LE FUSIL SNIDER .577

 

Le fusil Snider fut surnommé « le tuyau à gaz » par les Anglais, en allusion aux canalisations de gaz installées dans les rues pour l’éclairage et le chauffage. Les canons des milliers de Brown Bess fabriqués pour vaincre la France avaient été filetés et assemblés bout à bout pour faire ces tuyaux. Les gaziers anglais ont longtemps été surnommés les « Assembleurs de canons de fusils ».

 

Le Snider, qui était une arme simple, robuste et précise, eut beaucoup de succès de 1866 à 1900. Il fut employé en Inde jusqu’en 1890, et au Canada jusqu’en 1900. En 1867, on livra dans ce dernier pays
30 000 Sniders longs, en 1871, 2 500 mousquetons de cavalerie, ainsi que des « Short Rifles » et des mousquetons d’artillerie. Au total, plus de 60 000 Sniders en 1875, utilisés notamment lors du raid des Fenians en 1870, et des rébellions de la Red River ( 1870 ) et du Northwest ( 1885 ).

 

Le Portugal, la Hollande, le Danemark, la Turquie, la Chine, le Tonkin et le Japon, l’utilisèrent également, ainsi que la France en 1870. A ce propos, on retrouve, dans les états des munitions de la Garde Nationale, la preuve qu’un assez grand nombre de Sniders était en service. Par ailleurs, les armuriers Anglais fabriquèrent de nombreux Sniders « civils », en général reconnaissables à leur finition plus soignée, et à l’absence de tenon de baïonnette.

 

1°) L’ARME – Selon P. MARCHAND – A. d. F. 2/95

“The Snider Enfield”, Charles J. PURDON – “The Military Arms of Canada”, The Upper Canada Historical Armes Society – “Le Tromblon”, N° 4, Février/Mars 1964 – “Gun Digest” 1963, 1964, 1966 – “List of Changes”, War Office, 7th. Dec. 1866, 22nd. March 1867, 31st. May 1867, 14th. Aug. 1867, 16th. Nov. 1867, 30th. Jan. 1868 – “Military Breech-loading Rifles and Boxer Ammunition”, Captains MAJENDIE and BROWNE, Wollwich 1869 – “Treatise on Ammunition”, Edition of 1877, 1888 & 1894, H.M.S.O. London.

 

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le système à culasse basculant latéralement ne fut pas inventé par Jacob SNIDER, un marchand de vin d’origine hollandaise, établi à Philadelphia. On trouve dans les musées des arquebuses du XVIe. siècle qui utilisaient déjà ce système, mais Mr. SNIDER a eu le mérite de le réaliser d’une façon simple et robuste, s’appliquant particulièrement bien à la transformation des armes se chargeant par la bouche. Le système Snider fut adopté comme système de transition le 18 Septembre 1866, par l’Angleterre, qui cherchait depuis 1864, comme d’ailleurs les autres nations, une arme tenant compte des progrès réalisés par le fusil Dreyse, et des expériences de la Guerre de Sécession ainsi que de la Bataille de Sadowa. Parmi les 50 systèmes proposés, 45 avaient été éliminés d’office ou retirés spontanément, et 5 essayés, dont 4 à amorçage séparé. Toutefois, la cartouche proposée par Mr. SNIDER provoquait des crachements, la « plaie » des premiers systèmes de chargement par la culasse, et le Snider ne fut vraiment au point qu’avec la nouvelle cartouche établie en 1867 par le Colonel Edward BOXER, Superintendant du Royal Laboratory.

 

Le principe de la transformation Snider, qui ne coûtait à l’époque que 12 Shillings et n’ajoutait que 170 Grammes au poids du fusil, est très simple. Il suffisait de couper 5 Centimètres du canon au tonnerre, de fraiser une chambre, et de visser un bloc fermé par une culasse mobile, portant le percuteur, basculant latéralement vers la droite pour permettre l’introduction de la cartouche. Cette culasse mobile était montée et pivotait autour d’un axe muni d’un ressort, qui permettait, en position ouverte, de la tirer en arrière, entraînant ainsi un extracteur qui ramenait l’étui vide dans le bloc. Il suffisait alors de retourner l’arme pour éjecter l’étui. La tête du percuteur était presque à l’emplacement de l’ancienne cheminée, la platine n’était pas modifiée, le chien seul très légèrement tordu. La culasse mobile était maintenue en position fermée par un verrou à ressort, logé dans l’ancien bouchon de culasse en pénétrant de 2 à 3 Millimètres dans sa partie inférieure arrière. Enfin, le bloc prenant à très peu de choses près la même place que l’ancien canon, le bois n’était pas affaibli par la transformation.

 

 

Examinons maintenant les différents modèles de Snider, dont les appellations semblent parfois déroutantes, les armes ayant fait l’objet de la transformation, et les diverses munitions.

 

LES DIFFERENTS MODELES

 

MARK I, I*, & II*

 

Les premiers Enfield transformés furent désignés par le sigle Mark I, et tiraient une cartouche à culot Pottet et à bourrelet rond, qui se révéla défectueuse ( crachements, ruptures, etc… ) et fut remplacée par une cartouche plus robuste dont le culot était constitué par une rondelle de laiton plus épaisse. Toutes les armes Mark I retournèrent en arsenal pour re-fraisage du drageoir à .052’’ ( 1,3 MM ), et prirent le nom de Mark I* ( « Mark one, one star » ). Quant aux armes transformées directement pour la nouvelle cartouche, elles s’appelèrent Mark II*.

 

D’autre part, quelques modifications mineures intervinrent. Le « Snap-cap » destiné à protéger le percuteur, auparavant la cheminée, lors du tir à vide, fut modifié le 1er. Octobre 1866, par suppression du disque de laiton et léger approfondissement de la cavité. La baguette fut allégée le 15 Décembre 1866, passant de 7 Onces à 5 Onces ¾ ( de 199 Grammes à 163 Grammes ). Le « Muzzle stopper », bouchon de bouche et protège-guidon, fut d’abord modifié le 2 Mai 1867 pour être finalement supprimé le 25 Juin 1867 pour les armes se chargeant par la culasse.

