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Un univers de jeux de mots : FRATAZIE

avec    Alain Zalmanski

Claude Lucas, l'auteur de   Suerte

Voir aussi :    Cueille la Nuit


PIERROT  LUNAIRE

par Albert Giraud

( poème mis en musique par Arnold Schönberg )


Nuit de neige

La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.
Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte,
Mais on entend parfois, comme une morne plainte,
Quelque chien sans abri qui hurle au coin d'un bois.

Plus de chansons dans l'air, sous nos pieds plus de chaumes.
L'hiver s'est abattu sur toute floraison ;
Des arbres dépouillés dressent à l'horizon
Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.

La lune est large et pâle et semble se hâter.
On dirait qu'elle a froid dans le grand ciel austère.
De son morne regard elle parcourt la terre,
Et, voyant tout désert, s'empresse à nous quitter.

Et froids tombent sur nous les rayons qu'elle darde,
Fantastiques lueurs qu'elle s'en va semant ;
Et la neige s'éclaire au loin, sinistrement,
Aux étranges reflets de la clarté blafarde.

Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !
Un vent glacé frissonne et court par les allées ;
Eux, n'ayant plus l'asile ombragé des berceaux,
Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.

Dans les grands arbres nus que couvre le verglas
Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;
De leur oeil inquiet ils regardent la neige,
Attendant jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas.

Guy de Maupassant


Midi

Midi, Roi des étés, épandu sur la plaine,
Tombe en nappes d'argent des hauteurs du ciel bleu.
Tout se tait. L'air flamboie et brûle sans haleine ;
La Terre est assoupie en sa robe de feu.

L'étendue est immense, et les champs n'ont point d'ombre,
Et la source est tarie où buvaient les troupeaux ;
La lointaine forêt, dont la lisière est sombre,
Dort là-bas, immobile, en un pesant repos.

Seuls, les grands blés mûris, tels qu'une mer dorée,
Se déroulent au loin, dédaigneux du sommeil ;
Pacifiques enfants de la Terre sacrée,
Ils épuisent sans peur la coupe du Soleil.

Parfois, comme un soupir de leur âme brûlante,
Du sein des épis lourds qui murmurent entre eux,
Une ondulation majestueuse et lente
S'éveille, et va mourir à l'horizon poudreux.

Non loin, quelques boeufs blancs, couchés parmi les herbes,
Bavent avec lenteur sur leurs fanons épais,
Et suivent de leurs yeux languissants et superbes
Le songe intérieur qu'ils n'achèvent jamais.

Homme, si, le coeur plein de joie ou d'amertume,
Tu passais vers midi dans les champs radieux,
Fuis ! la Nature est vide et le Soleil consume :
Rien n'est vivant ici, rien n'est triste ou joyeux.

Mais si, désabusé des larmes et du rire,
Altéré de l'oubli de ce monde agité,
Tu veux, ne sachant plus pardonner ou maudire,
Goûter une suprême et morne volupté,

Viens ! Le Soleil te parle en paroles sublimes ;
Dans sa flamme implacable absorbe-toi sans fin ;
Et retourne à pas lents vers les cités infimes,
Le coeur trempé sept fois dans le Néant divin.


Charles-Marie Leconte de Lisle



Victor Hugo


La Vache

Devant la blanche ferme où parfois vers midi
Un vieillard vient s'asseoir sur le seuil attiédi,
Où cent poules gaîment mêlent leurs crêtes rouges,
Où, gardiens du sommeil, les dogues dans leurs bouges
Ecoutent les chansons du gardien du réveil,
Du beau coq vernissé qui reluit au soleil,
Une vache était là, tout à l'heure arrêtée.

Superbe, énorme, rousse et de blanc tachetée,
Douce comme une biche avec ses jeunes faons,
Elle avait sous le ventre un beau groupe d'enfants,
D'enfants aux dents de marbre, aux cheveux en broussailles
Frais, et plus charbonnés que de vieilles murailles,
Qui, bruyants, tous ensemble, à grands cris appelant
D'autres qui, tout petits, se hâtaient en tremblant,
Dérobant sans pitié quelque laitière absente,
Sous leur bouche joyeuse et peut-être blessante
Et sous leurs doigts pressant le lait par mille trous,
Tiraient le pis fécond de la mère au poil roux.

Elle, bonne et puissante et de son trésor pleine,
Sous leurs mains par moments faisant frémir à peine
Son beau flanc plus ombré qu'un flanc de léopard,
Distraite, regardait vaguement quelque part.
 
