la soirée avec moi, me laissant les entraîner dans les endroits qui me chantaient sur le moment, parfois je parlais, parfois pas, mais elles avaient toutes compris dès le départ que j’étais inaccessible ! D’ailleurs, sans même que je prononce une parole, elles savaient qu’il était interdit de m’embrasser. J’essayais de bien les choisir. Je prenais toujours celles qui accumulaient les mecs à la pelle, comme ça, je passais inaperçu dans leur collection de « copain de soirée » et elles ne se souvenaient plus de moi le lendemain, pensant déjà à leur prochain rencard. En apparence, j’avais une vie sociale normale pour un mec de mon âge, c’était ce que je voulais. Billy me foutait la paix, Sam me foutait la paix bien qu’il n’était pas dupe et mon cœur me foutait la paix aussi, provisoirement. Comme j’y allais toujours avec les pieds de plomb, mon esprit était toujours occupé à chercher comment se débarrasser de la fille sans la vexer. Parfois, ça prenait du temps et ça m’occupait bien. D’ailleurs, là, ça faisait deux jours que j’essayais justement d’en virer une qui n’avait pas encore tout compris au sens de la marche ! Sandy…rien que son prénom m’énervait ! Celle-là, j’aurai mieux fait de me couper une patte le jour où je lui avais proposé d’aller boire un verre.

Elle avait même poussé le culot de venir jusqu’à la Push ! Elle s’y croyait à fond ! Dommage pour elle, j’allais devoir être méchant bien que j’avais horreur de ça. Toutes ses filles n’étaient pas responsables, elle pas plus qu’une autre mais même en me forçant, il n’y avait pas moyen !

 

Soudain, un hurlement interrompit mes pensées. Je vis mon père sursauter du coin de l’œil. Je reconnus la voix immédiatement : Paco ! L’un des jumeaux… Sans même réfléchir, je courus vers la forêt, aussi vite que mes jambes me le permettaient, mutant pendant ma course, au grand damne de mes vêtements qui se déchirèrent dans un éclat. La connexion se fit aussitôt.

Première image en provenance de Paco : Fenq et Lien, à ses côtés, courant à pleine vitesse. Ils coursaient une proie…trop excités pour que ça soit du gibier ordinaire…nom d’un chien ! Qu’est-ce qu’ils foutent encore ! Soudain, la réponse fut très claire. L’image que je reçue de Fenq défila dans mon esprit…non, ce n’était pas du gibier ordinaire … je reconnus immédiatement ses cheveux noirs, sa silhouette de petit elfe…l’extralucide, l’amie de Bella…Alice ! La colère me monta et l’ordre fusa, aussi sec :

Arrêtez ça immédiatement !

On la tient !

Fenq, c’est un ordre ! Stoppez ça ! Maintenant !

Soit mon intonation n’avait pas été assez menaçante, soit ses gamins là étaient doués pour résister aux ordres alpha, bêta et tout le reste ! Je laissais tomber…je devais être trop affolé par la situation !

Plus vite Jake ! Plus vite ! M’ordonnais-je

Il fallait que je les atteigne avant qu’ils commettent l’irréparable…

Qu’est-ce qui vous prend, bon sang ?!

On va l’avoir !

Le visage terrifié de la fille Cullen m’apparut, elle courrait vite mais elle vit en se retournant que les trois loups allaient la rattraper… qu’est-ce qu’elle fichait là ? Où était-elle ? Où étaient-ils ? Avaient-ils traversé la frontière ? Je commençais à le croire car les visions que je recevais ne m’étaient pas familières…ils allaient se prendre une raclée !

Ce n’est pas ce que tu voulais ? On l’a vu dans tes pensées ! Tu veux leur mort, on va t’aider … elle va finir en pièces détachées.

Je reçu aussitôt son sentiment de plaisir lorsqu’il s’imagina la scène. Fenq ! Ce gamin était décidemment un provocateur ! Je m’en voulais d’avoir souhaité les détruire tous et d’avoir imposé mes fantasmes à la meute. Les autres savaient faire la part des choses, ces jeunes-là se fichaient comme une guigne des règles ! Je tentais de le raisonner, tout en accélérant encore ma vitesse.

C’est du passé Fenq ! Oublie ça ! Tu n’as pas le droit de rompre le traité ! Tu vas déshonorer la meute ! 

Nouvelle image d’Alice, plus terrifiée que jamais, tentant de bifurquer mais sans succès. Pourquoi n’était-elle pas plus rapide ? La trouille devait la paralyser…

Elle nous a provoqué !

Mensonge … je venais de recevoir le souvenir de leur rencontre, quelques minutes plus tôt. Les loups étaient bien sur le territoire des Cullen ! J’accélérais encore et encore…il fallait que j’arrive à temps…je le devais…plus vite !

Ça y est ! J’avais atteint la partie de la forêt …

Vire à gauche Lien ! On va l’avoir ! Chope-là par le flanc !

Alice venait d’échapper à l’attaque de Lien…super, vas-y ! Ils sont jeunes, tu vas leur échapper !

Noon !

L’horreur de ce que je venais de voir stoppa net ma course. Fenq venait de refermer ses crocs sur sa jambe pendant qu’elle bondissait sur un arbre, à quelques mètres de lui. Elle ne l’avait pas vu arriver ! Un cri sur ma droite…j’y suis ! Je repris ma course folle…là ! Je les apercevais. Ils la tenaient ! Concentrant toute la puissance dont j’étais capable, je bondis sur le dos de Fenq, refermant mes crocs sur sa nuque…j’allais le briser ! Le coup nous propulsa contre un arbre…un bruit mat de quelque chose que se rompt résonna dans mes oreilles…avais-je réussi à lui rompre l’échine ? Fenq se redressa…bon sang ! Il était coriace !

Tu ne nous auras pas Jake !

Je vais vous tuer…

Sam ne te laissera pas faire !

La fureur me gagna. Je fis claquer ma mâchoire sur tous les endroits de son corps que je pouvais atteindre ! Il grondait, se défendant comme un enragé. Les jumeaux s’étaient à nouveau jeter sur Alice. Il fallait que ça s’arrête ! Et cette fois, la voix gronda en moi : 

Lâchez-là ! Tout de suite !

Les jumeaux s’immobilisèrent, abandonnant leur attaque. Fenq couina lorsque, dans un dernier avertissement, je lui mordis la gorge. Ils filèrent…Sam, Paul, Quil et Jared venaient de muter.

On va les choper Jake … Occupe-toi d’elle.

Sam…Sam, nom d’un chien...qu’est-ce qu’il va se passer maintenant ?

Est-elle morte ?, s’enquit Sam.

Je me rapprochais d’elle, doucement…le cœur battant à toute rompre…elle était à terre, le visage enfouit dans les feuilles, je ne voyais que ses cheveux…elle bougea !

Non, elle…elle est vivante !

Bien … je te laisse…tu la connais mieux que nous …

Tu parles ! L’odeur, encore plus infecte que dans mes souvenirs, me donna la nausée. Allez Jake...

Je courbais la tête vers elle, touchant son dos avec mon museau. Elle tourna vivement la tête vers moi…terrorisée. Pour qu’elle comprenne mes intentions, je me couchais devant elle, les oreilles rabaissées. Son visage se modifia…elle releva le buste, un peu trop péniblement à mon goût et tendit doucement sa main vers moi. Elle la posa sur mon front et murmura dans un souffle glacial:

« Jacob Black … »

J’émis un léger couinement et rapprochait encore ma tête afin qu’elle me touche plus, qu’elle se rassure. Elle sourit furtivement, les yeux brillant. Elle ne pouvait sûrement pas pleurer mais la souffrance se lisait sur son visage. Je lui donnais un petit coup de museau dans le bras, l’invitant à se relever. Elle grimaça…ça allait être plus compliqué que je ne pensais. Pourtant, elle devait être résistante ! Sa race ne se laissait pas facilement blesser… A ma grande surprise, elle s’agrippa aux poils de mon cou et tenta de se hisser sur mon dos. Je m’abaissais le plus possible, décidé à la laisser faire. Son parfum me prit à la gorge mais je chassais le malaise qui m’envahissait. C’est alors que mon sang se glaça…une partie d’elle était resté à terre. Pendant qu’elle tentait de se caler sur moi et emprisonnait mon cou pour ne pas tomber, je fixais ce morceau qui me frappait d’horreur. Le bruit mat que j’avais entendu en attaquant Fenq, ce bruit n’était en fait que celui d’un membre qui se rompt…oui j’avais déjà entendu ce bruit…lorsque nous avions démembré l’autre sangsue : Laurent … J’allais vomir ! Cette fois, je me viderais complètement.

Un violent frisson me traversa…qu’est-ce qu’elle était froide ! Je fixais toujours avec terreur les lacets de la chaussure…je me forçais à ignorer ce qui était resté accroché après … Elle me tira les poils et murmura à mon oreille :

  • Jacob…ramène moi chez Carlisle…et prend…prend-la…s’il te plait…

Mon estomac se révulsa, la bile envahit ma gueule…j’allais mourir…mais j’étais plus fort que ça…j’avais déjà supporté qu’elle me monte dessus, je pouvais encore faire ça…par respect pour elle…pour Carlisle. Je me relevais, elle s’accrocha de toutes ses forces à ma fourrure, j’inspirais et ouvrir la gueule pour m’emparer du membre froid et répugnant.

Alice me tapota le flanc, sûrement très fière de moi.

 

9. Ravaler sa nausée et sa fierté…c’était le moindre que je puisse faire

J’avais couru aussi vite que possible. Je savais que rien n’était perdu pour elle, que Carlisle la sauverait, sauverait son mollet, sa cheville, que son membre se recollerait parce qu’il n’était pas détruit …

Mais mon peuple lui, était condamné. Une telle attaque brisait instantanément le traité, la guerre allait commencer, la bataille serait sanglante et fatale. Le fait de mourir ne m’angoissait pas…non, là maintenant, le seul truc auquel je pensais c’est que j’allais mourir sans revoir Bella…et même si elle revenait, avec ce qu’il venait de se passer pour son amie, elle ne me le pardonnerait jamais. Et si elle était devenue l’une des leurs, elle se chargerait elle-même de mon exécution ! Toutes ces pensées m’accompagnaient vers la mort. Je ne me faisais aucune illusion, ils profiteraient de ma présence sur leur territoire pour me détruire…j’étais seul contre six ou sept…peu importe, je me laisserai faire…ce qu’ils avaient fait était inexcusable, nous allions payer ! Peut être même qu’Alice allait attendre d’être devant chez elle pour planter ses crocs dans ma nuque et me transmettre le poison, fatal pour mon espèce.

Courage Jake … et ne t’en fait pas pour la meute, nous nous battrons jusqu’à notre dernier souffle …

Sam, si tu as le temps, dis à Billy et à mes sœurs que je les aime…

Pas de réponse mais je sentais sa profonde tristesse…

Merci pour tout ce que tu m’as transmis Sam …

C’est toi le meilleur Jake ! Essaie d’en buter un ou deux avant d’y passer !

Non Paul …pas cette fois, désolé…

Je tuerai celui qui te fera la peau Jake !

Seth…si tu veux vraiment me faire plaisir, essaie de protéger la tienne ! Ta mère a besoin de toi ! Tu es jeune, ils t’épargneront !

Laisse tomber vieux ! Pour moi, tu es comme un frère, un vrai frère …et ça me fera plaisir de te rendre justice !

C’est peut être moi ton vrai frère, railla Embry

Oui, ça j’aurai bien aimé le savoir tiens !

Jake…j’aimerai tellement être à ta place…ça sera rapide et définitif …

Leah ! Ah bon sang ! Fallait encore que ça lui donne des idées ! Sam allait devoir la supporter de plus belle après ça….enfin si ma meute arrivait à survivre…

Mais, Leah me transmettait des images que je n’arrivais pas à comprendre…les morceaux d’une page noircie par l’encre, délavée et déchirée en mille morceaux … et ses mains qui tentaient de les remettre dans le bon ordre.

Qu’est-ce que c’est Leah ?

Tu pensais à l’instant que tu ne pourrais pas LA revoir avant de mourir…tu l’as détruite pendant ta mutation… le jour où tu l’as reçue …je ne voulais pas que tu l’as lise, sûrement que j’étais heureuse que tu souffres autant que moi…

Quoi ?

Oui, je revoyais cette lettre tâchée par les larmes que la sangsue avait envoyée… ce jour-là, ma colère m’avait rendue fou et sans m’en rendre compte, j’avais déchiré la lettre de Bella. Depuis tout ce temps, Leah l’avait ! Et elle s’était bien gardée de ne pas y penser !

S’il te plait Leah …

Tant pis pour moi, lâcha-t-elle

Et je vis les mots, écrits de la main de Bella...mon cœur venait de faire un bond si puissant que ça me coupa le souffle pendant quelques secondes…je n’arrivais pas à me concentrer sur le sens exact de la lettre mais je laissais les mots essentiels me sauter à l’esprit, ceux que je parvenais à lire à travers toutes ses ratures et les tâches de ses larmes : « tu avais raison… », « Notre baiser… », «…à quel point c’était fort », « …si les choses avaient été autrement …», « j’ai besoin de temps pour réfléchir …», « je l’aime aussi, tu le sais », « Edward est … », « Edward sait que … » Bon, fallait que je saute ce passage… « Excuse-moi mais je ne peux pas le quitter, je n’ai pas la force de tout remettre en question», « … suis trop bouleversée », « Je t’aime Jacob ».

 

Ses mots me faisaient mal, je me dis même que la mort ne pouvait pas faire autant souffrir…ces mots, je les avais attendus depuis si longtemps…j’aurai tellement aimé qu’elle ait le courage de me les dire, en face…je suis sûr que j’aurai pu la convaincre de rester près de moi mais plus rien n’avaient d’importance à présent…je l’avais chassée, elle n’était plus là, elle aurait pu revenir mais elle avait choisi…

T’es vraiment une sale chienne Leah !

Malgré les circonstances, la remarque de Quil me fit rire.

 

Je sentis qu’Alice levait la tête. La grande maison blanche était en vue.

J’y suis ! Salut les gars et battez-vous, jusqu’au bout! Merci quand même Leah !

Je ralentis ma course. La puanteur envahie mon museau et Alice murmura dans un souffle:

  • Ils t’ont senti…ils arrivent. Merci Jacob…

Trois silhouettes apparurent face à moi. Je reconnus immédiatement la blondeur des cheveux de Carlisle à leur tête. Alice se laissa glisser et l’un d’eux, celui qui avait toujours une tête d’ahuri, la récupéra aussitôt, la transportant jusqu’à la maison si vite que je ne les vis pas partir. En une fraction de seconde, l’autre, le plus fort de tous, se retrouva sur mon flanc, m’emprisonnant le collier, près à frapper, tel un cobra.

  • Qu’est-ce que tu lui as fait sale cabot ! cracha-t-il.

Je baissais la tête et déposais doucement les restes d’Alice sur les feuilles, aux pieds de Carlisle. J’attendais la brûlure de la morsure quand je l’entendis ordonner de sa voix si calme :

  • Emmett, rentre-la immédiatement, j’arrive.

Ainsi, il s’occuperait de moi lui-même …ce n’était que justice, après le temps qu’il avait passé à me soigner. A ma grande surprise, la brute grogna mais me lâcha, récupéra le morceau et fila vers la maison. Je gardais la tête baissée, en position de soumission. Carlisle vint se placer près de moi. Je me risquais à lever les yeux, nous étions face à face. Aucune colère ne trahissait son visage, ce mec était la sérénité incarnée ! Je mis un temps à comprendre ce qu’il attendait. Il avait une couverture dans les bras…il voulait qu’on discute, « d’homme à homme ». Ainsi, il me laissait du répit. Je reculais de plusieurs pas et me transformais instantanément. Mes frères n’assisteraient pas à ma mise à mort. Il me sourit de son sourire si posé et me tendit la couverture. Je me couvris et attendis, comme un gosse qui savait qu’il allait recevoir la plus grosse punition de sa vie.

  • Jacob, que s’est-il passé ?

Trop calme, il était trop calme ! J’avais tellement honte… je devrais déjà être mort ! Déchiqueté…

  • Je …je ne sais pas ce qu’il leur a prit, arrivais-je à articuler.

Oh si je le savais ! Ils n’avaient fait qu’accomplir ce que je leur avais balancé dans la tête depuis des semaines ! Détruire les parasites ! Tous !

  • ça devait arriver Jacob …ce n’était qu’une question de temps …

Non ! Non, nous serions arrivés à nous maîtriser ! Nous y étions parvenu jusque maintenant ! Nous avions trop de respect pour nos ancêtres, pour leurs paroles ! J’avais tellement souhaité qu’ils fassent un faux pas afin d’avoir une bonne excuse pour les massacrer mais les Cullen avaient respecté le marché, en tous cas, pour l’instant ! Nous n’avions rien à leur reprocher…j’étais le seul à me plaindre d’eux, le seul à les haïr vraiment …à vouloir leur mort…mes frères jouaient leur rôle à la perfection : ils veillaient ! Moi, j’avais espéré le conflit ! Tout ça par égoïsme, parce que moi, je souffrais, parce que je ne m’en remettrais jamais ! Ils l’avaient reprise …IL me l’avait reprise …

  • Jacob, je vais réfléchir à ce qu’il vient de se produire, Alice m’expliquera …
  • Il n’y a rien à réfléchir! Explosais-je. Des loups-garous sont entrés sur votre territoire et ont attaqué l’une des vôtres ! Le traité est rompu ! Nous assumerons les conséquences …
  • Qui sont-ils ? Je les connais ? , continua-t-il calmement.

J’essayais de rassembler mes idées, d’être cohérent. Le docteur n’avait pas l’air de saisir la gravité de la situation ! Tout était de ma faute … si je ne leur avais pas mis ça en tête …une solution me revint à l’esprit, une idée qui avait son p‘tit bonhomme de chemin depuis quelques semaines….

  • Carlisle…je vous propose une alternative à la guerre …
  • Jacob …, me coupa-t-il patiemment.
  • Non, laissez-moi m’expliquer…je ne veux pas que mes frères paient pour mes erreurs …ils sont si jeunes…tout ça, c’est parce que …parce que…c’est Bella, vous savez…j’ai perdu les pédales quand elle est partie…j’ai souhaité la mort de votre famille ! Et ne me regardez pas comme ça ! Vous savez ce que je pense !

C’était la seule solution…ça, les crocs ou la falaise…

  • Prenez-moi comme cobaye ! Je vous donne ma vie. Faites toutes les expériences que vous voulez sur moi ! Nous serons tous les deux gagnants ! ma meute sera épargnée et vous, vous pourrez mieux nous connaître…ce n’est pas ce que vous vouliez ?

Il ne pouvait pas laisser passer cette occasion, il le savait ! Il soupira et me fixa de ses yeux dorés pendant plusieurs minutes, semblant peser le pour et le contre de ce que je venais de lui proposer.

  • Je dois réfléchir Jacob Black…
  • Bien …

Il ne rejetait pas mon idée, c’était déjà ça.

  • Tu auras ma réponse demain matin. Pour l’instant, je dois m’occuper de ma fille.  
  • Parfait !

Il hocha la tête et partit rejoindre son clan. J’avais obtenu assez de répit pour que mes frères élaborent un plan de défense. En espérant que les autres sangsues n’attaqueraient pas avant demain … 

 

10. Il était temps de mettre certaines choses au point !

J’avais le cœur plus léger. Etait-ce dû à la lettre de Bella ou plutôt au fait que j’avais pris une sage décision pour une fois ? Peu importe mais j’étais optimiste quand à l’issue de ce conflit.

Sam était debout dans la cuisine lorsque j’ouvris la porte brusquement. Billy me souriait pendant que Sam se retournait vers moi, ahuri. Sam lui avait déjà annoncé la nouvelle de ma mort, Billy ne l’avait pas cru visiblement.

  • Jake …
  • Où sont-ils ? tu les as livré au boucher de Forks j’espère !
  • Non…justement…ils ont muté et ont filé. Je reviens de chez le vieux Willy…il n’a aucune idée de l’endroit où ils peuvent se cacher.

Il était contrarié à cette idée. Pour ma part, j’avais appris à les cerner…ces jeunes là aimaient la violence.

  • Ça n’a aucune importance…ils finiront bien par muter un jour, ils ne tiendront pas longtemps sans faire du mal autour d’eux…et là, on pourra les entendre et je m’occuperais personnellement de leur cas !

Sam ne semblait pas vraiment convaincu. Pourtant, ces gamins n’allaient quand même pas nous filer entre les pattes ! Je lui passais devant, rejoignit ma chambre en quelques enjambées, enfilait un short et revint vers lui. Il n’avait toujours pas bougé, attendant l’essentiel. 

  • Nous pensions que …Comment ça s’est passé avec les Cullen ? s’enquit Sam, soudain beaucoup plus inquiet.
  • Bien …
  • Comment ça « bien » ?, s’étonna-t-il. Où est-ce que ça se passera ?
  • Nulle part …
  • Je ne comprends pas…

Avec tout ça, je mourrais de faim ! J’ouvris le frigo. Tout en retournant son contenu, je lui répondis :

  • J’ai passé un marché avec le doc. Il me donne sa réponse demain. S’il accepte, il n’y aura pas de baston.
  • Qu’est-ce que tu as encore fait Jake ? murmura mon père.

J’avais trouvé mon bonheur et claquait la porte. Je pris le temps de m’enfiler les quatre tranches de jambon, devant les regards dépités de Sam et de mon père. Sam perdit patience :

  • Jake ! Tu n’as quand même pas négocié de te battre seul ? Tu n’auras aucune chance ! Même si tu n’as qu’un seul adversaire !

Je levais les yeux au ciel, pas stupide ….

  • Si demain le doc est d’accord, je t’expliquerai. Ça ne sert à rien pour l’instant…on devrait plutôt se rassembler pour décider d’une stratégie en cas de bataille.
  • Très bien, on se retrouve à la clairière…
  • Non ! ici…
  • Tu refuses de te transformer pour que je ne puisse pas lire tes projets !
  • T’as tout compris ! m’esclaffais-je.

Sam fulminait et me lança un regard mauvais.

  • Fais-moi confiance Sam…
  • Tu n’es pas responsable de ce qui s’est passé Jacob…, déclara-t-il, soudain radoucit.

Oh que si ! Pensais-je, amèrement.

  • Sam, tu m’avais demandé de laisser tomber Bella, je ne t’ai jamais écouté ! Pire, je lui ai tout dit sur notre secret alors que je n’en avais pas le droit. Je nous ai déjà trahis à ce moment là ! Si je ne m’étais pas autant accroché, je ne les aurai pas autant haïs, j’aurai fait comme vous, simplement veiller à sa sécurité, à ce que le traité soit respecté ! J’ai empoisonné l’esprit de ces jeunes avec mes rêves morbides !
  • Jake…tu ne pouvais pas te passer de Bella…si j’avais compris ça plutôt…, murmura Sam.
  • Et tu aurais fait quoi ? Il n’y avait pas de solution…il n’y en a pas.
  • Le problème vient d’elle …elle ne devrait pas être en mesure de résister.
  • Laisse tomber tu veux …on a déjà eu cette conversation…j’essaie de passer à autre chose, déclarais-je, irrité.
  • Mais Jake ! Tu ne pourras pas ! insista Sam.
  • Pour l’instant, nous avons un autre problème à affronter… et d’ici demain, cette histoire n’aura peut-être plus aucune importance…
  • Dis-moi ce que tu as décidé ! m’ordonna-t-il.

Mais, cette fois, il ne pourrait pas me forcer. J’étais bien décidé à aller jusqu’au bout !

  • Demain … il faut se préparer à une attaque pour cette nuit …on ne sait jamais.

 

Nous veillions jusque tard dans la nuit, élaborant un plan, bien que nous fussions tous conscient de n’avoir quasi aucune chance si les Cullen attaquaient sans prévenir. Alors chacun rejoignit sa famille. A l’aube, je ne dormais toujours pas. L’esprit pas vraiment tranquille, je veillais sur mon territoire. Cette nuit m’avait permis de réfléchir à beaucoup de choses, de faire le point sur ce que je voulais vraiment et c’est lorsque Billy vint se planter près de moi sur la terrasse, une tasse de café à la main, que je me dis que j’avais failli y passer sans avoir pris le temps d’aborder certains sujets avec lui …j’en avais marre que toute la meute se pose des questions silencieuses, surtout Embry …   

  • Qu’as-tu en tête mon garçon ?
  • Je me disais justement que toi et moi, nous devions avoir une petite conversation !

Mon ton le surprit…il devait sûrement s’attendre à ce que je me plaigne encore. Raté ! Là, il se douta que le sujet allait être épineux car il avala une grosse gorgée de son liquide brûlant. Je lui laissais le temps d’avaler… fallait pas qu’il s’étouffe maintenant ! J’avais toujours voulu savoir et là, j’étais bien décidé à crever l’abcès.

  • Est-ce que maman l’a su Billy ?
  • De quoi parles-tu ?

Sa voix rocailleuse s’était voilée.

  • Est-ce que maman a su que nous avions un frère ?

Autant être direct, pas la peine qu’il se colle la migraine à chercher !

Il soupira et courba les épaules. Le poids avait du être lourd à porter durant toutes ses années…mais que croyait-il ? Que personne ne finirait par comprendre ? Pour lui, ça avait été facile de le cacher, il avait eu la chance de ne pas muter mais, les ragots avaient alimenté beaucoup de soirées et cette histoire là trottait dans toutes les têtes.

Nouveau soupir, plus important encore que le premier … allait-il me répondre ?

  • Jacob … non, ta mère ne l’a jamais su, bien qu’elle se soit toujours doutée de quelque chose je pense …
  • Tu m’étonnes ! C’est un secret de polichinelle…, ironisais-je.
  • Mais, vois-tu, elle venait de t’avoir…tu étais son fils ! Celui qu’elle attendait depuis des années…plus rien n’avait d’importance…tu étais si beau…elle se fichait de moi comme une guigne et …
  • Et c’était mérité non ? claquais-je.

Il n’allait pas se plaindre maintenant !

  • Oui…on peut dire ça …mais elle m’a sûrement pardonné mon écart, sans rien me demander…elle est restée jusqu’à son dernier souffle dans mes bras …
  • Hum …
  • Ton frère…et bien, il te ressemble tant…

Mouais, en regardant vite alors, pensais-je. Si on tient compte de la couleur de la peau et des cheveux alors oui, pourquoi pas ?

  • Il a la même fougue que toi, aussi rayonnant et joyeux que toi …

Embry ? Rayonnant ? Joyeux ? Là par contre…

  • Je l’aimais tant Jacob … mais j’aimais aussi Sue …
  • Sue ?

Mon père perdait les pédales…qu’est-ce que Sue Clearwater venait faire dans l’histoire ? Ou alors avec combien de femmes avait-il trompé ma mère ? Mon père leva des yeux brillants vers moi…je devais avoir une tête d’ahuri parce qu’il se mit à rire doucement.

  • De qui crois-tu que nous parlons Jacob ?
  • Euh … d’Embry Call ?

Cette fois, mon père éclata de rire.

  • Je croyais que tu avais compris pourtant ! Ce gamin traîne toujours derrière toi, il te vénère et tu ne peux quand même pas le nier, Jacob ? C’est toi tout craché !

La lumière vint alors éclaircir mes idées embrouillées … Seth Clearwater? Seth était mon frère ? Enfin, mon demi-frère ! Bon sang ! Mais voilà pourquoi mon père se sentait aussi concerné par la mutation de Seth et Leah…il passait quasi toutes ses soirées chez Sue depuis la mort d’Harry…Harry …encore un qui avait du souffrir.

  • Harry le savait ?
  • Non…
  • Mais papa ! C’était ton meilleur ami ! m’écriais-je, vaguement scandalisé.
  • Oui fiston…mais parfois, dans la vie, l’amour est plus fort que l’amitié et ça ne se contrôle pas …ce n’est pas moi qui vais t’apprendre ça.

Hors de question de remettre ça sur le tapis ! Je ne répondis pas, laissant mon esprit vagabonder vers de lointains souvenirs d’enfance.

  • Seth est mon frère…, murmurais-je à moi-même.

Mon père me laissa quelques minutes digérer l’information puis continua :

  • Et en ce qui concerne Embry Call…il est bien le frère de l’un de vous mais je crois que tout le monde l’a compris …
  • Sam …

Il s’en était toujours douté…

  • Vous vous êtes bien amusés dis-moi ! raillais-je
  • Nous sommes tous de la même famille maintenant Jacob …
  • C’est ça !

Billy soupira, comprenant que je ne partageais pas sa façon de voir les choses … la génération de mon père n’avait pas connu d’imprégnation puisque aucun ne pouvait se transformer.

  • Que comptes-tu faire Jake ?
  • Comment ça ?
  • Avec les Cullen …

Bien joué ! Mais sa petite révélation familiale n’allait pas me détourner de l’objectif que je m’étais fixé. Seth saurait se débrouiller…je prendrais juste un peu plus de temps pour lui dire correctement au revoir. Comme je ne répondais pas, Billy murmura:

  • Tu comptes me dire au revoir avant d’aller te faire tuer chez eux au moins ?

Sa voix brisée par l’émotion me fit tourner la tête vers lui. Que pouvais-je lui dire ? Nous nous fixâmes pendant quelques secondes lorsque Seth apparut sur le pas de la porte.

  • Salut ! Il est là ! Le doc des sangsues ! Il demande l’autorisation pour passer la frontière et venir jusqu’à toi Jake …

Billy poussa brusquement son fauteuil à l’intérieur. Je le regardais faire puis répondit à Seth :

  • Dis-lui que je viens à sa rencontre… Qu’il reste à la frontière. Hors de question de discuter ici…

J’allais mettre plus de temps en voiture que si j’y étais allé en galopant mais je ne voulais pas que mes frères écoutent cette conversation.

 

Il était là, adosser à sa Mercedes, toujours aussi calme et sûr de lui. Et il était seul … Je garais la voiture et vint à sa rencontre, assez tendu malgré moi. Son odeur restait toujours plus supportable que celle des autres.

  • Bonjour Jacob.

Il me tendit la main, j’hésitais un instant et lui rendit son geste…tout un symbole ! Pensais-je. Mes ancêtres n’y auraient pas cru …pas que mes ancêtres d’ailleurs !

  • Docteur Cullen…
  • J’ai bien réfléchi à ta proposition et …c’est d’accord. C’est une manière propre et civilisée de régler le conflit. Cependant…je voudrais autre chose en plus, tu n’es pas obligé d’accepter mais …
  • Allez-y !

Tout ce qu’il voulait mais pas la guerre…

  • Je veux que tu autorises le retour de mon fils.

Ah celle-là…je ne l’avais pas vue venir ! J’aurai du m’en douter. Il vit ma crispation et continua, comme s’il marchait sur des œufs…

  • Je parle au descendant d’Ephraïm Black, à celui qui doit respecter la parole de ses ancêtres. Mon fils n’a rien fait qui corrompt le traité. Il ne mérite pas une telle sentence. C’est le choix de Bella. Et sa décision ne devrait pas entacher le traité puisque c’est elle qui le demande.

Avait-il vraiment besoin de me faire tout ce baratin ? J’étais prêt à tout lui accepter mais ça, il ne fallait pas qu’il le comprenne …j’étais censé être sûr de ma décision.

  • Si je refuse ?
  • Nous nous en tiendrons à ce que nous avons convenu.

Toujours aussi classe …je soupirais.

  • Très bien …faites savoir à Edward qu’il peut revenir à Forks. De toute façon, une fois que nous aurons conclu notre affaire, ça n’aura plus aucune importance pour moi.
  • Je te remercie Jacob Black, tu as l’âme d’un chef…
  • Non, vous vous trompez…

Il me sourit et ajouta d’un air léger :

  • Tu as eu tort de refuser ton héritage…
  • Ça me va très bien comme ça ! Merci doc…
  • Dommage. J’aime traiter avec toi.

Je crus voir ses yeux dorés briller mais ce fut très rapide. Ça aurait peut-être pu marcher entre nous si je ne m’étais pas imprégné de Bella … oui, dommage. Mais je savais que mon calme serait de courte durée si je revoyais Edward. Surtout si Bella revenait en buveuse de sang ! Il interrompit mes réflexions :

  • Alors tu peux venir demain, à l’hôpital, après mes consultations, vers dix huit heures.
  • A l’hôpital ? m’étonnais-je.
  • Je n’ai pas un laboratoire complet à la maison, répliqua-t-il en riant. Et puis, nous serons plus tranquilles.
  • Bien …je serai là.

 

11. Manipulations

Edward avait préparé nos valises avec une rapidité déconcertante. Pas que je m’étonnais de sa vitesse, ça j’y étais plus ou moins habituée, mais je trouvais étrange qu’il est l’air aussi content de rentrer à Forks… il ne s’était même pas moquer du changement de décision de Jacob ! Pour ma part, j’avais réussi à dédramatiser la situation après qu’Edward m’avait convaincu que Jacob baisserait sa garde rapidement. J’avais continué à profiter de l’hôtel et de tous ses avantages, j’avais passé beaucoup de temps avec Sarah, qui était restée finalement plus longtemps que prévu, m’amusant à l’aider à trouver un prénom pour la petite, à feuilleter les catalogues pour bébé…Edward me fixait toujours avec une étrange intensité lorsqu’il me trouvait dans ce genre d’occupations. Parfois, je me disais même qu’il manigançait quelque chose mais je me disais que de toute façon, il ne pourrait pas me faire regretter mon choix aussi facilement, surtout avec ces histoires d’enfant !

Mes rêves étaient toujours aussi bouleversants. Je n’osais pas demander à Edward si je continuais à crier le nom de Jake mais je me doutais que si…je savais que tant que je ne l’aurais pas revu, tant que je n’aurais pas pu lui expliquer, ces rêves hanteraient mes nuits. Edward l’avait sûrement compris également, il ne me faisait aucun reproche.

 

Je fis un rapide adieu à notre chambre et rejoignis Edward dans le hall où le chauffeur de taxi nous attendait.

  • Tout va bien mon amour ?
  • Oui, je crois, répondis-je dans un demi-sourire.

Le chauffeur prit ma dernière valise qui contenait mes affaires de toilettes et la rangea dans son coffre. Edward et moi attendions silencieusement…nous n’avions pas besoin de discuter de ce qui allait suivre. Une minute après, Sarah apparut dans l’allée qui menait à sa chambre, souriante mais le regard triste. Je regardais son ventre aussi gros que deux, non trois ballons de football réunis…un pincement au cœur…je sus alors à cet instant que je regrettais de ne pas connaître cette petite dont j’avais tant parlé pendant plus d’un mois. Les larmes me montèrent aux yeux. Edward passa son bras autour de mes épaules et me serra contre lui. Le froid émanant de sous sa chemise me fit du bien et je sus me composer un beau sourire lorsque Sarah se trouva à notre hauteur.

  • Bella, Edward ...

Elle me serra dans ses bras et je ris d’être obligée de me pencher pour ne pas écraser son ventre.

  • Sarah, prends bien soi de toi, prends bien soin d’Amélie.
  • Toi aussi Bella, prends bien soin de toi…

Elle insista tant sur cette phrase que je me redressais pour la regarder.

  • La vie est si précieuse, il faut profiter de chaque instant de bonheur que tu vivras mais crois-moi, le plus beau cadeau que tu puisses recevoir dans ta vie c’est un petit bout de toi avec celui que tu aimes…donner la vie, voilà notre but ultime ! Continua-t-elle dans un large sourire.
  • Oui …

Je jetais un regard soupçonneux à Edward qui nous souriait toujours,

  • J’aurai tellement aimé que tu restes assez longtemps pour la prendre dans tes bras …
  • Oui, moi aussi, répondis-je dans un souffle.

Elle me lâcha et planta un baiser sur la joue d’Edward. Elle parut surprise pendant une seconde mais se ressaisit. Edward affichait toujours une attitude décontractée.

Lorsque je me retournais avant de monter dans le taxi pour lui faire un dernier signe, je la surpris à échanger un regard entendu avec Edward et la lumière se fit alors dans mon esprit. Sarah était restée plus longtemps que prévu…un petit cadeau de mon amoureux qui se souciait tant de me faire reconnaître que la vie méritait d’être vécue. Même ses paroles avant de me quitter allaient dans ce sens. Lui avait-il demandé de me rappeler que si je voulais, je pouvais changer de vie et devenir mère à mon tour ? Je fus prise d’un léger malaise…et si notre rencontre elle-même n’était pas due au hasard ?  Je détestais être manipulée…

Je laissais le taxi démarrer, Edward avait toujours son bras sur mes épaules, guettant la crise de larmes qui ne venait pas. Au bout de quelques kilomètres, je demandais froidement :

  • Combien l’as-tu payé pour qu’elle vienne passer ses vacances dans cet hôtel ?
  • Bella …mais de quoi tu parles ? répliqua-t-il, soudain très tendu.
  • Ne te fiche pas de moi Edward ! Tu crois que je ne sais pas que tu en es capable ?
  • Bella … je ne l’ai pas payée pour qu’elle vienne dans le même hôtel que nous !
  • Hum…

Je tournais la tête vers la vitre, les lèvres serrées pour ne pas en dire plus, laissant les lumières de la ville défiler sans les voir, jusqu’à ce que ça ne fasse plus qu’une ligne jaune continue.

  • Je n’ai fait sa rencontre qu’une fois à l’hôtel…ce n’était pas prémédité, avoua-t-il.
  • Mais tu l’as payée !
  • Oui.

J’étais écœurée. Il me croyait assez stupide pour que je ne m’en rende pas compte ? Je bouillais ! Je revoyais le regard de Sarah, si elle avait été plus prudente, le plan aurait pu être parfait … ils s’étaient bien moqués de moi tous les deux !

Je jetais un regard au profil d’Edward qui, à ma grande surprise, affichait la sérénité.

Il n’avait aucun regret ! Il savait que j’étais en train de fulminer et ça ne l’affectait même pas ! Soudain, je compris.

  • Tu veux que je te déteste hein ? C’est ça Edward ? Tu te dis que si tu me mens, me trompe ou abuse de moi, je finirai par t’en vouloir tellement que je te quitterai !

Il tourna son visage si parfait vers le mien et me sourit.

  • Edward, qu’est-ce que tu veux à la fin ?
  • Je veux que tu réfléchisses Bella, déclara-t-il sérieusement.
  • Nous avons déjà discuté de ça …mais si tu veux me laisser, à ta guise ! crachais-je.
  • Je ne plaisante pas Bella…je ne compte pas te quitter à nouveau pour que tu comprennes si c’est ce que tu crois ! Je veux…je souhaite que tu pèses bien tout dans la balance ! Quand je dis tout, c’est TOUT…même ce que tu ne juges pas important pour l’instant…
  • Comme les enfants par exemple ! claquais-je.
  • Oui…, murmura-t-il. Tu as une autre option mon amour…

Je décidais d’ignorer sa dernière remarque, je ne voulais plus aborder le sujet « Jacob » avec Edward pour l’instant. Je repensais à la scène qu’il m’avait faite à l’aéroport…il avait ça en tête depuis le début !

  • Pourquoi est-ce soudain si important pour toi Edward ? Explique-moi parce que là, je ne comprends plus !
  • Parce que je veux que tu restes en vie Bella…
  • Tu étais pourtant d’accord pour m’épouser et me transformer il n’y a pas si longtemps de ça ! Qu’est-ce qui a changé Edward ?

Nous nous fixâmes pendant plusieurs secondes, qui me parurent une éternité…mais avant même qu’il parle, je savais déjà ce qu’il allait me dire.

  • Toi Bella …toi et ta détermination à devenir un monstre, toi et ton amour inconditionnel pour moi …tu as changé d’avis Bella et j’en connais la raison profonde, même si tu préfèrerais te prendre un mur ou te couper une jambe plutôt que de me l’avouer. Tu ne m’as pas demandé un délai…tu as changé d’avis, débita-t-il calmement.
  • Tu racontes n’importe quoi…, réussissais-je à articuler.
  • Arrête de te mentir ! Tu ne veux plus mourir Bella ! Et je ne t’en veux pas ! Au contraire ! C’est mon souhait le plus cher…te voir vivre ! Répliqua-t-il avec force. Bella…je veux te voir porter la vie, être encore plus belle que Sarah,  je veux voir ton teint rosir lorsque le bébé te donnera des coups dans le ventre, lui donner le sein quand il sera dans tes bras, rire de ses caresses et veiller à sa vie comme si c’était la tienne…

J’étais troublée…depuis quand Edward avait ce genre d’idées en tête ? Il continua :

  • Je ne veux pas qu’il ne reste rien de toi sur cette terre Bella…tu es si …exceptionnelle.

Une vague de souffrance traversa son visage.

  • Edward, répondis-je la gorge serrée, tu es conscient que ça n’arrivera jamais si nous restons ensemble ?
  • Oui…je ne pourrais jamais t’offrir un tel cadeau. Mais, tu sais que tu as une autre option…tu as besoin d’y réfléchir …ce n’est pas ce que tu lui as dit ? Dans ta lettre …, murmura-t-il.

Je ne répondais pas. Mon cœur venait de faire un bond au souvenir de ce que j’avais dit à Jacob, du fond de mon désespoir.

  • Contrairement à ce que tu crois, tu as la force de tout remettre en question.
  • Je m’y refuse Edward ! Tu m’entends ! Je ne te quitterai pas ! me révoltais-je.
  • Bella … Alice ne te voit plus devenir vampire…, m’annonça-t-il doucement.

Cette révélation me fit un choc ! Depuis quand avait-elle vu ça ? Depuis quand Edward le savait ? Il continua :

  • Ses visions se brouillent sans arrêt. Elle te voit floue, comme si tu étais déjà ailleurs mais que tu te forçais à rester là…tu ne trompes personne, sauf peut-être toi-même.

Je tournais à nouveau la tête vers la vitre pour échapper au regard perçant d’Edward mais je sursautais en me trouvant face à un reflet qui me fixait, moins accusateur que la dernière fois, une étincelle dans les yeux.

 

12. Je suis peut- être allé un peu fort …

A mon retour, une surprise de taille m’attendait. Leah discutait avec mon père sous l’auvent et leur conversation semblait assez animée. Apparemment, mon père voulait se griller auprès de beaucoup de personnes de son entourage…si ça pouvait le soulager…pour moi, ça ne changeait rien ! J’espérais seulement que Leah n’allait pas me prendre la tête avec cette histoire de frère. Dès qu’elle me vit, son visage afficha une étrange expression... mais je ne m’y attardais pas. J’aurai peut-être dû sentir le coup venir …

Billy rentra, un sourire satisfait aux lèvres. Je la saluais :

  • Bonjour Leah ! Du nouveau ?
  • Salut Jacob. Non, rien pour le moment. Mais je ne suis pas venue pour ça.
  • Ah …

Comme elle ne continuait pas, je l’invitais du regard à m’en dire plus. Elle soupira puis demanda :

  • ça te dit d’aller faire un tour ?
  • Euh…oui, pourquoi pas ?

Mon instinct ne m’annonçait rien de bon.

  • Jake…je ne vais y aller par quatre chemin…tu me connais, ajouta-t-elle en souriant, mal à l’aise.

Ça faisait bizarre de la voir comme ça mais je décidais de la laisser aller jusqu’au bout toute seule, histoire de voir comment elle allait me présenter ça.

  • Je me disais que …enfin, tu vois … je sais pour …pour ton imprégnation et je sais aussi que tu l’as chassée de ta vie …

Je levais les yeux vers un pin sur lequel un aigle venait de se poser, attendant la suite. Elle comprit que je ne dirais rien tant qu’elle n’avait pas lâché le morceau et soupira.

  • Enfin voilà, je me disais que toi et moi, on pourrait passer du temps ensemble, histoire de noyer notre chagrin à deux ?

Je souris mais continuais à marcher. Pendant une fraction de seconde, je nous imaginais, côte à côte, galopant dans les bois…même comme ça, non. Je ne voulais pas la blesser. Il fut un temps où je lui aurais dit « Non mais tu rêves ma vieille ! » ou encore « Désolé, mais je préfère encore être seul ! », mais depuis que je savais pour mon imprégnation de Bella et qu’aucune autre fille ne pourrait rivaliser, même avec la meilleure des volontés, je ressentais quand même un vide profond dans ma vie. Une proposition comme celle-ci aurait du me plaire mais pas Leah, non. Elle souffrait trop ! Je n’avais pas envie de supporter ça et puis…demain je serai mort ! Je n’allais pas lui donner de faux espoirs et la rendre encore plus malheureuse qu’elle ne l’était déjà. Je me rendis compte que je n’avais toujours pas parlé. Elle s’était arrêtée à quelques mètres de moi. Je me tournais vers elle, il fallait que je sois gentil mais assez ferme quand même pour qu’elle renonce à cette idée aussi vite que ça lui était venu.

  • Bella va revenir. J’ai autorisé son retour à Forks…
  • Ah …

Elle baissa la tête, elle y avait quand même vraiment cru. Elle serra les mâchoires pendant quelques secondes puis demanda :

  • Et tu comptes la reprendre ?

Je ne serai plus là, pensais-je mais ça …

  • Si elle veut oui ! Bien sûr !
  • Alors tu n’as pas compris encore ! Elle t’a jeté !
  • Leah …
  • Cette fille ne peut pas faire partie de notre famille ! Elle ne sert qu’à te faire souffrir !   

Oui bon, sur ce coup-là, je ne pouvais pas lui donner tort.

  • Ce n’est qu’une sale buveuse de sang !
  • Leah, s’il te plait …

Malgré tout, je l’espérais encore, au fond de moi …même si je ne la reverrai jamais, une petite partie au fond de mon âme essayait de faire confiance à Edward, ainsi qu’il me l’avait dit dans sa carte…il allait essayer de la faire renoncer.

  • Ecoute Leah, je sais que ça part d’une bonne intention, mais tu sais, ça va, je gère…
  • Tu parles ! Tu crois que je ne ressens pas ta souffrance ? C’est pire que moi ! On sait tous par quoi tu passes ! C’est inhumain ! S’emporta-t-elle.
  • J’essaie pourtant de vous éviter au maximum d’endurer ça …, marmonnais-je.

Elle se rapprocha de moi et sans que je voie le coup venir, elle plaqua sa main sur ma nuque et m’attira à ses lèvres de toutes ses forces. La nausée mêlée à une douleur fulgurante qui me traversait de toute part me fit propulser Leah à plusieurs mètres. Elle se releva, le regard noir. Je regrettais déjà mon geste mais c’était trop tard. Elle partit en courant, mutant pendant sa course, blessée par ma répulsion. Je ne savais pas si c’était mon esprit torturé ou son contact physique qui m’avait révulsé mais la violence de ma réaction m’attrista…j’étais vraiment condamné à rester seul et à souffrir jusqu’à la fin de mes jours. Enfin, non…je n’arrivais pas à me faire à l’idée que demain était le jour de ma mort. La nuit et la journée promettaient d’être longues …

 

13. Enfin …

Je ne vis pas passer le voyage, perdue dans mes réflexions et surtout envahie par un sentiment d’excitation insoutenable. J’essayais pourtant de me contenir, ne voulant pas m’attirer les remarques d’Edward …Lorsque l’avion se posa sur la piste de Seattle, mes poumons se vidèrent de soulagement et je compris alors que je venais de passer neuf heures à retenir mon souffle, oppressée par l’idée que tout ceci n’était qu’un rêve et que je n’allais pas bientôt retrouver Forks, Charlie …et peut-être Jake s’il voulait bien me revoir. J’avais voulu ce voyage pour fuir et finalement, j’étais tellement heureuse de rentrer que je me demandais pourquoi je l’avais souhaité si ardemment. La journée touchait à sa fin…j’étais un peu déboussolée avec le décalage horaire. Edward me guida jusqu’à la gare des taxis et lorsqu’il indiqua « Forks » au chauffeur, une vague de joie me submergea.

14. Heureusement que j’ai de l’endurance !

Dix minutes qu’elle piaillait dans son téléphone, dix longues minutes où je serai bien passé de l’autre côté de son bureau pour virer l’appareil contre le mur et elle avec ! Je faisais pianoter mes doigts sur le comptoir de plus en plus rageusement, si bien qu’à un moment donné, elle fut bien obligée de ne plus m’ignorer. Elle me lança un regard dédaigneux mais changea aussitôt d’attitude lorsqu’elle croisa le mien, soudain mal à l’aise.

  • Euh, je te laisse ma poule, j’ai un patient …Monsieur ?
  • Black !, claquais-je. J’ai rendez-vous avec le docteur Cullen.
  • Un instant …

Elle reprit à nouveau son téléphone maudit, annonça mon arrivée au docteur Croc puis me sourit en raccrochant.

  • Il vous attend…deuxième étage, troisième porte à droite.

Je ne répondis pas et filais vers mon funeste rendez-vous.

 

Je le sentis avant même de le voir. Il m’attendait sur le pas de sa porte, m’évitant un ultime renoncement. Il me souriait dans sa blouse blanche, aussi blanche que sa peau, les mains liées dans son dos. Je n’avais jamais remarqué à quel point il paraissait fatigué. Il ressemblait à un fantôme et je me dis qu’il devait en terroriser des mômes ! Une fois que je fus à sa hauteur, il entra dans son bureau. Je fus surpris par l’odeur qu’il y régnait. Celles des humains allant et venant dans son antre semblaient atténuer la sienne, presque à la faire disparaître. Il rangea quelques papiers sur son bureau puis m’indiqua une porte derrière lui.

  • Suis-moi, nous serons plus à l’aise dans cette partie…

Je le suivis, la nuque crispée…ainsi je découvrais ma dernière demeure. J’aurai pourtant aimé mourir dans les bois, même dans d’atroces souffrances…au combat, ça aurait été plus classe…

Il me présenta une sorte de fauteuil sur lequel je compris que je devais m’installer. La pièce était équipée de toutes sortes de machines ultra modernes…le docteur Cullen avait du apporter une sacrée contribution financière à cet hôpital depuis son arrivée. Bizarrement, je ressentis une sorte de gratitude pour lui et ce qu’il faisait pour les habitants de Forks…il fallait que j’arrête ! Celui-ci avait vraiment le don de me provoquer des sentiments à se cogner la tête contre les murs !

Encore une fois, il me sourit de son air « chaleureux ».

  • Bien…cette opportunité est pour moi unique, déclara-t-il en enfilant ses gants qu’il me réservait. Je te remercie d’avance pour les longues années de recherche que tu m’offres …
  • Vous croyez qu’il va vous falloir des années ? m’étonnais-je.
  • J’y compte bien, sinon ça ne sera pas intéressant !

Je l’imaginais déjà dans cent ans lançant un « hourra » de victoire en découvrant l’origine de ma mutation…

  • Ouvre la bouche s’il te plait, m’ordonna-t-il gentiment.

Ce type n’avait jamais du jurer ou crier de sa vie…

Lentement, il me passa un truc sur la langue et j’eu l’impression pendant une seconde d’être vraiment un animal… il fit disparaître le coton dans un flacon, l’air satisfait de ma coopération. Puis, il posa un petit appareil sur le front et son expression me fit sourire…oui, ma température était très élevée…

  • Etant donné la rapidité à laquelle tu cicatrises, je vais devoir utiliser des seringues pour les chevaux, m’annonça-t-il dans un demi-sourire. Elles sont plus solides car une fois qu’elles vont entrer dans ton épiderme, ta peau va les emprisonner …ça ne te dérange pas ?
  • Quelle importance ?
  • Et bien, ça risque de t’impressionner …

Il se préoccupait de mon bien être alors qu’il allait me charcuter ! Je me demandais de quelle façon il en finirait ? Choisirait-il la manière douce ? Un coup de croc et laisser le venin faire son travail …ou choisirait-il la manière la plus cruelle qui soit pour venger sa fille ? Il pouvait me déchiqueter ou me broyer …je ne sais pas trop quelle manière je préférais … je l’observais pendant qu’il m’installait un garrot… Je me sentais étrangement serein par rapport à la situation.

  • Tu as prévenu ton père de ce que tu m’offres ?
  • Oui et non…

Il releva la tête vers moi, m’invitant à continuer.

  • Disons qu’il sait que je suis avec vous mais il ne sait pas pourquoi, enfin il s’en doute…Je ne me suis pas transformé depuis notre conversation chez vous …après l’accident, précisais-je pour répondre à son étonnement muet.
  • Hum… Ton peuple aurait sûrement préféré se battre …
  • Oh ça oui ! Sûrement…c’est un peu notre but en même temps, je ne peux pas leur reprocher leur motivation…

Il préparait la fameuse seringue …je me demandais quelle explication il avait donné pour se procurer ce truc…c’était énorme !

  • Au fait, comment va votre…? Commençais-je pour ne plus penser à ce qu’il s’apprêtait à faire à mon bras.
  • Alice va beaucoup mieux, merci ! Elle a une petite cicatrice et en est très fière…
  • Pardon ?
  • oui …Jasper possède pleins de cicatrices sur le corps…elle dit que maintenant, elle peut rivaliser, expliqua-t-il en riant.

La grosse seringue s’enfonça sans problème, m’arrachant une grimace. Mais je ne ressentais rien en fait…le doc avait raison, j’étais impressionné.

  • c’est quoi le programme alors ? demandais-je légèrement, le regardant remplir de mon sang un tube puis deux, puis… j’arrêtais de les compter.
  • Et bien…tout d’abord je fais te faire toute une série de prélèvements … c’est mieux de commencer par le moins agréable …

Voilà qu’il recommençait avec mon bien être !

  • Ensuite, je te ferai un scanner complet, continua-t-il. Puis tu devras travailler un peu …faire des exercices de force et d’endurance…et je finirai par le plus dangereux pour moi.
  • C'est-à-dire ?
  • Je te ferai muter…dans cette machine que tu vois derrière toi et on recommencera les mêmes analyses mais sous ta forme animale …

L’idée me fit sourire. Si quelqu’un nous surprenait ! Mais tout ça allait prendre du temps, songeais-je …

  • Et après ?

Autant savoir tout de suite, mais il n’allait peut être pas me dévoiler tout son plan…

  • Après, tu pourras rentrer chez toi…

Je sursautais d’étonnement. Il me sourit, devinant la raison de ma surprise.

  • Tu as vraiment cru que j’allais te tuer Jacob ?
  • Je ne comprends pas …
  • J’ai pourtant essayé de t’expliquer quand tu nous as ramené Alice mais tu n’as pas voulu m’écouter …, affirma-t-il, mi moqueur, mi accusateur.

Son visage se crispa, il essayait de retirer la seringue sans trop forcer…je poussais sa main et tirais dessus. La seringue se brisa…le doc soupira.

  • Voilà ce que je voulais éviter…

Un peu honteux par mon côté « casse-tout », je le regardais prendre une lame et m’ouvrir le bras pour récupérer le morceau. Je serrai les dents…mais la plaie se referma en quelques secondes. La douleur s’atténuait déjà.

  • Mais nous avons rompu le traité ! continuais-je, reprenant là où ma bêtise nous avait interrompus. 
  • Je ne comptais pas ordonner une attaque contre ton peuple...je voulais te le dire mais ton offre était trop tentante…je ne voulais pas rater cette occasion. Tu semblais si désireux de réparer leurs fautes …

Nom d’un chien ! Si je parvenais à me calmer parfois…ça m’éviterait bien des ennuis. Mais, je revis Fenq et les jumeaux lancer leur attaque et la raison pour laquelle j’étais là me parut la moindre des choses...

  • Nous sommes responsables…JE suis responsable de ce qu’il s’est passé !
  • Ce n’est pas toi qui a attaqué Alice…tu l’as même sauvée ! D’ailleurs, je pense que ça commence à devenir une habitude chez toi de sauver tes …« ennemis », ajouta-t-il dans un sourire.

Il n’avait pas oublié sa rencontre avec les jeunes loups et mon intervention ce jour-là.

Il desserra le garrot et fit claquer l’élastique avant de le ranger dans un tiroir. 

  • Tu peux te lever, m’annonça-t-il. Maintenant, déshabille-toi pendant que je règle le scanner. Ensuite tu pourras te mettre debout contre cette plaque.

Sans mot dire, je m’exécutais et m’installais contre ce truc glacial. Le doc se trouvait derrière l’ordinateur qui contrôlait la machine. Lorsque la plaque bascula, je me laissais aller et me retrouvait à l’horizontal, face à une grosse lampe éblouissante. Une sorte de gros objectif s’approcha de moi. J’entendis le docteur Croc me dire :

  • Retiens ta respiration s’il te plait.

Quelques secondes passèrent, j’entendais des « clic » « clic » dans l’objectif puis il m’annonça :

  • C’est bon Jacob, respire…

Et la planche froide entama sa remontée…je me retrouvais à nouveau debout. Voilà, le doc avait photographié toute mon anatomie…ça avait pris dix secondes et il était heureux. Son large sourire me le confirma…

Il me laissait me rhabiller un minimum puis me demanda, pendant qu’il m’installait toutes sortes d’électrodes un peu partout sur le torse, les jambes et la tête.

  • Tu te sens d’attaque ?
  • Comme jamais !
  • Alors on y va …

Je m’installais au centre d’une machine reliée à des tas de consoles, sûrement capable de mesurer tout ce qu’il se passait en moi. Le doc hocha la tête.

Et c’était parti ! Il me fit courir, sauter, encore courir puis frapper, récupérer …courir …je ne sais pas quelle heure il était lorsqu’il m’annonça la pause mais il n’y avait plus beaucoup de bruit dans l’hôpital.

  • Impressionnant, murmura-t-il lorsqu’il analysa brièvement les données sur son ordinateur.

J’étais à peine essoufflé, même moi j’étais impressionné.

Soudain, la tension fut palpable. Il s’approcha de moi et prit un temps pour choisir ses mots.

