J'ai bien dormi au Traffic Hotel, mais ce qui est pénible,
c'est le bruit du matin, de toutes ces portes et fenêtres qui claquent à cause des
courants d'air. Je prends une longue douche ; il va falloir que je me fasse
couper les cheveux. Le prix du lit - 40 yuan - donne droit à un petit déjeûner,
le premier café depuis 3 semaines. Mon voisin anglais semble fatigué par "la Chine et les
chinois partout" et me dit qu'il va rester 2 jours ici à ne rien faire. J'attends 10h, l'heure de l'ouverture du centre Internet de
l'hôtel pour consulter mes emails et en envoyer ; j'ai des nouvelles de tout le monde, y
compris de mes collègues de travail de Shenzen. Ensuite je pars à Leshan. Le bus pour Leshan me coûte 31 yuan et c'est la première
fois que je vois un bus chinois propre, climatisé et où aucun chinois ne crache et en
plus il est interdit d'y fumer ! Il est cependant bondé, et ils ont même réussi à
caser des strapontins dans le passage central. Il y a une musique d'ambience en stéréo,
j'y entends l'air d'"Aline" de Christophe. Le bus ne contient que 3 blancs. Les
2 autres sont à côté de moi, ce sont 2 canadiennes de Montréal qui sont en Chine
depuis 2 mois pour étudier le chinois. Une de leurs amies est à l'université Paul
Valéry de Montpellier. Le bus roule vite sur de mauvaises routes et la conduite
ressemble à un jeu vidéo où il faut éviter les obstacles : les piétons, les trous,
les pierres, les véhicules qui coupent la route.
le bouddha assis de leshan
La visite du bouddha de Leshan va être vite expédiée car
c'est pas terrible. La statue est grande, ok, mais pas de quoi justifier 7 heures de bus.
Je reste sur le ferry qui fait une boucle et retourne à l'embarcadère. Compensation, je discute tout le temps avec Benjamin, un
américain qui étudie le chinois. Il est passé par les coins où je vais ces prochains
jours.
benjamin
Il va ensuite à Hong Kong pour s'offrir à prix discount, un
ordinateur portable. Je lui donne les bonnes adresses dans Sham Shui Po et Mongkok. On
s'échange nos adresses email. Encore une discussion, plaisante en anglais. Je ne resterai pas une seule nuit à Leshan, je rentre
immédiatement à Chengdu. Au retour, c'est le même spectacle. Des paysans promènent
leur porc sur le bord de la route, des chinois indifférents au danger traversent,
d'autres sont endormis sur des chaises, on croise des camions surchargés, des tricycles
chargés de foin, des paysans courbés par de gros fardeaux, et le bus qui zigzagge
violemment pour éviter les trous de la route, il roule parfois franchement à gauche,
dépasse par la droite, évite de justesse les véhicules qui viennent en sens inverse, un
festival qui ne surprend personne, sauf moi qui suis le seul blanc. Encore une nuit au Traffic hotel, et je partage la chambre
avec un français. Il est très nerveux, a l'air perdu. Le contact ne passe pas, je
discute avec plus de plaisir quand l'autre est tout sauf français. Je quitte la chambre, je descends au resto, j'ai un peu faim,
et je commande une salade. Elle est remplie de petits grains oranges, des épices.
Pourquoi tout est-il aussi épicé ici ? Je demande ensuite une pizza et une salade de
fruits, juste pour voir si mon estomac est blindé après ces 3 semaines. Rien de tout
celà n'est très bon, mais j'en ai eu pour seulement 24 yuan, boisson comprise ! Le resto est en plein air, au bord d'une rivière, il fait
chaud, je n'y vois que des blancs. Phil cherchait des minorités ? Je suis au coeur d'un
ghetto de blancs. Des touristes nostalgiques de leur pays d'origine se réconfortent par
des conversations avec d'autres compatriotes. J'entends aussi souvent les mots
"Tibet" "Lhassa", un endroit à la mode, où existent sûrement
d'autres minorités de touristes. Je pense à un reportage télé qui montrait les
vacances de français qui passaient leurs journées dans un camping à quelques km de leur
maison et retournaient y dormir tous les soirs. C'est presque comme ça ici. |