Ainsi, Nature ! abri de toute créature !
O mère universelle ! indulgente Nature !
Ainsi, tous à la fois, mystiques et charnels,
Cherchant l'ombre et le lait sous tes flancs éternels,
Nous sommes là, savants, poëtes, pêle-mêle,
Pendus de toutes parts à ta forte mamelle !
Et tandis qu'affamés, avec des cris vainqueurs,
A tes sources sans fin désaltérant nos cœurs,
Pour en faire plus tard notre sang et notre âme,
Nous aspirons à flots ta lumière et ta flamme,
Les feuillages, les monts, les prés verts, le ciel bleu.

Toi, sans te déranger, tu rêves à ton Dieu !


Carmen




Carmen est maigre, — un trait de bistre
Cerne son œil de gitana.
Ses cheveux sont d’un noir sinistre,
Sa peau, le diable la tanna.

Les femmes disent qu’elle est laide,
Mais tous les hommes en sont fous :
Et l’archevêque de Tolède
Chante la messe à ses genoux ;
 
Car sur sa nuque d’ambre fauve
Se tord un énorme chignon
Qui, dénoué, fait dans l’alcôve
Une mante à son corps mignon.

Et, parmi sa pâleur, éclate
Une bouche aux rires vainqueurs ;
Piment rouge, fleur écarlate,
Qui prend sa pourpre au sang des cœurs.
 
Ainsi faite, la moricaude
Bat les plus altières beautés,
Et de ses yeux la lueur chaude
Rend la flamme aux satiétés.

Elle a, dans sa laideur piquante,
Un grain de sel de cette mer
D’où jaillit, nue et provocante,
L’âcre Vénus du gouffre amer.


Théophile Gautier


Le Limaçon

Ce sonnet, faussement attribué à Arthur Rimbaud, a été publié dans le Décadent du 15 mars 1888 ; il est reproduit dans l'album Rimbaud de La Pléiade, éditions Gallimard.

L'Insénescence de l'humide argent, accule
La Glauque vision des possibilités
Où s'insurgent par telles phrases habités
Les frissons verts de la benoîte Renoncule.

Morsure extasiant l'injurieux calcul,
Voici l'or impollu des corolles athées
Choir sans trêve ! Néant des sphynges Galathées
Et vers les Nirvanas, ô Lyre, ton recul !

La mort... vainqueur... et redoutable :
Aux toxiques banquets où Claudius s'attable
Un bolet nage en la Saumure des bassins.

Mais, tandis que l'abject amphyction expire,
Eclôt nouvel orgueil de votre pourpre, ô Saints !
Le Lys ophélial orchestré pour Shakespeare.


Le retour du croisé (*)




Satan, qui la réjouit, garde sous son empire
Cette esclave enivrée à lui tel un vampire.
D’un extrême bordel la règle qu’il inspire
Des stupres interdits ordonnance le pire
Et puis le pire encor d’une infernale spire
Où sans aucun recul tout diverge et empire.
La turpitude est l’air que ma femme respire
Et au vice absolu la voilà qui aspire
Alors que je découvre à mon retour d’Épire
Qu’impure avec nos gens cette catin soupire
Et que dans leur péché sans cesse elle transpire.
C’est contre mon honneur que la bête conspire,
Seigneur ; pour qu’elle expie, oui, veuillez qu’elle expire.

Hilare Poilaunet, alias William Shakespeare


(*) Intégralité des rimes en -pire, selon le dictionnaire de Pierre Desfeuilles, édition Garnier, 1928, repris par les éditions Bordas en 1992. Voir ici un autre exemple d'intégralité dû (également) à Hilare Poilaunet (Hilare par son baptême et comique prédestiné car né Poilaunet)


Le blog de

Chantal Robillard


Chantal Robillard sur Wikipedia : cliquer ici

On peut aussi cliquer

La Jeune Parque

Paul Valéry



Quel travail toujours triste et nouveau
Te tire avec retard, larme, de l’ombre amère ?


        Sujet de composition française au concours général 1988 :

« Le danger, quand on parle de poésie, est d’édicter des lois, de dresser un cadastre, de tracer des frontières : la poésie s’en moque et renaît toujours précisément là où on a décrété qu’elle n’était pas. » Vous direz, exemples à l'appui, quelle réflexions vous inspire ce propos d'Aragon.

        Lire ici la composition d' Ollivier Pourriol, premier prix (17 ans, classe de première S au Lycée Charles-de-Gaulle à Londres). Ce texte a été publié dans le journal Le Monde du mercredi 6 juillet 1988. Nous le présentons avec l'autorisation de l'auteur.

        Cliquer ici pour accéder au site internet actuel d'Ollivier Pourriol.

