La vie du village Vivre ensemble L'histoire Les 2 Guerres Photos Communication

Les 2 Guerres

 

Accueil
Le début de la grande guerre
Le clocher détruit en 1914
Centenaire 20 Septembre 1914
Octobre 1914
Janvier 1915
Le petit Julot
Le corps d'un poilu
Encore un poilu
Le 11 Novembre 1939
Résistance en 1943
Chants de Guerre
L'horloge voyageuse
De Moulin sous Touvent

La région d'Autrêches a été très touchée par les 2 guerres. Il nous reste, pour en témoigner, quelques gravures et inscriptions dans les carrières, dans certaines caves et sur des anciennes maisons qui ont survécu aux bombardements.

Autrêches, pendant la guerre 1914-1918, se trouvait juste sur la ligne entre les Allemands et les Français. C'était la guerre de "position" et non plus la guerre de "mouvement". Certaines tranchées et cagnas sont encore visibles.

LE COMMENCEMENT :


La cause initiale de la guerre mondiale que les Empires Centraux déchaînèrent en 1914 fut la folle ambition de l’Allemagne qui prétendait à la domination universelle.
Dans son esprit, la France, par suite d’amputation de territoires, de la ruine de son Commerce et de son industrie, devenait une nation secondaire asservie ; la Belgique se trouvait être un bastion allemand ; l’Angleterre devait être dépossédée de sa maîtrise des mers ; la Russie, à qui l’on enlevait la Pologne et les provinces Baltiques, serait amoindrie et rejetée vers l’Orient, et L’Allemagne, avec son alliée l’Autriche-Hongrie, suzeraine de la Turquie, règnerait en maîtresse souveraine de Hambourg à Bagdad et de la Mer du Nord au Golfe Persique.
Pour réaliser ce plan, il fallait une Guerre et le prétexte de cette guerre fut trouvé dans l’assassinat à Sarajevo, le 28 juin 1914, de l’Archiduc Héritier d’Autriche, François Ferdinand.
Le 23 juillet 1914, l’Autriche adressa aux Serbes un ultimatum humiliant dont, sur les conseils de la Russie et de la France, toutes les conditions furent acceptées. Les ministres autrichiens se montrèrent intransigeants et l’empereur de Russie, par précaution, fit mobiliser sur la frontière Austro-Hongroises. Le kaiser Guillaume II somma le tsar Nicolas II de revenir sur cette mesure. L’Autriche paraissait prête à transiger quand l’Allemagne, résolue à la guerre, brusqua le dénouement.
Après avoir rejeté :
1) la proposition anglaise de soumettre le différend à une conférence ;
2) la proposition française de constituer une commission internationale ;
L’Autriche refusa l’arbitrage de Nicolas II et le 28 juillet 1914, elle déclara la guerre à la Serbie.
Le 31 juillet 1914, l’Allemagne adressait un ultimatum à la Russie et à la France. Le 1er août, elle déclarait la guerre à la Russie et le 3 août à la France.
A son tour, le 4 août 1914 devant l’attitude de l’Allemagne qui déclarait « chiffon de papier » le traité de garantie par lequel la Prusse garantissait la neutralité de la Belgique, l’Angleterre déclarait la guerre à l’Allemagne.

LA MOBILISATION :

Dès le 2 août, lorsque l’ordre de mobilisation générale fut affiché et publié dans toutes les communes de France, tous les citoyens en état de porter les armes obéirent à l’ordre d’appel de la Patrie et, suivant les indications que portait leur ordre individuel de mobilisation, se rendaient aux endroits assignés.
A Autrêches, personne ne défaillit et tous les hommes mobilisables rejoignirent leur dépôt. L’armée active comptait parmi ses soldats, plusieurs jeunes hommes du village.
Les premières journées de stupeur et d’adieu passées, la population se remit au travail quotidien, amputée de ses aides les plus forts et y remédiant par l’emploi des femmes, des vieillards et des enfants qui restaient.
Chaque jour, les journaux étaient impatiemment attendus et les nouvelles très optimistes qu’ils renfermaient faisaient prendre l’absence en patience ; mais brusquement, alors que l’on croyait à la victoire prochaine, on apprenait que de la Somme aux Vosges notre front était stationnaire ; l’ennemi était donc en France et non loin de notre village.
Et bientôt, l’exode des habitants des régions déjà envahies ajoutait foi aux communiqués officiels, et, le 30 août 1914, le 3e Corps Allemand, commandé par le général Von Lochow, qui était allé porter secours à Roye le 30 août 1914 au général Von Bulow, passait l’Aisne à Vic-Sur-Aisne le 1er septembre 1914, venant de Noyon et allant vers Villers-Cotterêts.

