Maroc 

CHRISTIAN BONNET ( écrire)
Voyage effectué du 16/12/2002 au 05/01/2003

 Vous vivez dans le pays le plus beau du monde, sous-entendu respectez-le, est un slogan qui fleurit dans les villes impériales, à l’attention des Marocains. On peut le lire sur d’immenses affiches publicitaires illustrées par un somptueux paysage.

 Mon dernier voyage au Maroc remonte à l’année 2000. Que peut-il donc se passer dans un pays en trois ans ? Beaucoup de choses, certes, mais la plus frappante d’entre elles est que le Maroc a fait un grand nettoyage des rues et avenues, des parcs et jardins, des collines et des montagnes. On aurait pu penser que le problème de la pollution visuelle liée à l’amoncellement des détritus et au manque de ramassage était insoluble. Le peuple Arabe est-il fataliste au point de mettre sur le dos de Allah tous les maux des hommes et de la société ? Sûrement pas. Mohamed six, le nouveau roi, est à l’origine de ce grand nettoyage en demandant à tout le peuple Marocain de ne plus jeter les déchets n’importe où. Je ne sais pas si les poubelles sont recyclées, enfouies ou brûlées mais quel plaisir de se promener dans tant de lieux magnifiques sans être contraint de se frayer un passage entre les détritus. Certains ne verront là qu’un polissage de la société Marocaine qui taux ou tard condamnera les médinas et les souks, interdisant par la même les marchandages les plus acharnées. Il n’en est rien car le Maroc a compris que pour séduire l’Europe, il fallait commencer par lui ressembler. Il reste beaucoup d’efforts à faire, notamment dans les campagnes isolées moins sensibles aux problèmes parce que moins touristiques. Ce changement de forme ne doit pas occulter le fond. Beaucoup de Marocains espèrent plus de droits, plus de travail avec de meilleur salaire, plus de justice et moins de corruption. Beaucoup de sujets dont ils osent à peine parler.

 

Espérons que cette petite réforme qui a permis le nettoyage du pays est l’amorce de réformes plus profondes nécessaire au développement économique et social du Maroc.

 Semaine à Marrakech

 La pluie est tombée sur le Maroc. Le pays est vert et les paysans sont heureux. A perte de vue, les blés ont germé recouvrant les collines d’un vert duvet. Même les alentours de Marrakech, pourtant si sec, ont profité de l’aubaine et la terre rouge s’est habillé d’un velours luisant. La plaine semble se transformer en un immense lac émeraude où se mirent les sommets enneigés du Toubkal. La campagne couverte de verdure et de sérénité ne se soucie plus de la sécheresse.  

   Marrakech quant à elle se moque de tout cela, bien trop occupé à gérer ces affaires, son flux incessant d’automobiles et de touristes.
Je remonte l’avenue Mohamed 5 qui s’est transformé en Champs Elysées. Guéliz l’occidentale brûle mes yeux de toutes ses richesses matérielles mais mon cœur s’enflamme pour la médina que je rejoins à petit pas, avec la lenteur nécessaire à l’émerveillement. Sur l’avenue, une procession de petit taxi beige convoie la foule vers la place Djema el fna qui bourdonne comme une ruche à la nuit tombée. Le minaret de la Koutoubia montre son lanternon perlé de trois boules dorées et la lune pleine qui se fige au-dessus parfait le tableau dans un équilibre moléculaire. Les calèches tirées par des chevaux en couche culotte, les femmes voilées ou dévoilées, les bureaucrates et les chômeurs, les sapés et les défroqués, tout ce monde converge vers le forum en fusion d’où jaillit une lumière d’acétylène. En s’approchant, les bruits de la ville se transforment en cacophonie alimentée sans cesse par les cris des conteurs berbères, charmeurs de serpents de Tafraoute, restaurateurs et bonimenteurs. Comme une nuée de papillons de nuit, la foule afflue vers la lumière froide des lampes, fouille du regard les étals remplis de nourriture et finit par s’asseoir sur les bancs dans un cérémonial qui semble établit. A quelques pas, un vieillard tend la main avec dans le regard l’expression de la malchance d’être devenu vieux. Une femme à la peau brune comme des dattes mures, portant un enfant sur le dos, mange avec l’empressement de celle qui a peur de se faire prendre le reste d’un plat de tajine laissé par une autre femme au teint plus clair.

