11 Octobre 2009
Je ne vous aurais pas parlé de ma lecture de ce grand livre présumé de la littérature érotique mondiale : L’amant de Lady Chatterley, de DH Lawrence, si je n'avais été complètement mystifiée.
Car je ne trouve ni les scènes torrides ni le vocabulaire explicite outrageant annoncés.
Non, je lis surtout ce livre et le scandale qui l’a entouré comme une œuvre politique. Ce qui ne m'étonne guère, tellement je me sens bien placée pour connaître la force de subversion de "l'érotisme".
Ce qui y est dépeint, c’est une passion entre une femme de la haute société, mariée à un nobliau impuissant suite à une blessure de guerre, et un fils de mineur, garde-chasse du mari de surcroît.
L’amant de la Lady était un homme de la classe ouvrière alors qu’elle appartenait à la bourgeoisie : c’est cela qui a choqué à l’époque et qui est aujourd’hui occulté sous couvert de sexualité torride, dont à vrai dire on ne trouve pas beaucoup de traces selon moi.
Pas plus d'ailleurs que le caractère "rustre" du protagoniste masculin qui a évincé un lord,
mais notamment par sa force de caractère, et son élévation d'esprit. Il parle en patois ? certes, mais c'est pour feindre appartenir à la classe d'où il vient, alors que cet homme est un bel exemple d'aculturation sociale à ses origines, comme il en existe tant depuis : innovation de notre siècle égalitaire, sous couvert de démocratie.
La fin du roman laisse songeur sur le « réalisme » du roman politique, car après tout, Lady Chatterley ne trahit pas l’amour qu’elle porte à l’intrus, père de son enfant, ce que sans nul doute elle aurait fait dans la vraie vie.
Bref, le roman présente également un petit côté «fleur bleue», l’amour plus fort que tout.
André Malraux de conclure sa préface : «Un mythe n’est pas objet de discussion».
Certes, l’éthique s’exprime par la fiction bien séparée du réel puisque ce livre a été immédiatement interdit de publication. Son entrée dans le monde fut frappée d’opprobre et scandale.
Reste à comprendre pourquoi.