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montage lepeps, 29 janvier 2002    
La Popote des Ailes aujourd'hui    

La Popote des Ailes, ses pilotes, ses amis, son histoire

Extrait du livre de Gaston DECOOP (l'infatigable, 1899-1989)
Avant-propos   
1- Les essais en vol à Villacoublay
2- Le restaurant de la rue de Jouy, à Viroflay    
3- L'hôtel Moderne    
4- La Popote des Ailes         
5- Henriette Puyade
6- Les Présidents successifs de la Popote ( sera actualisé) 

    AVANT-PROPOS                                              

C’est le lieutenant DANTAN qui, en 1929, proposa le nom de POPOTE DES AILES au bistrot tenu par les époux PUYADE depuis 1927, où se retrouvaient ceux qui dans leur travail se côtoyaient sur les terrains d’aviation de Villacoublay.
Ce bistrot, l’Hôtel Moderne, situé rue de Jouy à Viroflay, avait été auparavant la propriété de Louis RAMONDU, chef de la « Spéciale » (l’atelier prototype) chez Breguet, qui l’avait acheté en 1920. Il était situé non loin de la gare de Chaville et ceci explique sa fréquentation assidue par ceux des Essais en Vol
La gentillesse de madame Henriette Puyade, vite surnommée « Mémère » fit de tous les habitués de cet établissement une véritable famille  
Nous savons qu’un banquet avait été organisé en 1928 pour fêter le tour du monde de COSTES et LE BRIX exécuté entre le 10.10.27 et le 14.04.28.
En réalité le restaurant de la rue de Jouy était depuis longtemps la popote de ceux, navigants ou rampants, dont l’activité permanente ou temporaire se situait sur les terrains d’aviation de Villacoublay.  
C’est en 1911 que l’Administration des Domaines acheta les terrains de Villacoublay que l’Armée occupa pour effectuer les réceptions d’avions.
En 1914, au début de la guerre, Louis Breguet replia ses ateliers de Douai à Villacoublay.
En 1915 une Section des Essais en Vol fut créée, elle dépendait du Service Technique de l’Aéronautique.
En 1925 création de la Commission d ‘Admissibilité et du Groupe des Avions Nouveaux : Le GAN (essais des avions militaires).
En 1933 fusion de la Section des Essais en Vol et du GAN.
Gaston DECOOP dans son livre « LA POPOTE DES AILES – SES PILOTES – SES AMIS – SON HISTOIRE » confirme que dès 1921, année où il arriva chez Breguet, ils étaient nombreux, ceux des Essais en Vol, à se retrouver autour de la même table à l’Hôtel Moderne de la rue de Jouy.
On ne sait pas grand-chose de la période antérieure sauf que sur le Livre d’Or de la Popote Lionel de MARMIER écrivit le 4 juin 1931 : «J’ai battu mon dernier record. J’ai revu, sans être déçu, ce que j’avais connu à vingt ans, et cela quinze ans plus tard. ».
Ce Livre d’Or ouvert en 1930 porte en première et deuxième signatures celles de Dieudonné Coste et de Paul Codos qui venaient de battre le record de distance sur Paris-Raÿak, en Syrie.
L’inspecteur général ETEVE écrivit à Gaston DECOOP être passé pendant la guerre de 14-18 à l’établissement qui devait devenir la Popote des Ailes.
Vint la seconde guerre mondiale avec l’armistice. Après l’armistice Maurice Claisse écrit : «  Aujourd’hui 1er août, tout seul, je rouvre la Popote. Vivent les Ailes Françaises »
Le jeudi 12 septembre 1940, première réunion : 11 signatures.
Puis c’est la mise en sommeil, longue ! très longue !
Quatre ans plus tard, le 1er août 1944 Mémère colle la photo de Maurice Claisse et écrit dessous : « Colonel Claisse des F.F.L., retour d’Angleterre. »
12 septembre 1944 : première vraie Popote après la libération.  
En 1955, Mémère fatiguée met la Popote en gérance puis la vend en 1957. Elle fonctionnera jusqu’en 1983 puis sera rouverte en 1985, toujours dans la même salle qui l’abritait depuis ses débuts. Toutes les photos des anciens, dont beaucoup sont dédicacées, longtemps perdues puis difficilement récupérées, décorent à nouveau les murs.
En 1989 le propriétaire du restaurant vend son affaire à un promoteur. Le nom « POPOTE DES AILES » disparaît avec la licence d’exploitation. L’amicale devient : «AMICALE DES POPOTES DES AILES » et se réunit désormais chaque 1er jeudi du mois à la Chaumière, 3 avenue de Versailles à Viroflay, un lieu bien connu des anciens qui s’y réunissaient déjà avant la guerre 39/45, comme l’attestent les archives départementales à Versailles, lorsqu’ils étaient trop nombreux pour se réunir  chez Mémère.