 Le spectacle de la place Jema el Fna se répète depuis la nuit des temps, immuable et suspendue, émouvant. Les cuisiniers s’agitent tout de blancs vêtus, une toque blanche posée sur leurs cheveux de khôl, invitant machinalement les affamés qui méfiants, vont s’asseoir à la table d’à côté. Au milieu des étals, les légumes finement ciselées rivalisent de couleur, les rouges coquelicot côtoient les jaunes safran et les blancs d’albâtre, le tout dans une fumée âcre émanant des braseros surchauffés.  

   Pendant ce temps, Guéliz, la ville nouvelle s’encanaille, les musulmans oubliant pour un soir les promesses faites à leur dieu.
Le souk a tissé sa toile complexe de ruelles étroites et de riads rénovés à l’ouest de la place. Cohabitent dans ces entrelacs de murs d’adobes des commerçants aux échoppes achalandées d’objet d’art, artisan forgeron, menuisiers, teinturiers qui s’activent dans d’anciens caravansérails, résidents et touristes de toute nationalité, Ibn Battuta des temps modernes. Sur les étagères, l’artisanat le plus riche du Maghreb est là, rutilant presque clinquant, avec dans les arrières boutiques ou bien sur les terrasses les petites mains qui toute la journée s’activent à la réalisation de ces merveilleuses pièces : lampes en fer et peau de chèvre teintée, miroir en airain et os de bœuf sculpté, lampes et vases en Tadelakt …
Les marchandages vont bon train car aucun prix n’est écrit et c’est avec un peu d’amertume qu’un couple de touriste entend d’un vendeur le premier prix d’une lampe qu’ils viennent d’acheter à l’identique mais au double de la valeur, dans une boutique voisine. Il est 13 heures et le souk se vide le temps du repas.


Voici une semaine que je déambule dans le labyrinthe de la médina le jour, dans les rues ordonnées de Guéliz la nuit, me reposant en alternance dans les jardins Majorelle ou bien dans le parc de la Ménara. Figé sur un banc, je contemple la chaîne enneigée de l’atlas, le soleil me maquillant une dernière fois le visage de sa poudre d’or. Instant au combien sublimé puisque vécu dans « le plus beau pays du monde »*

*« Maroc, le plus beau pays du monde » est une publicité ventant la beauté du pays

 Vol direct sur Marrakech. Prendre une semaine si possible. Période idéale d’octobre à mai.
Aéroport jusqu’à l’hôtel toulousain en petit taxi 40 dirams le jour, 60 dirhams la nuit
(10 diras = 1euros)

L’Hôtel Toulousain :
à partir de 120 dirhams la chambre pour 2, petits déjeuners compris.
Il se situe dans Guéliz la ville nouvelle. Il a donc l’avantage d’être éloigné de la cacophonie permanente de la médina mais n’est qu’à 5 mn en petit taxi de la place Djema el Fna (en petit taxi 7 diras la course entre la place et l’hôtel, 10 diras la nuit)
L’hôtel est propre et très calme car situé en retrait de la rue Tarik-ibn-Ziyad. Il se trouve pourtant au cœur de Guéliz, à 100 m des Champs Elysées locaux, l’avenue Mohamed 5 (voir GDR pour plus d’information)

Equipé d’un bon guide, à vous de découvrir très lentement cette très belle ville, à pied si possible, en prenant le temps de bien se perdre jusque dans les endroits où vous ne verrait plus un touriste.

