Le théâtre ambulant Chopalovitch
La
pièce
Oujitsé, 1942. Une troupe de comédiens
venue jouer Les brigands de Schiller, s’installe dans la
petite ville serbe occupée par les Allemands. L’accueil des villageois est loin
d’être chaleureux. Faire du théâtre alors que la potence est dressée sur la
place publique, quel scandale ! Toute entière à son art, la troupe de
Vassili Chopalovitch dérange, évidemment.
Mais le théâtre n’est-il qu’un luxe pour gens heureux ou une philosophie
qui donne à la vie son goût et son sens ?
Ecrite par le poète Serbe, Lioubomir
Simovitch, cette pièce raconte la rencontre impossible de deux mondes que tout
oppose ; celui des comédiens ignorant de la réalité, et celui des
villageois pris au piège de l’arbitraire, de la torture et de la terreur.
Drôle, cruelle, bouleversante, cette pièce est un hommage au théâtre, à ses
charmes, à ses pouvoirs sur l’imagination des êtres …
L’auteur
Lioubomir Simovitch (Ljubomir Simovic) est
né en 1935 à Oujitsé (Uzice) en Serbie. Il vit une partie de l’année à Belgrade
où il s’occupe d’une émission de radio sur la poésie et s’installe l’été dans
sa ville natale où il vient écrire et regarder la nature.
Il est l’auteur d’une dizaine de recueils de poésie, « dans ces poèmes, je parlais du rôle des femmes parallèlement dans la vie et dans la guerre » . Aucun de ces recueils n’est traduit. Il considère qu’ils sont intraduisibles et s’y refuse totalement. Pour lui, la poésie est « la chose la plus importante au monde ».
Simovitch écrit aussi des textes dramatiques
qui remportent sur la scène un succès populaire considérable et sont salués par
la critique, tant pour leur contenu que pour leur poésie. Leur forme théâtrale
est en outre profondément novatrice et original : Hasanagints – Belgrade, 1974. Le
miracle de Sharga – 1975 par l’Atelier 212. Le théâtre ambulant
Chopalovitch a été créé au Théâtre National de Belgrade en 1985 puis
s’est joué partout en Yougoslavie ainsi qu’en Tchécoslovaquie, en Pologne, en
Bulgarie …
Thierry
Tochon, professionnel du théâtre, assure la mise en
scène, assisté de Marie-Paule Biju-Duval, comédienne et co-fondatrice de
la compagnie A court de jardin.
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Thierry
Tochon, comédien
professionnel depuis 14 ans, a participé à de nombreuses créations grenobloises .
Il a travaillé notamment avec la Compagnie Narravas (Loftie Achour), En
scène et ailleurs (Jean Vincent Brisa), Sud est théâtre (Mohamed
Bounegrah), Trio mineur (Bernard Falconnet), Le 3ème
bureau et d’autres encore comme Gilles Chavassieu ou Michel Dibilio. |
Il joue depuis une dizaine d'année
avec la Compagnie Costard Cravate qui joue des énigmes policières en restaurant. Il a fait partie de
l’équipe d’Improvisation Iséroise pendant 5 ans.
En outre, il
anime depuis 8 ans des ateliers de théâtre adultes (St-Martin-d’Hères, Voiron)
et d’enfants handicapés avec la Compagnie Apethi (St-Chef) où il met en
scène chaque année des spectacles.
Appréciant son dynamisme et son professionnalisme, c’est tout naturellement que nous avons décidé de travailler avec Thierry Tochon, dont nous connaissons aussi les qualités de metteur en scène et de comédien.
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Marie-Paule
Biju-Duval, « tombée » dans le théâtre
par hasard il y a 8 ans, a alors découvert une passion qui ne l’a plus
quittée. Elle fait ses débuts à l’atelier de la MJC Péri de Saint Martin
d’Hères avec Thierry Tochon (où elle est restée 8 années), et à La Tronche
avec Stéphane Lopez. De nombreux stages sont venus compléter son
expérience. |
Elle est passée à
la mise en scène en 2004, en assurant une partie du spectacle Palace,
où elle a dirigé 2 comédiennes de la Compagnie A court de jardin.
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Pour assurer la
conception des décors et des costumes, nous avons fait appel à un artiste
plasticien, Patrick Letourneur. Adepte du Land art, il a aussi fait de
la récupération une matière de prédilection. Transformer, imaginer,
aménager, réinventer un univers
poétique, son talent ne cesse
de s’affiner avec la découverte de |
nouvelles
matières à travailler. C’est avec bonheur qu’il a accepté de renouveler
l’expérience de la scénographie avec notre compagnie (il a conçu les décors de C’est
nous les loups de Jean Paul Allègre, joué au théâtre Paul Bert
par l’atelier de la Mjc Péri en 2002). Nos contraintes matérielles et budgétaires
concernant la scénographie sont, selon lui, un stimulant à la créativité !
Rappel
historique : Yougoslavie et seconde guerre mondiale
Au début
de 1941, la Yougoslavie est mise en demeure par Hitler d’adhérer au pacte
tripartite (Allemagne, Italie, Japon). Sitôt le pacte accepté, elle est envahie
par l’Allemagne. Un Etat Serbe et un Etat Croate conservent leur
«indépendance», sous l’autorité d’un général, en fait sous contrôle allemand.
La résistance à l’occupation ennemie commence dès le printemps 1941 en Vieille
Serbie. Oujitsé (Uzice), petite ville entourée de montagnes, devient alors le
fief d’une de ses divisions, les Partisans, communistes et antifascistes,
conduits par le croate Josip Broz, dit Tito. Ils en sont chassés par les
Allemands dès l’automne 1941 et s’enfuient alors vers la Bosnie, marquée en
1942 et 1943 par des combats acharnés en direction de la population serbe et
orthodoxe. Tito crée l’Armée Nationale de Libération et le Comité Yougoslave
Antifasciste de Libération Nationale. En 1944, il bénéficie du soutien des
Alliés et de leur aide exclusive. Le roi Pierre II, réfugié à Londres, le
reconnaît comme chef de la résistance. C’est également avec Tito que traite
l’URSS, lorsque l’Armée rouge pénètre en Yougoslavie et libère Belgrade en
novembre 1944 avec le concours des Partisans. Les accords de Yalta préparent le
compromis de mars 1945 qui fait de Tito le Premier ministre d’un gouvernement
royal. Les élections du 11 novembre 1945 accordent à la liste unique du Front
populaire 90% des suffrages. Fin novembre, la monarchie est abolie et la
République populaire fédérale de Yougoslavie proclamée.