Voir aussi La Popote des Ailes ses pilotes, ses amis, son histoire
Auteur : Gaston DECOOP
Editeur : Amicale des Anciens des Essais en Vol
Année : 1990 
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   1-les Essais en Vol à Villacoublay  

L’on peut dire qu’aux tous débuts de l’Aviation, tout se faisait par tâtonnement ; les constructeurs, en général, essayaient les avions de leur conception ; des pilotes particuliers rendirent également de grands services ; des succès comme des échecs de tous, furent tirées les premières lois expérimentales de l’aérodynamique. 
Dès 1910, après la grande semaine de Reims, l’armée passa une importante commande d’avions, ce qui posa le problème de leur réception. Deux centres furent créés à Chalais-Meudon et à Vincennes ; De leur collaboration avec l’Institut Aérotechnique de Saint-Cyr sortirent les premières méthodes scientifiques qui devaient donner des résultats d’essais en soufflerie et en vol. 
En 1911 l’Administration des Domaines achète les terrains de Villacoublay que l’armée occupe pour effectuer ses réceptions. Un décret du 25 novembre 1911 crée un brevet de pilote exigeant deux circuits fermés d’au moins 5 km, une montée à 50 m et un atterrissage moteur coupé. De plus, un règlement prévoit, pour la réception des avions destinés à l’armée, l’exécution de trois atterrissages, deux heures de vol à pleine charge, sous contrôle militaire. 
Les constructeurs sont amenés à faire appel à des pilotes d’essais qui assurent la mise au point des avions et leur présentation aux acquéreurs. Le champ des essais en vol est alors surtout d’éviter la chute. 
Un peu plus tard, sont entreprises des recherches plus méthodiques et plus précises qui tendent à pouvoir comparer les résultats des vols avec ceux établis en soufflerie. 
De 1911 à 1914, le développement de l’Aviation s’accélère, fin 1913, le record de vitesse est porté à plus de 200 km/h et celui d’altitude à           6.150 m. 
A la déclaration de guerre en 1914, Louis Breguet replie ses ateliers de Douai à Villacoublay, l’invasion du nord de la France par l’armée allemande étant à redouter ; d’autres constructeurs tels Nieuport viendront s’y installer pour la réception de leurs avions, au cours de la guerre. 
Les pilotes d’essais, d’abord mobilisés, seront bientôt rendus à leur métier. 
En 1915, le ministère de la guerre, auquel était rattachée l’aviation militaire, crée à Villacoublay une Section des Essais en vol dépendant du Service Technique de l’Aéronautique. Son rôle sera de contrôler les performances ( temps de montée, vitesses en paliers à diverses altitudes, plafond ) des avions français à livrer à l’armée comme des avions allemands capturés. 
A l’armistice ( 1918 ), l’aviation avait fait des progrès considérables quant aux performances ; mais on ne savait pas encore mesurer les qualités de stabilité, de manœuvrabilité et de maniabilité ; selon l’expression consacrée « on pilotait aux fesses » : le pilote sentait l’avion comme le cavalier le cheval. 
La Section d’Essais semble avoir été en sommeil de 1918 à 1920. 
Elle se développera à partir de 1920 grâce au concours d’un personnel navigant et technique de haute qualité, dont l’effort se portera sur l’amélioration de l’instrumentation (mensuration, pesée, mesure des températures en altitude, installation d’appareils enregistreurs à bord des avions). Un bureau de calculs bien étoffé tirera les conséquences des mesures effectuées. 
En 1925, verront le jour une Commission d’Admissibilité des Prototypes et un Groupe des Avions Nouveaux (le G.A.N.) chargé des essais d’utilisation militaire. La Section voit alors son rôle de contrôle s’accroître d’un rôle de mise au point. 
En 1933, la Section et le G.A.N. pour former le Centre d’Essais en Vol (le C.E.V.). C’est alors que seront définies les caractéristiques de qualités de vol, stabilités longitudinale et transversale, par des méthodes précises et scientifiques, et assurée une mise au point des moteurs en vol (refroidissement, mesure de leurs performances en altitude pour les premiers moteurs à compresseurs). 
Le C.E.V. était devenu le conseil des constructeurs, dont les équipes de mise au point au sol et en vol appliquaient ses méthodes avant de lui passer en mains les prototypes. Les personnels des deux bords, civils et militaires, lièrent amitié au cours de ces années et se retrouvèrent chaque jour pour déjeuner au restaurant de Viroflay, alors devenu « La Popote des Ailes ». 
De 1936 à 1938, arriva une nouvelle génération d’avions, celle qui devait faire la guerre, porteurs de nouveautés telles que : habitacle fermé, train rentrant, hélices à pas variable, moteurs à compresseurs. 
Le Centre prit alors le titre de C.E.M.A. (Centre d’Essais du Matériel Aérien). Il se replia en 1939, à la déclaration de la seconde guerre mondiale, sur le terrain d’Orléans-Bricy. 
En 1940, après la foudroyante avance de l’armée allemande ; la Luftwaffe prit possession du terrain. 
C’en était fini de Villacoublay, le C.E.V. devant se reformer à Brétigny sur Orge après la guerre.
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    2-Le restaurant de la rue de Jouy, à Viroflay   

