Réussir simplement ses photos de maquettes !

Nous sommes de plus en plus nombreux à disposer d'appareils numériques (APN), ce qui facilite les échanges sur le net. Malheureusement la qualité des photos n'est parfois pas au rendez-vous !
Quoi de plus rageant qu'un modèle qui a l'air superbe mais qui est présenté sur la nappe à fleur de la cuisine, enveloppé de flou artistique...

Cette page a pour but de vous aider à prendre en photo vos modèles en exposant simplement les grands principes (sans rentrer dans la technique).
Cet article est donc dédié en priorité aux possesseurs d'un APN compact, voire d'un bridge. Les possesseurs de reflex pourront toujours y trouver des  informations utiles.

Gardez à l'esprit que pour prendre de belles photos de maquettes, il n'est pas nécessaire d'investir dans du matériel de compétition. N'importe quel compact numérique suffit, à condition d'avoir décortiqué en détail ses possibilités et de connaître les réglages de base...

Les réglages utiles

Quelque soit votre appareil photo, il est quasiment toujours possible de bidouiller quelques paramètres indispensables pour de bonnes photos.
Les reflex permettent en plus un accès à des paramètres avancés (PASM) que je n'expliquerai pas dans le détail ici, préférant m'attarder sur un accès rapide à un résultat satisfaisant.

Les réglages de base à maîtriser sont :

  • la résolution (en million des pixels) ;
  • la sensibilité (nombre ISO) ;
  • le flash (débrayé ou non) ;
  • le zoom (zone optique, zone numérique) ;
  • le réglage de la balance des blancs.


Pour info les réglages un peu plus avancés (toujours disponible sur les reflex et les bridges, plus rarement sur les compacts) sont :
la vitesse d'obturation ;
l'ouverture du diaphragme (nombre F ou f/).

Sortez vos modes d'emploi pour retrouver ces fonctions...
Avec ces quelques paramètres, il est déjà possible de bien s'en sortir.

Le fond

Commençons par le plus simple : le fond.

Pour des photos de détail ou de votre maquette finie, choisissez-vous un fond uni. Un aperçu de votre cuisine et des plantes vertes en arrière plan ne sert à rien, surcharge la photo et gâche le résultat. Un fond uni sera aussi utile si vous envisagez de détourer l'avion sur un logiciel de traitement des photos...

La solution est très simple : procurez vous une feuille de papier coloré grand format en magasin d'art. Ces feuilles existent dans toutes les couleurs possibles !

La couleur bleue est réputée pour faciliter la mise au point des APN. Notez que les autres couleurs marchent aussi. J'utilise souvent du bleu, plus par habitude qu'autre chose...

On cherche souvent à accentuer le contraste (un avion blanc sur fond noir par exemple), mais à éviter du ton sur ton...

Des feuilles au format A4 seront utiles pour les détails de pièces en cours de construction.
Pour le modèle fini, achetez plutôt une feuille de grand format (A3, voire Raisin).

La feuille sera placée contre un support vertical, et courbée.
Le modèle sera placé dessus, et du fait de la courbure de la feuille, il n'y aura pas de démarcation entre le devant et l'arrière-plan qui sera complètement uni.

Si vous avez la chance de pouvoir profiter de grands espaces, vous pouvez aussi opter pour un fond naturel en extérieur.
Dans ce cas, placez le modèle sur un support en hauteur, et faites coïncider la ligne d'horizon de l'arrière plan avec le plan du support du modèle, pour donner l'illusion d'un "vrai" fond.
Pour faire coïncider les horizons, un peu de gymnastique s'impose (flexion, extension...)

Cette technique donne l'avantage d'offrir de la lumière naturelle et un cadre réaliste. Elle demande cependant un peu plus de technique...
Choisissez un jour sans vent !

Le réglage de la balance des blancs

Le réglage des blancs, ou balance des blancs, est une étape très importante pour bien rendre les couleurs réelles de vos modèles.

Même en prenant une photo nette, bien éclairée et bien cadrée, si votre avion apparaît bleu au lieu de gris et jaune au lieu de blanc, vous risquez d'être un peu déçu...

Ce problème se résout très simplement en effectuant un "réglage des blanc", qui va donner au capteur la température du blanc dans le cas de votre photo. L'appareil pourra ainsi en déduire toute la gamme des couleurs telles qu'on peut les voir sous un éclairage naturel.

Rendez vous dans le menu "balance des blanc" pour effectuer un calibrage manuel.
Placez une feuille bien blanche à l'endroit où vous prendrez la photo, réglez les blancs, puis prenez vos photos avec ce réglage.

