Sur les traces des mammouths canadiens


Dans les années 1990, le Yukon a fait du mammouth l'un de ses animaux symboliques. Il faut dire qu'il y a 25 000 ans, le colossal éléphant préhistorique vivait en Béringie, dans le nord du territoire...

PAR JEAN-PIERRE SYLVESTRE

Sur les bords de la rivière Yukon, à Dawson City, on peut se procurer toutes sortes de souvenirs dans plusieurs boutiques. L'une d'elles, le Klondike Nugget and Ivory Shop, vend des bijoux, des petites sculptures et des scrimshaw (gravures) sur ivoire. De l'ivoire fossile, qui provient des défenses de...mammouths yukonnais!

« L'ivoire de mammouth se travaille moins facilement que l'ivoire d'éléphant, mais il a l'avantage d'être encore inépuisable. En fait, les experts estiment les réserves mondiales (Yukon, Alaska et Sibérie) de défenses de mammouths à environ 60 000 tonnes. Les éléphants ont encore de beaux jours devant eux! », explique Greg Kehoe, propriétaire de cette boutique.

Chaque année, Greg Kehoe commercialise ainsi entre 2 000 et 3 000 kilos d'ivoire de mammouth, et il estime à plusieurs milliers de kilos la quantité d'ivoire fossile qui circule annuellement dans Dawson City. Serait-on en train d'assister à une ruée vers l'or blanc?

Pour ivoire clair
C'est précisément lors de la véritable Ruée vers l'or, celle qui s'est déroulée il y a environ un siècle, qu'on a découvert les premiers gisements d'ivoire fossile yukonnais. Pour trouver le précieux métal, les mineurs et autres aventuriers devaient creuser dans le pergélisol afin d'atteindre la couche de graviers qui recèle l'or.

Cette partie du sol, qui est gelée en permanence, a la capacité de conserver les composantes molles d'animaux disparus. Ainsi, en Sibérie et en Alaska, les géologues et les mineurs ont déjà trouvé des carcasses entières ou partielles de mammouths, de bisons, de chevaux et autres mammifères de l'ère glaciaire.

Au Yukon, également bien pourvu en fossiles et en traces de ces animaux, on trouve encore des squelettes et de l'ivoire de mammouth. Dans la partie nord du territoire, il arrive même que des prospecteurs, des bûcherons ou des touristes aventuriers découvrent, sur la berge des rivières, des défenses, un ossement, une vertèbre, voire un squelette complet de mammouth...

Encore faut-il se rendre sur place et les trouver, car ces gisements fossilifères ne sont pas inscrits dans les guides et ils sont éparpillés un peu partout, çà et là. Les repérer relève du hasard, mais ils existent bel et bien; après tout, il fut un temps où les mammouths peuplaient allègrement cette froide région boréale.

Froid de canard au pays des mammouths
Il y a 25 000 ans, la température terrestre moyenne approchait zéro degré centigrade. Pendant 10 000 ans, la Terre n'était qu'une planète froide chargée de glaciers, de steppes et de toundras. C'était la dernière des quatre périodes de glaciation qui ont illustré l'histoire de notre planète.

À cette époque, l'Alaska et le Yukon étaient connectés à la Chine et à la Sibérie grâce à un long corridor de terre séchée. Le niveau de la mer était alors de 100 à 200 mètres plus bas et une grande partie de l'Alaska et du Yukon demeurait sans glace. Baptisé Béringie et surnommé « Steppe des mammouths », cet énorme sous-continent constituait alors un pont naturel entre l'Eurasie et l'Amérique du Nord, ainsi qu'un lieu de passage et de migration animale.

Car malgré la basse température ambiante, plantes et animaux abondaient : c'était l'Âge des mammouths, mais aussi de bien d'autres bêtes « En fait, nous avons découvert, sur le territoire du Yukon, 62 espèces de mammifères fossiles datant de la dernière glaciation », explique John Storer, paléontologue et directeur du Centre d'interprétation de la Béringie, à Whitehorse.

Ce musée, dédié à la faune préhistorique du temps des mammouths, présente des squelettes complets d'animaux fossiles. Outre des restes du gros pachyderme, on peut y voir les ossements d'animaux insolites tels que le castor géant, de la taille d'un ours noir (2,5 mètres de long et 200 kilos), ou le paresseux géant, aussi appelé mégathérium. On trouve également deux espèces de bisons préhistoriques, le bison aux longues cornes et le bison des steppes.

Ces mammifères côtoient, dans une immense salle, le squelette d'un ours gigantesque : l'ours à tête courte. Celui-ci dépasse de plus de 30 cm le grizzly actuel. Il était le carnivore terrestre le plus gros et le plus puissant en Amérique du Nord, durant la dernière époque de glaciation. D'autres mammifères carnivores, tels que le lion des cavernes et le tigre à dents de cimeterre, figurent également dans ce drôle de bestiaire qu'on découvre au Centre d'interprétation de la Béringie.

« Mais ces animaux n'ont pas tous disparu. Parmi les mammifères qui ont côtoyé les mammouths, au Yukon, certains subsistent actuellement. C'est le cas du loup, du caribou, de l'orignal, du bison et du bœuf musqué, » conclut le Dr Storer.
C'est donc dire que certains animaux préhistoriques vivent encore dans nos forêts, nos toundras et nos steppes... La prochaine fois que vous ferez une balade dans les bois, pensez-y...

Pour de plus amples renseignements sur cette destination ou sur d'autres destinations canadiennes, visitez le site de la Commission canadienne du tourisme à www.voyagecanada.ca.

source: Commission Canadienne du tourisme

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