Nous n’avons guère de renseignements sur cette maison quant à la période antérieure à 1920. Comment s’appelait-elle ? Qui en était 
propriétaire ? Nul ne peut le dire. 
Quelques témoignages nous révèlent seulement qu’elle existait. 
– Sur le Livre d’Or de la Popote des Ailes (nous en parlerons), Lionel de Marmier écrit, le 4 juin 1931 : «J’ai battu mon dernier record. J’ai revu, 
sans être déçu, ce que j’avais connu à vingt ans, et cela quinze ans plus tard.» 
Jean Martin, une très Vieille Tige, dit-il, relate sur le même livre : «Dire qu’en 1916 je suis venu déjà à la Popote des Ailes et qu’il a fallu 
attendre 1932 pour reprendre un contact charmant avec les meilleurs camarades ! ». 
– Nous savons aussi que, pendant la Grande Guerre, René Labouchère, pilote de l’Antoinette en 1909, ramena du front à Villacoublay, pour 
étude et essais, un avion allemand qui s’était posé intact dans nos lignes, et qu’à la fin du conflit il était chef du Centre d’Essais. Il fréquenta 
la Popote. 
– L’inspecteur général Etévé, capitaine à l’époque, m’écrivit, un jour, qu’il était passé, pendant cette même guerre, à l’établissement qui devait 
devenir bien plus tard la Popote des Ailes. 
Louis Breguet, Edouard Nieuport aussi, occupaient des hangars à Villacoublay, les frères Morane avaient leur terrain de l’autre côté de la 
route de Choisy le Roi à Versailles.
 
 Ce haut lieu de l’Aviation fut donc alors au moins un embryon de terrain d’essais. Tous les gens qui s’y côtoyaient se connaissaient, bien 
sûr, il n’est pas défendu de supposer, d’après les témoignages précités, qu’ils se rencontraient à la maison de Viroflay, ils la connaissaient en 
tout cas.
 
Quel fut son rôle exact ? Je ne vois personne qui pourrait éclairer nos lanternes.
Par contre arrivé chez Breguet début 1921, je puis personnellement parler avec certitude de ce qui se passa à partir de cette date.

 