        On peut aussi cliquer



(cliquer sur l'image)

Hommage à l'immense

Jacques Theillaud


homme d'esprit et frère de bon lait. Cliquer ci-dessous :

1     2      3    4     5

Sexualité et intertextualité. Jacques apprécie. Lire ici

Un homme de bibliothèque, qui aime les livres. Le retrouver .


cliquer sur l'image et ici



L'entrepreneur selon Jean Jaurès

article paru dans La dépêche de Toulouse le 28 mai 1890

Cliquer ici


Ils ont tué Jaurès, ils ont tué Charlie : voir ici




Liens musicaux

Critiques d'opéra, le site de Catherine Tessier :

Una Furtiva Lagrima

Deux vidéos extraordinaires à visionner de préférence en mode plein écran :

1) Airs d'opéra au magnifique Café Iruña de Pampelune, au Pays Basque Espagnol, là où Ernest Hemingway avait ses habitudes.

2) Beethoven dans la rue à Sabadell (Catalogne, province de Barcelone).




MON AME EST UNE INFANTE...

Albert Samain



Elle est là résignée, et douce en ses sanglots,
Plus sombre seulement quand elle évoque en songe
Quelque Armada sombrée à l'éternel mensonge,
Et tant de beaux espoirs endormis sous les flots.

.Voilà un des plus beaux poèmes que je connaisse. Cliquer ici




Extraits de " Voyages vers les Pyrénées"

Victor Hugo, 1840

Les mules de Pampelune

Le charnier de Bordeaux

Ultima Verba

Victor Hugo

Caspard David Friedrich

Et s'il n'en reste qu'un je serai celui-là


En souvenir d'Alain Piquereau

par Patrick Fabiani

cliquer sur l'image ci-dessous



Vers la perfection, au delà de l'excellence

Verdi : messe de Requiem

Daniel Barenboim,
Anja Harteros, Elina Garanca, Jonas Kaufman, René Pape

Le requiem de Verdi complet : cliquer ici
Hostias commence 53 minutes et 53 secondes après le début de cette vidéo

Hostias : cliquer ici
Hostias commence 5 minutes après le début de cette vidéo


Mozart : Kyrie de la messe en ut (K. 427)

Herbert von Karajan, Barbara Hendricks : cliquer ici
L'aria commence 2 minutes et 40 secondes après le début de cette vidéo.


Stéphane Mallarmé


Tristesse d'été

Le soleil, sur le sable, ô lutteuse endormie,
En l’or de tes cheveux chauffe un bain langoureux
Et, consumant l’encens sur ta joue ennemie,
Il mêle avec les pleurs un breuvage amoureux.

De ce blanc flamboiement l’immuable accalmie
T’a fait dire, attristée, ô mes baisers peureux
" Nous ne serons jamais une seule momie
Sous l’antique désert et les palmiers heureux ! "

Mais la chevelure est une rivière tiède,
Où noyer sans frissons l’âme qui nous obsède
Et trouver ce Néant que tu ne connais pas.

Je goûterai le fard pleuré par tes paupières,
Pour voir s’il sait donner au coeur que tu frappas
L’insensibilité de l'azur et des pierres.

 

Hommage à Marc Pélegrin


Lecture faite, devant Marc Pélegrin, lors de la célébration du 50e anniversaire du CERT-ONERA, le 7 décembre 2018. Il s'agit d'une lettre adressée par Marc Pèlegrin, alors directeur de Sup'Aéro, à tous les élèves de la promotion 1971




Toulouse le 14 juin 1971

[Chers amis,]

Après avoir examiné toutes les possibilités de réunir la Promotion 71 pour un dernier échange de vues, j’ai dû me rendre à l’évidence que la dispersion qu’ont entraînée les projets d’études, les stages et le voyage, me condamne à m’adresser à vous par cette lettre qui, vous le verrez, reprend un certain nombre de points que j’ai eu plaisir à développer devant vous depuis votre entrée à l’École.

Il y a quelques décennies, il était d’usage de dire, soit à l’entrée, soit à la sortie (en général plutôt deux fois qu’une) que vous apparteniez à l’élite... Je ne vous l’ai pas dit et ne vous le dirai pas — et d’ailleurs, quel sens cette affirmation aurait de nos jours, de nos jours où le bagage technique que vous avez accumulé jusqu’à maintenant sera périmé dans cinq ans. Certes, vous avez acquis, surtout, des méthodes de travail. Vous avez développé vos facultés de réflexion, de logique... Vous n’êtes — comme moi — qu’un maillon d’une vaste chaîne où chacun est aussi nécessaire que celui qui le précède et que celui qui le suit. 