 

MARK II**

 

Modèle analogue au Mark II*, sauf les modifications suivantes :

 

-         Extracteur embrassant un arc plus important ;

-         Culasse mobile plus arrondie à la partie inférieure, et d’un diamètre légèrement plus fort – bloc modifié en conséquence ;

-         « Cheminée » de percuteur plus courte ;

-         Chien à cuvette.

 

MARK III

 

En 1869, tous les Enfield disponibles en bon état ayant été transformés, on décida de fabriquer des Sniders neufs, du modèle Mark II**, mais avec les améliorations suivantes :

 

-         Canon en acier à 5 rayures au pas de 48’’ ( 1,22 M ), d’une longueur de 30’’ ¾ ( 781 MM )au lieu de 36’’ ½ ( 927 MM ). On connaît cependant quelques exemplaires de Mk. III à canon long.

-         Verrou central de culasse mobile, en remplacement du verrou à ressort logé dans le bloc, commandé par un petit poussoir. Quelques cas d’ouverture spontanée au tir auraient été constatés avec les premiers types de cartouche, mais cessèrent avec la mise en service de l’étui Mk. VI.

-         Pontet, grenadière, « bandes », ( embouchoir, grenadière et capucine ) en acier.

-         Chaîne du « Snap-cap » fixée devant le pontet par une vis.

 

LES ARMES TRANSFORMEES

 

ENFIELD LONG 1853 ( LONG RIFLE )

 

Transformation par ordre du 18 Juin 1866. Canon de 36’’ ½ ( 927 MM ), à 3 rayures au pas de 78’’
( 1,98 M ), garnitures en laiton, 3 bandes en fer. Baïonnette triangulaire à douille de 18’’ ( 457 MM ). Hausse à 950 Yards ( 850 M ). Peu de 1853 ont été transformés, la modification ayant surtout porté sur les modèles 1858.

 

CARABINE LANCASTER 1855 GENIE ( LANCASTER RIFLE )

 

Transformation par ordre du 30 Octobre 1866. Canon de 31’’ ½ ( 800 MM ), à âme ovale. Charnière de hausse côté bouche.

 

ENFIELD COURT 1860 ( SHORT RIFLE )

 

Transformation par ordre du 29 Mars 1867. Canon de 30’’ ¾ ( 781 MM ), à 5 rayures au pas de 48’’
( 1,22 M ). Sabre-baïonnette de 23’’ ( 584 MM ). Hausse à 1000 Yards ( 915 M ).

 

MOUSQUETON D’ARTILLERIE 1858/1861 ( ARTILLERY CARBINE )

 

Transformation par ordre du 2 Mai 1867. Canon de 24’’ ( 609 MM ), à 2 bandes. Sabre-baïonnette de 23’’ ( 584 MM ). Hausse à 300 Yards ( 275 M ), à 3 feuillets.

MOUSQUETON DE CAVALERIE 1861 ( CAVALRY CARBINE )

 

Transformation par ordre du 2 Mai 1867. Canon de 19’’ ( 483 MM ), sans tenon de baïonnette, après allongement de 5/8e. ( 15,8 MM ). Fût raccourci, baguette à articulation supprimée. Une seule bande.

 

En 1905, un certain nombre de fusils fournis au Canada lors de la révolte des Fenians, furent reconvertis en mousquetons pour les cadets. On les reconnaît aisément à la hausse, qui est celle du fusil
( 2’’ de long – 51 MM – au lieu de 1’’ ½ - 38 MM ). D’autre part, ils ne possèdent pas les vis à tête plate sur lesquelles se boutonnait le protège-hausse en cuir. Le guidon à boule est en laiton, et l’on aperçoit le trou du canal de baguette bouché par une cheville en noyer.

 

Le mousqueton de cavalerie était utilisé avec bretelle en Inde, et sans bretelle au Canada, où il était porté dans un étui de selle.

 

FUSIL DE MARINE 1858 ( NAVY SHORT RIFLE )

 

Transformation par ordre du 7 Août 1867. Même type que l’Enfield court 1860, mais les bandes sont en laiton.

 

2°) LE SNIDER AU CANADA – Selon le Major Donald C. HOLMES

Traduction de H. ROPARS d’un article paru dans American Rifleman en Février 1979 – A.d.F. 1/91.

 

Bien qu’il fût conçu essentiellement comme une arme « bouche-trou », le durable Snider .577 à chargement par la culasse fut en service continu dans les forces canadiennes de 1867 à 1905, toujours en usage bien après l’arrivée des armes militaires plus modernes.

 

L’ancêtre immédiat du Snider fut le fusil Enfield .577 à percussion de 1853, qui avait prouvé qu’il était capable d’une cote de mérite ( écart moyen de centre à centre sur 20 coups ) à 500 Yards ( 457 M ) de 8,72 Pouces ( 221 MM ) dans des essais d’homologation officielle de l’Armée britannique. En comparaison, le Springfield 1861 était censé donner des groupements de 27 Pouces ( 686 MM ) sur 10 coups à 500 Yards.

 

La conversion Snider apparut quand un marchand de vin de Philadelphie, Jacob SNIDER, conçut un moyen de convertir en chargement par la culasse les stocks d’Enfield existants, en chargement par la bouche. Les premiers Sniders étaient capables de groupements de 12,84 Pouces ( 326 MM ) en écart moyen sur 20 coups à 500 Yards. Plus tard, quand la munition s’améliora, on enregistra des groupements aussi petits que 9,4 Pouces ( 239 MM ) sur 20 coups, avec la munition réglementaire standard. Le nouveau fusil pouvait tirer 8 coups par minute en visant, et 15 coups par minute en tir rapide, à comparer aux 3 coups par minute maximum, sans viser, avec le fusil Enfield.