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   3- L’Hôtel Moderne  

EN 1920, Louis Ramondou, chef de la « Spéciale » chez Breguet - nous dirions aujourd’hui l’ « Atelier prototypes » - acheta cet hôtel à l’enseigne Hôtel Moderne, rue de Jouy, à Viroflay, que géra son épouse et qu’égayèrent leurs deux filles, Marceau (16 ans) et surtout Simone (10 ans) dite Chipette, et pour cause.
Ramondou, baptisé « Olive » de par son accent caractérisé, draina aussitôt les navigants et cadres des Ateliers d’Aviation Louis-Breguet, puis, les relations avec les militaires aidant, ceux-ci suivirent.
Tous les jours donc, tous les soirs aussi pour les pensionnaires, tout le monde se retrouvait à la même table et, bien vite, l’esprit de l’Escadrille, né au cours de la guerre 1914-1918, renaquit : esprit de franche camaraderie, de solidarité et de gaîté que Merotte (ainsi était surnommée Mme Ramondou) et ses filles cultivèrent à merveille, le tout agrémenté d’un art culinaire qui eut tôt fait d’engendrer une brillante renommée. Des navigants et cadres d’alors, bien des noms me reviennent en mémoire. Je ne les citerai pas par crainte d’en oublier quelques-uns. Mais qu’importe ? L’essentiel est de savoir qu’ils ont tous été les pionniers des Essais en Vol, à une époque où le premier décollage d’un prototype était un moment solennel et angoissant, où la recherche des qualités de vol et les défauts d’une machine était particulièrement dangereuse. Il fallait découvrir en l’air ce que, de nos jours, on perçoit au sol avec les simulateurs, les essais de vibrations et tous autres moyens modernes qui font qu’un équipage d’essais peut prévoir pour une grande part ce que donnera le vol.
Presque tous étaient de grands pilotes qui s’étaient illustrés au cours de la guerre; plusieurs d’entre eux devaient devenir pilotes de raids et de records mondiaux, devant témoigner, outre la compétence, d’un courage hors pair, d’une endurance souvent surhumaine. Coste et Bellonte ne devaient-ils pas, un jour, devenir les vainqueurs de l’Atlantique nord dans le sens Paris-New York ?
Tous ces garçons avaient choisi de tirer d’une machine son maximum afin d’assurer dans toute la mesure possible la sécurité à ceux qui, après eux, prendraient en mains, en utilisation normale, les avions de série.
Malgré les risques encourus (c’était le lot quotidien), trop souvent aussi les pertes si cruelles, régnait une ambiance de joie pure et , tout naturellement, de grande fraternité. Tout alla bien ainsi jusqu’en 1925, date à laquelle les Ramondou cédèrent le fond à un restaurateur, boulanger de son métier, qui fit de mauvaises affaires, provoquant la dispersion des habitués.
Avant de clore ce chapitre, quelques lignes s’imposent quant à la personnalité de Ramondou.
Né en 1883 à Toulouse, on le trouve, dès 1909 comme metteur au point à la société Gnôme et, comme tel, il soigne le moteur rotatif monté sur les aéroplanes de diverses marques. A ce titre il participe à toutes les grandes manifestations aéronautiques de l’époque (grandes manœuvres et circuit de l’Est en 1910, concours d’avions militaires en 1911, meetings aériens, etc.). Mobilisé en 1914, il est affecté au Camp retranché de Paris, puis à l’escadrille MF-22 avant sa mutation à Clermont-Ferrand où s’organise la fabrication de la série d’avions Breguet-Michelin.
La guerre terminée, il rentre aux Ateliers d’Aviation Louis-Breguet, a Villacoublay, comme chef d’atelier de la « Spéciale », dont nous avons parlé antérieurement. C’est là qu’il donnera toute sa mesure dans la préparation et la mise au point des prototypes et des avions destinés aux grands raids, dont dépendront les succès les plus retentissants de cette grande époque : Paris-Dakar, Paris-Tokio, Paris-Varsovie, Paris-Pekin, Paris-Omsk, etc., pour finir par le Point d’Interrogation de Costes et Bellonte.
En 1930, il part chez Devoitine, à Toulouse, sur les instances de Marcel Doret, pour diriger la mise au point du Trait d’Union, qui devait s’abîmer dans l’Oural, entraînant la mort de Le Brix et Mesmin.
En 1933, il remonte à Paris, chez Caudron-Renault (rattaché en 1937 à la S.C.A.N. lors de la nationalisation - à votre attention ==> CONFUSION - ), ou il assure la réalisation de la famille des avions racers conçus par un ingénieur de talent, aérodynamicien distingué universellement connu, Marcel Riffard, qui devait apporter à nos Ailes de prestigieux records et dont les inventions portent encore la marque sur les avions modernes.
Il était officier de la Légion d’Honneur en 1949 et mourut en1951.                      
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   4-La Popote des Ailes 