Pour des raisons multiples que vous pressentez, vous allez être amené à ne « travailler » que 36 ou 38 heures par semaine ; il s’agit là du travail que vous devrez à votre employeur, ou dans un avenir plus lointain, que certains parmi vous seront en droit de demander à leurs employés. Beaucoup d’entre vous, d’eux-mêmes travailleront 45, 50 heures par semaine, ou plus par conscience professionnelle, par goût et, soyons honnêtes, par plaisir. C’est bien, mais il y a mieux. Nous vivons une période de mutations — de remise en cause si vous préférez — et vous ne pouvez vous en désintéresser. Prenez conscience de cette évolution et sans négliger votre travail professionnel, sans lésiner sur les surcharges que vous rencontrerez fréquemment, engagez-vous dans la vie sociale du pays (des pays devrais-je dire, car rien de grand ne se passera à l’échelon d’un pays seulement). Ne vous laissez pas endoctriner sans avoir préalablement bien examiné toutes les facettes de cette évolution (sens de la vie, rôle et place du travail, relations humaines, etc.) N‘oubliez pas qu’à côté du politique, il existe un autre champ où votre action est attendue : celui de l’économique et celui de l’environnement. Deux mots à ce sujet : vous avez eu la chance de passer trois ans (ou deux) à Toulouse. C’est bien une chance, tout au moins pour ceux qui viennent de Paris et qui vont y retourner. Bien que votre première année ait été un peu perturbée par l’achèvement des constructions, vous avez pu évaluer « la vie de province » et vous pouvez avoir un jugement — dont vous êtes totalement maître — fondé sur l’expérience. Combien de personnes parlent de « la vie de province » sans y avoir vécu professionnellement, même un mois seulement ? Vous avez pu mesurer la valeur de l‘environnement car de la fenêtre de votre chambre ou de celles de vos salles de cours, vous avez vu les arbres ... et même des fleurs. Si vous n’y avez pas été sensibles jusqu’ici, vous prendrez conscience de cette valeur lorsque vous en serez frustrés. Les problèmes de l’environnement sont fondamentaux ne les négligez pas, sinon l’homme achèvera de plein gré sa propre condamnation déjà commencée dans les vastes mégalopoles dont croient s’honorer tous les pays.

Mais c’est tout de même votre métier qui dominera votre vie et vous devez le choisir avec soin. Tâchez de trouver dans l’essence même de votre métier, les satisfactions désintéressées qu’il doit vous procurer. Vous avez librement choisi la carrière d’Ingénieur ; vous devez donc concevoir, calculer et réaliser ; il y a peut-être des tâches encore plus nobles mais, croyez-moi, c’est une joie profonde de créer quelque chose sur Terre. Ayez confiance en votre métier et cherchez-y la poésie qu’il recèle (comme tous les métiers d’ailleurs). 

Enfin, rappelez-vous l’histoire des contraintes. L’homme — sauf exceptions — a horreur de la monotonie, il n’est sensible qu’à la « dérivée ». N’imaginez donc pas une vie idéale dans laquelle chaque heure vous apportera des satisfactions : cette vie serait invivable. Je vous disais, il y a un an, « imposez-vous des contraintes » (et je prenais comme exemple celui qui me semble le plus typique : la course en montagne) ; je vous le répète aujourd’hui, à la veille de votre sortie. Sans ces contraintes vous sombrerez rapidement dans une vie terne et monotone que vous partagerez entre votre voiture et votre télévision.

Ne craignez donc pas une vie active ; avez-vous jamais remarqué sur les arbres des villes, au seuil de l’hiver, que les seules feuilles qui subsistent sont celles situées immédiatement sous les projecteurs des lampadaires ? Ce sont pourtant celles qui vivent jour et nuit.

En guise de conclusion et pour bien marquer la valeur que j’attache à cette réflexion, je vous rappellerai ces trois lignes d’Amiel (du Choix des Amis) que je vous lisais le 7 Octobre 1968, le jour où, pour la première fois, cette École ouvrait ses portes.

