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Confieso que he vivido, titre original, des mémoires de Pablo Neruda ont été publiées un peu après sa mort en 1974. Ce ne sont pas uniquement les mémoires de ce grand poète chilien, mais c'est aussi un concentré de voyages, des contes, et un aperçu merveilleux de la passion de cet homme. "Peut-être n'ai-je vécu en mon propre corps : peut-être ai-je vécu la vie des autres" : voici comment il présente ces souvenirs.


Pablo Neruda raconte son enfance, avec toutes les couleurs et toutes les odeurs qu'il y associe. Ensuite, il quitte sa famille et part pour la capitale. Le récit devient plus vivant, plus passionnant et intriguant. Il dresse aussi le portrait de toutes ses rencontres avec des gens de la rue, mais aussi des poètes, des hommes politiques. Certains passages sont drôles, absolument poétiques et d'autres sont dramatiques. Le mot "rencontre" est bien mis en avant avec tout ce qu'il y a de fascinant dans la rencontre et de mystérieux. Et puis surtout, il m'a donné envie de lire les poètes et auteurs qu'il a rencontrés de l'Amérique du Sud à la Russie en passant par l'Espagne. Comme si ses rencontres il les partageait avec ses lecteurs aussi.

Et puis, surtout, il y a l'engagement politique de l'auteur - fort et passionné, il fait partager ses convictions. Ses émotions. On vit à travers ses voyages toute une partie de l'histoire et en cela, c'est assez bouleversant. Neruda est un grand poète, un conteur, mais il est surtout un homme curieux, attentif aux autres et c'est un merveilleux exemple d'ouverture d'esprit, à lire et à suivre...

Je vous fais partager trois extraits même si beaucoup d'autres m'ont touché, mais ces trois là sont absolument bouleversants.  

Extrait 1 - les derniers mots sont pour Salvador Allende.
"J’écris ces lignes hâtives pour mes Mémoires trois jours seulement après les faits inqualifiables qui ont emporté mon grand compagnon, le président Allende. On a fait le silence autour de son assassinat; on l’a inhumé en cachette et seule sa veuve a été autorisée à accompagner son cadavre immortel. La version des agresseurs est qu’ils l’ont découvert inanimé, avec des traces visibles de suicide. La version publiée à l’étranger est différente. Aussitôt après l’attaque aérienne, les tanks — beaucoup de tanks — sont entrés en action, pour combattre un seul homme : le président de la République du Chili, Salvador Allende, qui les attendait dans son bureau, sans autre compagnie que son cœur généreux, entouré de fumée et de flammes.

L’occasion était belle et il fallait en profiter. Il fallait mitrailler l’homme qui ne renoncerait pas à son devoir. Ce corps fut enterré secrètement dans un endroit quelconque. Ce cadavre qui partit vers sa tombe accompagné par une femme seule et qui portait toute la douleur du monde, cette glorieuse figure défunte s’en allait criblée, déchiquetée par les balles des mitrailleuses. Une nouvelle fois, les soldats du Chili avaient trahi leur patrie."


Extrait 2 - son engagement et son amour pour l'écriture.
"Il reste que je ne suis qu'un homme, mais plusieurs vous diront quel homme j'ai été. J'ai toujours lutté pour le peuple et les droits de celui-ci de se gouverner lui-même, j'en ai frôlé la mort plus d'une fois et j'ai même dû me sauver de chez moi pour de longues années. Mais toujours j'ai écrit et aimé la vie. Mon oeuvre a fait le tour du monde et je suis devenu un symbole pour une jeunesse pleine de vie. Les élèves aimeront mon Chant général où je tente de faire sentir toute la beauté du monde. J'aime la vie et le monde. J'ai été heureux dans ma lutte incessante."


Extrait 3 - son Credo.
"Je veux vivre dans un pays où il n'y a pas d'excommuniés.
Je veux vivre dans un monde où les êtres seront seulement humains, sans autres titres que celui-ci, sans être obsédés par une règle, par un mot, par une étiquette.
Je veux qu'on puisse entrer dans toutes les églises, dans toutes les imprimeries.
Je veux qu'on n'attende plus jamais personne à la porte d'un hôtel de ville pour l'arrêter, pour l'expulser.
Je veux que tous entrent et sortent en souriant de la mairie.
Je ne veux plus que quiconque fuie en gondole, que quiconque soit poursuivi par des motos.
Je veux que l'immense majorité, la seule majorité : tout le monde, puisse parler, lire, écouter, s'épanouir."

Tag(s) : #Bouquins à partager
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