1927 ! C’est le rachat de l’hôtel par Henriette Puyade et son époux ; Les débuts sont loin d’être brillants. 
Antérieurement, Mme Puyade tenait un restaurant à Boulogne-Billancourt où déjeunaient les ingénieurs des usines d’aviation et des fabriques d’équipements (Farman, Air-Equipement, etc.),dont Malfanti, dit « Fanfan », représentant la société Air-Equipement auprès des constructeurs et des utilisateurs, ancien pilote de ligne estropié à la suite d’un accident d’avion. 
Un jour, descendant de Villacoublay, il s’arrêta à l’Hôtel Moderne pour prendre un pot. Oh ! surprise ! il y trouva Mme Puyade. 
« Tiens, dit-il que fait-tu ici ? Eh bien ! répondit-elle, nous avons repris ce restaurant, mais la Maison est tombée et nous avons bien du mal à relancer l’affaire. » 
Fanfan battit le rappel auprès de ses relations à Villacoublay, tandis que Mme Puyade, parallèlement avait sollicité l’aide de Mme Ramondou qui, très aimablement, s’était mise à sa disposition quelques mois durant. 
Petit à petit, la clientèle de Villacoublay redescendit à l’heure du déjeuner, la bonne cuisine et les attentions de l’hôtesse aidant, la Maison refit surface. 
Un premier banquet se situe en 1928 ; il avait pour objet de fêter le tour du monde que Costes et Le Brix venaient de réaliser à bord du Breguet Nungesser et Coli entre le 10 octobre 1927 et le 14 avril 1928. Il comptait 46 couverts et fit grand bruit à l’époque. La famille Ramondou était présente. 
Il devait être suivi de bien d’autres agapes, au cours desquelles le record des 46 couverts fut largement battu. L’ère des grands raids et des records mondiaux devait, en effet, nous fournir bien des occasions de réjouissances. Dans le langage courant, l’Hôtel Moderne était devenu « Le Bistrot », tandis que Mme Puyade avait été baptisé « Mémère ». 
En 1929, le lieutenant Dantan, du C.E.M.A. (Centre d’Essais du Matériel Aérien), proposa pour le Bistrot le nom patronymique de « Popote des Ailes ». Ce titre, moins prosaïque, eut le don de plaire et réunit l’unanimité dans l’enthousiasme. 
Mémère qui nous comblait de ses attentions et veillait avec un soin jaloux à notre confort alimentaire, n’avait rien à refuser à ceux qu’elle appelait « ses petits », et qu’elle traitait comme ses propres enfants ; l’enseigne fut bientôt mise à jour…et cela s’arrosa. 
En 1930, à l’instigation Gustave Lemoine, dit « Tatave » pilote d ‘essais aux avions Potez et recordman du monde d’altitude avec 13.161 m Mémère ouvrit un Livre d’Or. 
La première signature fut celle de Dieudonné Costes, le futur vainqueur de l’Atlantique Nord dans le sens Paris-New York, suivie de celle de Codos. En équipage, ils venaient de battre le record de distance (partis de Paris, ils s’étaient posés à Rayak, en Syrie). Que de dédicaces ! Que de signatures illustres d’aviateurs du monde entier, de ministres, de sénateurs, de députés, d’artistes célèbres ont rempli les feuillets suivants ! Que de Disparus aussi ! 
Vint la seconde guerre mondiale avec l’armistice. Après celui-ci Maurice Claisse écrit : «  Aujourd’hui 1er août, tout seul, je rouvre la Popote. « Vive les Ailes française. ». 
Le jeudi 12 septembre 1940, première réunion : 11 signatures. 
Puis c’est la mise en sommeil longue !… longue ! Mémère s’éclipsa et se retira à Michery (Yonne), son village natal. 
Quatre ans plus tard, le 1er août 1944, Mémère colle la photo de Maurice Claisse et écrit dessous : «  Colonel Claisse, des F.F.I., retour d’Angleterre. ». 
Le 12 septembre 1944, on lit ces lignes suivies de nombreuses signatures : « La première vraie Popote après la Libération : le souvenir des Disparus si chers, le plaisir de retrouver les gueules amies et la joie de voir la Mémère rester notre Mémère et nous accueillir. ». 
En 1955, Mémère, fatiguée, met la Popote en gérance, elle la vend en 1957. Elle s’était retirée à Michery. 
L’affaire continua à tourner avec le successeur jusqu’en 1964, date à laquelle elle fut à nouveau mise en vente ; puis elle passa entre les mains d’une série de propriétaires, subissant plus ou moins d’aventures, dont la plus grave fut sa fermeture en 1983. 
Le 2 octobre 1969 avait lieu le repas du quarantenaire de la Popote des Ailes (nous rappelons que c’est en 1929 qu’elle avait reçu ce nom de baptême) M. et Mme Puyade étaient invités, et Micheline Sandrel avait fait un enregistrement remarquable qui fit l’objet d’une émission télévisée. 
En 1985, la Popote rouvrit ses portes, la tradition s’y poursuit : les anciens, auxquels se sont joints de moins anciens assurant la relève, s’y retrouvent le premier jeudi de chaque mois ; chansons et bonnes histoires s’y entendent à nouveau, dans cette même salle qui nous fut réservée jadis ; les murs sont à nouveau revêtus des photos dont chacune avait été dédicacée à Mémère (photos qui avaient un jour disparu, puis furent récupérées non sans mal). 
Le 15 juin 1985, une plaque commémorative, apposée sur le mur de façade, a été dévoilée en présence de M. Wagner , sénateur-maire de Velizy-Villacoublay, de M. Martin, maire de Viroflay, et du colonel commandant la base de Villacoublay représentant le général commandant la 2ème Région Aérienne.  Elle rappellera au passant ce haut lieu de l’Aviation que fut Villacoublay, comme le souvenir de ceux qui y préparèrent l’Aviation d’aujourd’hui.                                       
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      5-Henriette Puyade    