 

A la fin du mois d’Août 1867, 30 000 de ce qui était officiellement décrit comme les meilleurs fusils militaires à chargement par la culasse en existence, furent distribués aux 33 574 hommes de la Milice des Volontaires Canadiens. Le premier match au fusil au Canada où le Snider fut utilisé, eut lieu à Ottawa du 8 au 12 Octobre 1867, et comportait 11 épreuves principales, aux distances de 200, 300, 400, 500 et 600Yards. En 1879, les forces canadiennes avaient 70 000 Sniders et une réserve croissante de 150 cartouches par arme. Au meeting annuel de l’Association du Canada, 6 « possibles » furent réalisés avec des munitions de l’armée, et les scores moyens au Snider furent supérieurs à ceux des Martini-Henry, plus modernes, avec une marge considérable. L’arrivée des fusils à répétition de petit calibre à haute vitesse mit rapidement fin à l’ère des fusils à un coup à poudre noire, qui eurent tous disparu du service en 1900. En 1905, le gouvernement Canadien re-conditionna et coupa des milliers de Sniders à la longueur de 19 Pouces ( 483 MM ), des carabines pour les donner aux corps de cadets des écoles. Beaucoup de milliers d’autres Sniders furent vendus sur le marché civil comme surplus.

 

Pendant les presque 40 années où le Snider fut en service, de grandes quantités de munitions s’accumulèrent. La fabrique de munitions Dominion, fondée dans les années 1880 près de Québec, produisit des cartouches à la cadence d’approximativement 2 millions par an, jusqu’à la fin des approvisionnements pour le Snider en 1895. Et pendant la rébellion du Northwest en 1885, une cadence de 100 000 cartouches par jour fut maintenue pendant de longues périodes. Mais la fourniture annuelle était toujours bien en dessous de la production. En 1884, par exemple, seulement 655 916 cartouches furent distribuées, sur les 1 816 570 fabriquées. Et, en 1893, dernière année de la production en grande série, 1 628 840 cartouches furent fabriquées et seulement 1 238 310 distribuées. En résultat, des caisses de munitions Snider encombrèrent les étagères des casernes canadiennes pendant des années. Et les prix des compétitions habituelles au fusil pendant l’ère des Sniders étaient un cochon vivant, 20 Livres
( 8 KGS ) de tabac, plus une boîte de cartouches Snider ! Des boîtes de ces munitions de presque un siècle continuent d’être dénichées dans les armureries, les caves d’église, où existaient beaucoup de stands de tir en petit calibre, de petites bourgades, et dans des ventes de fermes occasionnelles.

 

En 1977, j’eus la chance d’acquérir plus d’une demi-caisse de munitions de 1885 DC Co., parfaitement conservées, qui était en vente chez un armurier local. Les balles en plomb ne sont toujours pas oxydées, et les composants en cuivre et en laiton de l’étui et de l’amorce sont aussi brillants que lorsqu’ils furent empaquetés 94 ans plus tôt. Un premier essai de ces munitions de 94 ans fut si satisfaisant que je décidais rapidement de prendre le temps et les munitions nécessaires pour établir ses qualités actuelles en tir. La douille ressemble un peu à une vieille douille de chasse en carton. Elle consiste en une bourre de papier mâché à l’intérieur d’une coupelle en laiton embouti. Un logement d’amorce analogue à celui d’une cartouche de chasse, qui double comme un rivet creux en laiton, fixe le bourrelet en fer à la feuille de laiton roulée, et les parois en papier de la douille. Au départ du coup, les parois de la douille se déroulent un peu pour se dilater et empêcher les gaz de passer. Cette méthode d’obturation est très efficace. Aucun défaut d’obturation n’a eu lieu au cours des plusieurs centaines de coups que j’ai tirés, y compris ceux où des douilles en laiton étiré avaient été rechargés avec de grosses charges en poudre pyroxylée moderne. L’enroulement extérieur en papier brun, comme on pouvait s’y attendre, se sépare quelque fois le long du bord de l’enroulement en laiton, juste en dessous. Mais l’étanchéité est totale et il n’y a aucune échappement de gaz vers l’arrière.

 

La charge militaire standard de 70 Grains ( 4,54 Grammes ) de poudre noire Fg est surmontée d’une petite touffe de laine. La balle en plomb pur, matricée avec précision, pèse 485 Grains ( 30,1 Grammes ) et contient un sabot en coin dans la base creuse, pesant 15 Grains ( 0,97 Gramme ) de plus. La balle a un diamètre de .575 ( 14,6 MM ), graissée à la cire d’abeille, et elle est sertie dans la douille par une simple cannelure dans la dernière gorge de graissage. A a une cavité frontale, fermée, pour re-positionner le centre de gravité, et rendre la balle utilisable aussi bien dans des canons au pas de 79 Pouces ( 1,98 M ) que dans ceux au pas de 48 Pouces ( 1,22 M ). Le sabot en terre cuite écarte plus complètement et plus uniformément la jupe au départ du coup, puis continue à supporter la jupe le long du parcours dans le canon, même si celui-ci est encrassé.

 

 

En testant cette munition, des groupements de 5 et 10 coups ont été tirés, dans deux Snider différents, en état impeccable. Cent cartouches ont été dé-serties, leurs balles ont été extraites au marteau à inertie, puis elles ont été mises en place avec des charges composites ou de poudre pyroxylées, sur des douilles en laiton embouti modernes, pour déterminer le plus précisément possible le potentiel de précision de ces vieilles balles matricées. Des groupements comparatifs ont été tirés, contre les meilleures balles coulées modernes, notamment la Lyman 585213 Minié de 520 Grains ( 33,7 Grammes ) et de .590’’ ( 14,99 MM ) au diamètre à fond de rayures. Le tir a été fait couché sur appui, à des distances de 100 à 600 Yards, dans des conditions de vent et d’air calme. Dans American Rifleman de Décembre 1973, on cite des groupements sur appui de 3 Pouces ( 76 MM ) pour 5 balles à 100 Yards ( 91,4 M ), réalisés régulièrement avec la balle Lyman et de la poudre Hercules. Ces résultats précédents ont été répétés dans mes récents essais. En outre, il a été possible de réaliser des groupements de 3 Pouces ( 76 MM ) avec des munitions d’époque, directement sorties de la caisse à munitions. Des impacts bas occasionnels, 4 à 6 Pouces ( 10 à 15 CM ) sous le groupement, sont attribués vraisemblablement à un défaut d’allumage sur les amorces au fulminate de mercure. Cependant, il n’y a pas eu un seul raté ou long feu pendant l’ensemble des tests.

