>Communiqué: Refuser cette loi anti-thérapeutique, sécuritaire et dangereuse.

Communiqué du 25 juin 2011

Après la manifestation Place de la République

Refuser cette loi anti-thérapeutique, sécuritaire et dangereuse.

 

Samedi 25 juin 2011, près de 500 personnes se sont rassemblées Place de la République, pour manifester leur refus de la loi adoptée par le Parlement le mercredi 22 juin. Patients, familles, professionnels de la psychiatrie, psychanalystes, citoyens, ont répondu à l’appel du Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire. Jack Ralite, ancien Ministre de la Santé, Serge Portelli, magistrat, membre du Syndicat de la Magistrature, Yves Clot, professeur au C.N.A.M., Lysia Edelstein, membre du syndicat de la Protection Judiciaire de la Jeunesse FSU,  Olivier Grignon président du Cercle Freudien, sont venus témoigner de leur soutien et dire combien les mêmes politiques sont à l’œuvre dans la justice, l’éducatif, le social et le monde du travail. Ecrasement des métiers, enfermement, contrôle, surveillance, à l’opposé de l’accueil et d’une approche humaine des questions de société.

 Nous voilà à l’orée d’une ère nouvelle qui n’entend plus soigner mais contrôler à partir de nouveau systèmes de normes, de nouveaux dispositifs intriquant justice, exécutif, législatif, psychiatrie.

S’il est difficile de penser la résistance c’est précisément parce que ces différents plans sont confondus et qu’en miroir, notre confusion est facilitée.

Le Collectif des 39 contre la Nuit Sécuritaire propose quelques pistes qui, du grain de sable dans la machine, au caillou dans la chaussure permettront d’ouvrir des espaces pour continuer à accueillir, soigner et accompagner les patients et leurs proches, espaces qui par l’adoption de cette loi subissent un collapsus.

Rappelons la devise hippocratique : Primum non nocere, « Premièrement ne pas nuire », et orientons nous avec cette balise antique.

 

Principes généraux :

– Nous refusons le climat de menace que cette loi instaure.

– Aucune de nos décisions cliniques ne va de soi, loi ou pas loi.

– Nous ne ferons pas de zèle, nous n’anticiperons pas les consignes données par la loi, nous ferons acte de résistance passive, nous trainerons les pieds pour faire au maximum obstruction.

Nous ne ferons rien pour huiler les rouages de la machine d’ici au 1er août 2011.

– Nous ferons tout pour préserver des soins anonymes et gratuits, pour éviter aux patients d’entrer dans les rouages des injonctions de soins (refus de la mise en place et de l’application de « l’identito-vigilance » par exemple)

– Nous ne nous focaliserons pas sur la question de la contrainte en psychiatrie qui, rappelons le, n’est qu’une minorité des soins prodigués.

Pour ne pas nuire :

– Conserver, coute que coute, le secret professionnel et communiquer le moins possible aux administrations avec lesquelles nous avons affaire, les éléments qui pourraient être préjudiciables pour les patients.

Nous nous engagerons à rendre la contrainte inutile dans nos pratiques quotidienne, par un engagement clinique, au cas par cas, dans des soins relationnels

–  Créer localement, avec les différents acteurs du secteur, des espaces pour de confiance avec les partenaires.

–   Nous ferons tout pour marginaliser cette loi en créant toujours plus de lien avec les acteurs de terrain, les patients et les familles.

 

Pour les psychiatres :

Ne pas nous laisser dicter notre pratique clinique par une loi anti-thérapeutique :

– Mettre le moins d’éléments « à charge » dans les dossiers médicaux et dans les certificats des patients pour ne pas lever le secret médical.

– Refuser de rendre des « avis » sur dossier sans avoir vu le patient.

– Refuser de jouer aux diseurs de bonne aventure en refusant de rendre des avis censés prédire la dangerosité ou le risque de passage à l’acte à venir.

– Refuser les vidéos – audiences avec les Juges des Libertés de manière systématique pour tous les patients en faisant des certificats médicaux de contre-indication.

