Le versant sud de la colline de la Miotte accueille une pelouse sèche, milieu naturel caractérisé par une végétation herbacée basse et des buissons épars. Typique des coteaux calcaires au sol peu épais, où la roche affleure, cette pelouse abrite des espèces remarquables : les orchidées. L’Orchis bouffon et l’Orchis mâle, de couleur rose à violacé, sont les premières à fleurir.
Orchis mâle sur la pelouse de la Miotte La pelouse sèche
On reconnait les orchidées à leur tige unique terminée par une inflorescence formant un épi. Chaque fleur est fixée sur la tige par une partie verte souvent torsadée qui fait office de pédoncule. Ses pièces florales sont multiples de trois : trois sépales, trois pétales, mais la fleur se singularise par son pétale du bas qui diffère radicalement des deux autres par sa forme, parfois sa couleur et même sa texture. On nomme ce pétale : le labelle. Celui-ci est souvent prolongé vers l’arrière par l’éperon : un tube chargé de nectar, un régal pour les insectes ! Les étamines et le pistil sont entièrement transformés chez l’orchidée ; ils se soudent en un organe unique : la colonne ou gynostème portant deux petites massues de pollen agglutiné : les pollinies. L’ovaire du pistil est placé sous la fleur, c’est lui qui fait office de pédoncule. Il doit son allure torsadée à la position du labelle vers le haut dans le bouton floral. Juste avant l’éclosion, la fleur subit une torsion amenant le labelle vers le bas et entrainant l’ovaire dans son mouvement.
Les feuilles plus ou moins nombreuses, selon l’espèce, sont entières et leurs nervures sont parallèles.
L’origine de leur nom vient du grec Orchis et désigne le testicule. En effet pour beaucoup d’espèces, la partie souterraine est formée de deux tubercules arrondis aux formes évocatrices…
Ces explications sont nécessaires pour différencier les orchidées des autres plantes à fleurs et comprendre les techniques que leurs fleurs ont adoptées au fil de l’évolution pour mieux séduire les insectes et les envoûter… Ainsi en ont-elles décidé pour se faire butiner et, de ce fait, coller leurs pollinies sur le dos de l’insecte qui, attiré par une autre fleur, ira la féconder! L’objectif pour la fleur étant d’empêcher son auto-fécondation !
L’Orchis bouffon, Anacamptis morio ou Orchis morio
C’est l’une des plus précoces de nos orchidées. Elle pousse dès la fin mars sur des zones décalcifiées en surface. Robuste, trapue, son inflorescence possède cinq à vingt fleurs de couleur variable, violet, pourpre, parfois rosé. Cet orchis tient son nom latin de l’espagnol « morion » qui désignait le casque des fantassins de la Renaissance, ses trois sépales et ses deux pétales formant un casque veiné de lignes vertes ; celles-ci rappellent également les pantalons bouffants des bouffons, d’où son nom français.
Le labelle est découpé en trois lobes ; le lobe central, blanc ou très clair à sa base, est ponctué de taches rouge foncé. L’éperon est aplati et échancré à son extrémité.
Les feuilles sont disposées en rosette à la base de la plante et sont engainantes au niveau de la tige.
L’orchis mâle, orchis mascula
Son inflorescence est composée de nombreuses fleurs pourpre clair à rouge violacé.
Son nom est probablement dû à la forme de ses tubercules ou encore à son éperon dressé !
Les deux sépales latéraux sont déjetés vers l’arrière et forment, avec les deux autres pétales associés à un sépale, un casque à deux ailes comme celui de Mercure. Le labelle est trilobé, le lobe médian, plus long, est échancré. Une zone centrale blanche est maculée de ponctuations pourpre. Les feuilles disposées en rosette à la base sont souvent tachetées de noir et la tige est
teintée de rouge.
Par Agnès Greset