Vartan Berberian

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LE DEVOIR D'OPTIMISME DE VARTAN BERBERIAN Par Mohammed Aissaoui

Le Figaro, France 26 janvier 2006

IL NE SE DEPARTIT jamais de son sourire. Et avec son hospitalite toute meridionale, la discussion prend vite les allures de retrouvailles entre de vieux amis, quelques minutes seulement après le debut de la rencontre. Vartan Berberian a 80 ans, mais on lui donnerait bien vingt de moins, malgre une existence bien chargee. Il a ete officier de la Marine, entrepreneur, inventeur d'ecrou de securite pour les TGV, createur de boules de petanque... Ne en France, a Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône, où sa famille s'est refugiee pour fuir une " terre gorgee de sang ", l'Armenie de 1915, il a passe son enfance dans une cave. Une pauvrete extreme, des parents illettres. Travail acharne et cours du soir. Parcours exemplaire, malgre les humiliations liees a son origine. Et, enfin, la tranquillite, presque le bonheur.

Avec une telle trajectoire, il pourrait gonfler le torse, mais il reste humble. D'ailleurs, quand il parle de son recit Le Figuier de mon père (1), qui narre l'extraordinaire destin d'un enfant de survivants du genocide armenien, il ne dit pas " C'est mon livre ", mais " C'est mon histoire ". Et, contrairement a beaucoup d'autres, l'homme met en avant le fait que l'ouvrage est le fruit d'un travail collectif avec l'editrice, une collaboratrice et la plume tenue par Etienne de Montpezat.

Quand on lui demande pourquoi il a voulu coucher sur le papier son parcours, sa reussite, sa fortune faite - n'est-ce qu'une sucess story de plus dont raffolent les magazines economiques ? -, il prend le temps de repondre. " L'argent, les biens materiels, c'est important, c'est vrai. Mais l'essentiel n'est pas la : a travers ce recit, je voulais leguer a mes enfants la possibilite d'avoir des racines, je veux leur transmettre de l'enthousiasme. " Alors, il prefère evoquer ses amities, son plaisir d'avoir cree des objets qui, trente ans après qu'ils ont ete inventes et bien qu'il ne percoive plus de royalties, font travailler quotidiennement une quinzaine d'ouvriers. Et ne lui parlez pas de retraite, il vous sort de son bureau le dessin industriel d'une innovation dans la boule de petanque qui devrait etre commercialisee dans les prochains mois.

A l'ecouter, ce qu'il abhorre le plus, ce sont les discours negatifs.

L'homme revendique un devoir de memoire pour le passe, et un devoir d'optimisme pour le present et l'avenir. Pourtant sa vie n'a pas ete un long fleuve tranquille. Paradoxal ? Pas tant que cela : " Un jour, mon fils, un peu demoralise, m'a dit : " Tu as de la chance, toi, tu en as bave ! " Et il avait raison. De la souffrance naît l'enthousiasme. " Et d'ajouter, a l'adresse des pessimistes : " Croyez en la France, c'est un beau pays. " On veut bien le croire, car il a roule sa bosse sur tous les continents.

(1) Aux editions Anne Carrière. 359 p., 20 Euro .


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