Après les promenades, on se restaurera dans toutes les bonnes gargotes de la ville et quand, au bout de cinq jours, vous en aurez marre de manger des tajines et des couscous, une adresse me semble incontournable : restaurant Catanzaro juste à coté de l’Hôtel Toulousain (viandes et poissons, mais n’oubliez pas de réserver !)

 Mon hammam préféré :

Place djema el fna, dirigez-vous vers le restaurant laiterie Toubkal situé dans un angle de la place puis filez vers l’unique rue ( Riad Zitoun) A 80 m à droite se trouve une entrée pour homme et une pour femme. Trois salles très propres et bien chauffées : 7 diras le hammam, nettoyage et massage en sus.

 La cerise sur le gâteau :


Offrez-vous quelques heures dans la plus belle place de Marrakech à moindre frais.
Allez à la maison arabe qui est une maison d’hôte de luxe (voir guide) et demander à dîner après avoir visité les lieux, juste pour vous donner une idée de ce qu’est le luxe et le bon goût. Buvez un apéritif dans le patio autour de la fontaine avant de passer à table. La qualité de la cuisine n’est pas à la hauteur de la place mais vous aurez passé une belle soirée dans un palace.

Apéritif, plat principal, désert et vin, comptez 400 dirhams par personne soit 40 euros.

 Comment acheter un bijou en or ou argent au Maroc :

Beaucoup de touristes voyageant au Maroc n’osent acheter de bijoux de peur de se faire duper sur la qualité des matériaux ou sur la réelle valeur des pièces. L’artisanat est riche et il se serait dommage de se priver d’un petit plaisir par manque de connaissance.
Pourtant, la législation marocaine calquée sur la législation française ne manque pas de transparence au sujet des poinçons, des titres et des garantis.
Les bijoux en or massif achetés en France sont garantis 750/1000 soit 750 grammes d’or pur pour 1000 grammes de métal précieux et 250 grammes pour 1000 grammes d’un autre métal (cuivre, argent…) donnant la couleur et la malléabilité au mélange. L’or pur titre 24 carats et l’or 750/1000 titre 18 carats. Fondu au chalumeau, l’or 18 carats noircit après refroidissement tandis que l’or pur ne change pas de couleur.
Les bijoux en argent massif acheté en France titrent en général 925/1000 soit 925/1000 d’argent pur et 75/1000 d’un autre métal. Si la quantité d’argent pur est inférieure à 750/1000, vous risquez de voir apparaître un noircissement de la peau à l’emplacement du bijou, surtout pour les bagues. Selon l’acidité de la peau, la réaction est plus ou moins forte. En fait, il s’agit de l’oxydation du métal vil rajouté au mélange.

L’achat de bijoux en or et argent peut se faire en toute sérénité dans les villes marocaines mais il faut tout de même prendre quelques précautions. Tout d’abord, je vous conseille d’acheter dans de vraies bijouteries en évitant les bazars où l’on trouve tout et n’importe quoi. Les bijouteries marocaines ne ressemblent en rien à nos luxueuses boutiques de France. Des dizaines de petites échoppes d’une quinzaine de m² constituent le souk des bijoutiers. Le plus beau souk se trouve au sud d’Agadir, à Tiznit capitale du bijou berbère.
Les magasins sont régulièrement contrôlés par le service des douanes et rares sont les commerçants qui se risqueraient à vendre un métal vil pour de l’or ou de l’argent. Nous verrons qu’il est parfois difficile de prendre une décision pour l’acquisition de pièces en argent. Dans tous les cas, se trouve au-dessus de chaque comptoir une affiche distribuée par l’état marocain et traitant des poinçons officiels, des titres et des garantis. Ce tableau indique la forme du poinçon frappé sur chaque bijou en or ou argent. Logiquement, les artisans achètent le métal précieux en plaques. Chaque création doit être présentée au service des douanes qui contrôle la qualité des matériaux par des tests chimiques. Les bijoux or titrant 750/1000 et les bijoux argent à partir de 800/1000 sont alors poinçonnés. Ces poinçons sont propriété de l’état marocain. Le commerçant s’acquitte d’une taxe en échange de ce service.

