JANINET Jean Francois 1752-1814.

 

 

"

JANINET (Jean-François) , graveur à l'aquatinte en couleurs et chimiste, né à Paris en 1752, mort dans la même ville le 1er novembre 1814 (Ec. Fr.). L'intérêt que montrent les amateurs pour les belles estampes de François Janinet nous impose l'obligation de nous arrêter particulièrement à cet artiste. Janinet est un novateur dans la gravure en couleurs : il crée le procédé à l'aide duquel, plus tard, s'illustrera Debucourt. La gravure à la manière noire, inaugurée vers 1610 par le prince Rupert, avait permis à Leblond, de Francfort, d' imprimer des estampes colorées au moyen de trois planches superposées, gravées au berceau, ou racloir, et qui, enduites d'une des trois couleurs simples: le bleu, le jaune, le rouge donnaient par leur mélange les tons intermédiaires, Jacques-Christophe Leblond produisit ainsi, vers 1719, le Portrait du prince Eugène. Après un séjour à Londres, où il exécuta différentes pièces intéressantes en couleurs, et publia en 1730, un livre intitulé Il Coloristo ou l'harmonie du coloris par l'impression, réduit à des procédés mécaniques, selon des préceptes faciles et infaillibles, imprimé en anglais et en français, Janinet vint a Paris, où il publia un Portrait de Louis XV, d'un grand mérite. Il eut pour élève Gautier Dagoty, qui après la mort de son maître, se prétendit l'inventeur du procédé d'impression avec quatre planches, la première en noir, donnant le dessin et les ombres. (Voir Lettre sur le nouvel art d'imprimer les tableaux en quatre couleurs, 1749), procédé dont Leblond avait revendiqué la paternité avant de mourir ( 1741). François de Nancy, en 1756, imaginait la gravure en manière de crayon, qui s'obtient l'aide de la roulette. Demarteau porta ce procédé à la perfection. Bonnet créait la gravure en manière de pastel. Jean-Baptiste Le Prince, par son invention de la gravure au lavis, ou aquatinte, dans laquelle une couche de résine tamisée et cuite au four permet de régler d'une façon parfaite la morsure de l' eau-forte. Ce fut ce procédé dont les merveilleuses aquatintes de Le Prince montrent toute la souplesse, que Janinet employa pour la préparation de ses planches en couleurs. Il gravait son trait à l'eau-forte, mettait son grain d'aquatinte et superposait ses couleurs. La première application du procédé paraît être une petite pièce de forme ronde intitulée L'Opérateur, portant cette mention : Gravé à l'imitation du lavis, en couleurs, par F. Janinet, le seul qui ait trouvé cette manière : chez l'auteur, maison de l'abbé Lucas, rue du Plâtre-St-Jacques. MM. le baron Portalis et H. Béraldi placent au début de la carrière de l'artiste les pièces d'aprés Ph. Caresme : Le Berger couronné, La Bergère couronnée, La Bacchanle enivrée, - Le Satyre impatient, Le culte systématique; et d'aprés Louis Doublet: Le Baiser de l'amour, -Le Baiser de l'Amitié, pièces rares. Ces gravures tout au moins la première, durent paraître peu après le mois de septembre 1773. François Janinet, fils d'un graveur en pierres fines qui demeurait rue Saint-Germain, près du grenier à sel, commença probablement à étudier le dessin avec son père, puis fut éléve de Bachelier, et entra à l'école de l'Académie Royale au mois de mars 1772, comme élève peintre. Au mois de septembre1773, 1es registres de l' Académie mentionnent son changement de domicile chez l'abbé Lucas. Janinet se forma donc seul comme graveur. Le beau Portrait de Marie-Antoinette, datant de 1774, montre notre artiste en pleine possession de son talent. Il avait 22 ans à peine. Le succés de Janinet paraît avoir été très grand car ses reproductions d'après les maîtres les plus en vogue se multiplient. Il