  • Jacob … dois-tu obligatoirement te mettre en colère pour te transformer ?
  • Non, le rassurais-je.
  • Bien … Nous allons passer à l’étape suivante mais avant je voulais que tu saches à quel point je suis reconnaissant de ce que tu viens de faire aujourd’hui…je sais, je me répète mais c’est fabuleux.
  • Oui, génial…j’ai livré tous nos secrets à l’ennemi, répliquais-je en plaisantant à demi.

Il sourit mais ne fut pas dupe. C’était vrai…j’avais sauvé mes frères mais qu’est-ce que ces analyses allaient donner pour les générations à venir ? Est-ce que ce docteur si compétent allait trouver le moyen d’empêcher notre mutation ? Ainsi ils pourraient chasser à leur guise, sans prédateur …cette idée me fit frémir. Le doc semblait partager mes pensées, (il avait peut-être le même don que son fils ?) car il m’assura :

  • Ce que nous faisons aujourd’hui restera personnel, je suis médecin mais chercheur avant tout et ton espèce m’a toujours fascinée. Pour moi, vous êtes en quelque sorte magique et ça me dépasse…
  • Pourtant, votre espèce n’a rien de commun non plus …, balançais-je. 
  • Peut-être mais vous, vous êtes encore humain…

Je l’observais à la dérobé …il avait l’air tout comme moi de regretter sa vie. Comme moi, il n’avait pas l’air d’avoir choisi…en fait, lequel d’entre eux avait vraiment choisi ? Il fallait être aussi frappé que Bella pour choisir ce destin !

  • Pourquoi les aimez-vous autant ? lui demandais-je à brûle pourpoint. Les humains, je veux dire.

Il me sourit franchement et je vis dans ses yeux une étincelle. Oui, ce type était vraiment un amoureux des êtres humains. Je pensais que grâce à lui, nous avions une nouvelle race de sangsues…finalement, peut-être que grâce à lui, un jour, les petits Quileute ne muteraient plus et ne verraient plus leur vie brisée pour accomplir leur destin.

  • Il me faudrait plus d’une nuit pour t’expliquer mais pour faire court, je pense que j’ai la même passion que celle qu’éprouve mon fils pour Bella…

Aïe ! Et moi qui voulais essayer d’oublier au moins une nuit…

  • En parlant de Bella…elle est revenue hier soir, m’annonça-t-il d’un ton léger. Je veux encore te remercier pour avoir autorisé mon fils à revenir avec elle.

Il guettait ma réaction. Je ne répondis pas, me contentant de hocher la tête. Il en déduirait ce qu’il voulait. Mais à l’intérieur, j’étais complètement chamboulé. Ainsi, au moment où je croyais ma dernière heure arrivée, Bella était à quelques mètres de moi et je ne l’avais même pas sentie… mes mains commencèrent à trembler légèrement. Je vis Carlisle arrêter immédiatement de prendre des notes.

  • Jacob ?

Elle est à Forks …elle est déjà revenue ? Nom d’un chien…il ne leur a pas fallu longtemps …Je m’accrochais aux barres de l’appareil pour tenter de calmer les convulsions.

  • Jacob ! Ecoute-moi …

Les barres claquaient dans tous les sens, j’allais tout démonter…

  • Ne…Ne…vous…ap…pro…prochez-pas de moi !
  • Jacob…

Il faut que je me calme …je vais le blesser…il est trop prêt…elle avait attendu avec lui que je donne mon feu vert…elle ne serait pas rentrée sans LUI…

  • Jacob ce n’est rien…lâche-toi …
  • Re…reculez !

Je vis une lueur traverser ses yeux, je lui faisais peur…il comprit que ma fureur l’importerait peut-être sur le bon sens. Non ! Je n’allais pas le blesser ! Pas lui ! Mes tremblements se calmaient un peu, je le sentais…j’allais y arriver.

Je respirais …

Voilà…

Le médecin n’avait pas bougé. Je levais les yeux vers lui, son regard dépeignait de l’inquiétude et de la tristesse. J’en fus surpris. Il se risqua à poser sa main glaciale sur mon épaule et murmura :

  • A ce point-là Jacob ? ….

Il ne parlait pas de son fils, il avait compris que le souvenir de Bella avait provoqué cette crise.

  • Oui, soufflais-je.
  • Je suis désolé…j’espère qu’un jour, ça passera.

Il était sincère, je le savais. Mais il ne comprenait pas tout…

  • Non, ça ne passera jamais …ce n’est pas à cause de votre fils…même s’il quittait Forks, ça ne changerait rien, expliquais-je. Mais Bella…je suis… physiquement lié à elle et la douleur est…violente.
  • Physiquementlié ? s’étonna-t-il.

Alors je lui expliquais le phénomène. Celui que tous mes frères vivaient comme un pur bonheur et qui était une véritable torture pour moi. Carlisle m’écouta pendant toute mon explication, sans m’interrompre, visiblement très fasciné par cette histoire. Encore un tour de magie à mon actif ! Mais ça, il ne pourrait jamais l’analyser… Je lui racontais les théories de Sam et de Billy, sur le fait que l’on s’imprégnait de la femme qui avait le plus de chance de transmettre le gène des loups, que c’était un choix unique qui assurait sa propre descendance, normalement vécu à double sens. Un pli se dessina sur son front pendant ce passage. Je continuais sur le ralentissement de la vieillesse, sur le fait qu’un jour, je ne me transformerai plus et que je recommencerai à vieillir.

Une fois que j’eu terminé, il resta un long moment pensif. Il semblait soucieux. Je finis par l’interrompre.

  • Docteur Cullen ?
  • Oui…Oui Jacob. Nous allons continuer. Je préfère que tout soit fait aujourd’hui.

Il hésita. Je saisi tout de suite le problème. 

  • Je peux muter sans tout casser vous savez, le rassurais-je.
  • Bien … alors suis-moi. Je vais t’installer dans cette machine.
  • Qu’est-ce que c’est ?
  • C’est compliqué mais pour faire simple, elle va déjà filmer tes mutations, je pourrai ainsi les revoir au ralenti, pour voir les changements physiques…
  • Oh …
  • Et ça mesura tout ce qui se passe en toi pendant le phénomène : température, rythme cardiaque…

Ah c’était sûr, il allait bien s’éclater après !

Lorsque je ressortis de cette machine, je croisais son regard et son expression me fit sourire intérieurement. Il était vraiment admiratif ! Je recommençais donc tous les tests sous ma forme animale jusqu’à ce qu’il m’annonce :

  • Merci Jacob. Tu peux retourner dans le sas et reprendre forme humaine. Ça sera le test ultime.

Quelques secondes plus tard, je le rejoignais à son bureau. Il m’invita à s’asseoir en face de lui, comme un patient normal.

  • J’ai déjà quelques résultats qui sont extraordinaires ! affirma-t-il, un brin d’excitation dans la voix.

C’était sûr maintenant, j’avais fait un heureux ! Il détourna son regard de son écran et me sourit.

  • Encore merci Jacob !
  • Arrêtez doc … c’est bon…

Il se leva. Je compris alors qu’il était temps pour moi de rentrer. Je n’avais pas vu cette rencontre se finir comme ça et je ressentis une grosse vague de soulagement. Mon sacrifice avait ses limites. Il m’ouvrit la porte et je le saluais mais avant que je le quitte, il me dit :

  • J’espère que nous aurons à nouveau l’occasion de parler ensemble. C’est toujours un plaisir. Et encore merci pour toutes les précisions sur ton espèce, c’était …très intéressant.

Je hochais la tête, ne sachant pas trop quoi lui répondre. Il me tendit à nouveau la main. Cette fois, je lui serrais sans hésitation.

 

15. Retour parmi eux

Lorsque nous passâmes le panneau de la ville, mon excitation était à son comble. Je regardais chaque maison, chaque rue…tout m’avait tellement manqué et pourtant, je n’étais partie que depuis six semaines. Edward me prit la main, captant sûrement les battements de mon cœur que je ne pouvais pas cacher.

  • Tu veux d’abord aller voir ton père ? me proposa-t-il.

En fait, je n’avais pas songé à ce que je voulais faire. La seule chose qui hantait mon esprit pour l’instant est que j’étais de retour à Forks, que j’allais bientôt revoir ceux que j’aimais…que j’irai à la Push…nous passions justement devant la route qui y menait, mon cœur s’accéléra de plus belle. Demain matin…oui, je n’attendrai pas plus longtemps …

  • Bella ?
  • Oui…euh, je voulais dire non ! Non, allons chez toi. J’ai hâte de revoir Alice !

Quelques minutes plus tard, il demanda au chauffeur de s’arrêter. Une voiture, que je connaissais bien, nous attendait sur la place. Alice avait vu ma décision et s’était empressée de venir nous chercher. J’étais à peine sortie de la voiture qu’elle vint se jeter dans mes bras. Son corps de pierre me fit basculer légèrement, Edward me rattrapa par la taille.

  • Wouah Alice ! Je croyais que c’était moi l’excitée ! m’écriais-je
  • Bella ! Je suis si contente de vous revoir !

Elle lança un regard à son frère…il lui sourit d’un air entendu. Ils avaient encore communiqué en silence ! Elle me passa un bras autour des épaules.

  • Bella, tu m’as donné du fil à retordre pendant tout ce temps !
  • Alice …
  • Mais nous discuterons de tout ça plus tard ! Rentrons à la maison ! Vous êtes attendus.

 

Ce fut Esmée qui fut la première à me prendre dans ses bras, visiblement très heureuse de me revoir. Puis ce fut au tour d’Emmett mais là, j’ai cru que j’allais mourir étouffée !

  • Salut la belle ! Tu ne t’es pas cassée une jambe là-bas ?

Emmett ne cesserait jamais de se moquer de ma maladresse légendaire … Je fus surprise par Rosalie, qui me serra également dans ses bras. Jasper me planta un rapide baiser sur la joue…il faisait des progrès.

  • Carlisle n’est pas là ? m’étonnais-je.

L’atmosphère devint soudain plus lourde. J’avais immédiatement remarqué son absence. Encore une fois, je captais un regard échangé entre Alice et Edward, affichant un visage tendu depuis notre arrivée à la maison.

  • Que se passe-t-il ? insistais-je. 

Esmée me souriait tendrement. Je réalisais que je n’avais aucune idée des raisons qui avait poussé Jacob a changé d’avis…à partir du moment où Edward m’avait annoncé notre retour, plus rien n’avait compté que cet instant : être à Forks !

  • Nous discuterons de ça plus tard…en attendant, viens à la cuisine ! Nous nous sommes encore surpassés pour te préparer un bon plat…, déclara Emée.
  • Non Esmée…désolée mais je sens que quelque chose ne va pas …Edward ? demandais-je en me retournant vers lui, soudain angoissée. Finalement, tu ne m’as pas vraiment expliqué ce qu’il s’est passé. Pourquoi Jacob a-t-il changé d’avis ?

Emmett s’esclaffa :

  • Arrêtez de la prendre pour une idiote ! Elle le saura de toute façon !
  • Je saurai quoi ?  

Et là, Alice souleva son pantalon dans un geste théâtral. Je cru que j’allais m’évanouir lorsque je vis une énorme cicatrice grisâtre, cerclant sa cheville comme un vulgaire bracelet de chair déformé. On aurait dit de la peau morte…comme si le corps de mon amie s’était décomposé à cet endroit.

  • Alice ! Nom d’un chien ! Oh, Alice ! Mais comment est-ce arrivé ?

Son rire cristallin envahit soudain la pièce, je levais les yeux vers elle, abattue.

  • Et bien justement, en parlant de chien…
  • Quoi ? ! m’écriais-je d’une voix aigue.

Je venais de comprendre…une seule chose pouvait blesser ainsi un vampire !

  • Arrête de piailler comme ça ! Ce n’est pas aussi méchant que ça en a l’air ! Et maintenant, je peux me vanter d’avoir la plus laide cicatrice de la famille !

Elle donna un léger coup d’épaule à Jasper qui ne riait pas du tout.  Je passais mon doigt sur la cicatrice froide et bosselée, mesurant la gravité de la blessure.

  • J’ai surtout eu une bonne trouille, notamment que je ne l’avais pas vu venir celle-là !, continua-t-elle de plaisanter.

J’étais révoltée.

  • Lequel a fait ça ? demandais-je d’une voix blanche.
  • Bella, intervint Esmée. C’est du passé maintenant…
  • Non ! Je veux savoir ! Lequel ? Paul ? Sam ?...Jacob ?

Je me tournais vers Edward. Si eux ne voulaient rien me dire, lui devait tout savoir maintenant qu’il pouvait capter les pensées de tout le monde.

  • Des jeunes loups, Carlisle les avait déjà rencontrés…les derniers mutés. C’est à cause de ce qu’il s’est passé avec Victoria. Il y a eu trop de vampires d’un coup…des enfants de douze ans sont devenus loup-garou et ils sont …très instables, m’expliqua Edward gravement.
  • Jacob traite en ce moment avec Carlisle, m’annonça Alice, souriante.
  • Jacob … Mais …
  • Le traité a été rompu mais il n’y aura pas de guerre, s’exclama-t-elle, comme si le sujet était sans gravité.
  • A notre plus grand regret ! renchérit Emmett en soupirant.

Comment une chose pareille avait-elle pu se produire ? Et Jacob traitant avec Carlisle … la diplomatie à la place de la guerre … mes rêves devenaient-ils réalité ?

  • Pourquoi Jacob ? Pourquoi pas Sam ? demandais-je, intriguée.
  • Ton clébard a pas mal rongé son os depuis ton départ…, railla Emmett.
  • Bella, il m’a sauvée ! Ce qu’il a proposé était très noble. Ainsi, il nous a évité une guerre sans merci, ajouta Alice.
  • Arrête de le défendre, lâcha Jasper. Il ne vaut pas mieux que les autres !
  • Qu’a-t-il proposé ? Marmonnais-je, anxieuse.
  • Il était responsable des jeunes loups…continua Edward.

Son expression concentrée m’indiqua qu’il lisait dans les pensées de Jacob. Furtivement, j’en fus jalouse.

  • …je suis impressionné par sa décision …murmura-t-il, plus à lui-même qu’à nous tous.

Je me le répétais, demain j’irai le voir ! Au moins, je saurai l’exacte vérité.

  • Oh non ! Et moi qui comptais faire du shopping …Bella…tu ne peux pas attendre pour aller voir Jacob ?
  • Non, elle ne peut pas Alice, intervint Edward.

Je me tournais vers lui, surprise. Je pensais qu’il prendrait mal mes intentions…je vis sur son visage de la douceur et de la tendresse à mon égard. Edward n’était pas contre le fait que je revois Jake, il m’encourageait ! A nouveau, je m’enflammais, honteuse car je savais que, malgré son expression détendue, il souffrait.

Mais il me passa son bras sous le coude et m’invita à monter à l’étage. Une fois seuls, il me prit dans ses bras et je me laissais aller contre son torse froid, enivrée par son parfum.

Je remarquais que le lit installé lors de ma captivité était toujours là.

  • Je t’aurai emmené moi-même à la Push si Jacob n’avait pas été « occupé » ce soir, murmura Edward à mon oreille.

Je relevais la tête et croisait son regard empli d’amour et de tristesse. Bon sang … je ne le méritais pas.

  • Je pensais que tu ne voudrais plus que je le vois…après tout, il agit un peu comme un idiot depuis quelques temps…et puis, la dernière fois que je l’ai vu…
  • Je ne veux pas que tu passes encore une nuit à crier au loup, Bella, répondit-il moqueur. Demain, tu vas le voir et tu mets les choses à plat avec lui.

Je soupirai…

  • A moins que tu ne le souhaites pas ? suggéra-t-il.
  • Si, si !, répondis-je plus hâtivement que je ne l’aurais voulu.

Alice nous monta le repas qu’Esmée m’avait préparé. Lorsqu’elle entra, elle jeta un regard à Edward qui hocha la tête et se leva du lit sur lequel nous étions assis côte à côte.

  • Edward, Bella doit mourir de faim ! Tu ne devrais pas la retenir ici alors que nous nous sommes encore décarcassés pour lui préparer le meilleur rizotto de la Terre !

Edward rit doucement et me planta un baiser sur le front.

  • A tout à l’heure mon amour…

Le parfum du plat m’ouvrit l’appétit. Alice me posa le plateau sur le lit et je ne mis pas une seconde à avaler la première bouchée. Elle m’observait, amusée par mon enthousiasme. Je compris que le « plus tard » était arrivé, elle me laissait juste le temps de me rassasier.

  • Bella, tu es tellement …indécise, murmura-t-elle en me passant la main dans les cheveux.
  • Alice, tes visions …, murmurais-je, gênée.
  • Lorsque tu ne penses qu’à lui et que je ne te vois pas, je suis habituée, me coupa-t-elle. Mais là, pendant un temps, tu étais floue, perdue dans le futur, hésitante… ça m’a fait paniquer quelque fois car je pensais que ça n’avait rien à voir avec lui. Car avec lui, je ne vois rien. Point ! Mais Edward m’a parlé de tes cauchemars…et j’ai compris que tu luttais…il venait hanter tes pensées, tes rêves et tu essayais de le rejeter.

Je baissais la tête, honteuse que tout le monde partage ma lutte intérieure. Oui, mon esprit n’avait décidément aucun secret pour Alice.

  • Mes visions sont claires à présent, poursuivit-t-elle. Plus de transformation. J’aurai pourtant aimé qu’on soit sœurs…
  • Mais je n’ai pas renoncé à devenir vampire !
  • Cela ne dépend plus de toi Bella. J’ai bien peur que notre futur se sépare…, déclara-t-elle, tristement.
  • Je ne comprends pas …, marmonnais-je, troublée.
  • Tu sais Bella, je comprends que tu hésites, continua-t-elle, ignorant ma remarque. Jacob est quelqu’un de bien...il a fait un grand chemin depuis ton départ. Ça lui a fait du bien cette pause.
  • Arrête, je vais finir par croire que vous êtes tous devenus potes ! m’exclamais-je.  
  • Cette bataille, côté à côté, a balayé bien des colères…affirma-elle souriante.
  • Et elle en a provoqué d’autres ! objectais-je, en pensant à celle de Jacob à notre égard.

Je réfléchissais à ce qu’Alice venait de me dire.

  • Quand tu dis que notre futur se sépare, tu veux dire qu’Edward et moi …
  • Edward a toujours voulu te garder vivante Bella…c’est ce qu’il aime chez toi, ton humanité. Maintenant, c’est toi qui va devoir accepter le fait que tu vas vieillir…à ses côtés ou pas.

J’étais anéantie. Je voulais vivre aux côtés d’Edward et je refusais de le faire en vieillissant un peu plus chaque jour ! Et qu’il le veuille ou non, si je me décidais à devenir vampire, comme j’en étais encore si sûre il y a quelques semaines, ça serait ma décision ! Ma vie ! Et je demanderai à Carlisle si Edward ne voulait pas faire le sale boulot !

 

Edward me rejoignit et je ne préférais aborder aucun sujet. Je me blottis contre son torse froid et m’assoupit immédiatement. Je me réveillais à nouveau en hurlant au beau milieu de la nuit. Edward me serrait fort pendant que mon cœur tentait de se calmer, mon esprit encore tourmenté par le loup noir corbeau. Ses yeux étaient comme des vers luisants, brillant et pénétrant. Au bout de quelques minutes, Edward émit un énorme soupir mais je compris, à l’expression de son visage, qu’il voulait détendre l’atmosphère et me faire rire.

  • Désolée, marmonnais-je.
  • Il était temps de rentrer … en espérant que le fait de le revoir calme tes nuits.
  • Tu sais Edward …je ne crois pas que mes rêves concernent Jacob.

Il se redressa, surpris.

  • Pourtant, à chaque fois, tu cries son nom …encore cette fois-ci, marmonna-t-il.
  • Peut –être mais il n’est pas dans mes rêves …je crois même qu’il n’y a jamais été, physiquement parlant.

Edward fronça les sourcils, m’invitant à continuer.

  • Le loup qui me poursuit ou m’attaque est noir…pas noir comme Sam, plus noir…noir corbeau.

A ma grande surprise, Edward se redressa, contrarié.

  • Noir corbeau …, répéta-t-il. Est-il seul ?
  • Pourquoi cette question ? demandais-je, intriguée par son intérêt.

Je ne connaissais pas ce loup, Edward l’avait-il déjà rencontré ?

  • Réponds-moi…essaie de réfléchir à ce que tu vois…depuis le temps que tu fais ce cauchemar, tu as bien du voir des détails ! se moqua-t-il mais je ressentais son inquiétude.
  • Et bien …non, il est seul et je ne le connais pas. J’ai pensé d’abord à Jake puis à Sam vu la couleur mais ce loup est agressif, ses yeux sont brillant, vert je dirais…il me poursuit, il VEUT me tuer. Ce que je ne comprends pas c’est que les loups-garous ne tuent pas les humains. Non ?
  • Non, en effet, murmura Edward. Mais celui dont tu rêves a un esprit destructeur.
  • Tu le connais ?, demandais-je, effrayée.
  • C’est celui qui a attaqué Alice…, m’annonça-t-il durement.
  • Quoi ? m’écriais-je. Et tu…tu sais qui il est ?
  • Oui … mais ce gamin se cache, lui et ses frères…
  • Tu sais tout ça parce que …tu n’as pas cessé de te connecter à l’esprit de Jacob depuis notre arrivée n’est-ce pas ?
  • Oui, souffla-t-il. J’avais besoin de savoir dans quel état d’esprit il était et j’ai appris tellement de choses depuis que nous sommes là que ça en valait la peine …

Je baissais les yeux sur les draps, attendant qu’Edward m’en dise plus. Moi aussi je voulais savoir dans quel état d’esprit il était…

  • Il est calme Bella…, m’annonça-t-il en écho à mes propres pensées. Sa colère est retombée comme un soufflet après le problème avec Alice. Il se sent responsable et ce qu’il a offert à Carlisle est …enfin, je ne l’aurai jamais cru capable de ça, m’annonça-t-il légèrement agacé.
  • Vas-tu enfin me dire ce qu’il a proposé ?

Quand Edward m’expliqua ce qu’était en train de faire mon ami, au moment même où nous parlions, je fus d’abord envahi par une terrible frayeur : qu’allait faire exactement Carlisle ? Est-ce qu’il s’exposait au danger ? Est-ce que Jacob allait souffrir ? Edward rit sous le flot de mes questions et répondit :

  • Tu devrais avoir un peu plus confiance en Carlisle …et en Jacob.

16. Le revoir

Je me réveillais le matin, l’esprit embrumé. J’avais eu beaucoup de mal à me rendormir après ce que m’avait expliqué Edward et ses révélations sur le fameux loup qui hantait mes nuits depuis six semaines. Comment pouvais-je rêver d’un loup que je ne connaissais pas ? Faisais-je un rêve prémonitoire ? Si c’était le cas, j’avais du souci à me faire…mais la raison me rappelait que c’était impossible. Les loups-garous n’attaquaient pas les humains…à moins que dans ce rêve, je n’étais plus humaine ? Pourtant, je faisais un rêve similaire où ma gorge saignait, donc j’étais humaine …mais peut être que ça correspondait à autre chose ?

Je remarquais que j’étais seule. Soudain excitée à l’idée de ce que je devais faire ce matin, je me levais d’un bond. Il fallait que je me lave les cheveux ! Or de question que Jacob me dise encore que je puais à cent mètres, ça lui donnerait une raison de me rejeter et je voulais mettre toutes les chances de mon côté !

Comme tous les étés à Forks, le temps ne se prêtait pas aux petites tenues. Les vêtements que j’avais emportés pour notre séjour au pays de la pluie convenaient aussi pour ici. Pas besoin de passer chez mon père d’abord.

Lorsque je descendis pour rejoindre Edward, je découvris Esmée, Rosalie, Emmett, Alice et Jasper sur le grand canapé du salon. Ils ne parlaient pas et semblaient tendus. Ils tournèrent tous la tête vers moi à mon arrivée. Alice me sourit tendrement. Où était Edward ? Soudain, la porte du bureau de Carlisle s’ouvrit et je le vis sortir avec Edward dont le visage affichait une préoccupation profonde. Je connaissais cette expression ! Et je la haïssais ! La même que le jour où Jasper avait failli perdre le contrôle et qu’Edward avait décidé de me quitter pour ma propre sécurité ! Je l’interrogeais muettement du regard et à ma grande surprise, il me sourit. Mais ses yeux restaient soucieux. Carlisle m’accueillit dans un grand sourire.

  • Bella, heureux de te revoir.
  • Merci Carlisle…Moi aussi je suis contente d’être de retour…marmonnais-je, mais autre chose m’inquiétait. J’appelais Edward.  

Carlisle tourna la tête vers son fils qui semblait à nouveau perdu dans ses pensées ou dans les pensées d’un autre … il releva la tête et se détendit immédiatement.

  • Tu es prête mon amour ? Viens avec moi au garage.

 

 

Cette voiture n’allait pas assez vite…Pourtant la Volvo d’Edward avait de la ressource ! A ma grande surprise, il m’avait donné les clefs ce matin, se doutant sûrement que je voulais être à la Push le plus vite possible. Son attitude me déroutait. Voilà qu’il me poussait à aller voir Jacob ! Je n’arrivais pas à me concentrer sur la route. Mon cœur battait si fort que j’avais du mal à respirer …ajouté à ça les incessantes vagues brûlantes dans le bas de mon ventre, la boule compacte qui me pesait lourdement dans l’estomac…un mélange d’angoisse et d’excitation…deux sentiments complètement contradictoires mais qui traduisaient parfaitement mon incertitude quand à la façon dont Jake allait me recevoir. Edward me disait qu’il était calme, mais je connaissais mon ami, il était colérique.

 

J’appuyais à fond sur la pédale lorsque je reconnus le virage qui délimitait le territoire Quileute…voilà, j’étais seule ! Alice ne verrait plus les pensées que je m’efforçais de cacher depuis mon arrivée. Je me permis donc de réfléchir un peu à ce que j’allais lui dire… le souvenir de notre dernière rencontre brûla mes joues avec violence…Bon sang ! Mais pourquoi étais-je partie ? Ma lâcheté du moment me remplit de honte. J’aurai dû l’affronter, lui dire que je choisissais Edward, que rien n’avait changé…mais j’en avais été incapable ! J’étais minable ! Me trouver face à lui, recevoir sa souffrance en pleine figure, devoir lui mentir en lui disant que je ne ressentais rien de plus pour lui qu’une profonde amitié ? Mon baiser m’avait trahie … Mais aujourd’hui, qu’allais-je lui dire ? Serait-il encore en colère ? Edward lui avait envoyé ma lettre donc il connaissait mon état d’esprit. Une partie de moi le remerciait de ce geste qui allait me faciliter la tâche.

 

A la vue de la petite maison rouge, mes angoissent redoublèrent. Je garais la voiture et descendit si rapidement que je faillis tomber. Je marquais une hésitation devant la porte puis frappais. Aucun bruit en provenance de l’intérieur. Personne…Je pensais alors au garage et redescendis les petites marches à toute vitesse pour filer vers mon ancien refuge.

 

Je sus qu’il était là avant même de le voir. Mon cœur s’accéléra…je me demandais si j’allais parvenir à marcher jusqu’à lui ou si j’allais m’écrouler là. Dans moins d’une minute, j’allais pouvoir contempler son visage qui m’avait tant manqué. Dos à moi, il nettoyait quelque chose… Ainsi, pour lui, la vie continuait. Qu’est-ce que je croyais trouver ? Un dépressif ? Edward avait eu raison, il semblait calme…

 

Brusquement, Il releva la tête, humant l’air…Je déglutis, prête à l’appeler …mais il tourna instinctivement la tête dans ma direction. La colère qui envahissait ses yeux m’atteignit comme une balle. Je stoppais net ma marche vers lui. Il baissa la tête, crispant la mâchoire, ses bras étaient tendus à l’extrême.

  • Jacob …dis-je dans un murmure.

J’entendis le bruit mat d’un bois qui se casse… Je fis un pas mais arrêtais mon mouvement lorsque je vis ses mains puis tout son corps trembler de plus en plus fort.

  • Oh non …

Les contours de sa silhouette devenaient flous mais je vis qu’il tentait de se maîtriser. Je ne pouvais pas le laisser faire ! Sans réfléchir à ce que je risquais, je me jetais vers lui.

  • Jacob, calme-toi ! Je t’en prie…, criais-je désespérée. 

Mais il fut plus vif et s’écarta violemment de moi. Ce fut si rapide que j’en eu le souffle coupé lorsque je me retrouvais face au loup cuivré, les babines retroussées, ses yeux noirs emplis de fureur. Je ne bougeais plus, fixant un bout de tissu qui tombait sur mes chaussures… il voulait m’impressionner, c’était réussi ! Son souffle court trahissait une violence contenue. Je le fixais durement…il grogna. Bon sang ! Quel caractère ! Je fulminais.

  • Jake, arrête ça tout de suite !

Le poil hérissé, il me sentit et je fus heureuse de m’être laver les cheveux le matin… Je tentais une approche de ma main mais stoppais mon geste quand il émit un gémissement douloureux et fila à toute vitesse vers la forêt. Je me retrouvais seule…je n’avais pas vraiment prévu une réaction aussi extrême…je me sentais stupide. Qu’avais-je espéré ? Je l’avais brisé, je l’avais abandonné et j’allais le payer.

 

Hors de question de laisser les choses se passer ainsi ! J’avais attendu trop longtemps ! Je retournais à la voiture et décidais d’attendre son retour…il finirait bien par se calmer et revenir. Jake était rancunier mais ses sauts d’humeur ne duraient jamais ! Seule à mon volant, j’eu la désagréable sensation de me retrouver quelques mois en arrière, après sa mutation…la situation était quasiment la même : des moments de bonheur, une longue séparation et des retrouvailles catastrophiques !

Un grand coup sur le capot de la voiture me fit sursauter violemment… mon cœur cognait dans mes tempes et je cru halluciner lorsque je vis le trou dans la tôle de la Volvo. Edward allait le tuer ! Les yeux plissés, Jacob me fixait tout en faisant les cents pas devant la voiture. Je remarquais qu’il avait pris le temps de se rhabiller. Cela dit, il dépassait les bornes ! La colère me monta et je descendis en claquant la portière. Je me plantais devant lui avec une furieuse envie de le gifler.

  • Je te préviens Jake ! Ou tu te calmes ou je pars ! le menaçais-je.
  • Pourquoi est-ce qu’il a fallu que tu reviennes ? ! Aboya-t-il.
  • Quoi ? !
  • Je ne veux plus te voir Bella ! Sors de ma vie !

Ses mots étaient tranchants, comme une lame. Sa voix trahissait une souffrance extrême. Il était à bout…je ne savais pas comment le calmer. Je décidais de me calmer moi-même …je tentais à nouveau de tendre la main vers lui. Il recula et me hurla dessus :

  • Ne me touche pas !
  • Pourquoi fais-tu ça Jake ? m’écriais-je, exaspérée par son attitude.
  • Tu as couché avec lui ? demanda-t-il durement, son visage à quelques centimètres du mien.

Je sentis le sang quitter mon visage, mes jambes étaient devenues molles.

  • Q…quoi ? !

Qu’est-ce qu’il lui avait mis cette idée en tête ? 

  • Laisse tomber ! lança-t-il dans un geste rageur. Tu serais déjà morte si c’était le cas ! Ou tu serais …
  • Mais…mais tu n’as pas à me demander ça ! ça ne te regarde pas ! ripostais-je, hors de moi. 

Ma réponse le fit grimacer de douleur. Allait-il se calmer ?! Ou continuer à gâcher ce moment ? Tant pis pour lui ! Je reviendrai une autre fois, aujourd’hui ça ne servait à rien. Je fis demi-tour.

  • Oh non Bella …ne me quitte pas encore…, supplia-t-il dans mon dos, la voix brisée…

Je stoppais ma marche et me retournais d’un bloc.

  • Tu veux quoi Jake ? ! D’abord tu me bannis, ensuite tu veux mon retour, tu me menaces et maintenant tu me supplies de rester ! m’écriais-je.
  • Bella …c’est trop dur…

Je cru entendre comme un sanglot dans sa gorge, pourtant il ne pleurait pas. S’en était trop…j’avais tellement souffert de son absence et maintenant, nous étions là à nous déchirer !  Soudain, une violente colère m’envahie, tout était de SA faute ! S’il était moins colérique, on n’en sera pas là ! Je fonçais sur lui et me jetais violemment contre son torse. Ses bras se refermèrent sur moi comme un étau, évitant ma chute. Je le frappais de toutes mes forces:

  • Comment as-tu osé ? ! Criais-je.
  • Pardon Bella…, l’entendis-je murmurer à mon oreille.
  • Comment as-tu pu ? !

Je frôlais l’hystérie.

  • Bella chérie …pardonne-moi…
  • Tu aurais pu me blesser ! J’étais tout prêt !
  • Oui je sais…, souffla-t-il, resserrant plus fort son étreinte. Pardon…Pardon…
  • Tu m’as bannie Jake ! Tu m’as jeté de Forks ! De mon père ! De toi !!!! Espèce de sale …

Je le frappais un dernier coup, à bout de force. Il n’avait pas bougé…je savais même qu’il n’avait rien senti de ma fureur. Je sanglotais, me vidant contre son torse.

Sa respiration était calme à présent, apaisante et la colère me quitta, laissant place à une profonde lassitude. Il laissa sa tête tomber sur mon épaule. Son énorme soupir en disait long sur ce qu’il ressentait…mes bras l’enlacèrent. Je lui plaquais un baiser dans le cou avec force en lui soufflant :

  • Toi aussi tu m’as manqué Jacob.

 

17. Le toucher…

Nous restâmes un moment comme ça, à nous bercer doucement. Il n’avait pas relevé la tête de mes cheveux, je sentais sa respiration brûlante caresser mon cou. Je passais ma main doucement sur sa nuque, mes doigts jouant avec ses cheveux si courts à cet endroit, je contemplais le ciel en percevant les battements de son cœur cognant contre ma poitrine. L’odeur de sa peau envahit tous mes sens et je mesurais à quel point j’avais souffert de notre séparation. J’étouffais mais c’est ce que mon corps avait réclamé pendant toutes ces semaines. Je me sentais bien contre lui, malgré la chaleur qu’il dégageait et qui commençait à me faire transpirer.

 

Il finit par desserrer doucement son étreinte, m’arrachant un frisson lorsque le vent caressa mon dos humide…son regard était si triste…bon sang ! Est-ce qu’un jour je retrouverai le Jacob joyeux et chaleureux que j’avais connu et que j’aimais tant ? Il semblait ne plus pouvoir refaire surface…mon soleil ne parvenait plus à percer les nuages.

Une petite voix me donna la réponse : il suffisait que j’arrête de le faire souffrir et pour ça, il n’y avait pas mille solutions … je retirai mes mains de son cou mais ne m’écartais pas de lui. Il m’avait trop manqué, même un mètre serait intolérable pour l’instant ! Je le contemplais enfin, m’attardant sur chaque détail que je m’étais mentalement représenter si souvent pendant notre séparation: ses cheveux noirs en bataille, ses yeux si sombres et qui à cet instant, me dévisageaient avec la même intensité que moi, ses lèvres pleines qui pouvaient être si sauvages et tellement douces. Lorsqu’il me fixait ainsi, si sérieux, je n’avais aucun mal à voir le visage du loup qui l’habitait.

 

Je lui souris et lui pris la main. Il se laissa faire. Je fis balancer nos bras, l’invitant à marcher un peu. Nous n’avions toujours pas prononcé un mot…par peur de gâcher cet instant…Une conversation normale…voilà ce qu’il nous fallait, comme avant ! Je me raclais la gorge, nerveuse :

  • Je ne sais pas si je te l’ai dit mais je me suis inscrite à l’université de Seattle, lui annonçais-je sur un ton que je voulais léger.
  • Ah…

Je lui jetais un regard en biais, inquiète.

  • C’est tout ce que tu as à répondre ?
  • Non, c’est cool …
  • Oui, je resterai chez Charlie, je pourrai venir souvent.
  • Oui…

Bon sang ! Pourquoi se retenait-il autant ?

  • Tu…tu as reçu ma lettre je crois…

Mauvaise pioche…je venais de sentir ses doigts se crisper.

  • Oui…Ton petit ami de vampire a jugé bon de la sortir de la poubelle, répondit-il, amèrement.

Ma gorge se serra, douloureuse…c’était si facile avant…mais je n’avais plus envie de l’affronter sans cesse. Je lui caressais le dos de la main avec mon pouce, espérant le détendre. Il gardait la tête baissée vers le sol, continuant à marcher au même rythme que le mien. A quoi pensait-il ? Je m’arrêtais pour lui faire face, une furieuse envie de crever l’abcès.

  • Jake…regarde-moi !

Il leva à nouveau ses yeux tristes sur moi…j’avais envie de le secouer. Je n’étais pas habituée à le voir rendre les armes aussi facilement.

  • Je …je devais partir …pardonne-moi. J’en avais besoin, pour réfléchir, tu comprends ?
  • Non !

Il lâcha ma main et avança, me bousculant légèrement au passage. Voilà que ça recommençait ! Il allait me mener la vie dure…j’allais devoir me battre.

  • Jacob…s’il te plait…

Il s’arrêta puis se décida enfin à me faire face. Je lus une telle détermination dans ses yeux que soudain, je pris peur. Je n’aimais pas ce masque sur son visage, je voulais mon soleil.

  • Bella, je t’aime. Déclara-t-il d’une voix grave. Je t’aime avec une telle force que ça m’empêche de respirer parfois  mais …mais c’est trop dur.  Je ne peux plus me contenter de ça … de ta présence passagère…de tes absences interminables…
  • Jake…
  • Non, laisse-moi finir, m’ordonna-t-il calmement. Je te le demande en tant qu’ami, puisqu’il n’y aura jamais rien d’autre…

Je baissais la tête, je ne voulais pas qu’il voit à quel point cette idée me coûtait …il continua :

  • Laisse-moi Bella… si tu as un minimum de sentiments pour moi comme tu le prétends, laisse-moi. Ne viens plus me voir, ne m’appelle plus …Reste avec Lui ! Oublie-moi…
  • Non …, murmurais-je, à nouveau les larmes aux yeux.

Je refusais d’entendre ces mots ! Ça sonnait faux ! Il ne pouvait pas être sincère !

  • Bella, tu veux que je devienne fou ? s’écria-t-il, agacé par mon attitude. Pourquoi ne comprends-tu pas ? Je ne veux plus être ton ami ! Je ne peux plus jouer la comédie, c’est au-dessus de mes forces ! Je te veux pour moi, entièrement ! Tous les jours à mes côtés ! Je ne peux plus supporter de te partager, de t’attendre, de t’embrasser et de te regarder partir !
  • Jake …
  • Nom d’un chien Bella !  Tu étais partie…pourquoi es-tu revenue me voir ?

Sa question me blessa profondément. J’avais tellement pensé à lui…les larmes coulaient à présent, silencieuses.

  • Fais ton choix Bella, mais qu’il soit définitif !
  • Je …je ne peux pas Jacob…

C’était la vérité…j’en étais incapable. Je ne voulais pas quitter Edward et je voulais être plus avec Jake. Je voulais les deux ! J’étais égoïste mais à cet instant, je m’en fichais. J’étais au bord du désespoir. J’avais envie de lui crier à quel point je l’aimais, à quel point j’avais besoin de lui.

  • Alors je vais le faire pour toi, déclara-t-il froidement.

Je relevai la tête, soudain terrorisée par ce qui allait suivre. Il irait jusqu’au bout ! Il voulait vraiment me jeter de sa vie !

  • Tu…tu veux vraiment qu’on ne se revoit plus ?...Plus jamais ? Couinais-je, sentant l’hystérie me gagner à nouveau.
  • Oui…c’est ce que je veux Bella.

Non, il ne pouvait pas dire ça ! Il voulait me pousser à bout ! Je me mordis les lèvres jusqu’au sang, les larmes inondant toujours mon visage. Il posa ses mains chaudes sur mes joues et les essuya par des caresses lentes.

  • Ça sera mieux ainsi ma chérie …même si ça me coûte, même si au moment où tu vas me quitter, je vais souffrir comme jamais…ça ne peut pas continuer comme ça…je finirai par te faire du mal…, murmura-t-il.

Ses yeux caressait mes lèvres…je me surpris à espérer qu’il se laisse aller. Mais il fronça les sourcils et me lâcha. Sa retenue me frustra. Je secouais la tête…je ne savais plus où j’en étais… Faire un choix, prendre une décision…je n’étais plus capable de rien. Je me retrouvais dans le même état qu’avant mon départ…

Et si je restais là ? Je m’en sentais soudain capable…ne plus quitter la Push, rester dans les bras de Jacob, abandonner Edward … non ! C’était impossible…et pourtant, cette idée me traversait de plus en plus souvent l’esprit.

 

Les mains sur les hanches, il réfléchissait et je compris qu’il luttait intérieurement contre sa décision. Je posais mes mains sur les siennes, les caressant jusqu’à ce que ses doigts emprisonnent les miens. Je voulais qu’il capitule ! Nos contacts physiques étaient ce qu’il y avait de plus naturel entre nous, depuis le début. Pourquoi tout n’était pas aussi facile ?

 

Nous avions tous les deux les yeux sur nos doigts entremêlés quand il finit par me lâcher. D’une main ferme posée sur mes reins, il me dirigea doucement vers la voiture. Il m’ouvrit la portière, je le regardais faire, comme dans un mauvais rêve.

  • Qu’est-ce que tu fais ? murmurais-je.
  • Bella, je suis sérieux…retourne près de lui et laisse-moi s’il te plait.
  • Non !
  • Bella …
  • Non !

Je claquais la portière et vint me poster à quelques centimètres de son visage.

  • Tu ne te débarrasseras pas de moi comme ça Jacob Black ! Nous habitons la même ville je te rappelle ! Nos pères sont amis ! Nous serons forcément obligés de nous revoir ! Et là, tu comptes faire quoi ? m’écriais-je.

Il me sourit tristement et rouvrit la portière.

  • Nous verrons à ce moment là. Et si c’est trop dur, je quitterai Forks.

J’étais anéantie. Jamais je ne l’avais vu aussi déterminé…alors, comme un automate, je m’installais au volant de la voiture.

Les mains tremblantes, je mis une minute à retrouver les clefs pendant qu’il m’observait, dans l’encadrement de la fenêtre.

  • Il n’a pas peur que tu la plantes dans un arbre ? se moqua-t-il, soudain plus détendu.
  • Il va me tuer …
  • Allez, il peut s’en acheter dix des pareilles ! ça lui fera un souvenir de moi, ricana-t-il. Ouvre le capot tiens ! 
  • Quoi ? !
  • Vas-y, ouvre-le !

Je cherchais la manette pendant quelques secondes mais Jacob fut plus rapide que moi, il appuya sur un bouton près du volant. Je fus prise d’une légère appréhension…qu’allait-il encore faire ? Il se dirigea devant la voiture et souleva le capot. Puis j’entendis un gros Bang ! Et il le claqua aussitôt, un large sourire aux lèvres. Je sortis en trombe de la voiture pour aller voir les dégâts, horrifiée.

  • Mais qu’est-ce que t’as fait ? !

Le trou avait disparu laissant place à de la tôle ondulée…Jacob avait frappé dans l’autre sens pour tenter de réparer les dégâts. Je fulminais.

  • Et tu crois qu’il ne va pas le voir !
  • Bien sur que si ! S’éclaffa-t-il. Mais ça fait moins tarte comme ça.

Je lui lançais un regard noir mais le voir rire ainsi chassa rapidement mon irritation. Ce Jacob là me manquait tellement…je me décidais malgré tout à remonter dans la voiture.

Il vint à nouveau à ma fenêtre et se pencha vers moi. Je me tendis vers lui et il déposa un baiser brûlant sur mon front. Ses lèvres s’attardèrent pendant quelques secondes. Puis, il repoussa une mèche de mes cheveux.

  • Ma souffrance va être terrible…, murmura-t-il dans un demi-sourire, le regard voilé.

Ma gorge se serra, il fallait que je parte tant que j’en avais encore la force ! Je me dégageais et fis démarrer le moteur.

  • Tu aimes ça ! Souffrir ! Ça te plait de jouer les martyres ! répondis-je, hargneuse. Mais que les choses soient bien claires Jake : c’est toi qui devras venir me rechercher !

Le regard indéchiffrable, il resta silencieux. J’enclenchais la vitesse d’un geste rageur afin qu’il ne voit pas les larmes qui envahissaient encore une fois mes yeux.

 

18. Je ne suis qu’un gamin stupide…et lui, un vrai calculateur.

Je restais un moment ainsi, anéanti. Est-ce vraiment la dernière fois que je la voyais ? Non, bien sûr que non. Elle avait raison, je serai incapable de ne plus la voir. La brûlure était si intense, le choc avait été violent…j’aurai pu la blesser, qu’elle devienne comme Emily…je ne me le serai jamais pardonné, je ne me le pardonnerai jamais ! Je n’avais pas pu me contrôler … mais en y réfléchissant, je n’avais pas lutté très longtemps. Est-ce que j’en étais là ? A vouloir lui faire mal, lui faire peur ? Mais, j’aurai le temps de réfléchir à tout ça plus tard, en attendant, une forte odeur puante bien familière me chatouillait les narines. Je tournais la tête et me retrouvais face à Edward. En équilibre sur une branche basse d’un pin, à quelques mètres de moi, il me fixait de son sourire suffisant. J’avançais vers lui avec une furieuse envie de mordre.

  • ça va ? Tu as bien profité du spectacle, sale parasite !
  • Je ne tenais pas à suivre vos retrouvailles ni ici, ni à distance figure-toi, mais tu braillais tellement fort dans ta tête que tu as piqué ma curiosité….tu ne me facilites pas la tâche avec tes caprices, me lâcha-t-il, l’air faussement sévère.

Mais pourquoi je me sentais toujours comme un môme de dix ans face à ce type ?

  • Ce ne sont pas des caprices ! J’essaie de passer à autre chose.
  • C’est n’importe quoi …, ricana-t-il.
  • Comment oses-tu me juger ! Tu n’as pas toujours pris les meilleures décisions il me semble !
  • Sauf que dans mon cas, j’avais le choix. Toi non.

Son côté paternaliste avait le don de m’exaspérer.

  • Ça me regarde ! aboyais-je.
  • Tout ce qui touche à Bella me regarde. Carlisle m’a expliqué Jacob.

Nom d’un chien, j’aurai mieux fait de me taire ! Il allait encore bien se marrer avec cette histoire !

  • Ne crois pas ça, pour moi ça change tout, déclara-t-il.

Je levais les yeux vers lui, étonné.

  • Je croyais que ça marchait comme une sorte d’attraction…un truc magique, indestructible, pour lequel on ne peut pas lutter ? continua-t-il, réellement intrigué.
  • Dans mon cas c’est ça oui…, marmonnais-je.

Je ressentais soudain une profonde lassitude face à tout ça. Ce truc d’imprégnation allait me suivre toute ma vie comme un boulet. Dans notre histoire, je serai « celui qui… »…ce n’était pas suffisant que toute la meute assiste à ma honte, fallait encore que les générations futures le soient. Je réalisais qu’Edward m’observait, me laissant me flageller avec mes réflexions idiotes sans intervenir, attendant sûrement la suite de ma phrase…je soupirais.

  • Bella ne ressent pas ce que toutes les femmes imprégnées ressentent. Inconsciemment, elle me rejette.

Voilà, il devait être content.

  • Es-tu sur que c’est inconsciemment ? railla-t-il.

Je lui jetais un regard noir et à ma grande surprise, son visage prit une expression plus sérieuse.

  • Excuse-moi. Bella a …une sorte de don, quelque chose qui marche comme un bouclier…en tous cas, c’est comme ça que je le ressens.

Si seulement elle le rejetait aussi ! Il avait l’air d’être aussi agacé que moi.

  • Explique-toi, demandais-je, me rappelant un truc que Bella m’avait déjà expliqué.

Il était maintenant debout, face à moi. Je ne l’avais pas vu descendre de son perchoir. Trop rapide…

  • Je ne peux pas lire dans ses pensées, expliqua-t-il. Ça doit être la seule personne sur Terre qui est capable de résister à mon pouvoir…j’en conclue donc que c’est la même chose pour le tiens.

Je ne suis pas comme toi et je n’ai pas de pouvoir !

  • On se comprend…, répondit-il à ma réflexion muette. Mais même si Bella ne ressent pas ton « attraction », les faits sont quand même là : je vous ai toujours vu comme deux âmes sœurs, mais là, elle devient celle qui doit assurer ta descendance.
  • On ne parle plus comme ça à notre époque ! m’esclaffais-je.

Ce type a mille ans !

  • Peut-être bien, murmura-t-il dans un sourire crispé. Mais, ça ne change rien au fait.
  • Ce n’est que la théorie de Sam, y a rien de prouver sur le sujet…rétorquais-je, agacé d’en avoir trop dit à Carlisle.
  • Tu es le seul à ne pas croire à cette théorie.
  • Peut être parce que ça me permet de ne pas devenir fou !

 

Edward m’observait à nouveau en silence. Qu’est-ce qui pouvait bien encore se tramer dans son esprit torturé ?

  • Côté torture, tu ne vas pas tarder à rattraper mon niveau, se moqua-t-il. Tu m’intrigues encore…je pensais que tu en informerais Bella, ça la concerne après tout …
  • Je t’interdis de lui parler de quoique ce soit ! je te l’interdis ! ordonnais-je, mon visage à quelques centimètres du sien.

Il me souriait, content de m’avoir provoqué.

  • pourquoi est-ce que tu ne veux pas qu’elle le sache ? continua-t-il, sceptique.
  • Et toi, pourquoi est-ce que tu tiens tant à ce qu’elle le sache ?
  • Réponds à ma question puisque tu te forces à me cacher tes pensées.

Voilà, il reprenait son rôle de dominant ! Et puis, après tout, s’il était capable de comprendre, il réfléchirait peut être à deux fois avant d’aller moucharder auprès d’elle ! Encore une fois, je soupirais, essayant d’expliquer ça calmement.

  • Une fois, elle m’a demandé si le phénomène m’avait touché et elle était soulagée lorsque je lui ai dis non…je ne veux pas lui faire peur et je ne veux pas qu’elle se sente encore obligée de se sacrifier.

Je laissais ce souvenir envahir ma tête afin qu’il voit son malaise ce jour-là et ce que j’avais ressenti face à ça.

  • C’était il y a combien de temps ? demanda-t-il, toujours aussi perplexe.
  • Quelle importance !
  • Et bien, depuis, les choses ont évolué…

Bon sang, il jouait à quoi là !

  • Ça te plait de remuer le couteau dans la plaie hein ! Tu viens là, à me faire ta morale et à jouer les grands seigneurs mais tu ne la lâcheras pas pour autant !

Il baissa les yeux, il ne pouvait pas me contredire…

  • Ecoute Jacob, je sais que tu ne me crois pas mais je tiens plus que tout à ce que Bella reste en vie et pour moi, le fait qu’elle te soit destinée de cette façon est une solution à mon problème, m’expliqua-t-il gravement. Tu te souviens de mes quatre options ?

Comment pouvais-je les avoir oubliées ! Une seule me convenait, la première : qu’il la quitte !

  • Je n’ai pas abandonné la première option, Jacob. Et je n’ai pas oublié ta proposition.

Celle qu’il me laisse du temps, pour la rendre heureuse …

  • Et maintenant que ce que je craignais le plus pour toi s’est finalement produit avec elle, je n’ai plus aucune raison de m’inquiéter. Il est évident qu’elle t’appartient et que tu ne la laisseras jamais tomber pour une autre.  
  • Arrête ça tout de suite ! sifflais-je.

Pourquoi prenait-il autant de plaisir à me torturer l’esprit avec ses grandes idées ! J’allais encore passer des heures à laisser le poison envahir ma raison jusqu’à ce que la réalité me réveille et qu’elle me fasse hurler de douleur. 

  • Je sais parfaitement ce que tu ressens et je ne le souhaite à personne, affirma-t-il, comme pour s’excuser.
  • Je ne veux pas de ta pitié ! crachais-je.
  • Je n’ai pas pitié de toi Jacob Black ! J’essaie de comprendre pourquoi tu as cessé de te battre. Tu me disais encore il y a peu de temps que tu pouvais la rendre heureuse. Imprégnation ou pas. Sachant maintenant les sentiments qu’elle a pour toi, tu baisses les bras alors que ça semble plus facile qu’avant…, insista-t-il.

Est-ce que j’avais baissé les bras ? Est-ce que j’avais cessé d’y croire ? Bien sûr que non ! L’espoir ne m’avait jamais quitté.

  • Alors pourquoi la rejettes-tu ? riposta-t-il. Oui, bien sûr…tu espères qu’elle se rendra compte qu’elle ne peut pas vivre sans toi, murmura-t-il.

Il y avait de ça peut –être mais c’était plus compliqué et je n’avais aucune envie de discuter de ça avec lui ! Il lisait dans mon esprit ? Il voulait savoir pourquoi ! Pour être sûr, je me forçais de lui envoyer en pleine figure les images de mes nuits agitées, prenant bien soin de penser aux pires de ces dernières semaines, de ce que j’avais ressenti en la prenant dans mes bras ce matin, de toutes les idées folles qui envahissaient ma tête quand je pensais à elle, quand elle était près de moi, quand elle n’y était pas… Qu’est-ce qu’il voulait ? Que je lui fasse un dessin !

  • Non, ça ira, répondit-il. Je crois avoir saisi maintenant.

Il resta un long moment ainsi, les yeux dans le vide.

  • Qu’est-ce qu’il se passe ? Je t’ai choqué ? Finis-je par demander.
  • Non…c’est seulement que …sur ce coup-là, je dois dire que tu me bats, déclara-t-il en riant.

Son expression me fit pouffer de rire et pendant un instant, nous avions l’air de deux « copains normaux » en train de délirer sur la plus belle fille du lycée. Je fus le premier à reprendre mon sérieux. Je voulais qu’il comprenne bien la situation.

  • Imagine ce que je fais subir aux autres ! Cette envie de la …toucher, de la sentir, c’est constant …c’est une attraction, une très forte attraction …et je sais que ce n’est pas ce qu’elle veut…alors pour ne pas la blesser, pour ne pas commettre un geste qui la ferait fuir à jamais en me haïssant, je préfère l’éloigner de moi.

Edward hochait la tête, perdu dans ses pensées…ou dans les miennes.

  • Qu’est-ce que tu attends de moi au juste ? soupirais-je.
  • J’attends que tu cesses de faire l’idiot. Je compte sur toi pour contrôler tes pulsions animales et aller la rechercher, comme elle te l’a demandé, me lança-t-il sur le ton de quelqu’un qui n’admettait aucun repli.  
  • Je vais encore avoir l’air d’un imbécile, marmonnais-je.
  • Elle te pardonnera, comme toujours, répondit-il en haussant les épaules.

Ainsi, il la laissera passer du temps avec moi ? Sans limite…

  • Je ne lui ai rien interdit…je ne suis pas son père, répondit-il à ma question.
  • Et ceci en sachant ce qui peut se passer ? J’ai l’impression qu’il y a un truc qui ne tourne pas rond chez toi…

Est-ce qu’il se rendait bien compte du problème ? Fallait que je sois sûr.

  • Je ne crois pas que tu ais l’intention de refaire la même erreur que la dernière fois…tu VEUX qu’elle s’imprègne donc tu attendras qu’elle fasse le pas elle-même, répondit-il en écho à ma pensée.
  • Tu es conscient que si je me laisse aller, je risque de l’embrasser et peut être plus ? lui rappelais-je.
  • Pour ça, il faudrait encore qu’elle se laisse faire !, s’éclaffa-t-il. Mais n’abuse pas de ma confiance, loup.

Décidemment, je ne saisirais jamais comment fonctionne ce type.

  • Ne cherche pas, tu ne comprendrais pas.

Sympa ...En gros, je n’ai pas le droit de la toucher mais si elle me touche, ce n’est pas grave…, pensais-je.

  • C’est un peu l’idée …, affirma-t-il dans un demi-sourire. Disons que, comme je te l’ai déjà dit, si c’est elle qui décide, je ne ferai rien contre sa décision. Si on la force, là je me fâche…, précisa-t-il sur un ton qui ne laissait aucun doute sur ses intentions.

J’étais quand même mal à l’aise. On avait l’air de deux conspirateurs.

  • Comment peux-tu prétendre l’aimer alors que tu passes ton temps à la manipuler pour qu’elle renonce à toi ! m’exclamais-je.
  • Je pensais que ma façon d’agir te conviendrait vu que tu en tireras tous les bénéfices.
  • Ça n’empêche que tu la manipules ! Qu’est-ce que tu cherches ? Qu’elle te déteste ?

Je vis dans ses yeux une étrange lueur. Ce mec souffrait-il autant que moi ? Alors qu’il l’avait pour lui ?

  • Je veux sauver son âme, m’avoua-t-il dans un souffle, en levant vers moi des yeux remplis d’une tristesse infinie.

Que pouvais-je lui répondre ? Je ne pouvais qu’être d’accord avec lui. Mais moi, je voulais en plus sauver son corps ! Je voulais qu’elle vive et vieillisse à mes côtés mais ça, elle ne le voulait pas.

  • Je n’en suis plus aussi sûr…, déclara-t-il. Elle a passé toute la nuit à pleurer le jour de notre départ…à TE pleurer. Ça été un déchirement total et ça m’a redonné espoir lorsqu’elle m’a demandé de reporter sa …mort. Et bien que de te voir l’embrasser m’a mis dans une rage folle, j’ai compris à cet instant que tu venais de lui sauver la vie.

Je repensais au mot qu’il m’avait envoyé, lorsqu’il m’affirmait qu’il ferait tout pour la faire changer d’avis. L’autre partie du message me revint également, ranimant une sourde colère.