– Refuser les accompagnements de patients au tribunal qui ne sont pas en état clinique de s’y rendre (le juge doit se déplacer, ce n’est pas notre problème, nous sommes des soignants, non pas des juristes, ni des auxiliaires !). Pour des personnes en état de grande souffrance psychique, de bouleversement moral, de désorganisation mentale, au quinzième jour d’une hospitalisation imposée, sans leur consentement, se retrouver dans un Tribunal ne peut qu’aggraver les troubles psychiques, amplifier l’angoisse, provoquer encore plus de troubles mentaux.

– Lever les mesures de contrainte aussi rapidement que possible pour proposer des permissions en soins libres de plus de douze heures.

– Refuser la prescription des programmes de soin ou à minima de pas intégrer des éléments précis (comme prescription contrainte de psychothérapie, d’activité thérapeutique)…

– Au cas où les préfets refusent la sortie d’un patient : indiquer dans les certificats que l’autorité administrative prend l’entière responsabilité de la dégradation de l’état psychique du patient quand celui-ci ne nécessite plus cliniquement de mesure de contrainte.

Pour les infirmiers :

– Refuser les formations de « gestion de la violence » qui relèvent de l’idéologie anti-thérapeutique actuelle (cf. rapport de l’IGAS)

– Prendre son temps avec les patients qui le nécessitent, qui ont besoin d’écoute, d’attention de disponibilité.

– Privilégier la parole avec les patients plutôt que perdre son temps à comptabiliser les actes dans les ordinateurs.

– Fonder des petits collectifs de base dans les services et dans les hôpitaux pour se soutenir, débattre, penser et lutter contre les pratiques de plus en plus déshumanisantes : camisole de force, contentions, cellules d’isolement, protocoles abscons etc.

– Refuser d’organiser des « distractions » comme l’a proposé le Rapport de l’I.G.A.S du 31 mai 2011. Mais lutter pour instaurer et continuer les activités thérapeutiques, les ateliers de création. Nous sommes des soignants, pas des animateurs télés, ni des gentils organisateurs de clubs de vacances.

 

Pour les psychologues :

– Refuser des psychothérapies contraintes par des programmes de soin.

– Refuser d’être sous la responsabilité pleine et entière du pouvoir médical : conserver son indépendance de statut.

 – Refuser d’être des experts exclusifs en thérapie brève comme le propose le décret sur les psychothérapies.

Soutenir dans les services le travail clinique de mise en lien et de mise en sens en tant que fondement des soins psychiques.

 

Pour tous les soignants :

– S’engager à ne pas signaler et à ne pas ficher avant d'avoir mis en place tout autre moyen respectueux de la dignité humaine. Le manque de moyen ou de personnels ne doit jamais conduire à la déshumanisation des relations soignantes ni au désengagement. Dans les cas extrêmes, rappeler dans un signalement "le manque de moyen et de personnel pour apporter les soins nécessaires à ce patient met en cause gravement l'ordre public"

– Lever les protocoles de soin rapidement.

– Ne pas prescrire de soins sans consentement en ambulatoire, autant que faire se peut.

– Refuser la priorité des « soins » contraints dans les Centres de consultations par rapport aux personnes déjà en soins ou venant demander à entrer dans une démarche thérapeutique, venant se soigner librement. Nous n’abandonnerons pas la continuité des soins déjà entrepris.

 Refuser la priorité des « soins » contraints dans les Centres de consultations par rapport aux personnes déjà en soins ou venant demander à entrer dans une démarche thérapeutique, venant se soigner librement. Nous ne nous ferons pas imposer l’abandon de la continuité des soins déjà entrepris. 

– Faire des visites à domicile autant que les moyens le permettent pour éviter aux patients et à leur famille d’avoir à faire aux « brigades de chocs ».

– Répondre aussi rapidement que possible aux situations qui risquent d’aboutir à des « soins » sans consentement  en ambulatoire.