déploie la même habileté dans ses paysages d'après Hubert Robert notamment dans : Restes du palais du pape Jules II (1775), - Villa Madama, -Villa Sachetta,- Colonne et Jardin du Palais de Médicis. En 1777, il grava d'après H. Fragonard: L'Amour, La Folie, il faut citer aussi d'apres le charmant miniaturiste Charlier: Le Sommeil d'Ariane, Vénus en réflexion, Vénus désarmant l'Amour. D'après Charles Eisen fils: Tarquin et Lucrèce. De Baudouin: L'Agréable négligé. D'après Freudeberg: La Crainte enfantine, La Confiance enfantine. De Saint-Ouentin: L'Aimable paysanne. D'après Ant. Watteau: Les Comédiens, Le Rendez-vous comique. D'après P. A. WilIe fils: La Noce de village, Le Repas des moissonneurs. D'après Jean Houel: Paysage animé. D'après Bouchardon: Galalée sur les eaux. D'après Greuze: quatre planches: Têtes d'homme, de femmes et d'enfants. D'après Clerisseau: Restes d'un ancien temple près Pouzzoles. D'après de Machy: Deux aspects de Paris. D'après Wolff: La Chute de Staubbach dans la vallée de Lauterbrunnen. et encore des portraits: Mlle Duthé, d'après Lemoine dont les épreuves sont aujourd'hui si recherchées, Mlle Bertin. modiste de Marie Antoinette considéré comme un de ses chefs-d'oeuvre, Henri IV- Duc de Sully-. d'après Pourbus, -Loménie de Brienne. L.'amateur éclairé qu'était Basan n'était pas demeuré indifférent devant les remarquables résultats obtenus par Janinet et il lui faisait reproduire plusieurs aquarelles d'Adrian van Ostade décorant son cabinet de la rue Serpente: La Tabagie hollandaise (1778), - La Barraque rustique, La Chaumière flamande, - La Foire Hollandaise (1779). Janinet les exécuta par un trait à l'eau forte relevé de teintes plates donnant l'aspect des aquarelles du maitre. Janinet gravait pour le même éditeur: Vestiges d'un temple de la Grèce, d'après Pannini. Les frères Le Campion, graveurs et marchands d'estampes, lui firent exécuter, en collaboration avec Guyot, Mlle Guyot, Chapuy et eux-mêmes, la série des petites vues rondes des monuments de Paris, d'après les dessins de Durand: Sainte Geneviève, intérieur et extérieur, Notre-Dame, idem, Saint Eustache, Saint-Sulpice, La Place Dauphine, Le Collége des Quatre Nations, L'Ambigu Comique, - La Halle au blé. - Le Palais de Justice, Les Maisons de M. de Marigny , de M Demonville, de M. Rousseau, de M de Sainte-Foix, de M. de Sinety. En 1781, Janinet gravait une pièce à l''occasion de la naissance du Dauphin, sous le titre de : Sentiments de la Nation, d'après J.-B. Huet. Représentant Marie-Antoinette assise en face de Louis XVl et tenant le dauphin dans ses bras. Vers la même époque, paraissaient Les Trois grâces, d'après Pellegrini, et La Toilette de Vénus, d'après F. Boucher (1783), pièce d'une très remarquable exécution. Janinet s'était toujours senti attiré vers les sciences; il ajoutait à sa qualité de graveur celle de physicien; dans son acte de décès, il est mentionné comme graveur et chimiste. La variété que I'on remarque dans ses colorations dénote un chercheur. L'artiste eut des visées plus hautes. En 1784, l'aérostation était fort à la mode; Janinet s'occupa des ballons d'une façon assez sérieuse pour construire un aérostat dépassant les dimensions de ce qui avait été fait jusqu'alors. Il s'était associé pour ce travail à l'abbé Miollan. J. G. Wille raconte dans ses mémoires, avec la bonhomie narquoise qui lui est coutumière, le triste résultat de cette tentative. Le ballon mesuranl 110 pieds de haut, gonflé d' un air inflammable, devait , le 11 juillet 1784, partir du Luxembourg où il avait été transporté la veille. Il devait être monté par Janinet , l'abbé Miollan, le marquis d'Arlande et un mécanicien. Le feu ayant