Même si vous disposez de réglages pré-établis, type "ampoule", "soleil", "nuage", "halogène", etc., refaites vous même la balance, pour un résultat vraiment parfait. Je refais cette manip avant chaque séance photo, pour m'adapter à l'éclairage, qui peut varier fortement d'un jour à l'autre...

Balance des blancs sur "SOLEIL" pris avec un éclairage "ampoule"


Balance des blancs sur "NUAGES" pris avec un éclairage "ampoule"


Balance des blancs sur "AMPOULES" pris avec un éclairage "ampoule" (même avec le réglage approprié, on constate que les couleurs ne sont pas encore parfaitement rendues...)


Balance des blancs MANUELLE : le blanc est blanc !

Les formats

Le format donne le rapport LONGUEUR / LARGEUR de la photo finale.

Le format le plus courant est le 4/3, qui correspond à un écran d'ordinateur classique.

Le 16/10 est le format des écrans larges, "wide" en anglais, qui tendent à se généraliser.

Le 2/3 est le format qui était utilisé en argentique.

Les formats disponibles sur les appareils photos modernes sont très nombreux et n'ont que peu d'importance pour le résultat final...
A votre convenance !

La résolution

La résolution est le nombre de pixels qui composent l'image. Ces pixels représentent des points d'une couleur donnée (picture-cell : pixel) qui quadrillent l'image. Plus ce nombre est élevé, meilleure est la résolution de l'image.

La résolution d'une image donne directement sa dimension en pixels.
Par exemple une image de 800*600 (lire 800 "par" 600) à une résolution de 800 x 600 = 480 000 pixels.

Les appareils photos actuels montent couramment à 6 millions de pixels, voire 10 millions et plus.
En format numérique (4/3), ces images font par exemple 2816*2112 pixels.
En effet 2816 x 2112 = 5947392 = 6 000 000 pixels.

Pour vos photos, placez vous à la résolution maximale de votre APN.

Au prix de l'octet, il serait dommage de s'en priver !

Ces photos seront stockées sur votre ordinateur à leur format d'origine et pourront ensuite être diffusées à toutes les tailles possibles.

Une autre utilité est de pouvoir retailler dans la photo, pour ne garder que ce qui vous intéresse.

Qui peut le plus peut le moins.

La Qualité ou Taux de compression

La qualité d'une image n'est pas liée uniquement à sa "résolution" et au nombre de pixels (loin de là !), mais à la qualité du capteur de l'APN et au taux de compression lors du stockage en mémoire.

Même à 12M de pixels, une photo fortement compressée peut être moche...

Il est souvent possible de choisir ce taux de compression : SuperQualité, 3 étoiles, Fine, etc. le nom varie d'un APN à l'autre...

Pour des photos de maquettes, mettez vous au taux de compression le plus faible (celui qui détériore le moins les photos...).

La sensibilité ISO

Le nombre ISO mesure la "sensibilité" du capteur par analogie avec ce qui se faisait en argentique. Rappelez vous, les pellicules ISO 100 (soleil), 200 (nuageux), 400 (intérieur), 800 (faible luminosité)...

En fait plus un capteur est sensible, (nombre ISO élevé), plus il capte de détails à faible luminosité...
La contrepartie de cette propriété est que plus l'ISO est élevé, plus l'image a de bruit : des points de couleurs (rouge, vert, etc.) apparaissent dans les zones sombres.

Cette granulosité est néfaste pour des photos de maquettes !

Réglez la sensibilité ISO de votre appareil au minimum : ISO 100 (certains APN descendent à ISO 80).

Éclairez bien la scène pour compenser cette baisse de sensibilité.

ISO-80 (détail) : le noir est bien "lisse"


ISO-1600 (détail) : le noir est "bruité"

La profondeur de champ

La profondeur de champ n'est pas un réglage de l'appareil, mais le résultat des réglages utilisés pour la prise de la photo.

Nous touchons ici le coeur du problème : la netteté et la profondeur de champ.
La profondeur de champ est la distance sur laquelle la photo est nette. Par exemple, une faible profondeur de champ fera apparaître le premier plan net, et tout le reste flou. Gênant quand on souhaite photographier sa maquette du nez à l'empennage en un seul morceau... La zone de netteté classique se situe à environ 1/3 de l'image.

Pour obtenir un maximum de profondeur de champ, et donc éviter d'avoir tout l'arrière de l'avion flou, il faut augmenter le nombre F... Et alors ?

Alors F=f/D, c'est à dire le rapport de la longueur focale sur le diamètre du diaphragme.

Pour faire grimper F, il faut donc :

  • soit augmenter la longueur focale ;
  • soit fermer le diaphragme à fond.