Au niveau général, nous solliciterons :

– Le conseil de l’Ordre pour la levée du secret médical, lors des audiences judiciaires et dans les casiers psychiatriques qui se créent.

– La Commission Européenne des Droits de l’Homme pour la mise à mal de l’inviolabilité du domicile et la mise à mal de la liberté de circulation.

– Le Conseil constitutionnel en soutenant les questions prioritaires de constitutionalité et les recours possibles présentés par les patients ou leurs familles. 

Le Collectif des 39 s’engage à soutenir les professionnels et les équipes qui seraient mis en difficulté, ou menacés, pour vouloir mettre l’éthique des soins en priorité avant la pratique de cette loi indigne.

A l’automne, le Collectif des 39 organisera un nouvel événement politique et culturel pour l’accueil et l’hospitalité pour la folie et pour faire le point sur les difficultés rencontrées à partir du premier août et sur les modalités de résistance mises en œuvre.


 

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18 réflexions sur « >Communiqué: Refuser cette loi anti-thérapeutique, sécuritaire et dangereuse. »

  1. Joseph Mornet
     
    J'aimerai qu'on y ajoute le refus absolu de la loi sur le titre de psychothérapeute. Cette disposition législative est un des aspects organiques indissociables du reste : l'accepter, c'est faire entrer un cheval de Troie dans la nouvelle réglementation du soin psychique.
    C'est la création d'une nouvelle corporation de "psychothérapeutes" au service du reste 'loi HPST, soins sans consentement, accréditation car qu'est-ce qu'elle introduit?
    Des psychiatres "sauvés" du dispositif car reconnus "psychothérapeutes" de droit, ce qui fait froid dans le dos quand on voit l'absence totale de cette formation dans leur études. Plus fort: : on leur reconnait ce titre alors que dans le même temps, on est en train de leur enlever l'exercice concret, condamnés qu'ils deviennent à n'être que des experts destinés au tri et aux prescriptions des pathologies les plus lourdes.
    Les psychologues cliniciens, les seuls réellement formés à l'université, sont condamnés à des formations et à des stages suplémentaires les plaçant au même titre que n'importe quel médecin. C'est un scandale, car non seulement cela est un affront aux universitaires en psychologie, mais c'est aussi une manière à inciter leurs programmes à faire l'impasse sur ces formations (psychopathologie et psychothérapies) puisque ceux qui voudront l'exercer devront se soumettre à des formations extra-universitaires spécifiques.
    Les médecins, quelques soient leurs spécialités, pourront avoir accès au titre avec autant de facilité qu'un psychologue clinicien. C'est la reconnaissance de la prégnance d'un modèle médical organique pour aborder la psychopathologie.
    Les psychologues non cliniciens seront soumis aux mêmes contraintes de formation que le béotien lambda qui veut devenir psychothérapeute alors que pendant ses trois premières années universitaires (licence) il est, de fait, initié à la psychopathologie et aux approches psychothérapiques.
    Les psychanalystes se trouvent réduits aux mêmes exigences.
    Enfin, alors que la loi se motivait d'être une barrière contre les dérives sectaires, elle est la porte ouverte au titre de "psychothérapeute" à n'importe qui car elle ne garantit rien et ne protége en rien. Cette loi était inutile : elle est devenue nocive.
    Qu'ont fait l'ordre des médecins et les unversitaires ? A quelle complicité, au moins passive, se sont-ils soumis ?
    Quant on voit le contenu de ces formations donnant accès au titre, on comprend tout : les approches humanistes classiques (psychanalytiques ou autres, basées sur une idée de la personne et du lien thérapeutique) sont réduites au quart du programme. Les trois autres quarts sont consacrées aux approches cognitive, comportementalistes ou neurobiologiques. Celels-ci ne peuvent constituer autres chose que des techniques. N'étant fondées sur aucun substrat ontologique ou philosophique; elles peuvent être au service de n'importe quelle idéologie (rappelons-nous l'utilisation de la psychiatrie dans l'ex-URSS).
    Il s'agit bien de cela : former des " techniciens psychistes" au service des nouvelles politiques du soin basées sur l'objectivable, le quantifiable et l'évaluable d'un individu réduit à son "adaptabilité" sociale. Ils seront urilisables aussi bien dans le champ psychiatrique classique que dans ceux du monde de l'entreprise ou de l'Education Nationale.
    Il n'y a qu'une position : refuser toute collaboration à la mise en place de cette loi.
    Refuser d'y candidater.
    Refuser d'y être jury.
    Refuser d'accepter des stagiaires.
     