 

De meilleurs groupements, les meilleurs que j’aie jamais observé avec le Snider, ont été obtenus avec les balles d’origine, poussées par 24 Grains ( 1,55 Gramme ) de Hercules Unique dans des douilles modernes en laiton embouti. Des groupements de 2 pouces ( 51 MM ) ont été répétés à 100 Yards avec cette combinaison. Des essais exhaustifs côte à côte, de la balle d’époque matricée à sabot, contre les meilleures balles coulées modernes, ont démontré la supériorité constantes de ces dernières. Les essais de cette munition de 1885 conduisirent à la décision de l’essayer d’avantage en la tirant en compétition durant toute la saison de tir de 1978. Le 5 Août, je réussis à remporter le DCRA Snider Match, vieux de 110 ans. Deux semaines avant le DCRA Black Powder Annual Prize Meeting, trois tireurs aux armes anciennes en longue distance, expérimentés, à savoir le gagnant du Queen’s Jubilee Prize de 1977, Verner PEDERSEN, le NRA Life Member John ADAMS et moi-même, chacun réussit à placer toutes ses balles de 1885 dans le noir de la cible standard DCRA 600 Yards, c’est-à-dire celle dont la mouche fait 15 Pouces ( 381 MM ) dans un visuel noir de 42 Pouces de diamètre ( 1067 MM ). La munition donne 900 FpS ( 274 M/S ), mesurés dans le canon de carabine de 19 Pouces ( 483 MM ). En remplaçant la balle de .575’’ en plomb pur par une balle Lyman durcie de .580’’ dans la douille d ‘époque chargée en poudre noire d’époque, la vitesse fut de 833 FpS ( 254 M/S ) dans le même canon de 19 Pouces. Le fusil d’infanterie avec canon de 38 Pouces ( 914 MM ) donna régulièrement des vitesses de 20 % supérieures à celles du canon de 19 Pouces, avec la poudre noire, et 10 % supérieures avec la poudre pyroxylée. Des tables de rechargement complètes ont été publiées dans American Rifleman de Décembre 1973, déjà cité.

 

La balle Minié du .577 Snider ne sera jamais l’égale des balles de .45’’ entrées ultérieurement en service au début des années 1870 pour les chargements à poudre noire chez les britanniques et les américains. Elle est néanmoins parfaitement capable de performances impressionnantes dans les mains de quelqu’un d’expérimenté.

 

3°) AU TIR ( 200 à 600 Yards ) – Selon le Major Stanford Sheridan YOUNG ( 1878)

THE THREE RIFLES – I. THE SNIDER – II. THE MILITARY SMALL BORE – III.THE MATCH RIFLE

ISBN 0948216158 – W.S. CURTIS PUBLISHERS Ltd. – Extrait par Henri ROPARS, A.d.F 1/99.

 

Il y a tellement eu d’ouvrages qui ont été publiés sur le maniement du Snider qu’il n’y a besoin de dire que très peu de choses sur son emploi avec succès. Sa puissance, par rapport au vol de son projectile, est traitée en totalité dans le paragraphe d’introduction « Concours de tir au fusil ». Il n’y a donc besoin que de ne faire ici que quelques commentaires sur le tir avec ce fusil. Il sera bon pour la tranquillité d’esprit de chacun, d’accepter le fait que le Snider est capable d’arrêter complètement d’obéir au tireur. Il y a eu des concours de tir où des tireurs expérimentés se sont vautrés, alors qu’ils étaient positivement capables de faire la part de choses entre eux-même, les éléments ( vent, lumière ) et le fusil. Il n’y a pas mieux pour apprendre que le tir au petit calibre. Certains pourront s’opposer à ce dogme, et prétendront que l’arme ne doit jamais être accusée. S’ils étudient vraiment la question, leur scepticisme disparaîtra vite.

 

Aussi faut-il attentivement étudier le vent lors des concours de tir, et surtout au Snider. Son effet sur la balle du Snider est beaucoup plus marqué que sur celle d’un autre fusil de tir, et il faut donc apporter une plus grande attention à ce paramètre. Tout doit être fait à la perfection, et l’imagination est souvent source de déception. Le tireur doit exercer ses sens à éviter la surestimation. Il faut étudier la configuration du stand de tir en appréciant la force du vent. S’il existe une variation notable de niveau vers le bas, entre le pas de tir et les cibles, la force du vent sur la trajectoire de la balle au-dessus de cette zone sera plus grande que si ce changement de niveau n’existait pas. La vitesse du vent diminue au fur et à mesure que l’on se rapproche du sol, à cause des forces de frottement près du sol. Si la déclinaison est de 20 pieds pour 100 yards, la trajectoire de la balle à mi-distance rencontrera une résistance au vent plus importante, pour laquelle il faudra prévoir une correction plus grande.

 

Les vents latéraux. Ils dévient le projectile latéralement. La visée doit être prise assez loin du noir, dans la direction d’où vient le vent. La correction à faire doit être proportionnelle à la force du vent.

 

Les vents de face. Ils freinent la balle pendant son vol. en conséquence, la visée doit être prise plus haut que normalement, en montant légèrement la planchette de hausse avec le vernier.

 

Les vents arrière. A l’opposé, ils imposent une visée plus basse, en baissant la planchette de hausse.

