Les Faux de Verzy

Le site :
Entre Reims, Epernay et Châlons-en-Champagne, la Montagne de Reims culmine à 287 m au sud de Verzy.
Au VIè siècle, saint Basles, évangélisateur de la Lorraine avec Saint Rémi, se fit ermite dans la forêt surplombant Verzy. En 664, Saint Nivard fonde une abbaye. Vendue comme bien national à la Révolution, elle fut détruite peu après.
L'emplacement des Faux seraient l'ancien emplacement des jardins de l'abbaye.
Les faux :
Les Faux sont des hêtres tortillards : Fagus sylvatica L. var tortuosa Pépin, nommé par Pépin en 1861.
Les premières descriptions de ces arbres datent de 1644. Le botaniste Carrière, en juin 1863, s'exprimait ainsi : "On ne sait que penser de ces monstres qui semblent être une énigme jetée aux savants, un défi porté à toutes les théories végétales."
Les rameaux forment des coudes à l'intérieur desquels les tissus se soudent en anastomoses. L'hiver, ils exhibent des troncs et des branches dépouillés aux formes tourmentées et serpentines. L'été, sous le dôme de leur feuillage abondant, ils apparaissent comme autant de parasols frissonnants.
Longtemps on a cru qu'ils devaient leur forme à une malédiction prononcée par un moine contre les villageois de Verzy. On pense aujourd'hui qu'il s'agirait d'une mutation génétique, peut-être due à un virus.
Le mode de croissance particulier a été décrit pour la première fois par le Professeur Bernard Thiébaut de l'Université de Montpellier. Il emploie à juste titre le terme de réitération pour expliquer ce mode de construction des branches et des rameaux. Un Populus tremuloides, situé près de Hafford, Saskatchewan, Canada, exhibe une architecture avec le troncs et des branches tordus. Cet arbre a été étudié de près : il pousse en superposant des rameaux ayant une orientation variable par rapport à la branche mère. Le développement du caractère tordu commence par le recourbement des rameaux, la plupart du temps sous le poids de la gravité. Le rameau mère perd généralement sa vigueur avec le temps et peut mourir à la jonction avec le rameau fille, causant un coude fermé à ce point. Le nouveau peut se développer vers le centre de la couronne.
Leur longévité atteint 500 ans. La reproduction se fait le plus souvent par marcottage : des branches basses reprennent racine dans le sol et donnent des rejets.
D'autres arbustes peuvent pousser par drageonnage, issus directement des racines du pied-mère. C'est pourquoi le piétinement par les visiteurs est néfaste à la reproduction des Faux.
En 1977, on comptait 668 Faux, mais nombre d'entre eux ont été endommagés par la tempête de 1999.
Ce phénomène n'est pas exclusif du hêtre : sur le site, 13 chênes et 3 châtaigniers au port tortueux ont été repérés.
Des Faux tortillards croissent également en Allemagne (région du Süntel, non loin de Hanovre), en Suède du sud (vers la limite boréale de l'espèce), au Danemark et de rares cas isolés sont signalés en France, sans que l'on puisse prouver qu'ils aient été importés.

pour en savoir plus sur la Parc naturel régional de la Montagne de Reims