Si l’origine du premier rassemblement de navigants de Villacoublay à la Maison de Viroflay revient, nous l’avons vu, à Mme Ramondou et tint bon pendant cinq ans, c’est à Mme Puyade que l’on doit la création de la Popote des Ailes, à laquelle elle a d’ailleurs consacré trente années de sa vie. 
Ce fut une femme extraordinaire de bonté et de dévouement. Si la grande famille des anciens des Essais en Vol était déjà empreinte d’une franche camaraderie, il n’en est pas moins vrai que Mme Puyade sut maintenir cet état de chose « qu’aucune différence ne les séparât jamais », tous étaient simplement des aviateurs qu’elle réunissait sous le vocable « ses petits ». 
Elle les accueillait comme ses fils, sachant tenir leur moral dans les moments les plus douloureux, soulageant les infortunes, entourant de son affection veuves et orphelins. 
La salle à manger, à eux réservée, était tapissée de leurs photographies, celles des Disparus occupant les rangs supérieurs. Ainsi chacun vivait, face au destin, dans le souvenir de ceux qui n’étaient plus. 
Quand l’un d’entre eux tombait en service aérien, elle, que sa bonté légendaire avait fait appeler « Mémère », assistait aux obsèques, elle versait toutes les larmes de son corps en suivant la dépouille du « Petit » qui s’en était allé au Paradis des Aviateurs. Mais jamais elle ne ferma la Popote un jour d’enterrement : la vie continuait, il fallait garder haut le moral, et elle y tenait la main. 
Sachant prendre part aux échecs et aux deuils, elle savait aussi partager joies et succès. Qui de ceux qui les ont vécus pourrait oublier les banquets qui suivaient les grands raids, les records, l’attribution d’une croix de la Légion d’Honneur ou d’une Médaille de l’Aéronautique. La table était joyeuse, toujours bien garnie, la cuisine excellente, les prix plus que modiques. Jamais elle ne réclama la note à la famille d’un défunt. La pauvre Mémère ne fit pas fortune. 