 

La lumière. Pendant un moment, une superstition populaire faisait courir le bruit chez les Volontaires que la réfraction de la lumière sur la cible pouvait faire monter ou descendre le visuel de plusieurs pieds. Dans un ouvrage publié en 1854 ( « Notes on Rifle Shooting » by Captain H.W. HEATON, 40th. Lancashire R.V. ) la mesure de cette variation était de 4 pieds à 450 yards et la correction de hausse lors du tir correspondait à cette mesure. Cette fausse idée fut balayée par l’expérience personnelle d’un monsieur qui fit remarquer « J’étais autrefois l’un des assistants de BRUNEL. Quand un jour nous partîmes d’un point de niveau précis pour faire des relevés destinés à l’extension d’un canal et d’une ligne de chemin de fer sur une distance de 50 miles, sur ce circuit et lorsque nous revîmes au point de départ, l’erreur totale dépassait 3 pouces, et nos travaux furent refusés car jugés sans valeur. Comment une telle précision aurait-elle été possible avec une erreur de 4 pieds sur une seule mesure ? ». Personne ne niera que les modifications de tir en hauteur résultent de changements sensibles d’intensité de lumière, mais elles sont entièrement provoquées par la quantité de guidon que l’on prend en visant, selon que l’œil est aidé ou gêné quand il se met au point sur les organes de visée, et aussi à cause des déformations produites par une lumière très forte. Des lunettes fumées ou bleues diminuent cette gêne.

 

Les organes de visée. Le curseur de la hausse, dans une certaine mesure, peut être employé pour corriger l’effet du vent, mais les montants sont si près, que s’il y a plus de 3 pieds de déviation à 600 yards, il faudra viser au-delà. pour des déviations supérieures. La visée doit être prise en dehors de montants de la planchette pour les corrections de 16 ou 17 pieds à 600 yards, mais c’est difficile et risqué. Il est toujours plus pratique d’essayer un autre point à viser et d’abandonner la visée en dehors des montants. Incliner le fusil apportera des corrections latérales importantes, sans vraiment diminuer de beaucoup l’angle de la hausse dans le plan horizontal, mais cette pratiquer demande une grande habileté et peut être considérée comme risquée. Sous mauvaise lumière, on peut tirer avantage, non pas à viser le noir ou bien celui-ci sur une ligne, mais l’extrémité supérieure de la cible. Là encore lorsque, comme à Altcar ou à Wimbledon où les cibles ne sont que raisonnablement proches les unes des autres, on peut viser le noir ou le bord de la cible à côté si la correction est de plusieurs pieds. Si l’écart est de 2 ou 3 pieds de plus, on peut corriger en utilisant la correction pour le vent de l’autre côté pour compenser.

 

Par exemple, si les cibles sont éloignées de 16 pieds de bord à bord, les centres des noir seront éloignés de 22 pieds sur une cible de Class II ( la cible de base est la Class I et elle fait 2 pieds de large sur 6 pieds de haut. Elle est découpée en carrés de 6 pouces de côtés. Pour le tir à longue distance, trois de ces cibles sont jointes pour faire une cible de Class II, de 6 pieds de côté ).

 

 

 

Dans notre exemple, le vent dominant vient de droite, demandant une correction de 16 pieds à 600 yards. Comment utiliser la cible à côté ? Il est évident que les centres des noirs sont distants l’un de l’autre de 22 pieds, que le bord de la cible d’à côté est éloigné de 19 pieds du centre du noir de l’autre, 3 pieds de plus que la correction à faire sur la droite.

 

Bon, mais on peut prendre la visée sur le bord gauche de la cible de droite, bien qu’elle soit éloignée de 19 pieds au lieu de 16 et, en corrigeant de 3 pieds à l’aide de la ligne verticale au centre du curseur de la hausse, en plaçant pratiquement le guidon à gauche de cette ligne, et en pointant la bouche 3 pieds à gauche de l’objet visé. Les 19 pieds seront ainsi réduits à 16 pieds, c’est-à-dire la distance nécessaire, avec l’avantage d’avoir un point défini à viser et à mémoriser. Ces pis-aller sont parfois d’une grande utilité. Chaque spécialiste a sa propre technique sur la meilleure façon d’employer les organes de visée. L’auteur ( le Major YOU NG ) préfère la suivante, qui est probablement aussi pratique que d’autres :

 

A 200 yards, le « V » de la hausse doit couper les épaules du guidon, la pointe de ce dernier étant placée sous le noir. Ceci s’applique aussi aux distances plus grandes avec le « V » de la planchette de hausse. Si la planchette de hausse est rabattue et si on emploie son plat, seule l’extrémité du guidon doit dépasser, avec sa pointe placée comme avant, juste sous le noir. La différence en élévation entre le « V » et le plat de la planchette de hausse est de 7 centièmes de pouce, vers le plat. Certaines planchettes ont des « V » plus ou moins profonds que d’autres, et dans ce cas l’élévation varie en rapport, mais lors du premier passage du « V » au plat de la planchette, ou vice-versa, 7 centièmes est suffisant pour indiquer où sont les impacts des coups d’essai.

 

Lorsqu’il fait très chaud et sec, l’encrassement devient bientôt une croûte dure et sèche qui compromet tout résultats précis de par son interférence avec eux. Dans ces conditions, il est préférable de souffler dans le canon après avoir retiré la douille percutée et fermé le bloc de culasse. On procèdera de la sorte juste avant de charger la cartouche suivante, pour que l’humidité apportée par le souffle de la respiration ne soit pas dissipée pendant le laps de temps, parfois très long, qui s’écoule entre deux coups. Quand le soleil tape fort et que l’encrassement devient un problème, même souffler dans le canon ne fait plus rien. Le seule espoir reste dans le nettoyage entre deux tirs, s’il est permis.