  • C’est pour ça que tu nous as chassés de Forks ? avança Edward, captant ma pensée. Si ça peut te rassurer, elle ne me l’a plus jamais demandé depuis votre…baiser. Je voulais seulement te prévenir qu’elle avait ça dans la tête et tu la connais … elle est têtue.
  • Oui … merci quand même.

Merci de ne pas l’avoir salie, merci de ne pas l’avoir tuée…précisais-je dans ma tête.

Je sentis qu’il s’apprêtait à partir mais il se ravisa.

  • Au fait, je n’ai pas encore eu le temps de te remercier pour ma sœur.

L’image d’Alice mutilée, le bruit mat de sa cheville arrachée…je ne sais pas pourquoi mais cette vision me dérangeait, me remplissait de honte, comme si j’en avais quelque chose à faire de cette sangsue ! Mais bon…c’était l’amie de Bella et elle me faisait toujours penser à un petit lutin des bois. Pas bien dangereuse …

  • Je n’ai fait que mon devoir.
  • Non, tu as fait plus que ça. Ne sois pas si modeste, ça ne te va pas. J’ai vu dans ton esprit les difficultés que vous avez avec ces jeunes loups…
  • Oui…ils nous posent problème en effet, admis-je.  
  • Vous comptez attendre encore longtemps comme ça ? Même si vous ne savez pas où ils sont, ce sont quand même des enfants ! Vous avez plus d’expérience qu’eux non ?

S’il croyait que c’était si facile ! Une fois qu’ils étaient sous leur forme humaine, pas moyen de les détecter ! Pourtant, nous les cherchions mais ils étaient rusés. Chacun de nous, à tour de rôle, montions la garde afin de les capter s’ils se décidaient à muter. La connexion se ferait, immédiate. 

  • Crois-tu qu’ils seraient capables de s’attaquer aux humains ?

Pourquoi pensait-il à ça ? Je repensais aux jumeaux et à leur frère, aux nombreuses fois où j’avais dû intervenir pour les calmer.

  • Leur faire peur oui car ils l’ont déjà fait…autre chose, non, c’est contre-nature.

Il semblait soucieux. Pourquoi cette question ?

  • Bella a rêvé du plus vieux, Fenq …

Bella ? Mais elle ne l’a jamais vu !

  • Je sais …c’est pour ça que je te le dis.
  • Ils finiront bien par sortir du bois ou de l’endroit où ils se cachent, et là, nous les choperons. Et puisque tu sais à quoi ils ressemblent …, marmonnais-je, réalisant trop tard mon erreur.
  • Quoi ? Tu me proposes une nouvelle alliance ? s’étonna-t-il avant même que je n’aie formulé ma pensée.
  • Ça vient de me traverser l’esprit, en effet, répondis-je dans un sourire, malgré moi. Après tout, vous chassez souvent, vous pouvez couvrir une bonne partie du territoire, bien que je sois persuadé qu’ils ne sont pas à Forks en ce moment. 

Il réfléchit à ce que je venais de lui proposer. Il fallait quand même que je parle à Sam de toutes les décisions que j’avais prises depuis vingt quatre heures …

  • Sam n’est toujours pas au courant pour ta nuit avec Carlisle ? Ah oui…, murmura-t-il en lisant dans mes pensées, tu ne veux toujours pas de ton rôle d’Alpha…enfin, si ça continue, tu vas finir par lui prendre sa place sans qu’il s’en rende compte, même si ce n’est pas ce que tu veux. Tu es né pour ça…

Il n’avait pas tort. J’avais fait un peu cavalier seul depuis quelques temps…

  • Je vais l’informer maintenant, répondis-je, en rejetant sa remarque.
  • Tiens-moi au courant de ce que tu veux que nous fassions.
  • Comment je te contacte ?

Etais-je vraiment en train de refaire alliance avec le groupe des sangsues ? J’allais finir par croire que nous étions devenus potes.

  • Pense à moi et je finirai par t’entendre, répliqua-t-il dans un sourire.

Ah, ça lui plaisait ça !

  • Et félicite Sam de ma part …
  • Quoi ?

Il avait filé, me laissant ainsi sur le carreau. Bon sang ! J’allais me faire allumer par Sam quand il apprendrait tout ça. Je devais reprendre ma place à ses côtés. Ma place de Bêta.

 

19. Charlie

Non, je n’allais encore pas m’effondrer et pleurer toutes les larmes de mon corps pour Jacob ! Son caractère colérique me révoltait ! Je m’accrochais à ce que j’avais décidé : il viendrait me chercher ou c’était terminé ! Cette pensée me brisa le cœur pendant quelques minutes mais je me ressaisis vite. Ce n’était pas la première fois qu’il était aussi excessif, ça lui passerait, comme le reste. Je garais la voiture devant chez Charlie. La sienne était encore là. Une vague de culpabilité mêlée à la joie de le revoir m’envahie. J’étais vraiment une égoïste. J’aurai dû venir le voir hier soir ou ce matin, avant d’aller perdre mon temps ! Je claquais la portière de la voiture un peu plus violemment que je ne l’aurai voulu.

  • Allons, qu’est-ce qu’il se passe encore ? lança mon père qui était apparu sur le pas de la porte.
  • Charlie !

J’avançais vers lui en prenant soin de me composer un sourire qui devait plus ressembler à une grimace car il ne convint pas mon père.

  • Tu as piqué la voiture d’Edward ? Il ne voulait pas te laisser partir ?
  • Quoi ? Mais non !

Qu’est-ce que mon père s’imaginait encore ? Ou espérait … Qu’Edward et moi nous étions disputés et que j’avais filé en trombe jusqu’ici avec sa voiture…

  • Je suis contente de te revoir aussi papa !
  • Oh…euh, oui. Tu es rentrée depuis quand ?
  • Hier soir …, répondis-je d’une petite voix, espérant qu’il ne m’en voudrait pas d’avoir passé la nuit à la villa sans venir ici avant.
  • Hum…bon, c’était bien les vacances ? Tu es encore plus blanche qu’avant de partir ! T’es sûre qu’il faisait beau ?
  • Oui, oui mais tu me connais …j’ai horreur de passer du temps à me faire griller sur la plage …
  • Oui mais quand même …tu as une sale tête ma fille.

Il rentra dans la maison, je le suivis jusqu’à la cuisine.

  • Charlie ! Qu’est-ce qu’il s’est passé ici ?
  • Quoi ?
  • Mais c’est nickel ! Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? m’esclaffais-je.
  • Oui…euh…merci.

Je regardais plus attentivement mon père…quelque chose clochait. Il s’était coupé les cheveux, il semblait avoir pris soin de lui pendant mon absence. Bon sang !

  • Tu as rencontré quelqu’un Charlie ?
  • Quoi ? Moi, mais non enfin…

C’est ça…et bien sûr, il ne voulait pas me dire qui c’était. Ce qui m’intriguait surtout c’était comment mon père avait-il pu rencontrer quelqu’un ? Il ne sortait jamais, passait son temps au poste…ça pouvait être une nouvelle recrue ? Quelqu’un qu’il avait arrêté ? Une femme qui l’avait appelée au secours ? Je voyais déjà le scénario d’ici…et s’il n’était pas au boulot, il traînait à la Push…et là bas ? Non, je ne voyais pas. En même temps, je ne connaissais pas tout le monde ici ou à la réserve.

  • Tu restes ici aujourd’hui ? Me coupa mon père.
  • Oui, pourquoi ? ça t’embête ? le taquinais-je dans un sourire.  
  • Non, non…non. Je file au poste et j’essaierai de rentrer tôt.

La perspective de passer une soirée pizza à ses côtés me séduisait. Un moment de tranquillité et de solitude, voilà ce dont j’avais envie. 

 

Mais c’était sans compter sur Alice ! Je n’étais pas dans ma chambre depuis dix minutes que mon téléphone sonna.

  • Ne compte pas là-dessus ! s’écria-t-elle.

Au même moment, Edward entrait par la fenêtre de ma chambre, un léger sourire aux lèvres. Je levais les yeux au ciel en répondant :

  • Alice … Je n’ai pas revu mon père depuis six semaines …

Edward secoua la tête, captant les pensées de sa sœur.

  • Tu ne le sais sûrement pas car tu étais trop occupée à foncer à la Push ce matin, mais ce soir, il y a le bal de l’été à Forks ! Donc pas du shopping ce matin, ok mais cet après-midi, tu n’y couperas pas !
  • Alice …

Je jetais un œil à Edward qui haussa les épaules.

  • Très bien, vas pour le shopping… capitulais-je, en raccrochant.
  • Tu lui as beaucoup manqué mon amour…
  • Je sais, soupirais-je. Elle aussi m’a beaucoup manqué. Seulement, je voulais passer un peu de temps avec mon père aujourd’hui.

Edward rit doucement en passant sa main dans mes cheveux.

  • Je crois que ton père ne sera pas fâché si tu sors ce soir Bella.
  • Toi, tu sais qui c’est ! m’exclamais-je, heureuse qu’Edward pouvait lire dans les pensées de Charlie.

Il hocha la tête et déclara dans une petite moue :

  • Je lui laisse le soin de t’expliquer …
  • Oh non…
  • Allez Bella, laisse-lui ses petits moments de cachotterie, ça lui fait du bien. Il a l’impression de revivre sa jeunesse…
  • C’est quelqu’un du poste ? insistais-je.

Edward me fit un grand sourire tout en continuant à me passer la main dans les cheveux. Je fermais les yeux. Son contact sur la peau de mon crâne me faisait un bien fou, comme si je passais la tête sous une eau glacée, diminuant ainsi toutes les tensions de mon corps.

  • ça s’est bien passé ce matin avec Jacob ? Murmura-t-il.

Je rouvris les yeux pour sonder son visage, il ne croisa pas mon regard, se contentant de fixer mes cheveux tout en les caressant.

  • Tu sais bien que non…rétorquais-je. Tu as dû lire dans ses pensées. J’espère qu’en ce moment, il se tape la tête contre les murs !

C’était plus une question qu’une supposition. J’espérais un peu qu’Edward me dirait dans quel état d’esprit était mon ami. Edward sourit et murmura :

  • Il est vraiment jeune …parfois, je regrette ce côté fougueux de ma vie.
  • Tu as ton côté colérique aussi Edward, répondis-je, néanmoins surprise par sa réflexion.
  • Oui…mais Jacob est si…vivant, si humain. Une vraie cocotte minute ! continua-t-il en riant doucement.

Oui, Jake était un peu ça. Parfois, je voyais ses colères comme du lait qu’on oublie sur un feu. On ne s’y attend pas, ça fait des dégâts quand ça déborde mais dès qu’on coupe le gaz, tout retombe à plat, sans vague.

  • Tu essaieras de t’amuser ce soir ? m’interrompit Edward.
  • Quoi ? Tu ne viendras pas ? répondis-je, surprise.
  • C’est une sortie entre filles, Alice est catégorique là-dessus.
  • Ah …
  • Enfin, Jasper compte vous servir de chaperon car il a très peur pour Alice depuis…mais, il va s’attirer les foudres de la Terre.

J’imaginais mal Alice s’énerver après Jasper. Je ris à l’idée.

  • Que feras-tu pendant cette soirée ?
  • J’ai besoin d’aller chasser.

Je tournais brusquement les yeux vers lui, scrutant son visage. Il avait les traits tirés et je ne l’avais pas remarqué.

  • Bien sûr … excuse-moi, c’est vrai qu’entre le voyage et tout ça …
  • Je t’attendrai. Profites-en.

 

20. L’inimaginable

Alice vint me chercher en début d’après-midi et nous filâmes vers Seattle à la recherche du « top idéal » pour la soirée. Malgré mon humeur mitigée, je passais un super moment en compagnie de mon amie qui avait le don de dénicher les meilleures affaires. De retour à la villa, je fus témoin d’un moment rare mais très amusant. Alice tentant par mille objections de convaincre Jasper qu’elle n’avait pas besoin de lui ce soir, pendant que Jasper réfutait chacun de ses arguments. Il ne comptait pas lâcher, il viendrait avec nous. Pour moi, ça n’avait aucune importance mais Alice voulait un moment privilégier avec moi et je ris lorsqu’elle me lança, après avoir capitulé.

  • Il ne dansera même pas ! Je l’ai vu ! Il va rester là à jouer les gardes du corps !
  • Alice…tu ne vois pas les loups-garous, c’est normal que Jasper s’inquiète.

 

Le bal était organisé en plein air, un moment rare à Forks vu le temps qu’il y faisait à longueur de l’année. Cette fête marquait la fin de l’été, bien qu’il n’y en ait pas vraiment ici mais ça marquait surtout la fin des vacances.

A ma grande surprise, je fus très heureuse de croiser des visages un peu oubliés. Des « amis » qui eux, ne m’avaient pas oublié. Jessica, Eric, Angela, je constatais que même revoir Mike était un plaisir.

Alice était excitée comme une puce, traînant un Jasper qui était tendu comme un arc mais se laissait faire. Elle essaya de me faire danser mais j’étais une catastrophe et elle finit par abandonner. Je m’en voulais de ne pas savoir m’amuser plus que ça, je regardais des filles s’éclater sur la piste de danse et enviais leur facilité à se trémousser, à se laisser aller. Nous nous étions installés sur un des bancs qui entouraient la place, décorée de guirlandes et de lampions multicolores pour l’occasion.

  • Oh ! s’exclama soudain Alice, son visage se fendant d’un large sourire.

Je suivis son regard et mon cœur fit un bond terrible dans ma poitrine lorsque je vis la bande de l’autre côté de la piste de danse. Sam et Emily, enlacés tendrement, Embry, Quil, Seth et Leah, Jared et Kim, Paul et une jeune femme indienne dont le visage ne m’était pas inconnu et Jacob qui me fixait avec une telle intensité que ça me coupa le souffle. Tous étaient vêtus de tee-shirts noirs sauf Jacob qui portait une chemise mettant en valeur sa musculature. Je ressentis soudain un picotement familier dans le bas du ventre. Tous semblaient détendus en apparence sauf lui.

Pendant une minute, j’eu la très nette impression de voir la « meute » et leurs femelles. C’était un spectacle saisissant et surtout une étrange sensation lorsque je me surpris à penser que ma place était avec eux. Girls just want to have fun démarra et Alice gloussa et me sortit de ma rêverie. Ses yeux s’allumèrent d’un coup, envahi par une soudaine excitation.

  • J’ai envie de m’amuser !
  • Mais où vas-tu ?

Elle nous abandonna en sautillant comme un lutin au rythme de la musique et je retins ma respiration lorsque je la vis se diriger vers les Quileute. Avant même qu’elle l’atteigne, je savais vers qui elle se dirigeait et je m’écriais :

  • Alice ! Mais …

J’entendis Jasper grogner à mes côtés. Lorsque Alice fut assez proche, elle tendit une main vers Jacob qui à ma plus grande surprise, l’avait regardé s’approcher de lui en souriant, devinant avant moi ses intentions.

  • Elle ne va quand même pas …murmurais-je.

Et là, l’improbable se produisit, un truc complètement dingue que je n’aurai jamais imaginé, même dans mes rêves les plus fous. Jacob, toujours souriant et visiblement très amusé par l’excitation d’Alice qui sautillait toujours au rythme de la musique, attrapa la main de mon amie et se laissa emporter vers la piste de danse. Elle lui passa les bras autour du cou, il posa ses mains sur sa taille, ils fronçaient tous les deux le nez, toujours aussi sensible à leur parfum mais riaient ! Je vis Jacob secouer la tête, amusé par l’attitude exubérante d’Alice, qui chantait à tue tête comme une petite folle. Il tentait de danser sur le même rythme qu’elle, pour le plus grand bonheur de mon amie. Abasourdie, je les regardais se trémousser jusqu’à la fin de la chanson, prenant lentement conscience du chemin qu’avait parcouru les deux clans…enfin du moins, Jacob et Alice. Jasper était très tendu à mes côtés mais c’était plus une attitude de jalousie qu’une envie de détruire celui qui semblait beaucoup s’amuser avec Alice. Elle était si petite et si frêle à côté de lui ! J’étais jalouse de la facilité avec laquelle ils dansaient, leurs mouvements étaient parfaits. Le rythme ralenti et j’hallucinais lorsque je vis Alice continuer à danser avec Jake. Il emprisonna sa taille tout en calquant ses pas sur le nouveau tempo.  Ainsi enlacés, ils ressemblaient à un couple normal et je souris en pensant que tous ceux qui évoluaient lentement autour d’eux n’avaient aucune idée de ce qui était en train de se passer au milieu de la piste. Un loup-garou et un vampire dansaient ensemble. Je perdis soudain pied lorsque Jacob vrilla ses yeux noirs sur moi, un léger sourire aux lèvres. Oui, il avait raison, il pouvait être fier de lui. Je lui rendis son sourire.

Un mouvement de l’autre côté de la piste attira mon attention. Sam et les autres quittaient la soirée, visiblement écœurés par le spectacle. Je surpris le regard noir de Leah avant qu’elle ne suive la troupe. Seul Seth était resté et se dirigeait maintenant vers nous.

  • Salut Bella !
  • Seth ..., répondis-je en lui souriant franchement.

C’en était trop pour Jasper, il nous laissa.

  • Edward n’est pas là ?

J’étais toujours étonnée de l’amitié que nourrissait Seth à l’égard d’Edward.

  • Il n’a pas voulu venir…il voulait que nous nous amusions entre filles.
  • Jasper n’a pas du comprendre le message, ricana Seth en lançant un coup de tête dans sa direction.
  • Oui…il aurait peut-être du rester à la maison en effet, marmonnais-je.

Nous avions tous les deux tournés la tête vers Alice et Jacob qui continuaient de danser et semblaient en pleine conversation.

  • Je n’aurai jamais cru ça possible, murmurais-je.
  • Ouais, rigola Seth. Mais il l’aime bien …
  • Quoi ?
  • Oui, je l’ai vu dans ses pensées. Elle le fait rire.
  • Oh …
  • Jacob doit être soulagé qu’Alice soit …entière. Ça l’a beaucoup inquiété, déclara-t-il gravement.

Cette nouvelle m’étonna. De mieux en mieux…Jacob s’était inquiété pour Alice ! A cet instant, ils éclatèrent de rire ensemble et Seth et moi, nous joignirent à leur hilarité.

  • Je crois qu’Alice aussi l’aime bien, répondis-je, réjouie.

Soudain Seth se crispa et je suivis son regard. Trois jeunes indiens à l’allure assez trash le fixaient hostilement. Je tournais à nouveau mon regard vers Seth qui les défiait tout aussi méchamment. Sans que je n’ais le temps de réaliser, Jacob était près de nous et ordonna :

  • Seth, retourne près de Sam.

Son attitude m’inquiéta, j’en oubliais notre accord.

  • Jake, que se passe-t-il ? Qui sont ces indiens ?
  • Où est Edward ? demanda-t-il durement, à mon plus grand étonnement.
  • Je suis là…

Je sursautais en le découvrant à mes côtés, l’air agressif. Mais ce n’était pas envers Jacob, tous deux fixaient méchamment les nouveaux arrivants.

  • Où est Alice ? questionnais-je, soudain paniquée.

Je réalisais qu’elle n’était plus sur la piste de danse. La situation devait être grave pour qu’Edward nous rejoigne au plus vite.

  • Merci de m’avoir prévenu Jacob, déclara Edward. Alice est à la maison, me rassura-t-il.
  • Ce sont eux ? soufflais-je.

Il hocha la tête sans les quitter du regard.

  • Qu’est-ce que tu comptes faire ? demanda Edward à Jacob.
  • Nous allons les forcer à reculer dans la forêt, déclara une voix autoritaire que je reconnue immédiatement. 

Sam venait de se planter près de nous, suivi de Paul, Quil, Embry et Jared. Les autres n’avaient toujours pas bougé. Le plus vieux des trois adolescents croisa mon regard et son expression me fit froid dans le dos. Ses yeux verts ne m’étaient pas inconnus. Edward grogna, captant le message que je ne parvenais pas à déchiffrer:

  • Jacob, je vais mettre Bella à l’abri. Tâchez de vous en occuper cette fois ! siffla-t-il d’un air mauvais.
  • Attends ! Qu’est-ce qu’il a ? Qu’est-ce qu’il me veut ? m’écriais-je.  

Edward serra la mâchoire tout en jetant un regard à Jacob qui, soudain mal à l’aise, lui adressait une prière muette.

  • Il sait que Jacob …tient à toi, déclara-t-il sans quitter des yeux mon ami.

J’entendis la respiration de Jake reprendre. Je ne compris pas ce qu’il venait de se passer entre eux mais il était hors de question qu’ils me cachent quelque chose ! Depuis quand Jacob suppliait Edward ? Mais je décidais de ne pas compromettre la sécurité de tout le monde et suivis Edward.

  • Edward, attends ! s’écria Jacob.

Nous stoppèrent notre marche, Jacob nous rejoignit, l’air un peu penaud. Il jeta un bref coup d’œil à Edward, comme pour s’excuser ou demander la permission ou autre chose car depuis une minute, j’avais le sentiment que leur relation avait complètement changé, puis il posa les yeux sur moi.

  • Bella, est-ce que je peux passer te prendre demain ? Sam fait une petite fête …
  • Oh…

Il n’avait même pas tenu une journée ! Et malgré la situation, il prenait le temps de venir me parler. Mon cœur battait la chamade. Instinctivement, je me tournais vers Edward qui affichait un calme inhabituel. Je décidais de mettre ma fierté de côté et de ne pas laisser passer cette opportunité.

  • Et bien … oui. Pourquoi pas ?

Nouveau regard échangé entre eux, je me sentis soudain agacée.

  • Super ! Alors à demain, lança-t-il en nous quittant, l’air visiblement soulagé.

Je le regardais partir de sa démarche féline puis tournait la tête vers Edward qui m’adressa un bref sourire. Son attitude me déroutait un peu plus chaque jour. Il prit ma main et m’entraîna vers les bois. Dès que nous fûmes dans un endroit sombre, il m’installa sur son dos et nous filâmes vers la villa.

 

21. Les couples

Je n’avais jamais vu Alice aussi agitée ni aussi terrorisée. Jasper ne savait plus comment la rassurer. Je m’y essayais aussi mais il n’y avait rien à faire. Elle ne voyait pas les loups-garous, n’avait donc aucune idée s’ils l’attaqueraient ou non. Edward réussit cependant à la calmer un minimum en lui affirmant qu’il captait les pensées des indiens et qu’ils étaient avec Sam et Jake. Edward m’apprit également que ce dernier s’était chargé personnellement de leur cas…je ne savais pas trop en quoi ça consistait mais je voyais ça comme s’il les avait punis. Je préférais ne pas m’imaginer autre chose.

Edward insista pour que je dorme à la villa. Il m’affirma que mon père n’y verrait aucun inconvénient et je n’eu aucun mal à le croire, étant donné ce que j’avais compris le matin.

Cette nuit là, mon cauchemar prit une autre dimension. Cette fois, je voyais le visage du garçon avant sa mutation et ses yeux verts me pourchassaient dans la forêt. Mes mains pleines de sang m’arrachèrent un hurlement mais Edward me calma aussitôt.

Le lendemain, je fus réveillée en douceur par un baiser glacé dans le cou, qui m’arracha un frisson de plaisir. Je regardais ma montre et m’écriais-je :

  • Edward ! est-ce que tu as vu l’heure ?
  • Il serait temps que tu te lèves mon amour.

Je me demandais pourquoi si tôt, puis réalisais que je ne savais même pas à quelle heure Jake devait venir me chercher ! Il faudrait que je l’appelle. Edward me souriait, semblant vraiment apprécier le spectacle…je devais encore avoir l’air affreuse car je n’avais pas pris le temps de me démaquiller la veille.

  • Il sera là dans une heure …
  • Oh !

C’était plus pratique que le téléphone …

  • Alors je me lève, déclarais-je, non sans pousser un profond soupir.

 

Edward me ramena chez Charlie afin que je puisse me préparer tranquillement. Avant de me quitter, il m’embrassa longuement puis me murmura, avec une étrange lueur dans le regard :

  • Profites bien de ta journée mon amour ! je t’aime.
  • Moi aussi je t’aime Edward.

Il me sourit et fila par la fenêtre. En me retournant, je découvrais sur le lit une de mes robes que je n’avais pas mise depuis une éternité. Le soleil pointait à travers les rideaux de ma chambre et je fus heureuse de constater que ça allait être une belle journée. Sauf pour les Cullen…je jetais un nouveau regard sur la robe, j’hésitais. Jake m’avait dit que c’était une fête mais il viendrait sûrement en moto…pourtant, si c’était une fête, c’était l’occasion de la porter. Je me décidais à l’enfiler, me disant qu’Edward ne me l’avait sûrement pas sortie pour rien. Sa couleur blanc cassé faisait ressortir mes cheveux bruns mais ce que j’aimais le plus, c’était cette ceinture chocolat sous la poitrine qui soulignait ma taille. Le décolleté formait un nœud et le reste de la robe était très fluide, vraiment le genre de truc qui convenait pour une fête en pleine air.

Vingt minutes plus tard, j’entendis ronfler le moteur de la moto de Jacob et je me souris dans le miroir pendant que je finissais de me maquiller. Tant pis, je gardais la robe ! Je passais ma veste en cuir car l’air était quand même frais et descendis à la cuisine pour mettre un mot à Charlie. Tout en l’écrivant, je me disais qu’il n’était quand même pas gêné de découcher alors que je venais de rentrer puis une petite voix me dit qu’il faisait quand même bien ce qu’il voulait !

En fermant la porte, je remarquais que mes doigts tremblaient et que mon cœur s’affolait déjà. Cette journée avec lui était un peu inespérée après la discussion de la veille et pourtant, il était là, accoudé à sa moto, à me regarder me dépatouiller avec cette serrure, un léger sourire aux lèvres. Je le rejoignis et lorsque je me décidais à croiser son regard, je n’y vis plus une seule trace de colère et une admiration sans limite. Un large sourire spontané se dessina sur mon visage et il me le rendit, magnifique. Il écarta légèrement les bras et je m’y jetais, enfermant les miens autour de son cou.

  • Coucou ma belle …, murmura-t-il dans un souffle. Tu es magnifique.
  • Merci…

Je lui plantais un baiser sur la joue et le lâchais.

  • Tu ne veux pas que j’aille rechercher la voiture ? demanda-t-il en touchant ma robe.
  • Ça ira !

Il me couva du regard ainsi pendant une longue minute puis déclara, dans une petite moue :

  • Désolé pour hier … j’ai perdu les pédales.
  • Je sais…et ça ne sera pas la dernière fois…, rétorquais-je.
  • Alors c’est officiel hein ? Tu me pardonneras toujours ?
  • On dirait oui …

Son visage se crispa furtivement puis il s’installa sur la moto. Je grimpais à l’arrière, excitée comme jamais par cette virée à deux. Il me tendit mon casque et je m’accrochais à sa taille pendant qu’il démarrait. A travers son blouson en cuir, son corps était bouillant et je posais ma tête sur ses épaules en soupirant. Une fois que l’engin fut lancé, il lâcha d’une main le guidon, vint emprisonner ma main qui était posée sur sa hanche et la tira jusqu’à son ventre pour que je l’enlace plus fort. Il ne me lâcha pas.

Contrairement à toutes les fois, il roulait tranquillement jusqu’au territoire Quileute. Nous n’avions pas besoin de fuir ou de nous cacher et ce fut un sentiment de liberté délicieux. Lorsqu’il prit la direction de sa maison, je lui tapotais le bras de ma main libre.

  • On ne va pas chez Sam ?

Il secoua la tête et cria :

  • Pas de place pour tout le monde !

 

Je n’avais jamais vu la petite maison rouge aussi fleurie. C’était un festival de couleurs et lorsque nous stoppâmes la moto devant le perron, nous fûmes accueillis par toute la bande des garçons qui, pour l’occasion, étaient habillés en chemise et pantalon. Je constatais que Jacob était en jeans, tee-shirt, blouson et lui lançait, en descendant de la moto :

  • Pourquoi tu ne portes pas de costume comme tes frères ?
  • Par solidarité ! me répondit-il en souriant. Je pensais que tu viendrais habillée comme moi donc je n’ai pas voulu te gêner en te demandant une robe ou un truc du genre.

Je remerciais Edward pour sa clairvoyance.

  • Salut Bella, me saluèrent Jared et Embry en cœur.
  • Salut petite vampirette ! me lança Quil en passant devant nous.
  • Vampirette c’est déjà petit, lui rétorquais-je, faussement vexée par ce surnom qu’il avait apparemment adopté. Alors n’en rajoute pas !

Quil éclata de rire et suivit les autres. Je jetais un œil aux invités. Bill était en pleine discussion avec le vieux Quil et Sam. Seth Clearwater et Paul semblaient occupés à tailler des objets dans des morceaux de bois et deux autres jeunes garçons les observaient, admiratifs. Je remarquais l’absence des trois indiens de la veille.

  • Comment ça s’est passé avec ceux d’hier ? Demandais-je à Jake.

Le visage grave, il soupira et j’en conclu que ça n’avait pas été facile.

  • Je préfère qu’on en parle une autre fois si ça ne t’embête pas, me déclara-t-il, à ma grande surprise. Ils ne sont pas là aujourd’hui…c’est tout.
  • Très bien …, murmurais-je.

Je voulu lui lancer une boutade à propos du moment qu’il avait partagé avec Alice, pour alléger la tension qui venait de s’installer, mais je me retins. Je ne voulais pas qu’il gâche ce souvenir magique que j’avais d’eux avec une de ses réflexions débiles sur les vampires.

Kim et la jeune femme indienne (que je pensais connaître la veille) sortirent à ce moment de la maison et je fus éblouie par leurs beautés. Leurs robes étaient un peu foncées pour une fête mais leurs cous étaient ornés de colliers à plumes, tous assortis aux couleurs qu’elles portaient sur elle et dans leurs cheveux. Elles étaient magnifiques.

J’enlevais mon blouson et le posais sur le guidon de la moto. A cet instant, Leah passa devant nous et me jeta furtivement un regard mauvais qui me surprit. J’aimais bien cette fille mais j’avais déjà constaté à plusieurs reprises qu’elle était très protectrice envers Jacob et qu’elle détestait les Cullen…elle ne devait pas partager mon sentiment de sympathie. Je n’eu pas vraiment le temps de m’attarder sur ce léger incident car Kim me prit par le bras pour me glisser un collier de plumes et de fleurs sur les épaules.

  • Bienvenue à la maison Bella !

Je la remerciais d’un large sourire tout en contemplant le bijou artisanal. Il était de couleur orange flamme et blanc et il dégageait un subtil parfum de lys. Je regardais la jeune fille s’éloigner pour rejoindre Jared. L’autre fille me fit un petit signe timide et alla rejoindre la troupe. Jake se rapprocha de moi et passa son bras autour de mes épaules, tout en donnant un petit coup dans le collier en souriant.

  • Hier soir j’ai vu cette fille avec vous et il me semble la connaître, demandais-je.
  • C’est ma sœur ! s’éclaffa-t-il. Rachel…tu l’as rencontrée quand tu venais ici, petite.
  • Oh oui… (un souvenir me revint, elle et moi jouant à la poupée sur cette pelouse) Et, elle est revenue vivre ici ?

Je sentis Jacob se crisper quelques secondes mais il répondit :

  • Elle ne devait pas rester mais bon … Paul l’a aperçue…

J’éclatais de rire. Jacob n’avait sûrement pas dû apprécier cette rencontre !

  • Ce n’est pas drôle Bella…, ronchonna-t-il.
  • Oh si ! Tu verrais ta tête !

Il finit par rire aussi puis murmura :

  • Oui, la famille s’agrandit …

 

Soudain, il y eu des acclamations et des applaudissements. Je me retournais et découvris Emily sur le perron de la maison, dans une magnifique robe en dentelle noire, sa tête ornée d’une couronne de fleurs multicolores. Sam apparut alors et l’accueillit par un sourire emplit d’une immense tendresse. Je réalisais que je n’avais pas demandé à Jacob la nature exacte de la fête.

  • Tu aurais pu quand même me prévenir que nous fêtions un mariage Jake…, lui reprochais-je.
  • Je n’étais pas sûr que tu acceptes de venir …et puis, on n’a pas trop eu le temps de discuter hier …

Oui, c’était vrai. J’étais déjà heureuse que Jacob se soit calmé. Je décidais donc de laisser tomber. Ça n’avait aucune importance.

Emily était superbe ! Sam lui tendit le bras et la fit descendre les marches du petit escalier. Lorsqu’elle se retrouva à ses côtés, il lui passa un collier du même genre que les filles et moi portions mais beaucoup plus étoffé. C’était un mélange de plumes blanches et noires. Tout le monde applaudit à nouveau, les garçons sifflèrent à tour de rôle.

  • Pourquoi tous ces colliers de plumes ? demandais-je à Jacob.  
  • Celui que porte Emily est fait de plumes de cygne et de merle. Il symbolise la grâce, la beauté, la bonté et le mariage, m’expliqua-t-il. Ceux que vous portez sont celles d’oiseau-mouche qui symbolisent la joie, la beauté… et les fleurs, c’est pour mettre de la couleur !
  • Oh … Mais pourquoi une robe noire pour un mariage ?
  • Parce que c’est la couleur de Sam, répondit-il dans un demi-sourire.

Je contemplais à nouveau la robe d’Emily et la trouvais encore plus belle. Je remarquais ensuite la robe argentée de Rachel et la grise de Kim…leurs couleurs que j’avais jugé sombres en arrivant prirent une toute autre signification. Puis, je baissais les yeux sur ma robe claire mais ce fut le collier orangé qui retint mon attention. Je compris alors le geste de Kim et mon visage s’empourpra.

 

Sam se tourna alors vers l’assemblée et déclara.

  • Avant que nos derniers invités arrivent, j’aimerai que mes frères et moi accomplissions un petit rituel. Jacob ? appela-t-il.

Je jetais un regard étonné vers mon ami qui me sourit d’un air embêté. Face à moi, il me prit les deux mains et murmura :

  • Je vais devoir te laisser ma chérie.
  • Pas de problème…, murmurais-je, troublée par la manière très intime dont il venait de s’adresser à moi.
  • Tu pourras rester avec les filles, Rachel est très contente de te revoir.
  • Oui…

Sam l’appela à nouveau et il se pencha vers moi pour me déposer un baiser sur la joue. Son calme et son attitude possessive depuis notre arrivée me rendaient toute molle. J’avais l’impression que je dépendais entièrement de lui. Quand il lâcha mes mains et s’élança vers son chef, ça me fit une étrange sensation de me retrouver seule mais mon malaise fut de courte durée. Kim et Rachel vinrent me rejoindre et je remarquais que Leah était restée dans son coin, visiblement irritée.

  • C’est quoi ce rite ? demandais-je.
  • Les garçons vont aller chasser dans la forêt, m’expliqua Rachel.
  • Chasser ? m’étonnais-je. Maintenant ?
  • Oui, celui qui rapportera un gibier le premier à Emily sera le parrain de leur enfant et aura l’honneur de choisir son prénom.
  • Oh …

J’observais alors plus attentivement Emily et remarquais une rondeur au niveau de son ventre. Voilà pourquoi Sam avait précipité les noces … Je me demandais alors si la grossesse d’Emily serait la même que celle de Sarah ou de toute autre femme enceinte étant donné qu’elle portait l’enfant d’un homme pas comme les autres ? Je portais ensuite mon regard sur Jacob qui riait de bon cœur avec Quil et Embry. Mon cœur se serra à l’idée qu’un jour, il rencontrerait aussi la femme de sa vie et qu’elle vivrait le même bonheur qu’Emily à cet instant. Spontanément, je me mis à triturer le collier de plumes orange.

 

22. Surprise

Torse nus, les garçons s’élancèrent en une seule ligne vers les bois où je devinais qu’ils muteraient une fois à l’abri des regards. Le spectacle de ses sept gaillards à l’allure identique, dégageant la même force, avançant au même rythme comme une seule et même personne, était saisissant. Sauf que même à cette distance, je reconnaissais Jacob. J’aurai reconnu sa silhouette entre mille. Je m’installais dans l’herbe, dans l’attente de leur retour.

 

Je ne sais pas pourquoi, mais j’étais persuadée que ça serait Jake qui reviendrait avec le plus gros gibier et je fus étonnée, et ravie pour lui, de voir Seth revenir avec un puma sur le dos. Il rayonnait littéralement et je me dis qu’il ressemblait de plus en plus à Jacob. Emily le prit dans ses bras lorsqu’il déposa le puma à ses pieds et l’embrassa longtemps sur la joue, fière de lui. Les autres revinrent un par un, Quil avec une biche, Paul avec une fouine, Jake les mains vides. Mais il se précipita sur Seth et lui colla quelques coups sur l’épaule, heureux pour lui. Je le soupçonnais alors d’avoir aidé le jeune Quileute à attraper sa proie.

Puis il revint vers moi, torse nu, un sourire éclatant illuminant son visage.

  • ça va ?
  • Tu l’as bien aidé…, chuchotais-je. C’est gentil à toi.
  • Je te jure que non ! déclara-t-il en levant les mains.

J’éclatais de rire et il s’assit à mes côtés. Puis, il se racla la gorge et m’annonça :

  • J’ai appris récemment que Seth était mon demi-frère. Mon père aimait bien Sue Clearwater…
  • Oh !

Je repensais à ce qu’Edward m’avait raconté à propos des histoires de famille entre les Quileute.

  • Comme quoi c’est possible d’aimer deux personnes en même temps, ajouta-il en soupirant, soudain amer.
  • Et ça te fait quoi ? demandais-je, décidant d’ignorer sa réflexion.

Il fit une petite grimace et haussa les épaules. Au bout de quelques minutes, il continua :

  • Je crois que je suis content…quelque part. C’est un chouette garçon, il me colle toujours aux basques mais bon …rigola-t-il.
  • Il est vraiment très bien oui…, affirmais-je, en pensant à sa tolérance vis-à-vis des Cullen.

Jacob dut saisir le double sens de ma réponse et me jeta un regard en biais. Je lui affichais un grand sourire pour confirmer mes pensées et il me prit au dépourvu lorsqu’il passa son doigt sur mes lèvres. J’eu soudain l’impression qu’il avait de la fièvre tellement ses yeux brillaient. Mon cœur s’accéléra avec force. Je me mordis les lèvres et ce geste le fit réagir. Il se redressa d’un bond et m’annonça :

  • Je reviens ! Je vais me changer.

 

Je m’en voulais de réagir aussi violement à son contact. J’étais pourtant habituée mais avant, c’était tellement plus simple. Il fallait que j’arrête de me voiler la face et de me mentir, j’étais bien prise entre deux feux et je n’avais pas encore fait mon choix.

Je me retrouvais encore une fois seule et troublée.

Mais ce sentiment ne dura pas car une autre surprise arrivait…les autres invités comme avait annoncé Sam n’étaient en fait que mon père et (je cru reconnaître) Sue Clearwater. Sur le coup, je fus d’abord surprise de sa présence, bien qu’elle était normale en fait puisque Charlie était le meilleur ami de Billy et d’Harry…mais ensuite, je compris pourquoi le fait de le voir ainsi m’avait choqué. Il ne venait pas d’arriver en même temps que Sue, il arrivait AVEC Sue ! Je me relevais et vint à sa rencontre, bras croisés, sourcil levé…mon expression le fit lever les yeux au ciel et il lâcha :

  • Oh ça va Bella … ok, j’aurai dû te le dire mais bon …

Je m’éclaffais devant son air de petit garçon prit en faute. Il soupira puis prit Sue par le bras en annonçant :

  • Sue, je te présente ma fille, Bella.

L’indienne me tendit la main dans un grand sourire.

  • Enchantée Bella…Seth m’a beaucoup parlé de toi.
  • Ah oui ?

Je jetais un regard à mon père tout en souriant à cette femme. Que savait-il exactement ? Est-ce que le fait de fréquenter Sue devrait le mettre dans le secret ? Je réfléchis et me dit qu’il était ami avec les Black et les Clearwater depuis si longtemps que s’il avait fallu qu’il le sache, ça serait déjà fait.

  • J’aime beaucoup Seth, continuais-je. Je pense que nous sommes amis.
  • C’est évident, répondit-elle dans un nouveau sourire.

Quelle histoire ! Pensais-je. Billy, Sue et Charlie…Jacob, Seth et moi…Leah…Cette dernière n’allait sûrement pas apprécier cette alliance.

Sue se dirigea vers Billy qui affichait un visage serein et souriant. Je compris alors que pour lui, la page était tournée et qu’il « laissait » Sue à mon père.

Mon père fronça les sourcils et me demanda :

  • Et toi Bella, tu en es où ?
  • Charlie…tu crois que c’est vraiment le moment de parler de ça !
  • J’aimerai juste savoir si tu fais encore tourner en bourrique ce pauvre Jacob ? c’est une question de respect ma fille !

Son air sévère me fit rire, bien que je sache qu’il ne plaisantait pas.

  • Jacob et moi sommes amis papa, pour l’instant, c’est tout ce qui compte.

Au même moment, Jacob sortit de la maison et s’approchait de moi à grands pas. Il avait enfilé une chemise blanche et un pantalon noir comme ses frères.

Une fois à ma hauteur, il tendit le bras et me prit naturellement par la main, tout en lançant un souriant « salut Charlie ! » à mon père. Un bref signe à mon père et je le laissais me diriger vers l’endroit où se tiendrait la fête. Une grande table était dressée, ornée de fleurs multicolores et de toutes sortes d’objets en bois représentant des petits animaux miniatures qui me rappelaient celui que je portais à mon bracelet. Instinctivement, je le touchais et Jacob capta mon geste.

  • Tu le portes encore ? s’étonna-t-il.
  • Quelle question ! Bien sûr ! C’est un cadeau de toi…
  • Sans le caillou à côté ça serait mieux, marmonna-t-il.

Je regardais le diamant d’Edward et réalisais pour la première fois que je n’aurai peut être pas dû l’accrocher au bracelet que Jake avait pris soin de me fabriquer. Je me dis que j’allais m’acheter une chaîne pour les dissocier.

 

En balayant l’assemblée, mon regard se porta à nouveau vers Leah qui, malgré sa présence parmi les garçons, semblait complètement isolée. Je ressentis une certaine compassion pour elle.

  • Leah a l’air de beaucoup souffrir de cette journée, affirmais-je.

Jacob tourna la tête vers elle et son visage se ferma.

  • Oui … sa souffrance est infinie…surtout qu’elle ne s’y attendait pas…pas maintenant en tous cas. Je comprends parfaitement ce qu’elle endure en ce moment et j’ai beaucoup de peine pour elle…elle vit ce que je vivrai peut être un jour et la douleur est déchirante. Je la ressens déjà…Elle a du courage d’être là aujourd’hui, finit-il, la voix rauque. 
  • J’ai reporté cette histoire de mariage Jacob…, murmurais-je

Il détourna son regard de Leah pour le poser sur moi.

  • Jusqu’à quand ? souffla-t-il.
  • On est obligé de parler de ça maintenant ? chuchotais-je, soudain les larmes aux yeux.

 

Nous fûmes interrompus par Billy Black lorsqu’il éleva la voix pour annoncer d’un air magistral :

  • Mes chers amis, je suis très heureux de vous accueillir dans ma maison aujourd’hui pour célébrer l’union de Sam et Emily ! Excusez-les de vous avoir prévenu à la dernière minute mais pour ça, il faut remercier le petit dernier qui va arriver dans cinq mois, plaisanta-t-il, un clin d’œil en direction d’Emily qui avait rougi. Au nom du conseil des anciens, je tiens à vous féliciter les enfants. Emily, bienvenue dans la famille.

Emily rougit de plaisir et serra fort Sam contre elle.

  • Si vous le voulez bien, nous allons maintenant nous diriger vers celui qui bénira cette union… pour l’éternité ! s’exclama Billy.

Tout le monde applaudit et je lançais un regard interrogateur à Jacob.

  • Taha Aki…notre ancêtre, m’expliqua-t-il. 
  • Oh…
  • La statue est dressée derrière la maison, tu vas voir, tu vas flipper, rigola-t-il.

Nous nous dirigeâmes tous ensemble vers cette fameuse statue, Jacob et moi toujours main dans la main, et je poussais une petite exclamation lorsque je découvris le grand loup sculpté, qui semblait nous attendre à l’orée du bois. Il devait faire trois mètres de haut et je me demandais s’il avait toujours été là ou si on l’avait installé pour l’occasion. Jacob répondit à ma question muette.

  • Ce truc traîne dans notre garage depuis la nuit des temps ! Mon père en est le gardien.
  • Je ne l’ai jamais vu…
  • Je sais, il était planqué sous un drap, bien au fond…j’en avais peur quand j’étais petit, rigola-t-il.
  • Ah oui ! m’esclaffais-je. C’est un comble pour quelqu’un qui lui ressemble tant maintenant…

Jacob haussa les épaules dans un demi-sourire.

 

23. Inoubliable

Sam et Emily se postèrent devant la statue de bois. Le vieux Quil et Billy Black, poussé par mon père, vinrent se placer chacun d’un côté du couple. Sam, Emily et le vieux Quil s’agenouillèrent pendant que Billy baissait la tête en signe de prosternation devant l’ancêtre Taha Aki. Puis, tout le monde se releva et le vieux Quil se plaça devant Sam et Emily. Ces derniers se firent face et Sam retira le collier d’Emily. Puis ils enlacèrent leurs mains avec le bijou. Le vieux Quil célébrait leur union en Quileute et bien que je ne comprenne absolument rien à ce qu’il racontait, j’en saisissais le sens profond. De ma place, je pouvais contempler le côté non défiguré d’Emily et à cet instant, elle était magnifique. Face à face, leurs mains liées par le fameux collier de plumes, Sam la couvait du regard, de cet amour si puissant que ça me retournait le ventre, et j’avais l’impression qu’ils se sentaient seuls au monde, que nous n’étions plus là ou qu’ils n’étaient plus sur la même planète que nous. De temps en temps, j’observais Jacob qui semblait très concentré sur le discours du vieux Quil et je le remerciais intérieurement de me faire vivre ce moment unique. Derrière nous, ses « frères » étaient tout aussi subjugués par la magie de la cérémonie. Je tendis la tête et vit mon père qui, à ma grande surprise, semblait rayonner de bonheur. Soudain, je sentis Jacob s’agiter légèrement et des petits murmures de Jared me confirmèrent que le vieux Quil disait quelque chose d’important. Je regrettais de ne pas saisir ses paroles, il faudrait que je demande à Jake de tout me raconter quand ça serait terminé. Sam et Emily se sourirent et à la demande du vieux Quil, défirent le collier qui les liait et plaquèrent leurs paumes l’une contre l’autre, le collier pendant au bras d’Emily. Ils répétèrent les phrases que le Quileute leur dictait et j’en conclu qu’ils en étaient au moment du « oui » dans un mariage chrétien. Je souris, vraiment émue et éblouie par la beauté du moment. Puis ils se tournèrent vers l’assemblée. Jacob était soudain mal à l’aise et je sentis moi-même que Sam et Emily attendaient quelque chose de nous. Embry donna un coup dans le dos de Jake :

  • Eh vieux, c’est à toi !

Jake grogna et tourna vers moi un visage empourpré.

  • Qu’est-ce qu’il se passe ? chuchotais-je.
  • Rien …
  • Bon sang Jake, tu ne vas quand même pas rester planté là ?! Bouge-toi ! renchérit Quil.

Je le vis lutter intérieurement, ne sachant pas quoi lui dire pour qu’il se décide à faire ce qu’il devait faire. Je me tournais vers Embry.

  • Bon Bella, vas-y quoi ! me lança ce dernier au même moment.
  • Fichez-lui la paix ! ordonna Jake.

Tout le monde avait son regard braqué sur nous et je me sentis soudain aussi mal à l’aise.

  • Bon Jacob, dis-moi ce que je dois faire là parce que …
  • Très bien, soupira-t-il. Tu me promets de ne pas flipper hein ? chuchota-t-il.
  • Mais non !
  • Bon, je dois aller nous…enfin te…présenter devant la statue de Taha Aki…
  • Ah…ok…alors allons-y ! murmurais-je.

Si ce n’était que ça ! 

  • Tu ne me demandes même pas pourquoi !
  • Non…
  • La tradition c’est que le jour du mariage d’un Alpha, tous les membres de la meute qui sont …enfin…comme je suis le second de Sam, c’est à mon tour de …, tenta-t-il de m’expliquer.
  • Jacob, s’il te plait, s’impatienta Sam.

Jacob, qui n’avait toujours pas lâché ma main depuis le début de la cérémonie, se décida enfin à nous avancer vers la statue. Je fixais le visage sculpté de ce fameux loup et ressentit soudain un sentiment d’humilité profonde devant cet ancêtre. J’entendis Jake prendre une profonde inspiration puis je sentis ma main se faire légèrement tirer vers le bas. Je tournais la tête et le vis se mettre à genoux, tête baisée. Je l’imitais tout en fixant également le sol. Je m’attendais à ce que Jake dise quelque chose. Au bout d’une minute de silence, je me risquais à jeter un œil vers lui. Les yeux fermés, on aurait dit qu’il priait et mon cœur s’accéléra. Ce moment était si solennel. Je remarquais que le silence avait envahi également l’assemblée et décidais de respecter la tradition en fermant les yeux. Je sentais tous les poids de ces aïeuls peser sur mes épaules, guettant ma réaction, jugeant si j’étais digne d’être là, comme si des milliers de regards m’observaient du passé et …du futur. Au bout de quelques secondes, je sentis Jake se relever doucement et j’en fis autant. Il m’adressa un vague sourire mais ses yeux brillaient. J’y lu un amour infini qui me chamboula tellement que je m’accrochais à son bras pour ne pas retomber à genou. Il nous dirigea lentement aux côtés de Sam et Emily qui nous accueillirent dans un large sourire. Je n’avais pas vu qu’un autre couple venait de prendre notre place. Paul et Rachel étaient à présent au pied de la statue du loup. Je balayais du regard les suivants et ne fut pas surprise de voir Jared et Kim…la lumière alors se fit dans mon esprit. Ce rite consistait à présenter la femme dont on s’était imprégné et je me sentis soudain honteuse. C’était plutôt malhonnête de m’exposer devant ce Taha Aki alors que je n’étais pas la future femme de Jacob. Je tournais mon visage vers lui pendant qu’il contemplait le couple en prière. Il sentit que je l’observais et serra plus fort ma main. Je compris le message « on en parlera plus tard, ne gâche pas ce moment ». Paul et Rachel nous rejoignirent et le couple suivant prit leur place. Une fois que Jared et Kim vinrent se mettre à nos côtés, je ne pus m’empêcher d’être fascinée par le couple insolite qui s’apprêtait à entamer le rite. Quil portait dans ses bras la petite Claire, vêtue d’une robe couleur chocolat, et venait de la déposer avec une infinie douceur aux pieds de la statue. Cette petite ne voulait pas le lâcher et nous fûmes tous obligés de rompre le silence et d’en rire. Quil essayait de la mettre à genoux mais elle refusait catégoriquement. Elle voulait être sur ses genoux ! Alors il décida de la laisser faire et s’accroupit à terre, Claire dans les bras. Pendant que Quil semblait prier, Claire regardait sa mère dans l’assistance tout en tapotant le dos de son futur mari. Je la regardais et ne put m’empêcher de penser que ce phénomène, aussi magnifique qu’il semblait être, retirait toute possibilité de choix à l’élue.

Quil ne vint pas près de nous après sa présentation, il alla directement remettre Claire dans les bras de sa mère. Mon regard croisa alors celui de mon père et ce que j’y lu me fit de la peine et me submergea à nouveau de honte. C’était ce qu’il avait toujours voulu pour moi, à cet instant précis, il était l’homme le plus heureux de la Terre et je ne me sentais pas encore capable, aujourd’hui, de lui donner ce qu’il voulait. Pourquoi étais-je aussi indécise ? Ce n’était pourtant pas compliqué ! Il me suffisait de faire un choix et de m’y tenir. Pourtant, je n’y arrivais pas. Quand j’étais avec Jacob, je ne parvenais pas à me laisser aller complètement, j’avais l’impression de l’aimer moins qu’Edward, l’idée de quitter ce dernier m’était impossible, je ne voyais pas ma vie sans lui et puis…lorsque j’étais avec Edward, mon esprit vagabondait souvent vers Jacob, mon corps réclamait le sien, j’avais envie d’être comme aujourd’hui, partager avec lui des moments de bonheur remplis de soleil.

La cérémonie touchait à sa fin. Jake me dirigea vers l’assemblée pour reprendre notre place. Le vieux Quil prononça encore quelques mots à l’intention des époux puis fit un geste en direction de notre groupe. A ma grande surprise, Jacob lâcha ma main, et ses frères et lui entamèrent alors un chant d’une seule voix qui me donna le frisson. Ils chantaient en Quileute, tous d’une voix grave et d’une faible intensité. Seule le timbre plus doux de Leah se détachait, son visage baigné de larmes. Ça ressemblait à un hymne à l’amour mais destiné à leur chef… c’était magnifique. Mon regard balayait chacun d’entre eux, ils ne faisaient plus qu’un, malgré les femmes qui les séparaient à cet instant, des femmes en totale communion avec leurs amants. C’est comme si la lumière n’éclairait qu’eux et que cette lumière ne brillait que pour Sam. Je tournais mon regard vers lui, il semblait complètement connecté à eux, même Emily ne semblait plus exister pendant quelques secondes. Leur fraternité était si belle et si puissante que les larmes me montèrent aux yeux. Je les fermais pour mieux écouter leur mélodie. Lorsqu’ils s’arrêtèrent, le soleil éclaira mon visage et me ramena doucement à la réalité. Jake avait repris ma main et la serra. J’ouvris les yeux mais j’avais l’impression d’émerger d’un rêve magique et bouleversant. Je clignais les paupières plusieurs fois avant de me reconnecter complètement avec l’environnement qui m’entourait. Jacob me souriait mais une gêne habitait son regard. Il pensait sûrement que j’allais le bombarder de questions et se sentait mal à l’aise. Je décidais de remettre ça à plus tard, pour ne pas gâcher la beauté du moment que je venais de vivre.

  • Je meurs de faim ! déclarais-je dans un sourire. Qui a préparé à manger ?

Il semblait décontenancé par mon attitude pendant quelques secondes puis rit doucement en répondant :

  • Ma sœur, Kim et Emily …elles sont en route depuis l’aurore.
  • Hum alors ça va être délicieux si c’est Emily qui s’y est collé !

Il me sourit à nouveau, étonné. En riant, je le tirais alors par le bras en direction de la table d’honneur. Je me sentais bien, j’avais envie de profiter de cette journée sans nuage jusqu’au bout.

 

24. Et si je restais ?

Sam et Emily avaient déjà pris leur place au bout de la table. Jacob m’installa près de lui, à la droite de Sam. Face à nous, Paul et Rachel. Les autres s’assirent à la suite et je compris que nous étions installés par ordre hiérarchique. Le vieux Quil et Billy, les membres du conseil, terminaient la table, face aux époux. Des indiennes, que je n’avais pas vues jusque là, nous apportèrent alors le repas et je cru halluciné en voyant la quantité de viande que les plateaux contenaient. J’entendis Jacob et Paul rirent de mon expression.

  • Allez Bella, tu dois t’enfiler au moins un kilo aujourd’hui ! Me lança Jared.  
  • Mais vous avez tué toutes les bêtes de Forks ! M’exclamais-je.

Les garçons rirent de plus belle. J’entendis mon père rire également et je penchais la tête pour voir où est-ce qu’il était. Lui et Sue s’étaient installés près de Billy, avec les anciens.

Embry, qui se tenait à ma droite, se jeta sur le plateau devant lui avec sa fourchette. Il chopa trois saucisses en même temps et je dus rire en voyant la fébrilité avec laquelle il les mettait dans son assiette. Il mourrait de faim ! Je me décidais à imiter son geste.

Le repas se déroula dans une ambiance décontractée et joyeuse. J’avais l’impression de faire complètement partie de la famille et cette sensation était vraiment agréable. Quand Jacob faisait une pause « nourriture », il posait sa main sur la mienne ou sur mes genoux, me procurant ainsi une douce chaleur. J’en oubliais le moment désastreux que nous avions vécu la veille et même les longues semaines de séparation. J’avais retrouvé mon Jacob et pour l’instant, plus rien n’avait d’importance.

 

A la fin du repas, Jake se leva et m’invita à aller faire une promenade à la lisière du bois. Nous marchâmes en silence, têtes baissées, main dans la main. Nous n’avions pas besoin de parler à cet instant, nous profitions l’un de l’autre, savourant chaque minute. 

Je me sentais si heureuse. Le soleil brillait dans un ciel sans nuage, comme pour m’accompagner durant cette journée parfaite. Jacob rompit le silence :

  • Bientôt l’université alors ?
  • Oui…et toi ? Tu comptes faire quoi ? m’enquis-je, soudain inquiète pour son avenir.
  • Moi…je pense à devenir éleveur …ou boucher…ou les deux.
  • Quoi ? Tu plaisantes ! M’esclaffais-je en le regardant.
  • Non pourquoi ? J’en ai l’air ? répondit-il, soudain sérieux. Tu sais, je ne vois pas ce qu’il y a d’intéressant à rester à l’école toute sa vie…et puis, je n’ai plus le physique pour aller au lycée alors …

Il venait de me dire ça sur un ton amer, me rappelant au passage qu’Edward passerait son éternité à l’école…l’évocation de ce dernier me fit réaliser que je n’avais pas pensé à lui depuis un moment et je me sentis coupable. Jake dut sentir que j’étais contrariée.

  • Le budget viande commence à nous poser un sérieux problème…il serait temps d’envisager de se nourrir soit mêmes, ajouta-t-il en riant.