Là, tout dépend de votre matos...

Pour les APN disposant des modes PASM, c'est très simple. Placez vous en mode "A" (priorité à l'ouverture) et fermez à fond : réglez le nombre F au max (F22 la plupart du temps).
Attention, une fermeture du diaphragme au maximum nécessite un fort éclairage et des poses longues (de l'ordre de la seconde). Un trépied est indispensable !

Pour un compact classique, cette fonction peut ne pas être accessible (l'APN règle alors le nombre F automatiquement). La seule façon de régler directement ce nombre est donc de jouer sur le zoom, c'est à dire sur la longueur focale f.
Plus vous zoomerez, plus le nombre F sera élevé. Il faut donc zoomer le plus possible pour agrandir la zone de netteté.
Veillez cependant à rester dans la zone de zoom "optique". Le zoom "numérique" permet un meilleur grossissement mais dégrade la qualité de l'image en la pixelisant.
Attention aussi aux effets de distorsions, expliqués ci-dessous...

F/2,8
Le nombre F est faible, la zone éloignée est floue...


Zone éloignée (détail)


F/5,6
Le nombre F est au maximum des possibilités de mon APN, le zoom est à x3,6, la longueur focale a grandi : le fond est net


Zone éloignée (détail)

Distorsion

Un des effets du grand angle est sa fâcheuse tendance à distordre l'image, c'est à dire à accentuer fortement les lignes fuyantes de la perspective.

Au contraire, le zoom a tendance à aplatir l'image.

Suivant l'effet recherché, à vous de vous amuser un peu et de trouver la longueur focale (le "zoom") qui vous convient, entre aplatissement et distorsion...

Vue au grand angle (pas de zoom) : grande distorsion des fuyantes

Vue au zoom (x3,6) : peu de distorsion mais effet d'aplatissement de l'image

L'éclairage

Disposition



La règle de base est d'éclairer au maximum et de profiter du soleil dès qu'on le peut.

En intérieur, utilisez 4 points d'éclairage dans le meilleurs des cas :


1 face à la maquette ;
1 au dessus ;
1 de chaque côté au niveau de la maquette.


Tout le jeu consiste à éviter de créer des ombres parasites, et de chasser les ombres créées par une source à l'aide d'une autre.
Aucune ombre ne doit subsister dans le meilleur des mondes.

Si vous utilisez un APN capable de fermer le diaphragme (F.22), sortez les spots de 100W (attention, ça chauffe !) pour compenser cette forte fermeture.

Si votre APN est un compact classique, il aura naturellement tendance à compenser un fort éclairage par un temps de pause raccourci (dans la mesure où il n'est souvent pas possible de régler directement ce temps de pose sur ces appareils) et peut même aller jusqu'à assombrir "volontairement" la photo, croyant avoir le soleil dans le nez !
Inutile donc de mettre 400W, des petites ampoules classiques suffisent, et votre APN allongera le temps de pose en conséquence...

Exemple d'installation


Exemple d'installation : du papier calque permet de diffuser la lumière et d'adoucir les ombres...


Exemple d'installation

Ampoule basse consommation

Depuis 2010, les vieilles ampoules à filament (une aberration) sont rnfin interdites et ont été remplacées par des ampoules à "basse consommation".

Ces ampoules ne changent absolument rien pour vos photos à condition de faire un réglage de la balance des blancs.

En effet, ces ampoules ont des températures de couleurs assez marquées : chaudes (jaune-orangé) ou froides (blanc pur). Une bonne balance des blanc corrigera quoi qu'il en soit les couleurs.

Si vous comptez peindre avec ces mêmes ampoules, préférez tout de même des ampoules type "lumière du jour", qui restituent une pleine lumière d'été...

Certaines ampoules (les globes "fluo") mettent du temps à atteindre leur niveau d'éclairage maximum.
Préférez les ampoules éco "à enroulement", qui s'allument quasiment instantanément.

Le type d'ampoule que j'utilise, disponible chez Ikea : ces ampoules s'accrochent facilement au supports qui me tombent sous la main

Le flash

En règle générale, n'utilisez pas le flash. Préférez un temps de pose long et un trépied.
Le flash dénature les couleurs et écrase les détails.

A n'utiliser que pour "déboucher" une entrée d'air, un fond de cockpit ou une tuyère...

Le mode "MACRO"

F.B.I. ! Fausse Bonne Idée !

Tous les APN du commerce dispose désormais d'un mode MACRO.

Ce mode ne change pas grand chose à ce qui a été dit plus haut, si ce n'est qu'il vous permettra une mise au point sur des sujets beaucoup plus proches (quelques centimètres), même avec du zoom.