 

Nettoyage. Sur le pas de tir, une brosse avec un chiffon attaché à une ficelle et un poids en plomb, fait admirablement l’affaire. Un tel matériel se transporte facilement et, s’il est correctement employé, il évite à la baguette de nettoyage de frotter contre la bouche du canon. On introduit le poids ne plomb par la culasse et on laisse la gravité le faire sortir par la bouche du canon. On met ensuite la brosse dans la chambre et on tire lentement avec le chiffon, jusqu’à ce qu’ils sortent tous les deux du canon. Un ou deux passages suffisent généralement. En maintenant le fusil canon en bas, l’encrassement en tombera tout seul. Quand la brosse et le chiffon sont sales, on jette le chiffon , on lave la brosse avec de la « benzoline » et on la sèche bien. Si l’on utilise une baguette, elle doit être en bois et maintenue autant que possible au centre de la bouche du canon, car même le frottement du bois usera la bouche. Le pétrole ordinaire, également appelé « kérosène » ou « huile de cristal »,etc…, est aussi bon qu’un autre comme lubrifiant et comme protection contre la rouille. La suie qui se dégage du gaz de ville donne un noir très velouté pour les organes de visée.

 

Les cartouches. C’est la chance qui régit le destin de chacun. Un examen tout particulier devra être fait sur le nez de la balle, pour s’assurer qu’il n’est pas endommagé. Secouer aussi la cartouche près de l’oreille pour vérifier s’il n’y a pas une demi-chargee de poudre, le bruit des grains qui s’entrechoquent les uns contre les autres pourrait trahir ce défaut. Certains tireurs appuient sur la balle aussi loin qu’ils le peuvent, en plaçant le nez de la balle sur la cuisse et la paume de la main sur le culot. Ceci permet également de vérifier s’il n’y a pas une erreur dans la quantité de poudre. Mais cette technique fait un peu mal aux muscles, ce qui gêne son adoption.

 

Sucer la balle. Beaucoup de bons tireurs ont cette lubie. Il n’est pas certain qu’elle soit efficace. Cela ne fait pas de mal, même si cette méthode n’apporte pas de miracles.

 

 

Le canon. Fer ou acier ? Il n’y a pas si lo,ngtemps, les canons en acier faisaient fureur, et on considérait presque toujours ceux qui les utilisaient comme des avantagés, par rapport à leurs camarades qui n’avaient pas les moyens financiers de se faire fabriquer un Snider chez un armurier. Cependant, l’auteur a toujours préféré les canons en fer. Trois canons en acier, provenant de différents fabricants, n’ont pas réussi à donner, dans mes mains, d’aussi bons résultats que des canons en fer, et ce point de vue est aujourd’hui confirmé chez la majorité  de nos meilleurs tireurs, lesquels reviennent à leurs premières amours, les canons en fer. Monsieur M. TURNER, Fisher Street, Birmingham, fabrique d’excellents Sniders. L’auteur, et une cinquantaine de ses amis qui utilisent des Sniders de Mr. TURNER, ont toutes les raisons d’être totalement satisfaits. Actuellement, Mr. TURNER travaille sur un fusil militaire à chargement par la culasse et en petit calibre, qui, d’après ses exposés, semble devoir être une arme fiable. Ses fusils de tir à deux canons ont à maintes reprises remporté des premiers prix lors des matches de « l’Association des Fusils du Nord des Indes ». De tels succès confirment qu’il est entièrement à la hauteur, et un fabricant très adroit.

 

Suggestions générales et conseils pour le débutant. Ne soyez pas trop découragé si votre premier essai en public est un lamentable échec. Quelques-uns uns des meilleurs tireurs au Snider en Grande-Bretagne sont très souvent soumis à la même humiliation.

 

Evitez de demander à chacun de vos amis, ou aux connaissances occasionnelles, quel a été son résultat, quelle hauteur de hausse il a choisie et quelle correction il a faite pour le vent. Avec les meilleures intentions, il peut vous induire en erreur. Apprenez plutôt à croire en votre propre jugement, et le plus tôt vous volerez hardiment de vos propres ailes, le plus tôt vous y gagnerez votre indépendance. Ne vous laissez pas guider trop précipitamment sur un seul coup. Suivez une politique prudente. Gardez l’œil sur les cibles des très bons tireurs et notez leurs résultats. Une petite variation de vent, même imperceptible, peut parfois être décelée à temps. Ne soyez pas avares de sentiments envers vos camarades de compétition. Ne dénigrez jamais l’un d’eux délibérément. S’il peut être un jour de votre intérêt de ne pas donner la bonne indication à un adversaire qui vous demande où vous visez, ne le renvoyez pas brusquement, dites-lui plutôt avec assurance que vous préférez garder vos conseils pour vous-même. Bien entendu, c’est toujours bien d’éviter de donner un conseil à l’adversaire. Parce que, même s’il est sincère, sa validité ne dépend pas de sa qualité, mais de la gestion des paramètres par la personne qui l’utilise. S’il votre adversaire en tire du succès, il vous en remerciera probablement à peine ; par contre, s’il n’a pas de chance, il dira à tout le monde ce tout ce qu’untel lui a dit, est faux.

 

Aidez à maintenir la bonne ambiance du tir au fusil, en évitant chez vous, et en dénonçant chez les autres, toute tentative de chicaner ou de tirer le règlement par les cheveux.