LES EVENEMENTS A AUTRECHES


Il livrait des combats à l’arrière garde de l’armée anglaise qui, en se retirant, était passée à Autrêches.
Cependant, le 6 septembre, le généralissime Joffre lançait son ordre du jour resté célèbre et que je veux rappeler ici pour montrer la confiance en la victoire que tous avaient déjà.
Cet ordre du jour était ainsi rédigé :
« Au moment où s’engage une bataille d’où dépend le salut du pays, il importe de rappeler à tous que le moment n’est plus de regarder en arrière. Tous les efforts doivent être employés à refouler l’ennemi. Une troupe qui ne peut plus avancer devra coûte que coûte garder le terrain conquis, et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. «
De cet ordre est née la bataille de la Marne qui fut une grande victoire pour nos armes. A dater de ce moment l’ennemi commence à refluer de toutes parts du front et, en ce qui concerne notre village, nous allons bientôt y voir la bataille.
Le 11 septembre 1914, le 35e Régiment d’Infanterie atteint Vivières, et le 12, après avoir enlevé la ferme de Pouy et la râperie, il déborde Courtieux et s’empare de la crête fortement organisée du Chatelet. Le même jour, ce régiment force le passage de l’Aisne à Vic-sur-Aisne. Le 13 septembre, le 35e R.I. s’étant emparé de la ferme de Chapeaumont se porte sur Saint-Christophe et Hautebraye ; le hameau de Chevillecourt qu’il atteint marque la limite de l’effort sublime qui sauva la France, immortalisé sous le nom de la Victoire de la Marne.
En même temps, le 42e R.I. par Saint-Christophe et Sacy concourt à la bataille d’Autrêches ; le 3 septembre, il est envoyé en flanc garde sur Bonval et Mouflaye, et l’artillerie allemande est très active sur le plateau Croix Sainte Léocarde Mouflaye. La ferme de Mouflaye est incendiée ce jour.
Conformément aux ordres reçus, le 14 septembre, la 14e division d’infanterie attaque et la 28e brigade a pour objectif le plateau nord de Chevillecourt Autrêches. Le 42e R.I. par les pentes du ravin Est de la ferme Saint-Victor arrive facilement à Autrêches et au Bout de Vaux et enfin à la corne des bois, vers la côte 141 (croisement des chemins allant du Bout de Vaux à la grange des Moines avec la chaussée Brunehaut). Mais n’étant plus appuyé à gauche par la 61e Division d’Infanterie à Autrêches et sur la lisière Nord du village. Une contre-attaque ennemie sur Massenancourt échoue complètement.
Le même jour, le 60e R.I. placé en soutien d’artillerie sur le plateau et dans le ravin de Bonval, subit de violents combats et a 4 tués, 124 blessés et 57 disparus. Dans la soirée du 14 septembre, une forte reconnaissance se dirige vers la ferme Saint-Victor ; la ferme est occupé par nous, mais à la faveur de la nuit, les Allemands y mettent le feu et le régiment se replie sur Hautebraye.
Toujours à la même date, le 44e R.I. livre des combats incessants avec des alternatives d’avance et de recul pour la possession des ravins du Baut de Vaux et d’Autrêches : dans la nuit du 13 au 14 septembre, le 1er Bataillon de ce régiment, complètement cerné et séparé de son corps, réussit à rejeter l’ennemi.
Le 219e R.I. a également sa page de gloire dans les combats d’Autrêches qu’il livre les 14 et 15 septembre entre Bitry et Autrêches.
Le 15 septembre, le 60e R.I. par une nouvelle poussée, pénètre aux abords d’Autrêches que les allemands occupent. Ses 2e et 3e Bataillons occupent respectivement Massenancourt et Chevillecourt. Le 308e R.I. en concordance avec le 42e R.I. attaque les positions allemandes du Tiolet, la progression est enrayée par le feu ennemi et coûte 15 tués et 133 blessés ou disparus. Pendant ce temps, le 219e R.I. entre Moulin Sous Touvent et Autrêches, attaque également avec beaucoup de pertes. Le 18 septembre, le 42e R.I. cherche à déboucher vainement sur le plateau 141 – 151, c'est-à-dire entre le croisement de la chaussée Brunehaut et la route de Noyon, et le croisement chaussée Brunehaut-Grange des Moines. Ce régiment reste terré dans les trous individuels, embryon de tranchées, jusqu’au 17 septembre date à laquelle il est relevé par le 44e R.I..
Le 18 septembre, le 35e R.I. vient remplacer le 60e R.I. qui va se reposer à Hautebraye et au Moulin d’Hautebraye. A cette date, les français occupent donc le Bout de Vaux, Massenancourt et Chevillecourt. Le 19 septembre, quand le 60e R.I. vient reprendre ses positions de la veille, il se trouve face à face aux Allemands, le bataillon du 35e R.I. ayant été fait prisonnier. Un violent combat s’engage et l’on occupe de nouveau Autrêches, Massenancourt et Chevillecourt.
Le 20 septembre, au petit jour, les Allemands avec deux divisions fraîches, attaquent, chevillecourt est défendu maison par maison par le 335e R.I. qui perd son 2e Bataillon lequel cerné, décimé est capturé après une résistance désespérée. Le 60e R.I. se replie sur Hautebraye et a 49 tués et 289 disparus.
Ce même jour, à Sainte Léocade, le 44e R.I. est surpris en pleine relève par les Allemands. Ses unités, un instant débordées, se ressaisissent et reprennent pied sur le plateau où elles s’établissent solidement suivant les ordres reçus.