Douée d’une intelligence et d’une finesse d’esprit qui n’avaient d’égale que sa simplicité, elle avait des réparties naturelles pleines d’humour. Ali Khan vint un jour à la Popote ; pour la taquiner, on lui demanda sous quel vocable elle allait l’appeler : Majesté ? Excellence ? Elle répondit :  « Pour moi, ce sera « mon Petit » comme les autres. ». Ainsi fut dit, ainsi fut fait. Ali en fut ravi. 
Son dévouement à l’Aviation lui avait valu la Médaille de l’Aéronautique. Elle la reçut le 14 janvier 1949, des mains de Clostermann (grand as de la guerre 1939-1945), avec la mention suivante: 
«A fondé la Popote des Ailes en 1929, depuis vingt ans, s’est consacrée entièrement au bien-être du personnel navigant d’essai, à qui elle n’a jamais cessé de témoigner un dévouement sans égal. En toutes circonstances, même les plus douloureuses, elle a toujours su être présente non seulement en apparence, mais avec son cœur. Elle a pleinement justifié son titre de « Mémère » qui l’a rendue célèbre dans toute l’Aéronautique. Les services qu’elle a rendus pour maintenir l’allant et la bonne humeur dans un métier difficile et dangereux valent largement cette distinction». Quand on lui apprit qu’elle allait recevoir cette distinction, elle crut tout d’abord à une plaisanterie ; grande fut son émotion lorsqu’elle réalisa. 
Comme nous l’avons dit précédemment, c’est en 1930 qu’elle ouvrit un Livre d’Or ; Tous ceux qui sont passés à la Popote y ont déposé dédicaces, poèmes, dessins et signatures. Les plus grands noms de l’Aéronautique mondiale, voire même les astronautes d’Apollo XI, y ont couché. De grandes vedettes du théâtre et de la chanson y ont marqué leur passage ; des ministres, des députés, de grands chefs militaires. Tous goûtaient à la Popote cette chaleur humaine qui se dégage de la grande famille de l’Air, que Mémère savait si bien cultiver. 
Son Livre d’Or fut son compagnon jusqu’à son dernier souffle, le lisant, le relisant chaque jour. Véritable chapitre de l’Histoire de l’Aviation, aujourd’hui au Musée de l’Air grâce à notre ami Jean-Marie Imbert qui en était le dépositaire. 
Au mois d’août 1976, Mémère perdit le compagnon de sa vie. Toute jeune, elle l’avait épousé ; ensemble ils avaient parcouru un long chemin parsemé d’épreuves. 
Vingt ans durant, avec un courage et une abnégation qu’on ne saurait trop admirer, ils avaient gravi un douloureux calvaire en élevant un fils que la nature avait marqué dès la naissance et que la mort leur ravit. 
Le départ de M. Puyade, « Pépé », fut un choc, cette fois trop dur à surmonter. Elle ne put s’en relever. 
Le 17 janvier 1977, aux premières du jour, sa belle âme s’envolait pour rejoindre celle de ses « enfants » qui l’avaient devancé dans l’Eternité. 
Le 20 janvier ses obsèques se déroulèrent – Ô combien émouvantes dans leur simplicité ! – en l’église de Michery (Yonne), où Monsieur le Curé de la paroisse et le Père Verger, Aumônier de l’Air, surent donner à la cérémonie une atmosphère de pieux recueillement et d’impressionnante grandeur. Le Père Verger, en une magistrale homélie, et avec tout son cœur, exprima ce que Mémère avait été pour « ses fils » et pour l’Aviation. 
Les fleurs envoyées par les « Ailes Brisées », les « Vieilles Tiges », les « Vieilles Racines » , encadraient le cercueil, sur lequel le général d’armée aérienne Pierre Bodet déposa la palme des Vieilles Tiges. L’Aéro-Club de France était représenté par son président, le colonel Duperier, ancien de l’escadron Noormandie-Niemen. 
Sur le chemin du cimetière, la Médaille de l’Aéronautique était portée par Georges Detré, la palme des Vieilles Tiges par Maurice Claisse, tous deux anciens pilotes d’essais et détenteurs de records mondiaux. 
J’eus l’honneur de rendre à Mémère un dernier hommage, m’exprimant en des termes :                         
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Adieux à Mme PUYADE     
notre « Mémère de la Popote des Ailes 

  6- Les Présidents successifs de la Popote (sera actualisée) 

Après le décès de son secrétaire Pierre GRENET le 23 novembre 1999, la Popote a perdu son président Louis BOURGAIN le 27 avril 2000. Une nouvelle équipe s’est mise en place pour perpétuer les traditions.
Président : Raymond de PHILIP : 01 46 57 34 99 et 06 84 61 79 79.
Secrétaire : Yannick ALFARO : 01 48 89 06 50.
(le James "Bond" de l'hélico en mission...
N’hésitez pas à les contacter pour rejoindre LA POPOTE
      
Les Présidents de la Popote furent :
Georges DETRE, Assisté occasionnellement par Marcel HAEGELEN et le commandant CANONNE, de 1933 à 1940.
Camille LEPLANQUAIS de 1940à 1945.
   ALBERT de 1945 jusqu’à sa mort en 1954
Camille LEPLANQUAIS de 1954 jusqu’à sa mort. en 1979.
Georges DETRE de 1979 jusqu’à sa mort en 1987
Le colonel René GERVAIS de 1987 à 1996
Le colonel Louis BOURGAIN de 1996 jusqu’à sa mort en 2000
Raymond de PHILIP depuis 2000  

    Les textes ci-dessus ont été transcrits par R.de Philip

 
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Maurice CLAISSE sur Br 690 en 1938. Retour page d'accueil.
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Dernière mise à jour/ latest updating  02 févr. 2009