Incipit (chapitre
I)
Germinal
I/
L'incipit
..1.
Une ouverture assez classique du roman
Quelque chose de mimétique:
le lecteur est mis dans la même position que
le personnage principal. Le lecteur arrive dans l'univers
du roman,
comme Etienne Lantier arrive à Montsou. (découverte
des lieux et des autres personnages)
Exemples d'ouvertures :
- Une vie (Maupassant)
- Mme Bovary
- Le Rouge et le Noir
..2.
Le point de vue
Plusieurs points de vue sont adoptés.
- Recherche du point de vue:
verbes de perception, puis analyse du sujet.
On remarque des passages qui apparaissent en point
de vue interne, mais à la première phrase du roman, on
est frappé par la position du narrateur : pas de nom pour le
pers. , mais distribution de renseignements : noms
de ville.
Certains passages apparaissent en point de vue omniscient.
(débuts des 1er et 2ème paragraphe.)
Le point de vue interne est habituellement utilisé par le narrateur
(distribuer des infos), indications spatio-temporelles.
- Le point de vue omniscient:
Apparaît dans les indications spatio-temporelles (indications
chiffrées : 10 km, 2h). Egalement 1 phrase au centre du 2e paragraphe
:"Une seule idée occupait sa tête vide d'ouvrier sans
travail et sans gîte"
Le narrateur en sait plus que le pers.
- Le point de vue externe :
Le narrateur en sait moins que le personnage. Ce pt
de vue est donné par le début de la 1ère phrase.
Le narrateur connaît le nom du personnage.
L'homme est décrit dans le 2ème paragraphe comme s'il était
vu de très près, mais de l'extérieur. Attention
donnée aux vêtements.
Visage non décrit -> glissement plus facile au point de vue
interne.
- Point de vue interne:
Narrateur = personnage.
Au cours du 1er paragraphe, au cours du 2ème et tout le 3ème.
Le lecteur passe d'abord par une appréhension extérieure
du personnage, puis il est invité à partager son opinion.
..3.
Composition de l'extrait (3 premiers paragraphes)
- La plaine de Montsou - paysage naturel
- L'homme - personnage
- Paysage de la mine par ce personnage - Paysage industriel vu par le pers.
Le premier paragraphe nous met dans l'ambiance (description
détaillée
du paysage).
L'homme est dominé par le paysage : derrière lui, une
plaine immense, inhospitalière. Devant lui, un paysage industriel
confus. Il est comme écrasé entre les deux paysages.
Malgré la minceur des indications temporelles, on se rend compte
que les lieux ont une importance dominante.
II/
Le paysage
Le romancier réaliste, a fortiori naturaliste, désire
donner la reproduction la plus fidèle possible de la réalité.
Ainsi, il s'oppose à la perspective fantastique, mais aussi à la
perspective que l'on trouve par exemple dans les romans romantiques,
où l'accent sera mis sur les idées et les sentiments
des personnages (nourriture, sexualité, maladie, argent).
Notre-Dame de Paris (1831), Peau de Chagrin (1831),
Le rouge et le Noir (1830) -> ni question de nourriture ni d'argent.
Tout ce qui était considéré comme pas très
noble était passé sous silence dans le roman, sauf chez
les romanciers réalistes.
Marchiennes est une ville qui existe (près de Lille), alors que
Montsou n'existe pas (univers du romancier).
..1.
La plaine du Nord
Le début de la description est
fait d'un point de vue externe, objectif. C'est un
paysage ingrat (insistance sur l'obscurité -> aucun
charme)
Aucun détail n'apparaît valorisant. Cette
1ère description se termine sur les betteraves
-> une morne plaine
Dès la 2ème phrase, le paysage est ressenti
de manière subjective : la plaine devient réellement
hostile, car entrée en scène du vent.
Le vent est assimilé à un fouet, ou
quelqu'un qui manierait un fouet (" les lanières
du vent")
1ère phrase : vision plate, distante
2ème phrase : vision plus hostile (vent), plus
violente ("immense horizon plat", "terres
nues").Comparaison avec la mer.
- Analogie plaine / mer qui se poursuit dans la 3ème phrase et commence à la
deuxième (analogie filée, comparaison)
- La comparaison "comme une mer" enclenche la métaphore qui
va se continuer.
La route en pavés fait penser à une jetée, le vent glacé de
la plaine est assimilé aux embruns.
Le début du paragraphe offre une description distante et réaliste,
avec des indications (10 km, champ de betteraves), alors que dès la 2e
phrase le romancier transpose le paysage. Il se décolle de la réalité.
Ce mouvement du réalisme apporte une dimension épique, fantastique.
..2.
Le site minier
Toute la description de Montsou est menée d'un point de vue interne. On
trouve ce même glissement d'une description plate, peu caractérisée,
qui signale la disposition des bâtiments. 1ère comparaison : "pareils à des
lunes fumeuses".
"
silhouette", "profil" sont des mots employés le plus souvent
pour des personnes.
Lieu qui se transforme en la vision d'un monstre, la fosse devient un personnage
qu'Etienne va devoir affronter.
Caractère funèbre de la description.
III/
Le personnage
Ce qui frappe, c'est
que le personnage est anonyme. Aucun portrait physique ou psychologique
du personnage.
Détails matériels, sensations, émotions. Le
portrait est fait dans une perspective assez sobre.
..1.
L'ouvrier
Attention portée aux vêtements : "petit paquet
dans un mouchoir à carreaux". Attention portée aux
tissus. Description style matérialiste.
Détails matériels significatifs : "coton aminci"
Personnage vêtu pauvrement, absence de fortune -> petit paquet
dans un mouchoir.
Il erre en quête de travail, état de vagabond, d'aventurier.
(Différence avec le film de C. Béry : le personnage est
vétu au début d'un manteau, et tient une valise à la
main.)
..2.
Un homme en détresse
Tout au long du paragraphe est soulignée l'hostilité du milieu
extérieur : "grelottait", "des mains gourdes que…", "besoin
douloureux de se chauffer les mains."
Ouvrier : "tête vide", esprit envahi par l'obsession du froid,
et la crainte.
Découverte de Montsou : espoir d'avoir moins froid.
Tellement démuni qu'il ne peut qu'avancer et chercher un point de chute.
Crainte, impression funèbre.
Conclusion
Une ouverture romanesque assez classique, mais une
présentation du personnage assez moderne (il reste anonyme) ;
il est largement vu de l'extérieur. On peut dire qu'il y a deux
personnages face à face : l'ouvrier et le paysage (la mine, pers
monstrueux).
Liens connexes
Biographie
de Zola
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