Subissant des pertes considérables, le 42e R.I. se replie au-delà d’Autrêches et de Chevillecourt et se rassemble au nord d’Hautebraye.
Les allemands tiennent donc maintenant la partie du terroir située entre la Croix Sainte Léocade, la Justice, la Montagne Blanche, Chevillecourt et Nouvron.
Le 23 septembre, à 4 heures du matin, le 42e R.I. part à l’attaque, atteint le rû d’Ozier, s’y cramponne mais n’étant pas soutenu par les unités voisines, ne peut progresser davantage.
Le 25 septembre, le 1er bataillon du 42e R.I. s’organise, et profiant d’un chemin creux, depuis le pont Est de Chevillecourt (pont de Ponfard), il crée, jusqu’au plateau 150 (plateau de Nouvron) des tranchées profondes. Ce même jour, à 20 h 30, les Allemands, aidés d’un violent bombardement lancent une attaque ; mais arrêtés par nos feux, ils se retirent derrière le rû d’Ozier.
La collaboration avec le 42e R.I.n le 354e R.I. prend part à l’attaque d’Autrêches, position jalousement gardée pat l’ennemi. A grand peine, sous un feu terrible, il aborde le village. Chaque maison est une redoute quq’il faut assiéger sous le tir de mitrailleuses masquées de tous côtés. Dans ces corps à corps, chacun redouble de courage. De son côté, l’Allemand déploie sa bassesse ; pour enrayer notre avancé, pour tirer, il va jusqu’à s’abriter derrière des femmes et des enfants.
Le 24 septembre, ce régiment très éprouvé, est mis en réserve à Vic-sur-Aisne.
Le 25 septembre, le 66e bataillon de Chasseurs à pied entre en secteur à Hautebraye.
Le 26 septembre, le 6e bataillon du 354e R.I. est envoyé par Saint-Pierre-le-Bitry sur le plateau de Sainte-Léocade, à la disposition du colonel de Mac Mahon pour parer à un retour offensif de l’ennemi venant d’Autrêches et de Moulin-sous-Touvent.
Vers cette époque, le front en cette partie se stabilise de part et d’autre ; des retranchements sont creusés par chacun des belligérants et la guerre de tranchées succède à la guerre de mouvement.
Les unités moins nombreuses tiendront des secteurs plus étendus et les actions se réduiront à des offensives ou des attaques purement locales.
Le 2 octobre, le 219e R.I. prend un secteur de tranchées à cheval sur la route de Moulins-sous-Touvent et l’occupe jusqu’au 17 décembre.
Le 45e bataillon de chasseurs à pied, parvenu à s’emparer de Vingré et des hauteurs voisines, se trouve arrêté devant le village de Chevillecourt occupé part l’ennemi.
Le 20 septembre, il était de réserve à Hautebraye.
Le 25, avec le 1er bataillon du 42e R.I., il attaque Chevillecourt et occupe les premières maisons.
Le 27 septembre, il s’empare du moulin de Chevillecourt (Ponfard) ; le 28, il organise la position et pose des fils de fer.
Le 29 septembre, il occupe, par sa 8e compagnie, les tranchées sur le plateau à l’est d’Hautebraye. Chevillecourt étant occupé par l’ennemi, gênait la progression des chasseurs et il était important de s’en emparer. L’ordre en est donné le 1er octobre ; Vers 18 heures, la 9e compagnie du 45e B.C.P. reçoit l’ordre d’aller voir si le pays est toujours tenu par les Allemands.
Entre les deux fronts : un pont. De chaque côté du pont des marécages. On fait route d’abord dans le chemin creux connu, puis les chasseurs suivent lentement, dans le plus grand silence, le chemin droit qui conduit à la première maison du village. La patrouille de tête arrive à 6 mètres de ladite maison. Tout à coup, la fusillade commence : de chaque mètre carré de cette maudite maison qui commande le pont et la route (maison de M. Majeux) partent des coups de feu. A droite, un mur crénelé : à gauche, des défenses artificielles abritent des mitrailleuses. Devant l’intensité du feu ennemi, la compagnie dut se retirer, ayant eu quelques pertes.
La guerre de tranchées s’organise et la lutte, peut-être plus terrible et plus sanglante que la guerre de mouvement, continue âprement pour disputer avec acharnement une position plus avantageuse, pour reprendre un élément de tranchée perdu.
Diverses unités se succèdent en secteur et nous voyons, le 30 octobre 1914, le 60 R.I. reprendre la ferme de Saint-Victor pour soulager, par son action, le front dans la région de Vailly où l’ennemi s’agite fortement.
Quelques jours plus tard, alors que le calme était rétabli, le 12 novembre 1914, le 60e R.I., en collaboration avec le 44e R.I. reçoit l’ordre de progresser à l’est de Saint-Victor, en amont de Sainte-Léocade. A 8 heures du matin, l’attaque a lieu, mais l’élan est brisé, dès l’apparition de vague d’assaut, par le feu intense des Allemands. Le même jour, à 14h 45, ces mêmes régiments recommencent l’assaut qui est à nouveau arrêté. Cette affaire nous fait perdre 26 tués, 103 blessés, 156 disparus. Le 60e R.I. est relevé le 13 décembre 1914 par le 170e R.I. qui se trouve déjà dans le secteur de Vic-sur-Aisne depuis le 4 novembre1914. A peu près vers la même date apparaît un autre régiment, un régiment de territoriaux : le 54e R.I.T. Ces pépères font vaillamment leur devoir et tiennent stoïquement dans ce secteur agité. Le 2e bataillon de ce régiment remplace le 170e T.I. devant Autrêches où une certaine agitation règne sur le front provoquée par les violents combats qui se livrent autour de Soissons et de Crouy. Le 17 janvier 1915, sur le rond-point de l’Etoile (croisement des routes d’Hautebraye à Autrêches, avec allée venant de Chevillecourt (La folie à Autrêches), sur un petit poste d’écoute occupé par la 6e compagnie, les Allemands tentent un coup de main ; appuyés par le feu de plusieurs mitrailleuses, ils surprennent et tuent quatre hommes de faction et parviennent jusqu’à la tranchée.