pris à l'aérostat tandis qu'on le gonflait, l'abbé et Janinet prirent la fuite, protégés par la garde. Car les spectateurs, qui avaient payé trois livres , montrèrent leur mécontentement de l'insuccès en arrachant les barrières qu'ils jetèrent au feu, ainsi que les chaises, " si bien que ce feu était un feu d'enfer . ", dit Wille, et qu'il dura plus de vingt-quatre heures. Le pauvre artiste fut pendant quelque temps la risée de Paris; les chansons, les caricatures le bafouèrent cruellement. Il prit sa revanche en produisant de nouvelles merveilles. Janinet avait trouvé dans NicoIas Lawreince le gouachiste susceptible de donner à l'estampe en couleur toute sa délicatesse. La Comparaison (1786), L'Aveu difficile (I787), Oh ! laisse-moi voir., - Le Petit conseil, - Oh ! le joli petit chien, L'Elève discret, Pauvre minet, que ne suis-je à ta place, -Indiscrétion sont des pièces dont les bonnes épreuves sont chaudement disputées dans les ventes publiques: Levachez et Charnois fondant la publication hebdomadaire des Costumes et annales des grands Théâtres de Paris en confièrent l'illustration à Janinet. Il y fit paraître notamment : Mme Dugazon, dans Nina ou la Folle par Amour, d'après Hoin, Mlle Contat dans le rôle de Suzanne du Mariage de Figaro,d'après Duplessi Bertaux, Mlle Olivier, Chérubin, dans la même pièce, MlleVestris, dans le rôle de Gabrielle de Vergy, Mme Saint-Huberti, d'aprés Lemoine, Mme Favart dans les Trois Sultanes, Mme Dugazon dans le rôle de Robert et une seconde fois dans celui de Nina, Michu , dans le rôle de Blaise, Mlle Guimard, dans le Ballet des Navigateurs, Le Danseur, Gardel le jeune Mlle Colombe l'aînée, Sophie Arnould, dans Iphigénie en Aulide, , Caillot, -Mlle Raucourt, - Mlle Dumesnil, - Lekain, Lainez, Rousseau, Adrienne Lecouvreur, Molé, Mlle Renaud cadette, Garrick,- Brizard, Préville , dans le rôle de La Rissole, - Benjamin Franklin (1789), -Janinet-. Janinet, graveur reproducteur, ne pouvait échapper à la mode qui substituait, au moment de la Révolution, la froideur insipide de l'Ecole de David à la grâce spirituelle des petits maîtres du XVIIIème siécle. Il devint le traducteur de Le Barbier, Moitte, sculpteur du dessinateur Devarenne, d'après qui il exécuta Projet de monument à ériger pour le roi. Les dernières productions de Janinet sont de beaucoup les moins intéressantes de son oeuvre. En 1791, il parut pour la première fois au Salon avec Vue du Champ de Mars au moment de la prestation du serment civique et une Frise à l'antique d'après Moitte. Au Salon de 1793, il exposa encore: La Conspiration de Catilina et La Mort de Lucrèce, d'après Moitte. Il faut encore citer d'après le même artiste: Les Muses présentées à Minerve, Hercule présenté à Jupiler et à Junon, La Vertu de Lucréce Derniers moments de Démosthène, La Constance de Coriolan. D'après le Barbier l'aîné-: La Création, -Adam et Eve, - La mort d'Abel, - La Mort de Cain, -Combat des Horaces et des Curiaces. Citons encore: La Liberté, L'Egalité, deux planches, un Recueil de différents vases, deux cahiers de quatre planches chacun d'après A. Panier, Rosaces, deux cahiers de quatre planches,- une Marine d'après Alkins, Charlotte Corday; il avait épousé Marie-Madeleine-Françoise Poumentin, dont il eut une fille, qui fut peintre et graveur et dut, probablement, aider son père dans ses travaux. Il mourut dans la maison portant le numéro 5 de la rue Poliveau.

"

E.BENEZIT : DICTIONNAIRE critique et documentaire des PEINTRES , SCULPTEURS , Dessinateurs et graveurs.LIBRAIRIE GRÜND.

 

Vertumne et Pomone. VENDU Zéphyre et Flore.VENDU

 

 

 

Gabrielle d'Estrée.VENDU

 

 

Sully.VENDU

Henri IV.

 

Catherine de Vassent. VENDU