Ce mode est pratique pour prendre en photo des petites pièces en cours de montage, ou des parties de l'avion bien précises.

Pour une photo d'ensemble de la maquette finie, le mode "normal" est cependant suffisant. Le mode MACRO est particulièrement sujet à l'effet de distorsion exposé plus haut...

Le matériel

Pour prendre en photo vos maquettes, il ne faut donc pas forcément disposer du dernier Canonikkon à 3 000 €, de son objectif macro et de spots de 500W.

Les investissements utiles en plus d'un APN seront :

  • un trépied (indispensable) ;
  • quelques points de lumières (au moins 4). Des ampoules classiques sont suffisantes, mais des ampoules "lumière du jour" seront encore mieux, bien que le réglage des blanc rattrape quasiment tout ;
  • une "tente" de prise de vue, très utiles mais non indispensable. Cette tente de tissu blanche se déploie et permet de diffuser la lumière sans ombre portée. Idéale pour nos maquettes, mais encore un petit peu cher pour le peu d'usage qu'on en fera. Une feuille de papier calque donne un résultat proche.

En résumé

Scène bien éclairée sans ombres portées (éclairage multi-points recommandé en intérieur, lumière du jour diffuse dans le meilleur des cas)
Balance des blancs refaite aussi souvent que nécessaire
Résolution maximale (qui peut le plus peut le moins...)
Taux de compression minimal (i.e. Qualité maximale)
Sensibilité ISO minimale
Nombre F maximal, c'est à dire fermeture du diaphragme maximale ou longue focale (zoom optique à fond)

La température d'une lumière et l'IRC (lecture facultative et assommante)

La raison pour laquelle vous "faussez" toutes les couleurs dès que vous utilisez de la lumière artificielle pour prendre vos photos est principalement due à la température de votre éclairage, mesurée en Kelvin (K) (qui n'a rien à voir avec la température ressentie en touchant l'ampoule !)

La température de couleur est la gamme de couleurs que produit la lampe : depuis les teintes "chaudes", comme si l'objet était éclairé par le soleil couchant, jusqu'aux teintes froides où les bleus dominent comme sous le soleil intense de la banquise.

La liste ci dessous donne une idée de la température des principaux éclairages :

  • bougie : 2500 K
  • ampoule ordinaire : 2700 K
  • ampoule halogène : 3000 K
  • lumière du jour : 4500 K à 6000 K


Il faut cependant bien différencier la température de l'Indice de Rendu des Couleurs (IRC). Un tube fluo "lumière du jour" n'a pas nécessairement un bon rendu des couleurs.

L'IRC est la capacité d'une lampe à nous faire distinguer toutes les couleurs de l'objet qu'elle éclaire. C'est un pourcentage.
100% est la lumière du jour.
Au dessus de 80%, l'IRC est très bon.
Ainsi une ampoule classique, même si elle produit une lumière orangée, à un IRC de 97%. Pas de soucis de ce côté pour discerner un bleu d'un vert donc. Après une balance des blanc, tout est OK.
Par contre les tubes fluo, même "lumière du jour", on des IRC de 50 (tunnel d'autoroute ou lampadaire) à 98%...
Les IRC ne s'additionnent pas. Vous ne doublerez pas le rendu des couleurs en doublant le nombre de tubes médiocres...

Ces données sont souvent difficilement accessible et volontairement floues, sauf quand elles sont flatteuses.
Il existe cependant un code international sur 3 digits qui donne les informations nécessaires. Il est parfois lisible sur le culot de l'ampoule (halogène ou économie d'énergie).
Le premier digit est l'IRC :
8 pour 82 à 85%
9 pour 92 à 98%
Les deux suivants sont les températures de couleur :
27 pour 2700 K (blanc très chaud)
30 pour 3000 K (blanc chaud)
40 pour 4000 K (lumière du jour)

Ainsi le code 827, l'un des plus répandus, est un tube qui produit une lumière assez chaude (2700K) mais ne dégrade pas la distinction des couleurs (IRC de 82 à 85%). Ces tubes sont très courants dans les lampes de bureau...

Choisissez un éclairage avec un bon IRC (spots, ampoule classique). A la limite, peu importe la température des couleurs, les appareils actuels compensent parfaitement les teintes.

Remerciements


Remerciements à Seb (aka "Thud"), pour sa patience dans l'explication de tous ces réglages et son aide lors de mes premiers essais.
N'hésitez pas à venir exposer vos oeuvres sur le forum de Master194 !

Article mis à jour le 1er novembre 2013