Mais l’alerte est déjà donnée à Vic et même au-delà. Le téléphone ne cesse de retentir et des nouvelles les plus contradictoires circulent et s’amplifient. Un instant, on crut à l’arrière que les Allemands avaient percé notre front. En somme, cette grosse affaire se réduisait à la prise momentanée d’une antenne avancée ; longue de 10 mètres et large de 80 centimètres au plus. Il faut ajouter que sur ce point, les lignes n’étaient distantes que d’une dizaine de mètres. Cependant, de part et d’autre, les fronts s’énervaient et l’action, s’étendant, gagnait les secteurs voisins. L’artillerie s’en mêlait, tirant de toutes ses pièces. On crut devoir reprendre le poste d’écoute et on fit monter des renforts, spécialement des sapeurs du génie munis d’explosifs. Après une nuit mouvementée, on arrachait à l’ennemi sa conquête d’un jour en lui infligeant des pertes qui durent être sérieuses, vu les moyens d’action employés. Ce régiment, par la suite, transforma en véritable forteresse blindée la ferme de Mouflaye.
Le 352e R.I. du 7 février au 18 juillet 1915, dans les secteurs de Vic-sur-Aisne, Hautebraye, Autrêches, Sacy, Chevillecourt, le bois de Morsain, va mener également, durant cette longue période, la vie de secteur, avec les fatigues, les surprises et les bombardements.
Le 5 juillet 1915, le 55e B.C.P. relève dans le secteur d’Hautebraye un bataillon du 352e R.I.
Le 22 juillet 1915, le 55e B.C.P. est relevé lui-même dans le même secteur par le 45e B.C.P ; qui a, pendant cette période, 132 tués, ce qui montre combien notre village était meurtrier par nos braves soldats qui l’assiégeaient.
Pendant l’année 1915, de fin mai jusqu’à fin avril 1916 le 404e R.I. ne cesse de prendre les tranchées dans les secteurs de Moulins-sous-touvent, Autrêches, Nouvron, Vingré. L’année 1916 voit également les mêmes luttes, les mêmes dénouements que pendant 1915 et les régiments se succèdent les uns aux autres.
Du 10 décembre 1915 au 20 janvier 1916, le 224e R.I. vient en secteur devant Autrêches, et, à la même époque, le 262e R.I. lutte quotidiennement et pers de nombreux braves dans les secteurs de Saint-Christophe, Autrêches et Vingré.
Le 205e R.I. est du 12 décembre 1915 au 20 janvier 1916 en tranchées dans les mêmes endroits cités précédemment. La première bataille de Verdun allait avoir sa répercussion sur les autres champs de bataille du front français. De même que les Allemands, l’Etat-Major français allait retirer la plus grande partie de ses troupes actives pour les jeter dans la fournaise et les remplacer par des troupes aussi tenaces, mais plus calmes : les territoriaux..
Le 14e R.I.T. vient donc à Autrêches dans le courant de mars et occupe l’Etoile Madame où il subit d’intenses bombardements, d’autant plus dangereux que ce sont des obus à gaz qui sont lancés.
A partir du 15 mars 1916, le 38e R.I. vient en secteur aux environs de Moulin-sous-touvent. Le poste de Libertud et la ferme Saint-Victor sont souvent le théâtre d’escarmouches et de coups de mains. Le régiment reste plusieurs mois en ces parages. Des cavaliers du 3e régiment de chasseurs à cheval concourent à la défense d’Autrêches ; arrivés en place le 7 mai 1916, ils ne quitteront le secteur qu’en novembre 1916.
Le secteur d’Hautebraye qui termine le plateau dénudé de Moulin-sous-touvent a laissé des souvenirs que n’oublieront pas les chasseurs ; ils se souviendront du Mont des Carpathes que l’artillerie ennemie retourna sans cesse.
Du 10 mai au 11 décembre 1916, le 417e R.I. vient en faction alternativement, soit à Quennevières, soit à Autrêches. Le 16 juin, son 2e bataillon est appelé pour parer à une puissante attaque ennemie ; Soixante-trois des siens sont tombés dans les ravins marécageux de Bonval et sur les pentes boisés d’Hautebraye. Le 319e R.I. vient tenir le front entre Bitry et Autrêches. Il reste en ce lieu du 28 août 1916 jusqu’au 13 décembre 1916. Le 44e B.C.P. transporté dans l’Aisne, prend, le 12 décembre les tranchées dans le secteur de Bonval-Hautebraye ; c’est là qu’il passe tout l’hiver.
Le 42e B.C.P., du 12 décembre 1916 au 5 janvier 1917 travaille à l’organisation défensive du secteur d’Hautebraye ; jusqu’au 8 mars, il occupe ce secteur, alternant avec les premières lignes et les positions de réserve. L’artillerie ennemie est très active : de fréquents coups de mains sont exécutés de part et d’autre et les pertes sont assez sérieuses.
Le 269e R.I. et le 44e B.C.P. sont en ligne à Autrêches, quand, le 17 mars 1917, dans la nuit, l’ennemi se replie sur des positions situées bien en arrière (ligne Hindenburg) et le 19 mars 1917, par Vassens et Saint-Aubin, ils s’établissent sur la troisième position adverse et l’organisent.
Autrêches est donc délivré.