Sa tentative pour me détendre ne fonctionna pas. Je me sentais toujours mal à l’aise, comme si un nuage venait de passer. Je levais les yeux vers le ciel et constatait qu’il devait être tard…

Je me dégageais de Jacob qui, à l’expression que j’affichais, compris ce qui se passait dans mon esprit.

  • Non, pas tout de suite … Ne pars pas, me supplia-t-il dans un souffle, emprisonnant mes deux mains.
  • Je dois aller voir mon père, mentis-je.
  • Mais, il peut attendre encore un peu…reste…

Il ne parlait pas de Charlie, je le compris. Mais, je devais retourner auprès d’Edward…

  • Jake…soit raisonnable, je suis restée toute la journée, marmonnais-je.
  • Mais elle n’est pas finie ! S’il te plait…

Je baissais la tête en me mordant les lèvres. Jacob retenait sa respiration, attendant le verdict…Bon sang ! Je me sentais si bien depuis ce matin, une petite voix au fond de moi voulait que ce moment de bonheur continue pendant que l’autre m’ordonnait de revenir à la réalité. Ma place était près d’Edward ! Cette journée ne pourrait pas durer éternellement, il m’attendait…je l’imaginais en train de tourner en rond dans ma chambre ou à la villa, espérant mon appel pendant que moi, je me promenais au bras de Jake sans penser à lui une seule seconde. J’étais minable…J’entendis Jacob reprendre sa respiration dans un bruit rauque. Je le faisais encore souffrir ! Il avait deviné ma décision de le quitter et ça lui était insupportable. Mais, il était plus fort que je ne le pensais. Dans un geste de capitulation, il me prit le bras et me dirigea vers la maison. Il allait me ramener à Edward puisque c’est ce que je voulais. En passant devant la table, je vis mon père, un bras autour des épaules de Sue, qui riait de bon cœur. Tout le monde profitait pleinement de cette journée magique et mon cœur se serra. Pour moi, le conte de fée était fini. Jacob me passa mon casque mais son geste fut interrompu par Emily qui lança en s’approchant de nous :

  • Jacob, Sam t’attend pour le totem … Bella peut bien attendre encore un moment ?

Il se racla la gorge avant de répondre.

  • Non Emily, je dois la ramener, désolé. Dis à Sam que je ne serai pas long.

Elle fronça les sourcils, déçue, et mes dernières résolutions s’évaporèrent. J’étais en train de gâcher la fête à tout le monde ! Edward ne m’avait pas donné d’heure…il n’était pas mon père et me reprocherait sûrement ce que j’étais en train de faire. Je pris le casque des mains de Jake et le reposais sur le guidon. Il tourna les yeux vers moi, surpris et je lui souris.

  • On verra ça plus tard. Vas vite voir Sam !

Son expression joyeuse me fit chaud au cœur. J’aimais tant le voir sourire.

Emily m’adressa un sourire entendu et je compris qu’elle était intervenue pour ne pas que je le quitte. J’avais agis comme elle l’entendait et je compris le message que ses yeux m’envoyaient à cet instant.

  • Tu es sûre ? murmura Jacob, craignant soudain que je ne change d’avis.
  • Oui, soufflais-je. Vas…je viens te voir dans une minute.

Il me sourit à nouveau de son sourire qui me chavirait le cœur et fila vers le groupe de garçons qui venait de se former dans la pelouse. Emily hocha la tête, satisfaite.

  • Marchons un peu, tu veux ? me proposa-t-elle.
  • Oui, bien sûr !

J’étais à nouveau de son « beau » côté et je réalisais que je me sentais plus à l’aise quand je ne voyais pas ses blessures. Ça me rappelait trop à quel point fréquenter Jake pouvait être dangereux et je ne voulais pas le voir comme ça.

  • La journée t’a plu Bella ?
  • C’était magique…magnifique, répondis-je sincèrement. Merci de m’accepter parmi vous…, ajoutais-je.

C’était ce que je pensais depuis ce matin, j’avais l’impression qu’on me faisait vivre un moment que je ne méritais pas, pour lequel je n’étais pas destinée.

  • Ta place est avec nous Bella. Tu ne devrais pas en douter, répondit-elle durement.

Je me sentis soudain mal à l’aise devant son regard accusateur. La force que dégageait cette fille égalait la force physique de Sam. J’eu soudain l’impression de me retrouver devant une chef de meute. Elle s’apprêtait à me dire autre chose mais Sam nous rejoignit et l’enveloppa de ses bras puissants. Je me sentis soudain très seule et m’excusais.

 

Je décidais de rejoindre Jacob qui s’était accroupis avec Paul, Seth et Quil autour d’un feu qu’ils avaient allumé. Le soleil se couchait, la nuit tombait. Billy venait d’avancer son fauteuil et scrutait ce qu’ils faisaient d’un air appréciateur. Je m’approchais dans le dos de Jake pour découvrir ce qu’il fabriquait. D’une main, il tenait entre ses doigts un petit bout de bois et de l’autre, un petit couteau. Il était très concentré et je plissais les yeux pour mieux regarder ce qu’il était en train de tailler. C’était le début d’un petit puma et les détails étaient parfaits. Soudain, je l’imaginais en train de tailler le loup que je portais à mon bracelet et ressentis une vague de honte face à mon ignorance. Jacob avait du passer du temps et beaucoup d’amour à fabriquer ce bijou. Et finalement, je n’avais pas mesuré à quel point j’avais de la chance qu’il me l’offre.

Je m’accroupis à ces côtés, il me sourit, appréciant ma présence.

  • C’est magnifique, chuchotais-je.

Il continua de sculpter le petit animal, prenant soin de ne pas se laisser distraire. Il en était aux yeux. Puis, lorsqu’il eut fini, il soupira et m’expliqua :

  • ça sera le totem de l’enfant d’Emily et de Sam car c’est l’animal que Seth a rapporté. Nous lui en fabriquons plusieurs. Normalement, chaque membre de la meute devrait le faire mais tous n’ont pas appris comme Seth, Paul, Quil ou moi.
  • Oh…et ça représente quoi le puma ?

Jacob arrêta de tailler le morceau de bois et tourna son visage vers moi, étonné par mon intérêt. Il posa son couteau et prit ma main.

  • Le puma incarne le pouvoir. Cet enfant sera fait pour diriger. Il devra assumer ses responsabilités…, m’expliqua-t-il. Sam a le même totem.

Je scrutais son visage pendant qu’il caressait du regard mes doigts. A la lumière du feu, il émanait de lui une douceur infinie.

  • Et toi ? C’est quoi ton totem ?
  • Le coyote, déclara-t-il en riant.
  • Pourquoi tu trouves ça drôle ?
  • Parce que cet animal est fou et aime s’attirer des ennuis.

Je ris à mon tour.

  • En effet…c’est tout toi !

A présent, il m’observait intensément et je sus qu’il voulait me demander quelque chose.

  • Oui ?
  • Tu restes avec moi cette nuit ?
  • Quoi ?!

Il rit devant ma réaction et ajouta :

  • Tu aurais pu réagir autrement ! protesta-t-il, faussement vexé. Je voulais dire, tu restes pour la veillée ? Nous serons tous là, ne t’inquiète pas…nous allons rester autour du feu et raconter des histoires, manger, chanter …je serai sage.
  • Jacob, je ne sais pas si…
  • S’il te plait …Appelle-le ! Demande-lui ! Juste cette nuit…reste près de moi Bella, me supplia-t-il.

Bon sang…je savais, même avant qu’il me supplie, que je dirais oui. Encore une fois, j’avais occulté Edward de ma tête. J’avais même l’impression que lui et les Cullen étaient dans un autre monde, avec une autre Bella…ce lieu avait le chic pour me couper du monde, ou peut-être était-ce Jacob lui-même ? Incapable de prononcer un oui à voix haute de peur de trahir le sentiment que je ressentais à cet instant, je hochais la tête. Jacob éclata de rire et me passa son bras autour de l’épaule pour m’attirer contre lui. Puis, il me murmura à l’oreille :

  • J’aime quand tu es amoureuse de moi comme ça.
  • Arrête Jake ! m’écriais-je, en dégageant ma tête.
  • Quoi, ce n’est pas vrai peut être ? répondit-il, plus sérieux.

Je soupirais non sans lui jeter un regard de travers. Je détestais quand il me jetait à la figure des mots que je me forçais de cacher au fond de moi pour ne pas qu’ils m’engloutissent. Il m’attira à nouveau contre lui.

  • C’est pourtant ce que tu as écris non ? Dans ta lettre …, chuchota-t-il.
  • Oui, soufflais-je. 
  • Pourquoi tu l’as écris si tu refuses de me le dire en face ?
  • Jake …, protestais-je, agacée.
  • Regarde-moi…, murmura-t-il.

Je pris conscience que nous n’étions pas seuls et je levais les yeux vers Seth qui semblait plus concentré que jamais sur sa sculpture.

  • Bella…regarde-moi, insista Jacob.

Je tournais lentement la tête vers lui et plantais mes yeux dans les siens mais de manière à ce qu’il comprenne que ce n’était pas le moment d’aborder ce sujet. Il se fichait comme une guigne de mon humeur et continua :

  • Pourquoi tu refuses d’aborder le sujet ? Ce n’était pas vrai ? Tu m’as dit que tu avais besoin de temps …tu l’as eu il me semble …
  • Et ? soupirais-je.
  • Et je me demandais si tu réfléchissais encore ou si tu avais pris ta décision ?

Je poussais un nouveau gros soupir. Seth se leva et je remarquais que les autres n’étaient plus là non plus. Nous étions donc seuls. Je déglutis, sentant le regard insistant de Jacob sur mon visage, épiant la moindre émotion.

  • Je réfléchis encore, marmonnais-je enfin.

Heureux, il me planta un baiser sur la joue et déclara en riant du trouble qu’il venait de provoquer en moi:

  • Je t’aime Bella.

Je soupirais…moi aussi je l’aimais. Et il avait raison, j’avais eu assez de temps. Mais pourtant, je ne savais toujours pas. Jacob reprit son couteau et son bout de bois, décidé à finir son petit puma. Pour lui, ma réponse suffisait. L’espoir était encore là et il s’en contentait. J’aurai aimé être aussi sûr que lui à cet instant et en aimer qu’un seul.

 

25. Tout oublier

La lune remplaça le soleil et je décidais de ne pas appeler Edward. J’avais peur de changer d’avis en entendant sa voix ou peut être ne voulais-je pas troubler cette journée magique, comme si ce moment n’appartenait seulement qu’à Jacob et moi.

Il savait où j’étais et s’il lisait dans les pensées de Jake, il savait que j’avais décidé de rester ici. Mon père restait aussi, il semblait tellement heureux avec Sue que j’eu une pensée pour ma mère. Si elle le voyait en ce moment …Je me demandais aussi depuis combien de temps mon père avait-il des vues sur cette femme ? L’aimait-il vraiment ou était-ce une amourette récente ? Avait-il vraiment pleuré la mort d’Harry ? Je regrettais aussitôt cette pensée ! Mon père aimait son ami, seulement voilà…

Tout le monde était autour du feu et je croisais mes jambes en posant ma robe dessus, pour être plus à l’aise. Jacob engloutissait encore des tonnes de nourritures avec ses frères et une fois terminé, il vint s’allonger près de moi, sa tête sur mes jambes et ferma les yeux. Mes bras étaient en appuie sur l’herbe mais au bout de quelques minutes, je me redressais et posa une main sur son torse, qu’il emprisonna aussitôt, et caressais ses cheveux de l’autre. Il gémit de plaisir à mon premier passage, provoquant une vague de chaleur dans mon ventre. Paul avait apporté une guitare et commença à en jouer. Personne ne parlait, absorbé par sa musique. De l’autre côté du feu, Leah semblait perdue dans ses pensées. Je ne l’avais pas entendue de la journée mais je compatissais à son chagrin. Mais, elle était forte, elle était restée. Je me demandais si j’aurai eu la même force qu’elle…si j’aurai la même force le jour où Jacob épouserait la femme de sa vie…machinalement, mes doigts se resserrèrent dans ses cheveux et il ouvrit les yeux vers moi, m’interrogeant du regard.

  • Dors, chuchotais-je.
  • Je ne compte pas dormir cette nuit ! Je vais profiter de toi jusqu’au lever du soleil.
  • Arrête un peu…

Il se redressa et vint se placer tout près de moi, son visage à quelques centimètres du mien.

  • Je ne t’ai pas demandé de rester pour dormir, enfin sauf si tu dors avec moi…comme la dernière fois, murmura-t-il.
  • Jake…tu as promis d’être sage, répondis-je, rougissant au souvenir de notre dernière nuit dans la tente.
  • Je ne vois pas ce qu’il y a de mal à vouloir dormir dans tes bras !
  • Tu sais très bien ce que je veux dire !
  • Allez Bella…laisse toi aller. Je ne te toucherai pas, promis, continua-t-il dans un grand sourire.
  • Non ! Soit tu dors tout seul, soit tu ne dors pas mais je ne dors pas dans tes bras.
  • Bon … tant pis pour toi. Si tu as froid, tu n’auras qu’à aller chercher ton blouson, ronchonna-t-il.
  • Tu vois, tu recommences ! Tu veux que je parte ? le menaçais-je, entrant dans son jeu.
  • Non !…non, reste s’il te plait.

Sa voix venait de se faire à nouveau suppliante. Il ne plaisantait plus.

  • Je rigolais Jake …je t’ai dit que je restais, je resterai.

La soirée se déroula dans une ambiance extraordinaire. Les anciens et mon père nous avaient laissé. Les garçons chantèrent des airs Quileute, ensemble ou à tour de rôle, Jake me fit danser (enfin essaya) et je réussis même à participer à une danse de groupe entre couples. Jared et Quil me firent tellement rire que j’avais du mal à reprendre mon souffle. Je ne m’étais pas amusée ainsi depuis si longtemps, je pense même que je ne m’étais jamais amusée ainsi. J’oubliais tout, je riais, je dansais, je me laissais aller. Même Leah s’amusa un peu, servant de cavalière à Quil puisque Claire dormait déjà et qu’elle n’avait pas l’âge, évidemment. Tard dans la nuit, j’eu soudain un petit moment de panique lorsque Sam se déshabilla. Il se mit de dos mais il était nu et je cru pendant un moment que cette soirée se finirait dans une ambiance à la limite du correct mais à mon grand soulagement, il muta. Et je fus émerveillée de voir Emily grimper sur son dos avec une étonnante aisance. 

  • Allez…bonne nuit les amoureux ! lança Embry
  • On sera là pour le petit dej’ à la première heure demain ! cria Jared.

Emily et Sam s’éloignaient déjà, imperméable aux railleries des garçons. Emily nous fit un dernier signe avant qu’ils s’enfoncent dans la forêt. Pendant tout ce temps, j’avais regardé la scène, bouche bée et Jacob éclata de rire lorsqu’il tourna son regard vers moi.

  • Coucou Bella ! tu es avec nous ?

Je me ressaisis et lui souris, un peu gênée. Je devais être la seule à encore m’émerveiller devant ce spectacle. Jacob le comprit soudain car il murmura :

  • Tu veux qu’on aille faire un tour ?
  • Non, pas ce soir …, répondis-je en rougissant.
  • Pourquoi tu es gênée ? me demanda-t-il en souriant.
  • Et bien, je ne savais pas jusqu’à maintenant que l’idée de me promener sur le dos d’un loup pouvait me plaire et ça me …
  • Quoi ? Vas-y…
  • Jake…enfin, tu vois quoi ! …ce n’est pas un loup ordinaire…c’est très « physique » comme promenade…

Ma remarque le fit éclater de rire.

  • Bon, comme tu veux, dit-il enfin quand il fut calmé.

Cependant, j’hésitais mais comme il se leva pour aller se rechercher à manger, je décidais d’oublier cette idée.

Plus tard, me promis-je. 

La nuit passa en douceur mais quelques heures avant le levé du soleil, Jacob s’allongea dans l’herbe et je vins naturellement me blottir contre lui. Nos jambes emmêlées, dans les bras l’un de l’autre, j’enfouis mon visage dans son torse pour respirer pleinement son délicieux parfum boisé. J’avais bien chaud et je soupirais d’aise. Il m’embrassa les cheveux et je sombrais dans un sommeil sans cauchemar.

 

26. Dur retour à la réalité

Le lendemain, les rayons du soleil vinrent me chatouiller le visage et j’ouvris les paupières péniblement. Il faisait frais, je sentais l’odeur d’un feu qui s’éteint mais j’avais bien chaud…je réalisais alors où je me trouvais et levais la tête vers Jacob. Ses bras m’enveloppaient et les yeux grands ouverts, il scrutait le ciel paisiblement.

  • Tu as dormi ? Murmurais-je.
  • Oui…je n’ai pas dormi aussi bien depuis très longtemps, soupira-t-il.

Alors nous étions deux.

Il tourna la tête vers moi, ses yeux caressaient mon visage dans un doux sourire. Je le sentais si heureux. Je repensais à la magnifique journée que nous avions passée ensemble et, elle me parut comme sortie d’un rêve. J’avais tout oublié pendant ce moment, je m’étais enfermée dans une bulle et le réveil était assez douloureux.

Une portière claqua et je me tordis le cou pour voir notre visiteur. Billy était déjà sur le perron, accueillant mon père qui avait jeté un œil vers notre groupe allongé dans l’herbe, un petit sourire aux lèvres. Le message était clair : il était très heureux de me retrouver là, dans les bras de Jacob au lieu de ceux d’Edward. Je me relevais, me forçant à revenir complètement à la réalité. Jacob m’observait, soudain soucieux. Encore une fois, l’expression de mon visage m’avait trahie. Mais il le fallait. Je devais partir et retrouver Edward ! Je m’étais assez amusée, je ne devais pas abuser de sa patience…

Lorsque je fus debout, mon regard fut attiré par les autres qui, comme nous, avaient passé la nuit près du feu. Leur position me frappa. Lovés les uns contre les autres, chaque couple présent formait comme une seule et même personne. Les garçons, emprisonnant leur promise d’une manière possessive. Les filles, dormant paisiblement, un masque de bonheur absolu sur leur visage. Le goût amer de la culpabilité envahit à nouveau ma bouche. Mon égoïsme à vouloir garder Jacob pour moi, à ne pas savoir lequel choisir entre lui et Edward, tout en espérant secrètement qu’aucun des deux ne me laisserait tant que je n’avais pas fait mon choix…tout ça retirait à Jake toute possibilité de rencontrer son âme sœur. Ce sentiment de honte et d’imposture, qui avait lentement fait son chemin pendant toute la journée du mariage, venait de me frapper avec tant de force que je m’arrachais à ce spectacle pour filer vers la voiture de Charlie. Jake venait de bondir sur ses pieds et me rattrapa en moins de deux. Il me força à stopper ma course et à le regarder.

  • Je reviendrai demain…, lui murmurais-je, honteuse devant son regard suppliant.

Il serra les mâchoires, baissa les yeux pour me dissimuler son chagrin, puis, il hocha la tête, signe de sa capitulation.

Je repris ma marche vers la voiture, plus lentement cette fois. Il me suivait et allait jusqu’à m’ouvrit la portière. J’allais m’asseoir lorsque d’une main, il me retint et m’enlaça, ses bras autour de mon cou, emprisonnant ma tête. Il posa son menton sur mon front et inspira. Je passais mes bras autour de sa taille, caressant doucement son dos.

  • Je t’aime Bella, chuchota-t-il.
  • Je sais …, répondis-je, la gorge serrée. Merci pour cette merveilleuse journée … 
  • Reviens vite s’il te plait … mon quotidien est dur sans toi.
  • Oui…

Ma réponse résonna étrangement dans ma tête, je pris alors conscience que je venais de prendre une décision…il était temps que j’arrête de faire souffrir ceux que j’aimais. Je me dégageais de son étreinte, mon regard balaya la petite maison rouge, la cabane près de la forêt, la table de mariage encore dressée…je lui écrirai, puisque je n’étais capable de rien d’autre, mais au moins, les choses seraient claires. Charlie sortait de la maison pendant que Billy lui lançait :

  • Merci pour la batterie ! Jake me l’installera aujourd’hui.

Charlie fit un signe de la main puis fronça les sourcils lorsqu’il nous vit près de sa voiture.

  • Salut Jacob ! Bien dormi ? lâcha-t-il en passant.

Ce dernier était tellement anéanti par mon départ précipité, qu’il ne répondit pas. Je me hissais sur la pointe des pieds et déposais un baiser sur sa joue, me retenant de lui murmurer un « je t’aime aussi » à l’oreille. Puis, je m’installais sur le siège près de mon père, en silence, et en levant les yeux vers Jake, son expression me déchira le cœur. Il souffrait déjà alors que je ne l’avais pas encore quitté. Je me haïssais tellement. Mais il était temps que mon égoïsme cesse. Prendre mes distances, lui laisser le temps de voir autre chose … nous serions toujours amis, j’étais incapable de me passer de lui, mais je ne reviendrais pas ici avant un bout de temps. J’avais vécue une des plus belles journées de ma vie avec lui, c’était déjà un cadeau que je ne méritais pas. Je lui écrirai, je l’appellerai afin qu’il n’ait pas ce sentiment d’abandon total mais demain, il saurait que pour moi, le choix était fait et qu’il devrait vivre avec. La rentrée approchait, la distance m’aiderait à respecter ma décision ! Et puis, je devais reparler avec Edward à mon sujet, bien y réfléchir et le convaincre lorsque je me serai moi-même convaincue.

Mon père démarra la voiture tout en m’observant. Il me connaissait bien, il savait qu’encore une fois, je vivais un drame. Jake s’écarta de la voiture afin de nous laisser partir. Ce geste déclencha en moi une douleur profonde. Mon père lui fit un petit signe puis un autre à Billy et nous quittâmes la Push. Une fois que la maison n’était plus en vue, un spasme me secoua et je laissais les larmes m’inonder, brûlantes. Charlie ralentit et s’écria :

  • Nom de Dieu Bella, est-ce qu’un jour ça va s’arrêter ?!

Je me mordis les lèvres, secouée par un nouveau spasme. Je vis Charlie secouer la tête,  comprenant qu’il ne servirait à rien de m’engueuler ou de me consoler. Il continua sa route en silence. Oui, il avait raison, ça ne pouvait plus durer. Il y avait un nom pour les filles comme moi et je me détestais pour ce que je ressentais. Je demanderai pardon à Edward pour l’avoir fait autant souffrir depuis deux mois et je lui dirai oui pour le mariage. Ainsi, Jacob pourrait passer à autre chose et présenter la bonne personne à sa famille. Les larmes n’étaient pas prêtes de s’arrêter de couler, je sentais en moi un puit infini de souffrance. Je remerciais mon père silencieusement de me laisser me vider de mon chagrin.

 

27. Ils ne vont pas me lâcher avec ça !

Une semaine que j’avais reçu sa lettre, une semaine que je n’avais plus de nouvelle d’elle depuis mon appel lui annonçant que je l’avais bien reçue et que pour moi, ça ne changeait rien. Après avoir lu son message, il m’avait fallu quelques minutes pour comprendre qu’en fait, je ne la prenais pas au sérieux. C’était encore une fois une de ses tentatives désespérées de me rejeter de sa vie et je savais qu’elle reviendrait et que tout recommencerait. Nous étions incapables de vivre l’un sans l’autre, ça je l’avais compris lorsque je l’avais revue chez moi, après ces six semaines d’absence et de rejet de ma part. Moi non plus, je n’avais pas été sérieux le jour où j’avais dit qu’elle devait quitter ma vie…j’avais donc décidé de la laisser mariner, pensant qu’elle reviendrait plus vite que ça, mais apparemment, elle tenait bon. Pas grave … lorsque le manque se ferait trop ressentir, elle reviendrait vers moi avec encore plus d’amour qu’avant. Je ne sais pas d’où me venait cette nouvelle certitude mais pour moi, les choses étaient claires. Séparation longue ou pas, Bella et moi serions (au moins) toujours amis. Bien sûr, je souffrais de martyr la séparation physique mais je parvenais maintenant à maîtriser la douleur mieux qu’avant. Il me suffisait de repenser à la dernière journée que nous avions passé ensemble, où elle m’avait appartenue quasi entièrement, et la souffrance devenait supportable. Mes frères n’en revenaient pas, eux pour qui chaque séparation de plus d’une journée était un déchirement et je les impressionnais encore plus lorsque je parvenais à maîtriser mes pensées afin de ne pas leur affliger les horreurs qu’ils avaient dû subir depuis des mois.

Je n’avais plus de nouvelle de la sangsue non plus, avait-il renoncé à la faire changer d’avis ? Pourtant, je ne doutais pas une seule seconde qu’il inspectait ma tête plusieurs fois par jour. L’idée aussi qu’il gardait le silence me laissait l’espoir que Bella n’avait pas encore décidé de sa « mort »...depuis notre « pacte », je savais que si elle se bornait à nouveau à devenir vampire, il viendrait me prévenir illico pour que je la fasse changer d’avis.

Charlie était repassé pendant la semaine mais j’étais chez Sam à ce moment là et j’étais content de ne pas l’avoir croisé. Je savais qu’il se serait encore senti gêné et en fait, je ne voulais pas que Bella ait de mes nouvelles, histoire qu’elle marine encore un peu plus. Car ça non plus, je n’en doutais pas. Elle devait souffrir de ne pas m’entendre ou me voir. Peut-être que son vampire lui donnait de mes nouvelles ? Mais j’en doutais …

 

Lorsque le téléphone avait sonné ce matin, j’avais bien sûr espéré que c’était elle mais l’intonation de Billy me confirma vite que c’était Sam. Depuis la soirée où nous avions réussi à ramener Fenq et les jumeaux chez leur père, nous montions la garde tous les jours et toutes les nuits pour les surveiller. C’était fatigant mais nécessaire pour l’instant. Ces gamins étaient des révoltés, une première dans l’histoire de la meute. Jamais des loups n’avaient opposé autant de résistance à leur Alpha. Pour moi, c’était des petits malins qui passaient leur temps à essayer de contourner les ordres, j’y étais bien arrivé moi-même sans mauvaise intention alors s’ils passaient leur temps à faire ça, je n’imaginais même pas toutes les idées auxquelles ils pensaient ! Nous en avions beaucoup capté lorsqu’ils avaient muté le soir de la fête pour se réfugier dans les bois et ça avait longuement perturbé Sam. Je ne l’avais jamais vu comme ça, douter autant de lui-même sur ses capacités d’Alpha, il m’avait même demandé de prendre sa place (enfin MA place comme il se bornait à me le répéter) pour mieux les maîtriser. Comme si ça allait changer quelque chose à leur esprit tordu ! J’avais bien sûr refusé et l’avais rassuré dans ses aptitudes, avec le soutien de mes frères.

 

Sam me demandait et il était agité d’après Billy. Je quittais donc la maison sur le champ, mutant à l’orée du bois. Les nouvelles me parvenaient petit à petit et j’accélérai la cadence. Lorsque j’atteignis la clairière, Quil, Embry et Paul étaient déjà là, couchés en cercle. Jared arriva quelques secondes après moi et je fus surpris de voir Seth à la gauche de Sam. Sa tête entre ses pattes, il semblait accablé. Je m’installais à la droite de notre Alpha, trop énervé par ce que je venais d’apprendre pour me concentrer sur mon « petit frère » et par le fait qu’il avait pris la place de Paul.

 

Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Qui devait les surveiller cette nuit ? Demandais-je d’un ton sec à Quil qui venait de m’envoyer les images de sa ronde de la nuit, accompagné de Leah.

Jacob, laisse Quil s’expliquer s’il te plait, me demanda Sam.

Je détestais ce nouveau ton qu’il adoptait avec moi depuis quelques temps ! Comme si je méritais plus de respect que les autres…je ne prendrais pas sa place ! Qu’il se le mette dans le crâne !

J’ai pourtant toutes les raisons de douter de moi Jacob ! Ils ont filé ! Et mes ordres n’y ont rien changé et maintenant, le pire est arrivé ! Fenq dirige ses frères, la meute est divisée et nous ne pouvons plus savoir où ils sont, ni ce qu’ils font puisque la connexion est rompue !

Arrête un peu ! Ça devait arriver …tu le sais. Que ça soit toi ou moi qui donnons les ordres ! Objectais-je.

Non, tu les as plusieurs fois maîtrisés ! Encore la dernière fois, c’est toi qui les as stoppés avant qu’ils ne filent vers le territoire des Cullen !S’emporta-t-il.  

Sam a raison, tu nous ennuies avec tes principes à la noix !Riposta Paul.

Ça veut dire quoi ça ? Que je suis responsable de leurs comportements ?

Ils commençaient à me chauffer … je me levais d’un bond, défiant Paul. Ce dernier, toujours partant pour une confrontation, grogna et se planta devant moi.

On ne veut pas dire que c’est de ta faute Jacob…, intervint Quil.

Non mais vous le pensez tous ! Je vous le répète, ça n’aurait rien changé !

C’est clair que maintenant, on ne le saura jamais ! Cracha Paul.

De rage, je fis claquer mes crocs sur son museau, lui arrachant un couinement de douleur.

Sam réagit aussitôt et nous ordonna avec sa voix d’Alpha.

Ça suffit ! Reprenez votre place !

J’obéis. Mon esprit capta soudain les pensées de Seth qui n’avait encore rien dit. Je ressentais sa tristesse infinie, il me réclamait, avait besoin de mon soutien… Je venais alors de le remarquer…Leah n’était pas là, je ne l’entendais plus …

Non, il semblerait qu’elle les ait rejoins… me répondit Sam.

Comment est-ce possible ?

Elle a saisi l’occasion, rétorqua amèrement Seth.

Je revis le chagrin de Leah, lorsque Sam avait muté et que nous ne savions pas encore pourquoi il l’avait quitté, sa douleur lorsqu’il s’était imprégné d’Emily, la pire lorsqu’elle avait appris qu’elle était enceinte…son déchirement total le jour du mariage …mon rejet…sur ce point, personne n’avait encore osé me dire quelque chose …

Elle ne supportait plus de voir Sam tous les jours, vous le saviez, elle avait vécu un enfer depuis le mariage…lorsqu’elle a compris les intentions de Fenq, elle n’a pas réfléchi longtemps, annonça Quil.

Je recevais maintenant les dernières images de Leah lorsqu’elle avait raconté à Quil que Claire avait besoin de lui. Comment avait-elle réussi à lui mentir sans qu’il ne s’en rende compte ? 

Elle a toujours été très maligne et manipulatrice, ajouta Quil.

Leah est quelqu’un de bien !Ripostais-je.

Oui, mais elle souffrait et sa douleur était si profonde qu’elle a préféré nous trahir…SE trahir plutôt que de continuer à vivre son cauchemar, répondit Sam tristement. Je suppose que ça sera plus supportable pour elle maintenant… Et puis, si elle est avec eux, peut-être qu’elle parviendra à les maîtriser, à leur faire entendre raison. 

Je m’accrochais soudain à cette idée. Oui, Leah nous avait quittés pour les surveiller de plus près …pourtant, la dernière image d’elle était claire. Elle ne reviendrait pas…pas maintenant…elle avait besoin de couper les ponts. J’aurai dû accepter sa proposition !

Jacob, arrête ça tout de suite !Claqua Sam. Tu ne pouvais pas trahir Bella. Personne ne pouvait la sauver. Même pas toi, même pas moi…

Si ce truc là n’existait pas, on souffrirait beaucoup moins, marmonnais-je.

Personne ne me répondait…évidemment, ils n’étaient pas concernés.

On souffre avec vous, enfin avec toi quand même, se reprit Embry.

Laissez tomber, d’accord ?

Ton idée était bonne Jacob, nous allons contacter les Cullen, me coupa Sam. Ils nous doivent bien ça.

Tu crois vraiment que c’est une bonne idée Sam ?

Absolument ! Leur technique de chasse est presque aussi bonne que la notre. De plus, le fils, Edward, peut lire dans leurs pensées. Il les connaît, il saura rapidement où ils sont, même s’ils n’ont pas muté.

Son pouvoir ne fonctionne que sur un rayon de quelques kilomètres, précisais-je.

Ça sera toujours ça, rétorqua Sam. Ses frères sont très forts, surtout celui qui s’appelle Emmett. Je l’ai vu à l’œuvre contre ceux de son espèce, rien ne lui résiste. 

Tu veux vraiment t’allier à toute la bande des sangsues ? Seul Edward nous est utile !

Oui ! Et je compte même sur toi pour aller leur annoncer, déclara-t-il, déclenchant une moquerie générale de la meute.

J’imaginais ce que pourrait être cette nouvelle alliance. Edward et moi n’en avions pas reparlé depuis la fête. Il avait capté dans les pensées de Fenq, que ce dernier voulait m’atteindre à travers Bella. Il savait que je m’étais imprégné d’elle, il voulait lui faire du mal par défi, parce que je me permettais de lui donner des ordres. Avec l’aide de Paul, je lui avais mis une sacrée raclée le soir où nous les avions attrapés, rien que pour avoir osé y penser ! Le monde tournait à l’envers…nous ne devions plus protéger les humains des vampires, dans ce cas, c’était un vampire qui protégeait Bella d’un loup-garou dérangé. Pour ça, je pouvais compter sur Edward et ses frères. Mais tout ça était personnel. Maintenant, nous nous retrouvions dans la même situation que les Cullen il y a quelques mois. Nous devions nous battre contre des membres de notre propre famille. Et pour ça, il fallait nous associer afin d’être sûr de gagner.

L’avantage dans cette histoire, c’est qu’ils ne captent plus nos pensées donc plus nos plans, affirmais-je.

 

28. J’aurai même pu aller jusqu’au bout du monde !

Nous nous quittâmes tard dans la nuit sur l’accord que je servirais de porte-parole (encore une fois) avec les Cullen. Carlisle allait finalement être content, nous allions souvent traiter ensemble …avant de quitter toute la meute, j’avais quand même pris le temps de consoler Seth. Nous n’avions jamais parlé ensemble de cette histoire de fratrie, pourtant tout le monde était maintenant au courant. Mais, il se sentait tellement abandonné que je voulais lui faire comprendre qu’il pouvait compter sur moi, que je serai toujours là pour lui, quoi qu’il arrive. Je n’avais bien sûr prononcé aucune parole, trop gênant, mais je savais qu’il avait ressenti tout le message que je voulais lui faire passer. J’aimais beaucoup ce gamin et sa tristesse me bouleversait.

Lorsque je fus à la maison, Billy m’annonça que le téléphone avait sonné plusieurs fois mais que personne ne répondait quand il décrochait.

  • Quoi ? ! Et tu ne pouvais pas m’appeler ! m’écriais-je, convaincu que c’était Bella.
  • Et comment idiot ?!

Nom d’un chien ! Ça me tuait ! Je laissais de côté mon histoire de la laisser mariner et composais le numéro de Charlie. Personne. Soudain, l’angoisse monta. Je pensais à Fenq…non, Edward dormait chez elle toutes les nuits, je le savais pour avoir patrouillé plusieurs fois par là depuis une semaine, je n’avais même pas besoin d’aller chez elle, je le sentais à des mètres ! Il savait qu’elle était en danger, il ne la lâcherait pas. Je n’avais pas le numéro de la crypte … faudrait quand même que je me décide à demander celui d’Edward…je restais planté devant le téléphone à réfléchir à mon idée absurde lorsque la sonnerie retentit.

  • Oui ?!
  • Jacob …

Bon sang, ça faisait du bien de l’entendre…mais sa voix était si triste que ma joie s’évapora aussitôt, laissant place à l’inquiétude.

  • Où es-tu ?

Elle soupira ou elle hoquetait ? J’avais du mal à l’entendre.

  • A Seattle…je suis à Seattle.

Qu’est-ce qu’elle foutait là-bas ? Je l’entendis ravaler ses larmes et la colère m’envahit. Elle était seule !

  • Bella, qu’est-ce que tu fais ? Qu’est-ce qui ne va pas ? Où est Edward ? Réponds-moi !
  • Viens me chercher Jake…

A présent, sa voix était brisée par les larmes. J’étais en train de devenir dingue mais je devais savoir où elle était avant de filer. Je ne pourrais pas la retrouver comme ça, aussi facilement. 

  • Bella, où es-tu exactement ?
  • Je…je ne sais pas, souffla-t-elle. Plus de batterie…Je…suis partie, comme ça…j’étais tellement en colère… il m’abandonne…encore…oh Jake…

Mes mains tremblaient tellement que je dus inspirer et expirer plusieurs fois pour ne pas briser le téléphone. Comment avait-il pu la lâcher maintenant ? ! Et à Seattle ! Où était-il ? Bon sang, j’allais la chercher et après, je lui ferai la peau !

  • Chérie, calme-toi, réussis-je à articuler. Je viens te chercher…je vais faire aussi vite que je peux. Je te trouverai.
  • Oui…viens vite…

Et elle raccrocha. Il fallait que je me calme si je voulais réfléchir correctement. Si je mutais maintenant pour aller à Seattle, j’en avais pour maximum un quart d’heure mais une fois là-bas, je ferai quoi ? Un loup dans une aussi grande ville ne passerait pas inaperçu, surtout que je ne connaissais pas des masses… non, le mieux était la voiture. Tant pis, elle allait souffrir.

 

Je poussais les vitesses à fond, le moteur hurlait de douleur …je m’en occuperai après ! Le fait qu’il faisait nuit allait quand même m’aider à la retrouver. Je pourrai muter et me cacher pour écouter. J’étais sûr que je pourrais reconnaître son cœur, même au milieu d’une foule si je me concentrais bien.  En attendant, j’avais une demi-heure pour réfléchir à l’endroit où elle pouvait être. Le seul qui me venait à l’esprit était l’université.

En entrant dans la ville, je n’eu aucun mal à trouver la direction. Je fonçais à travers les rues désertes, poussant ma golf jusqu’à ses limites. Si les flics m’arrêtaient, j’enverrai l’amende à Charlie … comme je m’y attendais, les devants de l’université étaient dépeuplés. Je tournais autour du bâtiment, à la recherche d’une cabine téléphonique. Rien…je soupirais et décidais de m’arrêter là. Un groupe de jeunes passaient sur le trottoir d’en face, surgissant d’un café.

  • Eh là-bas !

L’un d’entre eux tourna la tête vers moi, hésita devant mon allure, puis s’approcha quand même.

  • Salut…
  • Est-ce qu’il y a une autre université que celle-ci dans cette ville ? m’enquis-je sans tenir compte de son bonjour.  
  • Non mon gars, tu es devant notre unique temple d’élévation intellectuelle !

Je scrutais ses yeux, il n’avait pas l’air net…bref ! Il semblait pouvoir encore réfléchir.

  • Et il y a des cabines téléphoniques ici ?
  • J’sais pas … j’ai mon portable. Tu le veux ?
  • Non ça va … il n’y a pas un endroit où on peut appeler d’ici ?
  • Peut –être le café ? Tu veux entrer …il est là-bas.

Mais j’oubliais immédiatement mon fêtard lorsque je la vis, par terre, dans un coin sombre à plusieurs mètres de moi. Ma vue, plus perçante qu’avant, venait de reconnaître ses cheveux qui pendaient lamentablement sur ses genoux repliés. Elle était au pied d’un téléphone public, à l’entrée du parc que je n’avais pas remarqué.

Je courrais vers elle, tentant de maîtriser ma vitesse pour ne pas éveiller les soupçons des jeunes qui étaient toujours devant le café. Elle ne m’entendit pas approcher et ne releva la tête que lorsque je passais mon bras sous ses genoux pour la soulever.

  • Tu es là…, souffla-t-elle. Et elle s’accrocha à mon cou avec la force du désespoir.
  • Je suis là ma chérie, je suis là…

Soudain, une odeur familière me fit lever la tête et je le vis, m’observant du haut d’un arbre, à quelques mètres d’elle, le regard indéchiffrable. Sa blancheur était plus irréelle sous les reflets de la lune qui pointait derrière lui et je le fixais durement. A quoi jouait-il ? Nous nous toisâmes comme ça pendant quelques secondes puis il disparu aussi vite qu’il était apparu. Je décidais de laisser tomber et la transportais jusqu’à la voiture.

 

Pendant tout le trajet, elle ne parla pas. Elle se contentait de fixer la lune par la fenêtre, sa main sur la mienne que j’avais posée sur ses genoux après avoir passé la dernière vitesse. J’avais oublié ma colère contre Edward. J’essayais juste de comprendre ce qu’il lui était encore passé par la tête. Ce mec me donnait l’impression d’être de plus en plus désespéré… au point que je me dis qu’il devait vraiment regretter de l’avoir rencontrée. Pourtant, il l’aimait mais il ne la comprenait pas… maintenant j’en étais sûr.

 

29. Je ne sais même pas encore comment j’ai fait…

Une fois chez elle, je la descendis de la voiture et la portais jusqu’à l’entrée, sa tête enfouit dans mes épaules. Charlie venait sûrement de rentrer car tout était allumé. Je sonnais et il ouvrit aussitôt, sa veste encore sur le dos.

  • Bella ? Jacob ?! Bon sang, qu’est-ce qu’il y a encore eu ?
  • Bonsoir Charlie, Bella ne va pas bien … malade je pense.

Bella ne réagissait pas, me laissant me débrouiller avec son père.

  • Ah bon, répondit-il plus calmement. Et bien, va la mettre sur le canapé alors, je vais fermer le garage et j’arrive.

Je sentis qu’elle me serrait le cou plus fort, elle ne voulait pas le canapé…je pensais à son visage ravagé par les larmes…elle voulait préserver Edward…cette idée m’agaçait mais j’allais obéir.

  • Non, je vais la mettre directement dans sa chambre… elle est à bout de force.

Charlie hésita puis déclara :

  • Bien…très bien, vas-y.

Je montais les marches en douceur et lorsque nous fûmes sur le pallier, elle releva la tête et se dégagea de mes bras.

  • Merci Jake… mais je crois que tu ne devrais pas rentrer là.
  • Oh…oui, bien sûr, murmurais-je, un peu vexé.
  • Non, ce n’est pas ce que tu crois, se précipita-t-elle d’ajouter. C’est que …il est peut être là.
  • Ah … non, il n’y est pas, affirmais-je en reniflant.

Ma réponse la fit s’agiter un peu, comme si elle avait espéré jusqu’au bout.

  • Tu veux qu’on en parle ? murmurais-je.

Elle baissa les yeux et se mordit les lèvres, secouant la tête. Bon, elle voulait que je parte. Pas grave, de toute façon, je ne comptais pas m’éterniser. Elle était dans un sale état et en effet, il pouvait revenir d’une minute à l’autre puisqu’il ne l’avait pas quittée, mais ça, elle ne le savait pas encore.

Je déposais un baiser sur son front et redescendis les escaliers. Charlie m’accueillit avec un sourire de soulagement…qu’est-ce qu’il croyait !

  • Elle dort, lui lançais-je en passant. Bonne nuit !
  • Merci Jacob. Euh… Jacob ? m’interpella-t-il, lorsque je passais la porte.
  • Oui ?

Il me rejoignit à l’entrée.

  • Euh, je voulais savoir…Bella et toi, ça y est, vous êtes à nouveau réconciliés ?

Le pauvre…il n’aimait vraiment pas Edward. Je savais par Billy qu’il était très inquiet pour elle, ne se sentant pas à l’aise avec la sangsue …instinct de survie sûrement. Il avait confié à mon père qu’il sentait qu’il allait la perdre, que ce type l’agaçait au plus haut point, que sa politesse excessive était trop louche pour être honnête…pourtant, il respectait Carlisle, aimait bien Alice et s’étonnait de ressentir autant d’amertume pour Edward. Trop parfait…répétait-il à mon père, ce type est trop parfait pour l’être vraiment…

  • Charlie, finis-je par répondre, Bella et moi serons toujours amis, quoiqu’il arrive.
  • Peut-être bien mais vous vous disputez souvent … et je n’aime pas ça…surtout que je sais que ça vient toujours d’elle !
  • Non, je l’ai aussi jetée une fois …, déclarais-je.
  • Bah il y a de quoi avec ce qu’elle te fait subir ! Elle mérite de se faire remettre à sa place de temps en temps ! s’écria-t-il.
  • Je ne suis pas un ange Charlie …
  • Peut-être bien mais tu es toujours là pour elle et elle est bien contente de te trouver quand ça ne va pas avec l’autre …avec lui, lâcha-t-il avec un mouvement de la main.

Je soupirais et il se rapprocha de moi, guettant un mouvement à l’étage.

  • Est-ce que tu l’aimes ? chuchota-t-il, comme s’il complotait quelque chose.
  • Oui … infiniment, répondis-je gêné et la gorge serrée.
  • Alors bats-toi pour elle ! Quand elle est avec lui, j’ai l’impression qu’un jour elle ne reviendra pas…quand elle est avec toi, je sais que je l’aurai à mes côtés, toute ma vie. Nous sommes de la même famille Jacob et je ne sais pas si ton père t’en a parlé mais quand vous étiez petits, nous avions fait le pacte de marier nos enfants.

Je sursautais.

  • Quoi ?!

Charlie rigola franchement et ajouta :

  • Bien sûr, c’était entre deux bières et nous ne pouvons pas décider de votre avenir mais au fond de moi, je l’ai toujours rêvé…je suis même une fois allé prier devant votre statue alors que, tu me connais, je me fous comme une guigne de toutes ses croyances ! Plaisanta-t-il. Pourtant, ce jour-là, j’ai prié très fort…

Je le regardais, ahuri…imaginant Charlie, moitié éméché, se prosterner devant le loup en bois, une bière à la main. Il semblait perdu dans ses souvenirs et j’avais envie d’arrêter cette discussion. Moi aussi je rêvais qu’il fasse parti de ma famille mais pour l’instant, ce n’était pas envisageable et cette constatation me faisait trop mal.

Je lui tapais un petit coup sur l’épaule en lui souhaitant bonne nuit et quittais la maison.

 

Une fois dans la rue, je démarrais ma voiture et fit demi-tour pour rentrer mais au bout de quelques mètres, je stoppais. Je ne pouvais pas la laisser seule ! Si Fenq guettait, elle était une proie toute offerte…si jamais Edward revenait, je partirai…il était assez intelligent pour me montrer sa présence sans qu’elle ne s’en rende compte. Il l’avait fait à Seattle. Je garais ma voiture et marchais jusqu’à sa fenêtre. La lumière n’était pas éteinte, la fenêtre était ouverte. Je tendis l’oreille, elle soupirait. Doucement, je grimpais jusqu’au rebord et m’y installais, en silence. La puanteur de sa chambre était insoutenable, je décidais de rester où j’étais mais lorsque je la vis en larmes, mes résolutions s'évaporèrent et je déposais un pied sur le sol pour l’atteindre en deux enjambées. Je m’assis près d’elle sur le lit et elle se tourna vers moi pour que je la prenne dans mes bras. Elle pleura longtemps sur mon épaule pendant que je lui caressais les cheveux, refoulant l’odeur qui en émanait et qui me chatouillait les narines. Au bout de longues minutes, elle se calma et à ma grande surprise, me poussa doucement sur le lit. Je me laissais faire et posais ma tête sur son oreiller. Elle se blottit contre moi. Je fixais le plafond, me demandant si c’était une bonne idée que je passe la nuit ici. Si Charlie ouvrait la porte, il allait me tuer…j’écoutais et n’entendis que la télévision. J’étais assez rapide pour filer s’il montait les escaliers. Même s’il rêvait que nous soyons ensemble, il n’accepterait sûrement pas qu’il se passe quoique ce soit sous son toit. Je l’imaginais déjà avec sa carabine, me tirer dessus à toute volée…l’image me fit sourire.

L’odeur était partout, c’était écœurant. Elle s’était bien calmée, je décidais d’essayer de la détendre.

  • Ton oreiller empeste Bella !
  • Bouche-toi le nez Jake, répondit-elle en riant doucement.

N’empêche que c’était vraiment horrible. Il avait dû en passer des nuits ici pour que l’odeur soit aussi forte qu’à la crypte !
Elle passa sa jambe sur les miennes. Je pris sa main et elle commença à jouer avec mes phalanges, ma paume, mes doigts puis elle se redressa et vint planter son visage ravagé par les larmes à quelques centimètres du mien. Son maquillage avait coulé et je la taquinais :

  • Tu es vraiment affreuse ma belle …
  • Pardon, murmura-t-elle.

Elle pensait à sa lettre idiote et à cette semaine de silence. J’haussais les épaules et répondit :

  • Tu sais bien que ça ne sert à rien, tu ne peux pas te passer de moi Bella. Alors, s’il te plait, économise ton papier et tes stylos…
  • Ça ne te dérange pas que j’ai choisi Edward ? demanda-t-elle, scrutant mes yeux afin d’y déceler une vraie réponse.
  • Tu n’as pas encore fait ton choix Bella, répondis-je sur un ton léger.
  • Si ! Je l’ai fait, réfuta-t-elle avec force.

Je lui souris et murmurais en replaçant une mèche de ses cheveux :

  • Non…tu ne l’as pas fait. Tu le crois mais c’est faux.
  • Arrête Jake…tu te fais du mal.
  • Je m’en fiche de ça ! Tant que tu seras vivante, j’y croirai, de toutes mes forces, répliquais-je, gravement.

Elle sourit doucement puis me fixa avec une étrange intensité. Elle leva sa main et passa son index sur le contour de mon visage puis elle le fit descendre sur le nez pour finir son exploration sur mes lèvres, qu’elles caressaient doucement. Pour la faire rire, j'ouvris la bouche et mordis le bout de son doigt. Elle le retira aussitôt et plaqua sa bouche contre la mienne. Elle y déposait de légers baisers avec une douceur infinie. Mon cœur s’accéléra violemment.

Qu'est-ce qu'il avait dit déjà ? Si elle voulait, pas de problème.

Je soupirais de plaisir et elle se fit plus insistante. Je posais alors mes mains sur ses hanches et la hissait sur moi, plaquant son bassin sur le mien d’une main, emprisonnant sa nuque de l’autre. Elle n'opposa aucune résistance, au contraire, elle me passait les mains dans mes cheveux, puis força ma bouche et je la laissais m'envahir. Ses mains froides me donnaient le frisson, elle venait d’en passer une sous mon tee-shirt et je compris son intention. Je me relevais et elle le retira. Puis, elle retira son pull et les battements de mon cœur s’arrêtèrent quelques secondes devant le spectacle qu’elle m’offrait. J’avais tellement imaginé cet instant que de la voir, là, me coupa le souffle. Elle était si belle…je fis passer ma main sur sa gorge et descendit doucement le long de la bretelle en dentelle. Elle ne respirait plus, concentrée sur ce que je faisais. Je levais les yeux vers elle, son regard chocolat était troublé. Je l’emprisonnais à nouveau, la plaquant encore plus fort contre moi, tout en reposant ma tête sur l’oreiller. Tout mon corps la réclamait et se nourrissait de sa peau pour pouvoir supporter une nouvelle séparation. Une chaleur familière me brûla le dos et soudain, ma poitrine s’oppressa et je fus envahit par la panique.

Bon sang ! Et si je lui faisais mal ? Si je ne me contrôlais pas ? Et si la violence de mes émotions me faisait muter, là, maintenant ? C’était la première fois que je vivais un contact physique aussi intense et je ne savais même pas comment gérer ça !

Je savais pourtant que tout ceci n'était qu'un jeu, qu'on n'irait pas jusqu'au bout, qu'elle avait juste besoin de me montrer qu'elle m'aimait vraiment, qu'elle voulait s'accrocher, pour ne pas que je la laisse aussi...cette idée me calma, la chaleur s'estompa, ma panique avec...mais c’est ce moment qu’elle choisit pour pousser un soupir proche du gémissement et sa voix rauque recommençait à me rendre fou. Si elle continuait comme ça, j'allais perdre les pédales et atteindre le point de non retour. Je haletais, l'embrassant avec plus de fougue, ma main agrippée à sa nuque pour ne pas qu'elle lâche prise...mais elle n'en avait pas l'intention. Elle m'embrassait toujours, avec une fureur proche du désespoir, je sentis alors ses larmes ... l'image d'Edward s'imposa à moi avec violence, si fort que j'ouvris les yeux...L'odeur de ses cheveux me brûla alors le nez, l'odeur de l'oreiller...

Non pas ici, pas maintenant ...pas comme ça... j’étais en train de reprendre pied…elle était encore avec lui, il était peut être même là, dans la chambre, près à me détruire pour ce que je m'apprêtais à faire. Et si elle faisait ça pour le rendre dingue ? Lui ? Elle savait qu’il lisait mes souvenirs et celui-ci allait le rendre fou. Je la savais incapable de ça mais pourtant, cette idée m’acheva et avec une force dont je ne me croyais pas capable, j'attrapais ses hanches et la décollais de moi avec douceur pour la poser au bout du lit. Nous étions maintenant assis, face à face et elle me regardait, hébétée par ce que je venais de faire. Elle passa alors ses mains dans ses cheveux, s’emprisonnant la tête, les larmes reprirent de plus belle et je tendis la main vers elle.

  • Laisse-moi !
  • Bella …  
  • Laisse-moi Jake…, murmura-t-elle.

J’avais grillé mon joker…elle ne me le pardonnerait jamais. Rien de pire qu’une femme rejetée à ce moment là. Pourtant, je savais que j’avais pris la bonne décision.

Je me levais du lit et lui jetais un dernier regard. La douleur de la séparation me reprenait, encore plus violente qu’avant. Mais il fallait que je parte et je lui murmurais un « Je t’aime » avant de filer par la fenêtre.

 

30. Heureusement que je me suis retenu !

La fraîcheur de la nuit me remit définitivement les idées en place. Et ma décision de la quitter se conforta lorsqu’en approchant de ma voiture, je vis une ombre blanche côté passager. J’ouvris la porte en retenant ma respiration et m’installais au volant sans parler, fixant la route devant moi.

  • Merci, souffla-t-il dans le silence de l’habitacle. Je ne pensais pas que tu serais capable de la repousser.
  • Je me suis mis des mauvaises idées en tête…, marmonnais-je, dégoûté qu’il ait encore assisté à un moment d’intimité que je partageais avec elle. 
  • Désolé…, murmura-t-il en réponse à ma réflexion. Mais tu as tout faux, elle te désire vraiment. Je l’ai vu dans ses yeux quand elle t’a embrassé.
  • Mais comment tu fais pour ne pas devenir fou ? rétorquais-je. A nous regarder comme ça…à vivre à travers moi des trucs qu’elle ne fera jamais avec toi !

Je tournais les yeux vers lui et son image me choqua. Un vrai martyr ! Il ressemblait à un type qu’on allait mettre sur le bûcher ou pendre à l’aurore. Sa souffrance était comparable à la mienne…sauf que lui, il souffrait d’être avec elle ! Je laissais tomber…il ne me répondrait pas.

  • Qu’est-ce que tu fais encore ? Lâchais-je, pour revenir sur le sujet de Seattle.
  • Je te l’ai dit…je veux la sauver…
  • Ah oui ? En la rejetant ? m’écriais-je, repensant à l’état dans lequel je l’avais trouvée.
  • Je lui ai donné le choix…je pensais qu’après la journée du mariage, elle réfléchirait, mais non ! siffla-t-il, se retenant de pulvériser mon tableau de bord. Elle a fait l’inverse ! Elle a pris ses distances avec toi…

Il remarqua mes yeux exorbités qui fixaient toujours le tableau de bord qui venait d’échapper de justesse à une mort certaine. Il soupira puis reprit avec une certaine lassitude :

  • Je lui ai dit que je n’allais pas dans la même université qu’elle, histoire de prendre mes distances en douceur, qu’on allait se voir que les week-ends et les soirs mais plus la journée.

Je secouais la tête en riant doucement.

  • Mais tu ne comprends pas encore comment fonctionne cette fille ! déclarais-je.  Et tu prétends l’aimer ? Tu ne la connais pas Edward ! Tu ne la comprends pas ! insistais-je, d’une voix plus dure.
  • Ça je le sais ! claqua-t-il soudain hargneux. Je sais que tu l’as toujours mieux comprise que moi, que tu prévois ses réactions et que tu la comprends mieux que personne ! C’est pour ça que j’ai besoin de toi !
  • Alors je vais te dire un truc très simple : quitte-la ! Mais quitte-la vraiment ! ne revient pas dans une semaine ou dans dix ans ! Ne reste pas à Forks ! Quitte-la et laisse-la faire sa vie !
  • Je n’y arrive pas… déclara-t-il d’une voix blanche.

Et bien, ce n’était pas gagné … elle n’y arrivait pas, il n’y arrivait pas … et moi dans tout ça ? Et bien j’attendais qu’elle se décide, comme un imbécile et maintenant, je servais même d’appât aux pièges d’Edward. J’en avais soudain assez…je lui avais dit ce qu’il devait faire, il n’y avait que cette solution sinon elle continuerait à s’accrocher.

  • Je sais que tu la sauveras du désespoir Jacob… je te fais confiance pour ça.
  • Qui te dit qu’elle sera autant désespérée ? lâchais-je, maussade.
  • Si seulement je pouvais lire ses pensées, murmura-t-il.

Sa réflexion m’amena à penser à ce que je devais faire normalement ce soir.

  • En parlant de ça, il faut qu’on parle !

Il fixa le vide pendant quelques secondes et son visage de souffre-douleur s’alluma un peu.

  • Il faut qu’on parle de ça tous ensembles, déclara-t-il en réponse à mes pensées.
  • Très bien, alors ça sera demain sur votre terrain de baseball.
  • Pourquoi ? questionna-t-il soupçonneux.

Puis il sourit franchement et ajouta :

  • Tu ne nous crois pas capable de les choper sans les blesser ?
  • Je ne sais pas exactement comment vous procéder quand vous ne voulez pas tuer…
  • Hum, donc tu veux nous mettre à l’épreuve ? ajouta-t-il, un large sourire aux lèvres.
  • Un genre d’entraînement ouais, rigolais-je.