 

Bon et après avoir lu tout cela, on s’aperçoit qu’au Canada, on utilisait parfois la cave de l’église pour s’en servir comme stand de tir, peut-être parce que dehors, il faisait trop froid. On découvre aussi que la bourre de cellulose placée sur la poudre est appelée tantôt « laine », tantôt « coton », ce qui me donne tendance à croire qu’il s’agit de laine de coton, et qu’à cette époque ( 1878 ) le petit calibre signifie tout ce qui tourne autour du .45, et pas le .22 comme entendu de nos jours. Ensuite, on voit que les filtres existaient déjà, puisque l’Anglais préconise l’utilisation de lunettes de tir, fumées ou à filtres bleus. Le noir de fumée était déjà utilisé pour noircir les organes de visée et les rendre mats. Enfin, certains fantaisistes suçaient les balles de plomb pur en croyant que ça marcherait mieux. Bonjour le saturnisme, mais c’est vrai qu’à cette époque-là, l’espérance de vie était moins grande qu’aujourd’hui et on n’avait peut-être pas le temps de s’apercevoir que le quidam était en train de crever d’avoir bouffé du plomb…

 

 

 

 

 

 

 

 

LA CARTOUCHE .577 SNIDER

 

Cette cartouche doit son existence au colonel Edward Munier BOXER, et l’auteur George A. HOYEM écrit son histoire comme suit :

 

La première cartouche monobloc adoptée par le Gouvernement Britannique en 1866 dût son nom au colonel de l’Armée Britannique Edward M. BOXER. Le colonel BOXER était Superintendant aux Laboratoires Royaux de Woolwich, où la cartouche fut développée, et il y servit de 1855 à Novembre 1869. La première cartouche Boxer, appelée .577’’ Snider, fut utilisée dans les conversions du fusil Enfield à chargement par la bouche et dans le fusil Snider.

 

L’art d’emboutir le laiton pour former une douille d’une seule pièce n’était pas encore développé quand les Britanniques décidèrent d’adopter le fusil à chargement par la culasse. La première douille Boxer, appelée Mark I, fut adoptée en Août 1866. Elle était constituée de plusieurs pièces : un rectangle de feuillard de laiton, enroulé pour former le corps, et une cuvette bourrelée en laiton, percée en son centre, adaptée sur le tube et dans laquelle se trouvait la cuvette d’amorçage avec son enclume. Une rondelle formant joint était pressée au fond de la base, et le tout était rétreint ensemble, la cuvette d’amorçage faisant office de rivet. Le corps de la douille était recouvert d’une feuille de papier blanc fin, collée dessus. Une balle en plomb de 525 Grains, avec un cône en terre cuite à la base et une pointe creuse dans laquelle se trouvait un cône de bois de sycomore sur un demi-Grain de laine, et 70 Grains de poudre noire, complétaient la cartouche.

 

La douille Mark I ne tenait pas bien ensemble et le système fut changé l’année suivante. La Mark II était faite d’une cuvette sans bourrelet, en laiton, et d’un cerclage intérieur à la base, remontant un peu sur le corps de la douille. Un disque de laiton perforé servait de bourrelet, et l’ensemble était rétreint comme sur la Mark I. Les modèles suivants, jusqu’à la Mark VIII, utilisaient un disque de fer laqué noir, et le poids de la balle passa de
525 Grains à 480 Grains. Il y eut des modifications dans la conception des cannelures de la balle, et dans les cônes du bas et du haut. On créa des charges à grenaille, et un prototype existe avec la douille enveloppée d’étain et sans papier autour. On utilisa des bandes d’identification colorées dans les derniers modèles, d’abord noires et finalement rouges.

 

Le colonel BOXER et son équipe de Woolwich planchaient sur une cartouche à percussion centrale, bien avant que le War Department fit son appel d’offres pour les brevets de munitions en Octobre 1866. Il y eut une querelle intéressante, après que Mr. George H. DAW, l’un de ceux qui participèrent à la compétition, présenta des exemplaires de sa propre munition en Mars 1867. Sa cartouche était utilisée depuis plusieurs années dans des fusils de chasse juxtaposés, fabriqués selon un système Lefaucheux, à brisure et avec un levier à l’avant. A l’origine, le corps de la cartouche était en carton. Plus tard, il substitua au carton un feuillard de laiton, autour duquel était adaptée une cuvette perforée en son centre. Ces deux pièces étaient rétreintes ensemble comme sur le schéma ci-joint, la base étant forcée à l’intérieur autour de la cuvette d’amorçage, et pliée vers l’extérieur à l’extrémité, formant le bourrelet. Dans son système, Mr. DAW n’utilisait pas la cuvette d’amorçage comme un rivet. Au lieu de recouvrir le bas de la douille, il collait ou brasait les extrémités de la douille. Cette idée n’était pas vraiment de lui. Elle présentait des analogies avec une invention plus ancienne, due à l’armurier Français Clément POTET, plus tard améliorée par l’inventeur Français François SCHNEIDER. Cependant, DAW se plaignit que BOXER s’était approprié les éléments de sa cartouche en perfectionnant la munition du Snider. A juger des similitudes entre les cartouches Boxer et Daw, il ne peut y avoir que très peu de doutes sur le fait que le colonel BOXER et son équipe de Woolwich connaissaient déjà les idées de DAW, de SCHNEIDER et de POTET, au moins depuis 1865. Pourtant, il apparaît que DAW n’avait pas encore protégé son système de cartouche par un brevet. Voilà ci-après un résumé des brevets qui furent pris par ces personnes sur les munitions :

 

BOXER : Brevet Britannique N° 137, 15 Janvier 1866

BOXER : Brevet Britannique N° 2653, 13 Octobre 18 ??

DAW : Brevet Britannique N° 660, 08 Mars 1867

 

Le système Boxer fut utilisé pour la cartouche de .45’’ Martini-Henry, qui remplaça la .577’’ Snider en 1871, et pour toute une variété de cartouches britanniques pour armes de sport, d’épaules et de poing. Le catalogue Nobel Industries Ltd. de 1925 proposait encore des munitions de .577’’ Snider fabriquées par Kynoch, avec la douille en laiton recouverte de papier, mais on peut penser qu’elles aient pu provenir de vieux stocks. Pour qui souhaite étudier ces cartouches en détail, voir les spécimens décrits dans ces pages ou les sources listées à la fin de cet article.

 


La Belgique et la France fabriquèrent des munitions similaires, avec des corps de douille en clinquant de laiton, pour la conversion d’armes à chargement par la bouche, et pour les fusils militaires Albini-Braendlin. Les Etats-Unis expérimentèrent l’idée pour la .50-70 Springfield. Le fabricant américain de munitions B.C. ENGLISH sortit des cartouches de 11 MM Egyptien pour le fusil Remington, selon le principe de Rodman-Crispin qui était similaire à celui de la cartouche de type Boxer, mais sans enveloppe sur la douille de métal. Holland reprit le système Daw pour sa propre version du fusil Snider.