La liberté relative dont jouissait la nouvelle zone des armées, et dont Autrêches faisait partie, ne dura qu’un peu plus d’un an, exactement 439 jours. Le 4e régiment d’infanterie, pendant les journées des 29, 30 et 31 mai 1918 bat en retraite de saint-Paul-au-bois vers Autrêches ; en même temps, le 71e R.I. pendant la nuit du 30 au 31 mai se porte sur des positions solides. Par Vassens, Chevillecourt, il gagne la région de Vingré, Berry, Saint-Christophe et prend position sur la côte 150 (Croix Moreau). Le 30 mai, le poste de commandement du colonel commandant le 264e R.I. est ay Bout-de-Vaux à 19 h 40. Le 31 mai, le régiment est en position entre le chemin Audignicourt, Autrêches exclus, et le sentier de Vezins inclus. L’ennemi s’infiltre en assez grand nombre dans les ravins d’Audignicourt et de la Grange-des-Moines. Des tirs demandés à l’artillerie sur ces objectifs ont été exécutés, mais le tir est pu fréquent et peu nourri, malgré notre demande répétée de barrage (au total 7 tués, 52 blessés).
Le 1e juin 1918, l’ennemi continue sa pression, mais la résistance des 3e et 4e bataillons retarde son avance. Le commandant du 6e bataillon est présumé blessé et prisonnier dans Autrêches, ainsi qu’une partie de sa liaison. Ce régiment a 2 tués, 18 blessés et 208 disparus. Dans la matinée du 1er juin 1918, la 11e compagnie du 11e cuirassiers à pied reste en ligne. Lorsque la ferme du Thiolet tombe aux mains de l’ennemi, la résistance devient impossible ; la plue grande partie du régiment n’a qu’un cheminement pour s’écouler. Le boyau de la Couleuvre est arrosé par l’artillerie et pris d’enfilade par les mitrailleuses. La 11e compagnie est presque entourée ; son chef a reconnu l’entrée d’une creute ; il y dirige son unité et, une boussole à la main, éclairé d’une lampe électrique, il guide ses hommes entre les piliers de pierre à la recherche d’une issue vers le sud. On aperçoit une issue que l’ennemi n’occupe pas encore ; c’est le salut.
La 11e compagnie rejoint Bonval par Autrêches où est son régiment. (Cette compagnie était entrée dans les carrières de Vesins et était sortie par celles des Fossés-Gaudriers ou de la Carrière-Neuve)
Pendant la nuit, le 11e cuirassiers à pied reste à la disposition du 48e R.I. et met en lignes deux compagnies entre la chaussée Brunehaut (c’est-à-dire la route de Noyon) et Mouflaye.
Le 2 juin, la situation reste la même. A 12h 30, le 2e bataillon du 246e R.I., se porte vers la Croix Sainte-Léocade et contre-attaque l’ennemi qui s’est infiltré dans ces parages. Cette opération coûte à ce bataillon 12 rués, 24 blessés et 14 disparus.
Le 4 juin, le bombardement par 77 et 105 est intense ; vers 18 h 30, le Boches sont vus sortant de leurs tranchées par paquets et se dirigeant vers Bonval. Nous les repoussons ce qui nous coûte 5 tués et 7 blessés.
Du 5 juin au 1er juillet, pour ce régiment, la situation est presque sans changement ; les tirs d’artillerie sont réciproques.
Le 3 et le 4 juin, le recul est complètement arrêté et les Allemands à Saint-Victor épient nos mouvements.
Le 5 juin 1918, le 3e bataillon du 70e R.I. s’empare d’HAutebraye et capture 91 prisonniers dont 4 officiers et prend de nombreuses mitrailleuses.
Le 9 juin, une nouvelle attaque menée par les 1er, 5e et 7e compagnies du même régiment ramène les Allemands sur Chevillecourt où elles font 182 prisonniers et prennent 12 mitrailleuses. La situation est sans changement jusqu’au 17 juin. A cette date, le 48e R.I. et le 71e R.I. attaquent. Le 48e R.I. a pour objectifs les deux observatoires allemands : Saint-Victor et la croupe nord d’Hautebraye. Le 1er bataillon atteint facilement Saint-Victor malgré des pertes sévères.
Le 3e bataillon atteint un peu plus difficilement son objectif : le côté nord d’Hautebraye, car la profondeur de son attaque est plus considérable.
Le 2e bataillon progressait sans difficulté dans la trouée de Chevillecourt, assurant la continuité de notre nouvelle ligne.
Cette opération coûtait à ce régiment : 3 officiers tués, 19 hommes tués et 88 blessés.
Le 71e R.I. envoyait le même jour aux environs de Sacy son 3e bataillon en soutien des 70e et 48e R.I. qui attaquent au nord d’Hautebraye et la position à l’ouest d’Autrêches.
Pendant ce temps, le 1er bataillon du 70e R.I. profitant de l’attaque faite par le 48e R.I. et de sa propre initiative, chasse les Allemands des derniers points où ils étaient accrochés sur la croupe d’Hautebraye. Le 18 juin, le 71e R.I. est relevé par le 48e R.I.
Le calme relatif allait régner momentanément sur notre pays : ce n’était qu’un repos passager permettant la préparation d’une nouvelle opération. En effet, le 3 juillet 1918 une attaque doit avoir lieu.