Nous étions soudain tous les deux excités par le projet.

  • Alors après nous avoir révélé tous tes secrets physiques, tu es prêt à nous livrer vos techniques de chasse ? insista-t-il, d’une voix enjouée.
  • Disons qu’on veut être sûr que vous compreniez bien à quoi vous avez affaire, histoire de ne pas vous faire surprendre…
  • Encore une fois, tu m’impressionnes Jacob Black…tu penses à notre sécurité, murmura-t-il, voyant que c’était moi qui avait avancé l’idée à la meute.
  • Je crois qu’on a eu assez avec Alice non ?

Il hocha la tête tout en jetant un œil à la rue déserte puis annonça :

  • Je vais parler à Carlisle moi-même, ça t’évitera de venir à la villa …
  • Mes narines te remercient …
  • Je ne sais pas si tout le monde sera d’accord ou non, vu ce qu’il s’est passé avec ma sœur mais je pense que c’est une bonne idée. Nous vous devons bien ça comme dit Sam, ajouta-t-il en souriant.

Je plissais les yeux tout en le regardant, mesurant le chemin que nous avions parcouru.

  • Tu as vraiment décidé d’être sympa hein ?

Il serra la mâchoire mais il semblait amusé par ma remarque.

  • Je t’apprécie Jake …même si ce n’est pas ton cas à mon sujet.

J’éclatais de rire, ce qui le fit sourire aussi. La rue était si silencieuse, je pensais à Fenq et aux jumeaux.

  • Ils ne sont pas loin tu sais, mais j’ai du mal à reconnaître l’endroit exact car ils sont dans la forêt.

Je tournais brusquement la tête vers lui.

  • Tu les entends ?

Il se concentra, il me faisait flipper quand il faisait ça…j’avais l’impression d’être à côté d’un de ses voyants pas très nets qui faisaient leur show à la télé.

  • Oui, finit-il par murmurer, le regard à mille lieux de moi. Paco, un des jumeaux, n’a pas l’air d’accord avec le plus vieux, Fenq…
  • Ah oui ??? m’écriais-je.

Terrible ce truc ! J’espérais qu’il m’en dise plus.

  • Attends…Fenq est en train de décider d’un plan mais il se force à ne pas penser au lieu, aux gens…

Il me jeta un regard vif, il était à nouveau dans la voiture.

  • Tu crois qu’il sait que je lis dans ses pensées ? demanda-t-il, soudain inquiet.
  • Peut-être bien…il sait à travers moi que tu peux le faire je pense …

Je n’y avais pas pensé mais cette idée ne me plaisait vraiment pas.

  • A moi non plus, répondit Edward. Je ne vais pas vous être d’une grande utilité s’il brouille les pistes. Toi aussi tu es très doué pour ça et c’est frustrant.

Je rigolais car je voyais très bien de quoi il parlait…notre nombre exact, notre hiérarchie, nos méthodes de chasse…sur ce dernier point, il allait bientôt être servi.

Mon regard se porta sur la maison de Charlie.

  • Tu comptes faire quoi maintenant ?
  • Je suppose que je vais aller la retrouver …enfin non, demain…le temps que l’odeur s’estompe, plaisanta-t-il.
  • Tu devrais arrêter de jouer avec ses nerfs comme ça, le prévins-je.
  • Je ne pensais pas qu’elle réagirait aussi violemment. Mais le point positif dans tout ça, c’est qu’elle a fait ce que j’espérais…elle t’a appelé. Je sais donc que le jour où j’aurai enfin le courage de partir, elle ne se laissera plus tomber dans la dépression, elle ira directement vers toi.

Je ricanais, repensant à ce qu’il venait de se passer dans la chambre.

  • Ouais enfin…si elle veut encore de moi après ça.
  • Tu sais, me répondit-il sérieusement, tu dis que je ne la comprends pas mais toi, il y a une chose que tu n’as pas compris c’est qu’elle nous aime tous les deux. Même si cette idée me fait mal, je l’ai acceptée.
  • Tu es plus fort que moi sur ce coup-là, marmonnais-je.

Edward se racla la gorge, je sentis qu’il pensait à partir mais il déclara, la voix emplie de sincérité.

  • Dis à Seth que je suis désolé pour Leah…mais elle ne sait plus trop bien où elle en est.

Bon sang, pourquoi je ne lui avais pas demandé de ses nouvelles !

  • Elle va bien, répondit-il. Elle souffrait beaucoup trop avec vous…Elle n’a pas ta volonté ni ta force…pour l’instant, elle est déterminée à couper les ponts, à faire souffrir Sam…
  • Elle n’y arrivera pas, répliquais-je.

Comme si Edward pouvait faire passer le message !

  • Elle y croit toujours pourtant …

Je secouais la tête…Leah finirait par se tuer si elle n’acceptait jamais l’imprégnation de Sam. Edward ouvrit la portière et lança avant de s’éclipser :

  • Appelle-moi demain à midi.

J’ouvris la bouche mais il était déjà parti. Comment voulait-il que je le contacte ? ! En hurlant son nom dans ma tête ?

Soudain, je vis un morceau de papier blanc tomber doucement sur le siège. Je l’attrapais au vol et y lut son message qui me fit rire : « Pour t’éviter la migraine ». Son numéro de téléphone était inscrit en dessous. Je soupirais…voilà, c’était fait. Manquait plus que celui d’Alice puis du Doc et j’aurai tous mes « nouveaux amis » sangsues dans mon répertoire.

 

31. Le choix

Une porte claqua et je me réveillais en sursaut. Ma tête était douloureuse, les yeux me brûlaient…tous les symptômes d’une nuit abominable à pleurer encore et encore…si bien que je ne savais même plus pourquoi avant de sombrer dans le sommeil. Je me forçais à ouvrir les yeux qui semblaient si lourds…je n’avais pas bougé de place depuis hier, les souvenirs de mon épouvantable journée (puis soirée) me revenaient par bribe puis, plus clairement, jusqu’à ce que j’enfouisse mon visage dans le matelas, espérant que ça atténuerait les images qui me faisaient horreur. Tout avait pourtant bien commencé. Edward m’avait emmené visiter l’université de Seattle, nous avions mangé dans le parc (enfin moi seulement mais l’illusion était là), nous nous étions allongés dans l’herbe, tête contre tête, s’amusant à décrire les formes des nuages puis il était devenu brutalement grave. Il s’était relevé et sans un mot, m’avait aidé à me mettre debout et nous avions marché en silence jusqu’à l’école. Et là, il avait commencé sa tirade…chaque mot était marqué au fer rouge dans ma mémoire « Je ne suivrai pas les cours avec toi », « Nous nous verrons moins souvent », « Je viendrai te voir tous les soirs, nous dormirons toujours ensemble ». Ma colère n’avait fait qu’un tour ! Il me lâchait ! Encore une fois ! Il m’abandonnait pour encore je ne sais quelle raison stupide ! Tout ce que j’avais décidé durant la semaine, toutes mes résolutions s’étaient évaporées comme neige au soleil. J’avais objecté : je le suivrai en Alaska ! Comme c’était prévu au départ ! Mais il m’avait gentiment rappelé que cette université là ne pouvait pas me prendre. Il l’avait fait exprès ! Pourquoi ?! Pourquoi me faisait-il ça alors que je lui avais dit qu’à présent, je passerai tout mon temps avec lui, que je laissais Jacob faire sa vie et que je ne douterai plus de quoique ce soit ! Etait-ce le mariage qu’il voulait vraiment ? C’est vrai que malgré ce que je m’étais dit le jour de ma décision, que je reparlerais de cette histoire de mariage et de tout ce qui en découlait, je n’avais pas encore eu le courage d’aborder la question. D’ailleurs, Alice m’en avait fait la remarque la veille de notre escapade à Seattle.

« Tu es sûre de ton choix Bella, je le vois bien mais, ma chérie, tu ne deviendras pas comme nous…nous ne serons pas sœurs »

Sa remarque m’avait énervé et soulagé à la fois. Je ne me sentais pas encore prête, même maintenant. Elle avait ajouté :

« Ça ne dépend plus de toi de toute façon … »

Et bien c’était clair ! Edward avait fait une croix sur mon avenir et maintenant, il faisait une croix sur moi ! Je me dis que je lui en avais fait tellement voir avec mes hésitations qu’il devait m’aimer moins qu’avant. Pourtant, son attitude jusqu’à hier semblait prouver le contraire. Il avait l’air de profiter de moi à chaque minute, il était heureux, m’embrassait dès qu’il le pouvait et soudain, son attitude avait radicalement changé, dans ce parc … je ne comprenais pas. C’était décidé, aujourd’hui, j’irai voir Carlisle ! Je ne sais pas pourquoi mais j’avais cette idée en tête depuis quelques temps, comme si il pouvait m’aider dans mes histoires de cœur ! Mais j’avais besoin de conseils et il était toujours disposer à écouter. Et surtout, je voulais lui parler de mon avenir. Revoir avec lui s’il était toujours d’accord pour me transformer le jour où je serai prête… puisqu’Edward avait encore une fois renoncé à sa parole … il faudrait qu’il le fasse vite, avant que je ne change encore d’avis !

Je soupirais, frissonnais et m’aperçu que la fenêtre était restée ouverte. Pas étonnant que je sois gelée ! Mon regard fut attiré par le tee-shirt noir de Jacob qui était resté au pied de mon lit. Une bouffée de chaleur m’envahie, mélange de honte et d’autre chose de plus compliqué…Pourtant, je tendis le bras et l’attrapais. Son contact me brûla, bien qu’il fût froid mais sa présence me renvoyait des images et surtout, des sensations, que je n’étais pas prête d’oublier. Je sentais d’ailleurs encore la pression de ses mains chaudes sur mes hanches, mon dos et… ma nuque était un peu douloureuse. Le feu me monta aux joues et j’enfouie mon visage dans le tissu. Ma gorge se serra à nouveau… Un peu de vent s’engouffra dans ma chambre, il faisait trop froid…je décidais d’enfiler le vêtement, histoire de garder encore son parfum sur moi. Bien sûr, il était trois fois trop grand pour moi et je me surpris à rire doucement. Je me levais du lit péniblement et me décidais à rejoindre Charlie en bas.

Lorsqu’il me vit descendre les escaliers, il ouvrit de grands yeux ronds devant mon allure. En passant devant la glace de l’entrée, je compris pourquoi : j’avais les cheveux en pagaille, du noir sur les joues, les yeux rouges et gonflés…ajouté à ça ma tenue, c’est clair, je faisais peur. Une vraie junkie ! J’allais continuer mon chemin vers la cuisine quand je me dis qu’il fallait quand même que je me nettoie le visage, par respect pour le petit déjeuner de Charlie.

Cinq minutes plus tard, j’étais assise en face de mon père qui lisait le journal, comme tous les matins. Il buvait son café en silence, me lançant de temps à autre un regard. J’observais dehors le camion de poubelles faire son travail tout en trempant mon morceau de pain sec dans mon chocolat chaud.

  • Dis-moi Bella…

Je tournais les yeux vers lui, l’invitant à continuer sa phrase.

  • Jacob t’a ramené hier soir…

Je hochais la tête tout en avalant mon dernier bout de pain, sachant qu’il allait aborder le sujet Seattle, Edward, maladie imaginaire et tout ce qui lui passerait par la tête.  

  • Et si je me souviens bien, il est reparti…, continua-t-il.

Ma lampée de chocolat me brûla lorsque ma gorge se serra d’appréhension pour ce qui allait suivre. Mon sang avait quitté mon corps.

  • Et il avait toujours ses vêtements …d’ailleurs, c’était même ce tee-shirt là, insista-t-il en pointant son doigt vers moi.

Je me raclais la gorge, le visage maintenant rouge de confusion, haïssant ma stupidité. Je fixais mon père, incapable de prononcer une parole. La tasse à la main, il attendait, rendant mon embarras encore plus grand. J’inspirais puis m’entendis répondre d’une petite voix :

  • Oui…c’était celui-là…

Il posa sa tasse. Aïe … j’allais avoir droit à la morale et sûrement à une punition car il ne serait sûrement pas dupe. Il allait deviner que ce n’était pas la première fois que Jacob entrait par ma fenêtre et que si Jacob entrait, Edward entrait aussi !

  • Ma fille, je croyais que le message était clair…
  • Oui, oui papa…mais ce n’est pas ce que tu crois …

Enfin hier soir, si …je rougis à nouveau au souvenir de Jake…mon père n’était pas né de la dernière pluie. Et ma tenue confirmait ce qu’il s’était passé. Je décidais de ne plus rien dire pour ne pas empirer la situation.

  • Et il est reparti sans rien ? Avec le froid qu’il fait maintenant la nuit ! s’écria mon père.
  • Euh…si quand même, répondis-je, gênée.

Bon sang, je vivais un cauchemar…

  • Papa, je t’assure que …
  • Je ne veux pas les détails ma fille ! Mais j’aimerai qu’on vous arrêtiez de vous payer ma tête ! Hier, il est reparti en me disant bonsoir ! Alors que sûrement dix secondes plus tard, je ne sais pas par quelle prouesse d’ailleurs ! Il te rejoignait dans ta chambre où tu étais censée dormir comme il m’a dit et surtout être malade !
  • Charlie …
  • Ecoute Bella, tu sais que j’aime beaucoup Jacob et vos petites cachotteries pourraient m’amuser en temps normal…seulement, tu n’es pas avec lui ! Ou alors, j’ai encore loupé un épisode ? s’écria-t-il.
  • Non, en effet…, soufflais-je. 
  • Alors, il est quoi pour toi ? Celui qui vient te tenir compagnie la nuit quand l’autre n’assure pas ?

Sa grossièreté me fit lever les yeux brusquement. Il devait être vraiment fâché pour se laisser aller comme ça. Je me passais la main dans les cheveux, essayant de réfléchir à ce que j’allais lui dire pour ne pas attiser sa colère. En même temps, il venait clairement de me mettre dans le nez qu’il avait compris qu’Edward passait les nuits avec moi. Je soupirais, encore plus honteuse que jamais d’avoir abusé de sa confiance.

  • La prochaine fois, dis-le moi si tu veux qu’il reste avec toi ici…, déclara-t-il d’une voix radoucie. J’irai chez Sue et vous aurez votre tranquillité.

Je relevais la tête, encore plus rouge qu’avant devant la proposition de mon père, surtout sur ce que ça supposait…il ne m’avait jamais proposé ça pour Edward et là, même en sachant que je n’étais pas avec Jacob, il le faisait !

  • Tu es grande maintenant, continua-t-il. Je peux comprendre que tu passes à la vitesse supérieure mais tout ce que je te demande, c’est …
  • Oui je sais…de me protéger, répondis-je enfin. On en a déjà parlé. Mais, ne t’inquiète pas, ce que je t’ai dit la dernière fois est toujours vrai…
  • Peu importe, répondit-il en balayant sa main dans le vide.
  • Non pas peu importe ! m’écriais-je. Pour hier, nous nous sommes un peu laisser aller, c’est vrai, mais il ne s’est rien passé papa… Je veux que les choses soient claires. Je me sens déjà assez mal comme ça face à ce que je leur fais vivre alors je ne veux pas non plus que tu crois que je ne suis pas correcte…, expliquais-je, soulagée d’avoir débité ma tirade jusqu’au bout.

Mon père me fixa pendant quelques secondes puis répliqua :

  • Permets-moi juste de te dire que tu joues à un jeu dangereux ma fille. Pour l’instant, il ne se passe rien mais le jour où l’un des deux t’emmènera jusqu’au bout, tu le regretteras peut être. Et il sera trop tard.
  • Je les aime trop pour regretter quoique ce soit…, soufflais-je.

Charlie hocha la tête, m’estimant avertie. Comprenait-il à quel point mon cœur était partagé? J’en doutais…même moi j’avais du mal à faire la part des choses.

  • Tu ne pourras pas avoir les deux Bella ! M’assena-t-il, durement.
  • Non…en effet…
  • Et puisqu’on en est là, je ne te cache pas que ma préférence va vers Jacob…même si ses manières laissent à désirer parfois, marmonna-t-il.
  • Oui, ça, j’avais cru le comprendre depuis longtemps papa…

Il se leva et déposa sa tasse dans l’évier.

  • Bon, je suis en retard. Je dois passer chez Sue avant d’aller bosser, déclara-t-il, une barre soucieuse sur le front.
  • Pourquoi, qu’est-ce qu’il se passe ? m’enquis-je.
  • Oh…c’est sa fille. Il semblerait qu’elle a fugué…

Leah ??? Une fugue ? Non, c’était impossible. Soudain, l’inquiétude m’envahie. Jacob ne m’avait parlé de rien. Il faut dire que je ne lui en avais pas trop laissé le temps…

  • J’espère seulement que ce n’est pas à cause de …enfin tu vois …son père est mort il n’y a pas si longtemps, Sue et moi…, marmonna-t-il. Enfin, tâche de prendre un peu de temps pour te rendre présentable, tu as une tête à faire peur…
  • Oui…oui…

Il me déposa un baiser sur le front et à ma grande surprise, planta ses yeux dans les miens en disant :

  • Si tu ne sais pas lequel choisir, demande-toi avec lequel des deux tu es la plus heureuse, celui avec lequel tu ris le plus et celui sur lequel tu peux toujours compter, murmura-t-il.

Comme si il pouvait être expert en la matière ! Pourtant, à chaque question, mon cœur avait répondu Jacob… à croire que Charlie avait fait exprès de choisir ces exemples et, en y réfléchissant, c’était bien le genre de questions que je dirais à n’importe qui de se poser. La liste pouvait même s’allonger : celui qui ne m’avait jamais lâché, celui qui ne m’avait jamais fait de coups bas, celui qui ne me cachait jamais rien (enfin jusque maintenant, il avait plus de points qu’Edward), celui qui me comprenait le plus…et celui que mon corps réclamait le plus …sur ça, le sentiment était partagé, sauf que depuis hier soir, je ne pouvais plus me mentir. Jacob s’était laissé aller comme jamais Edward ne pourrait le faire et la vérité c’était que ça m’avait beaucoup plu.

Je me mordis les lèvres puis hochais la tête à mon père, les larmes menaçant encore de couler. Il me caressa les cheveux et me laissa seule dans la cuisine avec tout un chamboulement dans la tête.

 

32. Test réussi

Je remontais dans ma chambre, décidée à suivre les conseils de mon père. La fenêtre était toujours ouverte et je me dis qu’il était temps de la fermer si je ne voulais pas que ma chambre se transforme en frigo. Au moment où je m’approchais, Edward apparut et je sursautais violemment.

  • Nom d’un chien Edward !
  • Pardon mon amour…

Ma colère venait de se raviver d’un coup et je me sentais prête à lui claquer la vitre au nez mais cette attitude était vraiment puérile et je décidais d’aller me mettre sur le lit, non sans lui jeter un regard noir. Il n’avait pas bougé de la fenêtre, je le fixais toujours depuis mon lit, jambes repliées, bras croisés…une position de blocage total, exprimant bien mon état d’esprit. Qu’attendait-il ? Il fixait le vide, tête baissée. J’avais envie de le gifler ! De lui faire mal ! Et pour le faire réagir, je lui lançais :

  • Tu ne me demandes même pas comment je suis rentrée à la maison ?

Il tourna ses yeux dorés vers moi, où je pus lire une tristesse infinie qui me fit mal, puis son regard se baissa sur mon tee-shirt et il répondit, un léger sourire aux lèvres :

  • Non…

Mes joues s’empourprèrent mais il ne semblait même pas en colère ! A quoi jouait-il ?

  • Jacob a passé la nuit avec moi ! ça ne te dérange pas ???

Il me sourit tendrement cette fois, comme on le ferait à une enfant qui fait des bêtises mais qui est toujours pardonnée. Quelle idiote ! Je ne savais même pas mentir et lui devait sûrement savoir exactement comment s’était déroulé cette soirée puisqu’il passait son temps à lire les pensées de Jake ! Mais j’avais tellement envie de le persécuter que je me fichais qu’il sache que je lui racontais n’importe quoi.

  • Ce n’est pas la première et ça ne sera pas la dernière fois, déclara-t-il doucement.

Quel culot ! Pourtant, j’avais beau recherché une réponse cinglante, je n’en trouvais pas car il avait raison. Je me faisais vraiment honte car les faits étaient là. A la moindre contrariété, j’étais prête à me rejeter dans ses bras…comment pouvais-je espérer qu’Edward me pardonne à chaque fois ? Une profonde lassitude m’envahit.

  • Edward …qu’est-ce qu’il se passe ? Qu’est-ce que tu cherches ? Marmonnais-je, la gorge serrée.

Il posa un pied dans ma chambre et la seconde d’après, il était assis près de moi, me caressant le dos pour me prendre ensuite dans ses bras. Je me laissais aller contre son torse glacé, respirais son odeur sucrée…les larmes coulèrent à nouveau, me brûlant les paupières déjà martyrisées de la veille…je poussais un énorme soupir.

  • Bella…je ne veux pas que tu penses une seule seconde que je ne t’aime plus…
  • Edward …
  • Laisse-moi finir, c’est déjà assez difficile pour moi…

Je levais les yeux vers lui puis hochais la tête, appréhendant ce qui allait suivre.

  • Mon amour, je t’aime, je t’aime si fort que je ne trouve même pas de mots assez puissants pour t’expliquer à quel point …mais il y a un sentiment plus grand et plus fort en moi que l’amour que j’éprouve … c’est ma volonté de te garder en vie.
  • Edward…, couinais-je.
  • Non. Laisse-moi aller jusqu’au bout, souffla-t-il.

Il ferma les yeux, marqua une pause, il cherchait les mots justes, ceux qu’il ne répèterait plus car ils seraient assez clairs pour que je comprenne.

  • Je t’avais dit que je ne te quitterais plus et je n’en avais plus l’intention. Moi, je suis prêt à vivre à tes côtés jusqu’à ta mort, je te l’ai déjà dit. Ta vieillesse ne me fait pas peur, je préfère ça à n’importe quoi…j’aimerai que tu le comprennes bien Bella ! Je refuse que tu meures, que tu deviennes un monstre ! Je veux que tu vives, que tu ais des enfants, que tu respires, que tu manges, que tu dormes…j’aime tellement te regarder dormir, murmura-t-il, les yeux soudain plus dorés.

Il inspira, je fixais les moindres détails de son magnifique visage, laissant ses mots, que je m’étais toujours refusé d’écouter vraiment, pénétrer mon âme.

  • Mais, dans tout ce que je veux, je ne peux rien t’apporter…si je reste avec toi, je ne te verrais pas comme je voudrais te voir…Bella, c’est pour moi une obsession et je suis prêt à tout pour ça…même à reprendre ma parole, même à partir en Alaska pour ne plus jamais te revoir…même à aller supplier mon ennemi pour qu’il te garde près de lui…

Je sursautais. Ainsi, Edward était derrière le brutal changement d’attitude de Jacob.

Je repensais à son comportement depuis cette fameuse nuit où j’avais demandé un délai, où j’avais reporté ce stupide mariage, où je voulais gagner du temps …

  • Tu n’as jamais lâché hein ? Chuchotais-je. Tout, le voyage, Sarah, me pousser dans les bras de Jacob … tout ce que tu fais avait pour but de me faire prendre conscience de ce que je vais perdre…non, de ce que tu voudrais que je gagne.
  • Oui, souffla-t-il. Je suis prêt à te faire mal s’il le faut, comme hier … et, maintenant, je sais que même si je devais partir, tu continueras à vivre.
  • Tu m’as testé ? murmurais-je.

Et j’avais réussi l’épreuve. Oui, il avait raison…je le savais au fond de moi. S’il devait à nouveau m’abandonner, je n’hésiterais pas une seule seconde, il n’y aurait plus de choix… mais alors, était-ce seulement ça qui me retenait ? La présence d’Edward ? Est-ce que je me mentais depuis tout ce temps ? Etait-ce parce que je n’étais pas assez courageuse pour terminer notre relation ?

Mon esprit s’éclaira. En fait, c’était ça le problème … il n’y avait pas de choix à faire…il y avait seulement une décision à prendre ! Mon hésitation ne se situait pas entre Edward et Jacob…Je devais prendre une décision que j’étais incapable de formuler même à haute voix, un manque de courage total… quitter Edward, laisser derrière moi tout ce dont j’étais si sûre encore il y a quelques mois…tout ce que je croyais vouloir vraiment et qui aujourd’hui, me semblait complètement insensé ou alors … restée butée, et choisir la mort alors que tout mon corps réclamait de vivre ?

Le portable d’Edward brisa mon moment de réflexions. Lorsqu’il le prit, je jetais un bref coup d’œil et vis le numéro d’Alice. Mon estomac se noua. Avait-elle vu ce à quoi je pensais ? Notre conversation n’était pas terminée et je ne comptais pas la finir comme ça.

  • Oui Alice ? …oui…très bien, je lui dis.

Je respirais, soulagée que cet appel soit aussi court.

  • Carlisle t’attend, m’annonça-t-il.

Je tournais mon visage vers lui, surprise. Il me sourit.

  • Alice a vu ta décision et m’a prévenue. Ça tombe bien car il voulait te parler aussi. Je voulais le faire moi-même mais maintenant, ça n’a plus d’importance…
  • Oh…, murmurais-je, soudain inquiète de ce que pouvait bien me dire le père d’Edward. Et bien, je me change et on y va.
  • Oui, change-toi mon amour, répéta-t-il en grimaçant.

Je fis une petite moue pour m’excuser de lui avoir fait supporter l’odeur de Jake pendant tout ce temps. Son téléphone sonna à nouveau et je fus surprise de voir Edward émettre un sourire en regardant le numéro. Il semblait … satisfait ? Content ? Son air était bizarre et sa réponse encore plus.

  • Je t’avais dit midi…, déclara-t-il en décrochant. D’accord…alors ?…oui je lui ai parlé…

Parlait-il de moi ? Je fronçais les sourcils, me demandant à qui il pouvait bien parler sur ce ton aussi supérieur. Il hocha plusieurs fois la tête, le visage grave et continua :

  • Il est d’accord de toute façon…

Non, il ne parlait pas de moi…j’en fus soulagée. Soudain, je vis le visage d’Edward se fendre d’un large sourire. Puis, il rigola en répondant :

  • Hum, tout un programme…J’ai hâte de voir ça !...

Je le sentis soudain très excité. Il jubilait même !

  • Je ne sais pas…, répondit-il à une question de son interlocuteur. Tu crois que c’est une bonne idée ?…oui, c’est vrai…j’oublie parfois à quelle point elle aime les trucs dingues.

Cette fois, il parlait de moi ! Edward raccrocha et mon regard lui lança une demande de réponse immédiate.

  • Finalement, Carlisle nous attendra sur le terrain de baseball…nous le rejoindrons là-bas…ça te permettra d’assister à un moment historique dans l’histoire des vampires de Forks ! m’expliqua-t-il en riant.
  • Vous faites un tournoi ?
  • En quelque sorte, répondit-il dans une petite moue.

Il semblait si excité. Je ris de le voir aussi détendu et lui demandais :

  • ça va durer longtemps ? Je dois prévoir à manger ?
  • Non, j’irai te chercher ce qu’il faut pendant une pause. Ne te charge pas inutilement.

Dix minutes plus tard, mon reflet dans le miroir de ma chambre me renvoya une meilleure image que celle du matin. Mes idées étaient plus claires aussi. Je vis Edward apparaître derrière moi. Je remarquais qu’il était plus serein, comme s’il était soulagé d’un poids…je ne l’avais pas vu comme ça depuis longtemps. Mais cette attitude n’avait rien à voir avec l’appel qu’il venait de recevoir.

Sur ce, il se retourna et me fit un petit signe pour que je monte sur son dos. Me balader dans les bois sur ses épaules était un moment que j’adorais ! Je me hissais sur lui, tout sourire, et nous filâmes par la fenêtre à toute vitesse pour que personne ne nous voie.

 

33. L’entraînement

Je n’étais pas venue ici depuis longtemps et les souvenirs que j’en avais n’étaient pas les meilleurs. Je fus surprise de voir que toute la famille Cullen était déjà là, mais ils ne semblaient pas équipés pour faire une partie de baseball. Carlisle se tenait à l’écart avec Esmée et Alice chahutait avec Jasper sur le terrain. Rosalie était assise par terre avec Emmett qui l’entourait de ses bras puissants. Edward me fit descendre de son dos et nous les rejoignîmes, main dans la main. Je remarquais que Carlisle jeta un bref coup d’œil à nos mains jointes, mais je n’eu pas le temps de voir son expression car il tourna la tête vers sa femme.

  • Va t’installer près de mon père mon amour. Je dois parler à Jasper et Emmett.
  • Très bien …

J’avançais vers eux et Esmée m’accueillit dans un grand sourire. Carlisle semblait soucieux mais me sourit aussi.

  • Alors ? A quoi allons-nous assister aujourd’hui ? Edward m’a dit que c’était une surprise …, lâchais-je d’un ton que je voulais léger.

Pour réponse, Carlisle tendit le doigt devant lui et mon cœur fit un bond dans ma poitrine lorsque mon regard se posa sur ce qu’il me montrait. De l’autre côté de la clairière, pieds nus, juste vêtu de shorts en jeans, effectuant des mouvements quasi identiques, Jacob et Sam avançaient sur le terrain entourés de cinq loups que je reconnus tout de suite. Le spectacle était saisissant et je ne me laissais jamais de m’émerveiller devant leur unité. Edward allait à leur rencontre, suivit de Jasper et d’Emmett. Rosalie venait de nous rejoindre en disant à son père, hargneuse :

  • J’espère qu’Edward sait ce qu’il fait !
  • Tu peux rentrer à la maison, proposa doucement Esmée.
  • Non, je veux voir ça…Il parait qu’Edward doit lui foutre une raclée.
  • Quoi ?! M’écriais-je.

Alice venait de se poster à mes côtés.

  • Ne t’inquiète pas ma belle, ce n’est qu’un jeu…
  • Quoi ?! M’écriais-je à nouveau.

Qu’est-ce que Jacob et Edward avaient encore dans la tête ! L’identité du mystérieux correspondant de ce matin venait de se révéler. Au même moment, je vis Jacob faire un signe à Edward, Jasper et Emmett, pendant que Sam se dirigeait vers nous. Carlisle nous quitta pour aller à sa rencontre. Sans même réfléchir, je le suivis.

  • Bonjour Sam.
  • Docteur Cullen …, répondit ce dernier. Bella…

Son ton était froid et cassant. Lui et moi, ce n’était pas le grand amour. Carlisle tourna brièvement la tête vers moi, un léger sourire aux lèvres. Non, je ne les laisserai pas ! Je voulais savoir !

Je remarquais que cette fois, Sam avait osé venir en humain, signe qu’il craignait moins une attaque des Cullen. Les autres, par contre, n’avaient pas eu le même courage. Je vis aussi qu’il portait un sac. Leurs affaires sûrement …

  • Edward vous a tout expliqué ? demanda Sam à Carlisle.
  • Oui, oui…vous avez notre soutien. Nous vous devions bien ça.
  • Carlisle, qu’est-ce qu’il se passe ? les coupais-je.

Je bouillais ! Dégoûtée de ne pas être au courant de ce qu’il se passait ! Même Jacob ne m’avait rien dit ! Mentalement, je lui retirais un point dans sa balance et cette idée stupide m’arracha un sourire, me rappelant notre jeu lorsqu’il n’avait pas encore muté, quand nous cherchions à savoir lequel de nous deux était le plus adulte… Cette époque me semblait à des années lumières ! Pourtant, c’était un des moments le plus heureux de ma vie. Carlisle se tourna à nouveau vers moi et me répondit :

  • Nous prêtons main forte aux Quileute car ils ont des petits problèmes de discipline, finit-il dans un sourire à l’intention de Sam qui hocha la tête.
  • C’est à propos de Leah ? demandais-je à Sam.
  • Les loups que tu as rencontré à la fête l’autre soir ont déserté la meute … Leah les a rejoint. Ils sont dangereux et les Cullen ont accepté de nous aider à les rattraper. Chacun son tour…, expliqua-t-il.
  • Et aujourd’hui ? Vous faites quoi là ?
  • Ça, je te laisse le soin de le demander à Jacob…c’est son idée, répondit-il dans un sourire.

Mon sang ne fit qu’un tour et je les laissais pour me diriger vers l’autre groupe. Je coupais Edward et Jacob en pleine conversation, hallucinant devant le spectacle.

  • Jacob !
  • Ah tiens, salut Bella ! Lança-t-il, d’un air complètement détaché.

Je remarquais qu’il n’était même pas gêné par rapport à hier et je vis Edward sourire devant mon intervention.

  • Dis-moi ce qu’il se passe !
  • Calme-toi ma belle …
  • Mais ! Bon sang ! Il y a encore quelques mois, vous étiez prêt à vous bouffer et là, vous êtes en train de rigoler comme si vous alliez assister ensemble à un match, excuse-moi mais je ne comprends plus là !

Jacob passa devant Edward et s’approcha de moi pour me prendre à l’écart. Je ressentis un certain trouble à la proximité de sa quasi-nudité, me rappelant à quel point j’avais aimé me blottir contre lui quelques heures plus tôt.

  • Nous allons faire une petite partie de chasse virtuelle, m’annonça-t-il, inconscient de ce qu’il venait de provoquer en moi. Afin que tes amis puissent agir comme il le faut si jamais le groupe de Fenq venaient à les attaquer ou à faire quoique ce soit.
  • Mais, les vampires savent parfaitement combattre les loups-garous ! C’est stupide…tout ce que vous risquez c’est de vous faire du mal mutuellement !
  • Nous allons leur montrer toutes nos techniques de chasse pour qu’ils anticipent, m’expliqua-t-il. Tu sais, les loups peuvent tuer un vampire seul, voir plusieurs mais nous devons être en meute. Par contre, un vampire, même seul, peut  détruire un loup sans problème, comme ça, rien qu’avec sa force...

Je déglutis, mesurant le danger que Jacob affrontait à chaque fois qu’il se trouvait près d’Edward.

  • Le but c’est qu’ils soient capables de les arrêter sans les tuer …ce ne sont que des enfants tu sais…, murmura-t-il, le visage crispé.

Je vis qu’Edward nous observait, attendant mon verdict et je baissais les yeux. Je n’allais pas encore les empêcher de faire ce qui était important pour eux, comme le jour où je l’avais empêché de se joindre à la bataille contre les jeunes vampires. Je hochais la tête et laissais Jake rejoindre le groupe.

Je me plaçais près de Carlisle, qui bras croisés, observait les loups, un léger sourire aux lèvres. Moi, j’étais inquiète comme jamais. Pourtant, tout le monde autour de moi, mise à part Rosalie, semblaient complètement excités par le jeu.

Sur le terrain, Jacob et ses frères se tenaient face à Edward, Emmett et Jasper légèrement en retrait.

  • Bon, c’est simple, annonça Jake, on va commencer par Edward seulement. Ton unique but va être de me choper…

Je vis Edward rire, heureux de la perspective. Je fermais les yeux un instant.

  • Mais la meute va tout faire pour t’en empêcher.
  • Parfait …
  • Tu vas devoir les contourner jusqu’à ce que tu atteignes ta cible. On fait comme si nous étions en forêt, ok ?

Edward hocha la tête.

  • Bon…je veux commencer par toi parce que tu es le plus rapide apparemment et aussi, parce que nous allons essayer de te cacher nos plans, pour te surprendre. J’aimerai voir si ça marche vraiment …
  • C’est une bonne idée.

Jasper et Emmett se dirigèrent vers les abords du terrain et je compris avec inquiétude que ça allait commencer maintenant.

  • Prêt ? Lâcha Jacob à Edward. Tu te concentres sur moi.
  • Aucun problème…, répondit ce dernier, tout sourire.

Jake démarra sa course à toute vitesse et lorsqu'il sentit Edward le suivre, il accéléra encore, poussant sûrement ses limites. Puis, il effectua un bond puissant pour se retrouver quasi à l'horizontal, les pieds contre un arbre et dans une pirouette magistrale, se retourna et muta instantanément. La rapidité du geste me surprit et je vis le loup roux, gueule ouverte, attaquer Edward de plein fouet. Celui-ci, qui visiblement ne s'attendait pas à se retournement, bougea sa position à la vitesse de la lumière. Quil et Paul l'attaquèrent par les flancs. Jacob prit alors la fuite, jouant le jeu. Edward propulsa de chaque côté ses deux assaillants pour se concentrer sur Jake qui était déjà de l'autre côté du terrain. Comme s'il le poursuivait dans une forêt, Edward suivit le même tracé que Jake, effectuant le même chemin, les mêmes contours, tel un traqueur. Ses mouvements étaient aussi félins que ceux de Jacob…il me fit penser à un puma. A l'expression qu'affichait le loup, je savais que Jake prenait énormément de plaisir à ce jeu du "chat, attrape-moi". Edward était très rapide, je ne le voyais presque pas bouger pourtant il coursait toujours Jacob, Paul et Quil a ses trousses. Jake et ses frères devaient penser à autre chose qu'à ce qu'ils faisaient car je vis quelques fois Edward juré des coups bas que lui infligeait la meute. Soudain en un éclair, avec la rapidité d’un cobra, il chopa Jake par l'arrière train et s'y accrocha très fort, le faisant valdinguer dans la poussière du terrain. Ce dernier couina mais se releva aussitôt, se dégageant avec force de son assaillant.

  • Ouh ouh ! Hurla Emmett tout en applaudissant. Tu vas l’avoir !

Puis, il se tourna vers moi en riant :

  • Ah Bella, je crois que je vais finir par l’adorer ton clébard ! On s’éclate trop avec lui et sa bande !

Je lui jetais un regard noir, loin de partager son enthousiasme, ce qui fit rire Alice.

Tous crocs dehors, babines retroussées et le poil complètement hérissé, Jacob défiait Edward qui était en position d'attaque. Les bras ouverts, jambes fléchies, il était prêt à recevoir le coup.
Soudain, Jake grogna et se leva de toute sa taille. Il était impressionnant mais Edward ne se démonta pas et c'est avec un léger sourire aux lèvres que je le vis se lancer en un éclair sur le loup qui accusa la puissance du choc. Les deux combattants furent projetés à plusieurs mètres, un, deux puis trois arbres furent pulvérisés au passage. J'entendis un hurlement de douleur et me levait en criant à mon tour.

  • Jacob !!!!!!!!

Carlisle me retint par le bras. Puis je vis Seth venir près de Sam et prendre dans sa gueule les affaires que celui-ci lui tendait. Il partit rejoindre Jacob, là où Edward l'avait emporté. Jasper et Emmett applaudissaient pendant que les autres loups se couchaient, un peu épuisés.


Quelques minutes (interminables) plus tard, je vis mes deux fous revenir en riant, Jake ayant repris sa forme humaine. Il se tenait le bras et se dirigea droit sur Carlisle.

  • Allez-y ! lança-t-il.

Carlisle grimaça puis prit l'épaule de Jake et la fit craquer. J’avais la nausée. Alice riait de bon cœur.

  • Tu verrais ta tête ! Se moqua-t-elle.

Jacob ne fit même pas attention à moi, ni même Edward. Ils étaient dans leur délire et ça semblait vraiment amuser tout le monde. Jacob retourna en petites foulées jusqu’à Edward qui avait rejoins Emmett et Jasper. Les loups se levèrent à son arrivée.

  • Bon ! C’était l’échauffement…

Emmett et Edward éclatèrent de rire puis se tapèrent dans la main comme si ils venaient de marquer un point.

  • Ah il vient de s’en prendre une bonne ! S’écria Emmett, hilare.

J’entendis Sam rire et me demandais pourquoi il n’était pas avec eux. Intriguée, je décidais de lui poser la question.

  • Je ne veux pas les influencer, me répondit-il, toujours aussi sèchement. Aujourd’hui, c’est un peu une épreuve pour tout le monde. Je veux voir s’ils sont capables de chasser sans moi, sans mes ordres.
  • Oh … et ils s’en sortent bien ?
  • Ils n’ont encore rien fait Bella.

Son attitude froide et distance m’agaçait, je décidais donc de le laisser seul. J’entendis Jacob lancer ses nouvelles directives.

  • Cette fois, tu prends tes frères avec et nous serons tous sur le terrain.

Tous les loups se levèrent, s’approchant des Cullen, à pas lents. Une certaine tension se fit sentir et je jetais un regard vers Sam et Carlisle. Ils semblaient serein ce qui me calma un peu. Alice soupira :

  • Un pur bonheur cette pause loups …
  • Quoi ? m’écriais-je, amusée par sa remarque.
  • Mon esprit se repose, répondit-elle dans un clin d’œil. Je ne les vois pas, je peux donc profiter pleinement du spectacle… d’ailleurs, toi non plus je ne te vois plus beaucoup en ce moment, bougonna-t-elle.

Je baissais la tête, redoutant cette conversation.

  • Alors ça y est ? Vous êtes séparés ? Lâcha-t-elle.
  • Quoi ? Mais non ! M’écriais-je.
  • Oh…pourtant, tes intentions semblent claires…enfin je ne les vois pas mais j’en conclue que …
  • Non, non…nous avons beaucoup parlé avec Edward mais …enfin, nous n’avons pas terminé notre conversation.
  • Ah…

Je la vis jeter un regard derrière mon épaule. Au même moment, une main froide se posa sur mon bras.

  • Bella, tu voulais me parler ? demanda Carlisle de sa voix si calme.

 

34. La voix du père

Je tournais la tête vers le terrain, ils avaient recommencé leur « bataille » et je me dis que je ne comprendrais rien à leur stratégie alors je pouvais louper un peu du spectacle. Je hochais la tête et me dirigeais dans l’herbe, en direction d’un chemin désert, Carlisle marchant à mes côtés, les mains dans le dos. Il semblait attendre que j’entame la conversation mais je ne savais pas par où commencer.

  • Je voudrai m’excuser Bella…
  • De quoi ? M’étonnais-je.
  • D’avoir dû employer des solutions aussi extrêmes.

Je m’arrêtais de marcher pour me tourner vers lui. J’étais toujours impressionnée devant lui, il respirait la sagesse et son charisme m’intimidait.

  • Je ne comprends pas, demandais-je, intriguée.
  • Edward t’a parlé ce matin ? Demanda-t-il, soudain inquiet.
  • Oui …
  • Il t’a parlé de votre séparation ?
  • Oui … mais, enfin, nous ne sommes pas encore vraiment séparés, murmurais-je, comprenant son étonnement à nous voir arriver main dans la main. De quelle solution extrême parlez-vous ?

Il soupira puis planta ses yeux identiques à son fils dans les miens.

  • J’ai posé un ultimatum à Edward, à votre retour …
  • Quoi ?
  • Je n’aime pas intervenir dans la vie amoureuse de mes enfants mais je suis un peu le « Sam » de cette famille et cette fois, les choses étaient différentes.

Devant mon ahurissement, il déclara :

  • Permet-moi de t’expliquer. Depuis qu’Edward et toi vous fréquentez, les ennuis n’ont cessé de s’accumuler. Devant l’amour inconditionnel de mon fils pour toi, j’ai fermé les yeux, allant jusqu’à laisser Edward se battre contre ses frères, quitter Forks et tout ce que nous avions depuis des années, tuer des membres de notre espèce et défier les Volturi. Car les faits sont là…tu es toujours avec lui et tu es toujours humaine…ils pourraient tous nous détruire pour ça, me rappela-t-il.

Je baissais la tête, honteuse du danger que je pouvais représenter pour eux.

  • Et puis, il y a eu la colère des Quileute suite à ton départ, le traité que nous avons fini par briser car il est clair qu’aujourd’hui, on ne peut plus vraiment dire qu’il ait lieu d’être…mais toute cette histoire entre Edward et toi a provoqué bien des tempêtes alors que je suis venu installer ma famille ici dans le but de vivre dans la paix.

Il marqua une pause, conscient de m’accuser ouvertement de tous les maux mais il était décidé à aller jusqu’au bout.

  • Edward n’aurait jamais du continuer à te fréquenter…sauf si le final de cette histoire était que tu deviennes l’une des nôtres.

J’inspirais profondément, incapable de lui répondre.

  • Lorsque Jacob a accepté ma demande qu’Edward revienne à Forks, j’avais déjà décidé qu’à son retour, je lui demanderai de cesser cette folie.

Je revoyais Edward sortir du bureau de son père à notre retour de Londres…Les larmes me montèrent aux yeux. Je me mordis les lèvres, refoulant un spasme douloureux. Carlisle posa sa main glacée sur mon épaule, tentant de m’apaiser.

  • Bella, murmura-t-il. Tu as changé d’avis, tu n’as pas demandé un délai. Et il y a aussi autre chose de bien plus grand qui rentre en compte dans mon jugement mais ça, ce n’est pas à moi de te l’expliquer.

Je levais les yeux vers lui, attendant quand même une explication. Il secoua la tête et ajouta seulement :

  • J’aime les humains, je ne transforme qu’en cas de mort imminente et si la personne souhaite vivre à tout prix. Je pense que tu l’as compris. J’aurai fait une exception dans ton cas, par amour pour Edward. Mais maintenant, si tu me demandes de te transformer, même si tu reviens sur ta décision, pour moi, je t’aurai tuée.

Je sursautais à la dureté de son intonation.

  • J’aurai tué toute ta vie, ta descendance et ton avenir, continua-t-il gravement. Et ça, je ne l’admettrai pas ! Je ne me le pardonnerai jamais, se reprit-il.
  • Carlisle …je…je suis désolée, réussis-je à articuler.

Je me sentais minuscule, faible et stupide. J’avais devant moi un être qui avait traversé des siècles sans rencontrer le moindre problème, vivant dans le seul but de préserver sa famille de leur propre nature, se battant pour cohabiter avec les humains qu’il chérissait plus que tout et en quelques mois, j’avais failli tout détruire et le mal que j’avais provoqué était irréparable : la mort de James, celle des nouveau-nés créés dans le seul but de me tuer et de détruire la ville dans laquelle je vivais, la rupture du traité…la souffrance d’Edward. Ma honte m’écrasait tant que j’aurai aimé qu’elle m’enterre. Tout ça pour une humaine qui s’était mis en tête de sortir avec un vampire ! Et qui, de par sa nature d’humaine et d’adolescente, changeait d’avis comme de chemise, se moquant des blessures qu’elle engendrait. Carlisle me prit les deux mains et répondit doucement :

  • Ce n’est pas de ta faute, j’aurai dû être plus sévère…comme Edward, je me suis laissé séduire par cette histoire romantique mais aujourd’hui, je voulais que tu saches que je ne pouvais plus vous laisser continuer. Ton avenir est ailleurs Bella et il est bien plus grand que celui auquel tu aspirais.

Je me jetais dans ses bras, enlaçant son corps glacé dans un geste désespéré. Je sentis qu’il me caressait les cheveux et il déposa un baiser sur mon front. Une autre main venait de se poser sur mon dos. Je me dégageais de lui, me trouvant face au doux visage d’Esmée. Elle me prit alors dans ses bras et me berça lentement jusqu’à ce que mes larmes cessent. Je les aimais tant mais je ne deviendrai jamais une Cullen, maintenant, je le savais.

 

35. Quitter l’ange

Je séchais mes larmes et pris la main d’Esmée pour nous diriger vers le terrain où des cris et des sifflements retentissaient, couper de temps à autres par des jappements. Alice et Emmett s’éclataient vraiment, la meute aussi. Je vis Jasper près de Rosalie, moins décontracte que les autres mais son attitude n’était pas hostile. Je ne pus alors m’empêcher de penser que mon rêve s’était enfin réalisé, au moment même où mon histoire avec Edward prenait fin. Moi qui avais tant espéré cette alliance…

 

Edward venait de déraper suite à une attaque éclair d’un des loups lorsqu’il me vit revenir avec sa mère. A son expression, je sus qu’il n’avait pas cessé une seconde d’être connecté à son père et qu’il appréhendait clairement le moment où nous devrions clôturer ce chapitre. Je lui souris faiblement, il baissa les yeux, un masque de tristesse sur le visage puis, il se ressaisit et se concentra sur Paul et Jared qui l’attaquaient de plein fouet.

Leur « entraînement » dura encore deux bonnes heures avant qu’ils ne se décident à arrêter. Je vis Jacob partir vers la forêt, sûrement pour enfiler son short et Edward se diriger vers moi. Je me levais et lui tendis la main. Il la prit fermement et m’emmena vers la forêt. Une fois que nous fûmes loin de tout le monde, il s’arrêta. Je le pris dans mes bras et il me serra si fort que j’eu l’impression d’étouffer. Mais il le comprit et relâcha son étreinte. S’il avait pu pleurer, je pense qu’à cet instant, les larmes auraient inondé son magnifique visage.

  • Je suis désolé mon amour, j’aurai du avoir le courage de te dire tout ça moi-même, m’annonça-t-il, la voix brisée.
  • Edward, arrête de te rendre toujours responsable de tout. J’ai une grosse part dans toute cette histoire…je le sais…
  • Carlisle a été dur avec toi, déclara-t-il, le visage crispé.
  • Non, il a été franc…
  • Je voulais que tu prennes ta décision seule…j’aurai tellement voulu que tu me détestes, que tu me plaques, que tu arrêtes de t’accrocher comme ça … ça aurait été tellement plus facile. J’ai essayé…Carlisle a été très patient avec moi.

Je déglutis, il fallait que je sois courageuse…maintenant !

  • En fait, j’avais fini par la prendre… ma décision…même avant que tu viennes me voir ce matin, je pense…, murmurais-je.

Il leva les yeux vers moi et je continuais sans le regarder.

  • Carlisle a juste enfoncé le clou…et si j’avais été plus courageuse, je lui aurai évité bien des soucis…j’aurai évité des soucis à tout le monde.

Je restais ainsi, les yeux dans le vide pendant un moment puis je pris le courage de le regarder en face. Il était si beau, même à cet instant où je lui brisais le cœur définitivement. Nous nous regardâmes ainsi pendant de longues minutes.

  • Je sais que tu n’auras pas vraiment besoin de ça mais je serai ton protecteur à jamais Bella…à toi et à tes enfants…je t’en fais la promesse, déclara-t-il.

Je baissais les yeux, essayant de retenir mes larmes. Alors, il me prit le visage entre ses mains glacées et m’embrassa tendrement puis plus furieusement. Je basculais, envahis par le plaisir que son souffle froid provoquait en moi, je m’accrochais à son cou de toutes mes forces pendant qu’il me retenait avec douceur. Je lui rendais son baiser sans retenue, passant mes mains dans ses cheveux, caressant sa nuque. Il me serra plus fort, son corps dur et froid me provoqua un violent frisson. C’était notre dernier baiser et je le laissais me consumer jusqu’à la fin. Je disais adieu à mon rêve, adieu à mon éternité, nous y avions tous les deux cru mais notre amour était impossible.

 

36. L’allié

Lorsque Edward me ramena chez moi, je constatais que Charlie n’était pas encore rentré. Edward m’avait prévenu qu’il surveillerait les extérieurs, en cas d’attaque de Fenq, mais nous avions convenu qu’à partir de cette nuit, je dormirai seule. Ça me permettrait de remettre mes idées en place et d’aborder la journée suivante plus sereinement.

Je me plantais devant la télévision, zappant sur toutes les chaînes avant de m’arrêter sur un documentaire concernant les anacondas. Je trouvais le programme assez choquant à cette heure de l’après-midi mais restais fascinée devant la force du serpent lorsqu’il engloutissait deux animaux, deux fois plus gros que lui. Soudain, on frappa à la porte et je sursautais. Je fus surprise de découvrir Seth sur le perron, pieds nus, torse nu.

  • Salut, qu’est-ce qu’il se passe ?

Edward apparut immédiatement à ses côtés et répondit avant même que mon visiteur ne le fasse :

  • Oh…mauvais plan…
  • Quoi ? Questionnais-je, inquiète.
  • Le conseil a déjà commencé. Je pensais que Jacob te préviendrait mais quand j’ai vu qu’il n’en avait pas l’intention, j’ai pensé qu’il fallait vous prévenir, débita Seth.
  • Nous prévenir de quoi ?
  • Ils font entrer ton père dans le secret, m’informa Edward.

Je sentis le sang quitter à nouveau mon corps et je n’entendis plus rien pendant plusieurs secondes.

  • Quoi ? Mais …mais pourquoi ? Pourquoi maintenant alors que mon père connaît les Quileute depuis tant d’années ?
  • Parce qu’entre Sue et lui, c’est sérieux et qu’elle ne supporte plus de lui cacher la vérité à propos de nous, surtout après ce qui s’est passé avec Leah …, m’expliqua tristement Seth.

Je revoyais encore mon père me dire ce matin qu’il préférait Jacob…comment allait-il prendre la nouvelle ? Mon cœur cognait à se rompre dans ma poitrine, j’étais oppressée, je dus me tenir à la porte pour ne pas tomber. Seth jeta un regard à Edward.

  • Ce n’est pas le pire Bella…, ajouta ce dernier. Ils vont être obligés de lui expliquer pourquoi ils existent …

Je levais des yeux horrifiés vers Edward…mon père allait mourir de colère ou peut-être de peur.

  • Seth, merci de nous avoir averti, déclara Edward, file tout de suite, ta place est au

Conseil.

 

37. Le Conseil de Charlie

Edward était vraiment rapide car nous avions réussi à rattraper Seth dans les bois alors qu’il était parti cinq bonnes minutes avant nous. J’avais reconnu son pelage couleur sable depuis mon perchoir pendant qu’Edward sautait de branche en branche à la vitesse de l’éclair. Lorsque je vis la lumière d’un feu de camp, je sus que nous étions arrivés. Edward descendit jusqu’à terre pour me déposer. J’avais l’estomac noué, mélange d’inquiétude et de colère. Edward me prit par le bras.

  • Je ne peux pas aller plus loin, je suis déjà sur leurs terres…ils vont me sentir, si ce n’est pas déjà fait.

J’hochais la tête.

  • Pas d’imprudence s’il te plait, attend de savoir avant de tout casser …
  • Savoir quoi ?
  • Comment ton père réagit.
  • Dis-moi dans quel état d’esprit il est ? quémandais-je.

Edward jeta un œil par-dessus mon épaule, se concentra puis répondit :

  • Pour l’instant, il ne sait pas trop pourquoi il est là …il apprécie la fête…Jacob m’a senti…je file !

Je me retournais, pensant voir arriver mon ami mais il n’y avait personne. Seth avait déjà rejoins la troupe. Je fonçais en courant vers le feu de camp, au bord de la falaise, là où j’avais assisté moi-même à mon premier conseil quelques mois plus tôt.

J’eu le souffle coupé lorsque je me heurtais à lui violemment.

  • Bella ! Je me doutais que c’était toi … qu’est-ce que tu fais ici ?
  • Jacob ! Qu’est-ce que vous faites ?! hurlais-je presque.

Il se tourna vers le groupe derrière lui qui ne pouvait pas trop me voir car j’étais encore dans le noir puis me prit par le bras afin de nous mettre plus à l’écart.

  • Ton père doit être mis au courant Bella …
  • Pourquoi tu ne m’as rien dit ? m’écriais-je. Ça fait deux fois aujourd’hui Jake !
  • Je savais que tu ne serais pas d’accord …, répondit-il. Et ça pour les deux fois …
  • Mon père va faire une attaque ! Il va me tuer !
  • Arrête … ton père est plus disposer que tu ne le penses…c’est quelqu’un de très tolérant.
  • Non, tu ne le connais pas !
  • Attends un peu, répondit-il durement. Tu viens de débarquer dans sa vie, il y a quoi ? un an ? deux ans ? Lui, il fait parti de notre famille depuis la nuit des temps ! Je le connais depuis que je suis petit ! Je crois même que je le connais mieux que toi et je fais confiance au jugement de mon père !

Sa remarque me fit l’effet d’une gifle. En fait, je réalisais que j’avais plus peur qu’il apprenne la véritable identité de mes amis, par rapport à moi, que par rapport à ce qu’ils étaient vraiment. J’avais peur d’être jugée…

Au bout d’une minute de silence, Jacob me demanda plus calmement :

  • Tu veux venir ? ça ne commence pas tout de suite…on mange d’abord.
  • Non !
  • Allez viens…, murmura-t-il d’une voix caressante. Tu avais beaucoup aimé la dernière fois et puis, tu pourras le soutenir si tu vois qu’il a du mal avec la nouvelle …

Je mesurai le pour et le contre. Assister en direct à la colère de mon père, où je pourrai être soutenu par Jacob ou retourner à la maison me morfondre en attendant la sentence de Charlie …s’il arrivait à rentrer jusque chez lui.  

  • Très bien, je viens, marmonnais-je.
  • Cool ! Répondit Jake dans un large sourire, tu vas voir, ça va bien se passer.
  • Non, ça je ne crois pas …

Soudain, son expression changea radicalement. Le visage grave et gêné, il marmonna :

  • Au fait, pour hier…je suis désolé mais ce n’était pas possible. Pas comme ça.
  • Pas de problème …, réussis-je à articuler.
  • Tu ne m’en veux pas alors ?
  • Non…

Je n’étais pas capable de dire autre chose tellement ma gorge était serrée.

  • Bon…

Il sembla réfléchir un instant puis murmura :

  • ça m’a beaucoup plu tu sais …

Je me haïssais de ne pas être aussi courageuse que lui pour exprimer ce que je ressentais. Lui, il avait toujours été direct avec moi. Comme je ne répondais pas, il hocha la tête, estimant qu’il n’y avait rien d’autre à ajouter. Il me passa son bras autour des épaules et m’entraîna vers la fête. Mes jambes étaient molles mais je réussis à marcher correctement sans trahir l’émotion qui venait de me submerger.

Je vis mon père assis à même le sol, contre une pierre, enlaçant Sue Clearwater et il leva un regard mi-étonné, mi-heureux lorsqu’il me vit débarquer avec Jake. Je lui fis un sourire forcé :

  • Papa … ça va ?
  • Oui…tu te joins à nous ? Demanda-t-il.
  • Eh Bella ! lança Embry. Tu vas finir par tous les faire !
  • Oui … à croire que j’aime vraiment ça.