Plutôt que de vous dire que vous appartenez a l‘élite, je préfère vous dire que vous appartenez à une classe privilégiée et qu’alors, vous êtes redevable à la Société d‘une partie de ce que vous avez reçu grâce à elle dans des conditions exceptionnelles. Amiel disait : « Tout privilège est temporaire, d’ailleurs je suis moins flatté que soucieux d’être l’objet d’un privilège. »

En toute amitié,

Marc Pélegrin

 

 

Hommage à Michel Grau

par Bernard Gimonet




À DIEU MICHEL


Un grand silence.
C’est celui qui nous enveloppe après le décès de Michel.
Fait de peine et de sidération, ce silence n’est pas vide, il est rempli de sa présence qui est plus qu’un simple souvenir.
Mais c’est un silence qui parle, il nous parle de Michel qui nous avait habitués à une succession de demi silences.
Sa parole pouvait être rare, douce, parfois à la limite de l’audible.
La volubilité n’était pas son fort.
De son flegme britannique lui venait sans doute son surnom de Mike.
Soumis à une long questionnement il arrivait que nous lui arrachions seulement un OUI après une écoute exceptionnelle de sa part.

Mais ce oui valait son pesant d’or c’était un de ces OUI sur lesquels on bâtit une amitié solide, plus de 50 ans pour quelques uns d’entre nous.
Car Michel avait le don de susciter l’amitié, il était même un véritable frère.

Son économie de parole ne l’empêchait pas de nous faire profiter des trésors que sa curiosité insatiable lui faisait trouver.
Il avait enrichi sa découverte du monde sur les bateaux de la Royale pendant son service militaire et il avait gardé en souvenir sa casquette d’officier de marine dans son bureau. Nous l’avions placé sur la console où était programmée la simulation de pilotage de sous-marin. Un facétieux l’avait rempli de confettis pour punir l’imprudent qui oserait s’approprier le couvre-chef du Pacha. C’est arrivé plusieurs fois !

Des repas partagés aux randos en vélo, des parquets de basket aux marches en montagne et au golf, des pistes de ski à la découverte des trésors cachés de Toulouse, nous en avons partagé des beaux moments !

Comme dans l’anecdote citée précédemment c’étaient souvent des moments de gaîté et de rire que je pourrais décliner à l’infini.
Mais là aussi, nous vivions avec lui une joie tranquille et sans exubérance inutile, véritable porte d’entrée du bonheur.

Attention, l’esprit de Michel était vif, il pouvait pétiller comme son champagne, son humour et ses réparties redoutables. Les baratineurs et les habitués des postures en faisaient souvent les frais !

Nous sommes ici pour entourer Colette, Bertrand et sa famille mais aussi pour te remercier, cher Michel, d’avoir mis de la fantaisie et de la poésie dans nos vies. Gestionnaire d’un réseau d’ordinateurs, tu avais choisi pour les machines des noms de satellites de Jupiter et de Saturne, nous faisant partager ton amour de l’astronomie. Nous avons ainsi évité le style XYZ005  de la poésie technocratique.

Michel, tu étais là pour tes amis, en ce qui me concerne à Compostelle lors de mon arrivée un jour d’août.
Et bien aujourd’hui, en témoignage de gratitude, nous sommes tous là pour le terme de ton pèlerinage sur la Terre.

À Dieu Michel.

Bernard le 8 avril 2019

Quelques images de Mike et de son bureau : cliquer ici.

 

 

LES PLANTES - Chant III
(extrait)

par René-Louis-Richard Castel (1758-1832)


Effets du coronavirus

"...Il meurt avant la fin du quatrième jour."



Dans l’air voici venir une sombre Euménide
Soufflant de toutes parts son virus homicide.
Une fréquente toux, de longs étouffements
Sont du premier accès les signes alarmants.

Dès la seconde aurore, une brûlante haleine
Du poumon embrasé ne s’échappe qu’à peine.
La toux du corps entier fait crier les ressorts,
Et l’humeur, sans sortir, résiste à ses efforts.

Un feu séditieux étincelle au visage.
Le pouls du sang à peine annonce le passage.
La plus légère étoffe est un pesant fardeau.
Une barre d’acier traverse le cerveau ;

Et le mal, redoublant sa fureur intestine,
Comme un affreux vautour, déchire la poitrine.
Après la triste nuit, qu’allonge la douleur,
La langue se noircit, le teint perd sa couleur.

Le malade aux abois porte sur le visage
De sa prochaine mort l’infaillible présage.
Douce espérance, alors tu quittes ses lambris !
Il n’entend plus sa femme, il ne voit plus ses fils.

Son esprit égaré que la fièvre tourmente,
Croit gravir jusqu’au haut d’une montagne ardente,
Rouler dans un abîme ; il frémit de terreur
En voyant bouillonner l’immense profondeur.

À ce transport succède une stupeur mortelle.
Le sang glacé s’arrête, et la faible prunelle
Sous les doigts du trépas se fermant sans retour,
Il meurt avant la fin du quatrième jour.

(Tout le poème ici )

 

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