Le 2 juillet, le 246e R.I. se prépare à l’action. Le 3 juillet, à 19h 35, le 71e R.I. en liaison avec la 55e D.I. à gauche, avec le 48e R.I. à droite, attaque la première ligne allemande entre Autrêches et la Chaussée Brunehaut (route de Noyon). Le 2e bataillon atteint tous ses objectifs : il a fait plus de 200 prisonnier et n’a que 2 tués et 9 blessés.
Le 2e bataillon du 48e R.I. attaque de concert avec la 55e D.I. pour s’assurer la possession de tout le plateau situé à l’ouest d’Autrêches. Commencée à 19h 15, l’attaque réussit à 20h 30 tous les objectifs sont atteints. La division marocaine, le même jour, avec le 30e C.A. participe à cette opération de la région d’Autrêches.
De son côté, le 246e R.I. fait 250 prisonniers et prend 6 mitrailleuses.
Le 71e R.I. reste en ligne dans notre pays jusqu’au 14 juillet : il est relevé par le 246e R.I. qui occupe les positions devant le Bout-de-Vaux, Beaumontoir et Autrêches : il est à son tour remplacé par les 168e et 169e R.I.
A peine reconstitué, après des combats meurtriers, le 169e R.I. reçoit l’ordre de prendre un secteur dans la région d’Autrêches en vue d’une attaque qui, menée sur une grande profondeur, devait le conduire à 20 kilomètres de son point de départ.
Dans la nuit du 31 juillet au 1er août, le 167e R.I. relevait le 327e R.I. dans le secteur nord de Vic-sur-Aisne.
Les lignes passaient alors par Nouvron-Vingré, s’accrochaient au plateau de Saint-Christophe, descendaient vers le rû d’Ozier, couraient le long des lisières sud de Chevillecourt, au nord d’Autrêches et continuaient dans la direction de Moulins-sous-Touvent.
Du 2 au 16 août, le régiment chargé de tenir les lignes face à Chevillecourt et de la partie ouest du plateau de Nouvron, effectue de nombreux coups de mains et reconnaissances offensives : l’ennemi réagit par de violents bombardements à obus toxiques et le secteur de calme qu’il était devient agité.
Le 17 août s’ouvre la série des combats heureux qui, en quelques jours, feront progresser les lignes de plus de 12 kilomètres et les amèneront jusqu’à la ferme de Montecouve.
A l’aube du 17, le 2e bataillon du 168e R.I. attaque : le but de cette opération préliminaire est d’enlever la crête escarpée qui domine le ravin d’Autrêches. A 5 heures du matin, le bataillon s’élance à l’assaut des pentes qui dominent Chevillecourt : après deux heures de combats, tous les objectifs sont atteints. Les 5e et 6e compagnies ont leurs éléments de tête au sommet du plateau.
Au cours de l’attaque ont été faits prisonniers une centaine d’Allemands.
Le 169e R.I. avait à franchir le ravin d’Autrêches, coupure abrupte et profonde que l’ennemi cherchait à rendre impraticable par la violence de son tir : mais grâce au brillant et à l’ardeur des troupes assaillantes, l’attaque réussit pleinement. Tous les objectifs furent atteints et le nombre de prisonniers et de matériel resté entre nos mains fut considérable.
Le 18 août au matin, le 169e R.I. reprend l’attaque. Tout le plateau entre Autrêches et Morsain est conquis. De nouveau, l’ennemi laisse entre nos mains de nombreux prisonniers et un important matériel.
A 18 heures, le 168e R.I. fait un nouveau bond en avant.
Le3e bataillon, qui, dans la matinée, est venu se glisser à la droite du 2e participe à l’action.
D’un seul élan, les objectifs une fois encore sont rapidement conquis. Toute la croupe est à nous. Le 3e bataillon a atteint les lisières de Morsain : le 2e bataillon est à la Salobrée sur les pentes Ouest du ravin e Vaux. Le 6e bataillon du 1667e R.I., par une opération vigoureuse, nous donne toutes les tranchées jusqu’à La Faloise et Morsain.
Le 19 août, le 110e R.I. qui est à pied d’œuvre dans la région de Bitry, vient à son tour en ligne. L’ennemi qui s’est retiré au-delà d’Autrêches et de Massenancourt recule sans cesse.
Dans la nuit du 19 au 20 août, le 2e et 3e bataillons du 110e descendent les pentes qui conduisent à Vassens pour gagner leur base de départ qui est sensiblement la route Vassens-Morsain : il fait dans cette opération 800 prisonniers, prend 5 canons, 6 mortiers de 240, 5 minewerfers légers, 160 mitrailleuses.
D’autres troupes passent encore sur notre terroir, telles que le 90e R.I., qui, en réserve au 7e C.A., derrière les 55e et 48e D.I. qui attaquent, les suit au Tiolet, puis, par le Bout de Vaux, va gagner la Salobrée où il bivouaque.
Le 20 août également, le 60e R.I. passe la nuit entre Autrêches et Vassens et reprend sa marche le 21 vers Vassens, mais doit s’arrêter au nord de Vassens où l’ennemi résiste.
Le 339e R.I., dans la nuit du 22 août, se porte en avant et s’installe au bivouac dans la région de Chevillecourt où il séjourne jusqu’au 25 avant d’aller se porter sur les croupes à l’ouest de la route de Coucy Le Château.
Le 23 août, notre pays est traversé par le 261e R.I. qui rejoint Vassens où il attaque l’ennemi.