 

Le mécanisme utilisant cette cartouche dans un fusil fut inventé par l’Américain Jacob SNIDER, qui breveta son système de chargement par la culasse en Grande-Bretagne le 22 Novembre 1864 sous le N° 2912. Il fut suivi par un brevet plus détaillé, le N° 188, déposé le 21 Janvier 1865. Il est intéressant de noter que SNIDER et F.E. SCHNEIDER, l’inventeur Français, collaborèrent pour le premier brevet de ce système. Par la suite, SCHNEIDER disparut complètement des brevets ultérieurs de SNIDER. Quant à DAW, il semble être resté loin en arrière dans l’évolution de ce scénario, malgré ses plaintes que BOXER s’était approprié ses idées. En tout cas, la cartouche de DAW rassemblait les idées de SCHNEIDER, qui étaient protégées par des brevets Français et Anglais depuis au moins 1861.

 

Quant au colonel BOXER, il se retrouva dans le pétrin avec ses supérieurs hiérarchiques militaires, à cause de l’arrangement qu’il avait fait avec le fabriquant de munitions Anglais, Eley Brothers, devant lui rapporter des dividendes pour les cartouches Boxer qui seraient produites. Comme Eley Brothers s’était engagé par contrat à fabriquer de telles munitions, le British War Office réclama. Dans son livre British Small Armes Ammunition, 1864-1938, l’auteur Peter LABETT décrit les événements comme suit : « … Le 13 Octobre 1869, le War Office écrivit au colonel BOXER au sujet de ses dividendes, mais BOXER préféra ne pas répondre aux questions qui lui étaient posées à ce sujet, considérant que ces affaires ne concernaient que lui. Comme il persévérait à ne pas répondre aux questions qui lui étaient posées par le War Office, il fut, par Lettre du War Office en date du 16 Novembre 1869, invité à quitter son poste de Superintendant des Laboratoires royaux. Dans une lettre datée du 22 Novembre 1869, le colonel BOXER démissionna en bonne et due forme et, du même coup, donna tous les détails au War Office sur l’accord qu’il avait conclu avec la firme Eley Brothers. Acceptant sa démission, le War Office lui répondit que, dans leur opinion, il n’était pas souhaitable qu’un officier de sa position pût tirer des intérêts des brevets en question. »

 

Apparemment, cet épisode n’affecta pas la carrière militaire du colonel BOXER. Il obtint d’autres postes et atteignit le grade de Major General. Mais avant que le War Office ne lui signifiât son point de vue sur le brevet de la munition qu’il avait développée avec ses capacités officielles, le colonel BOXER avait fait la demande, et l’avait obtenu, pour un brevet aux Etats-Unis. Son brevet britannique n’était pas annulé, et il semble qu’il engrangea effectivement des dividendes à son sujet de Eley Brothers jusqu’à la fin de la fabrication. Mr. LABETT note que la firme Eley Brothers ne reçut plus aucun contrat pour une munition militaire, mais qu’elle utilisa le système Boxer dans la fabrication de toute une gamme de munitions de sport. Par la suite, la munition militaire fut produite exclusivement dans les usines gouvernementales, jusqu’à ce qu’une commande fut passée avec Kynoch Ltd. en 1885 pour 5 millions de cartouches Snider.

 

Les munitions militaires à douille Boxer commencèrent à disparaître de la scène après Décembre 1888, quand les Britanniques adoptèrent le fusil Lee-Metford en .303’’, plus tard mieux connu sou l’appellation de Lee-enfield ou SMLE. La cartouche de ce fusil utilisait une douille de laiton embouti. Toutefois, la munition à blanc Mark I du .303 était conçue autour d’une douille Boxer. On l’abandonna vite et on adopta un système avec une douille en laiton embouti et une balle en papier.

 

Les munitions Boxer furent fabriquées en grandes quantités pour les douilles de douzaines d’armes de sport, de fusils de chasse et de pistolets, du calibre 4 au .360’’, et c’est un sujet de collection très populaire. On commença à apercevoir aux Etats-Unis des arrivages de ces cartouches obsolètes, après la Deuxième Guerre Mondiale, et il en arrive toujours d’Inde et d’Australie, et elles arrivent à trouver leur chemin dans d’autres parties du monde, pour les amateurs d’armes et de munitions.

 

Le colonel BOXER travailla pour perfectionner ce que d’autres avaient commencé. Il protégea avec un brevet personnel accordé par le British Patent Office, ce qu’il produisit depuis un poste officiel. Il peut sembler avoir été audacieux, mais s’il n’avait pas pris ce brevet, quelqu’un d’autre l’aurait sûrement fait à sa place. La cartouche Boxer était compliquée, elle paraît anarchique pour nous aujourd’hui, mais elle servit les militaires Britanniques pendant 22 ans.

 


Bibliographie :

 

British Small Arms Ammunition, 1864-1938, Peter LABETT, 1993

.303 Inch, Peter LABETT, 1988

The History and Development of Small Arms Ammunition, Volume II, G.A. HOYEM, 1982

Cartridges of the World, F.C.  BARNES, Volume III ( British Sporting Rifle Cartridges ), 1985

Patents for Inventions, Class 9 ( Ammunition, etc. ), Museum Restorian Service, Ontario, Canada

Patents for Inventions, Class 119 ( Small Arms ), 1855-1866, British Patent Office. Ré-édité en 1993 par Armory Publication, Oceanside, California.

Cartridges for Small Arms, Patents, 1878. United-States Patent Office. Ré-édité en 1985 chez Armory Publication.

The Boxer Cartridge in the British Service, B.A. TEMPLE, 1977

Sporting Ammunition, Nobel Industries Ltd. ( Kynoch and Eley products ), 1925.