Tous me saluèrent et Jacob m’entraîna au même endroit que la dernière fois. J’en conclu que c’était sa place. Je m’assis sur le sol et il s’installa derrière moi, m’enlaçant d’un geste protecteur. Je me laissais aller contre son torse en posant une main sur son bras. C’était plus confortable que le rocher. Mais ce bien-être ne suffisait pas à calmer mon angoisse. Je fixais mon père de l’autre côté du feu qui riait avec Sue…et même s’il semblait heureux, je me mis à détester l’idée qu’il sorte avec cette femme.

  • Tu ne sens pas la rose ma chérie, me murmura Jacob à l’oreille, en reniflant doucement mes cheveux. Son souffle chaud contre ma nuque m’arracha un frisson.
  • Fallait bien que quelqu’un m’amène ici puisque tu n’es pas venu me chercher ! le piquais-je.

Paul nous proposa à manger et Jacob se jeta dessus aussitôt. Je me dégageais à regret de son étreinte pour le laisser dévorer ses trois sandwichs saucisses qu’il venait de prendre. Je n’avais pas faim et je vis que mon père regardait les garçons manger avec un certain ahurissement. Je me dis qu’il n’était pas au bout de ses surprises …

Emily, dont le ventre semblait plus arrondi dans la robe blanche qu’elle portait, se leva et se dirigea vers nous.

  • J’ai envie de faire une balade, tu m’accompagnes Bella ?

Je fus étonnée de sa proposition mais acceptais, préférant ça à regarder Jake engloutir une deuxième fournée de saucisses.

 

38. L’autre secret de Jacob

Le vent était plus doux que les nuits précédentes malgré la pleine lune. Je contemplais l’océan qui semblait irréel sous l’effet de la lumière lunaire. Il était si calme ! Emily respira profondément lorsqu’une brise fouetta nos visages, faisant virevolter nos cheveux. Nous nous dirigions vers la plage, marchant le long d’une forêt de pins.

  • Sam m’a expliqué la petite séance de cet après-midi, finit-elle par déclarer.
  • Oui … c’était quelque chose.

Elle me sourit et je lui rendis, me demandant si elle comptait me parler ou si elle avait réclamé ma compagnie pour ne pas être seule.

  • Ton père et Sue s’entendent à merveille, continua-t-elle.
  • Oui …
  • Ça ne te fait rien ? s’enquit-elle, les yeux plissés.
  • Et bien, si on ne prend pas en compte que Jacob et Seth ont le même père et que maintenant, Seth et moi avons nos parents qui se fréquentent …et que Jacob et moi soyons très proche…enfin, si on ne tient pas compte de tout ce bazar, alors non, ça ne me dérange pas, plaisantais-je.

Elle rit de bon cœur et ajouta :

  • Tu sais, pour nous aussi c’est le bazar…Embry est le demi-frère de Sam…
  • Oh … et bien ! Ils se sont bien amusés à l’époque, rigolais-je.
  • De toute façon, ça n’a aucune importance, déclara-t-elle plus sérieusement. Pour moi, ils sont tous frères.

Elle s’arrêta soudain, semblait réfléchir puis reprit sa marche silencieuse. Je la suivais, attendant qu’elle continue car j’avais le sentiment qu’elle n’en avait pas fini avec moi. Le vent était plus frais sur cette partie de la plage et je frissonnais. Emily ne semblait pas ressentir ce froid et je me demandais si le fait de porter l’enfant d’un loup-garou augmentait sa température.

  • Sam ne m’aime pas beaucoup hein ? demandais-je timidement.

Elle sourit en baissant la tête, cherchant sûrement ses mots pour ne pas me blesser.

  • Sam…Tu sais, il est assez entier et même avant son imprégnation, c’était quelqu’un de fidèle, d’honnête et de passionné…

Je me sentis soudain mal à l’aise…moi, je n’étais ni fidèle, ni vraiment honnête parfois… Sam devait détester mon côté double face …

  • C’est pour cette raison qu’il a beaucoup souffert au début de son imprégnation, continua-t-elle, qu’il s’est mis en colère et …enfin, il refusait l’idée de ne pas tenir ses engagements envers Leah, il voulait lutter contre moi pour respecter son honneur …ça a été très dur tu sais, mais ça a été pire lorsqu’il y a eu l’accident. Son cœur a failli exploser de chagrin, il s’est alors laissé aller avec moi et a oublié Leah…

Soudain, une question qui me trottait dans la tête depuis longtemps surgit de mes lèvres :

  • Que ressent-on lorsqu’un loup-garou s’imprègne de soi ?

Elle sourit tout en continuant à marcher.

  • Pourquoi cette question ?
  • Et bien, à votre mariage, en regardant la petite Claire, je me suis dit que ce phénomène lui retirait le choix de son avenir et que …enfin, je sais, Jacob m’a expliqué, m’excusais-je dans un sourire, elle a quand même le choix et elle n’aurait aucune raison de choisir quelqu’un d’autre parce que Quil sera parfait pour elle mais …

Emily hocha la tête, m’invitant à continuer. 

  • Mais j’ai du mal à comprendre comment ça fonctionne …vraiment…je sais ce qu’il se passe pour celui qui s’imprègne mais je ne sais pas ce que vit celle qui est imprégnée.
  • Et bien … c’est comme si tu étais constamment envelopper d’amour, de force et de chaleur…, commença-t-elle. Tu manges, dors, respires en ressentant toujours la présence de l’autre, tu sais qu’il est là pour te soutenir, te soulager, te caresser, t’aimer, la moindre parcelle de son corps vibre dans le tiens… quand il n’est pas là, c’est un déchirement mais il ne te quitte pas vraiment. Tu peux ressentir sa présence et son amour à distance. Pour te donner un exemple récent, tu n’aurais jamais envisagé de quitter Jacob à notre mariage, ça t’aurait été insupportable, inconcevable…et si ça devait vraiment arriver, tu aurais compté chaque minute qui s’écoulait jusqu’à ce que tu le revois. Je ne trouve pas les mots assez forts pour t’expliquer vraiment mais je sais qu’un jour, tu comprendras…

Je levais les yeux vers elle, étonnée.

  • Je pensais que c’était immédiat, comme un coup de foudre ? Il est trop tard pour moi…, murmurais-je.

Emily soupira et leva les yeux vers la lune qui apparaissait entre les pins. La lumière éclairait ses cicatrices, les rendant presque irréelles.

  • Je rejoins la théorie de Sam à ce sujet…je pense que le fait que tu fréquentes les …vampires inhibe l’imprégnation. Mais le jour où tu le seras, celui que tu prétends aimer et que tu t’apprêtais à rejoindre ce jour-là n’aura plus aucune importance pour toi. Tu oublierais même son visage…
  • Quoi ?

Cette idée me fit froid dans le dos. Et de quoi parlait-elle ? Quelle théorie ? Emily stoppa sa marche et me regarda avec une étrange lueur dans les yeux.

  • Vraiment ? Tu ne ressens rien ? Pas même un peu ?

Mon cœur s’accéléra, me demandant si je comprenais bien ce qu’elle disait. Comme je n’étais pas sûre où elle voulait en venir, je marmonnais :

  • Je…je ressens l’amour de Jake, oui…il me dit « Je t’aime » toutes les deux minutes, avouais-je en souriant, ce qui fit rire Emily. Et …quand nous sommes ensemble, c’est …enfin, je me sens très proche de lui.
  • Mais est-ce que tu pourrais résister à ses avances ?
  • Oui, bien sûr ! Je l’ai déjà repoussé et plus d’une fois. Lui aussi d’ailleurs, marmonnais-je.

Ma réponse semblait la contrarier. Elle insista :

  • Même encore maintenant ? Je veux dire, depuis votre longue séparation ?

Je réfléchissais sérieusement si le cas c’était déjà présenté. Non, mais en même temps, il m’avait tellement manqué pendant mon voyage que j’aurai été incapable de le rejeter s’il m’avait embrassé…d’ailleurs, la seule fois où c’était arrivé, c’était moi qui avait fait le pas. Comme je ne répondais pas, Emily reprit sa marche lente, soucieuse.

  • Mais, je ne comprends pas…la théorie de Sam c’est que si j’arrêtais de fréquenter les Cullen, Jacob pourrait s’imprégner de moi ? insistais-je.

Elle s’arrêta à nouveau et se tourna vers moi. Je fus surprise par le soudain éclat dans ses yeux malgré l’obscurité. Elle semblait vraiment perturbée.

  • Excuse-moi Bella, murmura-t-elle.

Sa réponse me surprit, j’espérai qu’elle n’allait pas me planter là.

  • Quoi ? Pourquoi t’excuses-tu ?
  • Je…je ne savais pas que tu n’étais pas au courant.

Je déglutis, mon cœur battait mes tempes à me faire mal. Ce que j’avais cru deviner quelques minutes plus tôt se confirmait, concordant avec son attitude protectrice et passionnée qu’il avait depuis quelques temps. Une conversation lointaine me revint en mémoire…sur cette même plage, Jacob m’avait assuré qu’il ne s’était pas imprégné de moi, ni de personne … M’avait-il mentit ou les choses avaient-elles changé depuis ? Son image, priant à genoux devant le loup de ses ancêtres, s’imposa à moi et je compris alors que ce jour-là, j’avais vraiment ma place près de lui.  Emily soupira et marmonna :

  • Jacob va beaucoup m’en vouloir …
  • Il …comment est-ce possible ? réussis-je à articuler. Pourquoi je ne suis pas dans le même état que vous ?

Une sourde colère m’envahit… Pourquoi le pouvoir d’Edward ne fonctionnait pas sur moi ? Ni celui des Volturi ? Pourquoi je ne ressentais pas l’imprégnation de Jacob ? Pourquoi est-ce que je n’étais pas normale ?!

  • On ne sait pas Bella …

Sa réponse m’amena à penser qu’ils en avaient tous discuter et ceci, depuis longtemps. Pourquoi ne m’avait-il rien dit ?

  • Depuis combien de temps ? lui Demandais-je.
  • Je crois qu’il ne le sait pas non plus, déclara-t-elle en riant à demi. Mais c’est ce que Sam en a déduit étant donné son attitude vis-à-vis de toi…cette impossibilité à te quitter, à vouloir tout partager avec toi, à accepter tout et n’importe quoi … et puis, tout ce qu’il ressent pour toi…tu sais qu’ils ont tous beaucoup de mal à vivre ça lorsque vous vous séparez ou que vous vous disputez … ils ressentent tous le même déchirement.

Je ressentis soudain une profonde tristesse mêlée à un soulagement. Ainsi, Jake ne s’imprégnerait jamais de personne puisqu’il y était déjà…je pouvais donc envisager une relation avec lui sans craindre qu’il me quitte un jour. Mais, le fait de constater que je ne pourrais jamais connaître ce bonheur auquel toutes les filles imprégnées avaient droit me fit l’effet d’un poignard. La blessure était profonde et le chagrin me submergea. J’avais une furieuse envie de le retrouver et Emily le comprit car elle murmura :

  • Retournons au campement …

 

39. Tout est en train de changer

Je couru presque vers lui lorsque nous fûmes sur la butte, laissant Emily finir le chemin seule. Jacob me vit arriver et se leva pour m’intercepter, quelques mètres avant l’endroit où se tenait le conseil.  

  • Qu’est-ce qu’il se passe Bella ? s’inquiéta-t-il.

Je plaquais mes lèvres sur les siennes, désespérée. Je ne sais pas ce que je voulais me prouver ou quel message je voulais faire passer mais j’y mis toutes mes forces. Jake se laissait complètement aller, sans retenue. Son corps dégageait une joie et un amour si puissant que je sentis à nouveau que je perdais pied. Je me fichais que tout le monde assistait à mon emportement, je serai mes bras autour de son cou, l’attirant si fort que je m’y pendais presque, les larmes me brûlèrent à nouveau les yeux et soudain, Jake me repoussa doucement :

  • J’en ai marre que tu chiales à chaque fois que tu m’embrasses Bella, chuchota-t-il, mi-moqueur, mi sérieux.

Je plongeais mes yeux dans les siens, réalisant à quel point il devait souffrir de mon rejet…Il me sourit puis caressa mes cheveux qui volaient autour de nous.

  • Pourquoi tu ne m’as rien dit ? Murmurais-je.

Il se tendit et son regard se porta derrière moi, là où Emily revenait lentement de notre balade et rejoignait Sam. Il serra les mâchoires et baissa à nouveau les yeux sur moi, avec une douceur infinie.

  • Parce que je te connais…j’ai toujours voulu que tu sois à moi mais je ne voulais pas que tu te sentes obligée… j’aimerai que tu viennes à moi parce que tu le veux vraiment !  Pas pour je ne sais quelle raison mystique …, m’expliqua-t-il.
  • Tu as du tellement souffrir, murmurais-je. Je suis désolée …je me déteste…
  • Arrête espèce de martyr …, chuchota-t-il. Tu vois, c’est pour ça que je ne voulais pas que tu le saches…faut toujours que tu te rendes responsable de tout.

Je pleurais maintenant à chaudes larmes mais Jacob ne me fit aucune remarque cette fois, comprenant mon désarroi. Je vis ses yeux briller et compris qu’il se retenait de ne pas craquer.

  • Pourquoi ne suis-je pas normale ? répétais-je, en sanglotant.
  • Je…Je ne sais pas Bella, répondit-il en scrutant mes yeux pleins de larmes, sourcils froncés.

Je me sentais à nouveau au bord de la crise de nerf et Jacob semblait ne pas en comprendre la véritable raison. Pour lui, j’étais toujours avec Edward et je n’avais aucune raison d’espérer que ça change…je ne voulais pas lui parler de ma rupture, pas maintenant…pour ça, je voulais qu’on soit complètement seuls. 

  • Eh Jake ! Vous comptez encore manger ou pas ? Entendis-je Quil crier.

Personne ne semblait avoir vraiment compris ce qu’il venait de se passer, pour eux, nous nous embrassions, point. Et cette idée me soulagea. Seuls Emily et Sam savaient le drame que nous vivions à cet instant.

  • Nous en reparlerons plus tard, murmura Jake.

Je hochais la tête et nous retournâmes près des autres, main dans la main. Lorsque mon père vit mes yeux explosés, il secoua la tête, l’air de supposer « ça ne s’arrêtera donc jamais … ». Mon estomac se noua. Dans quelques minutes, le conseil allait commencer et il saurait de quoi se composait mon univers.

 

Jacob se réinstalla à notre place et je me posais entre ses jambes, contre lui. A nouveau, il m’entoura de ses bras. Il commença une petite exploration derrière mon oreille, le long de mon cou, respirant ma peau et provoquant un nouveau trouble en moi. J’appuyais un peu plus ma tête contre lui, puis la tournais pour me retrouver contre sa gorge. J’eu soudain une envie violente d’embrasser le contour de sa mâchoire, le creux de son cou mais me retint car nous n’étions pas seuls. Je me concentrais à nouveau sur mon père.  Jake enfuit alors son visage dans mes cheveux pour ne plus bouger. Il respirait calmement, je caressais ses bras et me détendis. Je ne sais pas s’il réfléchissait à ce qui venait de se passer, si ça changeait quelque chose pour lui que je le sache…allait-il changer d’attitude, se laisser encore plus aller ?

Pour moi, ça changeait tout. Par rapport au restant de la meute, je me sentais soudain moins en position d’imposture. Et ma décision me semblait maintenant évidente, normale et irrévocable. Je ne me sacrifiais pas, je ne me sentais pas obligée, je le voulais ! Et je me rendis compte que mon choix avait été fait depuis très longtemps et que j’avais passé un temps infini à lutter contre ça. Je m’étais obstinée, me mentant à moi-même, refoulant des sentiments qui avaient pris une place très importante, tout ça pour quoi ? Comme Sam ? Par honneur ? Parce que je m’étais engagée ? Je me sentais si jeune et immature…

 

Tous les Quileute s’étaient installés en cercle autour du feu. Jared balança un petit caillou à Paul lorsque celui-ci s’attaqua au dernier sandwich. Il ne le sentit même pas ce qui fit beaucoup rire Rachel. Embry lui mit donc une bonne tape sur la tête et cette fois, Paul grogna, tout en mâchouillant son dernier bout de viande.

Je remarquais que Billy s’était mis en retrait et son expression était soucieuse. De temps en temps, il jetait un regard à mon père. Avait-il peur de perdre son amitié ? Pourtant, je savais que mon père était ouvert d’esprit mais à cet instant, je partageais les mêmes angoisses que lui.

Je ne fus donc pas surprise de voir Sam prendre la place que Billy avait occupée lors de mon précédent conseil. Billy était trop tendu pour raconter l’histoire et révéler tout à Charlie…

 

40. Face au loup

Lorsque Sam commença, le silence s’installa. Jacob n’avait toujours pas bougé de sa position. Avait-il peur lui aussi malgré ce qu’il disait ? Pendant tout le début de l’histoire des Quileute, mon père semblait moins absorbé que je ne l’avais été. Je me dis qu’il devait connaître cette histoire (depuis le temps) sans y accorder trop de crédit ou alors, il n’avait pas voulu savoir ou chercher à comprendre. Je savais que durant tout le début, les vampires n’étaient pas évoqués donc je me permis de réécouter cette merveilleuse histoire d’une manière assez nouvelle. Ce ne fut que lorsque Sam en était au moment où Taha Aki était devenu vieux que je commençais à ressentir cette angoisse qui m’avait momentanément quittée. A l’évocation des sang-froid, je vis mon père faire un signe à Sue, stoppant son intention de lui dire quelque chose. Il semblait très concentré, visiblement, il ne connaissait pas cette partie…puis, je sentis une forte vague de peur lorsque Sam évoqua le nom de Carlisle. Je venais de voir mon père sursauter. Je fermais les yeux, écoutant la fin de l’histoire sur le traité et le grand-père de Jacob. Une fois que Sam se tut, je relevais les yeux vers mon père. Il semblait perdu dans ses pensées. Puis, je vis Sam faire un mouvement vers lui.

  • Charlie Swan…nous sommes heureux de t’accueillir ce soir parmi nous. Je sais que tu es ami avec notre famille depuis très longtemps et nous t’avons toujours accordé notre confiance. Aujourd’hui, tu as décidé de passer le reste de ta vie avec une des nôtres (c’était vraiment sérieux, me dis-je) et, bien que nous sommes conscients que tu risques de recevoir un choc, pour le bien de tous, nous avons décidé de te révéler notre secret.

Je vis Charlie s’agiter. Malgré le côté solennel du moment, je savais qu’il ne s’attendait quand même pas à ce qui allait suivre. Je senti Jacob se crisper et mes mains caressèrent ses bras plus vigoureusement. Sam se déshabilla (décidemment, il n’avait aucun problème avec ça) et muta instantanément devant mon père qui afficha des yeux ronds. J’eu l’impression qu’il n’avait pas trop saisi ce qu’il venait de voir. Mais ma respiration s’arrêta lorsque que Charlie se leva et vint se planter sans crainte devant le loup noir qui n’avait pas bougé. Il y avait un silence oppressant, je tournais les yeux vers Billy qui baissait la tête. Puis je vis mon père poser sa main sur le museau de Sam et murmurer :

  • Ce n’est pas possible …

A cet instant, Sam reprit sa forme humaine et mon père sursauta à nouveau. Il recula légèrement mais ne semblait pas aussi secoué que je le craignais. Et là, il tourna ses yeux exorbités vers moi et j’y lu un millier de questions muette auxquelles, je le savais, j’allais devoir répondre plus tard. Sam se rhabilla et se rassit près de sa femme. Mon père jeta un regard circulaire à tout le groupe qui se tenait là et se laissa presque tomber à la place qu’il occupait plus tôt. Je vis Sue hésiter à lui poser la main sur le bras. Billy l’observait, guettant une réaction qui ne venait pas.

Sam continua d’une voix solennelle.

  • Maintenant que toutes les personnes ici présentes sont dans le secret, nous allons pouvoir aborder ensemble la deuxième raison de ce conseil.

Mon père leva à nouveau la tête vers moi et je sentis Jacob se dégager de mon cou. « Toutes les personnes ici présentes sont dans le secret », les yeux de mon père me demandaient depuis combien de temps ? Il nous observait, Jacob et moi, une étrange expression marquait son visage. Je remarquais qu’il portait son regard sur Jake et levais la tête vers lui. Son expression me fit peur, il fixait durement mon père. Etait-ce par défi ?  Avait-il peur que Charlie nous sépare ? Ou qu’il ne soit plus ami avec Billy ? Je posais ma main sur sa joue pour le calmer et il baissa les yeux. Puis, je vis Charlie tourner la tête vers Sue et lui adresser un léger sourire. La voix de Sam s’éleva à nouveau :

  • Depuis, nous avons appris à mieux connaître nos ennemis, nous savons qu’ils possèdent des pouvoirs fascinants comme lire dans les pensées ou prévoir le futur. Nous en avons été témoins à plusieurs reprises. La famille qui a passé le traité avec Ephraïm Black nous a prouvé qu’ils étaient capables de ne plus tuer d’humain et même plus ! Nous nous sommes alliés il y a quelques mois afin de les aider à détruire des membres de leur propre espèce ! Nous pensons donc qu’aujourd’hui, ce traité n’a plus lieu d’être, du moins, plus sous sa forme initiale. Si nous sommes ici ce soir, c’est pour décider ensemble de ce que nous allons proposer à la famille Cullen…

Cette fois mon père était blanc… jusque-là, Sam n’avait pas clairement prononcé leurs noms. Je fermais les yeux lorsqu’il déclara :

  • Attendez … les Cullen ? Carlisle et Edward Cullen ? Ce sont eux les fameux sang-froid ? Ceux qui boivent le sang ? Les vampires !

Sam hocha la tête et tourna son regard vers moi. Mon père aussi et je sentis sa colère m’atteindre de plein fouet.

  • Bella ! Comment as-tu osé t’exposer à autant de danger ? Explosa-t-il.
  • Charlie, nous en reparlerons plus tard ! Entendis-je Jacob répondre, me serrant plus fort contre lui.

Ma tête bouillait, je ne comprenais plus ce que racontait Sam. Je savais juste qu’il abordait le cas de Leah et des frères Whitebird ainsi que de leur nouvelle alliance avec la famille d’Edward pour réussir à les maîtriser. Comme ce problème concernait Sue, mon père m’oublia deux minutes, et l’enlaça pendant qu’elle pleurait. Il semblait calmer et je compris alors qu’il avait déjà prit parti, ne cherchant pas plus loin, comme il faisait toujours. Billy pouvait respirer, son amitié serait intacte. Mon père disait toujours qu’il faisait parti de la famille Black, loup ou pas. Mais, j’allais quand même en découdre avec lui et cette fois, c’était pire qu’une histoire de moto…

 

Le débat dura une bonne heure, Jacob émit plusieurs suggestions durant ce moment et je remarquais que son opinion était très importante pour Sam et ses pairs. Ils se mirent d’accord sur plusieurs points et je sursautais lorsque Sam annonça :

  • Mes frères, nous ne sommes pas seuls, ce soir. je propose donc qu’on en reparle demain afin que nos femmes et invités puissent se reposer.

Je sentais que Jacob bougeait pour se lever et lui tendit la main pour qu’il me hisse. Une fois debout, je sentis mes jambes fourmiller et la fraîcheur de la nuit se fit plus mordante maintenant que j’étais dégagée des bras de Jake. Mon père fit un mouvement vers moi et Jacob, encore par défi je pense, me retourna contre lui et m’enlaça. Je levais les yeux vers lui et il déposa un doux baiser sur mes lèvres en murmurant.

  • Je passe te prendre demain matin…nous irons faire un tour en moto…ça te dit ?
  • Oui…, soufflais-je.

Je me sentis fondre lorsqu’il ferma les yeux et posa à nouveau ses lèvres chaudes sur les miennes. Je ne pus m’empêcher de penser qu’il se laissait vraiment plus aller depuis que je savais, tout ça même en croyant que j’étais toujours avec Edward ! Mais Jake était comme ça, il dépassait les obstacles pour atteindre son but.

Il me relâcha, à mon grand regret, et me prit la main pour me diriger vers la voiture où Charlie, m’attendait, impatient.

  • ça ira ? murmura Jacob, avant que nous ayons atteint le véhicule.
  • Oui…ne t’inquiète pas.
  • Seth va vous suivre, par la forêt. Au cas où …Il montera la garde jusqu’à ce qu’Edward prenne le relais.
  • Et toi ? Tu fais quoi ? demandais-je, soudain curieuse.
  • Je dois revoir deux trois points avec Sam et les autres avant de présenter aux anciens notre nouvelle version du traité.

Je hochais la tête et lâchais sa main devant mon père pour contourner sa voiture et m’installer côté passager. Jacob se planta devant Charlie et celui-ci le toisa pendant quelques secondes.

  • J’espère pour toi que tu vas cesser de discuter et protéger ma fille ! lança-t-il à ma plus grande surprise. Je n’arrive pas à croire que tu ais pu la laisser fréquenter ces gens-là tout en sachant ce qu’elle risquait !
  • Charlie … je crois que c’est avec Bella que vous devez discuter de ça. Elle vous expliquera mieux que moi ce que je n’ai pas compris pendant longtemps, répondit Jacob. Et puis, les Cullen ne sont pas dangereux …
  • Comment pouvez-vous en être aussi sûr ? rétorqua mon père.
  • Je le sais, c’est tout. Nous la protégeons, chaque minute, mais aujourd’hui, c’est des membres de notre espèce dont nous devons nous méfier alors, soyez vigilant. Vous avez un fusil dans votre voiture ?
  • Bien sûr !
  • Alors gardez-le près de vous ! Avertit mon ami.

Et il me fit un signe avant de rejoindre la meute. Mon père prit sa place au volant et son expression me confirma que j’allais passer un sale quart d’heure. Sa tolérance avait des limites lorsqu’il s’agissait de ma vie.

 

41. Le cauchemar

Mon père n’avait pas prononcé un mot depuis maintenant cinq minutes et je finis par croire qu’il allait laisser tomber lorsqu’il s’écria, en me faisant violemment sursauter:

  • Bon sang Bella, mais qu’est-ce qui t’a pris ?
  • Papa arrête-toi si tu veux m’engueuler…
  • Tu te rends compte du danger que tu risques ? Que nous risquions tous ? Bella ! Tu l’as emmené chez ta mère !
  • Charlie…arrête cette voiture.

Il tourna brusquement la tête vers moi.

  • Je ne veux plus le voir à la maison !
  • Charlie…arrête cette voiture ! Je ne discuterai pas avec toi si tu cries en conduisant, répétais-je durement.

Mon ton dut être convainquant car il ralentit et se gara sur le côté. J’inspirai, bien décidée à lui faire entendre raison, à ce qu’il comprenne.

  • Tout d’abord, ça ne se contrôle pas ! M’écriais-je. Je suis tombée amoureuse d’Edward la première fois que je l’ai vu et c’est réciproque…tu ne t’imagines pas tout ce qu’il a dû supporter, comme il a dû se maîtriser pour qu’on reste ensemble ! (je fis une pause, me calmant un peu) Les Cullen ne tuent pas les humains, Sam te l’a dit. Ils se nourrissent d’animaux de la forêt. Ils sont inoffensifs et bons. Je ne risquais absolument rien avec lui ou avec eux !

Mon père secoua la tête et je repensais à sa réaction lorsque tout le monde parlait sur le dos des Cullen à leur arrivée à Forks. Il ne supportait pas ça.

  • Papa, essaie un peu de mettre de côté cette histoire de vampire et souviens-toi du respect que tu ressens pour le docteur Cullen, souviens-toi comme tu ris avec Alice, souviens-toi de la beauté d’Esmée ! Je sais que tu n’as jamais beaucoup aimé Edward mais ça n’avait rien à voir avec ce qu’il est ! Alors ne te sers pas de ça pour le blâmer de tous les maux, ça ne serait vraiment pas honnête de ta part !
  • Il t’a fait beaucoup de mal Bella…, murmura-t-il tristement.
  • Comme l’aurait fait n’importe quel garçon !

Mon père se calmait…en fait, il n’avait pas fallu beaucoup de temps pour le convaincre. Avait-il essayé de se mettre en colère pour paraître normal ? Est-ce que comme moi, il était enclin à accepter le surnaturel et le bizarroïde ? Je commençais à comprendre que je lui ressemblais plus que je ne le pensais… Et cette pensée me fit sourire. Après tout, il comptait toujours rester avec Sue, qui avait deux loups-garous pour enfants…il n’avait même pas dit quoique ce soit à Jacob…en sachant cela, comment pouvait-il oser m’accuser de tout ? Il soupira.

  • Et Jacob ?
  • Quoi Jacob ?
  • Est-ce qu’il est …enfin, c’est aussi un loup ?
  • Oui…le plus beau de tous, murmurais-je.
  • Ah … et ils le font souvent ? Je veux dire, se trimbaler en loups ?
  • Oui assez…ils surveillent notre maison.

Je le vis réfléchir encore, essayant sûrement de rassembler des souvenirs, des faits avec ce qu’il venait d’apprendre.

  • Et cette histoire d’attaques l’année dernière ? c’était eux ?
  • Non, je l’ai cru aussi au début mais c’était des vampires…des « vrais » vampires. Les loups ne touchent pas aux humains. Ils se sont alliés avec les Cullen pour sauver les habitants de Forks…tu comprends pourquoi Jacob est si sûr quand il te dit qu’ils sont bons. Les Cullen l’ont prouvé, bien des fois.

Il se crispa puis ajouta :

  • Et Edward ? Est-ce que …enfin, il fonctionne comment ?
  • Il lit dans les pensées.

Mon père sursauta et je continuais :

  • Et il est très très rapide, il se déplace si vite que tu ne le vois pas … et Alice prévoit l’avenir.
  • Il sait donc ce que je pense de lui alors, bougonna mon père.
  • Oui, rigolais-je, il en a une assez bonne idée.

Charlie soupira encore plus fort et je compris que ce n’était pas pour digérer cette histoire ou autre chose, non…il était dégoûté qu’Edward sache tout ce a quoi mon père avait pensé devant lui ! J’hallucinais ! je découvrais une autre facette de Charlie et me dis que j’avais vraiment de la chance de l’avoir pour père…que j’aurai dû venir plus tôt m’installer avec lui…qu’on avait perdu beaucoup de temps et que je comptais le rattraper dès que je le pourrais… et surtout, à cet instant, je pensais que j’avais failli lui faire beaucoup de mal si j’avais continué dans mon idée de devenir vampire. Quoique, finalement, il m’aurait peut être acceptée ? Même comme ça …

Je vis un mouvement dans les bois et me dit que Seth devait se demander si nous comptions dormir ici. Je posais ma main sur celle de mon père et murmurais :

  • Ecoute, le mieux est que tu continues à vivre ta vie, heureux comme tu l’es maintenant…dis-toi que tu es protégé en permanence et que tu détiens le plus beau secret du monde.
  • C’est toi qui me donnes des conseils maintenant, pouffa mon père.
  • Sue a besoin de toi, elle souffre beaucoup en ce moment et Billy … Il faudrait quand même que tu rassures Billy, Papa.
  • Oui, je lui parlerai demain…c’est vrai que je suis parti un peu comme un voleur.
  • Ils t’aiment tous, ils ont confiance en toi et je dois admettre qu’ils te connaissent mieux que moi.

Mon père hocha la tête, il semblait perdu dans ses pensées. Puis, il regarda ma main et ses sourcils se froncèrent.

  • Cette cicatrice que tu as à la main…c’est quoi exactement ?

Je baissais les yeux sur le croissant de lune froid et le caressais…

  • Edward m’a sauvée…je serai morte ou une des leurs aujourd’hui s’il n’était pas là. Il m’a protégée, tout comme Jacob, à chaque minute de ma vie. Pour lui, ça a toujours été le plus important…que je reste en vie.
  • Bon…

Il soupira à nouveau, moins fort, comme résigné et démarra la voiture. Je me plongeais dans mes pensées, repensant à ces dernières vingt quatre heures…quelle journée ! Beaucoup de choses avaient changé, tout était même chamboulé ! Et je me demandais de quoi demain serait fait. Comment serait maintenant ma relation avec Edward ? Et avec Charlie ?… Et avec Jake ? Nous passâmes le virage où Jacob et Edward se passaient le relais lorsque les temps étaient encore hostiles et ces souvenirs me firent sourire…soudain, des yeux verts m’arrachèrent à ma rêverie et je hurlais :

  • Attention Papa !

Mon père vit aussi le loup noir sur la route et fit une violente embardée qui nous propulsa dans un arbre. Je me cognais la tête contre le tableau de bord. J’entendis gémir à côté de moi. Charlie était affalé contre le volant.

  • Charlie ! Charlie ! Attend, je vais t’aider ! Haletais-je.
  • Je suis …coincé Bella…tu n’y arriveras pas, répondit-il dans une grimace. Qu’est-ce que …c’était ?

J’étais terrorisée, ayant reconnu le loup noir aux yeux verts de mes cauchemars. Pourtant, j’essayais de me concentrer sur la ceinture de mon père que je venais de décrocher mais qui ne voulait pas se dégager à cause du volant. Mes mains tremblaient et Charlie murmura :

  • Bella…calme-toi … ce n’est pas si grave…la voiture ne va pas… exploser.
  • Non…Non Charlie, tu ne comprends pas, nous sommes en danger !
  • Pour…quoi ?
  • C’était Fenq ! Le loup dont Sam a parlé.
  • Quoi ? Et où…où est-il ?
  • Je ne sais pas !!!!

Charlie émit un cri de douleur lorsque je me mis à secouer le volant de toutes mes forces, espérant l’arracher.

  • Arrête …ça ne sert à rien. Tu me …coupes encore plus… le souffle quand tu fais ça…
  • Pardon papa …
  • Je croyais …qu’ils n’attaquaient pas… les humains ?
  • Celui-là, je ne sais pas ! m’écriais-je.

J’appuyais sur le klaxon et comme aucun bruit ne surgit du moteur, je me mis à le frapper violemment.

  • Il est mort…regarde…le capot est …pulvérisé.

Je sortis brusquement de la voiture en hurlant :

  • Seth ! Seth ! Viens m’aider …

Mon angoisse s’intensifia lorsque je remarquais que nous étions complètement seuls et surtout, lorsque je n’entendis plus un bruit dans la forêt qui nous entourait…Jacob m’avait dit une fois que ça annonçait un danger, que j’étais trop humaine pour m’en rendre compte et pourtant, là, je le sentais. La forêt s’était tue…ma poitrine s’oppressa.

  • Seth ! Réussis-je à crier.

Je savais pourtant que ça ne servait à rien. Ma respiration était saccadée, mon corps était en alerte maximale…pourtant, ma raison me disait de me calmer…les loups-garous ne pouvaient pas attaquer les humains, c’était contre nature … mais mes cauchemars me revenaient avec force. Le loup noir, ses yeux, mon angoisse…et Charlie. Charlie était toujours là quand je rêvais de ce moment et là, nous y étions. Je m’éloignais doucement de la voiture, pour mieux distinguer les alentours car les phares de la voiture rendaient la perception de la forêt irréelle. Charlie s’écria :

  • Bella…reviens…ici !

Sa voix me parut venir de très loin, ma respiration était si forte que je n’entendais plus qu’elle …et soudain, je me mis à avoir des drôles de pensées que je finis par formuler à voix haute, me sentant porter par l’amour et la force d’Edward et Jacob réunis :

  • Allez, viens là sale cabot … je sais que tu es là…

Je tournais sur moi-même et continuais, haletante :

  • Allez, à quoi tu joues là ? Qu’est-ce que tu attends ?

Je déglutis, me rendant compte à quel point j’étais stupide de jouer les femmes fortes alors que j’étais morte de trouille. Mais, ce que je voulais, c’était l’éloigner de Charlie …

Je me mis à crier :

  • Pourquoi tu ne viens pas là, en homme ! M’expliquer pourquoi tu me détestes autant !

Mon cœur bondit violement lorsqu’un grognement sourd rompit le silence, juste à côté de moi. Tremblante, je n’osais pas tourner la tête mais je sentis son souffle chaud dans mes cheveux. Charlie cria :

  • Bella ! Bella !

Je m’armais de courage, prête à le défier et pivotais la tête vers lui, me retrouvant face à ses yeux verts, brillant de fureur. Son expression me fit froid dans le dos, le message était clair…je ne survivrai pas. Il voulait se venger de ce que lui avait fait subir la meute, il voulait se venger de Jacob, lui qui s’était imprégné de moi et pour qui je représentais toute sa vie.

  • Bella ! Sauve-toi ! Hurla Charlie.

Fenq tourna sa tête vers la voiture et grogna. La peur qu’il aille d’abord sur mon père, proie facilement offerte, m’assaillit.

  • Non ! soufflais-je. Non…attrape-moi, saleté de clébard ! Criais-je.

Et je me mis à courir à toutes jambes vers les bois, espérant qu’il me suive. Les feuilles fouettaient mon visage et je sentais parfois mes cheveux s’accrocher aux branches, mais il fallait que je courre, que je courre vite ! L’éloigner de Charlie ! Je n’avais plus que ça à l’esprit ! Je tournais légèrement la tête pour écouter et entendis ce que je voulais : il me suivait mais il ne courait pas…il trottinait et je compris alors qu’il ne me laissait pas du temps non, il savait qu’il m’aurait…il me laissait juste courir, terrifiée, afin que j’ai bien le temps de voir venir ma mort.

Où étaient les jumeaux ? Où était Seth ? Cette pensée me fit de la peine…Ils avaient dû le maîtriser …

Je n’avais jamais couru aussi vite et soudain, je vis les visages d’Edward et de Jacob qui me souriaient…ils avaient tellement lutté pour me protéger de tous les dangers, se relayant depuis mon arrivée à Forks pour éviter que je me blesse, que je meurs…et cette nuit, alors qu’ils avaient confié cette protection à quelqu’un d’autre, se passant le relais encore une fois…cette nuit, j’étais seule …seule face à la mort qui me pourchassait tranquillement …et je sus qu’ils ne s’en remettraient jamais d’avoir baissé leur garde…Sam avait mis du temps à me retrouver la première fois que j’étais restée longtemps dans les bois, Edward n’était pas là et cette fois-ci, il ne m’entendrait pas non plus puisqu’il ne pouvait pas lire mes pensées. Je m’arrêtais de courir, sachant que ça ne servait à rien. Mes larmes coulaient sur mon visage, mes poumons me brûlaient…la forêt était plus silencieuse que jamais…et soudain, un poids s’abattit sur moi violemment, me coupant la respiration. Je sentis les griffes déchirer le tissu de mon pull et arracher la chair de mon dos. Je fus projetée contre le sol et le goût de la terre envahit ma bouche. Puis, une forte douleur dans la jambe m’arracha un cri, qui perça le silence. Je réussis pourtant à me traîner et à me relever malgré les lancements dans ma cuisse. Il ne me retenait même pas ! Il était là, à me regarder me débattre, à agoniser…je me retournais et le vis, les babines retroussées, les crocs blancs brillants…j’étais terrorisée devant l’image de ma mort. Puis il se jeta sur moi, gueule ouverte en direction de ma gorge. Je m’agrippais à ses poils mais le souffle me manquait et je n’avais aucune force contre lui. Pourtant, je sentais qu’il se retenait…il aurait pu me tuer au premier coup de griffe. Voulait-il savourer ma mise à mort ou souhait-il seulement m’abîmer assez pour que je sois méconnaissable ? Quoiqu’il fasse, il avait atteint Jacob, but ultime de cette attaque insensée. Il me ballotta pendant quelques secondes, mon ventre me brûla et il me projeta dans le vide. Ma tête heurta un arbre, j’entendis Fenq couiner, les jappements d’un animal enragé, je réussis à tourner la tête pour apercevoir un autre loup, son pelage couleur sable tâché de sang. Puis j’entendis un coup de fusil, au loin des hurlements à la mort… et je sombrais dans le néant. 

 

42. Je les aime tant

Je voyais son visage si parfait, la blancheur de sa peau, l’éclat de ses yeux dorés qui exprimaient un tel amour et une telle tristesse…est-ce que j’étais morte ? Il me sourit…un autre visage apparut devant moi…Carlisle…il semblait si … inquiet… je vis la main d’Edward porter la mienne à sa bouche…il l’embrassa et je vis du sang sur ses lèvres. Pourtant, il semblait si calme…

Soudain, l’image du loup noir me frappa et je fermais les yeux d’effroi.

J’entendis bouger autour de moi et demandais :

  • Où suis-je ? Où est mon père ?

Je n’avais pas entendu ma voix mais Edward me répondit :

  • Tu es en sécurité mon amour, nous sommes à la villa … Charlie est à l’hôpital, il n’a rien de grave, quelques fractures.

Sa voix était si triste …j’entendis un cri près de moi, et la souffrance qui en ressortait me bouleversa.

  • Seth n’arrive plus à muter, m’expliqua doucement Edward, on essaie de faire ce qu’on peut mais il souffre… Sans lui…, sa voix se brisa à nouveau.

J’essayais de relever la tête mais je ne parvenais plus à bouger. Je ne sentais plus mon corps. Où était Jacob ? Je le cherchais du regard partout et tentais de l’appeler, mais aucun son ne sortait de ma bouche.

  • Jake…Bella est réveillée, entendis-je Edward.

Il apparut devant moi en une seconde.

  • Je suis là Bella ! Je suis là ma chérie.

En voyant ses yeux horrifiés, je savais que je n’étais pas belle à voir. Je vis les larmes couler immédiatement sur son beau visage, j’essayais de lever le bras pour le caresser mais je n’y arrivais pas. Il attrapa ma main gauche et je sentis sa chaleur. Je levais les yeux au ciel pendant qu’une douleur fulgurante me traversa le ventre. Un spasme me secoua mais je tenais bon, ainsi tenue par mes deux amours. Leurs forces, leur différence de température, leur couleur de peau, à cet instant, plus rien ne les séparait, ils ne formaient plus qu’un. Ils étaient ma vie et j’allais les quitter, je le sentais.

  • Je veux…vivre…

Je vis le visage d’Edward se pencher sur moi, il s’approcha si prêt que je compris que, même lui, ne m’avait pas entendue. Je me forçais à nouveau :

  • Je veux…vivre…

Son visage se crispa douloureusement. Il ferma les yeux et se retira d’un coup de mon champ de vision en lâchant ma main brutalement. Jacob se pencha sur moi et me caressa les cheveux, se mordant les lèvres, tentant de retenir le flot de larmes qui ne s’arrêtait plus de couler. J’entendis la voix tremblante d’Edward.

  • Carlisle …je t’en prie…est-ce qu’elle peut s’en sortir ?

Carlisle apparut près de moi. Il m’observait, évitant cependant de me regarder dans les yeux. Je sentais les larmes chaudes couler le long de mes tempes et mouiller mes cheveux.

  • Edward, je suis désolé…, murmura-t-il.

J’entendais les soupirs saccadés de Jacob…Edward se rassit près de moi, il semblait si en colère. Les mains sur son visage, il faisait bouger son corps par petits mouvements, signe de sa détresse.

  • Carlisle …dis-moi qu’il y a une autre solution…aide-moi…aide-nous ! insista-t-il.

Je vis du coin de l’œil Jacob sursauter puis je l’entendis supplier :

  • Non ! Edward …attend encore un peu … Edward, s’il te plait…

Je compris que mon état était aussi désespéré que lorsque James m’avait mordue. Je n’étais pas à l’hôpital…parce que la seule issue était de devenir ce que j’avais pourtant voulu oublier. Jacob venait d’en prendre conscience. Je trouvais la force de murmurer :

  • Carlisle …

Il s’approcha de moi, le visage doux, espérant me rassurer, m’apaiser.

  • Oui Bella ?

Je le suppliais du regard. Lui seul pouvait prendre la décision. Jacob souffrirait mais il préférerait sûrement ça à ma mort. JE préférais ça plutôt que de les quitter. Je m’étais déjà mentalement préparée avant de renoncer…j’étais prête ! Carlisle scruta mes yeux pendant un long moment puis hocha la tête. J’entendis Edward déclarer :

  • Alors laisse-moi faire…j’en ai la force.
  • Non…Non, je ne peux pas, pas ça…non ! hurla Jake.

Il venait de plaquer son visage contre le mien, serrant ma tête de toutes ses forces. Il était secoué de spasmes, déchiré. Il m’embrassa, ses larmes salées étaient la dernière chose que je goûtais en tant qu’humaine. Edward reprit ma main et porta mon poignet à sa bouche, l’embrassant doucement.

Je décidais de me concentrer sur le visage de Jacob qui, à présent, s’était relevé et me couvait de ses yeux doux. Il serra mon autre main et je lui fis muettement mes adieux, tout en chuchotant un « je t’aime » que j’aurai voulu crier mais qui se mourrait sur mes lèvres. C’était la dernière fois que nous pouvions nous toucher ainsi, vivants…bientôt, je deviendrai de glace et nous ne pourrions plus être ensemble. Il s’approcha à nouveau de moi et chuchota :

  • Je t’aime Bella, je t’aimerai toute ma vie, je serai toujours là, même après … (son visage se crispa, douloureux) J’aurai tellement voulu te donner ma force, mon corps pour que tu puisses guérir.

Je sentis soudain Edward lâcher ma main qui retomba sur le lit.

  • Attends Carlisle…là, maintenant ! Tu viens de penser à quelque chose ! S’écria-t-il.
  • Edward … entendis-je Carlisle lui répondre. C’est de la folie…
  • Non !
  • Quoi ? Qu’est-ce qui serait de la folie ? S’exclama Jacob, la voix vibrante d’espoir.
  • Carlisle, essayons…ça peut marcher ! Insista Edward.
  • Je n’ai fait aucune analyse approfondie … j’ai seulement repensé à la régénération de ses cellules.
  • Essayons ! je t’en prie.

Je levais les yeux vers Carlisle qui semblait hésiter mais il répondit brusquement :

  • Très bien, je vais chercher un tube !

Je voyais Jake les regarder bouger à toute vitesse et soudain, Carlisle se pencha sur moi en prenant mon bras des mains de Jacob, une seringue à la main. Je ne sais pas ce qu’il m’injectait mais ça me brûla aussitôt, me rappelant le venin de James. Tous trois se trouvaient maintenant au-dessus de moi puis Edward s’énerva :

  • Il ne se passe rien… Bon sang !

J’entendis le bruit mat de quelque chose qui se brise puis je revis Edward au-dessus de moi, inspectant toutes les parties de mon corps.

  • Peut-être qu’on ne le voit pas ! Et si on lui mettait directement… sur les blessures ? Suggéra Jake.

Carlisle paraissait septique mais prit un petit flacon rouge et fit tomber une goutte sur moi. Je sentis une vive brûlure qui m’arracha un drôle de cri, plutôt une plainte mêlée au bouillonnement de mon sang. Je compris que ma gorge était déchirée et que telle était la raison de mon impossibilité à parler. Mais soudain, j’entendis Edward s’écrier :

  • Regardez ! Là ! ça rosit !
  • Oui, oui ! répondait joyeusement Jacob.
  • Ton idée était excellente clébard ! Carlisle, vide le flacon sur la plaie.

Je voulais crier « Non ! », la douleur était trop forte mais ils ne m’entendirent pas. Je m’arquais, hurlant muettement de douleur. La brûlure dura plus longtemps, comme si mon corps prenait feu, mais j’entendis Jacob rire puis s’écrier :

  • Allez-y ! Prenez tout ce que vous pourrez, videz-moi s’il le faut !
  • Nous ne pouvons pas t’ouvrir Jacob, la blessure se refermerait aussitôt. Je vais devoir te transfuser et te relier à Bella, expliqua Carlisle.
  • Parfait ! Faites ce qu’il faut !
  • Je suis là si vous avez besoin, fit une voix grave à mes côtés.

Sam se pencha sur moi et murmura :

  • Tiens bon Bella !

 

43. Le réveil

Lorsque je rouvris les yeux, le soleil éclairait pleinement ma chambre et je sentais une agréable odeur de pin me chatouiller les narines. J’entendais les oiseaux, le vent frais caressait mon visage et je tournais la tête vers ma fenêtre qui était ouverte sur le parc de l’hôpital. Je bougeais ma main et la sensation me surprit. Je sentais bien mon corps à présent et le souvenir de ce que j’avais vécu la nuit me parut irréel. Soudain, une main brune attrapa la mienne et je vis le visage de Jacob apparaître devant moi et me sourire tendrement.

  • Comment tu te sens ? chuchota-t-il.

Je portais mon autre main à ma gorge, j’avais un pansement, mais je sentais que je pouvais parler.

  • Mieux …, soufflais-je.
  • Bien …Carlisle passe te voir ce soir…il ne travaille pas aujourd’hui, lança-t-il en jetant un regard de travers vers la fenêtre.
  • Oui…trop de soleil, murmurais-je.

Il sourit à nouveau et se pencha sur moi pour déposer un baiser sur mon front.

  • Où est mon père ? demandais-je, inquiète.
  • Dans la chambre d’à côté. Il n’arrête pas de râler parce que les infirmières ont refusé qu’il vienne te voir…il a plusieurs côtes de casser et une fracture de la cheville mais ça ne l’a pas empêché de se servir de son fusil hier …, m’expliqua-t-il en levant les yeux au ciel.

Je me souvenais encore du bruit de ce fusil, accompagné de hurlements.

  • Raconte-moi, murmurais-je.

Je le vis se mordre à nouveau les lèvres, le visage grave, il semblait ne pas savoir par où commencer. Ce souvenir lui était trop pénible.

  • Et bien …de mon point de vue, j’étais en grande discussion avec Sam lorsque nous avons entendu crier…tu étais déjà loin mais nos sens sont assez développés tu sais …et… (il soupira très fort) nous aurions dû faire cette conversation sous notre forme animal, j’aurai du garder le contact avec Seth …je m’en veux tellement…
  • Comment va-t-il ? L’interrompis-je.
  • Il va s’en remettre, affirma-t-il clairement. Il t’a sauvé la vie…je lui serai éternellement reconnaissant pour ça.

Il marqua une longue pause, tout en me caressant ma main enveloppée dans les siennes.

  • Lorsque nous sommes arrivés, reprit-il, à l’endroit où était la camionnette, j’ai filé vers les bois avec Sam mais les jumeaux nous ont intercepté. Paul nous suivait mais Leah s’est jetée sur lui. Elle est si forte …, dit-il tristement en secouant la tête. Nous avons eu du mal à nous débarrasser d’eux…je ne savais pas où tu étais…j’ai cru que je devenais dingue…Charlie était bloqué dans la voiture, Quil a muté pour essayé de le sortir…il y est arrivé. Quelques minutes après, Paco se prenait une balle…

Je pensais alors à mon père, l’imaginant blessé mais déterminé à me sauver. Jacob était lui aussi perdu dans ses pensées, revivant ce cauchemar…

  • Avec Sam, continua-t-il, nous avons essayé de retrouver Seth, il nous appelait, il était très blessé mais je devenais tellement fou que j’avais du mal à me concentrer. Sam l’a trouvé et au moment où je t’ai vue, à terre, Edward a bondi à tes côtés et t’a emporté dans les arbres.

Il fronça les sourcils et j’essayais d’imaginer ce qu’il avait pu vivre à cet instant.

  • Lorsque je l’ai vu filé, murmura-t-il, la voix rauque, avec toi dans ses bras, pleine de sang…j’ai cru que mon cœur allait s’arrêter…tu étais dans un sale état…je ne savais même pas où il t’avait emmenée ! Ni si tu vivais encore !…Et puis, Emmett est apparu près de nous et nous a dit de les rejoindre à la villa. Il a pris Seth sur ses épaules et a filé comme l’éclair. Quil et Paul se sont occupés de Paco. Fenq avait filé avec son frère et… Leah.
  • Comment Edward …comment a-t-il su ? Chuchotais-je.

Jacob soupira, le regard lointain, puis me répondit :

  • Charlie …apparemment, il s’est souvenu qu’Edward lisait dans les pensées et il l’a appelé de toutes ses forces. Lui et Alice.
  • Charlie ? murmurais-je, déboussolée.
  • Oui … il a comprit que nous…enfin, qu’on ne servait à rien ce soir là, ajouta-t-il amèrement. Et puis, il a eu soudain plus confiance dans les vampires que dans les loups-garous…tu m’étonnes …

Je lui souris en secouant la tête car il semblait vraiment le croire. Puis, je regardais ma main et repensais à mes blessures qui semblaient avoir disparu miraculeusement.

  • Comment ? demandais-je en faisant un signe vers ma gorge.
  • Tu étais déchiquetée de partout, répondit-il, la voix brisée. Ses crocs dans ta gorge, ses griffes sur ton dos, ton ventre …il t’a mordu la jambe…tout était fait pour te rendre monstrueuse…sauf que tu as failli mourir.
  • Ça m’a brûlé…, me rappelais-je.
  • Oui, c’était mon sang, répondit-il en souriant, une étincelle de fierté dans les yeux. C’est grâce à lui que ta peau s’est reconstituée…tu as encore deux trois blessures comme le trou que Carlisle a dû te faire pour que tu respires mais tu devrais être vite remise. Tu vas recevoir plusieurs injections par jour.

Soudain, la porte s’ouvrit et je vis Jasper passer la tête dans la chambre. Ce fut très rapide. Le soleil illuminait toujours la pièce. Je vis Jacob sourire et lui jetais un regard étonné :

  • Oui, Edward m’a prêté Jasper, ricana-t-il. Il trouvait que j’étais un peu trop sur les dents…

Edward…Carlisle…Jasper…Jacob avait donc appris à respecter mes amis. Ils formaient maintenant une seule et même équipe…c’était étrange et tellement inespéré. Pourtant, on en était là. Jasper calmait Jacob…je le regardais plus attentivement et en effet, ses traits étaient très tirés, ses mains tenaient la mienne, calmement, mais sa jambe bougeait nerveusement. Je dégageais ma main et la posais sur sa joue. Il leva les yeux vers moi.

  • Tu me connais non…qu’est-ce que tu crois ? Que je ne vais pas péter un boulon avec ce qui t’es arrivée ? Edward m’a demandé d’attendre ce soir, alors pour ne pas que je perde les pédales, Jasper reste là…dans le couloir, il n’y a pas de soleil…
  • Ce soir ? Chuchotais-je, inquiète.
  • Oui…je ne compte pas laisser filer Fenq comme ça…Edward l’a repéré. Pas de bol pour lui mais Leah a des regrets, elle n’a pas supporté que les jumeaux attaquent son frère et elle émet des images mentales très précises…

Je lui serrais la main fortement pour qu’il comprenne mon angoisse à l’idée que lui et Edward aillent se battre contre ce loup.

  • Je n’ai pas encore décidé si on le tuait ou pas…
  • Quoi ?
  • Désolée Bella mais sur ce coup-là, je ne t’écouterai pas. Edward et ses frères vont m’aider à le choper, je verrai après ce qu’on en fait.
  • Sam ?
  • Sam me laisse carte blanche. Il dit que c’est mon combat.
  • Jake …
  • Non Bella…, me coupa-t-il durement. Je ne le laisserai pas s’en tirer comme ça. Edward est de mon avis.

Comme si je n’avais plus rien à ajouter à ça ! Je fermais les yeux … repensant à ce monstre qui n’était pourtant qu’un enfant il y a encore quelques mois… il avait vite grandit, vite appris …son esprit malin faisait peur.

  • Edward ? Murmurais-je.
  • Il viendra ce soir …, répondit-il. Pour l’instant, c’est le chien qui monte la garde.

Je vis une ombre passer dans ses yeux et pensais que je ne lui avais encore rien dit. Je repensais à la façon dont j’avais guéri, je revis Edward prendre mon poignet pour le mordre…j’avais échappé à la mort de justesse…j’avais failli perdre toute la vie que je m’étais mentalement imaginée depuis quelques temps…je n’osais même pas imaginer tout ce qui était passé par la tête de Jacob et par celle d’Edward au moment où j’avais failli me transformer. Jake posa sa tête sur mon ventre et ferma les yeux. Ma respiration le faisait bouger légèrement et il sourit, heureux que je sois en vie. Je lui passais la main dans les cheveux puis fermait les yeux en posant ma tête sur l’oreiller.

Nous restâmes un moment comme ça jusqu’à ce que la porte s’ouvre, laissant entrer Sam, Emily, Paul, Rachel et Embry. Je ressentis bizarrement un certain malaise. Mon cœur venait de s’accélérer. Emily et Rachel vinrent m’embrasser, Rachel posa un bouquet de fleurs sur ma table et les trois gaillards se placèrent autour de mon lit. De ma place, avec Jacob, je me sentis soudain encerclé.

  • Salut Bella ! Lança Embry, joyeusement.

Paul et Sam me firent un léger signe de la tête (en souriant quand même). Le regard triste de Sam me frappa : mon état lui rappelait sûrement des mauvais souvenirs.

  • Comment vas-tu ? demanda Emily.

Mon palpitant m’oppressait la poitrine.

  • Bien … merci, chuchotais-je.

Je regardais les cicatrices d’Emily avec des yeux nouveaux, imaginant trop bien par quoi elle était passée.

  • C’est quand même fou cette histoire, déclara Embry. Si on avait su ça pour …

Il jeta un bref coup d’œil à Emily…qui lui sourit tristement. Jacob et Sam se regardèrent et quelque chose passa entre eux. L’un devait avoir beaucoup de regrets (mêlée à de la jalousie peut être ?), l’autre s’excusait presque de ne pas devoir vivre le même enfer. Je ne sus pas exactement ce qu’ils pensèrent à cet instant mais il est clair que j’avais eu plus de chance qu’elle.