    Joseph Mornet, psychologue, secrétaire national de la Fédération Croix Marine

  2. je n'y connais pas grand chose mais cette loi, contrairement à ce qu'implique la procédure législative,n'a pas été examinée par la commission mixte paritaire: , est ce que cela ne rends pas un recours possible?

  3. Merci pour toutes ces infos et ces excellentes vidéos. Les plus fous ne sont pas ceux que l'on croit et il suffit de regarder celui qui nous gouverne, pour voir qu'il a de sérieux problèmes.

  4. @Chantal
    excellente vidéo, il ne faut pas exagérer, je débute juste, je n'avais pas de pied et au bout d'une heure j'avais besoin de bouger d'où quelque tressautement dans l'image. Mais pour moi le principal était de rendre compte et permettre à ceux qui n'ont pas pu venir de savoir ce qui s'était dit et dans quelle condition. Sachez qu'il y avait juste derrière la caméra un orchestre africain qu'on n'entend pas dans la caméra mais que ceux qui était présent entendait très bien. Merci en tous les cas

  5. Il faut un début à tout behemothe, et ces vidéos je les trouve excellentes, tout y est dit avec conviction.

     

  6. Il y a quelque chose de dérangeant, sinon de pathétique, dans cette déclaration : vous donnez l'impression que certaines résolutions n'avaient pas été prises avant cette loi qui, de ce fait, s'en trouve grandie. Je cite :
    – Nous ferons tout pour préserver des soins anonymes et gratuits
    Conserver, coute que coute, le secret professionnel et communiquer le moins possible aux administrations avec lesquelles nous avons affaire, les éléments qui pourraient être préjudiciables pour les patients.
    Nous nous engagerons à rendre la contrainte inutile dans nos pratiques quotidienne, par un engagement clinique, au cas par cas, dans des soins relationnels
    – Créer localement, avec les différents acteurs du secteur, des espaces pour de confiance avec les partenaires.
    Mettre le moins d’éléments « à charge » dans les dossiers médicaux et dans les certificats des patients pour ne pas lever le secret médical.
    Refuser de rendre des « avis » sur dossier sans avoir vu le patient.
    – Refuser de jouer aux diseurs de bonne aventure en refusant de rendre des avis censés prédire la dangerosité ou le risque de passage à l’acte à venir.
    Lever les mesures de contrainte aussi rapidement que possible pour proposer des permissions en soins libres de plus de douze heures.
    Au cas où les préfets refusent la sortie d’un patient : indiquer dans les certificats que l’autorité administrative prend l’entière responsabilité de la dégradation de l’état psychique du patient quand celui-ci ne nécessite plus cliniquement de mesure de contrainte.
    Prendre son temps avec les patients qui le nécessitent, qui ont besoin d’écoute, d’attention de disponibilité.
    Privilégier la parole avec les patients plutôt que perdre son temps à comptabiliser les actes dans les ordinateurs.
    Fonder des petits collectifs de base dans les services et dans les hôpitaux pour se soutenir, débattre, penser et lutter contre les pratiques de plus en plus déshumanisantes : camisole de force, contentions, cellules d’isolement, protocoles abscons etc.
    – S’engager à ne pas signaler et à ne pas ficher avant d'avoir mis en place tout autre moyen respectueux de la dignité humaine. Le manque de moyen ou de personnels ne doit jamais conduire à la déshumanisation des relations soignantes ni au désengagement. Dans les cas extrêmes, rappeler dans un signalement "le manque de moyen et de personnel pour apporter les soins nécessaires à ce patient met en cause gravement l'ordre public"
    – Lever les protocoles de soin rapidement.
    Refuser la priorité des « soins » contraints dans les Centres de consultations par rapport aux personnes déjà en soins ou venant demander à entrer dans une démarche thérapeutique, venant se soigner librement. Nous n’abandonnerons pas la continuité des soins déjà entrepris.
    Refuser la priorité des « soins » contraints dans les Centres de consultations par rapport aux personnes déjà en soins ou venant demander à entrer dans une démarche thérapeutique, venant se soigner librement. Nous ne nous ferons pas imposer l’abandon de la continuité des soins déjà entrepris.
    Faire des visites à domicile autant que les moyens le permettent pour éviter aux patients et à leur famille d’avoir à faire aux « brigades de chocs ».
    Répondre aussi rapidement que possible aux situations qui risquent d’aboutir à des « soins » sans consentement en ambulatoire.
    Ces mesures devraient déjà être appliquées (et le sont d'ailleurs par certains) et n'ont que peu à voir avec cette loi. Vous donnez l'impression que ce n'est pas fait, la loi s'en trouve légitimée…
     
