Ce n'est pas sans quelque
étonnement qu'on remarque la passion extrême avec laquelle [...]
les divers interprètes brandissent leurs diverses
interprétations. Ils manifestent une extraordinaire intolérance.
Où peuvent bien être les sources d'une telle énergie ? Il s'agit
peut-être de la simple et classique colère avec laquelle tout
vrai croyant rêve d'exterminer, dans la personne de ses
adversaires, tout ce qui lui reste à lui-même de doutes obscurs.
Le fanatisme accourt à l'aide de convictions mal assurées. Il
semblerait pourtant qu'il n'y a pas matière à perdre son
sang-froid...
Octave Manonni, "Le besoin d'interpréter",
Clefs pour l'Imaginaire ou
l'Autre Scène, Seuil, 1969, p.209
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