COMMUNIQUES OU SONT MENTIONNES LES COMBATS DU VILLAGE.

Les récits précédents suffisent amplement à montrer combien de fois Autrêches fut le théâtre de luttes âpres, sauvages, sanglantes et à la fin victorieuses.
Ces dernières sont encore confirmées par la lecture des communiqués officiels, publiés par le Grand Quartier Général, lesquels paraissaient, suivant les périodes de la guerre, une ou deux fois par jour.
Cependant, et surtout au cours des trois premières années, cette relation quotidienne n’avait pas la précision que nous aurions tous désiré lui voir. Ce vague, cette obscurité voulus, étaient nécessaires pour ne pas :
1° Affoler l’opinion publique qui, plus encore à cette époque que maintenant, était très impressionnable :
2° Renseigner l’ennemi sur nos opérations présentes et futures, sur notre situation, sur nos pertes effectives ou territoriales.
Mais ceux qui savaient lire entre les lignes, ceux qui connaissaient quelque peu l’orientation de notre front, ceux qui aussi avaient le bon sens d’interpréter à la lettre le Communiqué et d’en déduire toutes les conclusions non mentionnées, ceux-là, dis-je, savaient que les plateaux au nord de l’Aisne, le nord de Vic sur Aisne, l’est de Quennevières, l’ouest de Nouvron et de Vingré étaient les collines situées au-dessus de notre village et Autrêches même.
Le 14 septembre, après la victoire de la Marne, le communiqué dit :
« A notre aile gauche, nous avons franchi l’Aisne... L’ennemi a préparé au nord de l’Aisne, entre Soissons et Compiègne, une ligne de défense qu’il a dû abandonner. »
Le 15 septembre 1914 :
« Le front est jalonné par la région de Noyon, les plateaux au nord de Vic sur Aisne et de Soissons ».
En s’exprimant ainsi, les G.Q.G. reconnaît que notre front s’est stabilisé et que notre ligne passe environ par les plateaux de Quennevières, de Moulins Sous Touvent, de Saint Victor, les hauteurs de la justice, par Autrêches et Chevillecourt, le Bois Turier et les plateaux de Vingré et de Nouvron.
Puis, pendant quelques jours – 6 jours exactement – aux mouvements d’avance et de recul que je relatais précédemment dans les combats pour Hautebraye, Autrêches et Chevillecourt, le communiqué se tait, mais le 21 septembre 1914, il annonce :
« Qu’à l’Est de l’Oise et au nord de l’Aisne les Allemands ont manifesté une recrudescence d’activité. »
Puis, le 24 septembre 1914 :
« Entre l’Oise et l’Aisne, l’ennemi continue à maintenir des forces importantes solidement retranchées. »
Cette précision laisse entrevoir, par la brièveté de son texte, combien la lutte devait être rude et sanglante, et rien de ces mots ne laissait deviner que le 28 septembre 1914 :
« Entre l’Oise et l’Aisne, nos troupes ont légèrement progressé. »
Pour étoffer davantage les lignes squelettiques qui paraissaient journellement, le lieutenant de Pierrefeu, puisque nous pouvons appeler de ce nom le rédacteur de tous les communiqués, écrivait le 29 septembre 1914 :
« Entre Soissons et la forêt de l’Aigle, notre ligne prend les premiers plateaux de la rive droite de l’Aisne. »
Puis, la situation restant toujours la même, le front se cristallisant chaque jour davantage, les communiqués officiels se bornaient par la suite à n’enregistrer que quelques actions d’artillerie ou quelques coups de mains, quand sur l’ensemble des autres parties du font aucun événement saillant ne valait la peine d’être cité.
C’est ainsi que le 14 octobre 1914, on enregistre :
« Nos troupes ont légèrement progressé dans la région Nord-Ouest de Soissons. »
Que le 2 novembre 1914 :
« Dans la région de l’Aisne, nous avons légèrement progressé sur certaines parties de la rive droite de l’Aisne. »
Le 16 mars 1915 :
« Dans la vallée de l’Aisne près de Vassens, nord-ouest de Nouvron, nous avons pris sous notre feu deux compagnies allemandes qui ont subi de fortes pertes. »
Le 7 juin 1915 :
« Au nord de l’Aisne, à l’est de Tracy-le-Mont, sur les hauteurs voisines de Moulins-Sous-Touvent, nous avons prononcé une attaque qui a réalisé des gains sérieux. »
C’est la célèbre attaque de Quennevières, par laquelle notre front étant déjà percé, nos troupes arrivaient au-dessus de Nampcel, mais les renforts trop éloignés et n’ayant pu parvenir à temps, devaient reculer sous les coups Allemands qui, s’étant ressaisis, contre-attaquaient.
Si je cite ce communiqué du 7 juin 1915, c’est qu’Autrêches reçut le contre-coup de cette victoire française momentanée : le secteur était redevenu agité et nos pertes devenaient sensibles. Si les Allemands réagissaient dans notre village, nous, Français, nous les avions fortement endommagés par notre démonstration d’artillerie sur ce point pour permettre la surprise de Quennevières. Et les bombardements d’artillerie continuent.
Le communiqué du 12 juillet nous dit :
« Sur les plateaux au nord de l’Aisne, le bombardement réciproques a été particulièrement violent (région de Quennevières, Vic et Nouvron). »
Ceux des 23 juillet, 8 août et 19 août 1915 sont identiques comme teneur car :