    Enfin, deux mesures que vous préconisez sont à mon sens scandaleuses :
    Refuser les formations de « gestion de la violence » qui relèvent de l’idéologie anti-thérapeutique actuelle (cf. rapport de l’IGAS)
    Lamentable : parlez en aux victimes de violences (patients ou personnels)
    Refuser d’organiser des « distractions » comme l’a proposé le Rapport de l’I.G.A.S du 31 mai 2011. Mais lutter pour instaurer et continuer les activités thérapeutiques, les ateliers de création. Nous sommes des soignants, pas des animateurs télés, ni des gentils organisateurs de clubs de vacances.
    Lamentable : L'ennui est l'une des plus grandes plaintes des patients à l'hôpital et l'un des facteurs qui incitent le plus à fumer. Quel est donc la limite entre thérapeutique et distraction? L'art est il avant tout thérapeutique ou distractif? L'exercice physique est capital pour les patients. Mieux vaut un géo club med que rien du tout…

  7. Voir aussi à ce sujet l'analyse suivante de la situation créée sur: http://psychiatrie.crpa.asso.fr/129 /
     
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    C.R.P.A. (Cercle de Réflexion et de Proposition d’Actions sur la psychiatrie). Association régie par la loi du 1er juillet 1901.
    14, rue des Tapisseries, 75017, Paris. Tel : 01 47 63 05 62.

    Courriel : andre.bitton2@orange.fr / Site : http://crpa.asso.fr
    Représentée par son président : André Bitton (même adresse).  

    André Bitton.                                                           Paris, le 28 juin 2011.
    Suite au rassemblement du samedi 25 juin 2011, place de la République à paris, organisé par le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, ainsi que par le collectif Mais c’est un homme, contre la nouvelle loi régissant le champ de la contrainte psychiatique à dater du 1er août 2011 adoptée dans des conditions assez rocambolesques dans le genre. Ci après notre analyse :
    Je me permets l’analyse suivante de la situation actuelle créée par la nouvelle loi en date pour l’instant du 22 juin 2011 :

    Nous vivons actuellement et une contre réforme psychiatrique accentuant l’arsenal répressif psychiatrique et une révolution psychiatrique à la française, de nature juridique, qui va trouver son développement d’ici 1, 2 ou 3 ans. L’unification du contentieux de l’internement psychiatrique vers la juridiction judiciaire en 2013 va très certainement provoquer une explosion en nombre de ce type de contentieux.
    N.B.1o) : la judiciarisation de part en part du système de la contrainte psychiatrique sera effectif probablement d’ici 1 à 2 ans du fait de l’encadrement progressif des modalités administratives non encore judiciarisées par la jurisprudence.