L’or marocain :
Les bijoux en or que vous trouverez au Maroc titre 18 carats soit 750/1000 d’or pur, comme en France. Toutes les pièces sont frappées d’un poinçon en forme de tête de mulet. Si le poinçon est une tête de gazelle, il s’agit d’un bijou avec une faible teneur en or pur. Pour voir le poinçon, vous vous munirez d’une loupe, voir d’une binoculaire, que vous emprunterez au bijoutier. Certains bijoux ont deux poinçons, la tête de mulet et la marque du fabricant. Le bijou choisit, la discussion commence. En présence d’un touriste, les prix de départ sont toujours très élevés. Pour les pièces importantes (collier, bracelet, grosse bague), vous devez faire peser le bijou sur une balance électronique de préférence.

Actuellement, le prix du gramme d’or varie de 100 à 250 dirhams (10 dirhams = 1 euros) selon la finesse du travail effectué sur la pièce. Il faut aussi prendre en considération la technique et la perte d’or à la fabrication. Plus le bijou est complexe, plus le prix du gramme est élevé. Les petites bagues et les boucles d’oreilles se vendent en général à l’unité. A pièces identiques, vous ne ferez de bonnes affaires que si vous êtes vraiment bien en dessous du prix pratiqué en France.

L’argent marocain :
Les bijoux en argent frappés du poinçon 925 ou d’une tête de vautour contiennent 925/1000 d’argent pur. Ce sont des bijoux d’importation fabriqués pour la plus part en Inde.
Les bijoux en argent fabriqués au Maroc sont marqués d’un poinçon représentant une tête de vache. Il existe deux profils de tête : l’argent 800/1000 qui est correct et l’argent 950/1000 de meilleure qualité.
Un bijou en argent poinçonné avec une tête de bélier a une faible teneur en métal précieux.
Le prix de l’argent varie de 4 à 10 dirhams le gramme pour les grosses pièces. A vous de négocier le prix des plus petites. Mais un problème se pose rapidement car vous constaterez que la quasi-totalité des bijoux en argent fabriqués au Maroc n’ont pas de poinçons. Les pièces sont généralement crées par de petits artisans de Tiznit qui ne font pas poinçonner leur travail pour éviter de payer la taxe d’état. Vous pouvez alors demander un test à l’acide. Le vendeur frotte une bague sans valeur et le bijou en argent sur une pierre abrasive pour prélever un peu de matière. Il dépose sur chaque trace un réactif. Le métal vil disparaît sous l’effet de l’acide, l’argent reste mais ce test ne vous prouve en aucune manière que le bijou contient au moins 750/1000 d’argent pur. Il peut titrer 500/1000 d’argent pur et la trace brillante restera sur la pierre. A ce taux d’argent, vous risquez rapidement d’avoir les doigts tout noirs. Alors comment faire pour ne pas passer à coté de bonnes affaires ?

Si le bijou est poinçonné, il n’y a pas de problèmes. S’il n’y a pas de poinçon, faites tout de même faire le test à l’acide mais la meilleure des garanties est d’acheter le bijou chez des professionnels. Très peu de vrais commerçants prendront le risque de duper un touriste car la sanction peut être très lourde. L’absence de poinçon est un argument de plus pour faire baisser le prix car vous n’aurez jamais la garantie totale qu’il s’agit d’un bijou titrant au minimum 750/1000 d’argent pur.
Et si vous doutez encore, dites-vous qu’un bijou n’a de réelle valeur que le plaisir que vous aurez à l’acheter !

CHRISTIAN BONNET ( écrire)

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