« Dans la région de Quennevières et le plateau de Nouvron, on signale plusieurs actions d’artillerie. »
Le 4 septembre 1915 :
« Dans la région de Quennevières et de Nouvron nous avons fait exploser plusieurs mines qui ont sérieusement endommagé les organisations ennemies. »
Le 5 septembre 1915, à la suite de ces explosions, l’ennemi réagissant, on constate :
« Des actions réciproques d’artillerie et d’engins de tranchées dans les secteurs de Quennevières, de Vic et de Nouvron. »
A partir de ce moment, l’attention va se reporter sur d’autres fronts où des combats, des tentatives de percée ont lieu, en Champagne et en Artois ; aussi le communiqué ignore notre région, de même qu’en 1916 il n’en sera pas question, car ce sera un secteur devenu très calme par suite du retrait d’une certaine partie des troupes françaises et allemandes pour les deux rudes batailles de Verdun et de la Somme.
En 1917, le 19 mars, et ceci nous donnait beaucoup d’espoir puisque notre village était libéré de l’invasion teutonne, le communiqué après le repli des Allemands vers la position Hindenburg, résultat tactique de notre avance dans la Somme, disait :
« Entre l’Oise et Soissons, toute la première ligne allemande, ainsi que les villages de Carlepont, Morsain, Nouvron, Vingré sont tombés en notre pouvoir. »
Autrêches était donc délivré et la vie allait reprendre difficile, certes, mais tenace et pleine d’espoirs jusqu’au 2 juin 1918.
A cette date, la bataille faisait rage à nouveau sur les ruines renaissantes que la vaillante phalange qu’est la population d’Autrêches avait reconquises sur le néant.
Le communiqué qui n’annonçait jamais de défaite disait seulement :
« Entre l’Oise et l’Aisne, nous avons reporté nos positions aux lisières Nord du bois de Carlepont et sur les hauteurs à l’Ouest d’Audignicourt jusqu’à Fontenoy . »
N’était-ce pas dire qu’Autrêches était retombé aux mains des Allemands ? Cependant, nous devons nous rendre à l’évidence en reconnaissant que les communiqués de cette période n’étaient plus aussi laconiques que ceux des années 1914 et 1915.
Cette réoccupation ennemie n’allait pas sans alternatives d’avance et de recul de part et d’autre des belligérants, car on nous annonçait, le 4 juin 1918, que :
Toutes les tentatives de l’ennemi entre Oise et Aisne notamment au nord de Moulins-Sous-Touvent et de Vingré sont restées vaines. »
Le 13 juin 1918 :
« Dans la région d’Hautebraye, nous avons repoussé une attaque ennemie et fait des prisonniers. »
Puis c’est bientôt la préparation de la victoire, et deux mois plus tard, nous allions voir Autrêches libéré à jamais des Allemands.
En attendant cette époque, on enregistre le 17 juin 1918 :
« Entre l’Oise et l’Aisne, nous avons réussi ce matin une opération de détail qui nous a permis d’élargir nos positions au Nord et au Nord-Ouest d’Hautebraye : nous avons fait une centaine de prisonniers et capturé des mitrailleuses. »
Le 18 juin 1918 :
« Nous avons repoussé des contre-attaques ennemies au nord d’Hautebraye et consolidé nos gains de ce main. Le chiffre de prisonniers atteint 370 ; nous avons pris 25 mitrailleuses et 8 mortiers. »
A dater de ce jour, Autrêches ne réapparaîtra plus que trois fois dans le communiqué : pour nous annoncer, le 18 août 1918 :
« Qu’au nord de l’Aisne, une opération locale exécutée ce matin nous a permis, dans la région d’Autrêches, d’enlever les positions ennemies sur un front de 5 kilomètres et une profondeur de 1.500 mètres environ : 240 prisonniers sont entre nos mains. »
Le 19 août, M. de Pierrefeu annonce ce qui suit :
« Hier, vers 18 heures, ente l’Oise et l’Aisne, nos troupes ont rectifié leur front sur une étendue de 15 kilomètres environ, entre le sud de Carlepont et Fontenoy, réagissant ainsi sur toute la ligne une progression moyenne de 2 kilomètres. Nous avons occupé le plateau à l’Ouest de Nampcel, atteint le rebord sud du ravin d’Audignicourt et conquis Nouvron, Vingré. Nous avons fait 1.700 prisonniers. »

LA DÉLIVRANCE


Cette fois, c’est donc la délivrance de nos ruines et l’espoir de voir bientôt nos ennemis « boutés hors France ». Cette délivrance est vraiment effectuée puisque, le 20 août 1918, le communiqué dit :
« Au nord de l’Aisne, complétant notre succès entre Carlepont et Fontenoy, nous avons enlevé le village de Morsain. »
C’est fini : le communiqué officiel ne relate plus le nom d’Autrêches. Des victoires chaque jour s’y inscriront comme chaque jour grandira l’héroïsme de nos soldats. Mais nous ne devrons jamais oublier que notre village meurtri, blessé, torturé, ruiné à deux reprises différentes, aura été l’un des points de départ de la victoire finale qui a couronné la guerre que la France a faite pour le Droit, la Justice, la Liberté et la Civilisation.

Envoyez un courrier électronique à autreches@free.fr pour toute question ou remarque concernant ce site Web.
Attention : Les textes et images de ce site ne sont pas libres de droit. Toute copie est interdite. Copyright © 2004-2014 Autreches
Dernière mise à jour : 18 septembre 2014.