    N.B. 2o) : Nous allons connaître une nouvelle réforme parlementaire au moins partielle, de ce système, d’ici 1 an sans doute, du fait de l’ouverture laissée aux questions prioritaires de constitutionnalité par les parlementaires de l’opposition de gauche qui ont décidé, à notre demande, de ne pas saisir actuellement par voie parlementaire le Conseil Constitutionnel, laissant ainsi la porte ouverte aux procédures judiciaires individuelles en anti constitutionnalité de la nouvelle loi articles par articles, sur QPC (Questions prioritaires de constitutionnalité).
    Ces deux pôles donc (contre réforme sécuritaire, et révolution juridique – à développer) se contrarient d’ores et déjà et font système. Notre système psychiatrique de la contrainte est devenu un système mixte : médico-administratif et judiciaire. L’Histoire a avancé ces derniers mois, également pour la psychiatrie française, dont le retard était évident, avéré.


    A noter que le secteur psychiatrique vient d’exploser, au niveau du cadre légal, et qu’indifféremment des structures privées aussi bien lucratives que non lucratives, pourront sur habilitation des Agences régionales de santé, gérer des mesures psychiatriques de contrainte. Un combat politique et légal très important est donc à livrer pour les syndicats de professionnels sur le terrain de l’exercice des missions de service public et des habilitations aux prérogatives de puissance publique. En effet, il serait pour le moins incongru que les patients et leur famille, aient à payer comptant, ou forfaitairement, des pratiques de contrainte qui forment un exercice de la puissance publique, et qui doivent s’appliquer à titre gratuit. Il est déjà anormal que les personnes placées d’office ou à la demande d’un tiers aient à acquitter un forfait journalier. La Chine fait bien payer aux familles de ses condamnés à mort les balles de fusil qui ont tué leur parent ! …


    Je signale également aux syndicalistes des professions psychiatriques, que leurs syndicats peuvent s’engouffrer dans la brèche laissée ouverte des Questions prioritaires de constitutionnalité, et, à l’occasion de tel contentieux précis, par exemple en excès de pouvoir devant le Tribunal administratif sur tel point d’application de la nouvelle loi, introduire une question prioritaire de constitutionnalité sur les articles en jeu de la nouvelle loi, pour tenter de passer le premier filtre vers le conseil d’état. Puis ce filtre du conseil d’état pour déboucher devant le Conseil constitutionnel en anti constitutionnalité de telle disposition. Par exemple sur la privatisation du système.


    Le système de cette lutte juridique subversive, à fin de révolution réformiste, se mettait progressivement sur pieds sous la houlette du très regretté Philippe Bernardet (sociologue, décédé prématurément en 2007), en 1990 quand je suis rentré au GIA (Groupe Information Asiles), dont Philippe Bernardet dirigeait la commission juridique, et les axes propagande. Nous pensions alors que sous les doubles coups de boutoir des jurisprudences de droit interne et de celles de la Cour Européenne des droits de l’Homme, sur le terrain des internements arbitraires, abusifs et illégaux, le système prendrait voie d’eau sur voie d’eau, et que la France serait contrainte de réformer son système en le judiciarisant. Cela commence à être fait. Mais contrairement à ce que pensait Ph. Bernardet et nous avec lui, ce n’est pas venu de la Cour européenne des droits de l’homme, mais du Conseil constitutionnel, et donc de la réforme de la saisine de cette juridiction constitutionnelle en juillet 2008, par N. Sarkozy d’ailleurs.
    Pour mémoire, voir à ce sujet de Philippe Bernardet : Les dossiers noirs de l’internement psychiatrique, Fayard, 1989, épuisé (voir Livres rares sur Internet) ; ainsi que, chez Eres, collection dirigée par Claude Louzoun, l’excellent : Psychiatrie, droits de l’homme et défense des usagers en Europe, avec la collaboration de Corinne Vaillant et Thomaïs Douraki, 2002, qui reste d’actualité.
    N.B. : Je parle bien ici du Groupe Information Asiles (GIA) ancien, tel qu’il fut longtemps dirigé par Philippe Bernardet dans le cadre de la commission juridique de cette époque (1982-1992 et suites jusqu’en 2000) et tel que je l’ai systématisé jusqu’en 2010, et non de ce qu’il est devenu depuis la scission du CRPA de décembre 2010.
     
