Le déclin des espèces africaines d’eau douce : source d’insécurité alimentaire ?

Publié le par afrique-actu.com

poisson-eau-douce-malawi.jpgBien que ne couvrant que 1 % de la surface de la planète, les écosystèmes des eaux douces abritent près de 7 % de l’ensemble des espèces. Aussi, dans le cadre de la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN (1), 200 scientifiques ont étudié quelque 5 167 espèces africaines d’eau douce sur une période de cinq ans, incluant tous les poissons d’eau douce, les mollusques, les crabes, les libellules et les demoiselles connus, ainsi que quelques familles de plantes aquatiques.

 

(Oreochromis karongae. Endangered on the IUCN Red List. Found in lake Malawi, East Africa

Photo: Pr. George F. Turner)

 


Sans surprise, les conclusions démontrent que bon nombre de ces espèces sont dans un état de conservation préoccupant. Ainsi, 21% des espèces d’eau douce d’Afrique continentale sont menacées d’extinction.

 

Or, dans la région africaine des grands lacs notamment, le poisson représente la principale source de protéines et de revenus pour de nombreuses populations en situation précaire. En Afrique sub-saharienne, on estime ainsi que la subsistance de 7,5 millions de personnes dépend de la pêche en eau douce. Au lac Malawi, en Afrique de l’Est, le groupe de poissons appelé localement « chambo » constitue une source d’alimentation importante. Appartenant à ce groupe, Oreochromis karongae, espèce menacée par la surpêche, a vu sa population diminuer de 70 % depuis dix ans. Au lac Victoria, 45 % des 191 espèces évaluées sont menacées ou considérées comme éteintes. De fait, le déclin de la qualité de l’eau et l’introduction de la perche du Nil y a généré une importante réduction des populations d’espèces endémiques depuis trente ans, mettant en danger la pérennité de la pêche traditionnelle.

 

Globalement, l’agriculture, l’extraction d’eau, les barrages et les espèces exotiques envahissantes sont les principales menaces qui pèsent sur ces espèces. Pour les en protéger, des aires prioritaires pour la survie d’espèces menacées ont d’ores et déjà été identifiées, parmi lesquelles figure le lac de cratère Barombi Mbo, au Cameroun. Il abrite onze espèces de poissons très menacées en raison de la déforestation. Celle-ci augmente, en effet, les risques d’« éructation », processus au cours duquel d’importantes quantités de dioxyde de carbone sont libérées des profondeurs du lac et étouffent les poissons. Pour William Darwall, directeur du projet et chef de l’Unité de la biodiversité d’eau douce de l’UICN : « Si nous n’arrêtons pas la perte de ces espèces, le continent va perdre irréversiblement de sa biodiversité, mais des millions de personnes vont perdre aussi une source essentielle de revenus, d’aliments et de matériaux ». D’autres espèces d’eau douce, telles que les mollusques, les libellules, les crabes et les plantes aquatiques, s’avèrent également précieuses au regard du rôle qu’elles assument au sein de l’écosystème. Ainsi, dans les chutes du cours inférieur du Congo, 11 espèces de mollusques, établies sur une centaine de kilomètres, sont très menacées par la pollution en amont. Or, ces mollusques ont, entre autres, la charge de filtrer l’eau.

 


Les auteurs de cette étude espèrent que les données récoltées serviront de base aux autorités gouvernementales concernées, notamment dans la réalisation de projets d’infrastructures en eaux douces.

 

Par Cécile Cassier

 

1- Union internationale pour la conservation de la nature.

 

http://www.echo-nature.com/inf/actu.cgi?id=4369
Source Univers Nature / S'abonner pour recevoir les articles par mail

 

Publié dans ENVIRONNEMENT

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
<br /> la sur pêche des espèces de poissons d'ornement est paut être aussi en cause comme au malawi<br /> <br /> <br />
Répondre