  • Tu vas devenir un loup-garou alors ? Plaisanta Embry.
  • Arrête un peu ! Le coupa sèchement Jake. Carlisle est sûr qu’il n’y aura aucune conséquence.
  • Comment peut-il en être aussi sûr ? Siffla Paul, qui n’avait encore rien dit jusque maintenant.
  • Il…il va la surveiller de près…j’ai confiance en lui, déclara Jacob, dont le visage s’était soudain voilé d’inquiétude.
  • Carlisle est un bon médecin, nous avons de la chance de l’avoir pour ami, déclara Emily. Nous avons de la chance de les avoir tous avec nous. 

Je ne me sentais pas différente d’avant, j’étais sûre, tout comme Jacob qu’il n’y aurait aucun problème mais ce qui m’inquiétait le plus pour l’instant, c’était ce poids qui me pressait la poitrine depuis l’arrivée de la meute.

Une infirmière entra avec un plateau et Sam l’intercepta pour me l’apporter. Au moment où il s’approcha de mon lit pour le poser sur ma table de chevet, mon angoisse augmenta. Qu’est-ce que j’avais ? Jacob se rendit compte de mon malaise et fronça les sourcils.

  • Tu veux te reposer Bella ?
  • Oui…, murmurais-je, soudain soulagée à l’idée qu’ils quittent tous la chambre.

Sam hocha la tête et fit signe aux autres de décamper. Emily vint près de moi et me caressa les cheveux.

  • Quand tu iras mieux, on t’attend à la maison, d’accord ?
  • Oui…oui…

Elle m’embrassa le front avec toute la douceur d’une mère et rejoignit Sam qui l’attendait déjà dans le couloir. J’eu le temps de voir Sam discuter avec Jasper avant qu’elle ne ferme la porte. Jacob se pencha sur moi et me prit la main, qu’il serra très fort.

  • Pourras-tu un jour me pardonner ? murmura-t-il, la voix brisée par le chagrin.
  • Pourquoi ?
  • De n’avoir pas été là, de t’avoir laissée ? Je me sens si mal…

Il baissa la tête, refoulant des larmes qui menaçaient dangereusement d’inonder son visage.

  • Il n’y a rien…à pardonner, Jake…, réussis-je à dire, malgré la brûlure de ma gorge.

Il releva la tête et je lui souris, pour tenter de le rassurer mais rien n’y faisait. Je compris qu’il s’en voudrait toute sa vie. Il embrassa ma main très fort et me quitta.

 

44. Tout a changé

J’avais sombré dans le sommeil sans même m’en rendre compte. Lorsque je rouvris les yeux, il faisait nuit et j’entendis sa voix fredonner ma berceuse. Le visage souriant, Edward était assis devant moi. Je fis un mouvement pour me relever mais il me retint.

  • Ne bouge pas …

Il se pencha sur moi et me prit dans ses bras. Sa fraîcheur faisait du bien à mon corps qui s’était enflammé.

  • Merci, soufflais-je.

Il se dégagea, me lançant un regard surpris.

  • Tu aurais pu le faire …mais tu as…tout fait pour me sauver…, réussis-je à articuler. Ma gorge me brûlait déjà moins.

Il me sourit tristement.

  • Je t’ai toujours dit que je voulais que tu restes en vie Bella…
  • Oui…mais cette fois, je devais …mourir…j’aurai du …mourir…
  • Et alors ? Murmura-t-il. Tu penses que j’aurai du profiter de l’occasion ? J’ai espéré jusqu’au bout mon amour…

Il fronça le nez et recula légèrement.

  • Quoi ?
  • Et bien…je sais que ça va passer mais pour l’instant …et bien…
  • Oh…

Je ne pus m’empêcher de rire doucement, ce qui me provoqua une petite douleur dans le ventre.

  • Mon sang n’aura plus le même parfum pour toi ?
  • Carlisle dit qu’il faut attendre qu’il se régénère, que les cellules de « chien » fassent leur travail de guérison et ensuite, ton sang redeviendra le tient.

Nous nous regardâmes et éclatèrent de rire nerveusement. Puis, il me passa sa main glacée sur la joue et murmura, le visage grave :

  • J’ai eu si peur … lorsque j’ai entendu ton père…j’ai failli devenir fou. Quand je t’ai trouvée…
  • Oui…je sais…j’étais mal en point…
  • Tu étais méconnaissable Bella, précisa-t-il, durement.

Je baissais les yeux, il continua :

  • Je n’ai pas eu besoin de me concentrer sur ton père pour te trouver. Ton sang était partout.

Son visage se crispa, il serra le poing. Ses narines frémissaient, je sentis que la rage qu’il avait ressentie cette nuit venait à nouveau de le submerger.

  • S’il avait été encore là…je…je l’aurai tué…même si Jacob m’avait demandé de ne pas le blesser…je l’aurai tué.

Je fermais les yeux, n’ayant aucun doute sur ses intentions. Je revis à nouveau la gueule du loup noir se jeter sur moi et mon cœur s’affola. Il me faudrait du temps avant d’oublier cette image. Je pensais alors à Alice et à ce qu’elle avait pu ressentir lorsqu’elle s’était retrouvée face à lui au bal. Je me demandais alors si je serai capable de le revoir…si je ne souhaitais pas sa mort moi aussi …l’angoisse ressurgit avec violence. J’haletais, soudain prise de panique. Edward s’approcha plus près de moi et me caressa à nouveau la joue puis les cheveux en murmurant :

  • Tu vas t’en sortir maintenant…ça va aller …
  • Mes cauchemars…, murmurais-je.
  • Oui, je sais …
  • Non…ça sera pire … je le verrai la nuit, je le verrai le jour… dans mes pensées.

Edward fronça les sourcils et continua à essayer de me calmer.

  • Tu n’as plus rien à craindre, je veille sur toi, à chaque instant…plus jamais je ne laisserai ce monstre t’approcher. Nous veillons tous sur toi…, ajouta-t-il.

Je fermais les yeux, essayant de contrôler ma respiration. La présence d’Edward me rassurait. L’image de mes amis Quileute et de Jacob, autour de mon lit quelques heures plus tôt, s’imposa à moi et je compris alors d’où venait mon malaise. Leur côté animal, leur parfum, leur regard, j’avais eu soudain l’impression d’être encerclée par des loups. C’est ainsi que je les avais vu à cet instant, pas sous leur forme humaine, non, j’avais vu leurs loups et la peur m’avait envahie.  

 

45. Plus qu’une idée en tête, le détruire !

Libéré de l’aura d’apaisement de Jasper, j’étais sur les nerfs depuis que j’avais quitté l’hôpital, tous mes muscles étaient tendus à l’extrême. Edward avait dit minuit, on y était et j’étais toujours seul dans cette satanée clairière. J’hésitais, j’allais y aller moi-même ! En quadrillant toute la forêt, je finirai bien par le trouver …

  • Oublies ça clébard ! On y va tous ensemble.

Edward venait d’apparaître devant moi, accompagné de ses frères. Jasper me calmait à nouveau, je me sentais déjà plus apte à discuter.

  • J’espère que tu es sûr de ton coup ! lui lançais-je.
  • Ils sont toujours ensemble…tous les trois. Et Leah ne le laissera plus faire de mal à quelqu’un de votre groupe.

Je hochais la tête, craignant soudain pour la sécurité de Leah.

  • Bien …, murmurais-je. C’est quoi ton plan ?
  • Le plus simple : y aller et les encercler.
  • Et après ?
  • Ça, c’est toi qui décide…, m’annonça-t-il d’une voix dure, les dents serrées.

Edward m’en voulait sûrement pour ce qui était arrivé à Bella et je ne pouvais pas le blâmer. Je baissais la tête, essayant de réfléchir correctement mais je n’arrivais pas à m’enlever son image, mutilée, pleine de sang, que j’avais failli perdre à jamais, et ce souvenir me donnait l’impression que ma tête allait exploser. Je revoyais Fenq lorsque je m’occupais de lui, quand j’essayais de canaliser son caractère…c’était un gamin, plus jeune que moi lorsqu’il avait muté, mais maintenant, c’était un monstre, qui n'hésitait plus à s'attaquer aux habitants de Forks, à les blesser et à semer la terreur …et tout ce qui était arrivé était de ma faute…si j’avais écouté Sam…j’aurai pu le contrôler, l’empêcher de se séparer de la meute …jamais je ne me le pardonnerai…jamais.

  • Jacob…, s’impatientait Edward. Allons-y…tu discuteras avec ta conscience après…ils sont à maximum dix kilomètres d’ici…je n’admettrai pas qu’on les loupe cette nuit !
  • T’inquiète ! On va l’avoir ! Ajouta Emmett. Ça sera une vraie partie de plaisir !
  • Jacob, si tu décides de ne pas le tuer, je voudrai juste te demander…déclara Jasper, hésitant à me dire la suite de sa pensée.
  • Oui ?

Malgré la colère qui l’habitait autant que moi, je vis Edward tenter de dissimuler un sourire. Jasper me fixait toujours de ses yeux d’ahuri puis continua :

  • Je voudrai lui rappeler quel cauchemar il a fait vivre à Alice …si tu me dis non, je te préviens que je ne suis pas sûr de t’écouter. Ça sera déjà assez dur comme ça de l’épargner…

Je préférai ne pas trop m’imaginer quel supplice il avait en tête, l’idée de se faire dépecer par un vampire me faisait froid dans le dos. Je bougeais la tête en signe d’acceptation. Je ne savais même pas moi-même comment j’allais réagir face à lui.

  • Bien …comme je suis le seul à savoir où ils sont, je vais ralentir, pour que nous restions groupés, expliqua Edward. Une fois que nous serons sur place, Emmett, Jasper et moi nous placerons dans les arbres. Ils sont trois, nous pourrons leur tomber dessus sans problème.
  • Et moi, je ferai quoi ? sifflais-je, bien décidé à ne pas laisser les sangsues savourer seuls la bataille.
  • Tu pourras décider à ce moment là…, et je compte sur toi pour récupérer Leah et Lien. Ils doivent réintégrer votre meute, m’annonça-t-il de son ton paternaliste que je détestais tant.

Pourtant, je savais qu’encore une fois, il avait raison. J’étais le seul à pouvoir reprendre le contrôle sur eux. Edward hocha la tête, satisfait de la décision que je venais de prendre puis ils filèrent tous les trois vers les bois, en direction du nord.

Je mutais et les rattrapais en quelques minutes. Edward passait par les arbres pour ne pas nous distancer. Je ne pus m’empêcher d’admirer sa grâce naturelle. Il ressemblait parfois à un petit singe, parfois à un félin lorsqu’il courrait en s’aidant de ses bras pour garder l’équilibre sur les branches mais quoiqu’il fasse, il était très rapide. Et nous avions tous un point en commun, nous étions silencieux. J’en étais convaincu, Fenq ne sentait pas le coup venir…nous l’avions laissé tranquille toute la journée, il avait eu le temps de baisser sa garde. Et il ne s’imaginait pas que Leah pouvait être assez forte d’esprit pour lui cacher ses intentions. Moi je le savais, elle avait déjà trompé Quil comme ça !

Je les sentis avant même qu’Edward ne stoppe sa course. Il sauta jusqu’à nous sans un bruit et se concentra sur les pensées de Leah.

  • Si nous avançons encore, ils vont nous sentir, prévint Jasper.
  • Oui…murmura Edward. Mais ce n’est pas encore le cas. Bon…nous continuons par les airs. Jacob, suis-nous. Je m’occuperai de Lien, Emmett de Fenq et Jasper de Leah. Elle se laissera faire…

Je lui fis signe de la tête, en accord avec lui. Emmett était le plus fort de nous tous. Jasper approuva également. Edward grimpa à nouveau sur son arbre, suivit de Jasper. Emmett fit un grand bond puissant pour les rejoindre. Ils avancèrent de front, si rapidement que je ne voyais plus que trois ombres blanches. Je ne me laissais pas distancer, bien décidé à être présent lorsqu’ils les choperaient. Je n’avais aucun doute sur ce dernier point. Un seul vampire aurait pu faire le travail…mais nous avions tous une raison de nous venger…

Je ne les vis pas se mettre en position. J’avançais droit sur eux lorsque Fenq se redressa, poil hérissé, menaçant. Leah et Lien se placèrent à ses côtés, leurs têtes levées vers les cimes des pins, cherchant d’où provenait la puanteur qui venait de les encercler. Nous ne pouvions pas communiquer et à mon grand étonnement, j’étais calme. Peut-être parce que je savais qu’il était fichu. Nous nous toisâmes ainsi pendant quelques secondes qui me parurent une éternité, chacun renvoyant à l’autre toute sa haine, puis Emmett s’abattit sur lui, l’écrasant contre le sol. Les deux autres couinèrent lorsqu’Edward et Jasper les attrapèrent par l’échine. Je m’approchais, prêt à muter, ne sachant pas encore ce que j’allais dire ou faire lorsque Fenq propulsa Emmett contre un arbre avec une force spectaculaire. Celui-ci se brisa sous son poids. Fenq prit la fuite aussitôt.

  • Jacob ! Cria Edward en plaquant Lien au sol.

J’allais poursuivre Fenq lorsque je compris ce qu’attendait Edward. Le problème c’est que je n’avais aucune idée de comment procéder ! Je galopais vers lui et il lâcha Lien juste à temps pour que je le chope par la gorge et l’envoyais valdinguer contre un rocher. Puis, je m’abattis à nouveau sur lui pendant qu’il tentait de se relever, le mordant, le bousculant, le plaquant au sol et pendant tout ce temps, je lui donnais mentalement l’ordre de se coucher, de ne plus bouger, espérant que son esprit finirait par ne plus résister. J’essayais d’occulter l’idée qu’Edward et Emmett coursaient Fenq, que je voulais moi-même rattraper, je me concentrais sur Lien pendant un temps qui me parut interminable jusqu’à ce que je l’entende couiner de douleur et murmurer :

Arrête…arrête…j’ai mal…

Jake, vas-y…je m’occupe de lui.

Leah venait de me parler aussi ! J’avais réussi à reprendre leur contrôle ! Je lâchais la gorge de Lien et tournais la tête vers elle.

Ne le laisse pas filer…c’est un ordre Leah !

Oui Jake…

Cette fois, je savais que je pouvais les laisser. Leah s’était couchée, près de Lien qui avait du mal à respirer.

Jasper me fit un signe et je fus surpris qu’il m’ait attendu pendant tout ce temps. Puis, nous filâmes à travers les bois, dans la direction qu’avait prise Fenq.

Je l’entendis hurler et accélérais le pas. Ils l’avaient eu ! Je sautais par-dessus un buisson lorsqu’il vint s’écraser au sol, à un mètre de moi, comme un vulgaire fétu de paille. Emmett souriait, savourant le moment. Fenq se releva pourtant d’un bond et attaqua Edward qui l’intercepta sans aucune difficulté. Je savais qu’il se retenait, il aurait pu le briser d’une main. Ils luttèrent ainsi devant nous, Fenq faisait claquer sa mâchoire dans le vide. Malgré sa hargne, malgré sa puissance, Fenq n’était pas assez fort et sa technique de combat n’avait plus de secret pour ses adversaires. Edward se maitrisait et je vis en lui sa puissance, sa force… sa supériorité…il était comme un seigneur : magnifique et intouchable. Jamais je n’aurai pu me contrôler comme lui. Je compris alors ce que Bella avait vu en lui.

Mon esprit fut à nouveau envahi par son image, blessée, souffrante, et ma colère remonta avec force. Edward le sentit car il finit par plaquer Fenq au sol et me fixa, attendant de savoir ce que je voulais faire. Le monstre haletait sous le poids de son ennemi et je croisais son regard. C’était l’image même des cauchemars de Bella, ce regard-là allait la hanter toute sa vie et il fallait qu’il disparaisse !

Laisse-lui…

Edward hocha la tête, recevant mentalement ma décision.

  • Ça, c’est de la part d’Alice, murmura-t-il à son oreille.

Puis, il le lâcha en faisant signe à Jasper. Fenq se releva et décampa en boitant, se croyant libre. Mais Jasper le chopa par l’encolure avec la rapidité de l’éclair et Fenq hurla de douleur en s’écroulant à terre. Je mutais, afin que je sois la dernière personne que ce salopard voit avant de mourir. Sa poitrine se soulevait de plus en plus rapidement, et je m’accroupis près de lui, regardant le poison envahir son corps, Jasper encore accroché à sa gorge. Fenq reprit forme humaine, ce qui surprit furtivement le vampire qui resserra son étreinte, le plaquant contre lui avec ses jambes et ses bras.

  • Espèce…de sale…traite, déclara Fenq d’une voix rauque.

J’approchais mon visage plus près du sien.

  • C’est toi qui nous a trahi, qui a trahi ta meute, sifflais-je. C’est toi qui as trahi ton espèce, ce pour quoi tu as été créé…nous sommes des protecteurs, pas des tueurs.

Fenq avait de plus en plus de mal à respirer. Il ferma les yeux une seconde, le visage crispé par la douleur. Puis, ses yeux verts me fixèrent à nouveau, chargés de haine.

  • Comment …as-tu osé ? Comment as-tu pu…t’allier à ses…parasites ? Tout ça …pour une …fille …
  • Ces parasites ont plus de respect pour la vie que toi…, répondis-je, presque plus à moi-même qu’à celui qui était en train d’agoniser à mes pieds.

Ses accusations résonnaient dans ma tête et je perdis un instant le contact avec la réalité, faisant défiler dans mon esprit tout ce que j’avais fait au nom de mon amour pour Bella. Est-ce que j’avais aussi trahi mon peuple ? Est-ce que tuer un loup-garou avec l’aide de mes ennemis jurés allait me condamner à jamais ? Sam me soutenait mais qui étions-nous pour chambouler ainsi toutes les règles et croyances de nos ancêtres ? Avais-je vraiment fait tout ça pour elle ? Est-ce que tout ce qui s’était passé jusque maintenant, que ce soit du côté vampire ou de notre côté était en rapport avec elle…. Non…Bella n’était pas la cause de tout ça, c’était plutôt grâce à elle si nous en étions là ! Son esprit de sacrifice avait porté ses fruits. Elle avait gagné.

Allié à ses parasites …

Je pensais soudain à Carlisle, dont l’esprit ressemblait étrangement à celui de Bella, à ses années d’acharnement à vouloir sauver l’âme de ses vampires, à les aider à vivre parmi les humains, à leur apprendre à les aimer. Il aurait pu faire vivre sa famille n’importe où sur terre, nous ne les aurions jamais rencontré, alors pourquoi avait-il choisi Forks ? Etait-ce son but ultime ? Vivre en harmonie avec leurs ennemis jurés ? Tel un messie, il voulait réunir tous les peuples qu’il rencontrait ?

Fenq gémit de douleur et mon esprit revint dans la clairière. L’image d’Alice mutilée puis de Bella mourante s’imposa à moi avec force et je pensais soudain que cette mort était encore trop douce pour ce qu’il avait fait : toutes ses attaques, les mutilations que des gens avaient subit et avec une violence qui me surprit moi-même, j’abattis mon coude sur son visage, lui brisant la mâchoire dans un hurlement atroce. Je me penchais sur lui et murmurais :

  • Et ça, c’est de la part de Bella. 

Il soutint mon regard, haineux puis ses yeux perdirent leur éclat et il s’affaissa dans un dernier souffle.

46. Mes sauveurs

Dans mon fauteuil roulant, je regardais mon père dormir, attendrie de le voir ainsi, aussi apaisé. Nous étions maintenant ensemble dans le même bateau. Charlie avait rejoint mon univers et il s’en sortait comme un chef ! Les infirmières étaient aux petits soins pour lui, Charlie étant très apprécié par la population de Forks. Et à cet instant, j’étais très fière de lui.

Il ouvrit les yeux, comateux, et fronça les sourcils en regardant la pluie tomber sur les carreaux. Je me raclais la gorge (qui était maintenant pratiquement guérie) et il tourna brusquement la tête vers moi. Il se releva en grimaçant.

  • Bella …
  • Ne force pas Papa…

Il se laissa retomber sur l’oreiller, vaincu. Je riais doucement et lui tendis la main. Il l’emprisonna aussitôt et nous nous sourîmes pendant un long moment, mesurant tout ce que nous venions de vivre ensemble. Il posa son regard sur mon pansement à la gorge.

  • ça va ?
  • Oui…les trous sont refermés, affirmais-je, la voix encore un peu rauque.

Carlisle avait exigé de s’occuper personnellement de mon cas, les infirmières venaient juste pour me donner à manger et si j’avais besoin d’autre chose. Donc personne ne pouvait remarquer l’étonnante vitesse à laquelle je guérissais. Je me demandais même pourquoi il m’avait emmenée à l’hôpital puis pensais qu’il y passait beaucoup de temps. Ainsi, il pouvait venir me voir à n’importe quel moment. Et puis, j’étais près de Charlie.

Mon père soupira.

  • J’ai eu si peur Bella …ce …ce monstre…
  • Oui, drôle d’entrée en matière dans mon monde ! ricanais-je.
  • Tu aurais pu y rester ! Me gronda-t-il gentiment.

J’aurai du y rester…pensais-je, mais je ne voulais pas en rajouter. Il soupira très fort en secouant la tête.

  • Et toi ? Tu te sens comment ? Demandais-je.
  • Cassé …

Il tourna la tête vers moi et son expression me fit rire. Une infirmière entra, lui apportant une nouvelle poche de calcium. Lorsqu’elle referma la porte, Charlie murmura :

  • Sue est venue me voir hier soir …
  • Et ?
  • Elle était effondrée…entre Seth, Leah et ce qui m’était arrivé…

Intérieurement, je priais pour que Fenq ne se rende pas compte qu’elle était en train de les trahir…je me demandais même si ce matin, il était encore vivant. Je n’avais pas de nouvelle d’Edward, ni de Jacob, je préférais ignorer mon angoisse et attendre patiemment. Carlisle devait venir me voir de toute façon, il saurait sûrement quelque chose.  

J’observais mon père, il semblait vraiment affecté par toute cette histoire.

  • Charlie ?
  • Oui ?
  • Sue et toi…c’est du sérieux hein ?

Il haussa les épaules puis me fit un sourire embêté.

  • ça te gênerait ? Finit-il par demander.
  • Non…admis-je, même si la veille j’avais pensé que leur couple me dérangeait.

Carlisle ouvrit la porte de la chambre et me fit un petit signe pour que je le rejoigne. Il hocha la tête en direction de mon père, qui leva la main brièvement.

  • Bon…à tout à l’heure Charlie.
  • Bella ? m’interrompit-il.
  • Oui ?
  • Je t’aime ma fille…et je suis heureux de faire parti de ton monde. Je ne me suis jamais senti aussi proche de toi.

Les larmes aux yeux, je lui souris.

  • Je t’aime aussi papa.

Puis, je fis pivoter mon fauteuil et le poussais jusque dans le couloir. Carlisle n’y était pas, il m’attendait dans ma chambre. J’y entrais et il ferma la porte à la vitesse de l’éclair.

  • Bonjour Bella…comment te sens-tu ce matin ? demanda-t-il de sa voix si apaisante.
  • Bien …, répondis-je en me raclant la gorge. Vous avez des nouvelles d’Edward ?

Il me jeta un bref regard pendant qu’il auscultait mon cou.

  • Il n’est pas encore venu te voir ?
  • Non …

Il hocha la tête, je ne sus pas trop ce que ça voulait dire puis il ajouta :

  • Ta gorge va beaucoup mieux. C’est un véritable miracle !
  • Ça va être pratique pour vous, vous pourrez sauver du monde, plaisantais-je.
  • Non. Je ne compte pas me servir à nouveau du sang de loup-garou, affirma-t-il gravement.
  • Pourquoi ? ça a pourtant bien fonctionné…
  • Je ne sais pas s’il y a encore des conséquences. J’ai accepté de faire ça parce qu’Edward me l’a demandé et aussi parce que je sais que tu comptes faire ta vie ici, avec l’un des leurs. Si tu changes un jour, tu es dans le secret et je pense que tu accepteras, quoiqu’il se passe, m’expliqua-t-il.

Je fus troublée quelques instants par les mots qu’il venait de prononcer. Alice (ou Edward) avait du l’informer de ma décision et elle lui paraissait si…naturelle ! Je me demandais ce qu’il pensait vraiment de ça ? Je venais de « plaquer » son fils et j’avais déjà des projets avec un autre… soudain, une phrase qu’il m’avait dite me revint à l’esprit : « …il y a aussi autre chose de bien plus grand qui rentre en compte dans mon jugement mais ça, ce n’est pas à moi de te l’expliquer. » Ce pouvait-il qu’il soit au courant pour Jacob et moi ? Oui, sans aucun doute…il avait passé du temps avec lui, avant qu’Edward et moi ne revenions. Jake avait du lui parler et connaissant l’esprit respectueux de Carlisle, je ne doutais pas une seule seconde de ce qu’il avait pu penser en apprenant tout ça. Il y avait aussi autre chose qui venait de me traverser l’esprit : Edward …Edward qui était connecté à l’esprit de Jacob depuis notre retour…Edward qui devait sûrement avoir appris immédiatement cette histoire d’imprégnation et qui ne m’avait rien dit…Edward qui semblait aujourd’hui plus proche de Jacob, plus enclin à la sympathie …ils s’appelaient, n’hésitaient pas à s’unir pour me protéger…avaient-ils discuté de cette histoire ? Edward s’était-il « sacrifié » pour Jacob, prétextant vouloir sauver ma vie ? Ou cette imprégnation avait-elle été la solution à son obsession de me garder vivante ?

J’entendais encore sa douce voix me dire : « je suis même à aller supplier mon ennemi pour qu’il te garde près de lui… » Je les imaginais soudain, conspirant ensemble pour me pousser dans les bras de Jacob. Etait-ce vraiment moi qui avais pris la décision de rompre ? Carlisle avait donné un ultimatum à Edward mais ce dernier avait déjà ça en tête depuis combien de temps ? Il avait manœuvré pour me faire changer d’avis bien avant notre départ !

Ma tête s’embrouillait…je respirai afin d’éclaircir mes idées.

Carlisle jeta un regard derrière mon dos et déclara :

  • Je vais chercher de quoi te faire une dernière injection et tu pourras rentrer chez toi Bella. Je vais demander à ce qu’on fasse également sortir ton père. Il sera mieux chez vous pour s’en remettre.
  • Oui, devant un bon match de baseball ! réussis-je à lâcher en riant, malgré le bouillonnement de ma tête.

Il me sourit et me laissa. Une main chaude se posa sur mon épaule. Je me retournais, soudain très heureuse et soulagée.

  • Jake !
  • Salut ma belle …, murmura-t-il, en s’accroupissant à mon niveau.

En le regardant, toutes mes sombres idées s’estompèrent et mon cœur me chuchota que, peu importe si Edward et Jacob m’avaient manipulé (ou pas), peu importe que ça soit moi ou pas qui ait pris la décision de rompre…j’étais bien avec Jacob, sa présence solaire me réchauffait, j’aimais lorsque nous étions ensemble et je l’aimais, tout simplement. Je décidais de ne jamais lui parler de quoique ce soit…s’il avait comploté avec Edward à mon sujet, au moins, ça avait eu le mérite de les rapprocher et c’était ça, le plus important ! Je l’observais et mon cœur se serra.

  • Oh…tu as l’air si fatigué ! Jake…

Il baissa la tête et soupira.

  • Jacob, qu’est-ce qu’il se passe ? Demandais-je, inquiète.

Que s’était-il passé cette nuit ? 

  • On l’a eu Bella … Fenq est mort…

La nouvelle me soulagea et pourtant, il releva la tête et fixa le ciel gris en se mordant les lèvres. Il semblait si …abattu.

  • Jake…ça va ?
  • Oui…je suppose, répondit-il dans un demi-sourire.
  • Regarde-moi, chuchotais-je.

Il mit quelques secondes à m’obéir mais finit par plonger ses yeux noirs dans les miens. J’y lu une infinie tristesse.

  • Jake, il aurait fini par tuer quelqu’un…
  • C’était un des miens, c’était un loup…je n’arrive pas à m’enlever de la tête que j’aurai pu sauver ce gamin…avant qu’il ne parte…
  • Ce n’était plus un gamin…
  • Peut-être bien …mais je me sens si … responsable, souffla-t-il. Pourtant, j’ai voulu sa mort.  
  • Moi aussi, murmurais-je.

Son regard brillant cherchait des réponses dans le mien, désespéré, il semblait s’accrocher à mon âme, à soulager sa conscience.

  • Tu as pris les bonnes décisions Jacob…je n’en doute pas un instant, affirmais-je avec force.

Il enfouit son visage dans mon ventre, m’enveloppant de ses bras. Je cru qu’il allait s’effondrer mais il respirait calmement. La porte s’ouvrit à nouveau et Carlisle se trouva près de nous avec tout un attirail médical. Jake releva la tête et se leva pour s’asseoir sur mon lit. Puis, sans un mot, il  tendit le bras à Carlisle qui lui fit un garrot. Je les regardais faire, me demandant combien de fois Jake et lui avaient effectué ce geste pour me sauver ? Lorsque je vis la taille de la seringue, je poussais un petit cri :

  • C’est quoi ça ? !

Jacob et Carlisle rirent ensemble et ce dernier me répondit :

  • Du matériel vétérinaire ! Je vais finir par me reconvertir, plaisanta-t-il.
  • Comment va Seth ? s’enquit Jacob.

La honte me submergea, je n’avais pas demandé des nouvelles depuis hier. Je me promis d’aller le voir dès ma sortie pour le remercier de m’avoir sauvée.

  • Il a réussi à reprendre forme humaine. Il est chez ton père Jacob. Je suis passé le voir avant de venir ici. Tout va bien.
  • Et Leah ? Demandais-je, pendant que Carlisle se concentrait sur le sang qui coulait dans une poche transparente.
  • Elle est chez sa mère, m’annonça Jacob.

Charlie allait être soulagé. Sue serait plus heureuse à présent.

Carlisle dut forcer légèrement pour ressortir l’aiguille du bras de Jake qui grimaça de douleur.  

  • Merci Jacob, c’était la dernière.
  • Super ! s’écria ce dernier, bien que je sois heureux de te rendre service ma chérie, ajouta-t-il, précipitamment.

Carlisle me posa une perfusion, reliée à la poche de sang qui, je le savais, allait me faire très mal. Comme à chaque fois, j’eu l’impression que mon corps prenait feu. Cette dernière injection était plus longue que la précédente et j’haletais de douleur, une main sur mon visage pour tenter de cacher ma souffrance à celui qui avait tout donné pour me sauver. Il posa ses mains sur mes épaules, essayant de me soutenir mais la chaleur de son contact me fut soudain insupportable. Trop chaud, j’avais trop chaud ! Je me dégageais brusquement et il retira ses mains. Mon corps était trempé de sueur, ma gorge et mon dos me brûlaient, signe que les dernières cellules faisaient leur travail. Puis, le feu se calma et ma respiration se fit plus calme. Jacob s’accroupit à nouveau près de moi et je retirais ma main de mon visage, écarquillant les yeux. J’avais l’impression d’avoir couru un marathon mais je me sentais bien. Carlisle observa ma gorge puis hocha la tête, satisfait.

  • Parfait ! Tu as été très forte Bella. Je te félicite.
  • Comme toujours …, chuchota Jacob, à mes côtés.
  • Merci infiniment Carlisle, murmurais-je.  

Ce dernier me sourit puis il quitta la chambre, non sans emporter tout son matériel qui aurait fait halluciner ses infirmières.

 

47. Phobie

Je trouvais un sac dans le coin de ma chambre avec des affaires propres et un petit mot d’Alice : Je t’ai vu dedans, pas pu m’en empêcher !

Je souris en sortant le petit pull moulant et le jeans qu’elle avait acheté sans moi. Je trouvais aussi une nouvelle veste et une paire de bottes, qui venaient de chez moi cette fois. Jacob était parti aider Charlie et je pensais à cet instant que j’aurai aimé être une souris pour savoir ce qu’ils étaient en train de se dire. J’espérai seulement que Charlie ne tiendrait pas rigueur à Jake pour ce qu’il s’était passé.

Edward n’était toujours pas venu me voir depuis la veille. Ça ne lui ressemblait pas. Je me demandais s’il était occupé ou s’il faisait ça parce que nous n’étions plus ensemble…quels étaient ses projets maintenant ? Allait-il rester à Forks pour me protéger comme il me l’avait dit ? Où allait-il me quitter définitivement ? J’espérai seulement qu’il me préviendrait, que je ne me retrouve pas sans lui du jour au lendemain…cette idée m’était insupportable.

En jetant un œil dans la glace, je remarquais que j’avais quand même bonne mine malgré l’épreuve que je venais de vivre. En fait, je me sentais au top ! Comme si j’avais fait le plein de vitamines. Ce sentiment m’alarma un peu, espérant qu’il n’y ait pas de conséquences fâcheuses à toutes ces transfusions. L’idée que je me transforme en loup, plutôt qu’en vampire me fit sourire et j’essayais d’y réfléchir sérieusement. Charlie aurait une attaque mais si ça devait arriver, je pense que je m’y ferai. J’étais déjà en train de m’imaginer de quelle couleur serait mon pelage quand Jacob ouvrit la porte, poussant Charlie dans son fauteuil roulant. Je ris de voir mon père bougon, dégoûté d’être aussi dépendant de quelqu’un.

  • Tu es prête Bella ? Lança Jake.
  • Prête !
  • Tu comptes nous ramener dans quelle voiture ? marmonna Charlie. La mienne est foutue et celle de Bella est morte.
  • Comment ça ma Chevrolet est morte ? m’écriais-je.
  • Oui…j’ai voulu la prendre une fois lorsque tu étais partie et elle n’a jamais voulu démarrer. Je n’ai pas eu le temps de voir ce qu’elle avait, m’expliqua Charlie.

Je réalisais soudain que depuis mon retour, je n’avais pas conduit ma voiture et l’idée qu’elle soit en panne entacha ma bonne humeur.

  • Pour le cortège Charlie, vous verrez bien ! Lança Jake. Et Bella, pour ta voiture, t’inquiète, ajouta-t-il dans un grand sourire, tout en faisant vite rouler le fauteuil de mon père, qui visiblement, n’appréciait pas du tout.

Lorsque nous fûmes dans le hall de l’hôpital, je vis avant mon père de quelle façon nous allions rentrer. Ces collègues l’attendaient dehors, tous heureux de pouvoir rendre service à leur chef. Ils applaudirent à son arrivée et mon père leva les yeux au ciel, en leur faisait signe de ne pas trop en faire. Je m’esclaffais devant leur enthousiasme. Pour eux, Charlie et moi avions eu un accident banal et mon père avait été plus touché que moi. En y réfléchissant, Charlie ne m’avait pas vue dans l’état où Edward m’avait trouvée et je préférais qu’il continue à s’imaginer que j’avais eu de la chance et que mes amis m’avaient sauvée. Jacob avança le fauteuil jusqu’à un policier qui lança :

  • La voiture de monsieur le Chef Swan est avancée !

Mon père recevait des accolades de tout le monde lorsque je me pétrifiais devant le regard noir d’un berger allemand qui me fixait, assis aux pieds d’un des policiers. J’entendais vaguement Jake et mon père rirent, les autres parler et plaisanter, mais je n’arrivais plus à détacher mes yeux des siens, pénétrant. Mon sang semblait avoir quitté mon corps, mes tempes me serraient et j’étais tétanisée.

  • Bella ? Coucou Bella ?

La voix de Jake me parvenait, lointaine. Mes jambes se mirent à trembler et ma cage thoracique était compressée. Je respirai par à-coup et j’entendis à nouveau Jacob :

  • Bella ! Bella, ça va ?
  • Non…Non…
  • Bella !

Je me jetais contre Jacob, secouée de tremblement, je faisais une crise de nerfs et je n’arrivais pas à me calmer. Je fermais les yeux, essayant d’oublier sa présence.

  • Mais qu’est-ce qu’elle a ? Entendis-je.
  • Charlie ? Bella ne va pas bien ? demanda un collègue à mon père.
  • Je…je ne sais pas, répondit mon père, inquiet. Bella ? Jake, qu’est-ce qu’il se passe ?
  • Je l’emmène plus loin Charlie…, entendis-je Jacob dire, sa voix résonnant dans son torse sur lequel j’appuyais ma tête de toutes mes forces.

Je le laissais me guider vers un chemin sur le parking, mes jambes toujours tremblantes. Il m’aida à m’asseoir et me força à le regarder.

  • Bella ?
  • Il est parti ? Murmurais-je.
  • Oui, répondit-il, le visage crispé, tout en me caressant les cheveux.

Ma respiration se calmait et je commençais à reprendre mes esprits.

  • Tu as eu peur ? Tu as vraiment eu peur ? chuchota Jake.
  • Oui…je suis désolée.
  • Tu n’as pas à être désolée. C’est un peu normal en fait, marmonna-t-il.
  • Mais je n’ai jamais eu peur des chiens ! Couinais-je, dégoûtée par la réaction excessive que je venais d’avoir.
  • C’est le contrecoup…ce chien était noir…il t’a sûrement rappelé…

Il ne finit pas sa phrase et je levais les yeux vers lui. Nous nous dévisageâmes ainsi, pendant un long moment. Je lus dans son regard l’immensité de son désarroi. Tout comme lui, j’espérai que cette phobie serait passagère car ça soulevait un problème majeur entre nous. Mais à cet instant, j’étais incapable de pouvoir me lever et aller à la rencontre de cette bête. Rien que de revoir son image dans ma tête m’arracha un violent frisson.

  • ça va passer, m’entendis-je dire.
  • Oui…

Je me levais et respirais un grand coup. Jacob se leva également et déclara :

  • Je vais prévenir Charlie que je te ramène moi-même chez toi.
  • D’accord, répondis-je, soulagée de ne pas devoir retourner là-bas.

 

48. L’aveu

La maison était vide et je compris que les collègues de mon père lui avaient sûrement préparé une surprise quelque part. Lui, qui souffrait encore de ses côtes cassées, allait sûrement passer un mauvais moment mais ils semblaient tous tellement contents qu’il n’oserait rien leur dire, j’en étais sûre.

Je pensais à tout cela lorsque je vis Jake sortir et s’apprêter à remonter dans sa voiture.

  • Eh ! Tu me laisses ?
  • Et bien…je suppose qu’Edward ne va pas tarder.
  • Ah … C’est lui qui t’a demandé de venir me chercher ? Demandais-je, essayant de vérifier ma théorie du complot.
  • Non. J’ai vu que tu te préparais et tu ne m’as rien dit quand nous avons quitté l’hôpital donc j’en ai conclu que tu t’attendais à ce que je m’occupe de votre départ.

Je scrutais son visage, soupçonneuse puis me dis qu’il n’avait aucune raison de me mentir et que ça n’avait aucune importance en fait …  

  • Et j’étais tombé sur les collègues de Charlie en allant rechercher ma voiture. Ils avaient été prévenus par une des infirmières, ajouta-t-il.
  • Bon…

Il revint près de la porte où je m’étais appuyée, bras croisés.

  • Tu veux que je reste un peu ? murmura-t-il d’une voix caressante.
  • Oui, enfin si tu le veux vraiment…je croyais que lorsqu’on était imprégné, on ne pouvait pas quitter l’autre à moins d’un mètre ! le taquinais-je.
  • Avec toi, il a bien fallu que je supporte la distance…, déclara-t-il, le regard soudain plus triste.  

Sujet à éviter, me dis-je, si je ne voulais pas relancer une dispute.

Il referma la porte derrière lui et resta ainsi dans l’entrée, soudain mal à l’aise. Je compris qu’il ne savait pas où on en était et comme nous étions seuls, je me dis que c’était peut être le moment de mettre les choses à plat. Je lui pris la main et le guidais vers l’escalier. Il la serra et m’arrêta, d’une voix légèrement paniquée :

  • Bella …
  • Oui ? demandais-je en me retournant.
  • Tu sors de l’hôpital…tu es sûre que tu ne veux pas te reposer ?
  • Non, il faut qu’on parle toi et moi.

Je vis une lueur dans ses yeux et lui fis un immense sourire. Puis, je grimpais les escaliers pour l’emmener dans ma chambre. A nouveau, il semblait ne pas savoir quoi faire et son attitude me déconcerta. Je le poussais vers mon lit et m’assis pour qu’il comprenne que nous étions là avant tout pour discuter. Hélas, il vit son tee-shirt sur mon oreiller et sa tension augmenta d’un cran.

  • Oui, tu l’avais oublié…je m’en sers comme doudou, plaisantais-je.
  • Je m’excuse encore pour la dernière fois…, murmura-t-il, troublé.
  • Oublie ça ! assurais-je.

Lentement, il se pencha vers moi et embrassa doucement mes lèvres. Il tremblait légèrement, ému de pouvoir à nouveau me toucher après ce que mon corps avait subi et je savourais la douceur de cet instant. Mais, à ma grande surprise, il arrêta et me dévisagea, sourcils froncés.

  • Quoi ? demandais-je, inquiète.
  • Je peux te poser une question ?
  • Vas-y …
  • Pourquoi est-ce que tu te laisses tout le temps faire maintenant lorsque je t’embrasse ? 

Jacob et sa franchise légendaire ! Au moins, nous allions pouvoir aborder le sujet pour lequel nous étions ici.

  • Tu préférerais que je te frappe ? rigolais-je.
  • Non et je ne te sentirai même pas alors… mais je ne comprends pas. Il y a encore une semaine, tu ne me parlais plus et puis, il y a quatre jours, tu étais prête à …enfin…et depuis, j’ai l’impression que je peux faire ce que je veux…ça ne te dérange pas.

Je ne répondis pas, ne sachant pas trop comment j’allais lui annoncer ce qu’il espérait entendre depuis une éternité.

  • C’est parce que tu sais que je me suis imprégné de toi ? continua-t-il. Tu as peur de me blesser ou quoi ? Parce que si c’est ça, t’inquiète mais …
  • Je ne suis plus avec Edward, déclarais-je, simplement.

Il secoua légèrement la tête et marmonna :

  • Quoi ?
  • Tu as très bien entendu.
  • Mais …
  • Tu as gagné Jacob Black, murmurais-je, dans un léger sourire.

Il me contempla pendant un long moment, l’esprit ici et ailleurs, cherchant sûrement à comprendre ce qu’il avait loupé dans l’histoire. Je lui pris la main et la caressais doucement.

  • Il n’y avait pas de choix à faire en fait…, ajoutais-je d’une petite voix. Mais j’ai eu du mal à comprendre…
  • Moi je ne comprends pas, lâcha-t-il soudain.

Je soupirais.

  • La première fois que tu m’as embrassé, expliquais-je, j’ai compris une chose c’est que j’étais tombée amoureuse de toi bien avant tout ça et que je m’étais menti, croyant que l’amour que je ressentais pour Edward était exclusif. Je ne pensais pas que c’était possible d’aimer deux personnes à la fois et pourtant, c’est ce qu’il m’est arrivé. Je vous aime tous les deux, pas de la même manière mais avec la même force ! Et, même si j’y ai cru pendant longtemps, mon amour avec Edward est impossible sauf si je me décide à mourir et pour ça…j’étais entièrement d’accord…jusqu’à toi. Ma détermination perdait jour après jour de la force, jusqu’à ce qu’elle se transforme en incertitude totale et ma décision devenait de plus en plus difficile jusqu’à l’impossible. 

Il me serra la main, m’invitant à continuer.

  • Après notre …enfin, quand nous avons partagé ce moment, toi et moi, j’ai enfin compris ce qui vous différenciait vraiment : ça, Edward ne pourrait jamais me l’apporter. Le plus drôle, c’est qu’il a toujours voulu que je vive des expériences « humaines » pour bien me rendre compte de ce que j’allais perdre si je me transformais en vampire. Mais cette expérience là, avec toi, m’a définitivement convaincue. Je savais déjà que je t’aimais mais j’ai compris ce jour-là que je n’avais plus de choix à faire entre Edward et toi, je devais seulement m’armer de courage. Il m’a fallu du temps mais j’y suis arrivée.

Jacob avait gardé la tête baissée pendant toute ma tirade, m’écoutant sans m’interrompre et il resta un moment perdu dans ses pensées.

  • Tu te rends compte que ta bêtise a failli nous perdre Bella ? déclara-t-il enfin.
  • Oui …
  • Alors … tu restes avec moi ? Murmura-t-il du bout des lèvres, craignant qu’en disant cette phrase à voix trop haute, je disparaisse sur le champ.
  • Oui…je reste avec toi.

Il hocha la tête, puis je vis son esprit vagabonder à nouveau. Je lui serrais la main et il se ressaisit. Il tourna ses yeux vers moi et déclara, le visage grave:

  • Tu verras, tu seras heureuse avec moi Bella…je te le promets.
  • Je n’en doute pas un seul instant Jacob, répondis-je doucement.

Nous nous dévisageâmes un moment, mesurant chacun le tournant de notre relation. Puis, il soupira et je vis un éclat dans ses yeux qui me fit battre le cœur plus fort.

  • Viens-là toi, murmura-t-il d’une voix chaude, en tirant doucement sur ma main.

Je me levais et m’essayais sur lui, à califourchon. Dans cette position, je pouvais plonger mes yeux dans les siens car nous étions complètement face à face. Nous nous passâmes mutuellement les deux mains dans nos cheveux et ce geste simultané nous déclencha un large sourire. Jacob recommença et continua sa caresse jusque dans le bas de mon dos pour me presser plus fort contre lui, ne me laissant plus aucun doute sur le violent désir qu’il éprouvait pour moi. Je sentis mes joues s’empourprer et l’attirais brusquement contre moi, pour l’embrasser sans retenue. Une porte claqua et nous sursautâmes vivement.

  • Façon polie de Charlie pour nous dire que nous ne sommes plus seuls, marmonnais-je, dégoûtée d’être encore interrompus.  

Jake rigola mais ses yeux brillaient toujours et la peau cuivrée de son visage avait légèrement rougit de plaisir, ce qui le rendait encore plus beau. Il me planta un baiser sur les lèvres et me dégagea de lui doucement. Je me relevais en soufflant assez fort pour lui montrer ma frustration, ce qui le fit rire de plus belle.

  • Bon, Charlie a sûrement besoin de moi…, déclarais-je.
  • Oui…fille indigne !

Nous dévalâmes les escaliers et Charlie nous accueillit en affichant une mine faussement fâchée.

  • Tiens Jacob, encore là ? Tu as gardé ton tee-shirt cette fois ? Piqua-t-il. Viens m’aider à me mettre sur le canapé s’il te plait, au lieu de rester planter là.

Je vis Jacob me lancer un regard étonné et je secouais la tête pour le rassurer. Il venait de changer de catégorie donc mon père n’était plus aussi cool qu’avant…je soupirais. Malgré tout ce que pouvait dire Charlie, il resterait toujours inquiet pour moi, même si c’était Jacob.

 

49. Dernière nuit

Il était plus de minuit lorsque Jacob réussit à prendre la décision de me quitter. Charlie avait insisté pour qu’il reste dîner avec nous et nous avions passé une soirée finalement très détendue, à rire sur certains souvenirs que mon père avait de Jake et moi petits. La première fois que j’avais vu Jacob en arrivant à Forks, il m’avait dit que je devais me rappeler plus de ses sœurs que de lui, pourtant, c’était fou le nombre de moments que j’avais passé avec lui sans m’en souvenir. Il l’avait dit lui-même : il me connaissait depuis qu’il était né !  Ses sœurs avaient un an de plus que moi et lui, un an en moins. Il devait sûrement être là à chaque fois et je ne m’en souvenais pas ! Ma capacité à occulter de ma mémoire des moments que je jugeais inutiles me faisait cruellement défaut ce soir. J’étais très déçue de ne pas me rappeler certaines journées à la Push, notamment une très drôle lorsque j’avais six ans (que mon père raconta en se tenant les côtes brisées), où Jacob et ses sœurs m’avaient couverte de terre glaise puis faite sécher au soleil car je voulais avoir leur couleur de peau. Charlie ne m’avait pas reconnu et avait passé un temps fou à me nettoyer dans la douche en rentrant… Jacob rajoutait ses souvenirs à ceux de Charlie car lui, se rappelait parfaitement de moi petite et je les écoutais, en riant mais tout en étant triste de ne pas pouvoir donner ma propre version des événements. Je me sentais un peu nostalgique en raccompagnant Jake à la porte.

Il m’enlaça et déposa ses lèvres chaudes sur les miennes avant de murmurer :

  • Tout va bien ?
  • Oui…je me demandais juste pourquoi je fonctionnais comme une sorte de bouclier…imperméable à certains souvenirs, à certains pouvoirs …à certains trucs magiques …, marmonnais-je.
  • Charlie était finalement de bonne humeur…, répondit Jake, essayant d’éviter ce sujet douloureux pour lui.

Après tout, je ne pouvais pas le blâmer. Je rejetais son imprégnation, je l’avais rejeté de ma mémoire d’enfant …j’avais de la chance qu’il soit persévérant et qu’il se soit autant battu pour m’avoir.

  • Oui…, soupirais-je, mais j’aurai aimé pouvoir partager votre conversation…j’aurai aimé me souvenir de toi …
  • Ce n’est rien…dans le présent, tu sais que je suis là. C’est tout ce qui compte pour moi, déclara-t-il la voix légèrement voilée.
  • Oui…mais ça m’agace d’être aussi réfractaire …, insistais-je.
  • Peut-être qu’un jour ça passera …

J’en doutais sérieusement. Je ne rejoignais pas la théorie de Sam. Si le problème venait des vampires que je fréquentais, Edward pourrait lire mes pensées.

  • Tu viendras à la Push demain ? Voir Seth …
  • Oui…on verra.

Un soudain malaise venait de m’envahir. Bon sang ! Est-ce que cette phobie allait m’éloigner de l’endroit que j’aimais le plus au monde ?

  • Bella …
  • Oui je sais, je vais essayer, affirmais-je. Mais l’autre jour, à l’hôpital, ça m’a angoissé de me retrouver au milieu de … de tous ces…
  • Loups ? me coupa Jacob.
  • Oui …, soufflais-je tristement.
  • Pourtant tu n’as pas peur de moi ?

Je ne répondis pas, essayant de sonder mon esprit. Avais-je peur de Jacob ? Je me sentais bien près de lui mais il était sous sa forme humaine et son amour éclipsait son côté animal lorsque nous étions ensemble. Il resserra son étreinte et me berça doucement. J’enfoui mon visage dans son cou et respirais son parfum boisé que j’aimais tant. Nous restâmes un petit moment ainsi puis je le sentis se crisper et relevais la tête, surprise.

  • Tu as de la visite, s’excusa-t-il. Je vais y aller.
  • Oh … d’accord.

J’observais son visage, il ne semblait pas contrarié par cette idée. Ils avaient fait beaucoup de progrès tous les deux ! Il se pencha vers moi et je capturai ses lèvres avant lui. Ce baiser fut passionné et chargé de promesses. Lorsqu’il se dégagea, mes jambes étaient molles et je me calais contre la porte pour me soutenir. Il monta dans sa voiture et me fit un signe avant de partir. Je restais un moment ainsi, à regarder les phares s’éloigner dans la rue. Puis, je me décidais à rentrer pour aller rejoindre celui qui devait m’attendre dans ma chambre, patiemment.

 

Il se tenait sur le bord de la fenêtre, à fixer le ciel, lorsque je refermais la porte derrière moi. Je m’approchais doucement de lui et posais ma main sur la sienne lorsque je fus à sa hauteur. Il tourna ses yeux tristes vers moi et mon cœur se serra. Pourtant, il me fit un merveilleux sourire.

  • Salut mon amour …
  • Edward, je t’ai attendu toute la journée, lui reprochais-je. Je sais que nous avons pris une décision toi et moi mais je ne veux pas te perdre…ne me repousse pas comme ça…

En réponse, il tendit son bras et m’attira contre lui. Je blottis ma tête dans son épaule glacée et le contraste avec les bras chauds de Jake quelques minutes plus tôt me fit frissonner. Je pensais alors que pour Edward, mon odeur devait être insupportable, entre le sang de Jacob qui circulait encore dans mes veines et son parfum… et pourtant, il me tenait fermement.

  • Jake m’a expliqué pour Fenq, murmurais-je. Il a dû mal avec l’idée qu’il soit mort.
  • Je sais …mais son esprit était diabolique. Jacob ne devrait pas regretter sa décision.

Il me caressa le bras, perdu dans ses pensées. Il semblait si lointain que ça me fit peur.

  • Edward ?
  • Oui ?
  • Tu comptes vraiment aller à l’université en Alaska ? demandais-je. Est-ce que tu comptes passer encore du temps avec moi ? ajoutais-je, d’une petite voix.

Il serra les dents et ne me répondit pas. Mon angoisse augmenta. Je connaissais que trop bien cette expression. Les larmes me montèrent aux yeux. Il tourna son regard vers moi et me serra plus fort, en me caressant les cheveux. Ce geste eut pour conséquence de me faire pleurer pour de bon. Je ne regrettais rien mais notre nouvelle relation était difficile à supporter. J’étais en train de comprendre que nous ne pourrions pas « rester amis» comme certains couples faisaient après une rupture.

  • J’ai encore le droit de m’asseoir sur ton lit ? me taquina-t-il doucement.

Je reniflais et réussis à répondre en rougissant.

  • Si tu supportes oui …
  • Je commence à m’y habituer, répliqua-t-il en souriant mais ses yeux trahissaient sa tristesse.

Il ferma la fenêtre et vint me rejoindre là où je m’étais déjà installée. Il me prit à nouveau contre lui et se coucha. Je m’installais sur son flanc et serrais mon bras autour de son torse. Je soupirais, me demandant si c’était la dernière fois que nous partagions un moment aussi proche l’un de l’autre. Il ne m’avait toujours pas répondu et je compris lorsque je le vis fermer les yeux que je n’aurai aucune réponse ce soir. Comme s’il avait lu dans mes pensées, il murmura :

  • Reste comme ça…j’ai envie de profiter de toi…
  • Une dernière fois ? demandais-je, la gorge serrée.

Son bras autour de mes épaules se resserra. Puis, sa voix douce chantonna doucement ma berceuse et, les yeux fermés, je l’écoutais jusqu’au lever du jour.

 

50. Adieu mon amour

Il était encore très tôt, Charlie devait encore dormir. J’avais résisté au sommeil, profitant, je le savais au fond de moi, des dernières minutes que je pouvais passer avec Edward. Ce fut lui qui se dégagea le premier de notre étreinte. Il se leva et je l’imitais. Il me passa ma veste en silence, évitant mon regard. Je compris que nous allions sortir, peut-être pour une dernière balade….Il ouvrit la fenêtre, le froid s’engouffra dans la pièce, saisissant.

  • Tu tiendras le choc ? Demanda-t-il, inquiet pour ma santé.
  • Il pourrait bien neiger que ça me serait égal ! Où m’emmènes-tu ?
  • Là où tout a commencé…, murmura-t-il.
  • Et où tout doit finir ! rétorquais-je, soudain agacée par son attitude mélodramatique. Si tu comptes me quitter, dis-le moi Edward mais arrête de me cacher tes intentions ! C’est insupportable !

Il me sourit tristement et je compris qu’il en était incapable. Incapable de me dire la vérité, incapable de s’entendre dire « je te quitte »…Très bien ! Je m’approchais de lui et grimpais sur son dos. Il ne me laissa pas de répit pour changer d’avis et fila par la fenêtre en direction des bois.

Lorsqu’il me posa à terre, je reconnus la clairière où nous avions passé du temps ensemble, à l’époque où tout me paraissait évident. « Là où tout à commencé »…oui, c’était ici. Ce souvenir me revint avec force et mon cœur battit la chamade.

Je n’avais cependant pas remarqué que nous n’étions pas seuls. Jacob était assis sur une branche et sauta à notre arrivée. J’étais heureuse de le voir mais lui semblait nerveux et ne souriait pas. Je me demandais ce qui pouvait le rendre comme ça et ce qu’il faisait là. Je levais les yeux vers Edward qui affichait la même nervosité. Ils se fixaient mutuellement, en silence et mon angoisse augmenta. Allaient-ils se battre ?!

  • Merci d’être venu Jacob, déclara soudain Edward.
  • Carlisle m’a fait passer le message en venant voir Seth, répondit Jake.
  • Qu’est-ce qu’il se passe ? Murmurais-je. 

Edward détourna lentement son regard sur moi et j’y lu un amour infini. Ses yeux brillaient d’un éclat inhabituel, ils ressemblaient à de l’or en fusion.

  • Edward ? Qu’est-ce qu’il se passe ? répétais-je, anxieuse à l’extrême.

Je vis du coin de l’œil Jacob s’agiter. Je tournais la tête vers lui mais il évita mon regard, ce qui finit par m’agacer au plus haut point.

  • Très bien …allez-vous me dire ce qu’on fait là ? Et pourquoi vous semblez tout les deux si tendus ?
  • Bella, mon amour …, commença Edward, hésitant. Puis il continua : J’ai voulu cette rencontre avec Jacob de manière un peu symbolique. Je sais que tu ne le verras pas de cette façon mais pour moi, c’est comme si je lui passais le relais…, tenta-t-il de plaisanter, sans succès.
  • Qu’est-ce que tu racontes ? murmurais-je froidement.  
  • Tu l’as compris…Je vous laisse, Bella… tous les deux…je te laisse à Jacob…je sais que vous serez heureux ensemble, que vous l’avez toujours été, ajouta-t-il les sourcils froncés, et qu’il saura te protéger, toute ta vie.
  • Edward …, le coupais-je, agacée.
  • Non, s’il te plait, laisse-moi finir. Je t’avais promis d’être ton protecteur, je le serai mais je ne peux pas te voir vivre avec un autre, même si c’est lui. J’ai donc décidé de quitter Forks et je reviendrai de temps en temps pour voir si tu vas bien. Mais tu ne me verras pas, je ne viendrais pas te voir …je veux que tu fasses ta vie, que tu ailles de l’avant…
  • Tu m’abandonnes encore ? sifflais-je. Tu n’es pas capable de surmonter ça ? Toi qui a tant voulu nous voir ensemble ! Toi qui a tout fait pour qu’on en soit là ? l’accusais-je.
  • Je ne vois pas cela comme ça, répondit-il. Je veux vous laisser continuer à construire ce que vous aviez commencé …
  • Non Edward ! Arrête ça ! J’en ai marre de te voir jouer les héros au grand cœur ! Tu es capable de supporter ça ! Tu es fort Edward ! Tu as eu ce que tu voulais alors pourquoi ? m’écriais-je, révoltée par son attitude seigneuriale à toujours vouloir se sacrifier.
  • Non, tu te trompes Bella… je ne peux pas rester ici et être seulement ton ami. Je pensais pouvoir mais c’est au-dessus de mes forces…je suis désolé.