     

  8. Je tiens à dire que, pour ma part, je remercie vivement le Collectif des 39 de s'être clairement positionné sur une ligne de résistance, et que j'adhère à leur programme de lutte.

  9. @Maboule
    Cher chef scout, toujours prêt, totem DocteurMaboule
    Pouvez-vous me dire, si le médecin et l'infirmière des villages vacances du club méditerranée font aussi les gentils organisateurs? J'en doute fort. Et même les gentils organisateurs des club med font-il aussi l'animation de la salle de gym, ou de la planche à voile, ou que sais-je encore.
    Et non on n'est pas chez les scouts, toujours prêt ou tout le monde fait tout, il faut grandir totem DocteurMaboule, on est dans le monde réel.
    Ensuite refuser d'entrer dans la spirale infernale de la violence, pour finir comme à Pau la tête coupée, ça me parait de la plus grande sagesse. Et l'étape après ce sera quoi? Le Taser? Vous êtes un dangereux irresponsable, une sorte de collabo, puisque c'est ainsi il n'y qu'à faire comme.
    Bon pour le reste je ne sais pas quoi dire. Trop intelligent pour moi sans doute.
    Enfin quelques maximes scouts pour grandir notre idéal:

    « L'oisiveté rend fou. Il ne suffit pas de manger pour vivre, mais il faut se sentir utile. »
    « Un sourire coûte moins cher que l'électricité mais donne autant de lumière. »
    « Il ne faut pas attendre d'être parfait pour commencer quelque chose de bien.
     
    Compris les 39 et que ça saute….

  10. Je ne suis ni un "collabo", ni un sympathisant nazi.
    Je vous prie donc de vous calmer et de mesurer l'ampleur de vos accusations. Si vous n'en êtes pas capable, j'espère que quelqu'un aura la lucidité de vous raisonner.

  11. bonsoir,
    Un après midi, samedi, radieux,du sérieux , de l'humour, du collectif…
    Quoi de plus ?
    Un moment qui rappelle les mouvements des années 70….
    Ringard…NON… Une impression que l'idée de se battre est encore possible.
    Bravo aux organisateurs et aux photographes.
    La lotta continua…
    Yves de l'espinay
    Formateur en soins psychiatriques. 

  12. Non non chef scout totem docteurmaboule, je n'ai pas parlé de nazi, j'ai parlé de collabo avec le système en place. D'autre part si vous faite référence au collabo sous le régime nazi, il n'était même pas nazi, non juste puisque le système est ainsi on collabore.sans le remettre en question. Voilà c'est tout.
    Maintenant, la loi étant voté vous avez à attendre jusqu'au 01/08/2011 pour rédiger un certificat, ça fera toujours 72 heures de garde à vue et peut-être même 15 jours d'hospitalisation, pour m'apprendre à réfléchir.

  13. Oh oui c'est vrai, le terme "collabo" est vraiment galvaudé. Comment se fait-il que j'y ai vue une allusion au nazisme alors qu'il n'y a aucune raison et que ce n'était surement pas votre intention. Je devrais peut-être m'excuser auprès de vous pour avoir osé insinuer de telles accusations de votre part (vous prenez vraiment vos contradicteurs pour des imbéciles profonds)…

  14. Oui, oui ,c'est vrai ce terme renvoi à ce que vous dites, les nazis, mais j'ai bien spécifié dans mon commentaire précédent que ce n'était pas mon sujet. Voilà. Je ne peux pas mieux dire. Ceci étant dit les unités médicalisées spécialisées me parait un bien bien jolie terme comme notre société sait en trouver pour cacher un acte de barbarie. Mais là encore je vais me faire agonir, je n'en dirait donc pas plus

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