Même si j’avais pris ma décision, de savoir que je ne le reverrai sans doute jamais me brisait le cœur. Mais voilà, je devais arrêter de les vouloir tous les deux près de moi. Je baissais la tête, laissant les larmes envahir mon visage. Je m’énervais pour rien, tout était déjà décidé et je savais au fond de moi que c’était mieux ainsi. Edward posa ses mains sur mes joues, atténuant la tension qui brûlait mes tempes.

  • Je t’ai tant attendue…mais aujourd’hui, je te souhaite d’être heureuse, à jamais et sans moi. Je sais que tu le seras, que tu l’es déjà …, murmura-t-il doucement. Je suis si content d’avoir réussi à préserver ta vie, ta chaleur, ton sourire…c’était le plus important pour moi, quitte à te perdre, tu le sais.

Je hochais la tête, incapable de lui répondre. Puis, Edward me lâcha et fit un pas vers son ancien ennemi. 

  • Jacob… Je ne te remercierai jamais assez pour tout ce que tu as fait pour Bella et pour tout ce que tu lui apportes. Je sais que tu ne la quitteras jamais, c’est pour ça que cette fois-ci, je pars en paix. Je suis heureux d’avoir appris à te connaître et sache que …je te considère comme un frère.

Je me retournais pour voir les deux hommes de ma vie, face à face, qui semblaient si unis à cet instant.

  • Pour moi, tu es plus que ça Edward, déclara Jacob. Je dirai que je te vois presque comme …un père. Tu m’as souvent impressionné et j’aimerai avoir ta maîtrise de soi. Tu seras toujours un exemple pour moi…

Il baissa la tête tout en se triturant les doigts et son attitude m’attendrit : il semblait comme un gamin devant Edward. Il continua de cette voix calme et sincère :

  • Je sais que c’est facile de dire ça maintenant que tu t’en vas mais je voulais que tu saches que je te respecte beaucoup et que j’aimais nos prises de becs…ça va me manquer, finit-il dans un demi-sourire.

Mes larmes redoublèrent et un spasme me secoua, douloureux. Bon sang…pourquoi partait-il maintenant ?

En réponse, Edward lança un objet à Jake.

  • Qu’est-ce que c’est ?
  • Un cadeau, répondit Edward avec un sourire en coin.
  • Tu es dingue, s’exclama Jacob, les yeux ronds.

A travers mes larmes, je distinguais des clefs dans les doigts de Jake et la bonté d’Edward ne me surprit pas. Il connaissait l’amour de Jacob pour les voitures et savait qu’il l’enviait pour toutes celles qui ornaient son garage.

  • Prends bien soin d’elle, entendis-je Edward murmurer. Prends bien soin de Bella, précisa-t-il en lançant un regard en biais vers la main de Jake qui tenait fermement son trophée.
  • Compte sur moi !

Je les vis se serrer la main, les yeux de Jacob brillaient et semblaient hypnotisés par Edward. Mon cerveau m’envoyait un message en boucle : c’est fini…c’est fini…c’est fini…

Un souvenir me revint avec une netteté incroyable : je me trouvais dans la maison d’Edward et toute sa famille m’accueillait…j’étais si heureuse.

  • Alice … Carlisle…Esmée…, hoquetais-je. Je ne pourrai pas leur dire au revoir ?
  • Nous sommes là Bella, m’annonça Carlisle de sa voix si calme. 

Je levais la tête et vis le reste de la famille Cullen arriver et se poser sans bruit sur le feuillage du sol.

  • Cette fois, nous prendrons le temps de te faire nos adieux et de te souhaiter bonne chance, ajouta Carlisle en me tendant la main.

Je lui serrais, ma main tremblante dans la sienne. Il me sourit puis fit un pas en arrière, laissant la place à sa fille.

  • Salut ma belle ! Tu vas tellement me manquer…, déclara Alice en me serrant fort dans ses bras. (Je me laissais aller contre son épaule, incapable de lui répondre.) Prends bien soin de toi et essaies de t’acheter plus de fringues « tendance », d’accord ? Me taquina-t-elle.

Elle comprit que je ne pourrais pas prononcer une parole alors elle me déposa un baiser de ses lèvres froides sur la joue et me sourit tendrement. Je me jetais à nouveau dans ses bras, anéantie. 

  • Salut Bella, évite d’en faire trop voir au ch …à Jacob ! Balança Emmett en me tapant doucement sur l’épaule.

Je relevais la tête et me dégageais de l’étreinte d’Alice pour les regarder tous une dernière fois. Jasper se tenait derrière elle et, un timide sourire aux lèvres, marmonna :

  • Au revoir Bella, j’espère que tu vivras longtemps.

Cette remarque, de la part de celui qui avait failli m’égorger au moins deux fois, fit rire doucement une partie de la famille Cullen.

  • Au revoir ma chérie, murmura Esmée en me prenant également dans ses bras.

Je hochais la tête, la gorge serrée, le visage inondé de larmes. J’essayais de photographier mentalement chaque détail de leurs corps, le contour de leurs visages, la beauté de leurs traits, en espérant que cette fois, ma mémoire n’occulte pas leur souvenir. J’entendis Emmett et Jasper dirent au revoir à Jake :

  • Salut cabot ! lança Emmett suivit d’un bruit de mains qui se tapent.
  • Salut les sangsues, rétorqua mon ami en riant. Quand vous voulez pour une partie de chasse…
  • Ah mais quand tu veux ! Si c’est encore toi qui fait le gibier ou un de tes potes !

Jacob éclata de rire. Esmée et Carlisle s’approchèrent de lui.

  • Restez Carlisle, demanda soudain Jacob, sérieusement. Forks a besoin d’un médecin comme vous. Nous les premiers !
  • Non, je suis navré Jacob mais sache que ce fut un plaisir et un honneur de t’avoir rencontré.

Je le vis se dandiner un peu sur lui-même, hésiter puis répondre :

  • Je me suis trompé sur vous. Vous n’êtes pas fait de pierre, vous êtes capable d’avoir de vrais sentiments…d’aimer.

Carlisle lui sourit franchement avant d’ajouter.

  • Si tu es sincère, alors j’ai réussi ce que je souhaitais depuis longtemps.
  • C’est pour ça alors que vous êtes revenu ici ? Pour que nous soyons amis ? Demanda Jake en plissant les yeux.

Je compris qu’il se posait cette question depuis longtemps.

  • Je l’espérais en effet, en revenant à Forks, je voulais vous prouver que j’avais réussi à convertir d’autres membres de mon espèce, que c’était possible d’en avoir encore plus mais il y a un autre facteur qui est entré en compte et qui m’a poussé à prendre cette décision aujourd’hui.

Sa remarque capta mon intérêt et stoppa mes larmes. Carlisle semblait avoir beaucoup réfléchi depuis quelques temps et avait pris de nombreux verdicts. Il continua :

  • Notre absence avait permis à ton espèce d’avoir du répit, comme pour ton père et notre retour a réenclenché le processus de transformation. Et plus nous sommes nombreux, plus vous l’êtes. J’ai cru comprendre que ce genre de vie était une véritable souffrance pour certains d’entre vous…toi le premier Jacob. Notre départ sera un soulagement pour les Quileute et votre descendance.

Je vis Jacob baisser la tête et le souvenir de sa mutation me revint à l’esprit, ainsi que la colère qu’il avait ressentie à l’époque. A cause de ça, il croyait m’avoir perdue à jamais.

Je tournais mon regard vers Edward qui affichait une expression inhabituelle. Il semblait vraiment partager l’opinion de son père et je compris alors que ma survie n’entrait pas uniquement en compte dans sa décision de me quitter. Ça concernait aussi mon futur…

Rosalie s’approcha de moi et me serra également dans ses bras.

  • Au revoir ma belle, chuchota-t-elle à mon oreille. Si tu savais comme je t’envie…pas pour le clébard, ajouta-t-elle précipitamment, mais je voulais te dire … pense à moi le jour où…

Sa voix se brisa et l’émotion me submergea, un mélange de tristesse et de joie. Ma tristesse de les quitter, sa tristesse à elle que je partageais et qui ne se calmerait jamais mais aussi ma joie d’un avenir que je voyais maintenant différent, pourquoi pas rempli d’enfants ?… des enfants de Jake…cette idée me provoqua une douce chaleur dans le ventre et me fit rougir de plaisir. Je constatais que mon idée de mourir m’avait bien quitté. Edward aurait été content de lire dans mes pensées à cet instant.

  • Je ne pourrai pas t’oublier, réussissais-je enfin à prononcer. Et je suis sûre que tu seras la première personne à qui je penserai ce jour-là…

Elle me lâcha et alla se blottir dans les bras d’Emmett.

Alice se planta devant Jacob.

  • Dommage qu’on n’ait pas pu danser ensemble plus souvent ! J’ai adoré ton déhanchement l’autre soir, déclara-t-elle sur un ton malicieux.

Je vis Jacob rougir légèrement puis il lui fit un petit mouvement de la tête en signe d’au revoir. Alice répondit par un grand sourire et retourna rapidement près de Jasper qui lui jeta un regard accusateur. Je ne pus m’empêcher de sourire à mon tour face au petit air mutin d’Alice qui prenait visiblement beaucoup de plaisir à le rendre jaloux.

Edward s’approcha à nouveau de moi, prit mes deux mains et me déposa un doux baiser sur le front puis sur la joue. Mon cœur s’accéléra et mon corps se tendit, sentant que l’heure était proche. J’étais au bord de l’effondrement, tout se mit à tourner autour de moi…

  • Au revoir Bella…

Le décor se figea, j’entendais ma respiration, mon cœur, je ne voyais plus que lui…

  • Je t’aime Edward, murmurais-je en plongeant une dernière fois mes yeux dans les siens.

Je me retenais de l’embrasser et je vis qu’il luttait également. Mais nous nous étions déjà dit adieu et je ne voulais plus faire souffrir Jacob. Même si je pense qu’il aurait compris ce moment de faiblesse. Je vis le visage d’Edward se crisper un instant puis il murmura :

  • Je t’aime aussi mon amour. Je t’aime pour l’éternité …

Nous nous dévisageâmes un instant, chacun immortalisant les traits de l’autre, puis il me lâcha et ils disparurent si vite, un par un (Edward le dernier), que la vision des arbres devant moi me parut irréelle.

Au bout d’un long moment, Jacob passa ses bras réconfortants autour de moi et nous restâmes ainsi, le regard perdu vers là où ils avaient filé. Mes larmes coulaient doucement mais je me sentais étrangement calme. La déchirure de cette séparation était passée et la chaleur que me procuraient les bras de Jake me réconfortait. Je ne me sentais plus seule, je me sentais même prête à tourner la page et à vivre pleinement cette nouvelle vie.

 

51. Seule

Deux jours que je n’avais plus aucune nouvelle… deux longs jours de silence total et ça devenait insupportable. Jacob m’avait ramenée chez Charlie avant que celui-ci ne se réveille. J’étais dans un état assez lamentable, le visage ravagé, malgré le fait que j’acceptais la situation. Il m’avait demandé si je comptais venir à la Push dans la journée, qu’il passerait me chercher…l’idée de revoir les autres m’angoissait encore de trop et j’avais refusé, prétextant honteusement que j’avais besoin de me remettre du départ d’Edward.

J’étais affreusement triste qu’il m’ait quitté mais j’assumais les conséquences de mon choix ! Et je le faisais avec un calme qui m’étonnait moi-même. En fait, j’étais surtout déçue qu’il n’est pas pu surmonter le fait que j’étais avec Jacob. En y réfléchissant, je pense que ce dernier aurait plus facilement accepté si j’étais restée avec Edward et si j’étais allée jusqu’au bout…je pense qu’il m’aurait même acceptée vampire mais maintenant, je ne le saurai jamais. En pensant à tout ça, je triturais mon bracelet et le petit loup qui y était accroché. Puis mon doigt glissa sur le diamant d’Edward. Je défis l’attache du bijou et retirait doucement la pierre. Une fois le bracelet remis, je contemplais le diamant en faisant jouer la lumière sur lui. Il fallait que je lui trouve un autre support … mais en attendant, j’ouvris le tiroir de mon bureau et pris une boite à montre que j’avais depuis mes dix ans pour y déposer le cadeau d’Edward. Bêtement, je me sentis plus légère…

Jacob n’avait pas insisté ce matin là, en revenant de la clairière, et était reparti. Depuis, mon téléphone ne sonnait pas et il n’était pas venu me voir. Pourtant, je savais qu’il était passé le soir même puisque ma voiture avait disparu. Charlie m’avait raconté qu’il l’avait embarquée sur un plateau pendant que je prenais ma douche. J’avais juste été surprise de ne pas recevoir au moins un appel, ne serait-ce que pour me parler de ma voiture s’il ne voulait pas parler d’autre chose. Le lendemain, j’avais attendu toute la matinée puis j’avais pensé qu’il devait être occupé à toujours réparer la Chevrolet et avais patiemment attendu jusqu’au soir. Le soir, rien …je commençais déjà à m’énerver. Le lendemain matin, j’avais décroché le téléphone avant même de déjeuner et appelé chez lui. Bien sûr, Billy m’avait répondu que Jake était absent et était très occupé en ce moment. Je commençais à me poser beaucoup de questions et mon angoisse augmentait : y avait-il un nouveau problème avec la meute ? Était-il malade ? Avait-il changé d’avis ? Non, ça il ne pouvait pas … pourtant cette idée m’empoisonnait le cerveau lentement…il ne m’avait jamais laissé aussi longtemps sans nouvelle, sauf lorsque nous étions fâchés. Plus d’Edward, plus de Jacob, je me sentais en train de dépérir dangereusement.

 

Pour ne pas perdre pied, je m’occupais de Charlie avec acharnement, il n’était pas vraiment embêtant car il s’était installé dans le salon. Je lui apportais ses plats et son café, changeais les chaînes de la télé quand il s’abrutissait trop sur le même programme et l’aidais à s’installer dans la salle de bain. Le reste, il le faisait seul.

Aujourd’hui, Sue devait venir, il m’avait donc demandé de l’aider à se raser. Je l’avais évidement coupé et nous avions piqué un sacré fou rire. Mon cerveau était englué dans l’image de Jacob et un peu de retour à la réalité ne me faisait pas de mal.

J’avais quand même mis à profit ces deux jours en tête à tête avec Charlie. Nous avions beaucoup parlé de tout ce qui s’était passé cette semaine et ça m’avait fait un bien fou d’être aussi sincère avec mon père. Bien qu’il n’aime pas beaucoup Edward, il avait quand même été vaguement déçu du départ de la famille Cullen…mais vaguement seulement…sa plus grande joie étant que je sortais maintenant avec Jacob et qu’il acceptait tout ce que ça impliquait. Il espérait d’ailleurs être vite remis pour pouvoir rendre visite à Billy. Sur ce point, j’avais le prétexte que je n’avais plus de voiture. Ainsi, je ne me sentais pas coupable de ne pas l’emmener voir son meilleur ami. J’espérai seulement que pour les indiens, le prétexte de mon père encore blessé serait suffisant pour expliquer mon manque de visite…surtout à Seth. Et puis, j’avais été quand même salement amoché durant cette attaque, ils pouvaient comprendre ma réticence. Bien que pour moi, c’était plus que de la réticence mais je ne voulais pas les vexer et espérais que ça passerait comme c’était venu.

 

Lorsque Sue arriva, je la reçus le plus chaleureusement possible, en bonne futur belle-fille et demandais immédiatement des nouvelles de Seth. Elle m’expliqua qu’il s’était bien remis mais était très occupé en ce moment, ce qui m’intrigua mais je ne le laissais pas paraître. Elle était aussi très heureuse du retour de sa fille.

Je la laissais seule avec mon père pour le restant de l’après-midi, passant le temps à écouter de la musique ou à lire mes mails, ce que je n’avais pas fait depuis une éternité. J’en avais d’ailleurs trois de Renée et je pris bien le temps de lui expliquer ma nouvelle situation. Je savais que ma rupture avec Edward la soulagerait car elle s’était sentie mal à l’aise face à notre couple la dernière fois que nous étions allés lui rendre visite.

 

La journée était très ensoleillée et je commençais à sérieusement déprimer, entre le téléphone muet et le silence de la chambre. Une balade à pied jusqu’au centre-ville m’aérerait les neurones, et d’ailleurs, pourquoi ne pas pousser jusqu’à la bijouterie pour m’acheter ce collier qui servirait de support au diamant ? Au bord de la crise de tétanie, je me levais d’un bond et enfilais ma veste en descendant les escaliers.

  • Je pars acheter de quoi faire une pizza…, lançais-je en passant.
  • Ça tombe bien, rétorqua mon père, tu pourras me dire si la Chevrolet roule mieux maintenant.

Je fis demi-tour et revint dans le salon.

  • Quoi ?! Jacob est venu cet après-midi ?
  • Oui…il a déposé les clefs et m’a dit que tout était bon maintenant mais qu’il faudrait la faire rouler un peu…
  • Et tu ne lui as pas dit de monter me voir ? Tu aurais pu m’appeler ? ! m’écriais-je.
  • Et bien, je pensais qu’il passerait par le chemin habituel, plaisanta mon père.

Moi, je bouillais ! Je n’avais pas du l’entendre avec mon casque sur les oreilles !

  • Et il n’a pas demandé à me voir ? M’indignais-je.
  • Non…mais c’est vrai qu’il semblait préoccupé. Vous vous êtes encore disputés ??? s’inquiéta Charlie.

En guise de réponse, je fis volte-face et claquais la porte. Ma voiture était bien là, devant le garage et ma colère s’amplifia à la vue du véhicule. Je constatais que j’avais oublié les clefs et retournais à la maison les prendre, en prenant soin de claquer à nouveau la porte en partant, histoire de bien montrer à Charlie que j’étais furax qu’il ne m’ait pas appelé ! J’entendis Sue dire que j’étais bien insolente …

 

52. La crise

Je fis gronder le moteur de ma pauvre voiture qui venait seulement de reprendre un deuxième souffle…ou peut être un troisième…peu importe, j’étais tendue comme un arc, ma tête bouillonnait. D’ailleurs, cette sensation était assez désagréable. Je me sentais comme bourrée de vitamines ou de café, le cœur palpitant, une envie de courir, de me défouler, ajouté à tout cela ma colère…le cocktail était explosif ! Arrivée au petit magasin, je me garais brutalement sur une place devant la porte. Je pris un panier et balançais sans les voir tous les ingrédients qu’il fallait pour faire ma pizza. Je payais et pris le sac de courses sans même dire au revoir au vendeur.

Il aurait quand même pu monter ?! Même par la fenêtre ! Histoire de voir si j’allais bien ! Il était quand même gonflé de me laisser en plan au moment où j’avais le plus besoin delui ! Au moment où j’avais décidé de passer plus de temps avec lui !

Soudain, je stoppais net ma marche en voyant la scène qui se déroulait à quelques mètres de moi, sur le parking du magasin de pièces automobiles d’en face. Une superbe blonde était pendue au cou de Jacob, appuyé contre la portière d’un 4 X 4 que je ne connaissais pas et ils semblaient en pleine discussion. Je la vis frotter sa jambe contre la sienne et sentis en moi une vive brûlure qui finit sa course en traversant ma tête comme une balle… Je jetais mon sac de courses dans le coffre dans ma Chevrolet et fonçais droit vers eux, avec une furieuse envie de réduire en miette la blondasse et son corps si parfait. Des deux mains, je poussais violement l’intruse en crachant :

  • Vire tes sales pattes de là !
  • Eh Bella !!!! Entendis-je Jacob crier dans mes oreilles. Attends !
  • Oh mais ça ne va pas non ! s’écria la blonde.
  • Dégage ! Hurlais-je, le visage à quelques centimètres du sien.

Je me sentais devenir hystérique. La blonde prit peur et fila vers sa voiture. J’entendis quelqu’un éclater de rire et me retournais vivement vers Jacob qui hallucinait.

  • Ah ben comme ça c’est fait … merci Bella, marmonna-t-il, n’en croyant pas ses yeux.
  • Et tu oses me dire que je suis impulsif ?! déclara Paul, hilare.
  • La ferme Paul ! m’écriais-je, agacée par ses moqueries. Toi ! Tu faisais quoi là ?

Paul siffla et entra dans sa voiture non sans me jeter un regard amusé. Je fulminais !

  • Eh mais Bella…calme toi, répondit Jake d’une voix tranquille. Tu m’as rendu service là.

Il posa ses paquets dans le coffre de la camionnette de Paul. Puis il me regarda, un léger sourire aux lèvres.

  • Tu es trop belle quand tu es jalouse, déclara-t-il en éclatant de rire.

Je me calmais aussitôt devant son air si heureux. Je regrettais déjà mon emportement, ne comprenant pas trop pourquoi j’avais réagit aussi violemment. Il posa ses deux mains sur mes épaules.

  • Excuse-moi Jake…, marmonnais-je, honteuse. Je…je ne sais pas ce qui m’a prit. J’ai eu l’impression que mon sang ne faisait qu’un tour.

Il rit doucement et me répondit :

  • Sûrement des restes de mon sang… en tous cas, j’ai adoré.
  • Tu parles…je me suis ridiculisée…

Il rigola de plus belle et me prit les mains pour les porter à ses lèvres. Je me sentais vidée…un peu dans le brouillard. Ma fureur s’était estompée. 

  • C’était qui ? demandais-je d’une toute petite voix.
  • Une que je devais jeter depuis au moins quinze jours et tu l’as fait pour moi…merci, expliqua-t-il dans un grand sourire innocent.
  • Une que tu devais jeter … ? répétais-je.
  • Oui…tu sais, j’ai essayé de t’oublier quand tu as quitté Forks…, marmonna-t-il.

Mon cœur venait à nouveau de s’accélérer et la colère remontait sourdement.

  • Tu ne m’as…tu ne m’as pas …

Les mots ne voulaient pas sortir, mon esprit m’envoyait des images insupportables, des images que j’étais en train de créer sans pouvoir les stopper. Il ne m’avait pas attendue ! Il avait essayé de passer à autre chose et d’autres filles l’avaient touché !

  • Bella, tu recommences …déclara-t-il, un brin paniqué.

Je fermais les yeux et tentais de respirer normalement. L’effet fut désastreux car les larmes me montèrent aussitôt. Jake me prit ma tête entre ses grandes mains mais je me dégageais. Je n’avais plus qu’une image finale en tête : cette blonde dans les bras de Jacob !

  • Bella … mais enfin … arrête de pleurer ! 
  • Tu as … tu l’as fait … ? couinais-je, rougissant immédiatement de mon attitude si puérile.
  • Quoi ? Mais …mais, tu deviens dingue !

Le ton de sa réplique me secoua et je tentais de me calmer. Je soufflais doucement, soudain plus inquiète de ce qui se passait dans mon corps que par la raison de ces crises répétées.

  • Oui…je ne sais pas ce qui m’arrive…je crois que j’ai besoin de repos…, marmonnais-je, perplexe.
  • Bon écoute, laisse-moi deux minutes.

Il fit le tour de la voiture et je l’entendis dire à Paul qu’il me raccompagnait chez Charlie.

Puis, il revint, me passa son bras autour des épaules et me dirigea vers ma voiture. Il m’installa côté passager et prit naturellement le volant. Je me laissais faire, ne disant rien jusqu’à la maison. Une fois qu’il fut garé, il se tourna vers moi et murmura :

  • Elle s’appelait Sandy… une vraie blonde avec tout ce qui est livré avec et je t’assure Bella qu’il ne s’est rien passé entre nous ni avec personne…

Je baissais la tête, encore honteuse de mon comportement mais soulagée par la sincérité dans sa voix. Il soupira puis continua :

  • Quand tu es partie, j’ai essayé d’avoir une vie sociale normale pour que tout le monde me foute la paix…tu ne peux pas savoir comme ça a été dur au début à cause de l’imprégnation et tout…j’en ai fais baver à la meute …enfin bref ! Je suis sorti souvent pour essayer de t’oublier mais aucune fille n’a eu le droit de me toucher plus que le bras. J’en aurai été incapable Bella ! s’écria-t-il. Je pensais que tu avais compris comment ça fonctionnait … celle-ci croyait qu’il y avait moyen et est venue plusieurs fois à la Push…aujourd’hui, elle m’a harponné et je m’apprêtais à lui dire de dégager mais tu sais, j’ai du mal à être méchant…même avec les blondes. Je les ai toutes prises comme elle pour ne pas revoir tout ce qui me plaisait en toi dans une autre…
  • Qu’est-ce qui te plait tant en moi ? marmonnais-je en rougissant, essayant d’occulter le « toutes » qu’il venait de prononcer.  

Il prit ma main et passa un doigt lentement sur le dessus en murmurant :

  • J’aime tout. Tes mains fines, ton parfum, tes cheveux bruns qui prennent une couleur si chaude au soleil…comme aujourd’hui…ta peau couleur pêche mais ce que j’aime par-dessus tout, ce sont tes yeux…tes yeux marron chocolat, chuchota-t-il.

Je levais mes yeux vers lui, troublée.

  • Tu ne peux pas savoir l’effet qu’ils me font, ajouta-t-il le regard pénétrant.

Le sang me monta violemment aux joues et je baissais la tête vers son doigt qui faisait les allés et retours sur ma main, si blanche dans la sienne. Jamais je n’avais réussi à me trouver exceptionnelle, encore moins lorsque j’étais avec Edward qui incarnait pour moi, la beauté à l’état brut. Je me sentais émue par tout ce que Jake venait de me dire car je ne pensais pas qu’il me trouvait aussi belle.

  • Excuse-moi, marmonnais-je, une nouvelle fois.
  • C’est rien, rigola-t-il. Tu es magnifique quand tu te mets en colère mais pas trop souvent hein ?
  • Non…non, ça ne se reproduira plus. C’est juste que …
  • Quoi ?

Je ne comprenais pas pourquoi j’avais réagi aussi férocement.

  • J’ai peut être fais cette crise parce que je suis imprégnée ? Murmurais-je, soudain pleine d’espoir.
  • Arrête un peu Bella, tu vas te coller la migraine avec cette histoire, bougonna Jacob en pianotant sur le volant.
  • Mais j’y suis peut être un peu que je ne le sais pas ? insistais-je.
  • Bella, tu te fais du mal là…, soupira-t-il.
  • Pourquoi ? Tu penses que c’est impossible ? Que ça n’arrivera jamais ?

Il jeta un regard vers la maison et soupira plus fort. Puis, il tourna ses beaux yeux noirs vers moi, rempli de tristesse.

  • Si c’était le cas, jamais tu n’aurais douté de moi avec cette fille…
  • Oh…, soupirais-je accablée.

Je commençais à croire que je le voulais tellement que j’étais capable de me provoquer des crises pour avoir l’air d’une fille possessive. J’essayais de me remémorer la scène à laquelle j’avais assisté… Non, j’étais vraiment jalouse. Et puis, il m’avait tellement manqué que le revoir ainsi, avec cette blondasse ! La raison de ma première colère me revint.

  • Tu as fait quoi pendant ces deux jours ? Demandais-je, assez sèchement.
  • Et bien…je…j’avais beaucoup de choses à régler. J’en ai profité.
  • Tu n’avais pas le temps de venir me voir ?

Mon ton le surprit et il tourna brusquement la tête vers moi. Ces yeux étaient soudain si malheureux que je regrettais ma dureté.

  • Je pensais que tu voulais être seule…, marmonna-t-il.
  • Je t’ai demandé de me laisser ?!
  • Non…mais quand je t’ai demandé de venir à la Push, tu as refusé catégoriquement. Je me suis dit que tu avais besoin de digérer son…départ, que tu voulais peut être faire le point…
  • Et que je voulais être avec toi non ? ça ne t’a pas traversé l’esprit ?! M’écriais-je, agacée qu’il ne soit pas venu près de moi pour un malentendu.
  • Bella, tu m’as énormément manqué pendant ces deux jours. J’ai du prendre sur moi pour te laisser, je pensais bien faire…j’avais si peur…, continua-t-il, la voix brisée.
  • Peur de quoi ? M’étonnais-je.
  • Que tu changes d’avis…

Voilà qui expliquait sa nervosité l’autre jour dans la clairière. Jacob avait eu peur que je perde les pédales avec Edward et que je retourne près de lui.

Je pris sa main et la serrais le plus fort que je pouvais.

  • Ecoute, je ne suis peut être pas imprégnée mais je ne compte pas me défiler Jake…En fait, je supporte assez bien son départ…c’est ton absence que je ne supporte pas !
  • Ah…bah je suis désolé, murmura-t-il, un peu troublé. Je pensais bien faire… 

Je me glissais sur la banquette pour me coller contre lui et enroulais mes bras autour de son cou. Il se pencha et captura mes lèvres avec douceur et retenue. Je sentis son corps vibrer et cette sensation me fit chavirer. Je serrais son visage plus fort contre le mien et mon baiser si fit plus passionné, plus sensuel. Je voulais qu’il comprenne à quel point j’avais besoin de lui. Je grimpais à nouveau sur lui et me cognais la tête au plafond, ce qui nous provoqua un fou rire. En même temps, la lumière du salon s’alluma et éclaira faiblement l’habitacle. Je n’avais même pas remarqué que la nuit était tombée.

  • Bon, je crois que ce n’est pas la peine, marmonna-t-il. On ne veut pas nous laisser tranquille …

Je compris à quoi il faisait allusion, au nombre de fois on nous avions été interrompu, et je souris en rougissant. Il se mit à embrasser le contour de mes lèvres par petits baisers successifs, je fermais les yeux, savourant le plaisir que ça me procurait. Puis il descendit le long de mon cou et je serrai sa tête contre moi. Il soupira et se dégagea doucement.

  • Je peux venir te chercher demain ? proposa-t-il, la voix pleine d’espoir. 

Je réfléchis et tentais d’ignorer le tumulte qui venait de m’envahir à l’idée de me retrouver parmi les loups.

  • Je veux bien mais à une seule condition …
  • Tout ce que tu voudras, répondit-il, heureux.
  • Je ne veux pas en voir un seul en …
  • Oui, oui…ils le savent déjà, me coupa-t-il. Pas de loup !
  • Ah ? Et ils ne disent rien ? m’étonnais-je.
  • Non, ils comprennent et puis… je ne leur laisse pas le choix ! gronda-t-il, imitant Sam lorsqu’il était fâché.

J’éclatais de rire et me détendis. En faisant comme ça, j’y arriverai peut-être…

 

53. Surmonter sa peur

En descendant de la Golf, je remarquais une magnifique Aston Martin vert émeraude et mon cœur se serra furtivement. Je compris que Jacob avait préféré venir me chercher avec sa voiture « fait main » par crainte de me plonger dans la mélancolie avec ce cadeau souvenir.

Leurs visages souriants m’accueillirent avec tellement de chaleur que j’en oubliais momentanément l’angoisse qui me compressait l’estomac. J’avais l’impression d’être l’enfant prodige de retour à la maison. Rachel m’emmena vers la table qu’ils avaient dressée pour le repas de midi et m’offrit un verre pour me détendre. Je ne savais pas trop ce que c’était mais le goût était délicieux et je me sentis soudain plus calme.

  • C’est à base de plantes et de fruits, m’expliqua-t-elle lorsqu’elle me vit passer ma langue sur mes lèvres. C’est un peu alcoolisé mais tu en as besoin je crois, rigola-t-elle.

Paul me tapa sur l’épaule en se dirigeant vers le feu et balança :

  • Alors calmée sœurette ? 

Je sursautais au surnom qu’il venait d’employer et Rachel me fit un clin d’œil. Ainsi j’étais complètement acceptée au sein de la meute…et le fait que Paul me considère comme sa sœur me fit chaud au cœur.

Je regrettais amèrement mes trois jours de stress à éviter de les revoir. Pourtant, l’angoisse ne me quitta pas de la journée. Pendant le repas, Jake avait bien pris soin de m’installer en bout de table, près de lui. Ainsi je l’avais lui d’un côté et le champ de l’autre. Le sentiment d’oppression s’atténuait mais menaçait de ressurgir si l’un ou l’autre m’approchait de trop près. Jacob avait du être très clair car aucun ne vint me parler à plus de deux à la fois. Seth arriva lorsque nous étions à la viande et cette fois, je me levais pour l’accueillir. Sans réfléchir, je le pris dans mes bras en le remerciant et son sourire, presque identique à celui de Jacob, me rendit soudain très joyeuse.

Il prit sa place en face de nous, sous le regard attendrit de son frère aîné, heureux qu’il soit remis sur pieds.

Je jetais un regard circulaire sur tous ceux qui étaient là et que je considérais maintenant comme ma famille : Paul et Rachel, Embry, Quil, Jared et Kim, Sam et Emily, qui avait une mine éblouissante, et soudain, je fus surprise de voir Leah souriante. Jake suivit mon regard et chuchota :

  • Tu ne sais pas la meilleure ? Leah s’est imprégnée !
  • C’est vrai ! ça marche aussi pour les filles loup-garou ? M’étonnais-je.
  • Bah on dirait …c’est le pharmacien de Forks. Il doit avoir dix ans de plus qu’elle mais le truc a été immédiat. Il pensait qu’elle était mineur mais elle vient d’avoir dix huit ans et puis, physiquement, elle en fait vingt cinq alors …, m’expliqua-t-il.

Malgré la joie que je ressentais pour celle qui avait tant souffert, je ne pus m’empêcher de constater que j’étais jalouse. J’essayais de dissiper ce sentiment afin que Jake ne remarque rien.

  • Ça doit vous soulager dans la meute qu’elle ne s’en prenne plus après Sam, murmurais-je.
  • Ouais, enfin en même temps, Leah n’est plus sous les ordres de Sam, m’annonça-t-il en se resservant du plat que Quil passait sous notre nez.
  • Ah bon ? Je pensais que vous deviez obligatoirement respecter une hiérarchie ?
  • C’est le cas…

Il me sourit et je vis ses yeux briller de malice. Puis il continua :

  • Leah est sous les miens.
  • Quoi ?! m’esclaffais-je, réellement surprise par la nouvelle.
  • Oui…j’ai ma mini meute, rigola-t-il. Je contrôle Paco, Lien et Leah…Seth est mon second puisqu’il est mon frère.

Je l’observais, il semblait vraiment amusé par ce qu’il venait de m’annoncer. Je repensais à la fois où il m’avait dit qu’il ne voulait pas devenir un Alpha.

  • Je n’y crois pas ! Tu as finalement craqué, répondis-je, en riant.
  • Eh oui … mais je suis un chef super cool ! déclara-t-il dans une petite moue.
  • Sam en pense quoi ?
  • Oh il est heureux ! soupira-t-il. Déçu d’avoir perdu ses deux seconds mais heureux que je me sois enfin décidé à accepter ma destinée.
  • Ses deux seconds ? M’étonnais-je, réalisant que je ne savais pas grand-chose sur leur mode de fonctionnement.
  • Oui, Sam envisageait de me remplacer par Seth le jour où je prendrais mon rôle d’Alpha. Mais Seth a décidé de rester près de moi…du coup, c’est à nouveau Paul qui est Bêta. Enfin bref ! Voilà à quoi j’ai passé mes deux jours sans toi, finit-il, en plantant ses yeux dans les miens avec un très large sourire qui éclaira tout son visage.

Puis, il mordit à pleine dents dans un sandwich qu’il venait de se confectionner. Je le détaillais pendant quelques secondes, réalisant que j’avais oublié de lui dire quelque chose, l’autre soir dans la voiture.

  • Et moi, tu sais ce que j’aime en toi ? murmurais-je d’une voix caressante, en me penchant à son oreille.

Surpris par mon brusque changement d’attitude, il s’arrêta de mastiquer et attendit la suite, son sandwich en suspend, les yeux fixés sur la table.

  • Tout…, chuchotais-je. Mais surtout ton magnifique sourire. Il me fait penser à un soleil.

Je le vis déglutir et rougir de plaisir. Je me sentais vraiment bien près de lui, bien et heureuse.

 

54. Mon loup

Le repas se termina tard dans l’après-midi. L’ambiance était chaleureuse, fraternelle et le soleil était de la partie. Je constatais que ce mois de septembre était vraiment agréable, ou peut-être le climat était différent à la Push ? Cela dit, nous venions de passer une belle journée, peut-être la dernière avant l’arrivée de l’hiver à Forks.

Soudain, Jacob me prit la main et se leva. Je le suivis, comprenant qu’il voulait faire une balade. Nous marchâmes main dans la main, en silence, jusqu’à la forêt et les voix des autres s’estompèrent lorsque nous nous enfonçâmes à travers les arbres jusqu’à une petite clairière.

Lorsque Jacob me lâcha et se tourna vers moi, le visage grave, je ressentis une certaine inquiétude. Il semblait mal à l’aise, hésitant …

  • Tu voulais me parler ? Murmurais-je.

Il baissa la tête, fixant le sol tout en cherchant ses mots. Il me reprit la main et s’approcha de moi…je compris qu’il avait peur.

  • Jake, qu’est-ce qu’il se passe ?
  • Bella…je…je voudrai essayer quelque chose …mais, je ne suis pas sûr que ça va marcher et …je ne suis pas sûr que tu seras d’accord en fait, souffla-t-il.

Je le forçais à me regarder en soulevant son menton, il me sourit timidement mais ses yeux noirs étaient angoissés et tristes.

  • Qu’est-ce que tu veux faire ?
  • Je veux que tu n’ais plus peur …, murmura-t-il.

Mon cœur s’accéléra, comprenant de quoi il voulait parler. Je le lâchais et me retournais vivement afin qu’il ne lise pas l’angoisse sur mon visage. Il m’enlaça et me berça, tentant de m’apaiser.

  • Non Jake …je ne peux pas…
  • Très bien …

Mais, une petite voix me disait que je n’avais aucune raison d’avoir aussi peur, ce n’était que Jacob…je l’aimais, j’aimais son loup, je n’en avais jamais eu peur, il ne m’avait jamais fait de mal…peut-être que ça me guérirait… si c’était lui ?…j’ennuyais la meute avec ma phobie…il fallait bien que ça cesse si je voulais continuer à les fréquenter…

Je fermais les yeux, respirais un grand coup et déclarais :

  • Tu as raison…essayons…
  • Tu es sûre ?
  • Oui, soufflais-je. Vas-y.

Il retira doucement ses bras et je sentis qu’il hésitait encore pendant quelques secondes. Puis, j’entendis le bruit de son tee-shirt qu’il retirait, qu’il posa sur une branche près de moi. Ma poitrine me serrait, j’inspirais, sentant que ma tête me tournait un peu. Je devais me calmer… J’entendis qu’il balançait ses chaussures du pied et décidais de me retourner. Mon cœur s’arrêta un instant lorsque je me trouvais face à son dos nu, face à son entière nudité. Il semblait encore hésiter. Il balançait sa tête contre ses épaules, faisant rouler les muscles de son dos, ne sachant pas que je m’étais retournée. J’avançais d’un pas et posais ma main sur lui. Je sentis un tressaillement mais soudain, mes doigts furent en contact avec sa fourrure rousse qui recouvrait lentement sa peau. Ma main se retrouva dans le vide lorsqu’il retomba sur ses pattes. J’étais impressionnée par sa maîtrise et c’est ce sentiment qui m’habitait plutôt que la peur lorsqu’il se tourna vers moi. Ses yeux me souriaient et je posais ma main sur sa tête, sans hésitation. Il la bougea doucement, comme une caresse et je m’approchais plus, enlaçant son cou, enfonçant mes doigts dans sa fourrure, puis mon visage. Il était doux et pourtant, je sentais sa puissance. Je me mis à lui caresser l’encolure puis le dos, consciente du plaisir que je lui procurais…soudain, une promesse insensée que je m’étais faite me revint…une envie folle de grimper sur lui, de partager un moment aussi intime…sans même lui dire quoique ce soit, je me hissais en riant. J’avais l’impression d’être sur un cheval et eu du mal à m’équilibrer. Je m’agrippais aux poils de son cou et me penchait à son oreille qu’il fit pivoter.

  • Fais-moi voler, chuchotais-je.

Il secoua la tête et je compris qu’il me trouvait dingue. Je ris de plus belle, heureuse de n’avoir ressentir aucune peur et impatiente du plaisir qu’allait me procurer cette balade. Il démarra doucement, ses pattes ne faisaient aucun bruit sur le sol. Il essayait d’emprunter des chemins dégagés pour que je ne me baisse pas trop souvent, évitant les chutes. Mon corps bougeait au rythme des muscles de son dos. Je fis une légère pression de mes jambes sur ses côtes, l’invitant à accélérer le pas. Il se mit alors à galoper et je dus me pencher sur lui pour mieux m’accrocher. Le vent fouettait mes cheveux, je respirais à fond, savourant les sensations qui m’envahissaient. Puis, nous atteignîmes la plage et il accéléra de plus belle, si vite que j’avais l’impression de glisser sur l’eau.

 

55. Magie

Mes bras autour de son cou, je posais ma tête sur lui, serrant mes jambes pour ne pas tomber. Il remonta dans les bois et ralentit. Je me redressais et levais mon visage vers la cime des arbres, regardant le soleil faire briller leur feuillage. Au bout de quelques minutes, il s’arrêta sur une butte et je vis une rivière dans le contrebas. Je me laissais glisser sur le sol et murmurais :

  • C’est beau…je ne connaissais pas cet endroit.

Il hocha la tête. Je regrettais qu’il ne puisse pas me parler lorsqu’il était sous sa forme animale. Je me mis dos à lui.

  • Je reste comme ça si tu veux, chuchotais-je.
  • Moi, ça ne me gêne pas, si toi non plus alors …

Je ris doucement, il n’avait même pas hésité une seconde ! Il posa sa main sur mon épaule et me fit une légère pression pour que je m’asseye à terre. Je m’accroupis et je sentis qu’il se posait derrière moi, à une certaine distance.

  • C’est ici que j’ai fini ma course folle le jour où tu m’as quittée, déclara-t-il. C’est ici que j’avais décidé de ne plus jamais te revoir et je voulais y revenir pour te dire à quel point j’ai besoin de toi et à quel point je t’aime.
  • C’est magnifique, murmurais-je.

Je sentis sa main frôler mes cheveux et soupirais. Qu’est-ce que j’attendais ? Mes mains hésitèrent une seconde puis je retirais mon pull assez brusquement. Derrière moi, je sentis Jacob retenir son souffle. Je déboutonnais mon pantalon et me tortillait pour le descendre jusqu’à mes pieds. L’air frais m’arracha un frisson. Comme il ne bougeait toujours pas, je lui lançais :

  • Tu comptes me laisser continuer toute seule encore longtemps ?

Il vint se placer derrière moi et m’entoura de ses bras. Il posa sa tête sur mon épaule puis enfouit son visage dans mes cheveux, respirant mon parfum à plein poumon. Je le sentais trembler et je compris que si je ne faisais rien, nous resterions comme ça encore longtemps. Il était terrorisé, comprenant que cette fois, plus rien ne pouvait nous interrompre. Je me dégageais de son étreinte et me levais pour aller m’allonger sur de la mousse, au pied d’un arbre, à quelques pas de lui. Je le fixais intensément, l’invitant à me rejoindre. Dans une approche féline, il rampa jusqu’à moi, le regard troublé. Son corps cuivré complètement nu au-dessus de moi m’arracha un petit moment de panique. Mais je levai le bras et enlaçait sa nuque afin de l’attirer contre moi. Il se laissa aller doucement et chuchota :

  • J’ai si peur …

Je lui souris tendrement en lui passant ma main sur la joue. Son corps était bouillant et je ne ressentis plus du tout le froid.

  • ça va aller …

Je le vis déglutir, il était réellement terrorisé.

  • J’ai le cœur qui va exploser…Bella …
  • Viens …

Je lui tendis mes lèvres afin qu’il se laisse aller. Il m’embrassa doucement, le souffle court, tendu à l’extrême. Puis il releva la tête, les yeux envahis par la panique.

  • Et si…je te fais mal, si jamais je …
  • Chut…

J’embrassais ses lèvres pour qu’il se taise puis lui sourit amoureusement.

  • ça n’arrivera pas …

Il ne me croyait pas, la panique n’avait pas quitté son regard. Il me fixait avec une telle intensité que je compris qu’il allait finir par arriver à ce qu’il ne voulait pas s’il continuait.

  • Jake…Sam et Emily y arrivent…non, mauvais exemple, continuais-je en riant lorsqu’il leva les yeux au ciel.
  • Bon, Paul et Rachel …
  • Oh Bella, c’est ma sœur !

Je gloussais, vraiment amusée par son affolement alors qu’il était si sûr de lui d’habitude.

  • Jacob, ça n’arrivera pas, lui assurais-je avec force. Viens…

Cette fois, je pris mes deux bras pour l’attirer contre moi, tout en l’embrassant avec ardeur.

Je finis par avoir raison de lui car il devint soudain plus fougueux, caressant mon corps fébrilement, retirant le peu de vêtement qu’il me restait. Il tremblait légèrement mais je savais que ça n’avait rien à voir avec ce qu’il craignait. Pourtant, ce côté dangereux m’excitait mais je ne préférais pas qu’il le sache car il m’aurait encore prise pour une folle. C’était aussi très bouleversant de vivre cette expérience unique ensemble…c’était notre première fois à tous les deux et j’étais heureuse qu’il vive les mêmes angoisses que moi.

Ces gestes étaient si doux que je ne ressentis aucune douleur. Son corps se mit à onduler doucement sur le mien, ses coups de reins guidaient notre danse dans un rythme lent. Je sentais la chaleur de son souffle court le long de mon cou jusqu’à ma poitrine, où nos cœurs cognaient violemment presque l’un contre l’autre.

Son corps brûlait, ma peau irradiait de plaisir, m’arrachant un frisson jusqu’au sommet de mes cheveux, malgré la température que nos corps enlacés devaient dégager. Je passais mes doigts sur sa nuque, attirant son visage dans le creux de mon cou, m’arquant contre lui de toutes mes forces…il était en moi mais tout mon corps réclamait d’être en lui. Je le serrai fort, gémissant sans avoir honte de me laisser autant aller…la moindre parcelle de mon corps criait son nom, je lui chuchotais à l’oreille : « Jacob, je t’aime tant… » …je me sentais à présent lié à lui pour l’éternité.

J’eu soudain l’impression que les battements de mon cœur ralentissait, je n’entendais plus que sa respiration saccadée dans mon oreille, comme si la Terre entière était réduite au silence, que je n’entendais plus que lui. Ça me donnait la sensation d’être en apesanteur, et que le centre de gravité était Jacob. Je m’accrochais encore plus fort à ses épaules et tournais mon visage vers lui afin de capturer son regard. Il ouvrit les yeux et j’eu l’étrange impression de m’y plonger pour la première fois, je voyais chaque détails de ses iris, la profondeur infinie de son âme, et je vis mon reflet. Dans son âme, il n’y avait que moi. Il s’arqua sur ses bras pour mieux me regarder, les lèvres entrouvertes, concentré sur notre plaisir partagé…je ne sentais pourtant plus mon corps car à cet instant, j’étais en lui. Je ressentais la force de son amour pour moi, tout son être vivait et vibrait pour moi. Je me sentais envelopper dans une sorte de lumière incandescente, comme si la forêt prenait feu mais que les flammes ne nous atteignaient pas. Il me fixait toujours, scrutant les émotions sur mon visage. Il ne devait pas se douter un instant de ce que j’étais en train de vivre car il me sourit. J’étais incapable de lui rendre, je me sentais absorbée par lui, paralysée, complètement dépendante de lui. Et puis soudain, il ferma les yeux et la connexion avec son âme se brisa. J’étais revenue dans la forêt, je sentais à nouveau mon corps, le poids du sien sur le mien, j’entendais ma respiration et il se plongea dans mes cheveux, aussi ivre que moi du plaisir qui nous submergeait. 

 

56. Ma révélation

J’ouvris les yeux et respirais profondément. J’entendais le cri des oiseaux dans la forêt avec une impressionnante acuité. La nuit tombait. Jacob ? Où était-il ? Je tournais la tête, il était à mes côtés mais pendant une seconde, j’avais l’impression qu’il n’était pas là et cette idée m’avait paniqué.

Sans même prendre conscience de mes mouvements, je me retrouvais collée à lui, mes bras enveloppant son corps désespérément. Il se réveilla et me sourit. Je respirais.

J’avais le corps et les cheveux aussi mouillés que si je sortais d’une séance de sauna et lui n’avait pas transpiré une goutte…je lui murmurai :

  • ça va être un net inconvénient ce que ta température provoque chez moi dans ce moment là…
  • Pourquoi ?
  • Mais regarde-moi ! J’étais trempée ! On ne pourra jamais faire ça n’importe où, n’importe quand ! Je devrais toujours prendre une douche ou me plonger dans l’océan !

Il éclata de rire. Le son de sa voix chantait dans ma tête. Je me dis à cet instant que si je ne l’entendais plus un jour, j’en mourrai. Cette idée me parut exagérée pendant une seconde mais non, je le pensais vraiment. Jacob tenta de se dégager de mon étreinte.

  • Où vas-tu ? M’affolais-je.
  • Je meurs de faim, déclara-t-il. Pas toi ?

J’écoutais mon corps, non je n’avais pas faim. Tout ce que je voulais, c’était lui. Il se leva et cette séparation physique m’oppressa. Qu’est-ce qu’il m’arrivait ? Je ne voulais pas qu’il me quitte.

  • Jacob, s’il te plait …
  • Oui ?
  • Viens près de moi.
  • Mais je reviens, répondit-il en riant. J’ai faim, si je ne mange pas, je vais tomber là.
  • Non ! Viens ici ! ripostais-je en me relevant et en l’attrapant par les épaules.

Il rit et se laissa aller contre moi. Je me sentais mieux. Je m’accrochais à lui dans un mouvement désespéré. Il releva la tête de mon cou et scruta mon visage, étonné.

  • Tu te sens bien ?
  • Oui maintenant que tu es là, ça va mieux.
  • Mais Bella…
  • Oui ?
  • J’ai faim. Je te promets que je ne serai pas long, je vais me choper deux ou trois saumons …trois…et je nous ferai un feu.

Je pris une profonde inspiration…cette angoisse qu’il me quitte me prenait à l’estomac pourtant ma raison me disait de me calmer. Il allait revenir. C’était stupide de ne pas le laisser aller chercher à manger. Je relâchais mon étreinte et il me sourit, heureux d’être enfin libéré de mes bras. Je le regardais se lever, mes yeux caressaient son corps et je me dis qu’il était vraiment magnifique. J’enfilais mes vêtements et après un moment qui me parut interminable, il revint. Je lui souris, heureuse qu’il soit enfin là. Il s’était rhabillé et sa rapidité m’étonna encore.

  • Tu es retourné jusque là-bas ?
  • Fallait bien que je les récupère quand même…, rigola-t-il.

Avec une technique et une agilité qui m’époustoufla, il nous alluma un feu et y déposa deux poissons à cuire. Je le regardais manger les deux bestioles, me nourrissant uniquement de sa présence. Puis, il me tendit la main pour que je me lève. Je dus faire un effort surhumain pour le faire.

  • ça te dit d’aller faire une balade jusqu’à la plage ? Prendre un bain de « minuit », ajouta-t-il avec un sourire coquin.

Tout ce qu’il voulait, du moment que nous soyons ensemble. Cette pensée m’interpella.

  • Jacob ? Est-ce que tu ressens la même chose que moi ?
  • Sûrement, répondit-il de son sourire que j’aimais tant.
  • Non, je veux dire…là maintenant, je sais que si tu n’étais pas devant moi, ça me serait insupportable. Je … j’ai vécu un moment magique, c’était …bouleversant.
  • Oui, pour moi aussi Bella…, chuchota-t-il.
  • Mais ce que je ressens est si fort ! Je me sens totalement dépendante de toi…c’est comme si …

Je compris en même temps qu’il fronça les sourcils, au moment où j’avais prononcé le mot « dépendante ». Nous nous regardâmes, n’y croyant pas ni l’un ni l’autre. Et pourtant, ce que je ressentais était comme me l’avait décrit Emily... « Dépendance », « séparation insupportable », « ne voyait plus que lui » … nous n’avions pas prononcé un mot mais nos esprits étaient en plein émoi. Soudain, je vis une larme couler sur sa joue et la douleur me submergea. Non ! Pourquoi souffrait-il ? Je me jetais sur lui.

  • Jake ? Qu’est-ce que tu as ? S’il te plait !
  • Ça va, ça va…je …je suis heureux c’est tout, souffla-t-il, envahi par l’émotion.
  • Oh …

Je me calmais aussitôt, ressentant également une joie profonde. Il me serra dans ses bras et chuchota :

  • Tu crois que c’est possible ?
  • Oui…je le sens…c’est si fort…j’ai l’impression que la forêt chante, que la lumière est plus brillante, que sans toi, je ne pourrais pas respirer.

Il me regardait, les yeux écarquillés, doutant encore. Je repensais à ce qu’Emily m’avait dit pour Edward et je compris tout de suite, en pensant son prénom, qu’elle avait raison. Ce n’était même pas la peine que je fasse l’effort d’y penser.

 

57. Je suis à lui

Aucune idée de l’heure qu’il pouvait bien être et ça n’avait aucune importance. Je contemplais les étoiles dans le ciel, qui scintillaient plus forts que les autres nuits. Jacob s’était assoupi contre ma poitrine et son bras m’enveloppait si fort que je ne pouvais plus bouger. Je restais donc ainsi, à caresser ses cheveux, son dos, ne souffrant même pas du froid malgré ma nudité. Il gémit dans son sommeil et je resserrai mon étreinte. Je me sentais apaisée et heureuse mais mon corps me murmurait qu’il me faudrait du temps avant d’être rassasiée de Jacob. Car je le sentais, au plus profond de moi, je ne pourrais plus me passer de lui, plus jamais.

J’entendis des cris joyeux au loin, qui devaient venir de la plage et je souris. Sans les voir, je les avais reconnus. Jake se dégagea de mes bras et se releva légèrement sur un coude, à l’écoute des voix qui s’exclamaient à quelques mètres de là. Puis, il tourna ses yeux vers moi en souriant doucement.

  • Tu viens ? murmura-t-il.
  • Oui…

Il m’aida à me relever et me passa mes vêtements que j’avais jetés quelques heures plus tôt dans ma hâte de retrouver la chaleur de son corps. Main dans la main, nous quittâmes cet endroit magique, où je me promis de revenir dès que possible, et nous dirigeâmes vers les cris qui provenaient de la plage. L’océan faisait claquer ses vagues contre les rochers et la lune, encore bien pleine, illuminait le décor, irréel.

Je vis au loin les silhouettes d’un groupe qui semblait bien s’amuser. En approchant, je fus émerveillée par la beauté de leurs corps bronzés et constatais que je n’étais plus du tout choquée par leurs quasi nudités. Lorsqu’ils nous virent, tous stoppèrent leur chamaillerie et tournèrent simultanément leurs regards vers nous, un peu gênés. Mais quelque chose dans mon expression ou dans mes yeux dû les renseigner sur le changement qui s’était opéré en moi car je vis toutes les filles me sourirent chaleureusement, d’un air entendu. Peut-être percevaient-elles ce lien mystérieux que je venais de ressentir en les voyant tous ? Un sentiment indéfinissable d’appartenance, un fil magique que me liait à eux, comme si nous étions tous nés pour vivre ensemble…

Jacob me lâcha pour courir rejoindre Quil et Embry qui se battaient avec les vagues. Je continuais lentement ma marche vers le groupe, me sentant enveloppée par l’amour fraternel de chacun. Emily me prit la main et je me retrouvais entourée par les femmes qui riaient des coups que se donnaient Paul et Jared, qui avaient recommencé à jouer. Je sentis soudain des mains chaudes se poser sur mes épaules et me retournais.

  • Bienvenue dans la famille Bella…
  • Merci Sam, soufflais-je, émue.

Il me lâcha et prit sa femme contre lui. Je regardais Jacob se battre gentiment avec ses frères et ris de le voir si heureux. Puis, sans aucune gêne, je retirais à nouveau mes vêtements et partis le rejoindre en faisant glisser mes mains sur l’eau froide. Cette fraîcheur fut de courte durée car Jacob vint jusqu’à moi et m’enveloppa dans ses bras chauds. Je plongeais alors mes yeux dans les siens et j’y lu un amour si puissant que je me sentis chavirer. Il m’embrassa tendrement et je lui rendis son baiser avec ardeur, sans même me soucier de la présence des autres. Il me souleva et, mes bras autour de son cou, j’enroulais mes jambes sur sa taille. L’océan venait fouetter nos corps enlacés et, le visage enfouit dans le creux de son cou, je l’entendis rire des prouesses qu’accomplissaient Quil et Embry en sautant au-dessus des vagues. Je relevais la tête et mon regard se porta par-dessus son épaule, vers le groupe qui nous entourait.

Une seule pensée envahissait ma tête lorsque je les regardais: ils étaient mes frères, ma famille…ma meute.

 

 

FIN

Première partie

 

 

 

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